King Kong & Son of Kong, par Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack
Première publication le 18/06/15-Mise à jour le 23/07/17
AUTEUR : TORNADO
Cet article portera sur deux films : Le King Kong originel version 1933, avec Fay Wray et les effets spéciaux de Willis O’Brien, ainsi que sa suite réalisée la même année, intitulée Son of Kong.
Ces deux longs métrages ont été réalisés plus ou moins par la même équipe, à une époque où le monde était encore une terre de découverte…
Cet article est le premier d’une tétralogie. Il sera suivi d’un article sur le remake de 1976 et sa suite de 1986. D’un autre sur les King Kong japonais. Et enfin d’un dernier sur le remake réalisé en 2005 par Peter Jackson…
1) King Kong 1933 : Sauvage et beau
L’histoire, tout le monde la connait : Un générique s’ouvre sur ce titre : « King Kong : La Huitième merveille du Monde » (« Eighth Wonder Of The World » était le titre initial du projet). Nous sommes dans le New-York de la prohibition. Un cinéaste aventurier nommé Karl Denham repousse sans cesse les limites en allant filmer les animaux sauvages dans les régions les plus reculées du monde, espérant créer à chaque fois la sensation auprès des spectateurs ébahis.
Ayant eu vent d’une île inconnue appelée L’Île du Crâne, peuplée de créatures préhistoriques, le bonhomme monte son expédition. Pour ce faire, il ne possède qu’une seule et unique carte, mentionnant l’existence de cette terre au large de Sumatra.
Denham nourrit de grandes ambitions sur son projet, tout en restant évasif quant à ce qu’il souhaite filmer en particulier. Il tient néanmoins à intégrer dans son film une jeune et belle actrice en chair et en os. Ce sera Ann Darrow, jeune femme au chômage, perdue et affamée dans le New-York en crise des années 30.
Le Venture, cargo spécialement apprêté pour l’expédition, quitte alors la civilisation pour pénétrer dans l’inconnu…
Voici le film qui traumatisa et transforma en geeks plusieurs générations de cinéphiles (dont votre serviteur) -voire de cinéastes- qui prirent conscience à sa vision que les rêves les plus fous pouvaient être incarnés sur un écran de cinéma.
En ce qui me concerne, j’ai découvert la chose un lundi soir (ou bien un mercredi, je ne m’en souviens plus), à l’âge de sept ans. Ce soir là, il avait fallu que je supplie longuement mes parents car, hormis le mardi soir, il était hors de question de regarder la télévision en semaine, passée la barre fatidique des 20h30, pour cause d’école le lendemain. Ce fut la seule et unique fois qu’ils renoncèrent à m’interdire le spectacle, probablement incapables de supporter mon regard humide suintant la panique !
Je me souviens avoir passé les trois-quarts du film debout, les mains rivées sur les accoudoirs de mon fauteuil, dans l’incapacité totale de me rasseoir, tétanisé par le suspense et les images inouïes de ce qui, assurément, allait devenir le film au dessus de tous les autres !
Un stégosaure, un brontosaure, un tyrannosaure, un ptéranodon et un gorille géant plus tard, j’allais me coucher des étoiles plein les yeux (la guerre des étoiles, déjà !). Et puis, enfin, le lendemain, je pouvais palabrer longuement du spectacle avec mes copains d’école. Car d’habitude j’étais bien l’un des seuls à n’avoir pas eu droit à me coucher tard !
Le roi des monstres !
Datant de 1933, tourné seulement cinq ans après l’avènement du cinéma parlant pour un budget de 650 000 dollars (une somme colossale pour l’époque, sachant que le budget initial fut dépassé de 80 % !), King Kong nous émerveille aujourd’hui encore par ses effets spéciaux et sa galerie de tableaux tout droits sortis de nos fantasmes les plus fous en matière d’aventures. Depuis ses décors en noir et blanc nous plongeant dans une jungle de cauchemar jusqu’à sa collection de monstres antédiluviens, le voyage est total !
Spectacle tenant du jamais vu auparavant, le film regroupait quasiment toutes les techniques de trucages connues à l’époque, depuis les peintures sur verre (toujours d’actualité en 2015 !) à l’animation image par image et autres rétroprojections issues des trouvailles du grand Georges Méliès !
