The Snagglepuss Chronicles par Mark Russel & Mike Feehan
PRESENCE
VO : DC Comics
VF : /
Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas d’avoir des connaissances préalables sur le personnage principal. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, ainsi que le prologue de 8 pages contenu dans Suicide Squad / Banana Split Special, initialement parus en 2018, écrits par Mark Russell, dessinés par Mike Feehan, encrés par Mark Morales, avec une mise en couleurs réalisée par Paul Mounts. Le prologue a été dessiné et encré par Howard Porter, avec une mise en couleurs réalisée par Steve Buccellato. Les couvertures principales ont été réalisées par Ben Caldwell.
Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Evan Shaner, Steve Pugh, Dan Panosian, Marguerite Sauvage, Joëlle Jones, Howard Porter. Il se termine avec un glossaire de 2 pages apportant des compléments d’information sur 18 sujets, que ce soit des personnages, ou des faits historiques. Le nom de Snagglepuss a été modifié en France, Alcibiade lui ayant été préféré. Ce personnage de dessin animé Hanna-Barbera est apparu pour la première fois à la télévision en 1959 (avec une fourrure orange). Puis il a eu droit à sa propre série de 32 épisodes à partir de 1961 aux États-Unis.
Prologue – En juin 1953, Snagglepuss (un lion ou puma anthropomorphe à la fourrure rose) répond à des questions devant la Commission de la Chambre sur les activités antiaméricaines, avec des réparties humoristiques. En sortant, il se fait aborder par Augie Doggie, un apprenti écrivain. Snagglepuss évoque ses débuts d’acteur et sa révélation : le monde est en train de brûler, mais les auteurs doivent exprimer leurs vérités. Exit stage left – En juin 1953, un couple finit de dîner dans un restaurant chic, et se rend au théâtre pour la dernière représentation de The heart is a kernel of thieves, une pièce écrite par Snagglepuss. Avant d’entrer dans le théâtre, ce dernier (accompagné par son épouse Lila) répond aux questions d’un journaliste en évoquant les artistes qui l’ont inspiré, groupe connu sous le nom de la Table Ronde de l’Algonquin : Dorothy Parker, Robert Benchley, George S. Kaufman, Edna Ferber, Marc Connelly, Harold Ross, Alexander Woollcott et Harpo Marx. Sur scène, des acteurs grimés comme des animaux anthropomorphes jouent un drame, celui d’un couple et leur garçon adulte. Les spectateurs font un tonnerre d’applaudissements à la pièce, et réclament la présence de l’auteur sur scène.
Snagglepuss et son épouse prennent leur voiture pour rentrer chez eux. Snagglepuss laisse sa femme en bas de chez eux, et lui se rend au bar Stonewall Inn où il retrouve son amant Marion, un acteur de théâtre. À la télévision, passe un extrait de l’entretien de Lillian Hellman, une auteure de théâtre, devant la Commission de la Chambre sur les activités antiaméricaines. Elle refuse donner le nom de ses amis communistes. Snagglepuss demande au barman Tony d’éteindre le poste. Tony évoque la situation des homosexuels à Cuba quand Fulgencio Batista (1901-1973) est arrivé au pouvoir. Le lendemain Snagglepuss déjeune en tête à tête avec Dorothy Parker et ils effectuent le constat de la fin de sa carrière à elle. Elle repart en taxi. Le soir même, l’Amérique apprend que les époux Julius & Ethel Rosenberg ont été condamnés à la peine capitale pour espionnage et trahison. Huckleberry Hound rend visite aux époux Snagglepuss. Ensemble, ils se rendent à une soirée organisée par Peggy Guggenheim (1898-1979). Sur place, Snagglepuss a une discussion à l’écart avec Lilian Hellman.
Pour comprendre comment un projet aussi décalé a pu voir le jour, il faut savoir que l’éditeur DC Comics est la propriété de Warner Bros, et à ce titre, il publie des comics de certains des personnages de dessin animé étant leur propriété. En 2016, DC se lance dans la publication de séries et de miniséries consacrées à des personnages créés par l’entreprise Hanna-Barbera (William Hanna et Joseph Barbera), comme The Flinstones (2016/2017) par Mark Russell & Steve Pugh ou Scooby Apocalypse (2016) par Keith Giffen, JM DeMatteis et Howard Porter, Wacky Raceland (2016) par Ken Pontac & Leonardo Manco. Il s’agit d’histoires à destination d’adolescents, et non ciblées sur un jeune public. En 2017, les responsables éditoriaux remettent le couvert avec des rencontres contre-nature entre des personnages de dessins animés et des superhéros DC, rassemblées dans DC meets Hanna-Barbera étendant ensuite la formule à DC meets Looney Tunes. Néanmoins le lecteur est pris au dépourvu quand il découvre que pour la salve suivante, les responsables éditoriaux n’hésitent pas à faire appel à des vétérans comme Garth Ennis pour Dastardly & Muttley dessiné par Mauricet, et Howard Chaykin pour The Ruff and Reddy Show dessiné par Mac Rey.
