L’adoption par Zidrou et Arno Monin
AUTEUR : BRUCE LIT
VF : Grand Angle
L’adoption est une histoire en deux parties scénarisée par Zidrou, illustrée et colorisée par Arno Monin. Cet article portera sur le tome 1 sorti en mai 2016, le volume suivant n’étant pas paru au moment de l’écriture de ces lignes.
Les scans de cet article m’ont été fourni par Arno Morin himself auquel je fais une double révérence pour sa gentillesse et bien sûr cet album.
Le pitch : Orpheline suite à un séisme dans son Pérou natal, Quinaya est une fillette de 4 ans adoptée par un couple français.
Ce tome 1 raconte l’amour naissant puis inconditionnel entre l’enfant déracinée et Gabriel, son grand-père français et bourru qui s’obstine à ne pas vouloir s’attacher à une gamine ne partageant pas son patrimoine génétique.
Rien que la prose du début (« Durant quelques minutes la terre trembla de plaisir ? de froid ? Un seisme de 8.4 . Ce bon vieux Richter en eût rougi de plaisir »!) et l’on sait qu’on tient là du grand Zidrou, certainement un des auteurs franco-belge aussi prolifique que Joann Sfar. L’adoption est une BD de conquête, semblable au coup de foudre amoureux : quand bien même vous seriez blasé, prédisposé à dire qu’on ne peut plus vous la faire, rien absolument rien ne vous protégera de la déflagration émotionnelle de cette histoire d’amour sur le tard entre un enfant et son grand père.
Pourtant en écrivant les grandes thématiques de cette histoire, on est pas sûr de se taper ça après une journée de boulot: Qinaya se rappelle de ses parents disparus, on y aborde la vie sexuelle de nos seniors, les grands drames de la vie (un vieillard a dû apprendre à survivre à son enfant décédé) qui côtoient les petites sorties de route (l’incompréhension qui règne entre Gabriel et son fils de 45 ans).
Mais on est chez Zidrou, n’est ce pas, le créateur de Ducobu, mais aussi un auteur fidèle à ses thèmes de prédilection et qui ne fait pas dans la facilité. Dans les Folies Bergères, au milieu de la folie de 14-18, il mettait en scène un instant de pure grâce en introduisant une enfant dans les tranchées. Dans Le beau voyage, il abordait avec une délicatesse infinie le suicide d’un enfant. Et dans Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? il décrivait l’absolue dévotion d’une mère d’âge mûr au chevet de son fils handicapé.
Lu comme ça, on pourrait se croire chez Ken Loach alors qu’il n’en est rien. Zidrou n’est pas un triste sire mais un amoureux de la vie, des parenthèses de grâce qu’elle peut offrir quelle que soit l’épreuve. Ses personnages sont des résilients qui continuent en dépit de tout mais jamais par dépit. Et l’histoire de la petite Qinaya, belle à pleurer, réveille ce que nous avons de meilleur en nous : l’empathie, la compassion, un altruisme pur et désintéressée pour une enfant autre que la nôtre , totalement affiliée à notre famille d’êtres humains.
La grande tirade de Zidrou correspond à ce que nous venons de décrire : l’amour ne se vole pas, l’amour ne s’achète pas, l’amour se mérite. L’album se situe dans la lignée du Voyage de Phénix et Couleur de peau : miel de Jung et du prodigieux Ce n’est pas toi que j’attendais de Toulmé. Des albums qui montre qu’être déclaré parent ne suffit pas sans l’amour en plus.
Zidrou est il un scénariste ou un peintre ? Par petites touches d’humour, il trouve les voix de ses personnages mêmes les plus anodins, il donne leurs fréquences qui vont nous permettre de les capter, de les ressentir, de les comprendre sans les juger.
Il y a bien sûr Quinaya qui cumule tous les instants de pureté quasi divine que nous offre l’amour inconditionnel d’un enfant à ses parents, ses stratégies à la fois si simples et si élaborées pour se faire aimer, sans langage autre que de l’authenticité; Une innocence qui nous ramène au Paradis Perdu d’une vie perdue et qui ne demande qu’à vibrer encore !