Les scènes cultes abondent tout au long du film, nous prouvant à quel point l’œuvre est devenue une référence, aussi bien dans sa construction narrative que dans ses scènes de bravoure : Le combat entre le singe géant et le tyrannosaure, la traversée des marais, le tronc servant de pont par dessus le ravin… Mais surtout, le voyage en terre inconnue d’où l’on ramène une créature s’évadant dans la ville hostile deviendra un archétype pour tout l’ensemble du cinéma fantastique. Le Monde Perdu, réalisé en 1925, avec déjà le grand Willis O’Brien aux commandes des effets spéciaux, dévoilait le même schéma. Mais il sera jugé avec le recul comme une sorte de « brouillon » par rapport à l’œuvre qui nous intéresse ici.
Ce thème du monstre sauvage lâché dans la civilisation écume ainsi l’Histoire du cinéma. On le retrouve dans les films de Ray Harryhausen (Le Monstre des Temps perdus, A des Millions de Kilomètres de la Terre, La Vallée de Gwangi –relecture directe du King Kong de 1933-), les suites de L’Etrange Créature du Lac Noir, plusieurs films de dinosaures des années 50 aux années 70 (Dinosaurus, Gorgo, etc.), tous les films d’insectes géants des années 50 (Des Monstres Attaquent la Ville, Tarentula, La Chose Surgit des Ténèbres, etc.), les films de monstres japonais (Godzilla et toute la clique, qui finiront d’ailleurs par rencontrer King Kong en personne !), les films de crocodiles géants (Le Crocodile de la Mort, L’Incroyable Alligator, etc.), Bigfoot et les Henderson et, bien sûr, la belliqueuse créature de la saga Alien…
On retrouve même ce thème dans certaines déclinaisons inattendues, parmi lesquelles les Gremlins, ou encore des hommages directement assumés comme dans la saga Jurassik Park (évidemment, cette liste n’est pas exhaustive, sans quoi elle me prendrait des heures !).
L’histoire de King Kong, c’est donc avant tout celle d’une créature sauvage lâchée dans la civilisation, dont la nature et les instincts primitifs vont s’opposer de manière véhémente à tous les aspects de notre monde civilisé.
Cette toile de fond est ici abordée de manière magistrale, tant le décorum sauvage et indompté de l’Île du Crâne s’oppose avec force à celui, symétrique et calculé, de la grande métropole, laquelle n’est qu’une jungle elle-même, mais taillée dans la géométrie mathématique et impitoyable du monde civilisé. Et c’est ce dernier qui, d’une manière aussi cruelle qu’indiscutable, remportera le combat contre une nature en apparence pourtant si puissante…
Mais cette thématique opposant les deux versants de notre monde n’est qu’une parmi toutes celles qui viennent épaissir la toile du fond de King Kong, démontrant l’exceptionnelle richesse de son sous-texte. Par exemple, il n’est pas du tout anecdotique que le film s’ouvre sur le New-York de son époque, alors en plein cœur de la grande crise économique. Le personnage d’Ann Darrow (joué par Fay Wray) (1) incarne ainsi à lui-seul la situation. Et c’est bien Ann qui ramènera le monstre des temps perdus, éperdument amoureux d’elle, depuis le bout du monde. A partir de là, on peut très bien voir dans cette créature la transposition symbolique et cauchemardesque de la dite crise sous sa forme la plus monstrueuse, venue de nulle part, puis combattue avec toute la force du désespoir. Quant à la scène finale qui voit le géant abattu par l’armée, n’est-il pas possible d’y voir également, à travers ces avions symbolisant la toute puissante technologie du monde civilisé alors encore confiant dans le progrès, la future victoire contre une crise foulée au pied du plus illustre symbole du progrès : l’Empire State Building ?
Quand on y songe, le sujet du film n’est également que la mise en abime de ce que le film était lui-même à l’époque de sa création : Le personnage de Karl Denham qui espère ramener les foules dans les salles obscures à coup d’images spectaculaires jamais vues auparavant fait ainsi parfaitement écho à ce que souhaitaient Ernest B. Schoedsack & Merian C. Cooper en tournant King Kong, c’est-à-dire redonner, en pleine période de crise, un élan pour le cinéma à grand spectacle et offrir aux spectateur un moment de rêve et d’évasion en cette époque troublée !
