BOX OFFICE POISON par Alex Robinson
Par : PATRICK 6VO : Antartic Press
VF : Rackham
Cet article portera sur le comics indépendant BOX OFFICE POISON d’Alex Robinson publié entre 1996 et 2000 chez Antartic Press. Il a été traduit dans nos contrées par Rackham sous le titre DE MAL EN PIS.
Lorsque Bruce me proposa de rejoindre la Bruce Team (il y a quelques années de cela) j’ai immédiatement eu l’idée de parler de 3 comics en particulier. Le premier fut SHADE THE CHANGING MAN (mon premier article ! Complétement raté, mais bon, pensez à votre première fois, il n’y a pas de quoi craner hein…), puis vint EXIT le chef d’œuvre méconnu de Nabiel Kanan, et enfin le dernier fut BOX OFFICE POISON ! Etonnement je n’avais jamais pu finaliser mon idée initiale jusqu’à ce jour ! (Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire n’est-il pas ?) Réparons donc cette erreur, tant ce comics eu un fort impact émotionnel sur moi et qu’il me parait impératif de le partager avec ceux qui ne le connaissent pas.
Il faut comprendre que loin des 2 géants du comics, Marvel et DC, ce petit comics indépendant avait une distribution assez confidentielle dans les comics shops de l’hexagone. Il faut dire qu’une publication en noir et blanc avec des forts relents autobiographiques ne pouvait pas non plus espérer battre des records de vente ! Ainsi même si vous écumiez régulièrement les boutiques dédiées, vous n’étiez hélas pas certain pour autant d’avoir le dernier numéro lors de sa parution ! Du reste ma collection compte, à mon grand dam, quelques trous. Heureusement l’édition française parue chez Rackham en 2004 (un magnifique pavé de quelques 600 pages) regroupe l’intégralité des 21 numéros de la série. Un second volume, sobrement intitulé BONUS a été également publié par le même éditeur. De taille beaucoup plus modeste, il reprend les numéros hors-séries ainsi que quelques extras.
Le pitch tout d’abord : L’histoire suit les péripéties d’une demi-douzaine de personnages. La plupart d’entre eux sont dans leur vingtaine et vivent à New York ou Brooklyn. Un lien les unis tous, mais la connexion entre chacun d’entre eux ne se fera vraiment jour qu’au fur et à mesure de l’évolution de l’intrigue. Lorsque l’histoire commence, deux personnages ressortent particulièrement : Sherman Davies, employé dans une librairie, il est aussi inefficace que maladroit. Bien que détestant son travail (et son salaire au smic local) il n’ose pourtant pas le quitter pour réaliser son véritable rêve : devenir écrivain. Ensuite vient Ed Velasquez, le meilleur ami de Sherman. Il est en surpoids et d’une timidité maladive (et donc logiquement toujours puceau). Il vit chez ses parents. Ed veut être dessinateur de Comics (et perdre son pucelage dans la foulé). En attendant il travaille dans la quincaillerie de son père. Sherman entame une relation avec Dorothy, une rédactrice de magazine, pourvue d’un « léger » penchant pour l’alcool et pour l’autodestruction. Tout ce petit monde interagit gentiment mais l’histoire prend soudainement un tournant inattendu lorsqu’Ed, suite à un refus de l’éditeur Zoom comics (l’équivalent de Marvel), se retrouve parachuté assistant d’Irving Flavor, un vétéran de l’âge d’or du comics, devenu aussi aigri que miséreux…
Alors Je vous vois déjà faire la moue : un comics indé en noir et blanc au graphisme, de prime abord, simpliste, des personnages (des écrivains qui plus est) se débâtant dans les vicissitudes d’une vie monotone et banale… Pas très sexy me diriez-vous ? Limite chiant ? Et bien vous ne pourriez pas vous tromper davantage ! BOX OFFICE POISSON (BOP pour les intimes) est tout simplement l’une des séries que l’on ne trouve qu’une fois par décennie. Sans être aussi spectaculaire que Miller ou Moore, Robinson est l’un des pionniers qui ont contribué à faire évoluer le monde du comics (indé) au milieu des années 90 en lui donnant une dimension plus adulte (exactement comme le fit Dave Sim, son glorieux ainé, avec CEREBUS).
