Focus : Age of Apocalypse
Par JP Nguyen et Eddy Vanleffe1ère publication le 25/11/21 – MAJ le 14/08/22
Spéciale dédicace à FRED STEINMETZ
AGE OF APOCALYPSE est un crossover mutant édité par Marvel en 1995, dont l’intrigue court sur une quarantaine de fascicules. Sont impliqués les scénaristes suivants : Scott Lobdell, Fabian Nicieza, Larry Hama, Howard Mackie, Jeph Loeb, Warren Ellis et John Francis Moore.
Au dessin, nous retrouvons Joe Madureira, Chris Bachalo, Andy et Adam Kubert, Ken Lashley, Steve Epting, Roger Cruz, Tony Daniel, Salvador Larroca et Steve Skroce. Il a depuis été réédité de multiples fois. L’édition française définitive est un OMNIBUS reprenant la totalité de la saga. Tiré à peu d’exemplaires en début 2021, il repart à l’impression pour les fêtes.
VO : 1995 Marvel comics
VF : 2021 Panini Comics
Aujourd’hui nous allons faire un voyage dans le temps et parler un peu à nos contre parties respectives de 1995 quand la saga a originellement été publiée. Prenons ensemble la Brucelorean et direction 1995….
Eddy: Je me souviens parfaitement lorsque débarqua au beau milieu des années 1990, la fameuse ERE D’APOCALYPSE (AGE OF APOCALYPSE, en VO, parfois abrégé AoA – NdJP). Ce fut un choc! Et j’ai détesté!
J’en vois venir certains qui pourraient dire: «Oui, Tu es toujours rétif à la moindre nouveauté, tu es un adorateur de la continuité, un gardien du temple, un réactionnaire attaché à ses personnages comme un bébé à ses doudous!» (Ah, j’aurais pas dit ça comme ça, mais ça éclaire pas mal une facette de ta personnalité, Eddy – NdJP)
Alors oui, le choc pouvait provenir du fait que visuellement, avec tous ces changements de costumes et de personnalités, j’étais désarçonné. Surtout que je détestais Joe Madureira.
Les comics Marvel avaient toujours, et cela, malgré les styles reconnaissables des dessinateurs, obéi à une certaine esthétique dont finalement Jim Lee représentait, avec ses personnages bodybuildés et ses silhouettes exagérées, une sorte d’aboutissement par la surenchère. Joe Madureira, en stylisant et en apportant des influences manga, changeait radicalement la donne. Bien sûr Bill Sienkiewicz ou David Mazzucchelli avaient eux aussi osé explorer d’autres terrains (Hey, et Michael Golden ou Art Adams, ils avaient aussi une sacré patte ! – NdJP), mais les deux artistes n’avaient pas vraiment fait école direct, en tout cas dans le domaine du super héros. Non, tout à coup les personnages avaient des pieds plus gros que leurs têtes (les seins d’accord mais les pieds, ça suffit!) et la taille si fine, qu’un bracelet montre pouvaient leur servir de ceinture. De plus Roger Cruz, Mike Wieringo ou Humberto Ramos allaient s’engouffrer à leur tour dans un style similaire.
Mais le vrai problème était le suivant. En 1995 je suivais quatre séries mutantes: X-MEN, UNCANNY X-MEN, GENERATION X et WOLVERINE (Pareil que moi, Monsieur avait bon goût ! – NdJP)
L’histoire d’ailleurs nécessite d’avoir lu LA QUETE DE LEGION pour que le lecteur puisse un minimum comprendre pourquoi Apocalypse est soudain devenu le maître incontesté des mutants, qui ont cette fois-ci supplanté l’humanité devenue une minorité déportée et massacrée. En effet, dans ce préambule Légion partait dans le passé buter Magneto pour l’empêcher de faire naître la haine anti-mutant. Patatras! Xavier s’interpose et meurt à se place laissant place à un monde sans Charles Xavier.