Et que dire de tous les autres thèmes déroulés tout au long de l’histoire ? Se bousculent ainsi celui de la Belle et la Bête, du Bon Sauvage, ainsi qu’une réflexion sur l’anthropologie et le choc des cultures.
Par rapport au mythe de la Belle et la Bête se décline ainsi sa composante sexuelle, symboliquement illustrée lorsque le roi Kong tente d’effeuiller la belle Ann Darrow, laquelle, apeurée, déclenche chez son brutal prétendant un sourire baveux doublé d’un regard lubrique ! Incroyable métaphore sexuée pour une époque parallèlement très prude !
A celui du Bon Sauvage s’opposent naturellement les dimensions gargantuesques du gorille géant, qui finissent en réalité par annihiler toute possibilité d’apprivoisement, voire de simple harmonie. Quant à la réflexion sur l’anthropologie, prière de se référer aux deux thèmes précédents ! C’est dire toute la richesse, d’un simple point de vue thématique, d’un film à la force indestructible, qui allait lui-même devenir un mythe moderne, et l’un des premiers mythes exclusivement cinématographiques. C’est ainsi que le temps a fait son office, et que notre King Kong premier du nom est devenu l’un des chefs d’œuvre de l’Histoire du cinéma…
2) Son of Kong : Papa où t’es ?
Le succès de King Kong fut si gigantesque que l’idée d’une suite parait tout simplement naturelle. Celle-ci arriva pourtant par la petite porte, la même année. Bien moins bon que le précédent (il fut d’ailleurs un cuisant échec commercial), Son Of Kong a surtout été conçu pour réinvestir les chutes de son prédécesseur en matière de scènes fantastiques (avec styracosaure, ours géant et serpent de mer !).
Le synopsis : Après la mort de King Kong, Karl Denham se retrouve ruiné car il a perdu son procès pour avoir causé la destruction de Manhattan. Il décide alors de retourner sur l’Île du Crâne, persuadé que les indigènes y ont caché un trésor incommensurable. Arrivés sur l’île après moult péripéties, Denham et l’équipage du Venture (parmi lesquels s’est faufilée une jeune femme nommée Hilda) arrivent à destination et découvrent rapidement l’objet de leur quête. Ils font également connaissance avec le fils de Kong, qu’ils prénomment Koko. Celui-ci, bien plus amical que son défunt père, va les défendre contre les monstrueuses créatures qui peuplent encore les lieux…
Il est évident que cette séquelle a été tournée hâtivement (même pas un an après le premier film !), davantage comme une petite série-B que comme une vraie production à grand spectacle, afin de recycler les scènes les plus intéressantes (en termes d’effets spéciaux) ayant dû être écartées du film précédent.
Réalisé avec un budget de 250 000 dollars (trois fois moins que le précédent), Son of Kong n’a réellement été mis en chantier que par Ernest B. Shoedsack, sans la présence de son compère Merian C. Cooper, et avec une participation limitée de la part de Willis O’Brien, qui s’est contenté de refiler les chutes du film précédent à ses collaborateurs.
Son of Kong est ainsi un petit film sans envergure, sans aucune valeur ajoutée par rapport à son prédécesseur, et sans toute la toile de fond qui allait de pair ! Qui plus-est, il fait également figure de parent pauvre en termes d’effets spéciaux, puisqu’il nous montre ce que l’équipe du premier film avait choisi de ne pas garder.
Toutefois, en grande partie parce qu’il s’agit d’un film resté longtemps inédit (pas moyen de le voir pendant des lustres !), il se laisse déguster pour ce qu’il est : Un petit film d’aventures fantastiques désuet, suranné et familial.
La bouille du petit Koko (!!!), alors qu’il passe son temps à rouler des yeux et à se gratter la tête, tire ainsi le film vers la comédie, tandis que les superbes décors nous donnent bel et bien l’impression que nous sommes toujours sur l’Île du Crâne…
Un petit bonus. Voilà ce qu’est ce second film. Une suite réservée, quoiqu’il en soit, aux amateurs de bonnes vieilles séries-B naïves et gentiment exotiques, à déconseiller aux spectateurs n’ayant aucune appétence pour ce type de cinéma bis…
Tout comme le premier film, mais en tout petit !
