The Umbrella Academy par Gerard Way et Gabriel Ba
1ère publication le 13/05/15- MAJ le 23/02/19
AUTEUR: JP NGUYEN
VO : Dark Horse
VF : Delcourt
The Umbrella Academy est un comics de super-héros écrit par Gerard Way, dessiné par Gabriel Ba et mis en couleurs par Dave Stewart.
A ce jour, douze épisodes sont parus, pour deux arcs en six chapitres : « Apocalypse Suite » (sortis en 2007-2008, avec des couvertures de James Jean), qui a remporté un Eisner Award, et « Dallas » (2008-2009), auxquels s’ajoutent quelques courts one-shots de 2 à 8 pages. Un troisième arc, « Hotel Oblivion », est dans les cartons et verra peut-être le jour, selon le bon vouloir des auteurs et l’alignement des astres…
En parlant d’étoiles, c’est sur une splash-page montrant un match de catch sur Rigel X-9 que commence la série… Cet évènement n’a à peu près aucune espèce d’importance pour la suite si ce n’est qu’il est concomitant avec la naissance sur Terre de 43 bébés aux pouvoirs extraordinaires. Sir Reginald Hargreeves, alias « Le monocle », extraterrestre ayant pris l’apparence d’un magnat industriel, va adopter sept de ces enfants et les entraîner pour sauver le monde.
Se voyant plus comme un mentor que comme un père, Hargreeves leur donnera des prénoms mais s’adressera à eux en les désignant par leur numéro, de 1 à 7. Le groupe de héros se fera connaître en tant que The Umbrella Academy dès leur dixième année, en jugulant une menace à Paris, et aura l’occasion s’illustrer à d’autres reprises avant de se séparer pour des raisons inconnues.
Quand débute « Apocalypse Suite », les membres du groupe ont trente ans et se réunissent pour les funérailles de Hargreeves. Numéro 1, prénommé Luther, est devenu Spaceboy. Sa tête a été transplantée sur un corps de gorille géant suite à un aléa de la conquête spatiale, il vit sur une base lunaire. Numéro 2, alias Diego, est borgne et mène une carrière de justicier urbain sous le nom de Kraken.
Numéro 3, qui se nomme Allison, est divorcée depuis huit mois. Elle possède le pouvoir de modifier la réalité lorsqu’elle énonce des phrases commençant par « J’ai entendu dire que… », d’où son nom de code : Rumeur.
Numéro 4, Klaus, est le baba-cool de la bande, il se fait surnommer Séance et possède les pouvoirs de télékinésie, lévitation et de communication avec les morts. Numéro 5 peut voyager dans le temps. Il revient du futur, âgé de soixante ans mais possédant toujours son corps d’enfant de dix ans. Il n’a pas de nom autre que Numéro 5 et c’est un assassin hors-norme.
Numéro 6, Ben, était surnommé Horreur à cause des tentacules lovecraftiens lui sortant du ventre. Il est décédé. Numéro 7, Vanya, est l’autre fille du groupe. Elle n’a pas de pouvoir notable et se passionne pour la musique, le violon en particulier.
Le premier arc verra cette joyeuse famille dysfonctionnelle empêcher l’Apocalypse en luttant contre l’Orchestra Verdammten et leur sœur Vanya, rebaptisée la Viole Blanche, qui a basculé dans la folie en réactivant son immense pouvoir inhibé par Hargreeves : ses notes de violon ont un pouvoir destructeur incommensurable.
Dans le second arc, intitulé « Dallas », il sera question de voyages dans le temps, de fin du monde (à nouveau), de la carrière de nettoyeur de Numéro 5 et de l’assassinat de JFK.
Pour l’anecdote, le scénariste Gerard Way a gagné sa renommée en dehors de la sphère des comics : de 2001 à 2013, il a été le co-fondateur et chanteur du groupe My Chemical Romance (que, dans sa crasse inculture musicale, votre serviteur ne connaît nullement…).
Sa relative inexpérience du medium ne constitue en l’occurrence aucunement un handicap puisqu’il nous gratifie de récits dynamiques, à la construction assez travaillée, utilisant beaucoup les flashbacks, avec un dosage équilibré entre intrigue et développement des personnages.