Bon vous l’aurez compris, le comics n’est pas basé sur l’action, ici pas de bataille testostéronée entre le bien et le mal. Du reste aucun des personnages n’est ni bon ni mauvais. Chacun fait de son mieux pour gérer ses imperfections. Si ce comics parle bel et bien de passage à l’âge adulte, c’est avant tout l’humanité des protagonistes que l’on retient. Chacun des personnages est étonnement étoffé et mu par des motivations crédibles. Il n’y a pas de différences entre lecteurs et les personnages, ce livre parle du dialogue qui existe entre les deux dans une impressionnante mise en abime. S’il y avait une musique ce comics serait tout simplement la BO de votre vie. J’hésite à dire que ce TPB est une histoire complète tant cela reviendrait à dire que votre vie puisse un jour être complète ! Une illustration flamboyante d’une tranche de vie serait le terme le plus exact.
Quoi qu’il en soit on rentre dans l’histoire par l’entremise de Sherman qui emménage dans une colocation avec Jane Pekar et Stephen Gaedel. Comme le hasard n’existe pas, il tombera amoureux de l’occupante précédente de sa chambre, à savoir Dorothy Lestrade qui travaille dans un magazine littéraire. Les relations deviennent de plus en plus interconnectées et malgré l’abondance des personnages on est surpris de constater qu’aucun d’entre eux n’est superflu. (Du F.R.I.E.N.D.S mais en carrément moins tarte). Même si les personnages n’apparaissent que brièvement ils ont tous une raison précise de figurer au casting. Ce qui semblait être que des événements aléatoires (et métaphoriques) se transforment lentement mais surement en éléments indissociables d’un drame.
Loin d’être gratuitement bavard ou inutilement littéraire, le comics est au contraire foncièrement humain et vous réservera bien des surprises. Tout ce que vous avez imaginé au début de l’histoire se révélera faux dans sa conclusion. Alors qu’initialement le lecteur s’identifie surtout à Sherman, touchant de maladresse et paralysé par ses échecs passés, il n’en sera plus de même à la fin de l’histoire. Bien au contraire un personnage que l’on pensait être de second plan se retrouvera finalement au centre de l’histoire. Contrairement à Sherman, qui ne grandira jamais, le second personnage, lui, saura évoluer pour surmonter son aigreur et sa frustration pour enfin passer à autre chose. Un peu comme dans la vraie vie, les caractères ne se dévoilent que dans le temps.
Graphiquement BOP en déstabilisera plus d’un, avec ses dessins faussement naïfs. Ne vous y trompez pas, le trait d’Alex Robinson n’a rien à voir avec de l’amateurisme. Ses mises en page ne sont pas sans évoquer celles de CEREBUS, de même que certaines expressions des visages. Leurs aspects, parfois un peu grossier, sont parfaitement délibérés afin de coller au mieux à l’atmosphère des personnages.
La gestion des dialogues est tout particulièrement remarquable. Par exemple dans une scène Sherman est sur un balcon et il hésite à embrasser une fille (qui n’est pas sa petite amie). Le dialogue interne du personnage (« Bon je l’embrasse oui ou non ? » « Vas-y ! » « Non penses à ta copine ! ») prend finalement plus de place que l’action réelle ! De même l’auteur parvient parfaitement à reproduire l’ambiance d’une fête bruyante grâce à l’utilisation de cases qui se chevauchent, rendant des passages illisibles, exactement comme on n’entendrait pas la fin d’une phrase noyée dans le brouhaha d’une foule.
Au niveau décors, l’auteur connait l’impact visuel qu’ils peuvent avoir. Ils sont donc fort détaillés, n’oubliant au passage aucun figurant dans chacune des cases. Un soin extrême est apporté à la mise en scène de chaque page.
