Nailbiter 1 – Le sang va couler par Joshua Williamson & Mike Henderson
Par : PRESENCE
VO : Image
VF : Glénat
Ce tome est le premier d’une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2014, écrits par Joshua Williamson, dessinés et encrés par Mike Henderson, avec une mise en couleurs réalisée par Adam Guzowski.
Avec l’aide d’une équipe SWAT (Special Weapons And Tactics), il y a 3 ans l’inspecteur de police Eliott Carroll procédait à l’arrestation d’Edward Charles Warren, le meurtrier en série surnommé Nailbiter. Il choisissait ses victimes parmi les gens qui se rongent les ongles, et leur mangeait le doigt jusqu’à l’os, pour les tuer après. Accusé de 45 crimes il avait été jugé non coupable. De nos jours, Eliot Carroll contacte son collègue Nicholas Finch du service de renseignement de l’armée pour le rejoindre dans la ville de Buckaroo dans l’Oregon.
En arrivant à Buckaroo, Finch découvre que Carroll a disparu. Il enquêtait sur la raison pour laquelle plusieurs tueurs en série étaient originaire de cette ville. Il fait connaissance avec l’inspecteur Shannon Crane (responsable de la police), avec Raleigh Woods (propriétaire du magasin souvenirs sur les tueurs en série, et petit-fils de Norman Woods l’un des premiers tueurs en série de Buckaroo), Alice (une jeune femme très curieuse) et Edward Warren, revenu habiter dans sa ville natale.
Peu de temps après avoir lancé la série Ghosted (chez Image, dans la branche Skybound, celle de Robert Kirkman, édité en VF par Delcourt), Joshua Williamson lance une deuxième série, toujours chez Image, mais sans la tutelle de Skybound. Dès le premier épisode, le lecteur qui a lu Ghosted voit bien la différence. Cette fois-ci, il s’agit d’un thriller bien sanglant. Dans les phrases promotionnelles en quatrième de couverture, Scott Snyder espère que si Joshua Williamson venait à mourir, il lui léguerait cette série. Il attire ainsi l’attention du lecteur sur la perspicacité du point de départ : 16 tueurs en série sont nés dans la même ville, Buckaroo dans l’Oregon.
Rapidement le lecteur se rend compte que Joshua Williamson joue avec les conventions du genre thriller, et avec celles du sous-sous-genre tueur en série. Alors qu’il est en cellule, Edward Warren interpelle une jeune femme qui vient lui rendre visite en l’appelant Clarice. Elle fait mine de ne pas comprendre, puis se moque de lui en expliquant qu’elle connaît bien cette référence à Le silence des agneaux (1988) de Thomas Harris, et qu’il ne ressemble pas à Anthony Hopkins dans le film du même nom (1991) de Jonathan Demme. Il ajoute une petite touche de dérision, avec un personnage expliquant qu’il ne souhaite pas participer à une enquête de type Scoobidoo. Il prend également un malin plaisir à imaginer des modus operandi pour les tueurs en série, du Book Burner qui brûlait les bibliothèques avec les usagers à l’intérieur (parce qu’il ne savait pas lire), à la Blonde qui coupait les langues et cousait les lèvres de ceux qui la harcelaient dans la rue (après les avoir provoqués, avant de les tuer). Le lecteur comprend vite que le scénariste maîtrise les conventions du genre, et que la dimension horrifique est bien présente.
Le scénariste a conçu son récit sur un fil directeur très simple : un enquêteur de l’armée (Nicholas Finch, de la National Security Agency) est à la recherche d’un collègue du FBI dans une petite ville. Dès la première séquence, il indique que cette histoire contient son lot d’horreurs. Il n’est pas si facile que ça de mettre en scène une horreur visuelle dans les comics, parce que le dessinateur peut vite tomber dans les monstres pas beaux génériques, et parce que c’est le lecteur qui gère le rythme de lecture ce qui rend difficile de le surprendre par une image choc. Joshua Williamson joue avec son lecteur de manière adroite pour au contraire tirer parti de ces contraintes.
