Poison City de Tetsuya Tsutsui
Par BRUCE LIT
VO : Shūeisha
VF : Ki oon
Des spoilers mineurs ne devraient pas venir vous empoisonner la lecture de cet article.
Poison City est une histoire complète en deux volumes écrite et dessinée par Tetsuya Tsutsui. Il s’agit d’un récit à forte connotation autobiographique racontant les démêlés de l’auteur avec la censure japonaise. Les deux volumes publient d’ailleurs l’historique complet de ces déboires judiciaires encore au cours.
Le sens de lecture est japonais.
Avec des classiques indiscutables comme Manhole ou Prophecy, Tetsyua Tstutsui fait partie avec Urosawa et Masé des maîtres du thriller nippon et donnait l’impression que rien, absolument ne pouvait venir brider (sic) l’inventivité de ces mangaka. Jusqu’à Poison City. Un véritable Pamphlet de son auteur contre la sottise, la lâcheté des éditeurs et surtout une censure que l’on imaginait pas au Japon.
Le pitch : En 2019, au Japon est votée une loi visant à protéger le jeune public de mangas pouvant choquer par leur contenu violent et sexuel. Autrement dit, un comité de lecture ne connaissant rien à la bande dessinnée détient le pouvoir de vie et de mort sur ces sans oublier celui des auteurs envoyés en rééducation pour apprendre leur responsabilité envers le public.
Tout commence avec un meurtre atroce, celui d’un enfant torturé et étouffé dans un sac en plastique. Lors de l’enquête de police, il s’avère que le coupable était un fan de manga violent. Il n’en faut pas plus aux autorités pour jeter l’opprobre sur toute la profession et le responsable dudit Manga. L’argument est simple : si le Manga n’avait pas mis en scène la mort d’enfants maltraités, ce meurtre n’aurait jamais eu lieu. La fameuse loi de sécurité est votée : les Mangaka sont contraints de modifier leurs planches, d’édulcorer leurs travaux et de visionner pendant des heures des vidéos d’enfants victimes de viols pour comprendre la portée de leurs actes.
Notre héros s’appelle Mikio, un jeune Mangaka de 35 ans. Il s’apprête à lancer une histoire d’horreur et de zombies appelé Dark Walker quant il apprend que son histoire est jugée nocive. Après les premiers compromis (violence édulcorée, pages supprimées, intrigue modifiée), Mikio va devoir faire un choix : se soumettre aux autorités pour vivre en paix ou rester fidèle à son idéal de créateur libre. Tout au long de ses mésaventures, Mikio va rencontrer des Mangaka brisés et repentis, un éditeur américain qui va lui raconter Frederic Wertham et l’auto-censure des Comics américain (égratignant au passage le côté lisse et politiquement correct des héros Marvel et DC) et défendre ses convictions lors d’un procés Kafakaien : comment expliquer une scène d’horreur devant des experts puritains, méprisants et inculte ? Justifier qu’il est possible de dessiner la sensualité d’une femme alanguie sans être responsable d’un appel au viol ? Qu’un conteur doit être capable d’écrire sur l’inceste sans engager sa caution morale…..
Vous l’aurez compris, Poison City est une oeuvre engagée d’un homme en colère. Tsustui a en effet appris des années après la sortie de son Manhole, que son ouvrage avait été retiré des ventes car trop dangereux ! Les chiffres sont aberrants : cette commission existe réellement au Japon. On y dissèque en une heure le contenu d’une trentaine d’ouvrages, soit quelques secondes pour chaque bouquin, où des post-its sont machinalement scotchés sur des pages jugées trop obscènes, sanglantes, horribles sans avoir lu la moindre ligne de l’histoire ni le contexte de la création. Manhole est considérée au japon comme oeuvre néfaste depuis 5 ans, tout comme des gravures érotiques datant de l’ère d’Edo (le 17ème siècle japonais) classées pourtant au patrimoine culturel japonais !
Dans ce jeu de Tartuffe, Tsutsui reprend la dialectique de Civil War qui partait aussi de la mort d’enfants pour réglementer à outrance les agissements des héros de la culture comics. Mais alors que le Crossover de Millar trahissait progressivement son pitch audacieux pour verser dans de la baston bas du front (national), Tsutsui se lance dans une dénonciation passionnée et passionnante de l’entrave à l’expression culturelle. Où la mort d’innocents est toujours le prétexte à une perversion politique visant à annihiler jusqu’à la mémoire des victimes.
