Focus : Richard Corben
Special Guest : Frank Guigue
Où notre invité Frank Guigue a tenu à rendre son hommage à son idole Richard Corben et sa fameuse SAGA DE DEN.
Toutes images © Richard Corben et les éditeurs respectif.
Richard Corben nous a quitté le 2 décembre 2020, à l’âge de 80 ans, mais la nouvelle ne nous est malheureusement parvenue, pour la majorité des fidèles que nous sommes, qu’une semaine après. Triste information pour un nombre de plus en plus important d’amateurs, bien que la connaissance de l’auteur soir restée l’affaire exclusive de fans acharnés durant de nombreuses années, celui-ci ayant en effet été peu présent en librairies hexagonales durant la période 1992-2012. Un manque comblé grâce au travail de passionnés, qui n’ont cessé d’entretenir la flamme tout au long de ces dernières décennies, que ce soit dans des fanzines, comme Scarce, entre autre, ou de manière plus « visible », comme cela a ainsi été le cas, en 2002 avec les éditions parisiennes Toth, les premières à remettre Corben au goût du jour, en publiant la fin de la saga Den, après le travail incontournable de Fershid Barucha dans la revue Special USA et les albums des éditions Comics USA. On n’oubliera pas aussi, bien sûr, les éditions Delirium, dont le travail de réédition et de publication des dernières œuvres de l’auteur depuis 2012 font référence. Citons aussi la revue Kaboom, ayant consacré un beau dossier-interview dans son numéro 3 de 2014, et le travail des responsables de la superbe exposition à Angoulême, ayant permis l’ultime consécration de Richard Corben en janvier 2019, après un beau papier dans les cahiers de la BD #6 en mars 2019 (1).
L’objet de l’article très immersif du jour (attention : révélations!) se focalisera sur la série Den, inconnue des plus jeunes, car non rééditée depuis 1991, mais qui, n’en doutons pas, a permis à beaucoup d’inscrire définitivement Richard Corben dans la liste des auteurs absolument remarquables du vingtième siècle. Car si certains ont pu le découvrir grâce à ses petits récits gores noir et blanc, vendus dans des boutiques parisiennes spécialisées au début des années soixante-dix, sous leur forme originale de comics underground, ou dans les revues Actuel ou Creepy (1971, 1974) et objet en partie des premières rééditions Delirium, la publication de Den, avec ses couleurs si particulières, dans la revue Metal hurlant, dès son numéro 3 en 1975, a mis un uppercut évident à tout le monde, incitant souvent à dénicher le reste de la bibliographie de l’auteur. La raison de ce succès, au-delà de la technique exceptionnelle de l’auteur (2), est, cela dit, en partie dû à un travail scénaristique offrant un mélange de science-fiction et de Sword & Fantasy, libre de toute contrainte, certes de ton pour l’époque, mais complètement hallucinant, voire dérangeant, assez incroyable et unique, même pour la bande dessinée d’alors. Malheureusement, depuis ces pages et les publications en album de Den 1 et 2 (les principaux) puis Den 3 à 6, et enfin Den saga 7 et 8, aucune réédition depuis n’a permis la relecture, sous format relié, de cette aventure au long court, d’où cette plongée évocatrice proposée aujourd’hui.
Bienvenus dans la Saga Den, devenue un « classique » de la SF en BD, et remerciements infinis monsieur Corben, pour toutes ces joies inavouables.
David Ellis Norman, jeune américain du Kansas, ayant trouvé et mis en pratique les notes et schémas d’une drôle de machine magique appartenant à son oncle, est projeté dans un univers parallèle merveilleux : « Neverwhere ». Transformé au passage, nu et hyper costaud, il arrive dans un désert et les ruines de NEBROC (CORBEN à l’envers). Dans cet univers sauvage, où règnent des créatures monstrueuses, une reine sanguinaire pratique des sacrifices humains, invoquant le “ULUHTC « (référence au Chtulu de Lovecraft ). Notre héros bodybuildé va sauver KATH (Katherine Wells, une anglaise venant de 1892) et tenter d’échapper à divers ennemis, lui réclamant le Loc nar, un sceptremagique.
