Walking Dead 31 : Pourri jusqu’à l’os par Robert Kirkman, Charlie Adlard, Stefano Gaudiano
Article de PRESENCE
VO : Image Comics
VF : Delcourt
Ce tome fait suite à NOUVEL ORDRE MONDIAL (épisodes 175 à 180) qu’il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 181 à 186, initialement parus en 2018, écrits par Robert Kirkman, dessinés par Charlie Adlard (qui a également réalisé la couverture) et encré par Stefano Gaudiano, avec des nuances de gris appliquées par Cliff Rathburn.
Pamela Milton (la gouverneure du Commonwealth) reste sans voix devant le spectacle de la mer qu’elle contemple depuis une élévation de la communauté d’Oceanside, avec Rick Grimes à ses côtés. Elle ignore une remarque trop prosaïque de Maxwell Hawkins. Puis Grimes l’emmène voir Pete, le cuistot. Au Commonwealth, Michonne annonce la nouvelle à Elodie, à sa savoir sa décision quant à la proposition de Lance Hornsby de s’installer sur place. À Hilltop, Carl Grimes fait la connaissance de Joshua, un adolescent de son âge, nouvellement arrivé, dont les parents sont en train de passer les entretiens avec les responsables de la communauté. À l’intérieur d’un bâtiment, Maggie Greene discute avec Aaron et Paul Monroe (Jesus). Ils évoquent le fait que les parents de Joshua sont restés quelques temps avec les Chuchoteurs, la certitude de la mort de Beta, la rapidité de la reconstruction de Hilltop.
La délégation du Commonwealth a repris la route et Juanita Sanchez (Princess) en profite pour remercier Rick Grimes de l’avoir acceptée aussi rapidement dans leur communauté. Il est toujours autant déstabilisé par son babillage incessant. Un peu en avant, Dwight signale l’arrivée d’une harde de zombies. Rick Grimes prend la tête des opérations et requiert l’aide de Mercer et de ses soldats du Commonwealth. Après une courte discussion, Mercer accepte et les cavaliers dépassent la harde pour capter son attention et changer sa direction pour s’assurer qu’elle ne se dirige pas vers Oceanside. Contrairement à la consigne qui lui avait été donnée, Pamela Milton demande à son cocher de suivre les cavaliers et de rapprocher son attelage des zombies. Le tour des sites des communautés de Grimes continue par le Sanctuaire sous la responsabilité de John, puis par le Royaume toujours sous la responsabilité de William. La visite guidée se termine par un bref séjour à la communauté Hilltop, où Rick retrouve son fils.
En finissant le tome précédent, le lecteur savait que c’était plié : depuis le début, Rick Grimes a œuvré pour construire une société plus juste que la précédente, à l’opposé de celle du Commonwealth rétablissant les individus dans leur position sociale précédente. Il ne fait donc pas un pli que la simple présence de Rick Grimes dans la cité du Commonwealth va provoquer des remous et que cette incompatibilité politique va se solder par un affrontement. Sans surprise ce tome confirme la chose, mais pas du tout comme le lecteur pouvait l’imaginer. Comme à leur habitude, Robert Kirkman & Charlie Adlard se montrent bien plus intelligents que ça et en même temps bien plus directs. Avec la découverte du Commonwealth, la série a franchi un nouveau palier, et la civilisation a fait un bond en avant. Au sein du Commonwealth, tous les biens de consommations semblent à nouveau disponibles, ainsi que des appartements et des maisons de haut standing, avec électricité et appareils ménagers.
Côté communautés reliées à Alexandria, le commerce a repris entre ces embryons de cités états toutes inféodées à la vision de Rick Grimes, avec une autonomie plus ou moins importante. La menace zombie semble jugulée pour ne plus apparaître qu’épisodiquement. Dans ce tome, elle permet à Rick Grimes de tester son ascendant sur les forces armées du Commonwealth, à Michonne de faire une démonstration de son habileté au sabre devant un membre de sa famille qui n’en revient pas, et à Pamela Hamilton de prouver qui est la cheffe. Le lecteur a droit à un dessin en double de page d’une harde de zombies en train d’avancer, ne faisant plus trop peur. Il se rappelle que le terme de morts marchants avait également été utilisé par Rick Grimes pour désigner les individus ayant survécu.