Les attentats de Charlie ? Des journalistes anars érigés en martyrs par leurs adversaire avérés de leur vivant.Les rockers du Bataclan ? Des symboles repris par le Front National qui déteste cette jeunesse hédoniste et branchée pour donner lieu à ce débat répugnant sur la déchéance de nationalité et l’émergence décomplexée du racisme ordinaire.
La lamentable sortie récente d’un démagogue même pas raciste sur Asterix l’a rappelé : l’art populaire sera toujours, au mieux une caution morale pervertie par des minables qui n’y connaissent rien, au pire accusé de toutes les tueries menées par des déséquilibrés de tout poil. Dans Poison City, on se sert d’un manga sur le chevet du tueur pour tous les interdire au Japon. Ce qui aurait autant de sens de fermer tous les Mc Donald’s, si un type massacrait une école avec une chemise Ronald Mc Donald…
Dans tous les cas, le résultat est le même : la tuerie n’est qu’un prétexte pour se débarrasser de tout ce qui peut constituer pour le peuple une source de subversion, de divertissement, d’insoumission à la stupidité de ces dirigeants qui se torchent en temps ordinaire avec la souffrance de ces administrés.
Tsustui rappelle cet axiome angoissant : il aura suffi du torchon de Wertham, d’un seul homme, pour convaincre tout un pays de la nocivité des Comics-Books dans les années 50; Pour entraîner des enfants à brûler en chantant les oeuvres de dessinateurs aujourd’hui respectables. Ou en France d’obliger des artistses comme Mitton ou Frisanno à retoucher les planches de Kirby ou Miller. Tout comme les disques des Beatles après la déclaration de Lennon sur Jesus. Ou le Rock, le Rap, la TV, le Cinéma ou les Jeux Video. La dernière partie de Poison City évoque ouvertement le procès de Bill Gaines comme modèle de résistance à la censure. Ou plutôt l’autocensure, soit la capitulation d’un art et son automutilation. Puisque le Comic Code Authority était l’oeuvre des maisons d’éditions américaine.
Notre auteur n’oublie pas de donner des arguments pertinents aux censeurs qui se basent toujours sur le bien être collectif pour justifier de leur violence. Ce que déjà Rousseau dénonçait dans son Contrat Social : Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. Une perversion qui se transforme ensuite en devoir d’obéissance.
Poison City est un vibrant plaidoyer pour la liberté d’expression mais aussi pour une lecture responsable de lecteurs qui devraient aussi monter au créneau pour défendre leurs passions. Poison City le montre assez brillamment : ces lois naissent de la peur savamment entretenus par les dirigeants. Comme le racisme ou la haine de l’Europe. Des propos que l’on aimerait taxer de simpliste ou de populiste si l’actualité ne nous en fournissait pas des exemples plus affligeants les uns que autres.
Si le propos est souvent brillant, on eut aimé que Poison City soit aussi réussi graphiquement parlant. La mise en scène est plutôt fade tout comme la personnalité du héros. Sûrement écrit sous le coup de la colère ou de l’urgence Poison City met en scène un Japon ordinaire où les décors sont absents, ce qui gâche totalement l’immersion dans cette uchronie.
Pour autant, c’est de la lecture haut de gamme, écrit avec les tripes et qui rappelle que les lois ne font plus les hommes mais que quelques hommes font la loi….Tandis que lecteurs et auteurs disposent d’un pouvoir considérable que d’aucuns voudraient détruire : l’imagination.
—–
Mais c’est (décidément) trop horrible ! » 1/6
Dans un Japon à peine imaginaire, la censure frappe les mangakas auteurs de BD trop violentes, trop sexe, trop pernicieuses. A partir de son procès (réel !) pour oeuvre nuisible, Tetsuya Tsutsui défend la liberté d’expression dans Poison City. Son plaidoyer chez Bruce Lit.