Cela commence avec la scène d’arrestation d’Edward Warren où il est en train d’attaquer un petit doigt avec les dents, dans un dessin en double page. Le niveau de détails n’est pas photoréaliste. Le lecteur ne voit pas la chair déchirée. Les tâches de sang sont trop étalées pour être plausibles. Mais l’horreur de l’occupation de Warren apparaît pleinement et reste dans l’esprit du lecteur. Ce dernier est alors sur ses gardes, mais la scène change de suite pour montrer Finch envisageant de se suicider, son pistolet sur la tempe, dans sa chambre. Il n’y a pas d’explication très peu de mots, juste un fait montré de manière manifeste. Les auteurs ont réussi à éveiller la curiosité du lecteur et à lui faire comprendre qu’il lui appartient d’établir les éventuels liens de cause à effet. Aussi quand Finch se fait piquer par une abeille dans le coup à peine arrivé à Buckaroo, le lecteur se demande ce qu’il doit faire de cette information.
Les auteurs continuent de maintenir le lecteur déstabilisé entre l’anticipation et l’attente. Alors que Finch est le passager dans la voiture de Shannon Crane, il aperçoit une silhouette cagoulée dans les bois. La scène se déroule dans une page comprenant 5 cases de la largeur de la page, sagement disposées les unes au-dessus des autres. La première, la troisième et la cinquième montrent le visage de Finch ; les deuxième et quatrième montrent ce qu’il aperçoit. Le lecteur a donc tout loisir de revenir sur la deuxième case où se trouve la silhouette à côté d’un arbre. Par contre, il ne peut pas savoir ce qu’en pense Finch, s’il croit l’avoir imaginée ou s’il s’est déjà fait une idée sur l’individu qui joue à ce petit jeu. Il se demande lui-même s’il doit prendre le dessin comme une information solide, ou s’il doit l’interpréter comme une invention de l’esprit de Finch (et il a tout loisir de regarder le dessin autant de fois qu’il veut, aussi longtemps qu’il veut).
Ainsi déstabilisé, le lecteur doute du sens de ce que montrent les images, et apprécie la dimension ludique de la lecture. Lorsque Warren et Crane sonnent à la porte d’Edward Warren, celui-ci leur ouvre la porte alors qu’il porte un tablier tâché de sang. Bien sûr, ce ne peut pas être la preuve trop évidente du fait qu’il a bien tué Eliot Carroll. Mais d’un autre côté, comme les auteurs le mettent tellement en évidence, c’est peut-être une fausse preuve pour détourner l’attention du fait que c’est bien lui’ Au petit jeu du « Je sais que tu sais que je sais que tu sais », le lecteur finit par remettre en cause tout ce qu’il sait sur les conventions.
Mike Henderson dessine de manière réaliste, avec un petit degré de simplification qui facilite la lecture de ses planches. Même si le lecteur peut observer une proportion significative de cases avec des têtes en train de parler, cela ne dérive pas jusqu’à une monotonie visuelle, car le dessinateur prend soin de souligner le mouvement corporel qui accompagne les paroles, les expressions restent de type naturaliste. En outre Adam Guzowski réalise une mise en couleurs qui habille discrètement les dessins, sans les supplanter. Il établit une couleur dominante par séquence pour développer une ambiance. Il joue avec restreinte sur les variations de nuance pour ajouter un tout petit de volume.
Mis à part cet usage un peu fréquent de la tête en train de parler, le lecteur apprécie la manière dont ce dessinateur sait s’investir pour établir un environnement : la façade de très mauvais goût de la boutique des tueurs en série, la cuisine d’Edward Warren, les abords de l’église, le cimetière spacieux. Il tique un peu devant les dimensions de la pièce qui sert à Morty (Garth Digging, le médecin légiste). Henderson donne une apparence spécifique à chaque personnage, avec des morphologies normales (pas de musculature ou de poitrine hypertrophiée) qui les rend facile à reconnaître, sans en faire des monstres de foire. Les tenues vestimentaires sont variées et cohérentes avec la personnalité de chacun (même s’il est inattendu que Nicholas Finch porte des chemises roses).