Ce premier tome aux couleurs très flashy, mais exceptionnelles, car réalisés avec une technique innovante et très personnelle, pose les bases d’un fantastique glauque effectivement tout lovecraftien, teintée cependant de références à Robert Howard, pour l’aspect Sword and fantasy. Le John Carter from Mars de Burroughs est aussi évident, et les paysages traversés le démontre, mais Corben, mixant le tout dans une potion délicieuse, nous embarque immédiatement.
6 mois se sont écoulés lorsque ce tome débute. Kath et Den sont désormais tous deux sur ZEGIUM, une forteresse volante. On fera connaissance avec TARN, petit fils de Zeg, promis en mariage à MUUTA, belle brune amoureuse en secret de Den. Muvovum est la grande cité de la reine. Cet épisode introduit une thématique monstrueuse et d’horreur, avec l’apparition des dramites, créatures carnivores insatiables, dont une des ruches abrite les pierres magiques convoitées. Leur passage, telle une armée grouillante, sur un pont en terre construit par eux afin d’envahir Muutaron, petite île où les héros se sont réfugiés, ne manquera pas de rappeler aussi les meilleurs scène du Seigneur des anneaux de Tolkien. La course épique des héros et de leurs amis se terminera tragiquement lorsque Tarn et Moda, un de ses serviteurs, capturés par les Dramites, seront interrogés par JORDEL, le maître, accompagné de Jordella, un gros verre à ventouses suceur de sang, pouvant prendre apparence humaine. Si l’on aurait pu croire l’aspect érotique de la série laissé de côté, avec une Kath rhabillée en début de tome, c’est faire fi de la reine rouge, superbement sculptée, qui ne manque pas de chien. Les passages chauds-chauds entre Den et Muuta sont aussi mémorables à cet égard. Ce tome marque aussi une forte propension de l’auteur à brouiller les pistes et à aborder déjà le thème de la schizophrénie, puisque Tarn tue Jordel à sa demande, ce dernier ayant en effet été sous le contrôle des dramites et de Jordella. De plus, lorsque lui-même est entravé, et qu’il croit recevoir la visite de Muuta, et cédant à ses caresses, il devient à son tout le nouveau maître « esclave » des Dramites, car Muuta n’était en fait que Jordella, le monstre ver, ayant pris son apparence. Devenu tout puissant lors de l’invasion de son repère, et malgré sa difformité qui a évolué de façon monstrueuse, Tarn possède définitivement Muuta, à sa façon. Une des scènes les plus monstrueuse et fascinantes de tout l’univers Corbenien.
L’abandon et l’oubli est l’autre thème phare aussi de cette saga, puisque Den finit échoué sur une plage, seul, tandis qu’une femme (Kath ? La reine rouge?) se comporte en sauveuse. On verra par la suite que cette solitude sera amenée à son paroxysme.