Son influence revendiquée est la Doom Patrol de Grant Morrison mais on retrouve aussi des clins d’œil à bien d’autres œuvres (provenant des comics, du cinéma ou de la musique).
Il jongle plutôt bien avec la science-fiction et le polar, la violence et l’humour, le grand guignol et le rocambolesque pour nous livrer des récits très fun sans pour autant n’être que parodiques.
Gabriel Ba est un dessinateur qui, avant Umbrella Academy, s’est fait connaître sur la série Casanova et qui a depuis co-réalisé avec son frère Fabio Moon la mini-série Daytripper, qui leur a valu un Eisner Award.
Il utilise un trait épuré et cartoony, qui sied fort bien au rythme trépidant de la série. Ses visuels nous plongent parfaitement dans l’atmosphère légère et déjantée d’une série qui ne se prend pas trop au sérieux mais qui ne se moque pas du lecteur.
Le style de Ba permet aussi de mieux faire passer certaines scènes de baston riches en hémoglobine et où les cervelles explosent. Par moments, les batailles rappellent un peu celles de Nextwave par Stuart Immonen, avec une débauche de violence désamorcée par un trait caricatural.
Dave Stewart assure une colorisation au diapason, renforçant l’esthétique « dessin animé », tout en ne négligeant pas les ambiances.
Au bout des deux arcs, on en redemande, sans pour autant être frustré, car les intrigues sont bouclées, tout en laissant des zones d’ombre à explorer dans l’histoire commune des héros. Les personnages sont en effet le ciment de la série. Leurs pouvoirs ne sont pas tous originaux mais leurs looks, leurs personnalités et leurs interactions rendent vraiment la lecture des épisodes très plaisante.
Même si c’est davantage une lecture de détente que de réflexion, avec son savant dosage d’outrances scénaristiques et de moments intimistes, le tout brillamment mis en scène, Umbrella Academy est une franche réussite qui arrive à renouveler et rafraichir un genre qu’on dit pourtant sclérosé et voué à l’autocitation.
Ça a l’air vachement bien.
Si je n’étais déjà débordé par les lectures, je me laisserais certainement tenter.
Un autre musicien (le guitariste du groupe rage against the machine) a écrit un comics et ça avait l’air bien aussi : « Orchid »
http://www.amazon.fr/Orchid-T01-Tom-Morello/dp/2809429936/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1431520786&sr=1-1&keywords=Orchid+morello
Si quelqu’un connait et veut bien nous faire un article, je suis preneur (et demandeur)…
Ça me fait plaisir de pouvoir lire un article bien argumenté sur ce comics, et qui justement ne soit pas coloré par le prisme déformant de la notoriété du scénariste au sein de son groupe. Comme Tornado, si je n’étais pas déjà débordé par d’autres lecture, je me laisserais également tenter.
Je me laisserais d’autant plus tenter que j’ai beaucoup apprécié Daytripper, ainsi que la prestation sur Casanova.
Ah Daytripper !
Ce comics m’a fait chialer. Jamais une BD ne m’avait fait ça. Même au ciné, je ne renifle pas bien souvent, et quand ça arrive je soupçonne l’influence de la musique. Pour que des dessins inanimés sans aucun son fassent cet effet, c’est un gage de qualité. Ce comics m’a touché.
Hélas je ne suis pas sûr de le relire parce que j’en suis sorti pas mal triste. Et pas triste genre « oh non ce perso est mort ! », mais plutôt parce que le regard porté sur la vie, les opportunités manquées, les tragédies contre lesquelles on ne peut rien, ben au final c’est émouvant. Pas déprimant, il y a de l’espoir dans ce récit aussi, mais les thèmes abordés doivent résonner de différentes selon les lecteurs et leur vécu.
C’est un beau comics mais qui m’a pas mal attristé.
Daytripper : j’avais bien aimé le concept, assez bien trouvé… Une lecture plaisante, des thèmes universels assez bien explorés mais un personnage principal paradoxalement un peu falot.
Umbrella Academy est plus fun, sans pour autant être totalement bête…
J’ai adoré Daytripper alors qu’au départ c’était pas gagné : le rythme n’y est pas, la répétition n’est pas loin… Mais c’est une très bonne bd et je pense la relire. Alors que relire Maus ou Gen d’Hiroshima me semble très compliqué.
