Kent State : quatre morts dans l’Ohio, de Derf Backderf
Un article de PRESENCEVO : Abrams ComicArts
VF : Çà et Là
1ère publication le 5/01/21 – MAJ le 13/08/21
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, parue d’un seul tenant, sans prépublication. La première édition de cette bande dessinée date de 2020. Elle a été réalisée par Derf Backderf. Elle est en noir & blanc. Une introduction de 4 lignes explicite l’intention de l’auteur : une re-création, sur la base de recherches documentées, et de témoignages directs. Suivent deux cartes : celle du campus universitaire, et celle de du centre-ville permettant de localiser les appartements de plusieurs étudiants. Le tome se termine avec 26 pages de notes, expliquant les sources de chaque fait. La toute dernière page revient au format bande dessinée, et laisse le mot de la fin (atterrant de cynisme) à Richard Nixon (1913-1994).
Cet article est respectueusement dédicacé à Cyrille M qui m’a convaincu de lire cet auteur.
À Richfield dans l’Ohio, le jeudi 30 avril 1970, la mère de Derf le conduit à un rendez-vous médical en voiture. Ils passent devant une rangée de soldats de la Gare Nationale de chaque côté de la chaussée, baïonnette pointée vers le ciel, pour assurer la sécurité des usagers de la route. Un peu en retrait, un groupe de routiers est en grève, et l’état craint des débordements. Le sergent ordonne à ses hommes de se tenir prêts. Plusieurs chauffeurs s’avancent vers eux et jettent des objets divers, comme des bouteilles vides, des tuyaux, des briques. Le soir même, le trente-septième président des États-Unis s’adresse au peuple dans un message télévisé : le père de Derf comprend qu’il annonce son intention d’envahir le Cambodge, et il se dit que dès le lendemain les étudiants de tous les campus du pays vont manifester. Vendredi premier mai 1970, sur le campus de l’université de Kent State, un étudiant fait résonner la cloche installée sur la grande pelouse, et il s’adresse aux étudiants présents avec un micro. Il annonce la formation d’une association qui déclare l’invasion du Cambodge comme étant anticonstitutionnelle. Il enterre un livret de la constitution pour marquer les esprits, et il annonce une marche d’opposition pour le lundi 4 mai. Quelques étudiants applaudissent mollement.
Parmi les étudiants vaguement concernés, voire pas du tout : Bill Shroeder, 19 ans, et son ami : ils discutent de la probabilité de cette invasion, et des études de Bill qui veut devenir psychologue militaire, et qui suit une formation de soldat volontaire en parallèle de ses études, appelée ROTC (Junior Reserve Officers’ Training Corps) en espérant apporter une vraie contribution, ne pas être que juste un officier de plus. Un peu plus loin sur la pelouse, Terry Norman (2 ans) est de train de prendre des photographies. Il est pris à parti par un autre étudiant, interpelé par son attitude peu naturelle, et qui pense qu’il est un agent de la brigade des stupéfiants. Un peu plus loin, assis sur la pelouse, Alison Krause (19 ans) lit le journal à son copain Barry Levine (19 ans) : les gardes nationaux et les étudiants de du campus d’Ohio State se sont affrontés dans des échauffourées pour la deuxième journée. Bilan : 300 étudiants arrêtés. L’université de l’état de Kent a été implantée dans une zone campagnarde en 1910. En 1970, c’était la vingt-quatrième plus grande université publique des États-Unis. En 1955, elle comptait 6.000 étudiants ; 21.000 en 1970, à 85% originaire de l’état d’Ohio. Elle est située à 61km au sud de Cleveland, et à 22,5km à l’est d’Akron. Elle est passée de 29 bâtiments en 1963, à 97 en 1970. Elle dispense des formations en commerce, journalisme, psychologie et arts, jugées de bonne qualité.