Soudainement plongé dans ce nouvel univers de poche, je n’ai strictement rien compris à ce que je lisais. Sans avoir lu le numéro d’introduction X-MEN: ALPHA qui expose les différents enjeux pour les différentes séries qui vont se lancer, on est déjà largué. (Certes, mais différemment par rapport à certains récits d’Alan Moore – NdJP)
Ainsi ASTONISHING X-MEN (ex-UNCANNY X-MEN) voit Magneto à la tête des X-Men (c’est le twist principal) envoyer ses équipes sur plusieurs missions dont la plupart auront lieu donc dans d’autres séries. La mission qui va nous occuper principalement, sera celle qui verra Malicia et son escouade libérer des humains d’un camp d’extermination. Malheureusement la résolution se fera aussi dans d’autres pages. Bref c’est une série confuse, remplie de moments de bravoure mais sans climax et qui n’aide pas à s’immerger. La chose que j’ai remarqué principalement c’est le rôle prédominant de Blink, personnage frais et nouveau au design particulièrement réussi.
AMAZING X-MEN Une autre équipe menée par Storm et Quicksilver, se charge de faire un pont afin d’évacuer les survivants, quand ils apprennent que Magneto, son fils et Bishop, seul personne capable de pouvoir faire revenir le monde à la normale, se sont fait enlever, Quicksilver se doit de prendre une décision difficile. Qui doit être sauvé? Magneto ou Bishop? Encore une série dont les réponses appellent d’autres questions.
WEAPON X (ex-Wolverine) : les fans l’attendaient et ça n’arrivait jamais mais Logan roucoule enfin avec Jean Grey, enfin quelques pages parce que rapidement ils se séparent. Les tourtereaux ne sont pas d’accord. (« I believe there is another way » – une citation qui aurait mérité de rentrer dans les annales, oups – NdJP). L’humanité basée en Europe, se voit offrir une opportunité de riposter contre Apocalypse une bonne fois pour toute, mais leur attaque surprise risque de ne pas faire la différence entre le régime d’Apocalypse et les réfugiés. Sacrifice qu’est prêt à assumer Logan mais pas Jean. Là encore la bataille annoncée n’a pas lieu ici.
GENERATION NEXT (Ex-GENERATION X) : Magneto a trouvé, une seule mutante capable de générer l’énergie nécessaire pour restaurer le continuum espace/temps : Illyana Raspoutine qu’on croyait morte mais qui est en fait enfermée dans un camp de travaux forcés pour mutants rebelles. Son frère Colossus est donc prêt à tout pour la récupérer (Ra ra Rasputin – Lover of the Russian queen – There was a cat that really was gone – oups, je m’égare – NdJP). Lui et son épouse Shadowcat vont donc envoyer les jeunes recrues dans une mission suicide et désespérée. Bon, cette portion est un bijou, un vrai film sombre et glauque au doux parfum de DOUZE SALOPARDS, Personne n’était prêt à lire ce genre de récit dans un comics mainstream à l’époque. Entre le cynisme d’un Colossus déchiré et la lassitude désabusée d’une Kitty aussi détachée qu’un Wolverine de la grande époque, l’atmosphère s’avère être poisseuse, moite et extrêmement lourde. Le dénouement nous a sans doute tout scotchés, parce que oui, ça raconte une aventure du monde d’Apocalypse mais la minisérie se suffit à elle-même.
Voilà ayant lu tout ça, ben…. J’en retirais une expérience pas agréable du tout, convaincu d’avoir à faire à une simple manœuvre mercantile nous forçant à acheter et acheter encore plus d’épisodes pour pouvoir avoir une histoire complète. (Ah bah, tu faisais pas d’efforts, non plus, en ne cédant pas aux sirènes du consumérisme ! – NdJP)
Le tout me paraissait confus et partant dans tous les sens, je ne comprenais pas non plus pourquoi la franchise devait changer à ce point alors que le reste de l’univers Marvel ne paraissait même pas s’apercevoir que la réalité avait changé…C’était une première dans un univers partagé. Quatre mois plus tard, tout était revenu à la normal et je me dis bientôt que cela avait une parenthèse étrange qui n’aurait aucune autre conséquence que celle d’avoir essayé de nous faire dépenser notre pognon sur grande échelle.
Quel souvenir as-tu eu de cette saga JP à l’époque? (Mince, c’est à moi, fini de persifler ! – NdJP)
JP :Je lisais la VF, et l’objectif de me prendre mon fric fut atteint, en plus du mag X-MEN, de SPECIAL STRANGE et «SERVAL», j’avais acheté les numéros spéciaux ALPHA et OMEGA, le Top BD Univers X ainsi que deux autres séries :
X-MAN, (EX-CABLE) écrit par Jeph Loeb et dessiné par Steve Skroce,où l’on pouvait suivre le jeune Nate Grey, création de Mister Sinister et fruit du croisement génétique entre Jean Grey et Scott Summers. Recueilli par Forge et possédant de très grands pouvoirs, ce mutant aura un rôle important dans la bataille finale.