La BO du jour : la cour est si calme/Ils me lisent la liste/ de mes crimes contre l’esprit/ j’implorerai leur pardon/ qu’ils adorent prêcher/le juge n’a pas le choix/ le chanteur doit mourir/ pour les pêchés dans sa voix/ oh merci ! de me corriger/ votre vision est bonne/ la mienne ne vaut rien/pardon pour empester votre air/ avec ma chanson….
Ah ! Le voilà cet avis sur Poison city.
Je suis content que ça t’ait plu. Je n’étais pas sûr que tu apprécies dans la mesure où j’ai trouvé moi-même que ça ne m’avait pas appris grand-chose puisque je connaissais un peu cet aspect contradictoire de la société japonaise qui produit des horreurs comme les mangas hentaï à base de viols, etc…mais mettent une petite mosaïque sur les sexes en guise de censure alors que ça n’enlève rien au côté atroce du contenu. Et aussi l’aspect hypocrite du fait que des œuvres plus grand public que l’industrie porno soit autant contrôlée.
Je n’avais même pas noté les faiblesses graphiques. J’étais à fond dans l’histoire. ça ne m’a pas dérangé. Non, le seul truc c’est que j’ai quand même ressenti un aspect simplifié de cette réflexion sur la censure. L’utilisation d’un futur proche qui invente une loi plus radicale que celle qui sévit actuellement au Japon montre quand même que l’auteur veut rapidement prouver son point de vue en rendant les censeurs un peu plus caricaturaux et radicaux. Bon après…je ne suis pas bien au fait des mentalités japonaises. Mais on sent qu’en seulement 2 tomes, Tsutsui prend quelques raccourcis pour développer son propos.
Mais cela reste un bon manga, sans doute en effet écrit tout de même sous le coup de la colère et qui prend intelligemment l’exemple des américains et des super héros politiquement corrects.
Même si on sent que l’auteur ne doit pas aimer les super héros^^ et n’a pas vu les paraboles raciales dans les X-men, preuve tout de même que certains auteurs faisaient des efforts pour parler de choses intelligentes dans les comics grand public.
Hello Matt !
Merci pour ton commentaire parce que souvent je me sens un peu seul question manga. Ce sont des articles qui intéressent peu (par rapport aux comics) et souvent chiants à écrire du fait du manque de scans disponibles sur le net. Et Poison City ne fait pas exception.
//L’aspect hypocrite ; j’ai souvent eu aussi cette impression des Etats-Unis, inventeurs du porno hardcore et du snuff-movie mais qui bippe les gros mots et censure les pochettes de rock. Marilyn Manson, à l’époque où il avait encore de la cervelle, disait très justement que s’il mettait sur ses pochettes des logos aux couleurs de la Swastika pour Antechrist Superstar, son disque ne se vendrait pas pour apologie à la haine. Inversement, il prenait l’exemple d’affiches de films comme Valkirie avec Tom Cruise avec des croix gammées partout.
Je suis tout à fait d’accord avec toi : 2 tomes, c’est bien pour le porte monnaie mais pas assez pour étoffer son propos de nuances de gris. D’ailleurs, l’intrigue concernant les jeux olympiques au Japon retombe totalement dans l’oubli. Et les Super Heros s’en prennent plein la tronche, même si dans le contexte actuel (et seulement actuel), j’aurai tendance à penser comme lui.
En tout cas, j’ai trouvé la fin aussi noire que réussie et bien aimé l’approche colère froide de l’auteur.
Oui, et le dossier en fin de manga est intéressant.
On a tous de quoi reprocher aux super héros, mais là dans le manga il en parle comme des comics limite patriotiques, et on sait que ce n’était pas tant le cas que ça, malgré la violence édulcorée par le comics code puisqu’il y avait parfois des critiques de la société américaine glissées dedans.
Mais bon il s’attaque aussi aux premiers comics chez DC qui là étaient quand même sacrément niais au tout début, sans aucune volonté de parler de problèmes humains comme chez Marvel.
Je n’ai pas beaucoup de mangas mais je suis toujours preneur d’articles dessus. Parce que finalement, c’est moins facile de se renseigner dessus. Sauf si on parle des gros cartons comme One Piece en 2000 tomes.