Une allégorie admirablement plantée par Arno Monin dès la couverture : Qinaya et son grand père se toisent silencieux, séparés par la frontière symbolique de la terrasse du jardin. Qinaya semble éclore de la pelouse, du vert de la vie, son regard est invisible mais confiant tandis que son grand père sur du béton gris, semble sidéré. L’ombre de Qinaya rampe aux pieds de son papi pour induire le mouvement de l’enfant à se faire adopter paisiblement tandis que son ombre à lui, comme une bonne partie de sa vie, est derrière lui. De ces deux mondes va naître une rencontre. Celle qui fera grandir Quinaya, surmonter son deuil et agrémentera la vie du vieux bougon.
Ce qui est très habile dans l’écriture de Zidrou est de faire appel aux sentiments sans pour autant sombrer le manichéisme : les conditions de l’adoption de l’enfant sont dénoncées dans un twist violent, le grand-père a une vie amicale et sexuelle. Malgré le fait d’avoir vendu sa boucherie à un arabe et d’être attiré par les grosses bagnoles, on remerciera les auteurs de ne pas avoir écrit un vieux con aigri détestant les immigrés. Gabriel est un peu rustre, un peu ours, un peu fort en gueule mais il s’inscrit dans la tradition française allant de Michel Simon à Gerorge Brassens (pour moi, Brassens a toujours été un-gentil-papi). Il est en tout cas plus vivant et joyeux que cette pauvre Rosa de La Vie devant soi.
Avec le retour du personnage de la grand-mère bienveillante présente de Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? Zidrou parvient à écrire la connivence construite au fil des années entre deux personnages aux portes du 4ème âge empreinte de respect, de reproches et de tendresse. Mais surtout, on se rend compte qu’à sa manière, il écrit sa Comédie Humaine tant ses personnages semblent issus d’une même lignée : celle de l’humanisme.
L’adoption aurait pu s’appeler La réappropriation ; ce moment où l’arrivée d’un enfant pousse l’adulte un peu plus vers sa propre mort (Claremont avait écrit de très jolies pages là dessus dans le Lifedeath des X-Men) mais aussi dans la réappropriation dans ce qui lui reste à vivre. L’occasion d’avoir une seconde chance d’exprimer des émotions inconnues ou interdites de sa jeunesse. Le bonheur de s’oublier totalement pour un être vierge de tout jugement sur votre histoire personnelle et familiale. Gabriel se laisse peu à peu apprivoiser par Quinaya qui le révèle à lui-même et à cet adage voulant que nos enfants nous donnent la vie.
Ce travail n’aurait jamais pu être accompli sans le travail exemplaire d’Arno Monin. L’alchimie entre les mots et l’image font que chaque page s’apprécie au ralenti . J’ai scruté chacune des planches de Monin, comme un album de famille ou chaque photo m’était précieuse. Proche du photo-réalisme, certains diront de Sandoval, Monin distille des moments où le corps complète les silences ou les émotions de ses personnages. Lorsque Quinaya évoque la mort de ses parents au Pérou par un simple dessin, la séquence est muette. Pas besoin d’en voir plus pour comprendre que ce n’est pas la première fois que la fillette sublime son traumatisme.
En bonus, de nombreux croquis de Monin témoignent de sa virtuosité à croquer le langage corporel de l’enfant et à, saisir en quelques traits les sailles de joie pures, de tristesse, de fantaisie et de malice de la petite péruvienne. Un travail qui mérite d’être d’autant plus souligné que l’enfant n’a que très peu de dialogue et que le dessin nous permet de nous l’approprier.
Soutenu par un dessinateur virtuose et une fin d’une intensité telle que si vous ne versez pas votre petite larme, c’est que vous n’avez pas de coeur, voici un album qui arrive à point nommé dans notre France Bleue Déprime. Cette adoption, c’est aussi celle du lecteur là où la vie semble plus grande et si minuscule face au rire d’un enfant. Et le soleil jamais plus doux qu’une caresse sur une joue endormie.
Pour toi Pablo.
Je vois, c’est encore une histoire sur le multiculturalisme. Mouais! Quand on voit ce que ça donne en France!