L’un des retournements de situation dont je peux parler, sans spoiler l’histoire, est bien sûr l’introduction de l’auteur de comics, Irving Flavor. Evoquant furieusement Jack Kirby (à qui il emprunte un peu le physique), il a créé le superhéros Nightstalker, grâce auquel Zoom comics a gagné des millions de dollars. En revanche son auteur n’a rien touché du tout et doit vivre proche du seuil de pauvreté. Travaillant d’abord comme son assistant (traduisez Souffre-douleur) Ed se met en tête de réhabiliter le vieil homme. Il convainc ses amis de la presse alternative de faire une série d’articles dénonçant la façon dont l’éditeur de comics exploite et spolie ses créatifs…
Outre d’être parfaitement passionnant, ce combat pour la reconnaissance des droits d’auteurs est une jolie métaphore du traitement reçu par Ditko, Kirby et autres Shuster & Siegel…
Les relations entre Ed et le vieil homme aigri sont assez touchantes, mais nous amèneront très loin de la fin convenue que l’on imagine…
Du reste la culture populaire US est extrêmement présente dans cette série (doux euphémisme). Les caméos (dont l’auteur lui-même) et les références à l’industrie du comics sont légions. A tel point que le traducteur a dû rajouter des renvois en bas de page, expliquant aux lecteurs francophones qui est tel présentateur télévisé, inconnu dans nos contrées, ou qui est tel acteur de soap opéra…
Tel des petits intermèdes entre chaque chapitre, les personnages principaux sont amenés à être « psychanalysés » le temps d’une planche. Chacun répondant (en s’adressant directement au lecteur) à des questions fondamentales telles que « Avec quel personnage de fiction voudriez-vous bruncher ? » ou bien « L’endroit le plus insolite où vous ayez fait crac crac ? » ou alors « Si vous deviez changer un détail de votre apparence que choisiriez-vous ? » ou bien encore « Que demanderiez-vous à dieu ? »
Se basant sur des motivations banalement capitales telles que le sexe, l’alcool, l’amitié, l’amour ou la frustration, Alex Robinson est parvenu à créer un petit monde complexe et infiniment touchant.
Exactement comme dans la vraie vie, certains conflits se créent et se résolvent rapidement, tandis que d’autre prennent une existante complète pour se résoudre.
Véritable exploration de la condition humaine, ce comics se révélera tour à tour, drôle, émouvant, désespérant, ou bouleversant.
Bienvenue dans le comics de votre vie.
« And if you have five seconds to spare then Alex Robinson will tell you the story of my life »
La couverture me disait quelque chose et au fur et à mesure de ma lecture, je me suis souvenu que j’avais dû lire une édition VF il y aune quinzaine d’années. Est-ce dans cette série où un personnage explique comment il carotte du temps à son employeur en prenant de longues pauses aux toilettes ?
De ce que tu dis de la fin, je ne suis pas sûr d’avoir lu une édition complète car ça n’évoque aucun souvenir en moi.
Une bd que j’adore. Probablement un des mes comics indépendants de ces 20 dernieres années.
Un vrai coup de coeur…
Du même auteur j’avais aussi beaucoup aimé Dernier Rappel.
J’ai eu la chance de rencontre Alex Robinson en dédicace… Malheureusement je ne sais pas comment les montrer ici
« mon premier article ! Complétement raté, mais bon, pensez à votre première fois, il n’y a pas de quoi craner hein… »
Je te l’accorde. Tu m’as fait penser direct à la première fois où j’ai embrassé une fille. J’ai encore honte aujourd’hui ☺️.
Eh bé, quel enthousiasme pour l’article d’aujourd’hui…Tu m’as diablement fait envie.
Au fur et à mesure que je te lisais, en filigrane, je pensais à FRIENDS….Et cela n’a pas loupé…tu l’as cité. Si en plus c’est en moins tarte avec une belle caractérisation des personnages auxquels on peut s’identifier…je dis…vendu 👍.
Le critique de l’industrie des comics avec le clin d’œil a KIRBY et DITKO n’est pas pour me déplaire..