Et je suis fan de Tetsuya Tsutsui. Prophecy mériterait un article aussi d’ailleurs^^
P.S : je suis passé voir l’article sur Manhole. Ils étaient tout petits les articles à l’époque^^
Prophecy reste une lecture coup de poing mais le temps m’a manqué pour écrire dessus il y a deux mois (naissance de mon co-héritier). C’est avec plaisir que lirais le tien si tu es bien lancé.
Manhole fait partie de la (très) vieille génération de commentaires amazon où je postais 3 à 4 commentaires par semaines. Parfois c’était argumenté et construit. Souvent, c’était fait à la va vite et non dénué d’égocentrisme pour monter dans le classement de l’époque…
De l’eau a coulé sous les ponts mais au moment de la création de Bruce Lit, j’avais besoin d’un maximum d’articles pour un blog que je pensais confidentiel : peu de textes et d’images. Les choses ont bien changées depuis, et il faudrait que je revisite Manhole un de ces quatre.
@Bruce Très bon article, je suis contente que ça t’aie plu. Même si ce n’est pas l’oeuvre la plus aboutie de Tsutsui (effectivement, 2 tomes c’est un peu court), il y a un vrai côté coup de poing, dû à cette colère de l’auteur dont tu parles si bien. On sent que le message qu’il fait passer ici lui tient vraiment à coeur, qu’il a une vraie peur pour la liberté d’expression dans son pays.
@Matt Pour le fait que l’auteur place son histoire dans le futur avec une loi plus sévère que celle actuelle, je n’ai pas eu le sentiment de le voir forcer le trait pour faire passer le message plus vite. Je pense plutôt qu’il a utilisé les ressorts classiques de l’anticipation: pousser la logique du présent pour extrapoler les derives qui pourraient en sortir à l’avenir. Mais je suis d’accord sur le fait qu’il y a un côté trop rapide à la série. Il y aurait eu matière à développer un peu plus, l’argumentaire n’en aurait été que meilleur.
Pour les ressorts classiques de l’anticipation, tu as raison. Mais ça peut tout de même être vu comme une méthode plus rapide pour mettre en place un contexte propice au développement de sa thématique. Disons que s’il avait situé son histoire dans le présent, le récit aurait surement plus souffert de sa rapidité de traitement.
Salut tout le monde,
J’avais bien aimé Manhole et vu le sujet de ces deux tomes, je sens que je ne vais pas être long à craquer. Très bonne analyse (beaucoup aimé la citation du Contrat Social) comme d’habitude.
On en reparle après lecture
Bonjour,
Un très bon article très intéressant.
J’ai bien aimé ce manga même si personnellement j’ai l’impression qu’à trop vouloir faire ressortir son histoire et son opinion sur la censure Tsutsui rend son histoire moins prenante.
Je le trouvais bien meilleur dans Manhole ou prophecy.
L’histoire aurait peut être gagnée à ne pas être écrite sur le coup de la colère.
Là j’ai l’impression qu’il veut faire passer son opinion au lecteur aux forceps, même si je suis entièrement d’accord avec ses propos.
Cela reste une très bonne lecture.
Bonne journée.
J’ai offert ce manga à mon fils qui avait bien apprécié. Du coup, ça me fait bizarre de relire un avis sur cet ouvrage, après qu’il m’en ait parlé à une ou deux reprises. De mémoire, il avait bien aimé la dimension historique sur la censure à laquelle Tsutsui s’était heurté.
J’ai tendance à être moins exigeant en termes de fréquence de présence de décors pour les mangas, parce que la forme se base sur une pagination 4 fois plus importante que celle des comics (20 pages par semaine généralement pour la production de masse).
De la déglingue de super-héros ??? Mais c’est pour moi ça !!! 😀
N’empêche, même si parfois on peut avoir l’impression qu’ils enfoncent des portes ouvertes, ce genre de récits d’anticipation pas si anticipés que ça, c’est indispensable à notre équilibre.
A mon avis, la censure est quand même indispensable, mais tout dépend du niveau de censure. Par exemple, il est évident qu’une chaine de grande d’audience ne va pas diffuser un porno au beau milieu de l’après-midi. Ou même un film d’horreur gore là où un enfant de cinq ans peut regarder.
