DARK KNIGHT STRIKES AGAIN par Frank Miller et Lynn Varley
Un article de FLETCHER ARROWSMITH1ère publication le 07/02/22 – MAJ le 10/09/22
VO : DC COMICS
VF : URBAN COMICS
DARK KNIGHT STRIKES AGAIN est un comics scribouillé et barbouillé par Frank MILLER puis colorisé avec l’ordinateur de Lynn VARLEY.
Trois ans après sa dernière horde sauvage, Bruce Wayne se fait passer pour mort afin de planifier sa contre-attaque. Face à un gouvernement corrompu, favorisant l’apathie et prônant l’obéissance aveugle, Batman rassemble les membres disparus de la Ligue de Justice. Ensemble, ils mènent une vendetta contre les dirigeants de ce régime et celui qui les protège… Superman !
Une de mes sources d’inspiration : l’excellent livre de Jean Marc Lainé sur FRANK MILLER : URBAINE TRAGEDIE
Prendre son clavier pour écrire un avis sur DARK KNIGHT STRIKES AGAIN n’est pas une mince affaire. Ce second devenu depuis deuxième volet de la saga culte DARK KNIGHT RETURNS de Frank Miller doit être l’une des œuvres les plus conspuées par les fans de comics. Elle a même le mérite de mettre d’accord les esthètes et élite, vouant un culte secret depuis 1986 à Frank Miller, aux jeunes pousses fanatiques de Batman qui font le siège de l’immeuble d’Urban Comics pour avoir leur dose régulière de chauve sourie.
Pourtant quand on prend le temps de se poser, de réfléchir sur les 3 numéros composant DARK KNIGHT STRIKES AGAIN (j’utiliserai ensuite l’acronyme DKSA) on peut se rendre compte que le Frank Miller de 2001 ne renie en rien celui de 1986. Il reste cet artiste avant-gardiste, qui frappe là où on ne l’attend pas, en phase avec son époque ou plutôt en opposition de phase dans les dérives de cette dernière.
Publié en 1986 DARK KNIGHT RETURNS (DKR en acronyme) dont Présence vous en dit le plus grand bien, était un comics coup de poing, de ceux qui ont révolutionné le médium. Alors pourquoi Frank Miller aurait il fait une suite à l’identique ? Celui qui depuis toujours cherche à pousser les comics dans ses retranchements, à ouvrir de nouvelles voies, le Frank Miller en pleine publication de SIN CITY et de 300 allait donner à ses fans une suite identique ? Franchement qui y a cru une seule seconde ? Déjà c’était prendre le risque d’affaiblir le premier volet en le banalisant ou en le contredisant. Ensuite Frank Miller n’était alors jamais tombé dans cette facilité de la suite coulant de source, surtout pour un come-back de 15 ans. Enfin cela ne vous aura pas échappé, 1986 ne s’écrit pas comme 2001 et en quinze ans le monde a changé, l’industrie des comics a changé, la politique a changé, les Etats Unis ont changé 3 fois de président et Frank Miller a changé. Conclusion Batman a changé. Là où DKR prenait son temps avec 4 numéros de 48 pages pour explorer les traumatismes d’une Amérique abimée et sombre, DKSA en 3 numéros pop de 72 pages file à toute allure sous forme d’un blockbuster 100% action pour plus de plaisir.
Le premier acte était une tragédie, le second sera une comédie voire une tartuferie. Miller l’affirme dans le deuxième numéro à travers Bruce qui devient sa voix : ne saute pas de joie. Ne ris pas comme un ado. Ne leur montre pas à quel point tu t’amuses.