Le lecteur sait bien que les auteurs prendront le temps qu’ils veulent pour arriver à la phase de conflit inéluctable entre Rick Grimes et le Commonwealth. Il prend son mal en patience en suivant le cortège de la gouverneure faire le tour des cités d’Alexandria : Oceanside, le Sanctuaire, le Royaume, Hilltop, Adlard et Gaudiano réalisant des arrière-plans où le lecteur reconnaît immédiatement les 2 caractéristiques principales de chacun de ces lieux. Il observe les manœuvres de Milton et de Grimes pour s’impressionner l’un l’autre et faire la démonstration de leur force de manière déguisée. Le scénariste entremêle des scènes tirées d’autres endroits avec d’autres personnages pour donner des nouvelles de plusieurs personnages.
Dès la première, la paranoïa du lecteur se manifeste sans demander la permission. Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’un couple avec leur fils qui ont vécu un temps avec les Chuchoteurs ? Pourquoi Maggie Greene est-elle si inquiète à l’idée que plusieurs d’entre eux aient pu survivre ? Que va penser Pamela Milton en écoutant l’histoire de Negan racontée par Rick Grimes ? Pourquoi Maggie Green se montre-t-elle agressive vis-à-vis de Pamela Milton ? Pourquoi Eugene Porter se pose encore la question de l’effectif de la population du Commonwealth ? Le babillage incessant de Juanita Sanchez cache-t-il quelque chose de sinistre ? Carl serait-il tenté de tromper Lydia dont le lecteur se souvient que la personnalité n’est pas forcément très équilibrée et qui a été une Chuchoteuse ? Autant de raisons de s’inquiéter. Bien sûr, le lecteur n’est pas dupe : il sait très bien que Kirkman installe ces situations équivoques pour le déstabiliser et que le moment venu, il développera la situation d’une autre manière. Mais quand même…
Ça ne rate pas non plus : Kirkman, Adlard, Gaudiano et Rathburn continuent de réaliser des visuels choquants, des scènes spectaculaires pour être sûrs de conserver l’attention du lecteur avec une image choc, un comportement inattendu. Alors que Grimes et les soldats se lancent pour détourner la harde de zombies, il se produit un événement perturbateur qui fait que 2 personnes sont entourées, puis submergées par des zombies, avec une dramatisation visuelle de la situation. Quand Pamela Milton demande à Rick Grimes s’il va poser des problèmes, il a un sourire en coin des plus ambigus. Le lecteur n’échappe à deux rivières de larmes abondantes, comme Adlard en a le secret, une pour Michonne, une pour Grimes, pour être sûr que le lecteur comprenne bien l’ampleur de leur trouble intérieur. Quand Pamela Milton revient de sa tournée des communautés, elle trouve sa ville avec un feu et de la fumée abondante. Le lecteur tique un peu devant cette coïncidence qui veut qu’elle revienne pile à ce moment-là pour être témoin de ce spectacle. Il sourit plus quand lorsque le nom de Negan est évoqué, une petite case en bas à droite de la page se focalise sur une raquette de ping-pong, évoquant son ancienne profession. Les auteurs sont toujours des maîtres dans l’art de la dramatisation, et ils n’oublient jamais qu’ils racontent avant tout un récit de divertissement.