3) De la poésie comme matière à effets spéciaux
Et bien non : King Kong n’était pas le premier film de gorilles de l’histoire du cinéma. Un an auparavant, un gorille belliqueux (mais de taille normale) terrorisait les spectateurs dans Double Assassinat dans la Rue Morgue, un film d’horreur réalisé par Robert Florey d’après la nouvelle d’Edgar Alan Poe.
Murders In The Rue Morgue (titre VO) était le troisième film de la série des Universal Monsters, après Dracula et Frankenstein. Mais parlons un peu de son gorille : ce ne fut vraiment pas une réussite ! Le réalisateur avait eu la très mauvaise idée d’alterner ses prises de vue simiesques entre celles d’un acteur costumé, déguisé en gros singe, et celles d’un chimpanzé grimaçant, filmé en gros plan ! A ce stade, les images n’étaient absolument par raccord et le résultat était catastrophique ! Ernest B Schoedsack & Merian C Cooper s’en sont certainement souvenu l’année suivante, lorsqu’ils ont fait appel au spécialiste des effets spéciaux Willis O’Brien pour la conception de leur singe géant !
C’est tout ce qui fait la différence avec notre King Kong : Ses effets spéciaux. Il est aujourd’hui habituel de le crier sur les toits : « Willis O’Brien était un génie ». Le plus grand créateur d’effets spéciaux de son temps, et l’un des plus illustres représentants de sa discipline. Un visionnaire doublé d’un artiste au talent incroyable. On l’a souvent entendu : « King Kong c’est vachement bien parce que ses effets spéciaux véhiculent une merveilleuse poésie « . Alors ? Tout le monde a-t-il compris en quoi cela relevait effectivement d’une certaine forme de poésie ?
C’est pourtant bien cette poésie dont ont parlé les critiques de cinéma qui rend cette œuvre inégalable, où la technique rudimentaire des effets spéciaux fait corps avec la naïveté du sujet, telles les rimes au service de la prose. Ainsi, lorsque le roi Kong affronte un tyrannosaure ou lorsqu’il évolue dans sa caverne préhistorique, c’est bien son animation image par image, totalement factice, qui le rend si cohérent.
Le principe est le suivant : Si un film est réaliste, les images sont réalistes. S’il est fantastique, les images sont fantastiques. S’il est naïf, les images le sont aussi. C’est pour cette raison que tous les remakes du monde et toute la technologie possible et imaginable ne parviendront jamais à retrouver l’essence de l’œuvre originale chroniquée ici, où naïveté et effets spéciaux de l‘aube vont de pair. Où les trucages antiques riment avec cette exploration d’une île peuplée de créatures antédiluviennes. C’est la rencontre totale entre le fond et la forme, l’osmose absolue entre un sujet et sa fabrication. Ce sont, encore une fois, les rimes qui coïncident avec le contenu du poème…
Près d’un siècle plus tard, le temps a fait vieillir notre film, mais il n’a nullement atténué sa force. Il faut dire que King Kong était né de la rencontre, comme c’est souvent le cas avec les grands moments de l’Histoire du cinéma, entre une poignée d’artistes exceptionnels. Depuis, les réalisateurs Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack (qui, dans la scène finale, jouent les pilotes qui tuent eux-mêmes leur propre création dans un acte d’amour passionnel totalement infanticide !), le spécialiste des effets spéciaux Willis O’Brien, le compositeur Max Steiner (2) et même cette grande dame du cinéma que fut Fay Wray, brillent au panthéon du 7° art.
Comment réagissent tous les enfants du monde en voyant de telles images ?
(1) Fay Wray avait déjà joué le personnage principal du précédent film de Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack : Les Chasses du Comte Zaroff (1932).
(2) : King Kong serait le premier film pour lequel la musique a été imaginée spécialement !
Une nouvelle plongée dans le cinéma d’antan. Merci à toi !
J’aime beaucoup le premier King Kong aussi, et pourtant je l’ai vu assez tard, il y a même pas 10 ans je crois. Donc la nostalgie on oublie. Mais comme je l’ai dit ailleurs, je suis fan de ces vieux effets spéciaux, notamment le stop motion de Willis O’Brien qui inspira ensuite Ray Harryhausen pour tous ses monstres fantastiques.