DKR était centré sur Batman et plus particulièrement sur Bruce, DKSA se focalisera sur les héros et les justaucorps. Au début des années 2000 c’est la Justice League qui a le vent en poupe. Et pour prendre à contrepied l’ère du Grimm & Gritty qu’il a lui-même lancé, dans laquelle les comics se sont engouffrés depuis 15 ans, Frank Miller écrit un récit sur des super héros harlequins, qui volent bondissent, déplacent des montagnes en faisant l’amour, tout en portant des collants ridicules. Il se fait le chantre du mauvais gout en affublant les héros de l’âge d’or de tenue aussi ringardes les unes que les autres, en les mettant dans des situations grotesques face à des menaces qui le sont tout autant (vaisseau grenouille de Brainiac, Lex Luthor obèse, le vulgaire chantage sur Superman) que l’on a du mal à prendre au sérieux. La palette des hypers couleurs de Lynn Varley s’oppose à la grisâtre employée dans DARK KNIGHT RETURNS. Frank Miller pousse même le bouchon en supprimant quasiment les décors pour les remplacer par des effets informatiques déroutants. En ce sens il se moque aussi de ce que sont devenus les comics depuis la création d’Image presque une décennie plus tôt. Frank Miller cherche à retrouver le sens of wonder qui a caractérisé les comics de son enfance. Il aurait pu faire cela de manière moins grossière et rentre dedans. C’est mal connaitre l’artiste. Miller c’est un boxeur qui pratique en permanence l’uppercut. Et pour DARK KNIGHT STRIKES AGAIN il endosse la tenue d’Apollo Creed avec tout le bling bling qui va avec.
Frank Miller revient sur Batman car ce dernier a pourchassé des cambrioleurs et des voyous pendant que les vrais monstres prenaient le pouvoir sans aucune résistance. Et en 2021 la vision qu’a Frank Miller de la société n’est guère réjouissante : Le peuple américain n’est qu’un troupeau de Troglodytes sauvages. C’est purement et simplement de l’exhibitionnisme symptomatique d’une culture en chute libre.
On avait refermé DARK KNIGHT RETURNS avec une note d’espoir, avec un Batman se faisant passer pour mort pour laisser s’embraser la révolution populaire. 15 ans plus tard le peuple n’a pas pris le pouvoir. Pire il a volontairement laissé la place à des financiers et des politiques corrompus, des êtres moches et pas beau encore plus sous le trait disgracieux et déstructuré de Frank Miller. Le peuple préfère s’amuser. La télé poubelle et le sexe sont devenus les mamelles obsessionnelles de la culture d’une jeunesse sans repère. Même la fille de Superman quand elle rencontre son géniteur s’empresse de lui poser des questions sur la bête à deux dos.
Frank Miller, toujours aussi provocateur, multiplie les allusions salaces, transforme en objet sexuel les Bird of Prey, le tout à travers le prisme télévisuel (les fameuses case écran télé) nouvel opium du peuple. La société de consommation poussée à l’extrême renvoie une image de civilisations qui font passer leur plaisir devant leur liberté. La politique c’est pour les vieux. On préfère prendre notre pied. Leur représentant officiel, le président des USA, n’est d’ailleurs qu’un fantoche de pixels. Après Miller le farceur, Miller le satyre.
Les héros sont fatigués et ont failli. Superman préfère engrosser l’amazone quitte à provoquer des catastrophes naturelles sur Terre. Wonder Woman s’est retirée et redevient une reine des Amazones, inaccessible aux hommes. Reste le surhomme par excellence, le super homme que Miller avait déjà bien abimé dans DKR. Il enfonce le clou en le tournant désormais en ridicule, en le faisant choir de son pied d’estale.
Néanmoins Superman devient le seul qui subit une réelle évolution. L’homme de demain devenu celui du passé présente finalement une figure assagie, surprenant son monde. Le Superman de droite migre vers le centre gauche. « Il n’a plus le feu sacré ». Je ne fuirai pas. Je ne me battrai pas avoue-t-il tête baissée en capitulant devant Brainiac. Son amante, Wonder Woman, dresse le même constat d’échec sur ce surhomme dans des allusions Nietzschienne : Où est le héros qui m’a jeté à Terre pour me prendre comme un trophée ? Où est le dieu dont la passion a brisé une montagne ? Où est Superman ? Mais comme pour Bruce avec Carrie, sa fille par procuration, Kal-El va trouver le chemin de la rédemption en devenant père, non sans assener un terrible constat d’échec de son intégration à l’humanité renvoyant les hommes devant leur petitesse. Alors vient le temps de l’homme providentiel, un héros sévèrement burné et pas un dieu déchu : BATMAN IS BACK.