GAMBIT ET LES EXTERNELS avaient supplanté X-FORCE. Avec Fabian Nicieza au scénar et Tony Daniel puis Salvador Larroca aux dessins, Gambit et une petite équipe composée de Jubilee, Lila Cheney, Guido et Sunspot étaient envoyés dans l’espace pour un casse galactique: voler le cristal de M’Kraan! Car sans Xavier pour fonder les X-Men , pas de Jean Grey devenue Phoenix pour sauver l’univers menacé par le cristal devenu instable! Et dans cette réalité alternative, c’était donc non seulement la Terre qui était ravagée par la guerre Humains/Mutants mais aussi l’Univers entier qui était menacé d’extinction! (vache d’effet papillon, ça !-NdEVL)
UNIVERS X, illustré par Carlos Pacheco, levait le voile sur les destins des héros «non-mutants»: Donald Blake, l’alter-ego de Thor, Susan Storm et Ben Grimm, Victor Von Doom, Bruce Banner ou Gwen Stacy
Je mettrai des années, voire des décennies à acquérir les séries manquantes se déroulant sur cette Terre alternative, rétroactivement identifiée comme la Terre 295, via un épais Omnibus VO. (Si ça continue, on va aussi mettre des décennies à le finir cet article-NdEVL)
X-CALIBRE (EX-EXCALIBUR): la version locale de Nightcrawler, bien plus rugueuse que son homologue de la réalité « normale », se rend à Avalon et doit en ramener Destiny, qui peut lire l’avenir et serait donc capable de confirmer le récit de Bishop, le naufragé temporel. Le périple de Kurt Wagner le confrontera à des joyeux lurons tels que Mystique, Deadpool, Juggernaut et le Shadow King.
FACTOR-X, Scott et Alex Summers, les Cyclope et Havok de la Terre 616, sont au service d’Apocalypse mais l’un d’entre eux est un traître. L’arrivée de Jean Grey sera le révélateur de leur véritable loyauté.
A l’époque, sans lire l’exhaustivité du crossover, je n’avais pas été aussi largué que toi, Eddy(Excuse-moi, ne pas avoir la science infusée ! -NdEVL). Je l’avais trouvé plutôt bien structuré, chaque titre trouvant sa raison d’être dans l’exécution d’une mission secondaire liée à une méta-intrigue tissée consciencieusement et allant puiser dans des décennies de continuité. Ce récit, je l’avais aimé jusque dans ses prémices, lorsque, à la fin de LEGION QUEST, le monde se «cristallisait» et que les héros, sans aucune emprise possible sur le cours des événements, sentaient venir la «fin» inexorable.(oui particulier de terminer la franchise comme les mammouths : dans la glace ! c’était divinatoire, ça !-NdEVL)
Cela avait ensuite été un régal de re-découvrir certains personnages dans leur version alternative. Un Victor Creed devenu héroïque tenant Wildchild en laisse, un Sunfire au design si brillant que les auteurs n’auront de cesse de le ramener dans ce costume, un Morph attachant, une Blink, prématurément disparue dans PHALANX COVENANT, qui avait droit à une nouvelle chance, un Iceman surpuissant et cool, un Logan manchot mais toujours charismatique… C’était comme un WHAT IF géant, mais en mieux. Avec plus de place pour explorer certains personnages, même si on pouvait percevoir que les créateurs cédaient parfois à la tentation de bourrer le récit avec un tas de cameos ou de personnages obscurs.