Déjà avec les Flinstones, Mark Russell avait fait preuve d’une sensibilité sociologique, transformant une parodie de la vie quotidienne aux États-Unis en une critique pénétrante des dérives du système capitaliste. Avec ce récit, il réalise un roman d’une rare richesse. Sous une forme de bande dessinée, il revisite une époque troublée des États-Unis où le principe de Vie, Liberté et Quête du bonheur (Life, Liberty and the pursuit of Happiness) inscrit dans la Déclaration d’Indépendance en avait pris un coup pour des questions de sûreté de l’état, avec l’instauration de la Commission de la Chambre sur les activités antiaméricaines (House Committe on Unamerican Activities, HUAC) de 1938 à 1975. Snagglepuss incarne à la fois un auteur inquiété pour ses vues dissidentes, indépendamment de toute conviction politique, à la fois en position délicate du fait de son homosexualité. Dans le glossaire, l’auteur indique qu’il s’est inspiré de Tennessee Williams (1911-1983). Pour le personnage de Huckleberry Hound, il s’est inspiré de William Faulkner (1897-1962). Le lecteur savoure les réparties de Snagglepuss, contenant souvent une dimension littéraire, et rappelant parfois aussi la verve mordante d’Oscar Wilde (1854-1900). Les personnages portent donc un regard sur la nature de l’existence, ses joies, mais aussi les conséquences des choix politiques sur les droits inaliénables de la Déclaration d’Indépendance.
L’histoire des États-Unis a donc une forte incidence sur la vie des personnages, et Mark Russell y intègre de nombreuses références. Le lecteur peut voir passer des personnages historiques célèbres comme Dorothy Parker, mais aussi Marilyn Monroe (1926-1962), Joe DiMaggio (1914-1999), Arthur Miller (1915-2005). Il est bien sûr question de politique, avec l’apparition de Fulgencio Batista (1901-1973), Nikita Khrouchtchev (1894-1971), Richard Nixon (1913-1994), et bien sûr Joseph McCarthy (1908-1957). L’auteur choisit les événements qu’il évoque de manière à brosser un portrait du contexte politique pesant sur les citoyens. Il intègre donc des éléments moins universels comme Herman Kahn (1922-1983, théoricien de la guerre froide avec une vue très pragmatiques sur la guerre nucléaire), ou encore l’incroyable bataille d’épi de maïs dans le champ de Roswell Garst (1898-1959), entre ce fermier américain et Nikita Kroutchev.
Au vu de la densité de la narration, il fallait un artiste rigoureux et méticuleux. Howard Porter a fait un travail très savoureux pour le prologue, avec des dessins à l’entrain un peu exagéré, installant une ambiance entre comédie et dessin animé. Cela insuffle une vie intérieure remarquable aux personnages, ainsi qu’une forme d’exagération propre à faire ressortir les émotions avec force. Le lecteur voit tout de suite la différence avec les dessins de Mike Feehan qui s’approchent plus de l’état d’esprit d’une ligne claire. Les formes sont délimitées proprement par un trait de contour fin, régulier et lissé, avec de rares variations d’épaisseur. Il n’y a pas de hachure, pas d’ombre portée des personnages. Par rapport à la stricte ligne claire, le lecteur peut observer quelques traits de texture à l’intérieur des formes (surtout pour les vêtements) et quelques aplats de noir (exclusivement pour les chevelures). La différence essentielle réside dans la mise en couleurs, Paul Mounts enrichissant chaque surface détourée avec des nuances de couleur pour en augmenter le relief, par opposition à des aplats unis. À quelques reprises, la tête d’un personnage ou sa main peut dépasser sur une case adjacente.