Mike Henderson a dû faire des choix quant au mode de représentation des images horrifiques. Le scénario ne repose pas exclusivement sur ces moments choc. Ce dessinateur a un sens très sûr pour concevoir un découpage de planche qui fera monter la tension, soit en utilisant des plans habituels dans ce genre de récit, s’appuyant ainsi sur une convention visuelle dont le lecteur a bien conscience qu’elle ne signifie peut-être pas la même chose que d’habitude (mais peut-être que si). Pour les images choc, il a donc choisi de ne pas donner dans le photoréalisme, préférant une forme simplifiée, des tâches de sang un peu simplifiées, sans rendre compte de sa texture visqueuse, sans représenter les croûtes de sang séché. De même quand il dessine les lèvres cousues avec un fil épais, il ne s’attarde pas sur les plaies, les orifices, etc. Mike Henderson insiste plus sur l’impression que sur le gore voyeuriste, et ça fonctionne très bien.
À la fin de ce premier tome, le lecteur sait qu’il est accro. Il a passé plusieurs dizaines de minutes à découvrir quelques habitants de Buckaroo, à prendre connaissance des exactions de plusieurs tueurs en série, à essayer d’assembler des pièces de puzzle très intrigantes. Les auteurs jouent avec ses attentes et avec sa capacité d’anticipation sur les conventions du genre, avec un savoir-faire attestant de leur maîtrise du genre.
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Mais c’est (vraiment) horrible ! » 1/7
Et notre semaine de l’angoisse continue avec le nouveau best seller Image/Glénat, à savoir « Nailbiter ». L’intrépide Présence vous fait visiter Buckaroo, une banlieue américaine où ont vécus 16 tueurs en série ! Entre Twin Peaks et Hannibal Lecter, de quoi se mordre les ongles de terreur….et de de plaisir !
La BO du jour
Difficile de se faire un nom lorsque l’on vient d’une petite ville. Autant devenir tueur en série ou….Andy Warhol !
Des tueurs en série… Mouais, pas ma came préférée mais les dessins sont bons et très lisibles. Celui-là, je l’essaierais bien en médiathèque…. Mais la série en est déjà à plus de 20 numéros, je ne suis pas sûr d’apprécier un développement aussi long sur ce thème…
Relektor : « quand Finch se fait piquer par une abeille dans le coup » c’est pas le cou, plutôt ?
Le ton légèrement ironique de la narration transforme une boucherie répugnante en un jeu de massacre inventif dans lequel le scénariste joue avec le lecteur de manière affichée. Tu y crois ou tu y crois pas à la dernière énormité que je viens de te sortir ,
Merci Relektor, précieux comme d’habitude.
Carrément la meilleure série en cours de l’année, en ce qui me concerne.
Encore une belle découverte que je dois à Présence !
« À la fin de ce premier tome, le lecteur sait qu’il est accro » : Oui, c’est carrément ça ! Par contre, le retour de bâton est que l’ensemble est construit un peu à la manière de Jason Aaron sur Scalped ou Southern Bastards. C’est-à-dire que l’intrigue se dilue rapidement entre les divers personnages et l’on passe des épisodes entiers à faire autre chose qu’à faire avancer l’histoire. Mais bon, c’est tellement bien foutu qu’on ne va pas trop râler pour le coup. Mais c’est le moment où l’on voudrait être américain et suivre la série de manière mensuelle, sans être obligé d’attendre cruellement des mois et des mois avant de se jeter sur un album que l’on dévore en quelques minutes avant d’attendre le suivant encore des mois et des mois…
Bientôt (d’ci 2 ou 3 semaines), j’aurais enfin ma nouvelle dose avec le tome 5 en VO. L’attente fut longue, heureusement qu’il y a énormément d’excellentes séries par ailleurs.
Moui…
Un peu comme JP, les récits de tueurs en série ne sont pas trop mon truc. Ou alors quand ça nous emmène dans un cadre historique différent du notre, comme les récits sur Jack l’éventreur.
Bien que fan d’horreur, là ça ne me donne pas envie. Et comme je vois qu’en plus c’est long, c’est sans regret que je fais l’impasse.
Mais bel article comme toujours, Présence.
ça ne marchera pas avec moi, vil tentateur^^
Parce que dans tous les cas, même quand c’est génial, j’attends que la série soit terminée. Je hais attendre. Black science, je n’ai toujours pas tenté pour cette raison. Et il y a d’autres séries finies à se mettre sous la dent avant^^
Je me demande si c’est le moment de recaser la maxime qui veut que le voyage est plus important que la destination.
Au vu du tome 4, il y a fort à craindre que Joshua Williamson construise sa série sur la forme d’une fuite en avant, un peu comme la série Le lièvre Mars de Patrick Cothias. Il n’y a donc pas d’assurance que la résolution soit à la hauteur des étapes du voyage.