Et pour les dessins, certes, on était en plein dans les nineties, mais la liste des artistes impliqués était quand même sympathique : Joe Madureira, Chris Bachalo, Andy et Adam Kubert, Steve Skroce, Steve Epting, Tony Daniel, Salvador Larocca… A l’époque, ça en jetait pas mal. On pourra toujours déplorer les récits d’ouverture et de conclusion, dessinés par Roger Cruz. On pourra aussi constater que les styles ont assez mal vieilli. Mais AGE OF APOCALYPSE fut un crossover fondateur, ce qui n’est pas le moindre paradoxe pour un récit de fin du monde… Un petit paquet de personnages migreront vers la Terre 616 dès la fin de l’event, comme X-Man, Holocaust, Dark Beast ou Sugar Man…(Mais pas le fils de Magneto…Cherchez L’erreur!!-NdEVL)
Marvel refera le coup du grand récit alternatif à d’autres reprises avec HOUSE OF M, AGE OF X et même les SECRET WARS de 2015, qui ressemblent davantage à AoA qu’à leur homologue des années 80. La Terre 295 sera revisitée à plusieurs reprises, dans des versions de plus en plus noires, jusqu’à pervertir ou exterminer quasiment tous ses habitants, ou les exfiltrer vers d’autres réalités. Blink atterrira dans EXILES, de même qu’une version de Morph similaire, en apparence, à sa version 295… Victor Creed finira même par les rejoindre. Sunfire s’éteindra dans le DARK ANGEL de Remender/Opena. Marvel n’a pas su s’arrêter et aurait dû laisser la Terre 295 mourir de sa belle mort.
Elle m’aura quand même donné de beaux souvenirs de lecture super-héroïque, dont je vais faire un petit Top :
-Le combat de Sabretooth vs Holocaust, sous les crayons de Madureira
-Les adieux de Logan à Jean Grey, par Larry Hama et Adam Kubert
-La fin de Generation Next, où les portes se referment devant un Colossus impuissant
-Quicksilver dans une version attachante et moins tête à claques que sa version 616
-La dernière page d’X-Men Omega, avec Magneto, Rogue et leur fils balayés par le feu nucléaire
L’ambiance «apocalyptique» du crossover donnait un sentiment d’urgence, de course contre la montre désespérée. En entamant cette lecture, le lecteur de comics aguerri savait qu’il ne constituerait qu’une parenthèse (J’y ai cru, moi à l’époque-NdEVL). Le talent des auteurs fut d’inventer des versions alternatives tantôt surprenantes ou attachantes, permettant de s’investir dans un récit à l’issue prévisible… Ben quoi, on imaginait mal Apocalypse régner pour toujours sur l’Univers Marvel. Du coup dans le cadre d’un crossover, certes géant, j’ai trouvé ça bien mieux géré que tout un tas d’events ultérieurs se déroulant sur la Terre 616. DARK REIGN, par exemple, fut un pétard mouillé car il ne pouvait pas faire abstraction de la continuité. Il y avait la nécessité de garder la majorité des jouets en bon état pour les ranger à la fin de l’event, là où AoA pouvait tout réinventer et se permettre de zigouiller un tas de personnages.
Eddy, quel regard as-tu sur cette histoire aujourd’hui ?
Eddy:En 2021, Panini annonce ce que beaucoup de fans attendent comme le messie: un Omnibus comprenant la totalité de la saga en un seul livre. Certes, ce n’est pas à la portée de toutes les bourses (70 boules quand même!). Certes Panini est coupable de toute façon, mais en fait ce format pourrait être l’un des seuls qui convienne à cette histoire. C’est même une manière de redécouvrir cette période assez agréable, puisque tout à coup les qualités du récit sautent à la figure comme le gras des merguez sur un barbecue. (Mais puisqu’on vous dit qu’il faut PAS piquer les saucisses ! – NdJP) (Surtout en slip l’été!-NdEVL)
J’ai donc fait péter le livret bleu de la gosse pour me l’offrir et me suis installé confortablement dans mon meilleur fauteuil. J’avais déjà fait un peu de muscu pour pouvoir porter le livre au préalable et c’était parti.
Le seul parti pris qui m’a un peu dérangé, fut l’ordre des épisodes. Mais cela s’explique. Le livre s’ouvre sur X-MEN ALPHA qui est une très bonne entrée en matière avant que l’on se lance directement dans l’action d’ASTONISHING X-MEN. Puis intelligemment le récit passe d’une série à l’autre afin que l’on ne perde pas de vue les enjeux lancés.A deux moments, le récit s’interrompt le temps de flashbacks pour étoffer l’univers. Cela peut décontenancer, mais cela aère le récit. N’oublions pas que Magneto, alarmé par un Bishop seul rescapé temporel de la continuité normale, se laisse emporter par son «conte de fée» et accepte de sacrifier les siens afin que le temps puisse être réparé (curieux qu’il n’exige pas en contrepartie, la garantie de sauver son fils…). Pour cela, il a besoin d’Illyana pour réparer le temps et du cristal de M’kraan qui peut restaurer la réalité. Il envoie donc Gambit et son équipe de voleurs en plein empire Shi’ar pour le récupérer. Il veut également avoir la version de Destinée, histoire de s’assurer des dires de Bishop. Apocalypse et ses lieutenants se doutent que les résistants trament quelque chose et envoie également leurs sbires kidnapper le bébé de Magneto. Pendant que les X-Men tentent de sauver des humains qui se font déporter et empêcher la riposte humaine européenne (accompagnée Wolverine) de tout raser.