Le plus gros malentendu sur DKSA provient du titre. Ce n’est pas un comics sur Batman qui brille la plupart du temps par son absence. On bascule sur une CRISIS revisitée par Frank Miller dans un récit où la Justice League tient un rôle important, la plupart des grandes figures de DC étant conviée. On assiste à une réflexion brutale sur ce que sont devenus les supers héros de notre enfance. Frank Miller les a dézingués en 1986. Il les réhabilite en 2001. Attention DKSA n’est pas une étude de personnages qui sont là pour illustrer les missives de Frank Miller. Ils sont utilisés comme des produits manufacturés, pour ce qu’ils sont censés représenter pas pour ce qu’ils sont dans cet univers. Miller sait aussi surprendre en employant des personnages inattendus ou oubliés comme La Question aka Vic Sage dans le civil. Frank Miller trouve ici son Rorschach de WATCHMEN en plus …sage. Le masque de La Question est aussi lisse que celui du héros de Alan Moore est complexe et serpenté.
Miller expose clairement sa vision et ses opinions politiques. Plastic Man crie le nom de Rodney King, des shurikens en forme de svastika assassinent des héros tandis que le djihad et la guerre sainte sont critiqués ouvertement. C’est brutal, frontal, putassier mais pas plus que ces précédents travaux. Pourquoi le Miller de 2021 n’aurait pas le droit de dire ce qu’il pense 15 ans après. Surtout sur une œuvre qu’il a créé, dans un courant révolutionnaire qu’il a lui-même fondé. Cela serait quand même fort de café de reprocher à un révolutionnaire de faire une révolution. Le plan de Carrie (Miller) : prendre une mode, une tendance branchée passagère et en faire une révolution.
Lynn Varley, alors encore la compagne de Frank Miller en 2001, donne dans les effets spéciaux plus que dans une colorisation léchée. Quand on admire son travail sur 300 sorti à peu près à la même époque (1998) on comprend aisément que c’est un véritable parti pris de la part du couple Miller-Varley d’utiliser des couleurs numériques criardes et brillantes avec des fonds numériques en guise de décors. Cela donne un côté sucré et acidulé comme des bonbons qui piquent. Pour le lecteur, bienvenu à une rave party graphique sous ecstasy.
De même pour les dessins de Frank Miller. Personnellement je trouve qu’il est allé trop loin, poussant la caricature à l’extrême. Mais il ne vend pas son âme à la Warner et la logique du fond se retrouve dans la forme. Le créateur de SIN CITY reste un maitre de l’art séquentiel. Il utilise un éventail de technique pour construire ses planches et cases qui même sur DKSA renvoie au placard un certains nombre de ses contemporains d’alors. Pleine page, contre plongée, clair-obscur, jeu d’ombre, gaufrier à plus de 30 cases, insertions de cases, clin d’œil et Easter Eggs (Batmite, Alfred E. Neuman, Jay Leno,…) Miller alterne les compositions de manière frénétique à coup de cocktail sur vitaminé sans que le lecteur s’ennuie. C’est peut-être grossier, c’est assurément exagéré, mais cela reste toujours lisible et surtout inventif et surprenant, chaque planche étant différente de la précédente.
Quand Plastic Man demande à Batman en quelle année nous sommes, le caped crusader répond « l’année où l’on répare, où on remet les pendules à l’heure ». Voilà l’ambition qu’avait Frank Miller avec ce DKSA. Récit prophétique, DKSA a été écrit avant le 11 septembre 2001. L’horreur des évènements des Twin Towers n’a pas influencé initialement Frank Miller. Seul le troisième numéro sorti en 2002 porte les stigmates du 11 septembre avec une Metropolis détruite et en ruines sous le feu de l’envahisseur. Surement encore groggy par l’évènement Frank Miller restera modéré dans le troisième numéro avec des planches présentant les décombres de la mégapole de Superman et des textes minimaliste en écho aux images de la tragédie : plus personnes à secourir. Si peu de corps. Tant de mort. Tant de gens en cendre dans nos cœurs lourds.
Il incombe à Superman de fouiller en vain les gravas à la recherche d’éventuels survivants sous les yeux de sa fille représentante d’une génération endeuillée. Les super héros ont échoué ainsi que les dieux et les surhommes. Le constat que dresse Miller est le même que celui de Joseph Michael Straczynski dans AMAZING SPIDER-MAN #36. Pour l’occasion Lynn Varley tend à reprendre une colorisation à l’ancienne, où le gris prédomine comme pour souligner le repli vers des valeurs refuges. Sa réponse, Frank Miller la réserve dans ce qui aurait pu, dû être un troisième volet à Dark Knight où il pourra exprimer frontalement et sans nuance son opinion et sa colère. Cela sortira des années plus tard sous le titre HOLY TERROR, expurgé de toutes références directes à des chauves-souris, DC n’ayant pas cautionné ce pamphlet.