Après un rêve, Den se réveille dans une petite pièce cramoisie, auprès de Jusi, une amie. Il est bouffi, plus capable de rien, et se remémore les épisodes passés. Ces deux chapitres, scindés en France en trois tomes, vont longuement aborder la thématique de l’oubli, de la mémoire défaillante, et de la schizophrénie aussi, puisque Den s’aperçoit qu’il a déjà vécu (en rêve) des scènes qu’il subit en direct. Il déjoue donc tous les pièges, et retrouve aussi par la même occasion ses moyens. Il comprend dés lors quel est son véritable amour, avant qu’un cataclysme obscurcisse tout. Les personnages de Zandor et Wynn parvenant à récupérer Den inconscient, s’envolent grâce à un petit vaisseau. Cette thématique très onirique de l’échappatoire via les airs est aussi recurent dans Den, tout comme, on l’a vu, le fait d’échouer sur une plage. Il créé un lien évident avec la suite à venir…
MAL et Kil sont deux extraterrestres échouant via le ciel avec une partie de leurs semblables sur Dremurth, un monde de réalité alternative, comme le décrit lui-même l’auteur où « le bizarre y est normal, et le quotidien plutôt étrange ». Atterrissant via des capsules de survie dans la mer, eux seuls en réchapperont malheureusement, et ils tenterons de protéger tout du long un des oeufs échappés aux requins. Cet épisode a été décrit par Fershid Barucha comme une parabole de la Tempête de Shakespeare, et effectivement, le décor de cette sorte de huis clos sur une île et une tour en pierre balayée par les vents et les vagues, où se disputent les intrigues et la sauvegarde d’une race vouée à disparaître, le rappellent fortement. Peter Greenaway avait d’ailleurs bien rendu cette atmosphère dans son film Prosperos’Book, et l’étrangeté de ce dernier vaut au moins ce bel épisode graphique de Corben. On pense aussi fortement à Jimi Hendrix et son 1983, a Mermaid I Should Turn to be, peut-être à cause de cette vie primale, sous forme de gros oeufs orangés gouteux, arrivés par ma mer, et de ces novaleines en introduction.
Toujours est-il que Den/Mal, squelettique au début de l’histoire, aidé par une Kil aux capacités de combat exceptionnelles, va voir son apparence changer, jusqu’à redevenir celui que l‘on connaît, grâce aux radiations, entre autre, et sauver à son tour sa compagne, ressemblant de plus en plus Kath. Un épisode transitoire fortement onirique, qui complexifie fortement la saga.
Suite directe de Dreams and Alarums. Den apprend qu’il serait en fait le fils de Kil, la reine rouge, donc issu de l’œuf qui aurait éclot dans Enfants du feu. (!!)Il aurait été élevé dans cette cité au-dessus des nuages où il est en ce moment, (celle de Zeg) et rebaptisé David. C’est Pucca, sa nourrice, qui l’aurait élevé, tout comme sa sœur : Elinorma (!!) (David Elis Norman… pigé ?) Que de révélations! La princesse au dragon lui révèle de son côté que Mal serait en fait Dan, l’oncle de Den. (!?…), mais Mal décide de se séparer de Kil afin de retrouver Pucca à qui il doit son nouveau corps et sa fuite de chez Zeg. (cf. Enfants du feu)… Ces deux derniers épisodes ne permettent pas vraiment de conclure la saga de manière évidente. (Corben n’écrit-il pas d’ailleurs, en dessous de la dernière case : « La fin, pour le moment » ?) Le lecteur est pris dans une boucle au rebondissements multiples et tortueux. Cet anti héros en toile de jus blanche, recueilli par divers protagonistes, et trimballé d’amantes en ami(e)s et nourrices, vu comme un sauveur, semble faire ressortir au final la thématique de la perte d’identité ou de la folie ; à moins que ce ne soit une métaphore de la complexité humaine… L’auteur semble cela-dit, là encore, vouloir puiser des références dans des œuvres classiques, ceci ne fonctionnant néanmoins pas de manière très compréhensible. On note au passage la thématique de l’esclavage, assez récurrente chez Corben.