Certes mais cette maxime vaut si le voyage est plaisant du début à la fin, quand bien même la résolution finale serait décevante. Quand le voyage commence à sentir mauvais au milieu du séjour, c’est moyen.
Et si le voyage est trop long, s’installe la routine.^^
Une fois j’ai pris une série inachevée. Requiem chevalier vampire. Et non seulement j’ai été affreusement déçu par la tournure que ça prenait à partir du tome 8 ou 9 où ça vire en grand délire plein de blagues nulles sur le metal, mais en plus de ça, j’ai attendu des années une suite et fin sans que ça arrive pour éventuellement espérer que les auteurs redresseraient la barre.
Au final j’ai tout revendu.
Donc maintenant j’attends de voir la fin d’une série afin de m’assurer que ça ne va pas trainer pendant 30 tomes et devenir insipide.
J’y crois encore qu’Olivier Ledroit et Pat Mills se motivent pour terminer la série Requiem, et que Glénat en continue la réédition. Je n’ai lu que jusqu’au tome 4 de ladite réédition.
Bah espérons que tu ne sois pas déçu comme moi mais à partir dudit tome 8 ou 9, c’est une apothéose de dialogues enfantins et navrants avec des blagues affligeantes réservées aux fans de metal, avec un oubli total du scénario. Du coup l’ambiance dark et sanglante paraît fausse, comme si tout l’intérêt tenait sur les fresques de Ledroit et que Mills alignait juste des blagues de Toto. Il y a encore quelques passages cool concernant la guerre des races mais globalement ce qui aurait pu tenir en 1 tome prend 3 tomes. Si cela redevient aussi bon qu’au début, ce serait pardonnable. Mais en l’état actuel, c’est juste triste ce qui arrive à cette série…et ça me fait chier parce que j’adore Ledroit. Aussi illisible que soient parfois ses fresques^^ Il y a quelque chose de grandiose.
Je pensais à cette série parce que j’ai laissé un commentaire sur ta critique du tome 4 sur la zone (inutile d’aller voir, je dis la même chose qu’ici^^). Je demandais si tu avais lu Sha des mêmes auteurs.
J’ai vu ton message, mais étant en vacances sur un réseau peu sécurisé, j’évite de saisir mon code dans ces conditions, et donc je ne réponds pas tout de suite. Je suis un inconditionnel de Pat Mills, et prêt à lire (presque) tout ce qu’il a écrit.
Ayant découvert qu’il a écrit pour le marché français en direct (sans passer par le marché anglais), je sis même allé jusqu’à lire Biankha princesse d’Egypte. Je croise vraiment les doigts pour Ledroit et Mills terminent Requiem. Je suis un peu inquiet qu’après avoir réédité les 4 premiers albums en mins d’un an, Glénat ne donne pas d’indication pour les tomes suivants. Je n’ai pas encore lu Sha. Je ne sais pas si ça sera réédité.
Je ne sais pas si les annonces amazon sont fiables mais ils annoncent le tome 5 de Requiem pour janvier.
En tous cas ça doit faire 5 ans que plus rien ne paraît sur cette série donc j’ai un peu perdu espoir moi. On sentait déjà qu’ils avaient perdu le fil de leur propre histoire dans les derniers tomes…
Après…mieux vaut qu’ils prennent leur temps et fassent un bon final. Mais j’ai comme un doute que le résultat soit à la hauteur de l’attente.
Sha est encore trouvable. ça a déjà été réédité en 2012. Je me tâte à le lire. Parce que c’est fini déjà^^ Alors que Requiem…
Merci pour cette information concernant le tome 5, je ne l’avais pas vue passer. Les informations sur amazon sont souvent fiables, car elles proviennent des éditeurs. Mais certains éditeurs sont moins fiables que d’autres. Sur amazon US, il est possible de trouver la majeure partie des recueils Marvel et DC à venir jusqu’en juin 2017, avec un bon niveau de fiabilité.
Je le précise pour ceux qui aiment les histoires de serial killers (donc pas pour les vilains JP et Matt), que la série « Bedlam » par Nick Spencer (encore une découverte que je dois à l’ami Présence), terminée en 2 tomes chez les Humanos, est également exceptionnelle. Je songe à en faire l’article, d’ailleurs…
Ah j’ai lu des avis là dessus. ça divise pas mal le public aussi. 2 tomes, c’est bien déjà.