Le lecteur projette donc son regard sur des planches avec un degré descriptif élevé, et une forme de représentation un peu épurée facilitant une lecture immédiate de chaque case. La reconstitution historique est de grande qualité, qu’il s’agisse des tenues vestimentaires, de la représentation des personnages connus, des modèles de voiture, ou des accessoires d’ameublement. Ainsi le lecteur éprouve la sensation de pouvoir accompagner chaque personnage où qu’il se trouve : en train de regarder la scène de théâtre, devant la devanture d’un magasin de téléviseurs, dans une chambre d’hôpital pour personnes âgées, sur une jetée, sur un plateau de télévision pour une émission de discussions, dans une chambre d’hôtel avec Marilyn Monroe, dans un bar de rencontre pour homosexuels, ou encore dans une ville artificielle (Doom Town) peuplée de mannequins, servant à étudier les effets d’une explosion atomique, située dans le désert du Yucca dans le Nevada.
Comme pour les autres histoires mettant en scène des personnages de dessin animé Hanna-Barbera, les auteurs ont choisi de les représenter avec des caractéristiques anthropomorphiques pour les faire coexister et interagir avec les êtres humains normaux. Mike Feehan réussit à trouver le point d’équilibre pour conserver les traits animaux des personnages de dessins animés, tout en les rendant aussi expressifs que les êtres humains normaux. Il conserve également quelques particularités de leur race, que ce soit la forme des jambes de Snagglepuss, la forme d’un crâne d’un hippopotame ou d’un cheval, ou dans un cas plus extrême, les huit jambes d’une pieuvre. Grâce à cette approche, les personnages peuvent interagir dans le même plan, appartenant effectivement au même monde, sans apparaître incongrus. L’artiste réussit également à montrer comment les acteurs humains se déguisent en animaux anthropomorphiques, faisant ressortir la distance qui les sépare encore des originaux. Cette mise en scène illustre et fait ressortir de manière éclatante l’objectif pour des acteurs d’incarner des personnages par le biais d’artifices.
Cette notion de jouer un rôle est l’un des thèmes au cœur du récit, l’obligation pour chacun de projeter une image pour paraître en société. En effet, Mark Russell ne fait pas qu’évoquer brillamment une époque, une chasse aux sorcières, un milieu artistique. Il développe également l’importance des arts pour parler de la condition humaine, mettre à nu son absurdité, mais aussi générer de l’empathie, faire exister des situations et des conditions de vie ignorées du grand public, faire apparaître les mécanismes sociologiques qui façonnent les individus et leur vie. Il évoque également la stérilité d’une société dans laquelle il n’y aurait pas d’individus subversifs, radicaux ou indésirables.
Dans le même temps, le récit constitue une comédie dramatique poignante. Parmi les différents constats existentiels qu’il effectue, Snagglepuss déclare que : Des fois, nous sommes tellement préoccupés par l’intrigue de la vie, que nous oublions que seuls personnages ont de l’importance. À l’opposé d’un pensum intellectuel et désincarné, cette histoire regorge de vie et se focalise sur celle de plusieurs individus existant en s’accommodant comme ils peuvent de leur nature et des contraintes de leur milieu.
Sur la base d’un projet commercial visant à tirer profit de personnages propriétés intellectuelles d’un grand groupe de divertissement, Mark Russel & Mike Feehan défient les attentes en réalisant une comédie dramatique d’une richesse extraordinaire, tant par la qualité de sa reconstitution historique, par ses personnages uniques et humains, par l’évocation de la force d’expression du théâtre, par la mise à nu des mécanismes de répression et d’oppression d’une société. Une œuvre littéraire aussi touchante qu’ambitieuse.
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Mark Russel reprend le personnage de Hanna Barbera Snagglepuss pour accoucher d’une oeuvre historique d’une incroyable ambition autour de la peur de l’atome, des crimes de la pensée et de l’homophobie. Une formidable oeuvre littéraire à découvrir chez Bruce Lit.
La BO du jour : l’ambiance des clubs des années 50 et la peur de l’atome
Mais qu’est ce que c’est que ce truc?
un chef d’oeuvre à priori mais surprenant à tous points de vue.
Tu as raison de mettre le doigt sur le rôle important de pédagogue qu’à le dessin quand autant de paris et de risques sont pris par le scénariste.
l’artiste doit pouvoir faire croire à un univers bâtard et la ligne claire détaillées est souvent l’un des meilleurs choix.
bel article mettant en valeur la richesse du propos de l’auteur.
Ça donne envie de lire ça.
J’ai été le premier surpris de découvrir le nom de Garth Ennis associé à un comics sur 2 personnages du dessin animé Les fous du volant. Du coup, Mark Russell sur un personnage de dessin animé peu connu m’a moins étonné.
D’une manière générale, je fais toujours en sorte de parler des dessins, et depuis quelques temps je me demande ce que leurs caractéristiques apportent à cette histoire.
Euh…ok.