La BO: Très très bon.. les SMITHS avec encore ce fameux jeu de guitares totalement maîtrisé. Tu m’as donné envie de réécouter leur album où il y a la photo d´Alain delon…je ne me souviens plus du titre…
The Queen is dead si je ne m’abuse. Un chef d’oeuvre.
Oui c’est ça 😉
Pour défendre FRIENDS, je l’aurai peut-être cité aussi en parlant de cette bd, mais cela n’a pas grand chose à voir. Friends, c’est de la pure comédie, tout le temps, c’est l’humour qui prévaut. Dans DE MAL EN PIS, le propos est complètement autre.
Tiens c’est drôle!
je lis en ce moment un délire parallèle japonais( les manga de Kouji Seo) . Rien ne peut être plus dissemblable, dans les intentions, le public visé et le graphisme et pourtant ça raconte à peu près la même histoire, c’est à dire le douloureux début de la vie adulte c’est à dire professionnelle/sexuelle pour tout un aréopage de personnages récurrents…
J’i souvent été attiré par ce bouquin en VF par sa couvertures aux pastilles acidulées qui ne manque pas d’attirer le regard. mais encore une fois, il faut souvent un passer pour nous aider à surmonter appréhension de l’ennui…
Argh, c’est la loi des séries… Cette semaine, vous avez tous pondu des articles super-vendeurs.
Heureusement que demain, c’est Johnny au programme, je pourrai enfin souffler !
Pour Box Office Poison, si je devais choisir, me conseillerais-tu VO ou VF ?
@ Présence : Les pauses aux toilettes c’est du Sherman Davies pur jus ^^
Cependant pour être honnête je n’ai pas souvenir d’une autre édition française que celle de Rackham ! (mais je peux me tromper)
Moralité la glandouille dans les toilettes est peut-être un phénomène courant dans les comics indés (ainsi que dans la vraie vie du reste ! A une époque je prenais rendez-vous pour mes prochains entretiens d’embauche dans les toilettes ! Mes collègues pensaient que j’avais des problèmes de digestion :))
@ Surfer : Ahah je vois que nous avons des souvenirs communs concernant le premier baiser ! (non ce n’était pas avec toi hein) ^^
Et bien si je t’ai donné envie de lire ce comics et d’écouter les Smiths c’est le grand chelem pour moi ^^ L’album avec Alain Delon est THE QUEEN IS DEAD (datant de 1986). L’album est excellent mais, à titre personnel, je lui préfère le tout dernier album STRANGEWAYS HERE WE COME (1987) voir même la superbe compil de face B : WORLD WON’T LISTEN.
@ Eddy : Je ne connais pas le manga Kouji Seo ! Je vais y jeter un œil.
A noter que la couverture de l’édition française est un peu trompeuse dans le sens où elle donne à penser que l’histoire tourne uniquement autour de Sherman ce qui n’est pas le cas.
@ JP : A titre personnel je te conseille de braquer une banque pour acheter les recommandations de la semaine ^^
Hum ma préférence va généralement aux VO mais l’avantage de l’édition VF est qu’elle donne des explications sur les personnages cités en référence… (en présentateurs de TV US j’ai des lacunes…) en plus je viens de voir qu’il y avait une 2ème édition trouvable un peu partout.
Merci pour le compliment d’infos, oui c’est bien THE QUEEN IS DEAD.
Et je vais aussi écouter STRANGEWAYS HERE WE COME que je ne connais pas… si le full album est dispo sur YouTube.
😉👍
Patrick, tu m’apprends le titre original de ce comics, c’est vraiment un drôle de titre je trouve. Je ne vois pas du tout comment le traduire.
Et encore un achat de plus pour Noël ! Merci pour cette découverte 🙂
A priori, je ne suis pas fan des récits choral mais je fais confiance à Alex Robinson dont j’avais adoré le PLUS KOOL TU MEURS. 600 pages quand même, c’est une place qui se mérite. Pourquoi pas si la mise en scène me plait.
Pour le reste des personnages qui évoluent et non manichéens, je ne peux qu’approuver.