Après la biographie d’un tueur en série MON AMI DAHMER (2012) et un reportage sur le métier d’éboueur TRASHED (2015), Derf Backderf réalise une reconstitution d’un événement qui a marqué l’esprit collectif des américains. Lors de la fusillade de l’université d’État de Kent, le 04 mai 1970, la Garde nationale a tiré à 67 reprises en 13 secondes sur des étudiants manifestant de manière pacifique. Cette tragédie a entraîné une grève et des manifestations de quatre millions d’étudiants, contribuant de manière significative à faire évoluer l’opinion publique américaine lambda sur la présence militaire des États-Unis au Viêt Nam. Il est donc vraisemblable que le lecteur américain ait déjà une connaissance superficielle des événements et un sens de leur importance dans l’histoire de leur pays, ce qui n’est pas forcément le cas d’un lecteur européen. La brève introduction indique que l’auteur se livre à un exercice de reconstitution fortement documenté, s’appuyant sur les déclarations de personnes ayant vécu les événements. Régulièrement il utilise une disposition s’apparentant à un texte avec une illustration pour apporter les informations nécessaires : sur la construction de l’université d’État de Kent et l’insertion des étudiants dans la vie de la ville, sur l’organisation étudiante contestataire SDC (Students for a Democratic Society), sur la loterie de conscription, sur les 5 organisations de police ayant délégation pour intervenir sur le campus (la police du campus, la police du comté, la police de la ville de Kent, le FBI, les agents secrets de l’armée), le service d’entraînement des officiers de réserve, le groupuscule terroriste des Weathermen, les rumeurs et la désinformation sur les mouvements estudiantins, etc. Dans le cadre de cette reconstitution historique, le lecteur accueille avec plaisir ces pages car elles lui ouvrent les yeux sur différentes facettes du contexte de la situation.
Il est possible qu’en détaillant la couverture les idiosyncrasies graphiques de l’artiste n’apparaissent pas au lecteur, mais dès la première page, elles sont bien présentes. Il a une façon bien à lui de représenter les visages : un tout petit peu trop gros par rapport au reste du corps, avec des expressions parfois exagérées, et d’autres fois très subtiles et très justes. Les chevelures semblent un peu figées, comme une perruque un peu raide. Les corps des personnages semblent parfois un peu faussés, comme si une proportion n’était pas juste, par exemple un avant-bras un peu trop long. Une fois passée l’éventuelle période d’adaptation ces caractéristiques visuelles prononcées, le lecteur se rend compte qu’il n’y prête plus attention, qu’elles ne font aucunement obstacle à son plaisir de lecture. Derf Backderf ne récite pas une leçon d’histoire, ne fait pas du journalisme, ne donne pas un cours magistral. Le lecteur voit évoluer devant lui de vrais personnages dont les vies s’entrecroisent naturellement.
Il s’agit bien d’une bande dessinée, et il est visible que le dessinateur en a soigné la reconstitution pour une véracité maximale. Le lecteur peut s’amuser à regarder les pages sous l’angle des tenues vestimentaires pour se faire une idée de la mode de l’époque. Il est probable que l’habitant de la ville de Kent jouera à reconnaître les lieux, la cohérence de leur disposition spatiale étant assurée par les schémas mis en préambule. Le lecteur peut aussi s’attarder sur les uniformes militaires et les armes employées. Le mode narratif qui prend le dessus est celui de la chronique quotidienne, portée par la vie de plusieurs individus qui se croisent au gré des événements. Chaque séquence est découpée en cases en fonction de sa nature, avec un passage de temps variable entre elles, de très court pour la description d’une action, à plus conséquent quand le récit passe d’une journée à une autre. Les scènes sont variées, allant de la préparation d’un repas à une avancée de la Garde nationale avec usage de bombes lacrymogènes, en passant par des soirées entre étudiants.