Ce sens du spectaculaire ne les empêche en rien de se montrer subtiles et sensibles dans les relations entre les personnages, ou dans l’évolution globale de la situation. Depuis plusieurs tomes, le lecteur peut éprouver la sensation de perdre un peu d’empathie vis-à-vis des personnages. Les raisons sont multiples. Pour commencer leur nombre va en augmentant, avec un taux de renouvellement qui reste significatif. Kirkman & Adlard savent présenter de nouveaux personnages de manière à ce qu’ils s’installent immédiatement dans la mémoire du lecteur : impossible d’oublier Juanita Sanchez (mais est-elle vraiment bien dans sa tête ?) ou l’insupportable Sebastian Milton (le fils gâté de Pamela Milton). Dans le même temps, comment s’appelle la dame qui accompagne Eugene Porter ? Cela finit par revenir et Adlard et Gaudiano font en sorte dans ce tome que le lecteur n’oublie plus le prénom de Stephanie, pas simplement pour sa relation avec Eugene Porter, mais aussi une particularité totalement inattendue de sa chevelure. Le lecteur n’est pas près non plus d’oublier le nom de Mercer, le responsable des forces de maintien de l’ordre du Commonwealth. Par contre, il se rend compte qu’il avait déjà oublié Kayla et il se demande bien pourquoi elle a été intégrée dans le cercle rapproché de Maggie Greene.
Kirkman, Adlard, Gaudiano et Rathburn sont également toujours aussi doués pour représenter les scènes du quotidien et pour faire passer les émotions nuancées. Le lecteur sourit de bon cœur quand il voit Carl Grimes encourager Sophia à se rapprocher de Joshua. Il comprend le malaise de Michonne qui se rend compte qu’elle a fait une gaffe carabinée en parlant du statut de serveuse, en présence d’une serveuse. Il suffit d’un regard de Michonne pour comprendre sa confusion et le regret qu’elle ressent à avoir ainsi rabaissé cette profession. Les auteurs se montrent encore plus subtils lorsque 2 personnes croisent Rick Grimes dans une rue du Commonwealth et lui font part de leur intention d’intégrer l’une des villes d’Alexandria. Visuellement la scène est d’une banalité et d’une évidence confondantes, avec un naturel décontracté, et le visage affable de Rick Grimes. Cela fait ressortir avec acuité le fait qu’il se retourne après qu’ils l’aient quitté, attirant l’attention sur l’énormité de l’échange. Ces scènes normales font également ressortir celles qui dépeignent des moments sortant de l’ordinaire, comme le visage tuméfié de Michonne, après avoir été battue comme un plâtre. Finalement, le lecteur se rend compte qu’il ressent avec force de nombreuses émotions et qu’il éprouve de l’empathie pour l’état d’esprit de nombreux personnages. Il peut aussi compter sur Kirkman & Adlard pour le cueillir au moment où il ne s’y attend plus.
C’est à se demander comment les auteurs réussissent encore à surprendre le lecteur pourtant habitué à ces moments chocs, sachant qu’ils vont survenir, les guettant. Pourtant la fin de ce tome le surprend par un acte de violence énorme, découlant du comportement d’un personnage qui se montre agressif depuis plusieurs tomes, ne réussissant pas à gérer ses difficultés à se conformer aux exigences sociales d’Alexandria, c’est-à-dire une évolution organique sur le long terme. Dans le même ordre d’idée, Kirkman dépasse les attentes du lecteur en ce qui concerne la dimension politique du récit. Avec le Commonwealth, le retour à une civilisation moderne est déjà entamé, y compris par le rétablissement de catégories sociales, avec des individus bénéficiant de plus d’avantages que d’autres en fonction de ce qu’ils apportent à la société instituée. Le lecteur s’attend tout naturellement à ce que Rick Grimes manifeste sa désapprobation quant à cette société inégalitaire et injuste, contre cet état policier dans lequel les forces de maintien de l’ordre sont casquées de sorte à ce que le visage et les yeux des policiers ne soient pas visibles. En outre, Pamela Milton a opté pour un état policier, avec un maintien de l’ordre pouvant s’avérer violent, évoquant une forme de répression des citoyens. C’est plié.
En fait, la situation est beaucoup plus nuancée et compliquée que ça. Depuis le départ, Rick Grimes est le compas moral du récit, et il ne se conduit pas comme les autres l’attendent. Il y a donc peu de chances qu’il prenne la tête d’une potentielle rébellion. D’ailleurs, Robert Kirkman joue habilement sur la réalité du degré d’insatisfaction des citoyens du Commonwealth. Son scénario joue adroitement sur la différence qui existe entre se résigner à son sort, ou l’accepter.