DKSA aurait dû constituer un nouvel élan pour Frank Miller. Tournant avorté, le 11 septembre va frapper brutalement. C’en est déjà terminé du Frank Miller apaisé et joueur l’entrainant dans les deux décennies les plus compliquées de sa carrière.
A la fin de ces quelques lignes (j’ai fait court comme on me l’a suggéré) (GOOD BOY – Ndr) je suis content de n’être surement pas arrivé à vous convaincre mais j’espère que je vous aurais amener à considérer ce récit sous un œil différent.
DARK KNIGHT STRIKES AGAIN est une farce. Un comics qui traite de sujet grave sans se prendre aux sérieux. Un bat slam au Batman sombre et violent qui était devenu la norme. En 2001 Frank Miller a prouvé à la face du monde que l’on pouvait encore rire et s’amuser en lisant des comics, car oui ces fascicules de papier ne sont que des comics finalement, un divertissement populaire à la base. Brillant et déroutant.
Miller donnera une suite avec DK3 : THE MASTER RACE et deux one shot : THE LAST CRUSADE et THE GOLDEN CHILD .
La BO du jour
Bien joué pour cette review qui évite les poncifs et examine les intentions de l’auteur, à l’opposé des attentes du public. Non que je trouve que cela en fasse un bon comic book, je trouve personnellement que cette série est à la limite du lisible ^^
Bonjour JB,
tu as bien compris mon intention et angle d’écriture. Je n’ai mis que 3 étoiles. La narration et le script ne m’ont pas complètement convaincu.
Néanmoins chaque nouvelle lecture tend à me faire découvrir des aspects que je n’avais pas vu et lu les fois précédentes.
Super papier. Bonne plaidoirie.
100% d’accord avec toi, à ceci près que j’y ai mis 5 étoiles (quelle surprise 😀 )
Alors pourquoi Frank Miller aurait il fait une suite à l’identique ? – C’était aussi mon avis, 15 ans plus tard, Batman incarne forcément autre chose.
Pour prendre à contrepied l’ère du Grimm & Gritty qu’il a lui-même lancé : tout comme alan Moore écrit Tom Strong pou revenir au merveilleux et à l’enchantement de la lecture.
Frank Miller pousse même le bouchon en supprimant quasiment les décors pour les remplacer par des effets informatiques déroutants. – C’était encore le début de de la colorisation infographique, et certains effets accusent la faiblesse de la technologie de l’époque. Sur les dessins, il me semble me souvenir que dans les remerciements, Miller cite une demi-douzaine d’artistes qui ont dû lui prêter main forte. Il est vraisemblable qu’il avait soit des soucis pour dessiner, soit pas tout à fait le temps, soit pas beaucoup d’envie de dessiner.
J’aime beaucoup DSTA pour son intention de redonner de l’éclat aux superhéros, une sorte de déclaration d’amour au genre, et pour la volonté d’un (alors) quadragénaire de faire honneur à la culture jeune de l’époque. C’est d’ailleurs la conclusion de Dark Knight returns : l’avenir se trouve dans la jeunesse.
Bonjour Présence,
j’ai lu cette histoire de dessinateurs remerciés. Je possède les tomes en VF chez Edition USA et aucune mention de ces remerciements. Merci pour ces précisions.
Pour les étoiles, exercice difficile. J’aurais en effet pu pousser à 4 étoiles, surtout que cette nouvelle immersion avec en ligne de mire une analyse pour le blog m’a réellement enthousiasmé. Bon peut être qu’après avoir lu à nouveau DKR et MARTHA WASHINGTON très récemment 3 étoiles, une moyenne haute, m’a semblé approprié en fonction du moment présent.
Je viens de remettre la main sur mon exemplaire. Les remerciements sont adressés à Kyle Baker, Lorenzo DiBonaventura, William Katz, James Kochalka, Tony Millionnaire, Jim Morrison, Alex Sinclair, Jeff Smith, Paul Pope, Diana Schutz, Bill Sienkiewicz. Je pense que c’est en lisant cette liste que je me suis posé la question de savoir si Miller n’avait pas eu un peu d’aide.
je suis en accord avec ta vision de la chose
j’ai longtemps « détesté » cette suite, jusqu’à une relecture/redécouverte, à l’occasion de la sortie de ce volume en n et b. Ne pas avoir les couleurs photoshop sous les yeux m’a permis de réellement le lire, et de l’apprécier, au point de regarder à nouveau la colo avec bien plus de tolérance
DKr restant bien sur indétrônable
Bonjour Phil,
une lecture version N&B m’intéresse au plus haut point. Car même colorisé on voit que les dessins de Miller sont loin d’être des infames gribouillages. C’est plus fin que cela ne laisse le supposer. Après clairement les premières impressions en font un repoussoir. Je reste persuadé que Miller savait tout cela.