Conclusion
Prise dans son intégralité, la Saga de DEN demeure l’une des œuvres de science-fiction les plus intrigantes et fascinantes qu’il soit permis de lire. Si l’on a pu croire un temps que seul les deux premiers tomes valaient le détour, c’est sans doute à cause de la trop grande diversité des nombreux volumes en présence. En effet, bien que les albums III, IV et V français aient subit un nivellement vers le bas en termes de graphisme, il ne fait pas de doute que ces épisodes ont néanmoins leur importance dans la série et laissent des images persistantes dans le cerveau, tout comme Enfants du feu. On peut se demander par contre ce que Mister Corben est allé chercher auprès de Simon Revelstroke dans le cinquième, si ce n’est de l’aide pour démêler l’intrigue un peu tortueuse que lui-même avait nouée. Un scénariste pour recoller le puzzle, et peut-être soutenir un dessin moins accrocheur ? Toujours est-il que le dessinateur n’hésite pas à reprendre de plus belle en concluant (provisoirement ?) la saga, seul, cette fois-ci, avec La Quête. Et c’est peut-être ce “provisoire” là que l’on reprochera à Richard Corben dans cette série, où l’on se demande quand même à plusieurs reprises si le fil scénaristique est bien tendu ou si les rappels bienvenus de la princesse au dragon ne sont pas devenus obligatoires pour tout le monde afin de comprendre un tant soit peu quelque chose. Il faudrait un épais volume reprenant l’intégralité de la saga afin d’avoir l’opportunité d’une lecture en continue, pour décider, si oui ou non, DEN est un pur chef d’œuvre d’anticipation, ou seulement un essai qui s’est embourbé dans des méandres au fil du temps. (Oui, je sais, je suis dur, mais… « qui aime bien, châtie bien… »).
Si l’on voulait tenter une comparaison avec d’autres séries romanesques fantastiques telles Conan, le seigneurs des anneaux ou John Carter from Mars, on distinguerait à l’identique des scénarios et des personnages défiant le temps de l’édition. Cela dit, ces derniers profitent d’épisodes relativement distincts les uns des autres, et cohérents, tandis que DEN a commencé en 1973 et s’est poursuivi en continu jusqu’en 2000, sans qu’une réelle fin ne nous ait jamais été proposée. Neverwhere ou… Never End ? On attend tout de même avec impatience la réédition, en français, de cette œuvre phare.
(1) Voir l’article consacré à cette exposition sur Bdzoom
(2) On pourra, en plus des revues déjà citées, et des préfaces des éditions Delirium, abordant le sujet, se reporter aux pages consacrées à la bibliographie française de l’auteur, citant quelques extraits de textes références intéressants.
La BO de l’article
Que de bons souvenirs ! J’ai encore les deux tomes I & II publiés par les Humanoïdes Associés.
Je dois dire que j’avais essayé de suivre la parution de la suite en VO, mais la publication était trop irrégulière et j’en avais perdu le fil.
J’ai également été marqué à vie par l’exubérance de la narration visuelle (et pas que par l’hypertrophie mammaire 🙂 ) .
D’où l’intérêt d’une parution « globale », qui permettrait d’y voir (peut-être ?) plus clair 😉 mais bon.. pas évident, On a vu que Corben hésitait déjà beaucoup sur MurkyWorld.. donc revenir sur Den : glop, pas glop !?
Merci pour cet article ! Tout comme Présence j’ai les 2 tomes des Humanoïdes associés, que je relis de temps en temps avec délice et qui constituent un tout (d’ailleurs le 2e tome Den Seconde époque se termine par le mot Fin).
La suite m’a vraiment parue moins bonne, comme tu le décris très bien, tant dans le dessin (moins d’aérographe à décoller la rétine, moins de peps) que dans l’histoire qui devient franchement imbitable , sans parler de la publication française erratique.
Quant à la scène de viol/dévoration de Muuta par Tarn, que tu illustres par une vignette, elle constitue un des trucs les plus dérangeants que j’ai lu en BD, entre Alien et Cronenberg.
Merci.
Tu m’étonnes. Un truc à déb..der direct 🙂
Merci pour cette présentation (passionnée) mais il n’y a rien à faire : Je n’arrive pas à entrer dedans.
« Il faudrait un épais volume reprenant l’intégralité de la saga afin d’avoir l’opportunité d’une lecture en continue, pour décider, si oui ou non, DEN est un pur chef d’œuvre d’anticipation, ou seulement un essai qui s’est embourbé dans des méandres au fil du temps »
A froid, je pencherais volontiers pour la 2nde solution. D’ailleurs la description de l’histoire est, comme ça, un pur gloubiboulga ! Et ce n’est pas le seul dessin qui me motivera à pousser la lecture. Cela-dit, il est vrai qu’une réédition en bonne et due forme pourrait m’encourager au moins à feuilleter ça en librairie, histoire de voir si j’arrive à lire au moins le début. Mais ce n’est pas gagné.