Certains citoyens refusent de se soumettre à une autorité policière ; d’autres se souviennent de leur vie avant le Commonwealth et ont bien conscience de la sécurité que leur procure cette société. Il y a alors un jeu entre le lecteur et les auteurs, de savoir quel est le degré de mécontentement de ce peuple et s’il est suffisant pour inciter les individus à passer à l’action. Ce pan du récit questionne directement le lecteur sur sa propre attitude vis-à-vis de la société dans laquelle il vit, de son acceptation des inégalités et des injustices, de l’imperfection du système. Kirkman continue de jouer sur l’ambiguïté de ce que montre Adlard. Quand Pamela Milton rejoint Grimes dans la rue pour aider à ramasser les déchets, est-ce sincère, ou est-ce un comportement démagogique à seule fin de redorer son image ?
La finesse du discours politique de Robert Kirkman ne se limite pas à mettre en scène la tolérance de l’individu vis-à-vis des imperfections de sa société. Il place également Rick Grimes dans une position très inconfortable. Au-delà de ses valeurs morales, il se retrouve à questionner les actions et les choix de Pamela Milton qui a été élue par un peuple, alors que lui-même a pris le rôle de meneur par la force des choses, dans un état d’urgence, sans démarche démocratique. Il est devenu le responsable d’une communauté parce qu’il était le plus à même d’assurer sa survie, et parce que la tentative de prise de décision par comité s’était soldée par un échec. Il n’en reste pas moins que sa légitimité de représentant du peuple n’est pas aussi bien établie que celle de Pamela Milton. Dans ces conditions, toute démarche qu’il voudra entamer à son encontre relève plus d’une forme de coup d’état par la force que d’un processus démocratique.
Tome après tome, les auteurs démontrent leur capacité épatante à réaliser un récit de divertissement intelligent. Charie Adlard & Stefano Gaudiano sont passés experts dans l’art de doser leurs effets, allant de la mise en scène naturaliste, à la dramatisation intense. Robert Kirkman poursuit son ambitieuse œuvre politique, sans sacrifier à la dimension humaine et émotionnelle de son récit.
——
Laisse moi te parler politique !
Je n’ai pas vu le clin d’oeil à Negan et sa raquette de Ping Pong !
Deux hypothèses : trop pressé de lire le trade comme chaque 6 mois
ou
trop impatient de te le filer (ce qui m’évite de faire la review…)
J’ai adoré ce volume et reste impressionné par la capacité de Kirkman à continuer une histoire commencée il y a si longtemps. Tu analyses bien le (nouveau) dilemme dans lequel Rick Grimes est piégé. Et on sent que tu tu l’aimes bien Juanita 😉
Je note enfin que Kirkman donne à Pamela le nom de Milton, l’auteur du PARADIS PERDU et célèbre pour avoir écrit sur.. le Commonwealth !
La raquette de ping-pong apparaît dans une case en bas à droite, quand Pamela & Rick papotent dans la communauté Sanctuary. Juanita : un personnage assez récent, intégré très rapidement dans le cercle rapproché de Rick, avec un comportement imprévisible qui permettra au scénariste de faire des révélations choc et énormes quand bon lui semblera… et ça marche quand même. Il est fort.
Merci pour la précision culturelle pour John Milton car je ne me suis jamais intéressé à lui. Effectivement, le choix du patronyme Milton ne peut pas se limiter à une coïncidence pour la dirigeante du Commonwealth. Cela vient renforcer l’impression que Robert Kirkman dispose d’une réelle culture politique.
Ah ! Ça y est, je peux recommencer à lire des articles sur WD.
J’avais arrêté parce que je me faisais tout le temps spoiler la série TV. Mais j’ai décidé d’arrêter de la regarder après la saison 8 (et la chute de Negan). C’est trop long à présent. Cela fait 8 ans que je m’inflige ce calvaire apocalyptique éprouvant. Il était temps que ça s’arrête (la saison 8 et le combat Rick/Negan étaient interminables, en plus). Du coup, ma femme est tellement accroc qu’on a décidé qu’elle continuerait la série sans moi ! 😀
Plus ça va, et plus le comics et la série TV semblent prendre une orientation différente (Carl meurt dans la saison 8). J’en ai définitivement terminé avec cet univers. Du coup, je me contenterais de lire les articles du blog pour me tenir au courant. 🙂
Ha ha ha, comment tu spoiles :-D.