J’ai lu une anecdote sur le marketing DC en 2001. DK2 était la sortie la plus attendue. La presse en avait fait ses choux gras. Les rares critiques qui avaient pu jeter un aperçu sur le premier numéro n’ont pu le faire que dans les bureaux de DC Comics, sous surveillance. J’imagine leur tête et finalement celle des lecteurs quand ils ont vu la cover puis le contenu. Miller a encore frappé.
Fletcher A, Urban fut le premier à proposer des versions n et b mais sur cet opus il n’y a que la version us sans couleurs
https://www.dccomics.com/graphic-novels/the-dark-knight-strikes-again-2001/batman-noir-the-dark-knight-strikes-again
Merci, à mettre dans une grosse liste de futurs achats pour compléter mon étagère Frank Miller.
Au passage je viens de relire l’édition N&B de DKR par Urban, et je reste complètement sur ma faim. Ces planches couleurs « photocopiées » cela ne fonctionne pas. J’ai même repris mon édition Delcourt, donc couleur, pour l’occasion.
J’avais vu quelques planches en noir et blanc de TDKR à l’exposition sur les super-héros du Musée d’art ludique et avais été assez déçu aussi – mais à tort. Miller n’est simplement pas un de ces auteurs académiques dont les crayonnés sont des oeuvres d’art, sa force vient de son énergie et de son inventivité séquentielle, et en cela, ses dessins sont plus des vecteurs (destinés à la couleur pour en renforcer la portée) que des sources d’admiration en eux-mêmes. Peut-être frustrant à notre époque où le noir et blanc est à ce point remis en avant, au point de sortir des comics colorisés par Stewart ou Bellaire en supprimant leur contribution.
Bonjour Siegfried,
oui compliqué le noir et blanc. Surtout quand j’ai juste à côté de ce DKR l’artisan edition de DAREDEVIL BORN AGAIN. La comparaison est frappante et pas à l’avantage de l’éditeur français.
Intéressant ta réflexion sur Miller et la couleur. Sin City est pensé en « noir et blanc » mais qu’en est il du reste de sa production ? L’édition N&B de BATMAN YEAR ONE toujours chez Urban (donc « photocopier ») passe mieux, surement car l’approche de David Mazzucchelli est différente
ah cette edition Urban, l’un de mes rares « gros coups de gueule »
http://philcordier.blogspot.com/2014/04/urban-point-noir.html
Alors qu’en fac similé le n et b de DKR fonctionne TRES bien
Je me rappelle bien ton entrée. Sur Buzz Comics on avait eu un débat similaire.
Bravo, donc!
DKSA est un comics que je n’ai pas réouvert depuis son achat, al déception primale ayant été tellement grande.
l’épure du dessin, on peut tourner autour du pot 100 fois et essayer de trouver des excuses de styles, mais clairement, Frank Miller bâcle le dessin. beaucoup d’artistes passent par là et lire MU de Pratt, c’est pas du tout du même niveau que les BALLADE DE LA MER SALEE… ensuite l’histoire est un bordel sans nom.
Je me souviens avoir échangé avec Doop à ce sujet, lui aussi décortiquait le récit en deux temps, où le 11 septembre venait tout changer.
la chute pleine de désillusion et d’un sentiment de deuil et d’une doubleur sourde surgissent dans le dernier segment après une révolution rock ‘n roll assez « pulp-punk »…
Je n’accable pas Miller et sa colère des évènements qu’il n’a pas su digérer. il a expurgé sa haine/douleur/colère avec de l’encre, une solution assez saine quand on y pense.
Salut Eddy,
il y a en effet une rupture, un changement de ton, entre le troisième et dernier numéro et les deux précédents. Etrangement, Miller n’ayant pas complètement digéré cela donne un numéro mieux équilibré, le passage sur le 11/09/2001 étant très sobre, le couple Miller/Varley signant des planches plus en adéquation avec le niveau qu’ils ont et attendu. Côté narration également.