Magnifique. Je vais aller en librairie le chercher le plus vite possible. On sent une belle histoire en retenu et une science du découpage, du non-dit bouleversante. La scène de l’arrivée en classe m’a beaucoup touché. La couverture est splendide.
Ton analyse sur la reappropriation est très belle.
Bref de beaux frissons dans la continuité du précédent article. La paternité t’inspire. Bravo.
ça m’a l’air d’une jolie histoire qui t’a convaincu. Ta façon d’en parler avec tant d’émotion ne trompe pas. Une nouvelle BD avec des thématiques sociales qui te sont chères.
Histoire de faire le chiant, je vais dire qu’en ce qui me concerne ça ne me tente pas trop. En fait j’ai un problème avec les BD très ancrées dans le réalisme qui parlent de sujets sociaux ou de problèmes de société. Je préfère largement quand il y a des métaphores raciales dans les X-men plutôt que lire une histoire réaliste avec un héros noir qui parle de racisme. Pas parce que le sujet ne m’intéresse pas, mais j’ai cette sensation que ces BD nous hurlent au visage « ici on parle de sujets sérieux pour de vrai sans artifices ni fiction »
Donc déjà on les attend au tournant. Le sujet a intérêt à être bien traité. Alors qu’une réflexion intelligente insérée dans un récit de divertissement, on s’y attend moins, c’est un bonus qui donne une autre profondeur à l’histoire.
De plus, j’ai souvent l’impression que dans ces BD réalistes, le sujet est plus important que les personnages. Et donc si on est déjà d’accord avec le sujet, c’est un peu comme écouter un mec qui te dit « le racisme, c’est mal »
Oui ok t’as raison, et c’est louable de ta part de vouloir véhiculer cette idée…mais moi je le savais déjà, t’as pas autre chose ? Des personnages attachants qui ne soient pas des clichés ambulants pour illustrer ton propos par exemple ?
Bon…je ne m’attaque pas à cette BD en particulier que je n’ai pas lue. Mais bon déjà le grand père bourru qui va changer d’avis et aimer sa petite fille, c’est un peu une figure classique de ce genre de récit. Je ne dirais pas cliché pour ne pas te fâcher mais…oups, je l’ai dit^^
Non, sérieusement je te fais confiance sur la justesse des sentiments retranscris, mais je ne suis pas plus intéressé que ça.
Si vous devez lire un album cette année, c’est celui-là ! « L’adoption : Qinaya » par Zidrou et Arno Monin ou l’histoire d’amour insensée entre un vieux grincheux français et une orpheline péruvienne. Achetez le ! Volez le ! Ou pour commencer, découvrez le chez Bruce Lit (vous me remercierez après).
La BO du jour : Peut on faire plus grincheux que Michel Simon ? Lui aussi était capable de tendresse dans ce superbe duo avec Gainsbourg.https://www.youtube.com/watch?v=1_d19EtxQO8
@Redwave : tes propos sont tellement consternants que je n’y répondrai pas. Je l’ai déjà fait longuement, ailleurs, lors de ton impatience de voir une France Bleue-Marine. En fait je te plains. Mais tu as peut être raison sur un point redwave : cet album qui prône l’humanisme dans ce qu’il a de plus noble et de constructif n’est pas pour toi.
@Matt&Maticien : je l’avoue, ceci est sûrement mon article le plus personnel de l’année.
@Matt: Tes arguments sont tout à fait entendables. Il n’y a pas plus désagréable que de se sentir pris en otage d’un sujet, d’une histoire ou d’une thématique. J’ai suffisamment défendu les Xmen pour les critiquer hein…
Je dirai simplement ceci : il est bon aussi parfois d’avoir de la simplicité, des histoires avec de vrais humains dedans sans aucune portée autre que celle que l’on nous propose. Les auteurs sont ici d’une honnêteté désarmante et le lecteur comme toi et moi se font finalement avoir comme Gabriel : notre flot de cynisme et d’ironie défensive face à un monde en perdition ne valent rien face au l’authenticité d’un enfant d’où qu’il soit. Marvel a suffisamment triché avec mes émotions de lecteur, mon amour des personnages et mon investissement émotionnel. Qinaya, non. Les héros Marvel m’ont donné des leçons de vie autrefois. Plus maintenant. Qinaya, si. C’est aussi simple que ça….