Maintenant, si le produit concerne un public consenti, aucune censure ne me parait acceptable. La motion « interdit aux moins de tel ou tel âge » me parait suffisante. Mais dans un monde où certains parents bottent en touche et ne s’occupe plus de l’éducation de leurs enfants, pas évident de trouver le bon équilibre.
C’est ça le souci. On reproche aux œuvres des choses alors que le problème vient de l’éducation.
Parce qu’évidemment c’est bien plus facile de faire porter le chapeau à un auteur qu’à tous les parents irresponsables. Mais les dérives de ce genre de raisonnement limitent grandement la liberté d’expression et la variété des sujets qu’il est possible d’aborder dans une œuvre. Et poussent même ces gens à penser qu’une personne confrontée à la violence va devenir violente, comme si c’était super agréable et inspirant de voir de la violence. ça peut être un défouloir certes, mais qui a justement l’effet inverse de donner envie de commettre de tels actes dans la vie. Comme quand on tabasse un oreiller pour se calmer plutôt qu’aller taper son voisin.
Youpi ! du monde !
@Thierry Araud : superbe hasard, Mr Smith au sénat passe ce soir sur arte! Ce qui coïncide parfaitement avec le passage de l’article sur la manipulation politique des esprits faibles ou naïfs.
@Tornado : je ferai la différence entre censure et prévention. Ne pas diffuser de films de cul au moment où les gosses sont levés, c’est de la prévention (même si on peut diffuser par contre des pubs bien dégueulasses. J’avais bien aimé ce passage dans Watchmen où une femme croque une glace façon fellation dans une pub profitant de l’anxiété du monde pour vendre son produit via les pulsions sexuelles). Avec Internet, cela a d’ailleurs de moins en moins de sens , les gamins pouvant aller sur Pornhub jour et nuit désormais. Le porno du mois de Canal apparaît tellement inoffensif rétrospectivement…
Je ferai la différence avec la censure lorsqu’il y a taxation financière ou achat d’un produit. Là pour le coup, c’est à nous de faire un choix et j’aurai tendance à penser que c’est à personne d’autre.
Peux t’on tout contrôler ? Je me rappelle, il y a 35 ans j’étais dans l’équivalent d’un Leclerc et tombe sur un numéro de Rahan que je ne connaissais pas. Et pour cause, puisqu’il s’agissait d’un détournement porno avec notre héros en train de prendre en levrette une charmante indigène. J’étais choqué….et fasciné. La culture, c’est aussi des moments accidentels où un truc vient nous bousculer avec ce qu’on est et ce que l’on ne veut pas voir.
Je n’aime pas la censure, même lorsqu’elle frappe des gens qui me débectent. Au hasard Dieudonné. Interdit’on un spectacle ou le show d’un agitateur politique ? Ces gens là ont brouillé les lignes. Lorsque redwave poste ses nazilleries, c’est encore différent : je suis chez moi. Si un invité me casse les couilles, il sort. Point.
Tsutsui a une phrase très intéressante sur la création : il met en évidence qu’il est impossible de créer sans choquer, attrister, blesser. On pourrait écrire sur une belle famille qui vit d’amour et d’eau fraîche que ceci viendrait blesser ceux qui en ont été privés. Je trouve cet exemple très pertinent.
@Présence : il me tarde de découvrir des lectures par mes enfants. Je crois que c’est fait…euh…La reine des neiges ! Je me tâte souvent pour écrire sur la Reine des neiges avec laquelle je trouve beaucoup d epoints communs avec les Xmen !
@Bastien et Cathy: Hello. Le volume de plus de Prophecy avait fait fait toute la différence en terme d’aboutissment narratif. C’est la deuxième fois qu’un manga qui me fascine se termine trop tôt cette année. celle de Demokratia, 5 p’tits tours et puis s’en va m’a fait le même effet.
Le fait qu’Internet facilite l’accès aux trucs qui contournent toute censure ne change rien sur le principe. Si les parents sont attentifs au temps d’écran de leurs enfants, ils peuvent très bien être préventifs là-dessus.
Beaucoup de gens de mon entourage assurent sur ce terrain là. Ils accordent un certain temps d’écran à leurs enfants, ne sont jamais très loin et savent ainsi ce que regardent les gamins.