Tout a fait d’accord avec toi sur le côté catharsis qu’a du avoir DK2 pour Miller.
Bel article sur une BD que finalement je n’ai jamais lue. La laideur première des dessins, leur côté caricatural et criard m’ayant fait refermer le bouquin à chaque feuilletage. Puis, plus tard, lorsque par exemple Présence relevait le côté « déclaration d’amour » aux super-héros classiques, ce n’était pas non plus un argument qui allait me donner envie… 🙂
A bien y regarder, il y a quelques dessins puissants, mais aussi d’autres complètement rédhibitoires, tel celui où Miller mélange les styles avec le manga. Immonde (à l’image de la BO, ou l’inverse ! 😀 ).
Belle analyse en tout cas. Toute en profondeur. Comme on les aime chez Bruce Lit.
Bonjour Tornado
enfin on me parle de la BO 🙂 … quitte à rester dans le nawak, autant y aller.
Intéressante analyse d’un comics que je n’ai pas lu. Et que je ne lirai pas.
Pour moi, outre le côté très laid des dessins, ça semble être un comics trop « coincé » dans son contexte de publication.
Intéressant si on connait Miller, si on comprend l’influence du 11 septembre qui est venu perturber l’intention première de la « farce ». Mai au final c’est surtout un gros bordel le résultat. Incompréhensible sorti du contexte, et complètement bancal en tant qu’oeuvre car pas du tout intemporelle. Au contraire, hyper dépendante du contexte de publication.
Impossible de s’immerger dans un univers fictif du coup, c’est davantage une histoire sur Miller que sur les trucs dessinés dans les pages.
Bonjour Matt,
Incompréhensible sorti du contexte, et complètement bancal en tant qu’oeuvre car pas du tout intemporelle. Au contraire, hyper dépendante du contexte de publication. en effet et complètement en phase avec un de mes arguments à savoir un retour à l’âge d’or, des comics pop et fun. Finalement la majeure partie de la production de comics s’apprécie au moment présent. Combien de fois nous nous sommes fait la réflexion qu’un comics des années 60 ou même 80 (le côté verbeux d’un Claremont) était devenu illisible, dessins comme narration.
DK2 n’est pas une œuvre majeure. Je reste persuadé que Miller ne l’a jamais envisagé ainsi (à l’époque Miller c’est encore Sin City et la publication de 300 n’est pas si loin).
Au delà des techniques qui vieillissent (je suis fan de vieux cinéma donc je sais remettre dans le contexte…et lire de vieux trucs^^), le problème ici c’est qu’entre le début et la fin du comics, ça semble se contredire. A cause du 11 septembre qui est venu calmer la farce. Du coup ça ne semble pas tenir debout en soi, en tant qu’oeuvre.
Ah mais très bien, j’aurais davantage dû faire confiance à la Bruce Lit Team, c’est du très bon travail, qui fait quelques rappels salutaires sur Miller et se permet enfin de lire TDKSA plutôt que de le condamner sans l’avoir lu comme beaucoup, bref tout à fait en écho avec mes propres analyses du comic dans mon essai sur le chevalier noir. Je ne suis simplement pas d’accord avec le terme de farce, à mon avis réducteur pour une œuvre aussi baroque dans son mélange des genres et des tons, mais à la forme et au fond souvent très sérieux – mais comme je suis d’accord avec tout le reste, j’imagine que c’est juste un pinaillage sur le sens que nous donnons au mot – et sur la note, curieusement moyenne après un aussi judicieux plaidoyer ne relevant réellement aucun probleme. On vous attend sur l’excellent ASBaR maintenant 😉
Oh, le ALL STAR BATMAN AND ROBIN… Je n’arrive pas à le détester ! J’ai entendu dire qu’il était le préquel à TDKR et TDKSA. Vrai ?
Le TDKSA, je fais partie de ceux/celles qui ne l’ont jamais lu (mais je n’ai pas lu TDKR non plus…)… Les couleurs m’ont pété au visage, j’ai juste lu la mort de Dick Grayson…
Fletcher, j’aime ton idée d’essayer de réhabiliter une œuvre détestée de la majorité et d’essayer d’y donner du sens. Bien joué. Mais pas sûre de passer le cap pour autant !