Et évidemment, lorsque l’on parle d’enfants métissés sud-américains-france, je ne suis plus objectif…
Ah ! Tu as des racines sud-américaines ?
Tu as raison mais tu parles de Marvel comme d’un auteur unique qui t’a donné des leçons avant et qui se plante maintenant. Ce serait comme dire « Dupuis m’a déçu »
D’ailleurs n’y a-t-il rien chez Grand Angle qui t’a déçu ?^^
C’est une question d’auteurs, pas de maison d’édition. Même si je comprends bien que chez Marvel c’est flou puisque les personnages n’appartiennent pas aux auteurs.
Mes arguments reflètent surtout le fait que j’aime le divertissement, et que j’ai souvent été déçu par les œuvres trop réalistes. Ou du moins que je ne trouve plus rien à en tirer lors de la seconde lecture. Car justement il n’y a pas autre chose à en tirer que la leçon de vie ou le sujet traité. Tu vas me dire « c’est déjà pas rien » Ouais…mais il manque un moyen de s’évader, de juste suivre les personnages dans leurs aventures. Mais c’est purement subjectif comme ressenti^^
Hem, je vais plussoyer l’avis de Matt. Ça me semble une jolie histoire très bien mise en images mais pas dans un thème qui m’attire actuellement.
Sinon, ton analyse de la composition de la couverture est très pertinente. On dirait presque un mini focus.
Merci beaucoup pour cet article passionné. Comme tu avais déjà attiré notre attention sur ce scénariste, j’avais jeté un coup d’œil rapide par curiosité sans aller plus loin. Par contre la couverture m’était resté en tête, sans que je ne sache pourquoi. L’analyse que tu en fais restitue l’intelligence de sa composition, sans rien perdre de sa charge émotionnelle, très fort.
Le grand-père bourru qui s’attendrit, un cliché ? C’est sûrement un stéréotype, mais est-ce vraiment cliché dans ce récit ? A lire le commentaire de Bruce, je n’en suis pas si sûr. Un récit sera toujours réducteur par rapport au degré de complexité de la réalité, ne serait-ce parce qu’il ne peut pas retranscrire la somme des expériences d’un individu qui façonne sa personnalité. D’un autre côté, cet article met en lumière l’intelligence émotionnelle avec laquelle ses auteurs font apparaître le mécanisme de changement, ses conditions, son déroulement progressif, le caractère individualisé du grand-père…
Ce qui m’inquiète à priori c’est le coté prévisible de la chose (tel que je l’imagine) : le grand père rejette sa petite fille pour l’adopter (si je puis dire) pleinement à la fin… Mais tu me diras ce qui compte c’est le chemin et non la destination.
En tous cette BD à l’air riche en émotion je vais donc me pencher sur la question asap !
Mais n’est ce pas vrai de tout sentiment humain ? Se méfier, avoir peur, craindre, se réfugier dans son ego. notre vie n’est elle pas une succession de sentiments prédestinés ? que seuls notre vécu et notre personnalité peuvent -ou pas infléchir-
Ouais mais voilà tiens, c’est un autre élément qui fait que j’ai du mal à relire ce genre d’histoire. Puisqu’il n’y a pas autre chose à côté (divertissement, aventure), le côté prévisible, même si réaliste (et même justement trop réaliste pour moi) fait qu’il ne reste plus grand chose à en tirer après la première lecture. Aussi jolie que puisse être l’histoire, elle en devient frustrante pour moi.
Tenez par exemple le sujet du clonage est intelligemment traité dans le film « Moon » pour ceux qui connaissent. Plutôt que de parler des scientifiques qui clonent des humains et de mettre en scène des journalistes qui se posent des questions éthiques etc…le tout dans un contexte très réaliste, nous avons un mec qui travaille sur la lune pour extraire du minerai…et qui meurt tous les 3 ans. Et à chaque fois un clone en parfait état, formé et déjà expérimenté dans ce travail est ranimé et manipulé avec les mêmes enregistrements de sa famille qui lui parle depuis la terre. Puisqu’on en est à je ne sais pas combien de clones, sa famille a en réalité grandit, sa fille est une ado et ne vient pas de naitre…et son modèle, l’original, est sur terre tranquille. ça illustre tous les aspects cruels d’un tel traitement de ce qui n’est pas considéré comme humain mais comme une copie. Bien sûr il se rendra compte de ça quand un clone sera réveillé prématurément et qu’ils se retrouveront à 2.