J’ai un vague souvenir de ces BDs très « Metal Hurlant » que je feuilletais au lycée. Moebius, Casa, Druillet. Et Corben. Je me souviens qu’à l’époque elles me mettaient très mal à l’aise par leur ambiance glauque et hallucinée. Mais cette dimension, aujourd’hui, pourrait largement être réévaluée au rang de qualité par le lecteur adulte que je suis devenu. Mais je me souviens également de scénarios opaques, de récits qui n’en étaient pas vraiment, de choses qui ressemblaient davantage à des délires hallucinés qu’à de véritables histoires. Et c’est là que ça ne passe pas, même encore aujourd’hui.
A voir, donc. En cas de réédition en bonne et due forme. Si ça vaut vraiment le coup entant que saga. Et non juste entant que beaux dessins l’ambiance glauque.
J’ai oublié de dire que j’avais attentivement feuilleté Murky World en librairie, et que j’avais reposé le livre : Impossible de rentrer dans cet univers avec ces personnages déformés et hypertrophiés. Ça ne m’a pas du tout donné envie. Il faut de tout pour faire un monde…
» Impossible de rentrer dans cet univers avec ces personnages déformés et hypertrophiés. »
Je rêve ou tu ne serais pas à 100% un fervent admirateur de Corben ?^^
Je pensais être tout seul à ne pas comprendre l’attrait de ces personnages déformés…
Tornado, je subodore que tu n’es pas un grand lecteur de comics, sauf si je ne m’abuse ?
Car enfin, le glauque, les trucs un peu compliqués et la science-fiction en général.. ce n’est quand-même pas à la portée de tous les lecteurs, non ? et dieu sait que les comics regorgent de ces genre SF et horreur…
En tous les cas, s’il a marqué autant de monde, c’est bien qu’l y a quelque chose. A recreuser donc, oui, je pense, avec ta lecture d’adulte. 😉
Well, je me rends compte que je n’ai pas mis assez de pH neutre dans l’acidité ironique de ce commentaire, sur le coup de l’émotion. Aussi, @Tornado : si tu me lis.., c’est du troisième degré, évidemment. 😉
C’est vrai que ça fait très années Metal Hurlant avec SF croisée fantasy avec des gens tout nus partout…
C’est surtout un univers visuel de style Frazetta
Après l’histoire…aucune idée.
Sur les scans, Corben a l’air de faire des gens aux proportions à peu près normales (si on ne parle pas des seins gigantesques des nanas…)
Mais il ne fait pas des nains à grosses têtes comme souvent.
Mais bon…hein…voilà quoi. Déjà de base Corben ne m’attire pas, alors si l’histoire est un peu bordélique et qu’il n’y a pas de belle édition propre pour découvrir ça, je vais devoir faire l’impasse.
On va dire, Matt, que si les comics devaient être basés que sur un beau dessin et une histoire « propre », on aurait un sacré ménage à faire… non ? 😉 Et pas des moins « classiques » seraient à jeter à la poubelle…
Neal Adams : propre ?
Judge Dredd et Bisley : propre ?
Frank Miller : propre ?
David Lloyd : propre ?
Nemesis de Pat Mils & cie, et quasi tout 2000AD : propre ?
Brat Pack : propre ?
En fait, si je comprends bien, on est juste en plein « conflit » générationnel, entre amateurs de bronze age et d’alternatif et amateurs de modern age, tout simplement. Non ? 😉
Alors Je parle pour lui mais Matt ne parle pas du tout de « beau dessin et d’une histoire « propre » », mais plutôt d’une édition qui donne envie de se plonger dans une saga décousue.