C’est touffu, tentaculaire et pourtant, on constate rapidement que «tout colle» (enfin, pas les pages, quand même, hein ! ce n’est pas ce genre de livre ! – NdJP). La conception de cet univers temporaire est sans faille. Scott Lobdell, le maître d’œuvre, peut compter sur Fabian Nicieza, Larry Hama, Howard Mackie, Warren Ellis, Jeph Loeb pour travailler de concert et livrer ce qu’on appelle un « tout supérieur à la somme des parties». Ce qu’on retiendra surtout évidemment ce sont ces versions «abîmées» des X-Men qu’on connaît. Mais tout est minutieusement bien trouvé. Que ce soit le Colossus aigri et amer, en couple assumé avec une Kitty-bad ass et fumeuse (qu’on pouvait entrevoir en germe déjà), Le Magneto quasi suzerain médiéval, fondateur des X-Men mais fidèle à lui-même. La Jean Grey Torturée qui n’a jamais été Phénix ou Sunfire lui aussi bien métamorphosé. Ou encore la relations de rivalité des frères Summers désormais âmes damnés d’Apocalypse. Nous avons aussi ces nouvelles romances qui sonnent juste comme celle entre Wolverine et Jean. Celle-ci n’ayant jamais rencontré Scott tombe dans les bras de cet animal de Logan qui lui est toujours aussi fou amoureux, tandis que celle avortée entre Magneto et Malicia donne ici naissance à un bébé nommé Charles en hommage bien évidemment à celui qui absent, hante pourtant chaque page. Nous avons aussi ces nouveaux personnages que les auteurs font vivre come Blink sacrifiée dans la Terre-616 ou Morph seule création originale (Pas tout à fait, c’est une version alternative de Changeling/Kevin Sydney, créé en 1967 par Roy Thomas et Werner Roth – NdJP). Chaque changement surprend mais reste fidèle aux personnages et c’est sans doute le point fort de l’ère d’Apocalypse. Leurs voix modulent le ton mais restent semblables.
Quel est donc ton ressenti actuel sur ce crossover JP?
JP:AGE OF APOCALYPSE est un de mes crossovers Marveliens de référence. Je n’avais pas suivi les GUERRES SECRETES lors de leur sortie et je ne m’y suis jamais vraiment plongé par la suite. INFERNO était par endroits assez fun mais ne reliait pas aussi bien toutes les histoires entre elles. X-CUTIONER’S SONG était pas mal mais limité à la communauté mutante. Et puis, il y avait souvent des personnages survolés ou qui faisaient tapisserie, par manque de temps et de pages.
Bon, je ne dis pas que tous les personnages d’AoA ont droit à un développement complet, loin-de là, mais dans leur changement de look, de rôle ou d’allégeance, il y avait beaucoup de références savoureuses pour le lecteur expérimenté…
L’ambition et l’ampleur d’AoA étaient bien plus grandes et, comme tu l’as écrit plus haut, «tout colle»(Et c’est jouissif.-NdEVL). Il y a eu une belle réussite pour donner à chaque titre son moment et son importance dans la trame globale, qui est vraiment aboutie puisque la Terre 295 aurait pu trouver une conclusion grandiose dans la dernière page de X-MEN OMEGA, avec les dernières paroles de Magnéto… Arf, quelle mauvaise idée de toujours vouloir rallonger la sauce!
AoA, ça reste, pour moi, le meilleur WHAT IF? géant produit par Marvel. D’ailleurs, et si… tu nous donnais le mot de la fin, Eddy?