Conscient de la nature du récit, l’horizon d’attente du lecteur est de comprendre ce qui s’est passé : le déroulement chronologique des événements, le contexte social, politique et culturel. Tous ces éléments sont présents de manière claire, soit dispensés par bribes au cours des conversations, soit exposés le temps d’une page d’une ou plusieurs cases sous la forme de texte avec des illustrations. S’il connaît l’auteur, le lecteur sait quelle est sa sensibilité politique, et cela se voit un peu dans la manière de présenter les choses. Néanmoins, il n’a pas l’impression de lire un récit à charge uniquement dans l’accusation et la dénonciation. Certes les étudiants ont le beau rôle et les adultes sont au pire des réactionnaires incompétents, au moins pire des parents inquiets pour leur progéniture. Les étudiants sont des personnes avec une conscience politique, certains plus bûcheurs, d’autres plus dans l’action politique, mais sans aucun rapport avec une quelconque activité de type terroriste, même de loin. Bien sûr, il n’y a pas de suspense quant à l’issue du récit puisqu’il s’agit de faits historiques. Son intérêt réside donc dans la reconstitution elle-même : la vie des étudiants, la façon dont l’état gère des mouvements de contestation, de remise en cause d’une politique, de remise en cause d’une autorité. D’un côté, il est facile d’y voir une forme de rébellion adolescente ou de la jeunesse, une phase de développement personnelle qui trouve écho dans un comportement de groupe, avec une forme d’inconscience quant aux risques bien réels encourus. D’un autre côté, l’histoire a entériné que ces mouvements de protestation d’étudiants ont eu pour effet de faire bouger l’opinion publique, que la jeunesse refuse d’accepter d’être complice des exactions des générations précédentes, qu’elle se bat pour des valeurs admirables, même si un peu intéressé pour éviter d’être appelé et de devoir partir au Vietnam.
Avec cet ouvrage, Derf Backderf réalise une reconstitution historique d’un événement clef dans l’histoire des États-Unis, avec un naturel et une fluidité extraordinaire. Sa narration visuelle n’a l’air de rien et elle se fait rapidement oublier devenant comme allant de soi, tandis que les individus se comportent de manière naturelle, existant avec leur personnalité, tout en apportant les informations nécessaires pour comprendre ce qui passe, et aussi apporter le recul nécessaire.
La BO du jour :
J’entretiens avec Backderf des rapports ambigus : c’est un peu comme entrer dans de l’eau froide : j’y vais toujours à rebrousse poil avant de rester longtemps une fois dedans. Le fait de son trait très (!) underground pas forcément vendeur pour mes mirettes.
Pourtant TRASHED et DAHMER figurent partie mes meilleures lectures de la dernière décennie.
Grâce à toi Présence, je me sens prêt à piquer une tête sitôt mon maillot de bain acheté.
Je ne connaissais pas ces événements, tu l’as bien vendu Présence, mais uniquement en VF alors.
Je trouve également que son trait fait très underground, et je suis un peu déçu car quand j’essaye d’exprimer en mot cette impression je m’aperçois que je suis incapable de le faire clairement, d’expliciter les caractéristiques du dessin qui me font associer ces pages à un comics underground.
PS : je l’ai bien sûr lu en anglais, et ce fut une lecture facile et plaisante, sans difficulté de compréhension, sans avoir à prendre des notes ce qui est à mettre au crédit des compétences de l’auteur comme narrateur accessible.
Coucou
Ouais moi désolé de rejeter ces BD sur quelque chose d’aussi…trivial pour certains, mais je n’aime pas du tout le dessin !
Il y a tant de choses à lire, à tester, que ça me suffit comme justification pour faire l’impasse^^
Coucou Matt.
Pour moi, le dessin n’est pas une composante triviale, mais au contraire primordiale dans la façon de raconter. J’avais également un a priori négatif sur les dessins de Derf Backderf, jusqu’à ce que je me laisse convaincre par les remarques de Jyrille et que ma curiosité emporte mes dernières réticences. La personnalité graphique de Backderf étant très forte, elle ne disparaît pas à la lecture même après plusieurs pages, et l’impression étrange subsiste tout du long, mais il y a une cohérence dans la manière de raconter, l’ensemble scénario + découpage + dessins étant en phase.
les bds du type XXI sont également des lecture que je fais volontiers en bibliothèque, mais que je n’achète pas par gout…
Je vais néanmoins surveiller pour le pas la zapper quand je le verrais sur un étal.