Ce que tu dis sur la poésie de ces vieux effets est intéressant. J’ai toujours eu du mal à expliquer aux gens pourquoi j’aimais ces vieux effets quand ils me sortaient « beuh mais ça a vieilli, c’est laid » En général ce genre de réflexions m’agaçaient et j’avais du mal à défendre mon point de vue. Maintenant je l’explique souvent en disant que les limites de l’époque rendent impressionnants ces effets, alors qu’aujourd’hui, il n’y a plus de limites et donc il n’y a plus de quoi être étonné par l’ingéniosité des spécialistes d’effets spéciaux. Bien sûr on peut toujours faire des monstres plus précis, plus photoréalistes, mais la méthode est la même : des images de synthèse qui dans le principe n’ont pas de limites pour représenter n’importe quoi à l’image. D’ailleurs le remake de King Kong m’avait gonflé tellement c’était too much en termes d’effets spéciaux (trop de bestioles, d’insectes phalliques bizarres) et absurde parfois (3 T-rex qui se battent pour une fille de la taille d’un apéricube alors qu’ils sont accessoirement en train de tomber d’une falaise. Putain y’a rien à bouffer d’autre sur cette île ?)
Je ne connaissais même pas Son of Kong par contre. L’autre film de gorille que j’ai vu avec ce genre d’effets spéciaux, c’était un des premiers sur lequel Harryhausen a travaillé ; Mighty Joe Young. ça date par contre, je ne m’en souviens plus très bien.
En tous cas c’est un article bien sympa qui rend honneur à ce film qui le mérite. Merci.
@Matt ton histoire d’apéricube m’ a fait sourire de bon matin.
@ King Tornado : Un travail aussi gigantesque que notre simiesque ami. Chapeau bas ! Je constate qu’avec Star Wars, c’est encore une séance de supplication auprès de tes parents qui ont servi de préliminaires pour la vision de King Kong….
» Ce sont, encore une fois, les rimes qui coïncident avec le contenu du poème… » très jolie tournure qui souligne ton argument autour de l’impossibilité de refaire le même King Kong quand bien même les effets spéciaux auraient évolué. Celà me rappelle un débat que j’avais lu dans un Rock’n’folk qui soulignait que l’on pouvait aujourd’hui jouer mille fois plus vite qu’Hendrix, avoir de meilleurs FX que sur les disques du Floyd, ou chanter mieux que les Beatles. Il n’empêche que ces groupe ont toujours eu ce petit supplément : l’innocence des pionniers. Ce passage de ton article m’a évoqué cela. Et ton article soulève en filigrane la notion de temps au cinéma.
Gamin, je m’en foutais de King Kong, je lui préférais bien sûr la version avec Jessica Lange plus actuelle à l’époque. En l’ayant revu, j’ai été finalement plus sensible à la photo que je trouve très belle et surtout à l’iconographie du monstre : Chaque photo que tu as choisi racontent une histoire, un moment. C’est magnifique. Ce fut la même chose à l’adolescence je préférais les Vendredi 13 aux vieux Hitchcock, j’avais trouvé Psycho ringard. Aujourd’hui c’est le contraire, il est donc possible de bien vieillir….
« Quand on y songe, le sujet du film n’est également que la mise en abîme de ce que le film était lui-même à l’époque de sa création » : génial ! Je n’avais pas vu cet aspect, mais ça crève les yeux tellement c’est juste. Je ne m’étais toujours arrêté aux considérations de la belle et la bête. A propos, qu’est devenue Fay Wray ?
J’ai souvent fait pour ma part le rapprochement entre Kong et M le Maudit : deux monstres qui en étant pourchassés parviennent à susciter l’empathie du public. Je ne connaissais pas l’existence de son of kong. Mais je suis très friand de ces jeux de mots en Kong….. Et enfin l’affiche originale est vraiment magnifique !
Oui, tiens ! Très belle affiche.
Pour ma part j’ai toujours rêvé de voir la publication d’une sorte d’énorme art book composé d’affiches de films fantastiques anciens avec les montages photos et surtout les magnifiques peintures très « pulp » réalisées par des artistes qu’on connait peu finalement.