Je sais je m’éloigne du sujet…mais c’est juste pour dire que parfois un contexte différent qui traite de manière non-frontale un sujet donne plus d’intérêt à la relecture (ou re-visionnage)
Mais bien sûr je comprends aussi l’envie de lire quelque chose de simple comme tu le dis, de réaliste et de direct. C’est juste moins pour moi.
J’avoue ne pas trop comprendre vos réticences par rapport aux clichés. Qinaya, comme mis dans l’article est au contraire, comme souvent chez Zidrou, une Bd sortant des sentiers battus où les auteurs s’engagent totalement. La trame de bcp d’histoire ne diffèrent pas de clichés, c’est le traitement qui compte : l’amour, la haine, la trahison, la vengeance etc.
C’est pas tellement les clichés le problème en ce qui me concerne. Tu ne t’adressais peut être pas à moi mais tu réponds sous mon message donc…
C’est le traitement qui compte oui. mais le traitement est-ce l’amour, la haine, la trahison ou le contexte dans lequel évoluent les personnages ?
Tu aurais sorti une BD de SF avec un vieil homme qui vit dans une colonie sur Mars dans un contexte où les extraterrestres sont mal vus pour des causes diverses, et qui doit adopter une fillette extra-terrestre…eh ben les clichés auraient pu rester les mêmes, le contexte aurait pu plaire aussi aux amateurs d’aventures, de dépaysement, de science fiction, etc.
Là, c’est sobre, réaliste, très ancré dans le quotidien. Et encore une fois je comprends que ça puisse plaire. Mais pour moi il reste peu de choses à apprécier en dehors de la leçon de vie et d’amour. Peut être que je trouverai ça joli, mais ça ne marchera qu’une fois. Et à la relecture, je me ferais probablement gentiment chier.
La couverture, sur laquelle tu as su t’attarder, raconte une histoire qu’on devine naissante et riche à elle seule. De la délicatesse et la faculté à se coltiner avec les événements heureux, inattendus ou dramatiques.
Moi, c’est ma came et le dessin d’Arno Monin semble appeler, à lui seul, à une première lecture.
Après les diptyques sont parfois des cailloux dans la chaussure quand la chute se fait attendre.
Il est amusant d’observer que Gabriel ressemble à Victor Hugo, à qui tu as emprunté le titre de ta chronique.
En attendant ta BO, je vous propose celle-là pour ajouter un supplément de sentiment à ce billet chargé d’émotion:https://www.youtube.com/watch?v=LCUv9W0ViRc
Ton article me conforte définitivement dans mon envie de lire cette BD. J’avais beaucoup aimé Quand le roi de Prusse faisait la guerre… J’avais trouvé beaucoup de finesse dans le traitement du thème du handicap (d’autant plus que ce n’est pas évident de traiter un sujet pareil sans tomber dans le pathos). D’après ma collègue, Merci, du même auteur, est très bien aussi – et dispo dans ta médiathèque 😉
Ça a l’air vachement bien. Et félicitations pour ton analyse de la couverture ! 😉
Sur l’intérêt de l’histoire, je suis partagé. Je suis d’accord avec Bruce lorsqu’il dit que ce n’est pas l’histoire qui compte, mais son traitement (vous connaissez l’expression « il n’y a pas plus de 10 histoires en tout, mais une infinité de manière de les raconter »). Mais d’un autre côté, je suis également d’accord avec Matt sur le fait que, lorsque c’est trop naturaliste, ça peut être chiant pour un geek 😀 !
Du coup, on va dire que ça dépend du coup de foudre, à ce niveau là. Quand une histoire est simple et qu’elle flirte avec le quotidien, il faut vraiment que ce soit bien raconté pour que ça touche le lecteur.
Par exemple, je ne supporte pas les films des frères Dardenne (« Le Gamin à vélo »). C’est tellement simple et naturaliste que j’ai l’impression de regarder un documentaire (chiant). Mais il y a tout un public qui est fan de ce truc !