D’autres par contre, achètent la paix sociale avec temps d’écran illimité jusqu’au bout de la nuit et zéro surveillance. Ces parents là sont, à mon sens, les vrais responsables. Pas ceux qui réalisent des oeuvres violentes. Car comme le dit Matt, la violence, lorsque l’on est correctement éduqué, ça s’apprivoise. Tiens, personnellement, les comics les plus violents sont souvent mes préférés. Mais ce n’est pas parce que je suis tordu, et encore moins parce que ça va me donner envie d’être violent. Au contraire : C’est un exutoire. L’effet est carrément bénéfique. Mais va dire ça à des types comme Wertham ! 😀
Complètement d’accord. La violence (de l’époque) des Xmen de Claremont m’ont aidé à grandir et ouvert les yeux sur le monde en comparaison de ceux puérils de Stan Lee. Idem pour le DD de Miller. L’agressivité des ados était parfaitement canalisée avec des artistes comme ça.
Ce qui me débecte, c’est la violence gratuite, celle qui ne s’exprime que pour s’exprimer, comme une flatulence à table. Au hasard, David Lapham sur Crossed….
C’est complexe le coup de la violence gratuite. Je me retrouve moi-même parfois à me contredire à moitié quand j’en parle. je suis 100% d’accord avec toi sur Lapham dans Crossed mais j’ai déjà apprécié des trucs super violents complètement cons comme Braindead. ça dépend aussi pas mal du ton utilisé : sérieux ou parodique.
Après je pense aussi que des lectures mainstream politiquement correctes ne font pas de mal. Il ne faut surtout pas qu’il n’y ait que ça…mais le matraquage des BD ou comics divertissants gentillets (au hasard les super slips tiens) commence à m’agacer.
Je ne dis pas que tout est bon…mais on vit dans une société faîte de tendances radicales qui s’inversent, c’est vraiment gonflant. Soit on encense et on intellectualise le moindre comics niais, soit on rejette toute la production grand public comme étant de la merde.
C’est pareil pour les œuvres violentes. Soit on les défend toutes au nom de la liberté en faisant de la simple transgression de la bienpensance une qualité même si le récit est nul, doit on les rejette toutes comme si elles étaient responsables de tous les maux du monde.
Du cas par cas, SVP ! Merde !
Je suis d’accord aussi là dessus. Si la médiocrité sert à quelque chose, c’est bien à catalyser le plaisir à découvrir l’intelligence. Je ne me verrai pas lire du Gaiman tous les jours. C’est bien d’y revenir, lorsque l’on a besoin de se remplir d’autres chose.
Dis moi Matt, j’ai vu en librairie l’autre fois une suite de Prohecy. Mais c’est pas Tsutsui, si ?
Tsutsui scénarise apparemment. Mais il ne dessine pas.
Je n’ai pas franchi le pas. Je me méfie des spin-off. Prophecy est le manga de Tsutsui qui semble avoir le mieux marché donc…la suite est-elle un peu opportuniste ?
Je reviens pour jouer un mauvais tour ! J’ai enfin trouver le temps pour lire un article en entier ! Et c’est toujours aussi bon ! !
Prophecy étant mon manga préfère je risque de pas être très très objectif :’)
Ça a l’air juste énorme ! Un auteur de manga qui fait des histoire forte et rapide ….enfin ….
Enfin quelqu’un qui a quelque chose à dire …. j’aime beaucoup la bd nippone mais plus je vieillis et plus mes héros d’enfance (naruto et cie) me paresse fade alors voir unotre auteur de ce niveau me fait du bien !
Merci Bruce lit ! Je vais trouver le temps de vous lire plus régulièrement ça me manque !
Le Moustachu s’est rasé et a perdu un -e dans l’eau de la Marine !
Il m’a fallu du temps pour apprécier Prophecy. J’ai jeté le bouquin une première fois pour rejet du langage informatique. On y parlait de serveurs, de vraies et fausses Ip, de traceurs, ça m’a gonflé. Et puis j’ai réessayé cet été. Le rayon manga de ma bibliothèque était vide, le choix était simple. Et c’est une grande histoire. Surprenante. D’une rare intelligence et d’une grand inventivité. La fin est magnifique. Et j’ai bcp aimé le personnage de la femme flic que j’aurais aimé voir d’avantage développée….