Cela doit forcément exister !
Ça me dit quelque chose. J’ai déjà dû en voir un. mais je ne sais plus où c’était (peut-être aux USA !).
Les créateurs tuent eux-mêmes leur propre création : quel métacommentaire !
Le cinéaste Karl Denham quitte la civilisation pour rechercher des images fantastiques : une autre forme de métacommentaire !
Décidément, sous les effets spéciaux, se cache un scénario que n’auraient renié ni Alan Moore, ni Grant Morrison.
Et puis vous avez vu la classe ? Tornado annonce une tétralogie !
Putaing, Kong !
A l’annonce de la tétralogie, j’ai été un peu circonspect… Mais apparemment, le Bruce va en répartir la parution dans le temps…
Concernant celui -là : je suis un peu à l’inverse de Tornado : on m’a imposé la vision de ce film, à une époque où la sélection du programme était fort éloigné de mes prérogatives de petit dernier de la famille…
Je n’ai jamais vraiment été tenté de revoir le film et je n’en retiens que deux-trois éléments qui ont été fréquemment cités dans d’autres oeuvres : la scène en haut de l’Empire State Building, et la réplique « c’est la Belle qui a tué la bête ».
Plus tard, le mélange Gorille géant + dinosaures m’a plutôt fait fuir, car je recherchais plus de rationnalisme dans mes fictions (j’adorais les explictations pseudo-scientifiques du Marvel Handbook).
Dans l’article, je retrouve un des leitmotiv de Tornado, la recherche de l’adéquation entre le fond et la forme. Cela dit, je trouve la tournure « Le principe est le suivant : Si un film est réaliste, les images sont réalistes. » est un peu dogmatique et sans pouvoir citer de contre-exemples, je pense qu’il en existe certainement…
Je n’aurais pas non plus fait la lecture King Kong = la crise, mais bon, cela illustre la richesse de l’oeuvre.
Enfin, je ne connaissais pas du tout Son of Kong, sur lequel je vais pouvoir continuer à faire l’impasse, suite aux bons conseils de Tornado, dont je salue le boulot, même si je ne partage pas sa passion pour cette oeuvre.
(Vous avez vu, j’ai réussi à parler de l’article et pas de rando en Corse ou de quête du Graal !)
« Si un film est réaliste, les images sont réalistes ».
Je ne me suis peut-être pas bien exprimé, mais l’idée était d’amener à réfléchir sur ce qui faisait l’unité et la cohérence artistique d’un film. Beaucoup de film ne sont pas comme ça ! Mais pour que ça fonctionne il faut que le fond et la forme soient en harmonie. Souvent…
Tornado, encore un article fleuve qui sent bon la geekitude, qui m’explique une tonne de choses, qui m’apprend une somme non négligeables d’informations dont je n’avais jamais entendu parler. Je te tire une nouvelle fois mon chapeau.
Je me souviens avoir vu Les chasses du comte Zaroff au cinéma de minuit, j’avais adoré et le film m’avait longtemps hanté, mais désormais ce n’est plus qu’un souvenir, j’adorerai le revoir. Cependant, je crois bien que je n’ai jamais vu cette version de King Kong. Le premier dont je me souvienne, c’est celui de 78 avec Jessica Lange. Mais je crois comprendre qu’il faudrait que je voie l’original d’abord…
Pour l’histoire de King Kong elle-même, j’avoue n’avoir jamais été un grand fan. En fait, je n’ai jamais compris où allait cette histoire, de quoi elle parlait. Tu parles admirablement du sous-texte, mais je ne suis pas certain d’être d’accord. Excepté la personnalisation d’une humanité bestiale et sexuelle, comment peut-on cautionner un film qui arrache un monstre qui n’a rien à faire dans une ville de sa jungle, le montre comme une bête de foire puis finit par l’assassiner avec des armes surpuissantes ? Assassinat qui est un spectacle à lui tout seul, puisque cette scène finale a un énorme potentiel émotionnel et visuel, qu’elle a marqué les esprits et qu’elle a sans doute à elle seule inspiré tous les films que tu cites.