Je n’ai pas encore réussi à sauter le pas de la lecture d’un numéro de XXI.
@Eddy : Les comics de Backderf sont nettement moins longs qu’une phrase de Bendis…
J’ai la version VF qui m’attend, je reviendrai donc te lire une fois ma lecture achevée. Mais je suis bien content que l’article soit de ton fait. Il nous manque Punk rock et mobile homes et True Stories sur le blog !
Tu as raison Mattie si le dessin ne plaît pas pas la peine de se forcer. A moins que tu n’aies l’occasion de la lire en médiathèque ?
La BO, je dis oui.
Punk Rock & Trailer Parks et Trues stories ne sont pas encore dans ma pile de lecture.
Par contre Trashed a remonté de plusieurs crans et je reviendrai ajouter un petit commentaire sur ton article quand je l’aurai lu.
Oh yeah !!
c’est plus anecdotique, True Stories, une compilation de trucs en une planche du temps où il était dessinateur de presse. intéressant, ceci dit, pour saisir son sens de l’anecdote, de la petite bizarrerie humaine.
et sinon, oui, le dessin de Backderf n’est pas ultra séduisant, mais mine de rien il fait très bien le job, il a une expressivité particulière, je trouve. pour moi, c’est vraiment un auteur à suivre.
Totalement d’accord.
Sinon, c’est une sacrée coïncidence (et je l’ai découvert par hasard), mais c’était le sujet du jour d’Affaires Sensibles, l’émission de France Inter.
https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-05-janvier-2021
J’y ai ainsi découvert qu’un titre de CSNY en parlait.
https://www.youtube.com/watch?v=l1PrUU2S_iw
Oui, David Crosby a été particulièrement secoué par cet événement. Il en parle régulièrement dans les ITWs.
@Nikolavitch – Merci pour ces informations sur ses autres ouvrages.
Je viens de lire le début de ton article : merci beaucoup pour la dédicace ! Ca me fait super plaisir.
😀
Merci à toi pour avoir réussi à me convaincre (et Bruce en sait quelque chose, c’est pas facile 🙂 ).
Ce style de dessin ne me plaît pas beaucoup d’habitude, mais avec ce dessinateur, ça me convient bien. Comme quoi tout est subjectif. Ça me fait penser un peu aux Guignols de l’info avec ses marionnettes figées mais vivantes en même temps.
Très bon article en tout cas, qui me donne vraiment envie de compulser cette œuvre. Merci Présence.
Je n’ai pas d’a priori négatif sur ce type de dessin, plutôt une forme de connotation : j’y associe des ouvrages à la narration pas forcément fluide, parce que très marquée par la personnalité d’un auteur atypique. Or, ici, il n’en est rien : la narration est normale, sans moment lourd ou mal articulé.
Le sujet m’intéresse forcément puisqu’il correspond à cette période pour laquelle je me passionne (voir mon article sur la chute du mouvement hippie).
Mon premier réflexe a été de me dire que je ferais volontiers l’impasse sur cette BD. Car dans mon esprit la BD est en général réservée à mes lectures d’évasion (vampires, karaté, etc…), tandis que je réfère retrouver ce genre de sujet dans les livres sans images, ou à la rigueur dans les films.
Pourtant, au fur et à mesure que je lisais ton article, j’ai eu de plus en plus envie de lire la BD. Ce n’est évidemment pas la première fois que tu me fais le coup. Dans un registre proche, tu m’avais fortement donné envie de lire Une Tête Bien Vide de Gilbert Hernandez. Je n’ai pas encore sauté le pas pour le lire, mais c’est toujours dans un coin de ma tête…
Le dessin de Backderf est également un frein pour moi. Je n’aime décidément pas ces dessinateurs underground qui se sentent obligés de figer leurs personnages comme ça. Mais bon…
Suite à cette publication, j’ai commencé à lire ce Kent State : je me suis immédiatement dit que cela devait t’intéresser rapport à cette période qui t’as poussé à écrire ces articles si intéressants sur la chute de la maison hippie.