Eddy : Enfin, l’univers en lui-même est une extrapolation abominable du cauchemar de Xavier. Camps de travaux forcés, extermination, métaphore explicite du nazisme avec un Apocalypse dont le fils se nomme: Holocauste. Tout est repensé au profit d’une dystopie au pessimisme noir extrêmement désespéré. C’est même devenu bizarre qu’un comics mainstream puisse être aussi sombre et violent. Sous les atours commerciaux d’un dessin rutilant, nous avons sans doute le meilleur descendant des classiques comme V POUR VENDETTA,. C’est un cri antifasciste à travers une dystopie sans retour. Dans la généalogie mutante, THE AGE OF APOCALYPSE est aussi la preuve par le contraire de l’utilité des X-Men et de la pertinence du rêve de Xavier dans le monde Marvel. Puisque lui disparu, le monde Marvel s’écroule. Un message auquel Hickman et consorts ont totalement tourné le dos.
Bonus Lit:
Perdus dans la continuité mutante des 90’s ? Suivez le guide ! Presque tout a été couvert sur ce blog ! Dans l’ordre chronologique:
Mutant Genesis: La dernière histoire de Chris Claremont pour son run historique, voire sa dernière grande histoire tout court: fondation des équipes Bleue et Or, les nouveaux costumes emblématiques des 90’s, mort de Magnéto sur Avalon.
Bishop’s Crossing: Bishop venu du futur annonce qu’un traître tuera les Xmen; principal suspect Gambit; Mickael Raspoutine devient fou et John Byrne aussi …Heureusement Nicieza et Lobdell arrivent ! Iceberg découvre son potentiel de mutant alpha. Les affaires commencent véritablement ici.
X-Cutionner’s song: Xavier Assassiné! Stryfe fils de Cyclope? Apparition du Virus Legacy et Apocalypse vient aider les Xmen. En fait le meilleur Crossover des Xmen de tous les temps, souvent copié, jamais égalé.
X-Men Fatal Attractions: Le virus Legacy tue Illyana; Colossus rejoint Magnéto. Affrontement mortel dans l’espace : Wolverine est désadamianté et découvre ses griffes en os, Xavier sombre dans la violence et tue son rêve. Les prémices d’Onslaught sont posés. L’histoire majeure des 90’s.
Xmen: Bloodties : Retour sur Terre à Genosha avec les vengeurs pour éradiquer le reste des troupes de Magneto. Apparition d’Exodus. Un crossover mineur à une époque où les équipes s’appréciaient encore.
The Wedding of Cyclops and Phoenix: Sabretooth demande asile aux Xmen et sème la zizanie chez Xavier. Des doutes s’installent: Xavier craque ? Heureusement Jean et Scott se marient après 30 ans de flirt .
Les aventures de Phénix et Cyclope: une histoire importante des 90’s dessinées par Gene Ha, futur co-xcréateur de Top 10. Nos amis élèvent Cable 1000 ans dans le futur, combattent Apocalypse et vivent une existence de parias loin des Xmen. Une sacrée lune de Miel…
Le Complot Phalanx: un crossover mineur où les Xmen affrontent des sentinelles bio-organiques…Bof…seul interêt: un superbe premier épisode mettant Banshee en scène, mort de Blink et création de Generation X.
Legion Quest: Début de l’amitié Rogue-Iceberg . Legion en voulant sauver le futur détruit l’univers 616. Oops !
The Dying Game : Wolverine revient à l’hôtel Xavier et massacre Sabretooth. Il retourne à un état animal et rejette une nouvelle greffe d’adamantium.
VOUS ÊTES ICI ==> Age of Apocalypse : des Xmen alternatifs dirigés par Magneto ! Un Crossover inoubliable inégalé et maintes fois imité bis (House of M, Secret Wars….).
Prelude to Onslaught: Retour à la réalité. Magnéto était coriace ? Dents de Sabre sauvage? Voilà Onslaught ! Qui est il ?
Onslaught: Xavier EST le traître! Notre chauve menace l’univers Marvel et tue tous les Héros qui vont se retrouver en de bien mauvaises mains dans Heroes Reborn. Bishop réalise son destin en sauvant son futur. Apparition de Bastion. Xavier est mis aux arrêts. La qualité de la série commence à flancher.
Operation Zero Tolerance: Représailles Humaines suite à la mort des Marvel Heroes. Iceberg sauve le monde et réalise son potentiel en prenant la tête des X-Men et en terrassant Bastion. Marrow et Cecila Reyes intègrent les Xmen au bord de l’implosion. C’est le moment pour Lobdell de tirer sa révérence épuisé par les contraintes éditoriales.
The Shattering: La valse des scénaristes. Les Xmen se déchirent entre eux ! A cette époque, impossible de savoir qui fait encore partie de l’équipe…Ah! et Wolverine meurt!