Quelle idée bizarre de parler de tous ces sujets en utilisant un personnage de cartoon Hanna Barbera.
Je ne doute pas que ça peut être bien, mais je ne peux m’empêcher de me demander « pourquoi ? »^^
Autant Flintstones je peux comprendre qu’ils poussent le concept initial de sitcom sur la vie quotidienne à quelque chose de plus critique adressé aux ados/adultes, mais là euh…en fait ça ressemblait à quoi les dessins animés de Snagglepuss ? C’était pas de la politique non ?^^
L’effet de contraste pour un max d’efficacité je suppose. l’auteur est peut-être à suivre. il a l’air d’avoir des choses à dire…
Le projet suivant de Mark Russell est encore plus étonnant puisqu’il écrit une série jeunesse pour DC Comics.
https://www.dccomics.com/comics/wonder-twins-2019/wonder-twins-1
@Matt – Il existe un court article wikipedia VF sur le dessin animé Alcibiade, 32 épisodes de 7 minutes; ça n’avait pas l’air politique du tout.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alcibiade_(s%C3%A9rie_d%27animation)
Un autre article sur un comics écrit par Mark Russell est disponible sur le site :
http://www.brucetringale.com/il-faut-choisir-le-chihuahua-ou-le-malade-de-la-grippe/
La série sur les Famille Pierre-à-feu (Flintstones, 12 épisodes) était également excellente.
Utiliser un personnage Hanna-Barbera – Je pense qu’il s’agit à la fois de faire fructifier une propriété intellectuelle, à la fois de tester rapidement à peu de frais et à peu de risque (par rapport à la mise en chantier d’une saison de dessin animé, ou même d’un pilote) une nouvelle version pour le personnage.
Tout à fait le type de comics que je n’aurais même pas regardé en temps normal. Il faut dire que rien, au départ, ne permet d’en deviner la profondeur ni la qualité.
Je connais tout plein de personnages Hanna-Barbera mais celui-là m’est totalement inconnu (ou en tout cas je ne me le rappelle pas). Je trouve en plus que dans cette version (en BD) le personnage ne ressemble pas du tout à sa version initiale.
Je me demande en quoi un éditeur peut parier que ce genre de publication va marcher et lui rapporter de l’argent. Mais tant mieux si c’est le cas !
N’empêche que ton article met l’eau à la bouche (même si je sens que ce n’est pas près d’être publié en VF).
Le paragraphe où tu écris « Il développe également l’importance des arts pour parler de la condition humaine » jusqu’à « Il évoque également la stérilité d’une société dans laquelle il n’y aurait pas d’individus subversifs, radicaux ou indésirables » est vraiment très beau. C’est tout à fait le genre de sous-texte qui m’intéresse.
Ce qui m’a attiré dans ce comics est le scénariste que j’avais déjà beaucoup apprécié auparavant. Effectivement cette version n’entretient pas de rapport avec la version initiale, si ce n’est le nom.
En quoi un éditeur peut parier que ce genre de publication va marcher et lui rapporter de l’argent ? – Je ne m’étais pas posé la question en ces termes. Je présume qu’il s’agit d’un effet de bord bénéfique d’une stratégie cross-média. Warner veut tester si sa branche comics (DC) est capable de tirer des bénéfices d’un autre fonds de personnages dont Warner détient les droits de propriété intellectuelle.
Ce truc improbable est une exception qui confirme que DC Comics peut encore publier des récits qui sortent du moule des superhéros industriel, et la preuve qu’un auteur peut encore faire entendre sa voix avec des personnages propriétés d’un groupe international de divertissement.
J’ai l’impression bizarre que Marvel embraye sur une mutation de sa gamme plus « tout public » alors que DC, réputé moins frondeur laisse quand même à ses auteurs un espace de respiration pour amener un parfum à la fois historique et assez mature.
Tom King fait un truc assez osé sur Batman et James Tynion a fait un truc assez prenant sur Detective Comics, tandis que des auteurs comme Dan Abnett, Patrick Gleason, Gail Simone assurent le partition de manière très pro.
Quand je lis du DC, j’aime pas tout, mais je n’ai jamais l’impression qu’ils se foutent de ma gueule.
J’ai énormément apprécié tous les épisodes de James Tynion IV pour Detective Comics. Je ne me suis pas encore décidé Plastic Man, de Gail Simone.
Plastic man et tous les persos polymorphes cartoony…c’est vraiment pas ma came.