Merci à toi de nous lire. C’est cool de savoir que nos délires de quarantenaires nostalgeek sont appréciés par les merdeux de ton âge ! Et prudence sur le bateau hein ?
Et je t’a dit d’insister aussi^^
C’est vrai que moi ça ne me dérange pas ce langage informatique, et j’ai même trouvé que contrairement à certains films où ils disent des trucs aberrants ou piratent des trucs en 2 secondes pour « faire cool », il y avait un souci de réalisme dans Prophecy. Un très bon manga. Peut être mon préféré de cet auteur.
Ah un article court ! 😉 Je ne connais pas du tout ce mangaka, ça a l’air intéressant. J’aime bien ton article car je suis complètement d’accord avec ton propos et ta propre colère, Bruce. Je te rejoins complètement sur la censure, notamment celle poussée sur Dieudonné. Et même si Tornado a raison pour dire qu’il faut s’auto-censurer, je penche complètement du côté de Matt pour dire qu’une oeuvre ne peut pas être une excuse. J’ai lu récemment un court article sur une étude sur le viol : a priori, l’alcool n’est pas un déclencheur. Ceux qui ont la culture du viol, qui croient qu’une relation sexuelle leur est due, n’ont pas besoin d’alcool pour passer à l’acte. C’est pareil pour le reste. Ce ne sont pas les jeux vidéos ou les mangas ou le rock qui font faire des horreurs, mais bien les gens et leur éducation.
Tu le vends bien même si c’est sur le mode « c’est un peu court, jeune homme ».
Est-ce que l’un d’entre vous suit Last Hero Inuyashiki d’Hiroya Oku, le créateur de la fameuse série Gantz, également publié par Ki-oon? Une série addictive sur les héros, les robots et leur humanité, et sur la célèbre citation de Ben Parker.
Sinon Bruce, je compatis pour La Reine des neiges, mes oreilles saignent à cette évocation.
Et j’applaudis pour l’hommage sincère fait à Daniel Balavoine, grande gueule sympathique s’il en fut.
Tu ne seras pas déçu, même si on est loin de la beauté étrange du Sunny de Matsumoto que j’ai découvert grâce à tes bons offices. Un grand merci, Cyrille, c’est une lecture mémorable.
Le Korektor plaide votre indulgence entre ses 3 h de trajets quotidiens, ses 10 heures de travail et ses nuits de 4 heures 😉
Si l’on y ajoute les cours d’autoécole, les articles de 14 personnes de plus en plus ambitieux (j’ai pas dit longs, j’ai pas dit longs !) dont les miens, un ordinateur qui me plante toutes les 53 minutes et d’autres tracas qui durent depuis avril, on peut même dire comme Gabrielle Haller à Paris pour Magneto qu’il y’a prescription et qu’il faut se réjouir de ne pas plus en voir de ces fautes, super-hero(s) ou pas ^^.
@Lone : j’ai lu les premiers tomes de Last Hero. Mais la personnalité du geek mythomane m’a vite exaspéré. Mais puisque il n’est pas dit que je ne poursuive pas mes oeuvres de contrition, je vais comme Charles Xavier en son temps lui donner une seconde chance.
@Tornado : la critique contre les super héros de Poison City reste discrète pour qui sait lire entre les lignes.
Le deuxième volume montre clairement en image Gaines lors de son procès et le décrit comme un visionnaire provocateur par opposition aux Super Héros conformistes et qui donnent à lire ce que la censure voulait : des bons sentiments, du patriotisme et pas de sexe.
Oui, tout s’explique. Je comprends mieux mes préférences pour les EC Comics par rapport aux super-slips. Je sais bien que les auteurs de super-slips laissaient parfois circuler un sous-texte intéressant à travers toutes ces restrictions. Mais je trouve que la forme infantile et édulcorée de l’ensemble tire le résultat vers le bas. Et pis merde, je trouve ça mauvais, moi. (marre de devoir me justifier ! = Bill Gaines my Heroe / Stan Lee au chiottes 😀 )