Et bien si Lorna dit Ok à Laurent Lerner,… ca pourra peut-être se faire ?…Cross Fingers…
On serait sur du 516 pages cela dit, au bas mot, ce qui ferait au moins deux gros volumes, à moins d’envisager un…monstre. Problématique en termes de tarif… quoi que cela pourrait surement s’envisager avec une campagne de cofinancement, comme pour « Murky World » et « Mutant World » j’imagine, et un taro vers les 60 balles… Wait and see. Ca pourrait en tous cas avoir de la gueule.
Euh : Dona, je veux dire !! Désolé 🙂
Si ça se fait, je suis partant.
Oui, mais enfin, on sent tout de même dans ces débats sur Corben une envie de voir des choses un peu « d’aplomb », comme si l’art en général devait suivre des canons identiques. Or, on aime Corben justement parce que c’est patraque, tordu, (mais) puissant, émouvant..
Et c’est en cela qu’il est assez unique, non ? Moi, je me fous des corps distordus, mais alors, vous pouvez pas savoir. En tous cas cela ne m’a jamais gêné dans la lecture de ses histoires; pas plus que je suis gêné par la lecture de « Nemesis le sorcier », de pat Mills, bien barré aussi à tous les niveaux. Bah…
Si ça peux te rassurer, on aime aussi Corben sur le site, avec 3 autres articles sur ses œuvres : Punisher The end, Hellblazer avec Brian Azzarello, Spirits of the dead
http://www.brucetringale.com/dieu-cree-frank-detruit/
http://www.brucetringale.com/ils-sont-enfermes-avec-moi-walter-joseph-kovacs/
http://www.brucetringale.com/cest-dans-les-vieux-poe/
Pareil que les camarades, je n’ai pas encore sauté le pas, intimidé devant des planches que j’admire sans aimer vraiment…
je sais que sais un grand auteur et je trouve son boulot sur la couleur incroyable à mille lieu des photoshoperies parfois pas très réussies (le pompon étant les X-Men de Larroca avec Chuck Austen et les textures plaquées telles/quelles sur la roche ou encore l’armure du Fléau) et je tenterais le coup…. Ragemoor me tente
OH! Et bienvenue à bord Frank!
Merci Eddy 😉
« des planches que j’admire sans aimer vraiment… »
C’est exactement ça ! J’ai également envie d’aimer, sans y parvenir. En plus des deux tomes de CREEPY & EERY présentent Richard Corben que j’ai aimé car il s’agit du Corben encore jeune, qui dessinait de manière plus consensuelle (article ici-présent et qui n’est pas cité en lien… je dis ça je dis rien…), j’ai également investi dans RATGOD et ESPRITS DES MORTS. Mais j’en repousse sans cesse la lecture tellement je ne suis pas sûr d’accrocher à cette esthétique et cette ambiance graphique…
Je te trouve bieeeeennn difficile… Quant on voit ce que lui doivent nombre d’artistes actuels, dans le même domaine horreur e fantasy (et encore, comparons ce qui est comparable…).. 🙂
Et puis, mince, s’il n’avait pas été là, qui aurait gardé vivant l’esprit Warren, durant toutes ces années ??
Après, on peut, je l’admets, préférer son style noir et blanc ou des débuts (quoi que franchement, ça n’a strictement rien à voir est est du niveau du fanzine graphiquement, faut pas exagérer), ce qui me fait me demander… ne serait-on pas juste sur des polémiques artistico comparatives de comptoirs ??
Il fait partie de ces artistes qui ont su créer des univers, reconnaissables entre cinq (pas mille). Combien d’autres, aujourd’hui, peuvent s’en enorgueillir ? Il y a une poésie chez Corben, en solo, ou accompagné, qui est incomparable. Mais.. suis-je vraiment objectif ?
Justement, je ne suis pas non plus objectif.