C’est aussi pour ça que je trouve le paysage des films français ennuyeux et sans relief. C’est d’un ennui ces sempiternels drames sociaux ou sentimentaux sur le mariage, les problèmes d’argent, les histoires d’amûûûr au fond de la cambrousse entre Bébert et Josianne. Je dis ça alors que je vis à la campagne hein, et je n’ai rien contre les gens qui s’appelle Bébert et Josianne (encore que pour Bébert…)
Sauf que merde quoi, on veut autre chose que voir nos voisins tondre leurs pelouse quand on regarde un film ! Sinon autant aller au village le plus proche.
Bon…je m’emporte^^ Et tant mieux si ça plait à des gens qui ont des goûts simples et aiment le réalisme et le naturalisme comme dit Tornado. Mais moi, ça a tendance à me gonfler si ça ne nous fait pas voyager un peu dans un quotidien différent du notre.
Bonjour,
Et merci pour la découverte.
L’article est vraiment bien écrit et m’a donné fortement envie de lire cette bande dessinée.
Les planches sont très jolies et les dialogues font naturels et bien trouvés.
Bonne journée.
Je trouve que c’est le meilleur article que tu as fait Bruce Lit. Très sensible, très émouvant. Je confirme que Qinaya est un album unique en son genre.
Merci pour ce bel article tout en émotio
Youpi !
Ça se bouscule pour Qinaya ! Merci à tous pour vos réactions !
@Prudence : Son dessinateur Arno Monin se confie en exclu demain.
@Bastien : oui, les dialogues sont vraiment chouettes.
@Tornado: à défaut de naturaliste, je qualifierai cet album comme un « Feelgood reading ». Les scans ne rendent pas justice à l’humour de l’ensemble.
@Matt: encore une fois, tout dépends du ton ,des intentions, du talent. J’adore le cinéma de Leconte, Veber et par dessus tout Pialat qui me bouleverse.
Un film turc, « Wintersleep » qui décrit pendant trois heures les tourments d’un couple est une merveille. J’y pense tous les jours depuis 3 ans.
Ma blague préférée, quand je discute avec un bobo fan du festival de Cannes et des films naturalistes politisés, c’est de lui dire que ça manque quand même un peu de karaté…
Franchement, regarder un film où il y ma voisine qui se lève le matin, qui pleure toute la journée et qui va se coucher le soir avec le générique de fin, ça ne m’intéresse pas. Mais si c’est raconté avec un fantôme ou un lapin qui parle (genre Donie Darko), là ça le fait ! 😀
Plus sérieusement, si c’est raconté avec un vrai point de vue original, on peut raconter n’importe quoi.
Mais si c’est quasiment du documentaire, non merci… 🙁
Comme je te comprends.
Ah Donnie Darko…j’étais le seul à craquer pour Gretchen et à avoir vraiment les boules quand elle meurt ?
Bon j’étais jeune…
Ce n’est pas un sex symbol mais je n’y étais point insensible. Assez dépriment ce film en fait.
Très bel article Bruce, on sent que tu as été très ému. Mais bon c’est les hormones ça, ça a dû te travailler. Cela fait un certain temps que tu en parles et les dessins m’ont interpellé, mais comme mes petits camarades, j’hésite. Déjà, ce n’est qu’un premier tome, combien y en aura-t-il ?
Et ensuite, j’ai pas mal investi dans ce genre de bds par le passé mais maintenant je ne suis pas certain que je tiendrai encore le choc ou d’avoir envie de la posséder. Je ne dis pas que l’histoire ne m’intéresse pas, juste que j’ai peur que sa relecture ne soit pas intéressante, c’est un critère que je prends en compte désormais.
La couverture est effectivement superbe et la séparation y est évidente, c’est un très beau travail de composition et me pousserait à tenter l’achat, mais je reste un peu circonspect tout de même. En tout cas, je la note dans un coin et ne dis pas que je passe mon tour, juste que j’ai d’autres priorités pour le moment. De plus, je ne connais pas du tout Zidrou, je n’ai lu aucune de ses bds. Et dans le genre naturaliste, je crois que les bds de Davodeau m’ont refroidi. Alors que j’adore celles de Larcenet (ah tiens faut que je finisse le Rapport de Brodeck), et que je peux les relire sans aucun problème.