Gail Simone j’ai bien aimé ses Rose and thorn, Welcome to Tranqulility, Birds of prey, Wonder Woman et Secret Six.
après elle partie dans le combat LGBT+ le problème avec ça c’est qu’il faut quand même que ça s’imbrique bien dans l’histoire…
Bon…à quand Captain Caverne dans une BD sociale sur les droits des minorités ?^^
Excellente proposition, on pourrait la fusionner avec une des propositions d’Eddy hier, avec Capitaine Caverne en chaman, défenseur de la culture des hommes des cavernes, minorité persécutée par l’homme moderne. 🙂
qui veut dessiner ça?
Comment ça a l’air trop bien ! Comme Tornado, je n’ai aucun souvenir de ce personnage, et je trouve toute ta partie qu’il cite déjà absolument formidable « Cette notion de jouer un rôle est l’un des thèmes au cœur du récit, l’obligation pour chacun de projeter une image pour paraître en société. » c’est exactement ce qui me percute chaque jour, que ce soit professionnellement que personnellement, il y a rarement des moments où la nature reprend le dessus, nous nous devons de tempérer, toujours. C’est pour cela que les ados sont si difficiles à cerner.
Merci Présence pour la découverte et la culture (je n’avais aucune idée de l’existence de toute cette histoire de DC – Warner – Hannah Barbera) !
La BO : j’écouterai plus tard.
Je ne connaissais pas non plus ce personnage, à tel point qu’au début je pensais qu’il s’agissait de la panthère rose. 🙂
En cherchant des images du personnage, il fait effectivement très Panthère rose.
Ah et le paradoxe de Russell, j’en avais entendu parler, peut-être bien dans Logicomix. Il me semble.
Mon fils était à la maison quand je rédigeais l’article, et il m’a indiqué que la vulgarisation qu’en fait Mark Russell est assez conforme au principe.
Tiens j’ai raté l’occasion de faire un article sur Blacksad durant la semaine animaux…
Bon…ce sera pour plus tard.
Très bonne idée blacksad.
Je lirais également avec plaisir un article sur Blacksad.
Ah mais oui, ça me parle ce personnage (en effet on le reconnait pas vraiment dans le style de dessin)
Je ne me souviens pas des épisodes mais le design du perso me parle.
J’ai adoré cet album que rien ne me prédestinait à découvrir (un personnage de HB que je ne connais pas + toujours ces maquettes moches de DC = uh ?). Pour faite le lien avec l’article de Eddy hier, Snagglepuss rappelle ce que le medium du comic book peut avoir d’extraordinaire lorsqu’il s’en donne la peine. Voilà un comics courageux, engagé qui a des choses à dire à revendiquer. Et cette conclusion : le puritanisme du Maccarthysme n’a plus grand chose à envier à notre époque et sa police de la pensée comme la ridicule polémique autour des propos de Yann Moix l’a montré la semaine dernière.
Une histoire majeure qui aurait toute sa place chez Urban.
Merci Présence pour cette découverte.
La polémique autour des propos de Yann Moix (celle sur le corps des femmes de 50 ans) est un bel exemple de personnes donnant une importance démesurée à une déclaration surtout navrante pour son auteur. Dans la société du spectacle, tout vient nourrir une agitation dont le divertissement est une fin en soi. Par contre, ça lui a permis de recevoir plein de photographies de corps de femme de 50 ans… je me demande s’il n’y a pas là une idée à creuser… 🙂
c’est le boulot de Yann Moix de faire polémique, il est payé pour ça, il faut qu’il insulte, dénigre ou fasse la morale à quelqu’un à chaque numéro de ONPC. Perso, j’ai plus assez à vomir pour me soucier de son cas.
il joue sur le créneau particulier de la télé qui s’amuse à créer et défaire les opinions. on sais parfaitement que si on dit UN truc sur les femmes aujourd’hui, c’est pas tolérable…
Je ne sais pas si depuis ce nouveau dogme, les agressions ont diminué mais bon… ça fait parler et quand on parle, on l’impression d’agir sans rien branler…
Entièrement d’accord, une industrie dédiée à brasser du vent… j’apprécierai plus leur production quand la canicule reviendra… 🙂
Je ne suis pas d’accord avec vous Eddy + Présence.
Les propos de Moix n’ont rien de choquants à mes yeux ni de polémique.
Ils sont tirés d’une itw, c’est à dire une rencontre privée où l’on vient demander à Moix son avis sur telle ou telle chose. Il s’y prononce en disant qu’il préfère sortir avec des femmes de moins de 50 ans, parce que, ma foi c’est son gout…. Aurions nous oublié que Robert de Niro a toujours dit qu’il ne s’imaginait sortir qu’avec des femmes noires ? Que Gainsbourg disait vouloir prendre les femmes pour ce qu’elles ne sont pas et les laisser pour ce qu’elles sont… ?