Ici on reste sur la série, on verra la saison 9 quand tous les épisodes seront disponibles (mon homme déteste l’attente entre épisode).
Bon, j’ai lu la review et j’ai rien compris, ne lisant pas le comics, j’ai voulu cliquer sur le lien avec le nouvel ordre mondial, mais ça ne marche pas…
@Kaori : le lien est rétabli.
J’ai rien compris – Ayant écrit un article pour chaque tome, il est vrai que je ne dispose plus du recul nécessaire pour apprécier s’il peut être intelligible par des néophytes. C’est devenu des articles qui forment une série à suivre. 🙂
C’est ça, il faut que je retrouve les 30 articles précédents (ce que je n’ai pas réussi à faire :/).
Pas grave, je trouverai le temps, un jour ;-).
Impossible d’arrêter la série Comics tant que mon dealer me fournit gratuitement (merci Bruce). Je sais bien qu’il y aura un prix à payer tôt ou tard, mais la libération de sérotonine que provoque cette lecture n’a pas de prix. 🙂
La mort de Carl : une preuve supplémentaire qu’une adaptation (comics -> TV) ne peut pas être fidèle si elle veut être viable dans un autre média. J’imagine que ça doit quand même rester compliqué pour le créateur de lâcher prise sur sa création, de la voir devenir autre chose, d’acquérir une notoriété sans comparaison possible en TV/cinéma, alors qu’il s’agit d’un produit dérivé, d’une interprétation faite sur mesure, selon des spécifications pour partie industrielles… mais ça rapporte.
Les considérations politiques de ce tome me font penser au Discours sur la Servitude Volontaire de La Boétie… Se soumettre à une autorité, concéder une certaine perte de liberté en échange d’une part de sécurité, c’est un choix commun à tous les peuples…
Sur le comicbook proprement dit, 31 tomes et toujours pas fini… Nan, je vois pas trop comment je pourrais m’y mettre… Pas le temps, pas la place, pas l’envie (zombies).
Du coup, merci Présence, pour tes reviews qui me donnent un vernis de connaissances sur la série sans avoir à la lire !
Mince : après John Milton, voilà Étienne de La Boétie ! Encore un commentaire de plus et on passe à Alexis de Tocqueville. La nature politique de ce comics se confirme, ainsi que la consistance du propos de Robert Kirkman qui ne se contente pas d’aligner des idées prêtes à penser.
« C’est plié » oui c’est ce qu’on se dit, mais comme tu le soulignes, c’est plus compliqué que ça. En tout cas, en terme de divertissement, c’est toujours d’un sacré bon niveau, et la tension repointe le bout de son nez. Ils sont forts !
La BO : un Korn que je ne connaissais pas. Pas terrible.
Ils sont très, très forts. Même en voyant une partie des ficelles, même en m’attendant aux révélations fracassantes, aux situations dramatiques exacerbées, même en voyant les trucs et astuces pour mettre ne place des situations instables et risquées, je suis pris par surprise et l’empathie avec les personnages fonctionnent. Paradoxalement, ils donnent l’impression de faire le pari du peu d’attention du lecteur (donc ils font inclure des moments énormes) et de son intelligence (évoquer les enjeux politiques souvent théoriques).
C’est exactement ça. On voit les ficelles, on voit les changements un peu trop soudains qui vont mener à une grosse scène marquante… C’est marrant car deux « nouveaux » personnages (le couple lesbien) ont exactement cette discussion dans le tome :
– Et s’il n’y avait pas de guerre ? Et si tout ça ne débouchait pas sur un conflit ? C’est possible aussi, non ?
– Ce serait chouette, mais tu sais comment ça se passe. Les périodes calmes… c’est juste une fçaon de tuer le temps entre deux moments d’horreur.
– Ouais. C’est seulement une question de temps.