Je reviens juste, là tout de suite, de ma balade chez mon libraire. Je viens de feuilleter deux albums Delirium de Corben : MURKY WORLD encore une fois (même effet repoussoir que les fois précédentes. La technique est hallucinante. Le résultat franchement bizarre. Pourquoi l’héroïne a-t-elle un corps de nain tout potelé ? Pourquoi opter systématiquement pour de la caricature alors que le sujet est sérieux ? Bref. Tant que je n’aurais pas lu la chose en entier, je n’arriverai pas à comprendre le concept). Et MONDE MUTANT. Pour celui-ci, je suis davantage partagé : La 1° partie est plus consensuelle, avec des anatomies relativement réalistes, une technique de fou et des couleurs toujours aussi incroyables. La 2nde partie, plus récente, tombe dans la caricature. Et là ça coince (encore).
Suis-je difficile ? Peut-être. Je veux bien le croire étant donné le nombre de personnes qui vénèrent Corben (je confesse que ça me fait la même chose avec Kirby -je trouve ça affreux, vraiment- et Ditko (ses boulots Marvel sont une cata à mes yeux), ce qui semble démontrer que je ne suis pas une référence en matière de bon goût pour ce qui concerne les comics). Comme je le disais, faut de tout pour faire un monde…
En tout cas je ne jette pas tout en bloc : Je vais essayer de lire ESPRITS DES MORTS. Si ça me plait, je viendrais faire mon mea-culpa.
« Article ici présent et pas cité en lien »
Ah ah sorry.. je n’ai effectivement pas relié mon propre article avec ceux déjà écrits ici sur l’auteur, et il faut croire que le rédac chef n’y a pas pensé non plus.
En tous cas, je viens de le lire à l’instant, et j’applaudis des deux mains’ (si si) :
« Comme c’était le cas avec les quelques planches réalisées par Frank Frazetta dans Anthologie Creepy, Tome 1, Corben se démarque de la concurrence par sa personnalité picturale incomparable. Et c’est avec une facilité déconcertante qu’il parvient systématiquement à transcender le contenu de chaque épisode par une puissance d’évocation hallucinante. Avec son apport, la plus anecdotique des histoires d’horreur devient une expérience quasiment sensorielle, » > Rien à redire. 100% d’accord 😉
Fershid Barucha a beaucoup fait pour la BD américaine en général et pas que pour Richard Corben. Avec, effectivement entre autre, Spécial USA ou Comics USA.
Delirium est un éditeur sérieux qui nous gratifie de bouquins de qualité d’auteurs incontournables.
Corben est un formidable technicien du dessin et de la mise en couleurs. Son talent est immense et il en a influencé plus d’un. Je suis fan! 👍
J’espère impatiemment la réédition de DEN sous format relié de qualité. Et pourquoi pas par Delirium ?!
La BO: C’est pas pour moi…C’est toute la musique que je n’aime pas 👎
Pareil (la BO). Tout ce que je n’aime pas. Du métal à la rythmique aussi froide qu’une boite à rythme. Du bruit sans une once de groove. Je ne comprends pas comment on peut écouter un truc pareil (faut de tout pour faire un monde…).
Ah ah. Rassure -toi, je n’écoute pas non plus, quoi que un petit hard 80’s de derrière les fagots à l’occasion…
C’est juste que la pochette de l’album reprenait une oeuvre de l’artiste, et que le nom du titre « matchait » bien. cqfd. 😉
Super article.
Bravo !
Merci .. Laurent !? 😉
Merci beaucoup Frank pour le résumé et les méandres de cette oeuvre ultra-connue chez les indés, qui a son statut de culte depuis longtemps. Je n’ai jamais lu plus que quelques pages de DEN dans le magazine OXYGEN au début des années 90, mais je ne les ai plus…
Depuis que Corben a été sacré Grand Prix, il y a pas mal de rééditions, et je commence à peine ma propre collection. J’ai depuis longtemps un OGRE des Humano!ides associés avec quelques histoires courtes, mais depuis je me suis offert deux Delirium (Murky World et Monde Mutant, je craquerai peut-être pour les autres) et les Poe et Lovecraft en grand format chez Panini). Et bien sûr ses Hellblazer.