Je ne connaissais pas cette série, a-t-elle un rapport avec Resident Evil ? En tout cas, avec Gabirel Ba et James Jean, cela a l’air bien comme dit Tornado. Pourtant le peu que j’ai entendu de Chemical Romance ne me donne pas envie (de l’emo pour ado, pauvre). A l’occasion donc…
En fait, je viens de voir la couverture VF du tome 1 et je me suis souvenu que j’avais hésité à m’acheter ce Umbrella Academy il y a un certain temps. Mais j’avais trop d’autres trucs à lire.
Je vais peut être tenter, puisque tu dis que ça ne se termine pas sur un cliffhanger à la fin du 2eme arc.
Merci pour cet article.
J’ai préféré de loin le tome 1 au tome 2.
@Stan : qu’est-ce qui t’avait moins plu dans le second arc ?
Pour ma part, j’avais retrouvé la même ambiance dans les deux récits, mais avec des intrigues suffisamment différentes pour ne pas avoir une impression de redite…
Je pense que je n’ai pas accroché du tout le truc avec les Kennedys.
@Stan : C’est vrai que quand on s’intéresse à l’Histoire, JFK est plutôt, au mieux, un beau salaud, au pire un individu médiocre, bien éloigné du mythe qui s’est constitué autour de sa personnalité. Mais dans l’arc Dallas de Umbrella Academy, c’est bien la figure mythique qui est évoquée, tout comme dans New Frontier de Darwyn Cooke. Ce choix scénaristique ne m’a pas gêné outre-mesure (ce qui me fait songer que je devrais peut-être réviser mes griefs à l’encontre de Mark Millar…)
Gérard Way je l’ai connu d’abord en tant que chanteur de « My Chemical Romance » (Qui était un très bon groupe de Rock’n’Roll , pas pour rien qu’ils ont été vite repérés par Elvis Costello).En m’intéressant au personnage , j’ai appris qu’il n’était pas étranger au monde des comics , il a été stagiaire chez DC Comics avant MCR et qu’il avait un bon coup de crayon.C’est lui qui a dessiné les pochettes de « Three Cheers for Sweet Revenge » et « The black parade » (2ème et 3ème albums du groupe).
Gérard Way voulait faire la partie dessin de Umbrella Academy , mais le temps que lui prenait le groupe avec les tournées et les promos lui ont vite fait comprendre qu’il ne pourrait pas assurer la partie dessin.Il a très bien choisi son dessinateur avec Gabriel Ba.Ces deux tomes ont été un grand plaisir de lecture pour moi , j’espère qu’il y aura un troisième tome un jour.C’est vraiment un comics à découvrir.(Adoubé par Grant Morrison et Neil Gaiman à sa sortie).
A propos de Grant Morrison , il apparaît dans le rôle du méchant dans les deux derniers clips de MCR , « Na Na Na » et Sing ».
https://www.youtube.com/watch?v=egG7fiE89IU
https://www.youtube.com/watch?v=hTgnDLWeeaM
Tiens un ami a vu la série TV et a été emballé.
Voilà…
Le buzz est très positif sur les réseaux sociaux. Qui aurait parié un kopeck sur cette série ?
Mais comme toutes les séries, le succès va les pousser à faire 30 saisons et ce sera de plus en plus à chier et lassant^^
Il n’y a que 2 tomes du comics, mais s’ils savent s’arrêter, ce sera étonnant.
Je confirme que cette première saison est super bien. Allez zou je vais faire un article !
Ca y est j’ai lu les trois tomes. Et je confirme tout le bien que tu en dis, JP. As-tu lu le troisième, sorti 9 ans plus tard en 2019 ? Il est assez différent et perturbant au départ, mais au final assez classique dans sa trame, et c’est toujours un plaisir de retrouver les personnages et le dessin de Ba. En effet, Momo et Gaiman offrent des préfaces ou postfaces tout à l’honneur de cette bd qui est plus qu’un divertissement selon moi, tant la narration n’est pas si évidente. Je crois que pour le moment, mon arc préféré est le second. La seconde saison de la série télé ne la reprend pas du tout telle quelle mais seulement des éléments principaux, il faudrait que je la revoie.