Mais…bon…t’as raison j’suis un vilain qui n’aime pas les serial killers.
J’aime bien les films comme Zodiac par contre. Mais dans lequel on ne voit presque pas le tueur en fait. Les récits centrés sur le tueur qui est quasiment le perso principal, ça ne marche pas avec moi.
À la fin de ce premier tome, le lecteur sait qu’il est accro.
Oui, c’est une des seules séries dont je suis la parution et l’article de Présence m’évite de rédiger le mien. Même si à l’accoutumée je trouve les 5 étoiles un peu généreuse, je dois dire que je lis ça avec un plaisir coupable.
Toutefois dès le 4ème tome VO, le titre montre ses limites. En gros ,l’histoire est carrément du n’importe quoi qui n’évite pas le ridicule par moment. Comme le note Tornado, l’intrigue n’avance pas d’un Iota, mais alors pas d’un seul. Parce que quand même, la grotte des tueurs en série, personne ne se demande s’il ne serait pas temps de l’explorer de fond en comble une bonne fois pour toute. Et à l’inverse de Scalped, faut pas aller chercher du discours social là dedans.
Les auteurs évitent les pièges liés à la littérature des tueurs en série : – Oui et non….
-Oui, c’est très malin , haletant et les conventions sont bien ficelées.
-Non, certaines situations sont quand même embarrassantes, à commencer par le goût du vilain principal à grignoter les ongles de ses victimes. Ca me rappelle que j’avais vite décrocher de la série Hannibal, encensée de partout, dès le début avec un tueur qui déduisait ses victimes en….cerfs et en y faisant planter des champignons…Oui, les tueurs en série, c’est aussi quand même WTF. Ici, avec le look de certains tueurs en série avec cape, chapeau et masques de super vilain.
Certaines planches m’évoquent JrJr notamment pour le sheriff Crane.
Le tome 5 sera déterminant pour moi de savoir si c’est du fichage de tronche et/ou un simple divertissement inoffensif. Pour ma part, j’ai tranché. je crois que Williamason n’a absolument aucune idée de là où il va.
D’un point de vue artistique, je reste convaincu que Revival est nettement plus solide en terme d’écriture et de dessin. Une autre série Image incontournable et que Présence m’a aussi fait découvrir.
Je trouve au contraire qu’il y a une toile de fond sociétale. Un truc à la Stephen King, où les petites villes deviennent la métaphore de la société en plus grand. Un microcosme où la moindre perturbation aux airs de surnaturel exacerbe les comportements de chaque habitant.
Le tueur en série est fondamentalement WTF. Si l’on est pas prêt à franchir cette acceptation de -comment on appelle ça déjà ?- le truc consenti d’incrédulité, ça ne sert à rien de lire une histoire de serial killer ! Ou alors il faut donner dans la veine naturaliste, et là ça devient de voyeurisme dégueu. Enfin, ce n’est que mon avis.
Connais tu le film Maniac, Tornado ? (pas vu le remake, je parle du vieux)
Je serais curieux de connaître ton avis sur le parti pris d’en faire le personnage principal alors que le film n’est pas vraiment WTF. Voyeurisme ?
Suspension consentie d’incrédulité – Il me semble que c’est une condition sine qua non d’accorder cette suspension consentie d’incrédulité, dès qu’on lit un ouvrage de genre, que ce soit des tueurs en série ou des superhéros. C’est bien ce qui m’attire dans mes lectures de divertissement, la possibilité pour les auteurs de faire fi de la réalité, de permettre aux lecteurs de s’affranchir d’une réalité trop terne, trop contraignante, trop castratrice, trop étriquée, trop déprimante…
Voilà un grand classique ! Le remake avec Elijah Wood est d’ailleurs tout à fait respectable. peut-être un peut trop sage en comparaison de ce qu l’on pouvait attendre d’un film plus récent.
Le film originel a fait date pour son jusqu’auboutisme extrême. Hélas, le temps lui a infligé une sacrée raclée car ses effets spéciaux sont désormais si datés qu’il a perdu de son aura malsaine.