Imaginons que votre patron adoré devienne un jour aussi célèbre que Mark Millar (ce qui ne saurait tarder, Hang on to your ego…). J’ai déjà déclaré sans honte que je n’aimais que la musique métissée…C’est à dire que je n’aimais ni le Jazz, ni le BLues, ni encore le Disco ou le Rap toutes des musiques noires. Ai-je le droit de le dire sans passer pour un raciste ? Imagine t’on le tollé que déclencheraient ces propos chez les musicologues ? La gêne qui en découlerait pour vous d’avoir travaillé pour moi ? Il n’empêche je le pense profondément : il s’agit d’une forme d’art que je déteste. Tout comme je déteste la scifi, le psychédélisme, Grant Morrison ou Warren Ellis. Est-ce que ça fait de moi un faquin, une personne de mauvais goût infréquentable? Ou est ce que ces propos me racontent et « m’expliquent » ?
Moi j’i l’impression que Snaglepuss ne parle que de ça : d’être accusé d’être ce que l’on est pas dans une chasse à la pensée déviante. Et c’est insupportable.
Un très bon article sur le sujet Moix : http://www.slate.fr/story/172005/yann-moix-propos-femmes-jeunes-critiques-reseaux-sociaux
Il faut accepter des cookies pour lire l’article et je ne le ferais pas Cyrille. J’ai lu une tribune dans Libé qui défendait la liberté d’expression et du mauvais gout, ça me suffit.
Tout ceci me déprime profondément vous savez.
Il y a 10 ans les dessins de Charlie choquaient l’opinion Musulmane avec les conséquences que l’on sait.
Aujourd’hui on blame un mec qui dit préférer les jeunes femmes. Des propos sans doute provocateurs mais et alors ? A t’on le droit de lyncher quelqu’un parce qu’il dit des conneries ? Pour avoir vécu le lynchage en direct de Tornado sur FB pour le Phénix NOir, je trouve ça terrifiant. Faut il évoluer dans une bulle sétrile, propre, sans odeurs où l’on pense du bien de tout le monde, tout le temps , sans préférence ni mauvaise foi ?
Vous, vous êtes unilatéraux dans vos choix sexuels ? Vous n’avez jamais rencontré de copains qui préféraient que les grosses poitrines, les blondes, les brunes ou les asiatiques ? Sommes-nous tombés si bas.
J’avoue bien aimer Moix ceci dit. Ce qu’il a fait pour les réfugiés Syriens , peu l’ont fait. Et le travailleur social en moi ne peut que compatir au récit cauchemardesque de son enfance.
Je suis tout à fait d’accord avec toi, notamment parce que pour bon nombres de trucs que tu dis, j’ai l’impression que tu parles de moi aussi (la musique noire, j’aime bien mais je n’en achète jamais…c’est la vie)
Yann Moix m’indiffère et je reste persuadé qu’ en mauvais écrivain qu’il est ,il cultive le buzz pour pouvoir exister.
Sa phrase ne me choque pas, mais je la soupçonne d’être calculée. ça fait au moins quinze jour qu’il n’avait plus choqué personne le pauv’ biquet…
Punaise : Imaginez Gainsbourg qui dit « I want to fuck you » à Whitney Huston en 2019 ! 😀
On peut remonter jusqu’à plus près Tornado : rappelons nous des Guignols de l’info tout simplement capables de plaisanter au lendemain du 11 septembre. Une émission encore tuée sous l’autel de la volonté de ne pas importuner.
Tu te trompes sur l’article, Bruce, et je cite mon copain moine : « Pour résumer, il dit que c’est consternant d’opposer à Moix des photos de femmes qui « ne font pas leur âge » façon « on peut être belle à 50 ans », parce que c’est justement tomber dans les pires préjugés sexistes. »
Et je suis totalement d’accord avec ça. Et les goûts de Moix je m’en fous il aime ce qu’il veut.
Ok. Tant mieux Cyrille. Je n’en attendais pas moins de toi.
Voilà pourquoi je ne parlerais jamais de mes opinions ni des mes coups de gueule sur les réseaux sociaux.
Je ne suis pas au courant de tout ce machin dont vous parlez. Mais en ce qui me concerne je dirais qu’on s’en fout de ce que les gens préfèrent. Le problème pour moi ne serait donc pas qu’un mec expose ses préférences sexuelles au risque de choquer, mais l’intérêt tout simplement de raconter ça.