La croisade de Magnéto: Magneto se réveille obtient Genosha par l’ONU !
The Twelve: Wolverine manipulé par Apocalypse retrouve son adamantium; Cyclope fusionne avec lui et lecteur baille…
Dreams’end: Claremont conclue enfin Days of Future past. Retour de Lobdell qui boucle de nombreux arcs: morts de Robert Kelly, Moira Mc Taggert et de Colossus. Le virus Legacy est vaincu. Beaux moments d’émotion entre Scott et son père et Kitty Pryde qui enterre Peter. Design des personnages catastrophique par Larocca…
Eve of Destruction: La dernière histoire de Lobdell prié de préparer le run de Morrison: les Xmen combattent Magneto à Genosha. Wolverine se venge enfin du maître du magnétisme. Lobdell s’auto-parodie. Difficile de ne pas y voir un magistral bras d’honneur du scénariste à la maison des idées!
La BO d’Eddy :
Un monde voué à disparaître et une Apocalypse? Une fondu au noir par Apocalyptica !
La BO de JP :
Un Charles Xavier qui manque à l’appel et pas mal de mutants qui finiront « Missing In Action » ? Une chanson d’époque pour vous mettre dans l’ambiance :
@Eddy : parenthèse Onslaught :
« ONSLAUGHT..je peux pas!
je suis comme vous…
si Matt ne veut pas récupérer le Statu Quo dans AOA, moi je trouve que le double astral maléfique et Xavier et Magneto fusionnés, c’est plus cramé que tout…. »
Pour moi un esprit qui se fait corrompre au contact d’un autre suite à une mauvaise utilisation d’un pouvoir mental, ça reste plus crédible qu’un mec qui tire des lasers par les yeux sans se trouer les paupières pourtant ^^
Blague à part, l’implication de l’esprit de Magneto est une technique pour ne pas changer Xavier en grosse ordure et pouvoir encore revenir au statu quo. C’est peut être naze, mais tout le monde le fait partout. Là aussi j’ai envie de dire que si c’est insupportable, autant ne plus lire de super héros.
Tout le prélude laissant supposer qu’il pète les plombs mentalement suite à une succession d’échecs, le cas Sabretooth (j’aime beaucoup l’épisode ou il s’échappe et ou ils doivent l’abattre), c’était du bon, avec un bon suspense. Et j’aime bien ce qui en est ressorti aussi : la période Zero Tolerance pour le coup je me sens un peu seul à l’apprécier mais je trouve ça sympa. Et j’étais fan de Marrow aussi^^
Mais oui, dès l’instant ou Onslaught est dans sa forteresse, c’est un peu la purge. Mais à la différence de AoA, il y avait une vraie raison à l’époque : Marvel allait couler. Il fallait impliquer toutes les séries dedans pour en terminer avec tout le monde avant la fermeture de la maison d’édition. Donc gros bordel baston nulle avec plein de dessins moches (mais on peut aussi rester sur les séries X et ça passe)
Certes ça ne rend pas la conclusion meilleure^^
Mais AoA, je ne leur trouve pas d’excuse en fait. Je trouve qu’il ont juste loupé un potentiel monstre en ne racontant quasiment qu’une chasse au trésor magique dans cet univers…
Bon, je pense que je vais me réserver la lecture de cet article et de ses commentaires (chauds bouillants pour certains) pour ce week-end.
Cet omnibus, j’ai tenté de jeter un oeil en ligne en VO, j’ai abandonné déjà parce que faut trouver dans quel ordre le lire, et qu’en plus j’ai beaucoup de mal avec le style des années 90.
Cet article va enfin m’éclairer sur le quoi penser de ce truc qui semble si indigeste !
Curieusement moi le style des dessins des années 90, même si je ne suis pas toujours fan, je trouve ça plus facile à lire avec le recul.
Parce que souvent il y a des pleines pages avec un seul gros dessin, ou juste 2 vignettes, ça fait parfois des méga gros plan, Wolverine semble sortir de la page pour te planter ses griffes dans la gueule. Le style en lui-même est parfois trop chargé et trop exagéré nveau musculature et tout, mais il y a aussi des choses plus dynamiques, moins ratatinés dans plein de petites vignettes. ça sent un peu le moderne.
Bon Arthur Adams faisait ça aussi dans les années 80…mais il dessinait 3 épisodes tous les 4 ans^^
McFarlane aussi mais…il dessinait pas de X-men.