Et je le répète puisque j’en parle dans mon bilan 2020, mais il faut voir THE TRIAL OF THE CHICAGO SEVEN (LES SEPT DE CHICAGO) sur Netflix, un excellent film sur un sujet assez proche, ayant eu lieu quelques années plus tôt (1965 je crois), histoire dont je n’avais jamais entendu parler. Vous y verrez Sacha Baron Cohen comme vous ne l’avez jamais imaginé.
https://www.youtube.com/watch?v=nH79C2udi5U
Ce n’est évidemment pas la première fois que tu me fais le coup : je préfère parler de ce qui me plaît, et je me dis que j’arrive parfois à communiquer mon enthousiasme. 🙂
En lisant et relisant tes 2 articles Woodstock’s Fall, j’ai pu mesurer à quel point j’ai été marqué par l’idéologie ou le folklore hippie, à un degré dont je n’avais pas conscience. Je ne me passionne pas pour cette époque, mais inconsciemment (et maintenant plus consciemment) je suis très sensible sur le plan émotionnel à ses thématiques. Je prends plaisir à les retrouver dans une œuvre.
Bon, je ne veux pas relancer le débat, mais les faits historiques relatés en BD ce n’est pas mon truc.
Tout comme un roman ou un film ( hors documentaires) ce sont des œuvres de fiction.
Tarantino nous l’a déjà assez démontré avec INGLOURIOUS BASTERDS ou ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD où il réécrit l’Histoire.
C’est toujours le problème de la limite entre fiction et réalité. Ou est le vrai et ou est le faux?
Ta BD est, a priori, bien documenté mais tu écris aussi:
« S’il connaît l’auteur, le lecteur sait quelle est sa sensibilité politique, et cela se voit un peu dans la manière de présenter les choses. »
Cela résume tout.
Cependant certaines œuvres de fiction sont essentielles. Celle que tu présentes aujourd’hui m’a permis de m’informer via Wikipedia de ces fait historiques que j’ignorais. Et c’est déjà beaucoup 😉
Comme toi, je suis convaincu que la vérité objective n’existe pas et que toute reconstitution historique est biaisée et simplificatrice.
Du coup, ce n’est pas tant une question de vrai ou de faux, mais plus de qu’est-ce qui est omis, ou ce qui est mis en avant. De ce point de vue, le fait de connaître les inclinations de l’auteur permet de savoir quelle facette il favorise.
Par la force des choses, à commencer par la taille de l’article, wikipedia propose des synthèses, elles aussi avec leurs limites.
Oui, tu as raison et j’ai peut-être un peu exagéré en parlant de faux.
Tu as sans doute trouvé les mots justes:
Ce n’est pas tant une question de vrai ou de faux, mais plus de qu’est-ce qui est omis, ou ce qui est mis en avant.
L’objectivité n’est pas quelque chose de facile, Même pour des journalistes expérimentés. 0n est tous des humains avec nos sensibilités et nos convictions.
Par exemple, les journaux ont aussi des affinités politiques. Libération et le Monde sont des journaux de gauche et Le Figaro un journal de droite.
Je trouve, par contre, que Wikipedia est une source sûre car les informations peuvent être corrigée en temps réel et très rapidement par l’ensemble de l’humanité pour peu qu’ils aient une connexion internet.
Difficile de faire plus objectif 😉
wikipedia : c’est une source pratique que j’utilise tous les jours. Elle est sûre dans certain domaine, sujette à caution dans d’autres. Sur son blog, John Byrne expliquait à quel point l’article à son sujet était construit sur la base de déclarations qui souvent n’étaient pas les siennes, et donc présentant certains faits de manière très orientée, voire n’étant pas du tout des faits. En consultant la page VF de Stan Lee, il est également possible de relever quelques raccourcis dans la manière de présenter les faits.