Je n’avais donc aucun souvenir que Den commençait comme le Magicien d’Oz et n’avait aucune idée de ses suites. Mais comme toujours je suis soufflé par l’imagination et les dessins présentés ici. Oui, j’adorerai lire une intégrale !
Il y a certaines références de ton article que je ne connais pas, je vais aller revoir mes Jimi Hendrix pour commencer. Merci encore en tout cas pour ce beau boulot.
La BO : jamais entendu parler de ce groupe, pas mon truc mais c’est bien fait.
Merci Jyrille. Tu peux aller les yeux fermés sur TOUT ce que publie Delirium. Franchement, c’est du lourd. Et dans le fond et dans les formes, mais tu es surement déjà convaincu. 😉
Pour Jimi Hendrix, c’est un morceau tiré de Electric Ladyland, et franchement, c’est de la balle. (N’hésite pas à lire les paroles). J’aurais peut-être du le choisir en BO, argl.
Pour ce morceau BO : à lire ma réponse plus haut. Il s’agit davantage d’un clin d’œil à l’époque, à l’artiste, mais pas d’un morceau culte. D’ailleurs, je ne connaissais même pas …hier 🙂
Merci Frank, il me semblait bien qu’il était dans Electric Ladyland (mais bon ça fait une paie que je ne l’ai pas réécouté). Je note le reste.
J’avais suivi quelques aventures des personnages de Corben (Métal Hurlant ? Ère Comprimée ?…) où, après avoir fuit/combattu tout un tas de gens et de monstres -si je me souviens bien ?!-, le héros se réveille, tout alangui et tout content, après une nuit d’amour auprès de sa chérie, dans ce qui ressemble à une vielle caravane. C’est son expression béate, après les multiples lectures, au fil du temps, des autres séries à suivre mitoyennes (bien d’avantage en rapport avec mes goûts) qui m’a fait revenir sur ces pages, que je m’étais contenté de feuilleter pour ma seule fascination envers le rendu graphique de la chair -si émouvant !- par cet artiste et, si les péripéties ne m’ont pas passionné, je crois que je me suis néanmoins laissé prendre par l’ambiance visuelle, vraiment différente du reste de ce qui se faisait -ou, en tous cas, de ce à quoi nous pouvions avoir accès, nous autres, pauvres petits sans-le-sous très mal achalandés (et si peu informés de tout ce qui existait !) de l’époque.
Il a marqué les esprits puisque même ceux qui ne l’ont pas suivi associent automatiquement son patronyme à ses travaux (et, désormais, on a aussi Bruce Willis comme rappel plutôt énorme ;)) .
Autant par sa technique très expérimentale de la mise en couleurs, employée si révolutionnairement pour le Comic, que par le côté jusqu’au-boutiste de l’illustration des thèmes abordés, jamais la nudité sexuée n’a été aussi ostentatoire (…! Aï ! Mon œil ?! Pouvez pas faire attention, non, avec tous ces trucs contondants ?!) sans être une fin en soit. Jamais le Gore ne s’est vu représenté de manière aussi crue avec, comme conséquence directe, le désamorçage direct de sa crédibilité.
Je ne me rappelle pas en avoir retiré beaucoup, niveau plaisir de lecture ; mais bien, par contre, la conviction très positive et libératrice, pour l’adolescent que j’étais, que tous les moyens étaient valables, quand on voulait raconter une histoire en images.
Sa liberté manifeste (dans ses œuvres entièrement personnelles) devait être une sacrée plus-value, drôlement satisfaisante, devant sa planche. Il a participé, avec bien d’autres, à élargir les horizons de la BD Occidentale. Pas mal, comme héritage, pour tous les proto-artistes en herbe.