Au final j’ai beaucoup plus de mal avec un Whilce Portacio qui essaie d’émuler Jim Lee, qu’un Joe Madureira qui fait son truc.
Oui j’aie bien Joe Mad !
Faites moi un procès, j’m’en fous.^^
Il a été directeur artistique sur des jeux qui déboitent aussi
https://www.youtube.com/watch?v=ArHzEGeiMbg
Bravo JP et Eddy pour le format original de l’article : vous m’avez bien fait rigoler, super idée ces « Nd ». Bon à part ça rien ne me parle, je ne comprends pas tout ce que vous racontez et je m’en fous un peu je ne lirai jamais ça. Mais c’est tout de même très agréable de lire vos ressentis.
Graphiquement, à part la planche avec le Colossus étrange de Bachalo, tout me fait fuir. La preuve, tu as préféré mettre des customs figures JP. D’ailleurs celui de Wolvie (manchot vraiment ?) est un sacré beau boulot. Ne me dis pas que ça se vend ainsi dans le commerce…
Les BO : je préfère celle de JP mais cette version de Apocalyptica est sympa. Après je ne suis pas fan du principe, sans doute parce que je ne serai jamais fan de Metallica. Cela dit je n’ai jamais écouté un seul album de Everything But The Girl (d’ailleurs vous savez d’où vient le nom de ce groupe ? Moi oui), je devrais tenter; j’aime bien ce trip-hop des années 90. D’ailleurs est-ce conscient de votre part d’avoir cherché des musiques contemporaines à ce crossover ?
Merci Cyrille : l’utilisation de customs pour illustrer était sur l’invitation d’Eddy, pour montrer un peu de mes figs.
À mon échelle, il n’y a pas de figurine standard de Weapon X AoA. En revanche, en 6 pouces, il y en a, avec même des mains interchangeables…
Et oui, mon choix de BO voulait taper dans l’époque de sortie de ces comics.
Bravo à Bruce pour avoir eu cette idée de juxtaposer les deux articles sur HoM et AoA. Le procédé aura parfaitement mis en évidence les deux grilles de lecture distinctes des membres de la team, et ainsi aidé à mieux les saisir.
J’ai lu l’article (mais pas tous les commentaires).
D’abord, je salue votre plume, j’ai beaucoup aimé cet échange drôle et intéressant.
Ensuite, j’avoue que je n’ai pas tout saisi… D’où vient cet univers alternatif, et que fait Bishop là-dedans ?
Vous seriez presque en train de me convaincre de lire ce truc… peut-être que si je le trouve en occase, je pourrais me laisser tenter…
@Jyrille : moi je veux bien savoir pourquoi ils s’appellent « tout sauf la fille »… est-ce parce qu’elle a un physique particulier et qu’ils ont eu du mal à trouver des producteurs ??
Dans Legion Quest, Legion remonte le temps pour tuer Magnéto peu après sa rencontre avec Charles Xavier. Les X-Men le suivent dans le passé pour l’en empêcher. Légion se rate et tue Xavier. Le paradoxe temporel change la réalité et tous les X-Men venus du présent disparaissent à l’exception de Bishop, qui est déjà une anomalie temporelle et reste le seul à se souvenir de la réalité 616.
Un site de qualité pour en savoir plus ^^
http://www.brucetringale.com/chaos-a-d/
Pour EBTG, Wikipedia dit :
« en référence au slogan d’un magasin de literie de Hull très connu, Turners’ Furniture, sur Beverley Road. Le magasin avait en effet originellement une devanture sur laquelle on pouvait lire « Pour votre chambre, nous vendons tout sauf la fille » (for your bedroom needs, we sell everything but the girl)[3]. «
Merci pour cette explication que je ne connaissais pas. Pour moi, c’est simplement que ce groupe proclamait que toute la musique était électronique sauf la voix de la chanteuse, d’où ce nom de « tout sauf la fille ».
Je me suis procuré l’omnibus aoa, et mon dieu la traduction est catastrophique. Pour ce qui est des x-men panini nous avez déjà habitué à cela, en témoigne les nombreuses plaintes qui pullulent sur le net. Mais en ce qui en concerne aoa il me semble bien que je suis le seule à avoir exprimé ma colere. Personne d’autre n’a été dans sa lecture ?
n’a été gêné
Désolé, je ne peux pas me positionner, je n’ai pas acheté la VF récente.