En tout cas, un grand merci, car je suis bien heureux d’avoir ça dans ma bibliothèque en plus de m’être éclaté à la vision de la série télé.
Tant mieux si cet article a pu contribuer à te faire découvrir cette série.
Je n’ai pas encore lu le tome 3.
La série Netflix est pas mal mais un peu agaçante. J’avais lu une critique qui formulait assez bien mon ressenti : pendant chaque saison, on attend que l’équipe sauve le monde alors que Simone est allée bouder parce que Jean-Gérard lui a mal parlé (je sais, ce ne sont pas les vrais noms des persos, mais c’est l’idée…)
Je trouve que l’esprit de la série est bien retranscrit dans sa version live, car justement, le plus prégnant, c’est bien le côté dysfonctionnel de la famille. C’est aussi le cas dans la bd, on ne sait jamais trop ce qu’ils font, ils perdent pas mal de temps. Mais ça se voit moins en le lisant. Et de plus, les passages délirants à base de Hazel et Cha-Cha ou de voyages dans le temps avec un poisson dans un robot sont également très réussis.
Bonjour,
J’ai lu les 3 tomes VF de UMBRELLA ACADEMY (+ quelques spéciaux en VO). Une série rock and roll, déjantée, assez punk, et très originale qui offre une offre différente dans un panorama qui reste assez stéréotypé.
Néanmoins je trouve qu’elle a du mal à tenir ses promesses. Gerard Way nous aguiche mais donne finalement peu de réponse. Et cela ne s’arrange pas avec les 2 sagas qui suivent (Umbrella Academy Volume 2: Dallas montre déjà des signes de fatigue et déçoit à l’arrivée), la troisième et dernière ayant été écrite dans l’optique de coller au produit manufacturé de Netflix.
En fait comme bon rocker a donf dans son art, il a mis du temps à écrite la suite du premier arc, avec une accumulation de retard voire même un jemenfoutisme du style on verra un jour si j’ai du temps. Cela aurait pu être une grande série. Cela reste un bon divertissement mais qui a du mal à aller plus loin que son pitch. C’est d’autant plus dommage que la caractérisation des personnages est excellente, ces derniers étant tous soit attachant soit repoussant mais en tout cas surtout pas lisse.
La série Netflix : assez fidèle au comics, mais que c’est long, et téléphoné, et stéréotypé et mon dieu que les personnages sont crétins. Elliot Page que j’adore en temps normal (formidable JUNO et Kitty Pryde) n’est pas à son avantage. J’ai un très vague souvenir de la saison 2. Je n’ai pas perdu de temps avec la 3 (pas vu).
Pour Top Comics je m’étais amusé à lister les différences entre la première saison Netflix et le comics :
https://topcomics.fr/umbrella-academy-11-differences-entre-le-comics-et-la-serie-netflix
Mais UMBRELLA ACADEMY m’a permis de découvrir les frères BA. Après DAYTRIPPER je relance d’un DEUX FRERES.
La saison 3 n’a pas encore été diffusée.
je dois confondre, c’est pour dire mon intérêt qui a donc décru à chaque fois 🙂
Je viens de retrouver : pas vu la S2 de Locke&Key. Même avis même sanction.
Je dois regarder la seconde saison de Locke and Key, mais on est à des années-lumières de Umbrella Academy tant la série télé est fade et assez éloignée du comics.
S03E01 : ça repart super bien. Cela n’a rien à voir avec la bd par contre. Et il y a dix épisodes, deux de plus que pour les deux premières saisons.
Ah ben non je confonds il y a toujours eu dix épisodes par saison de Umbrella Academy.
Bon, et la saison 4, on en parle ?
Elle est sympa. Bien meilleure que la 3 qui s’est perdue en plein milieu (en gros 5 bons épisodes et après le grand plouf). Pour moi, la saison 4, qui n’a que six épisodes, se regarde bien même si on ne revient pas au niveau des deux premières. Je ne pense vraiment pas avoir tout compris et la fin est complètement précipitée et un peu trop classique mais ça boucle le truc.
Ouais, hombre, faut que je te contacte pour un teamup sur la série Netflix, maintenant qu’elle est terminée…
Caramba !