Quand on est fan d’un auteur, on se pense parfois en phase avec lui, et on a parfois tendance à acheter ce qu’il fait en automatique…. ALL STAR BATMAN AND ROBIN m’a guéri de ce reflexe… j’ai commencé, oublié d’acheter la suite tellement c’était passionnant et revendu… comme c’est même pas fini, j’ai bien fait je pense….
Kaori, vu ce que Miller fait de Dick Grayson ici, épargne-toi cette lecture… Par contre tu dois lire TDKR. Et YEAR ONE 🙂
Bravo pour l’article. Je n’ai jamais rejeté DKSA, je l’ai lu très jeune et très tôt après DKR. Découvrir cela ado a pu permettre de fluidifier ce discours pulp punk qui alors me parlait beaucoup.
Mais bon, c’est vrai que ce n’est pas beau à regarder.
Merci Benjamin,
je sais que tu as apprécié DK3. A bientôt pour en débattre ?
Si il est une œuvre controversée c’est bien celle là.
😀😀😀.
Tout simplement parce que l’auteur n’est autre que FRANK MILLER et qu’il nous avait habitué à mieux.
La leçon que je retiens de tout cela est:
On a beau être un auteur d’exception s’appeler MILLER, MOORE ou GAIMAN ou peut aussi faire de la m….
Lorsque ce recueil est sorti je suis allé direct en librairie. DKR m’avait tellement époustouflé que je ne pouvait pas rater sa suite .
Quelle déception 😞.
Je ne reviendrai pas sur le pourquoi…je crois que les déçus ont compris et que les indulgents manquent d’objectivité à cause de l’auteur.
Rien ne va dans cette œuvre… ni le scénario ni les dessins.
Ce bouquin a vite disparu de ma bibliothèque…alors je ne sais pas si je l’ai vendu…si je l’ai donné…si je l’ai jeté…
Il y a des œuvres comme ça …elles me déçoivent tellement qu’elles disparaissent de ma bédétheque sans que je sache pourquoi.
Cependant ton article m’a donné envie de lui donner un seconde chance. Je veux bien retenter une lecture de la version en noir et blanc, si j’arrive à trouver le bouquin dans une médiathèque.
Hors de question que j’achète ce truc bien sûr 🙄.
La BO : Entêtant 😩
Il est vrai qu’il faut beaucoup de courage pour défendre ce DK2 ! Bravo à toi 😉
J’avais acheté les comics à l’époque (qui coûtaient super cher soit dit en passant) et j’avais lâché l’affaire très rapidement tant je n’étais en phase ni avec le discours ni avec les dessins (les traits les plus hideux que j’ai vu … jusqu’à Holy terror !) J’avais l’impression que Miller ne s’intéressait lui même plus à son propre sujet (ou alors c’est sa maladie qui l’empêchait de dessiner correctement… je l’ignore).
Bref je l’avais assimilé à du foutage du gueule ni plus ni moins.
Ton article me donne au moins envie de lui accorder une seconde chance. On verra si je mets la main dessus quelque part…
Bonsoir Patrick,
HOLY TERROR : graphiquement c’est clairement au dessus de DKSA. Comme indiqué cela aurait du être dans la lignée du Dark Knight. Non le problème c’est le Miller en colère qui n’arrive pas à se retenir, à mettre de la distance entre l’homme et l’artiste. C’est un album qu’il m’arrive de feuilleter car c’est beau. J’ai du le lire 2 fois. Je n’ai pas trouvé cela intéressant, médiocre et décevant au niveau du script. Petit joueur sans aucune nuance. Mais oui les planches de Miller sur HOLY TERROR me plaisent.
C’est marrant que je lise cet article quelques semaines après avoir écrit sur Matrix 4. J’y retrouve l’importance des attentes du fan.
DKR est une de mes oeuvres cultes. Fut un temps où je pouvais même réciter certains passages par coeur, comme le duel entre Bats et le Mutant Leader, dont j’avais tiré une chro pour le blog…
DKR est un des premiers récits batmaniens que j’ai lus et celui qui m’a le plus marqué.
Lorsque la suite a été annoncée, Miller, c’était quand même Sin City et 300. Pour l’édition 10ème anniversaire, il avait réalisé quelques illus/pinups/covers dans un style proche de son Sin City. C’est à ce style que je m’attendais pour DKSA et la déception fut grande.
Et puis il y a la cassure entre le début, où Miller fait dire à Batman « Striking Terror, the best part of the job » et la fin, forcément marquée par l’effondrement des tours jumelles du WTC.