La BO du jour : Je ne comprendrai jamais la fascination pour ce groupe. Il doit raconter des choses très intelligentes parce que musicalement c’est très plat.
@ Gilles : Dernier Rappel est excellent également, reprenant un personnage de BOP…
Lorsque j’ai croisé Robinson et que je lui ai demandé de prendre une photo, il a pris la peine de d’abord ranger sa table, puis de prendre la pose avec le regard perdu dans le lointain… C’était mignon ^^
@ Bruce : Tu es excommunié ^^ Le jeu de guitare de Johnny Marr est sans égal ! En plus il est carrément cool, contrairement à Morrissey qui est quand même un gros malade ^^ Par contre Marr chante beaucoup moins bien.. La vie est mal faite.
Bon si tu es sage je te prêterai la BD 😉
Très bel article Patrick, on sent bien que cela te tient à coeur ! J’ai vérifié dans ma bibliothèque : j’ai bien ce DE MAL EN PIS mais également DERNIERS RAPPELS du même Alex Robinson, qui m’avait fait une meilleure impression à l’époque. Je n’ai pas BONUS par contre.
Je n’ai plus aucun souvenir de cette bd mais à te lire il faudra que je me la refasse, ayant loupé sans doute plein de choses et surtout ayant désormais plus de connaissances dans l’univers du comics grâce à ce blog.
Pour le dessin je le rapprocherais plus de celui de Derf Backderf et des indés des années 70 que de CEREBUS mais pourquoi pas.
La BO : fan. Une de mes chansons favorites quand j’en ai marre de tout.
Je n’en avais jamais entendu parler ! 😰
C’est sûr que ça a l’air chouette. Cette période le la vie est toujours en nous, profondément. Je pense qu’on sera toujours perméables à ces moments où tout a basculé. Ça nous parle, universellement.
Il fut un temps où je me serais rué sur l’achat de la BD. Mais ma bibliothèque est à présent pleine à craquer (et pourtant j’en balance des Marvel et des DC, à la pelle !). Et une BD de 600 pages ! (😱) Tout comme STRANGERS IN PARADISE.et STRAY BULLETS, je passe. Trop de pages. Pas possible. Et ce n’est pas la peine d’insister…
La BO : Idem. Je ne connais rien aux Smiths. Par contre je trouve ce titre très bon. Faudra que j’essaie un album un de ces jours… 🙂
Bon alors moi, au contraire des copains, la couverture ne m’aurait pas du tout attirée !!
Mais ce que tu en dis donne envie de le lire. Evidemment, on pense FRIENDS (je ne mets plus les points) sans l’aspect comédie.
Ca semble plus acide, plus profond, plus tragique aussi. Sherman n’a pas l’air d’un personnage très sympathique, par contre.
La BO : connaissais pas. Sympa !
De Mal en Pis … cela ne me rajeunit pas. Ce fut l’une de mes premières critiques, un peu sérieuse et fouillée, sur Buzz Comics le 27 avril 2013, il y a plus de 8ans ….
J’en disais alors (je me suis permis de corriger quelques fautes):
On y suit les aventures de Sherman, jeune adulte travaillant dans un librairie et souhaitant devenir écrivain, et de ses connaissances.
L’histoire raconte donc les aventures (présent et passé) de ces jeunes adultes (quoi que pas tous) tentant de concilier, vie professionnel et vie privé en s’accrochant à leurs rêves. Et comme tout roman graphique qui se respecte on y lit les chemins sinueux des sentiments et des relations professionnelles et familiales. La narration fait penser à Woody Allen ou bien à Daniel Clowes. C’est truffé de référence à la culture américaine. Cela plaira à certains et en rebutera d’autres (pour moi cela a été 50% de comprises).
On suit Sherman au début du roman mais très vite on se passionne pour les autres personnages au points de le délaisser. Alex Robinson arrive donc à nous entrainer là où ne s’y attend pas…comme dans la vie.