Je pense que pour ce genre d’oeuvre, au-delà d’un point de vue original comme un lapin géant (tiens au fait, dans le genre, Lapinot de Trondheim est remarquable à ce niveau : un album sur deux se passe dans le monde réel, mais avec des animaux anthropomorphes, et l’autre moitié des albums sont de genre, comme le western, l’horreur dans les années 20, un hommage à Spirou… C’est toujours fantaisiste et il y a toujours de l’humour) ou un univers SF, ce genre d’histoire doit aussi refléter une certaine légèreté. Avoir de l’humour, donner des moments de décompression. Les moments poignants ou émotionnels n’en ont que plus d’impact. Si ce n’est qu’une tragédie ou une suite de scènes dépressives ou tendues, cela ne marche pas avec moi. Comme par exemple le film Alabama Monroe que j’ai vu récemment.
@Bruce : » ça parle d’aimer au delà de soi, de son sang, au delà de tout »
J’avais bien perçu ce message de l’oeuvre à travers ton article mais, je vais y aller d’une petite confession, je ne pense pas être capable d’un tel amour. Que ce type d’amour existe, je n’en doute pas, qu’une oeuvre de fiction le célèbre, tant mieux, mais perso, je ne pense pas avoir une réserve aussi grande d’affection à donner au monde. Je suis même plutôt misanthrope. A une époque, déjà, je n’aurais jamais pensé avoir d’enfant… J’ai maintenant trois filles que j’adore mais qui m’horripilent parfois et le fait que ce soit « mon sang, ma chair » m’aide à ne pas péter les plombs…
Tout ça pour dire que j’ai le sentiment que ce récit me renverrait plus à cette limitation, et quelque part, à ma médiocrité, plutôt que de m’inciter à devenir meilleur. Un peu comme la BD de Fabien Toulmé; qui est formidablement bien faite mais qui chez moi, m’a fait songer : « Heureusement que cela ne m’est pas arrivé, je n’aurais pas eu la force… »
Je me retrouve un peu dans ce que tu dis, JP.. Sauf que j’en suis encore dans la phase où les gosses…bof. J’ai des neveux qui m’aiment bien, ça fait plaisir. Je n’aurais peut être pas envie de les avoir dans les pieds tout le temps mais peut être que ça peut me faire changer un peu, je ne sais pas…
Je ne dirais pas que je suis misanthrope puisque je n’ai rien contre le quidam qui passe dans la rue. C’est davantage de la parano vis à vis de ceux qui ont le pouvoir : les patrons, les connards qui abusent de leur pouvoir, que ce soit au gouvernement ou des patrons plus proches de nous contre lesquels il faut lutter pour ne pas se faire piéger sans arrêt et qui nous regardent de haut ou avec leur sourire de faux cul.
J’ai beaucoup de mal à faire confiance, à me dire que telle ou telle personne est réellement sympa. J’ai facilement la sensation qu’on veut se servir de moi et qu’on me juge. Donc l’amour pour mon prochain est…limité à une petite réserve qu’il faut donner avec méfiance aux bonnes personnes.
Merci JP pour cette tranche de vie… car la misanthropie, ça va ça vient. Je l’ai laissée tomber et puis par moment, elle revient. En ce moment par exemple. Ca passera.
Merci pour le conseil (l’adoption)
Acheté dès vendredi dans une petite librairie de la banlieue lilloise (où il était coup de coeur du libraire)
Lu, adoré, prêté à ma femme qui l’a lu et adoré
Prêté à mon beau père qui va le lire et le passer à ma belle soeur qui devrait le faire lire à sa fille.
En même temps ça m’a permis de découvrir une petite librairie super chouette
Me voici content ! Et fier !
Tu peux. Je viens de finir de le lire (à Zoé, d’une pierre deux coups) et c’est vraiment très bien, un peu une feel good bd, ça fait du bien. A chaque fois que je lis ce genre de chroniques de la vie quotidienne joyeuse où il ne se passe pas grand chose, je pense à Totoro.