Les gens racontent des tonnes de conneries inutiles et pathétiques sur les réseaux sociaux il faut bien l’avouer. Est-ce que ce sont des raisons de les lyncher ? Non. Mais est-ce qu’on s’en balance des déclarations qu’ils font pour se rendre intéressants ? Moi carrément.
Tant mieux pour toi mec si tu préfères ceci ou cela. On s’en balance mais vas-y raconte ta vie comme si tes goûts avaient de l’importance pour quelqu’un d’autre que toi. Si ça te donne l’impression d’être important.
Honnêtement depuis l’ère Facebook les gens ont une tendance à déclarer des trucs d’une inutilité incroyable. Parfois avec condescendance ou arrogance comme si leurs avis étaient des vérités.
Donner la possibilité à tout le monde de s’exprimer sur les réseaux sociaux, c’est aussi permettre aux cons d’étaler leur stupidité.
@Bruce – Tu as le droit de ne pas être d’accord avec mes propos, mais j’ai mal dû me faire comprendre. Je ne parle pas des goûts de monsieur Moix, je parle de la place démesurée qui lui est faite. Ce n’est que du bruit, sans aucun signal.
Par ailleurs, Yann Moix est un professionnel de l’audiovisuel et de la communication. Ce n’est pas une discussion privée, mais un entretien en vue d’un article. Il sait parfaitement ce qu’il fait : une petite phrase polémique en passant pour faire vendre du papier, ou générer des clics. Comme dit Eddy, c’est son boulot.
Moix a le droit d’aimer ce qu’il veut, et peu me chaut de ses goûts. C’est aussi un personnage public (c’est son métier) et il sait pertinemment que ses réponses seront décortiquées comme des déclarations. En tant que lecteur, je ne peux pas être dupe de ce jeu de provocation gratuite, dépourvu de toute idéologie. La battage médiatique qui est fait autour de ce goût est là pour rajouter du bruit médiatique. Ce qu’il y a de navrant dans sa déclaration réside dans une provocation facile, sans commune mesure avec celle qu’évoque Tornado à propos de Gainsbourg.
Ok je comprends mieux…
Mais attention les copains, on ne peut pas dire que le Fuck à Whitney soit un monument de raffinement hein….Mais juste la part réjouissante d’une dose de vulgarité bienvenue dans une émission à paillettes.
@Matt : je souscris aussi à ton opinion même si j’aime les provocateurs, les emmerdeurs et les éviteurs de penser en rond. Je préfère nettement la vulgarité, les incidents au plan-plan.
Voilà il y a ça aussi. ça devient un jeu tout ça pour faire parler de soi. Comme disait Coluche « quand un comique se moque de quelque chose, ça lui fait de la publicité à la chose »
la différence c’est que Coluche faisait de L’HUMOUR ! C’est un truc que les gens confondent maintenant. La provoc seule, c’est pas de l’humour. Provoquer n’est pas forcément drôle, il faut savoir faire une blague aussi !
Pour moi les gens confondent tout maintenant.
Liberté d’expression ne veut pas dire liberté d’être un sale connard irrespectueux.
Défendre les intérêts des gens ne signifie pas être contre toute forme d’humour provoquant.
Et ceux qui veulent défendre la liberté d’expression deviennent donc (pour certains) des gros cons qui pensent qu’ils peuvent tout faire et reprocher aux autres d’être timorés.
Et ceux qui n’ont aucun humour ou cherchent la polémique pour faire parler d’eux s’offusquent de tout, même lorsque c’est clairement dit sur un ton humoristique.
Mais dans les deux camps, il y a des gros cons pour moi^^
@Bruce : on peut bousculer un peu les gens sans les insulter non plus.
Quelque part faut être un putain de frustré pour avoir envie volontairement de blesser des gens que tu connais pas, comme ça, pour le fun. Moi j’aime pas qu’on vienne m’emmerder quand j’ai rien demandé, qu’on vienne juger ma façon de vivre, ou d’être. Donc les emmerdeurs, j’aime pas non.
Après dans un débat, et avec humour, on peut bousculer et vanner. Du moment que c’est pas de la pure méchanceté.
Tu l’aimes bien Dieudonné peut être ?^^
Dieudonné atteint les limites de notre débat et c’est intéressant. Un artisite qui provoque pour pousser les limites de son art ne me dérange pas, il fait évoluer les moeurs de manière plus inoffensive qu’un politicien dont les déclarations confèrent à l’obscène. Dieudonné a depuis longtemps quitté la première catégorie pour s’installer dans la deuxième.