J’avais acheté les trois fascicules au fur et à mesure de leur sortie et je les ai quand même gardés. Mais quand la suite, Master Race, et les one-shots sont sortis, je m’en suis désintéressé. Je préfère garder DKR comme il est dans ma tête.
Merci de t’être attaqué à DKSA, tu proposes un avis assez équilibré qui va au-delà du « c’est moche/c’est décevant/c’est fait exprès ».
Merci JP.
c’est moche/c’est décevant/c’est fait exprès : tout ce que je déteste lire.
Ce qu’il faut savoir : Fletch a bouclé cet article vendredi pour être publié aujourd’hui. Il commence à comprendre qu’ici on n’est pas chez les grecs mais bien chez Bruce Lit !
Merci énormément pour cette review complète qui correspond à une réhabilitation d’un mauvais album avec mise en relation avec le reste de l’oeuvre. C’est un exercice que j’aime beaucoup, notamment en ce moment avec mes albums des Stones.
Pour moi DKR ne méritait pas de suite. Raison pour laquelle j’ai toujours refusé d’y aller.
Mais Frank Miller me passionne trop pour que je fasse l’impasse là dessus. Je vais probablement me lancer dedans grâce à toi Fletch et ce malgré la présence des Héros DC dont je me fous éperdument.
Pour le coup je te pardonne ton épouvantable BO.
Bonsoir Bruce, ce fut un plaisir, réellement. A 1 jour près j’aurais pu proposer le BATMAN-CATWOMAN SPECIAL, le comics hommage à l’immense JOHN PAUL LEON. Donc à l’opposé on a le droit au Miller de DKSA à la place.
Ce n’était pas cet article que j’avais en tête sur la semaine Batman mais comme DKSA était dans ma pile de lecture, l’occasion fait le larron. Cela m’a permis également d’avoir une lecture différente, de voir ce que je n’avais pas vu les premières fois. Miller ne laisse pas indifférent. Finalement 3 étoiles c’est bien.
Merci de votre réception, je dois dire que j’appréhendais un peu, surtout quand j’ai vu ce matin que c’était moi qui ouvrait la semaine.
Pour la BO, je vais y arriver. J’en avais pré sélectionné 4 et mécontent de ces choix j’ai choisi en effet la pire, volontairement, comme pour aller plus loin dans la farce qui ouvre l’article dès le titre.
Au contraire ! Il faut embêter Bruce au niveau des BO ^_^
Au début, j’étais super timide et je me mettais plus la pression sur les BO que sur l’article, tellement l’aspect musique fait partie de l’ADN du blog. Puis finalement, je me suis dit que si ça titille le Boss, c’est encore plus drôle XD .
Et puis ça me change des BO que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam…
En tout cas, bravo pour la rapidité et la qualité de ton travail ! On voit que vous avez été à bonne école, JB et toi !
Je viens de la lire. Je comprends tout le ramdam qu’elle a pu faire. Je n’ai pas été bluffé, je n’ai pas trouvé ça génial, mais je respecte les volontés de son auteur qui torture tous ses personnages et le medium même du comic pour en faire une parodie, laisser libre cours à toute son imagination, à ses fantasmes. Il n’y a presque pas de décor, presque pas de lien entre chaque séquence, il y a de l’abus d’effets numériques qui soulignent la fausseté de toute cette histoire, où rien n’a de sens dans la représentation, ou tout devient conceptuel. La narration vient souvent des soi-disant animateurs télé et micro-trottoirs.
Au départ, entre la préface et le texte de présentation par Vicky Vale, ça part mal, c’est le Miller revendicatif, obsédé par les ubermensch, et puis son discours se lisse, même si on n’y croit pas, mais la métaphore est limpide. On pourrait presque croire que c’est complotiste. Mais il est un peu visionnaire sur les réseaux sociaux, on sent que Fight Club est passé par là, qu’il réfléchit beaucoup, et il balance tout ça comme il le sent. Un peu comme la partie centrale du dernier Sin City (un de ses meilleurs pour moi) mais sur 150 planches.
L’autre chose étonnante, c’est qu’en déformant totalement sa bd, il se base presque sur son TDKR à l’envers, il commence par la fin de son histoire précédente et remonte peu à peu avec des passages communs, au début de l’histoire précédente. Le tout est très déroutant, pas forcément réussi, mais interrogateur et finalement original.
Maintenant je vais lire ton article Fletcher.