Au lieu de se plaindre, John Byrne peut aussi corriger les informations qu’il estime fausses . C’est très facile et c’est le principe même de Wikipedia !
Personnellement, j’ai remarqué que la moindre information erronée publiée sur Wikipedia était très rapidement corrigée par les internautes.
Fait l’essai tu verras !
Aucune conviction personnelle ne peut rivaliser avec le savoir collectif du plus grand nombre.
ah, j’oubliais la BO:
C’est du très bon,…un groupe qui sait mélanger les genres. Les amateurs de Rap ou de Métal devraient y trouver leur compte
Merci Présence, de me rappeler l’existence de Derf Backderf, dont je n’ai lu que le DAHMER, dont ni le sujet et le style de dessin ne m’intéressaient a priori mais qui m’ont laissé un bon souvenir , ou plutôt, fait une forte impression.
Me concernant, le dessin de Backderf n’est pas « beau » mais il a de la personnalité et malgré ses exagérations et toutes ses « idiosyncrasies » que tu mentionnes, je le trouve très bon. Avec l’attention portée aux détails, aux postures et à la différenciation des visages…
Même si c’est undeground, je préfère ça à … disons, le Grand Design de Ed Piskor, qui me sort bien davantage par les yeux.
Sinon, au passage, je crois que j’ai découvert « idiosyncrasie » grâce à un de tes anciens articles. L’emploi de ce mot pourrait-il être constitutif de l’idiosyncrasie de ton style rédactionnel ? 😉
Oui, l’attention portée aux détails, aux postures et à la différenciation des visages est impressionnante et génère une immersion de grande qualité.
Mince, tu m’as démasqué ! Oui, Idiosyncrasie en est constitutif, ainsi que deux ou trois autres expressions du genre l’adverbe (et pas l’adjectif) Incontinent, ou la locution Solution de continuité, mais j’essaye de ne pas les mettre dans tous les articles. 🙂
La couverture de Kent State prend une autre dimension avec les évènements du Capitol d’hier.
J’en continue la lecture, et un des Sept de Chicago y est cité et fait partie des événements.
J’ai presque fini la lecture de cet ouvrage : il me reste à lire les références utilisées qui apparaissent dans les pages de la bd. Merci beaucoup Présence pour cette présentation claire et saisissante. Je n’avais en effet aucune connaissance de cet événement avant la publication de cette bd, une histoire tragique fortement choquante, qui me rappelle un peu la bd de Kris et Davodeau, UN HOMME EST MORT.
Tu ne trouve pas que le dessin de Backderf est ici beaucoup plus sérieux ? Il n’utilise pas du tout d’effets comiques, c’est très naturaliste et factuel, y compris dans la gestion des ombres, des décors. Son trait s’affirme et il utilise plus de profondeur, de perspectives. J’ai vraiment été très impressionné par la rigueur sans que cela joue sur l’émotion générée. Sa mise en scène reste impeccable et amène le lecteur exactement là où le voulait son auteur. Et bien sûr j’ai énormément appris. C’est une histoire de fous, avec une paranoïa générale incroyable. Un beau morceau de bravoure et une bd qui pour moi se classe directement dans le haut du panier des dernières sorties.
Plus sérieux ? Ah ben non, je n’ai pas pu parce que c’est la première bande dessinée de lui que j’ai lue. 🙂
Ah mais oui suis-je bête ! Tu verras alors en lisant Trashed et Dahmer 🙂
J’ai oublié de dire que j’étais totalement d’accord avec ça : « Une fois passée l’éventuelle période d’adaptation ces caractéristiques visuelles prononcées, le lecteur se rend compte qu’il n’y prête plus attention, qu’elles ne font aucunement obstacle à son plaisir de lecture. »