C’est cette bienpensance hypocrite que je dénonce sans cesse : On cherche systématiquement à faire passer l’autre pour le méchant afin de se faire passer pour le gentil. Sans rien branler, comme le dit bien Eddy.
@Matt : Les personnages Hanna-Barbera était aussi dans des BDs pocket dans le temps. Tu es peut-être tombé dessus quand tu étais gamin.
Oh l’autre éh !^^
Il y a eu des rediffusions des dessins animés Hanna Barbera. Je sais que j’suis plus jeune mais j’ai vu plein d’épisodes de Satanas et Diabolo, les fous du volant, Scooby Doo, etc.
Peut être aussi que ce félin rose est passé par la case rediff.
J’avais eu Cartoon Network aussi sur canal satellite (comme ça s’appelait alors)
Journée chargée oblige, je passe tardivement me fendre d’un commentaire. Rien de très original : je viens une nouvelle fois saluer ton éclectisme, Présence. J’avais déjà du voir le Puma Rose sur une chaine du câble il y a bien des années mais ce personnage ne m’avait pas plus marqué que ça.
Raconter une histoire très adulte à partir d’un personnage cartoon est un défi sacrément ambitieux qui semble ici avoir été relevé avec brio.
Je suis friand des petites anecdotes et références tirées des mathématiques. La conclusion du personnage à partir du paradoxe de Russell me fait songer à l’usage de P=nP dans la Vision de Tom King. Dans les deux cas, les auteurs utilisent les maths pour opposer la rigueur et l’exactitude théorique de cette science abstraite avec le chaos et la complexité du monde concret qui demeure, à certains égards, toujours indéchiffrable.
Euh… si j’ai bien compris, le scénariste utilise ici le paradoxe de Russell pour montrer que même les mathématiques recèlent des paradoxes. Si les mathématiques elles-mêmes reposent sur des principes contradictoires, cela prouve sans conteste que la réalité n’a pas de sens. Du coup, ce n’est pas une opposition, mais une confirmation, ce qui a un effet libérateur incroyable sur l’orateur.
Oups, j’aurais donc comprendu de travers l’intention de l’auteur… Toutes mes désoles…
Ceci dit, en allant lire l’article Wikipedia sur le paradoxe de Russell, ce matin, il me semblait qu’il avait « résolu » ce paradoxe avec la théorie des types…
Du coup, je ne suis pas si sûr que les paradoxes mathématiques puissent totalement justifier que « la réalité n’a pas de sens ». Ce pourrait être un sens au-delà de notre compréhension, avec une explication qui n’aurait pas encore été trouvée…
Non, tu as raison, il s’agit juste du point de vue du personnage qui a retenu cette interprétation du paradoxe de Russell parce qu’elle colle à sa vision des choses, parce qu’elle confirme son biais cognitif.
Au temps pour moi, je suis aller consulter la page du paradoxe de Russell et j’ai pu constater comme tu l’indiques que les solutions furent proposées dans les années 1900/1910, bien avant la scène évoquée dans le comics. J’en suis réduit à supposer que Mark Russell a trouvé l’occasion trop belle d’intégrer ce paradoxe formalisé par un homonyme, quitte à passer sous silence qu’il avait été levé. La formulation pédagogique du paradoxe avec le barbier s’avère aussi élégante que vulgarisatrice, alors que la logique pour lever le paradoxe est beaucoup plus ardue à saisir et ne se prête pas une mise en image aussi claire.
A bien y réfléchir, je vois dans cette reprise de la franchise aux antipodes du perso de base, la même démarche que Aguirre Sacasa qui transforme avec les comics Archie Comics un BD pour minettes en un thriller ado assez sombre ( La saison 3 est un cauchemar ceci dit).
J’aime bien cette comparaison. Snagglepuss / Alcibiade est un personnage que je ne connaissais pas, pour lequel je n’avais aucune attente. Du coup, Mark Russell peut en fait ce qu’il veut, ça ne provoque pas de ressenti réactionnaire de ma part pour cause de trahison du personnage. Il semble en être de même pour la série TV Riverdale : des personnages que tu ne connaissais pas, sans attachement ou investissement affectif de ta part. Russell et Aguirre-Sacasa utilisent une marque installée pour profiter de son renom et des moyens financiers que met l’entreprise de divertissement propriétaire des droits des personnages.
« La subversion , trop souvent remplacée par son édulcorant générique : la provocation »
Très jolie formule. Je la ressors à table tout à l’heure !
Cette remarque sur la subversion permet également de remettre en perspective les limites de la provocation de Mark Millar. 🙂