Le gros plus de ce roman graphique c’est qu’à travers un personnage (Ed) c’est toute une partie de l’histoire des comics qui est décrite, et pas la meilleur : comment les éditeurs s’approprient les personnages de leurs créateurs et les combats de ceux ci. On pense bien sur à Kavalier et Kay de M. Chabon (que je recommande) mais aussi au combat de Bill Finger sur Batman (dont le héros de comics fictif dans De mal en pis s’inspire). On y voit également le processus créatif d’un comics et les difficultés à percer et perdurer dans ce métier. Rien ne nous est épargné, même pas le dessin de comics porno pour survivre. Les diverses influences (années 60 et 90) sont aussi bien vu.
Le point dur, pour moi, a été le dessin. Je ne sais pas dessiner je reste donc admiratif du travail accompli. Néanmoins le trait de Robinson n’est pas des plus maitrisés (!!!!SIC comment ai je pu écrire cela!!!!) et du coup la lecture perd en fluidité. Par conte on sent l’influence de Scott Mc Cloud dans le découpage et la narration et certaines pages sont très inventives. On cherche même Charlie sur une patinoire.
Au final ce roman graphique reste un peu trop long mais drôlement inventif. La vie des personnages aurait pu être un peu plus passionnante avec une narration graphique un peu moins austère. Néanmoins 600p à lire c’est agréable et au moins on ne referme pas ce comics au bout de 10min.
Je l’ai relu depuis (dispo à ma bibliothèque) et clairement ce comics m’a impressionné. Il fait parti de ceux qui m’ont donné le gout des comics indés. Ton article m’a montré les références qui m’avaient échappées. Je crois que je vais faire chauffer ma carte de bibliothèque dans pas longtemps
@Jyrille : Je pense qu’en effet il est temps de rafraichir ta mémoire 😉
Derf Backderf, oui il y a un peu de ça, mais dans le cas de celui-ci les têtes sont souvent volontairement disproportionnées (grosses têtes et petits corps), le trait de Robinson est (à mon avis) plus fluide.
Half a person est tout simplement l’un de mes morceaux préférés des Smiths ! Je me rappelle comme si c’était hier de mon émotion lors de ma 1ere écoute… Il y a plus de 30 ans de cela !
@Tornado : Bon ok ok je n’insiste pas ^^ Par contre pour les Smiths je suis carrément étonné que ce morceau te plaise ! Comme quoi tout arrive :))
@ Kaori : Sherman est un personnage plein de contradictions mais foncièrement touchant même, et surtout, dans ses échecs !
@ Fletcher Arrowsmith : Ah effectivement, tu as raison, il y a clairement une filiation avec Scott McCloud, je m’en veux de ne pas l’avoir mentionné 😉 Par contre je suis content que, 8 ans plus tard, tu aies changé d’avis concernant la maitrise du trait de Robinson 😉
en 2013 je me mettais « réellement » à l’indé. Pourtant je connaissais déjà Scott Mc Cloud depuis longtemps. Je crois que j’étais mine de rien trop formaté aux comics mainstream (dis le type qui ne jurait à l’époque et encore maintenant que par Art Spiegelman et Mazzucchelli post Born Again).
Ah et le morceaux des SMITH appartient au seul album que j’ai tenu à posséder en vinyle (LOUDER THAN BOMBS, si ce n’est pas un titre extraordinaire pour un album). Donc bon gout et bon choix.
@Tornado, pareil que toi pour les Smiths.
@Fletcher, LOUDER THAN BOMBS est une compilation qui reprend d’ailleurs intégralement l’autre compilation THE WORLD WON’T LISTEN je crois. Cette dernière fut ma porte d’entrée chez eux et reste mon « album » favori avec THE QUEEN IS DEAD.
J’ai lu en ligne les 5 premiers numéros dans leur version colorisée publiée chez IDW.
Alors en fait… non, je pense que je ne me ferai pas la série.
Première raison : Sherman est vraiment un gros boulet et je n’ai pas envie de suivre un « héros » aussi naze.
Deuxième raison : cette BD parle d’un moment particulier de la vie et je la découvre sans doute trop tard…