Mais pour mieux répondre à ta question, je pense qu’il est bon que Maniac soit resté un prototype, et que le cinéma se soit ensuite dirigé vers une itération du serial-killer plus romanesque, plus connotée, à la limite du fantastique. Du coup, les tueurs du Silence des Agneaux ou de Se7en sont plus une sorte de super-vilains fascinants et irréels que des tueurs pathologiques au sens naturaliste du terme.
Cette différence est énorme, car le public peut ainsi s’identifier au serial killer de manière plus « saine ». L’exercice devient un exutoire, et non une représentation comme ce fut le cas de manière tragique avec les jeunes qui ont essayé de singer les « héros » de « Tueurs Nés » (Oliver Stone).
Cela signifie que la majorité des cinéphiles (heureusement) est saine, préférant une figure plus axée second degré qu’une incarnation naturaliste de l’assassin dégueu ultime comme l’était alors le personnage de Joe Spinell dans le film de Lustig.
Je suis d’accord Tornado sur le volet WTF du tueur toujours plus malin et séduisant que tout le monde. Je dirai ici que c’est parfois totalement grand-guignol et un peu grotesque. Bon pas plus que le tueur hermaphrodite du Silence des Agneaux me diras-tu….
Maniac, même le remake est très angoissant.
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Daté, daté…
On ne se fend pas la poire non plus quand même dans Maniac^^
Mais tu as raison. C’est cool que ce film existe mais autant que ce ne soit pas une habitude d’en produire des comme ça.
Pour le remake…sur le principe les remake me gonflent parce que j’aimerais voir des nouveautés à la place mais bon…certains m’ont plu je dois le reconnaître. Mais ça aussi, il faudrait que ce ne soit pas aussi fréquent !!
Et il y a Caroline Munro dans Maniac, une habituée de films de série B voire Z…mais qui était bien meugnonne quand même et…hein ? Ah pardon ça n’a rien à voir.
Mais c’est un peu de ça dont j’ai peur finalement dans les BD de tueurs en série dont le tueur est le perso principal. Qu’on tombe dans le voyeurisme super dérangeant. Ce n’est donc pas le cas dans Bedlam ?
Dans une veine similaire à Maniac, il y a également « Henry, portrait d’un serial killer », tout aussi glauque et dérangeant.
J’avoue que je n’ai pas vu celui-là.
C’est pas seulement aux Etats-Unis que le crime fleurit
Nous, au village, aussi, l’on a de beaux assassinats (merci Georges)
http://www.dvdclassik.com/critique/le-juge-et-l-assassin-tavernier
Bedlam est complètement déconnecté de la réalité, ne serait-ce que par son parti-pris plastique délibérément onirique (et il y a même un super-héros !)
Ca a l’air sympa. Merci pour la découverte Présence, comme toujours tu sais reconnaître les points forts d’une bd, que ce soit dans son dessin ou ailleurs, et tu donnes toujours très envie. Je note ça dans un coin pour offrir à une amie
Happy Halloween à tous donc !
Et merci pour vos articles et échanges toujours agréables.
Oui, oui je vais bien…j’avais juste envie de dire un petit mot comme on le fait pour les fêtes en général.
C’est aussi le début des festivités au Mexique avec l’hommage rendu aux enfants et qui culmineront le 2 novembre. Il n’y a bien que chez nous que cet événement est traditionnellement triste…
Happy halloween Mattie Boy
Y a pas de mal à être triste, c’est même très sain de laisser sortir ses émotions. A trop contenir, on s’assèche. Hubert-Felix Thiéfaine en a fait un chouette éloge :https://www.youtube.com/watch?v=5fE-PL3mMdQ
Oh bien sûr que c’est sain. Je voulais juste dire que faire d’un hommage aux morts un événement positif est également sain. Il y en a surement qui pleurent durant la fête des morts mexicaine. Mais le folklore autour n’a pas besoin d’en rajouter avec des tenues grisâtres et des musiques tristes.^^
C’est ton « Faites entrer l’accusé », Présence. Ne manque que Christophe Hondelatte et son cuir de flic à l’ancienne. Les tueurs en série continuent de fasciner, peut-être parce qu’ils sont l’expression ultime du fait divers et de la banalité jamais ordinaire qu’il y a à faire du mal à son prochain.
La série à l’air fun mais, comme tu l’énonces à l’occasion, si peu de temps et tant à lire