Et puis cette histoire de dinosaures, c’est la même chose. Pourquoi ne pas ramener un tricératops d’abord, ou en plus ? Bref, cette histoire ne me convaincra sans doute jamais, mais ton enthousiasme et tes arguments sont largement intrigants. Vivement les trois autres articles, car j’ai vu le Peter Jackson et me souvient vaguement du Jessica Lange.
Une nouvelle fois un article captivant et fort bien documenté !
Alors en effet les effets paraissent clairement datés (un petit coté Wallace et Groomit parfois dans l’animation donc forcément l’émotion en pâtie) mais quoi qu’il en soit le film restera dans les anales pour son coté précurseur et avant-gardiste ! Sans compter la fantasmagorie sexuelle chargée qui se dégage du film… N’est pas avec King Kong qu’est né le fantasme de la femme victime vaguement consentante ?
Quoi qu’il en soit que du lourd !
Merci à tous pour vos remarques.
King Kong version 1933 est un film qui fonctionne particulièrement bien pour les enfants. Il marque durablement les mémoires.
Il fonctionne également très bien pour les amoureux du cinéma de l’époque. Je me suis demandé s’il y avait eu des comics King Kong, mais je n’ai pas pris le temps d’effectuer une recherche. En tout cas, je n’en connais aucun !
Chapeau pour l’article !
Il y a quelques années Arte avait fait un cycle King Kong, passant le film original, sa suite et Mighty Joe Young (qui a d’ailleurs aussi eu droit à un remake fin 90’s/début 2000’s) me semble-t-il. J’avais déjà vu le premier King Kong beaucoup plus jeune (ainsi que le remake des 70’s que je n’ai jamais revu), le revoir a été un réel plaisir, sans déceler tous les sous-textes que tu mets en avant j’ai été touché par ceux qui apparaissent clairement comme cette pauvre bête qu’on arrache de son milieu naturel sans rien lui demander avant de la sacrifier sur l’autel de notre superbe bêtise. Le remake de Peter Jackson m’avait beaucoup amusé sur grand écran (et pourtant j’avais eu le malheur de le voir depuis le premier rang) mais m’a laissé plus circonspect lorsque je l’ai revu en DVD dans sa version (très) longue, le réalisateur ne s’est jamais caché qu’il s’agissait pour lui avant tout d’un rêve de gosse (et cela se sent selon moi) mais accouche avant tout d’un moment d’aventure un peu trop chargé plutôt que d’un film mémorable, avec tout de même quelques bons ajouts comme l’acteur « belle gueule » à qui on attribue tout le mérite de l’expédition (mais on en reparlera en temps et en heure). Le lien entre King Kong et la crise est un fait connu que tu expliques parfaitement bien, c’est l’une des plus belles métaphores qu’il m’ait été donnée de voir au cinéma.
J’ai vu une fois Son of Kong (lors du cycle Arte) et t’en entendre parler me donnerai presque envie de le revoir avec King Kong. Le film est clairement en-dessous du premier mais une petite tendresse se dégage du petit Kong, notamment dans la scène finale… qui en même temps témoigne des faiblesses du film, expéditive et sortie de nul part, le genre de fin que l’on sent écrite parce qu’il fallait bien finir le film dans le temps imparti malgré un manque évident d’idées. Un film à réserver aux amateurs de cinéma un peu curieux (on n’est pas non plus dans de la série Z de fond de tiroir).
Tornado, une question me taraude l’esprit: « de quelle couleur était ton « pull qui gratte » lors de la confrontation avec tes parents ce jour la? » ☺
Sinon, un très chouette article qui donne envie de le revoir, car cela fait très très longtemps….
Pas de pull qui gratte dans mon souvenir. On devait plutôt être au printemps, ou quasiment en été !
Une soirée exceptionnelle, qui m’a marqué à vie et a fait de moi un geek !
La saison prochaine, le théâtre toulonnais projette le film avec un orchestre qui joue la bande son en live devant le public. J’avoue que je suis très tenté..
j’avais été à Paris au concert de Star WArs avec les images projetées sur écran. Je n’en ai pas gardé un souvenir impérissable….J’aurais préféré dans un autre style avoir des places pour le concert de Gilmour à Orange, complet de chez complet.
Quelle culture ! Votre passion est contagieuse. Bravo !
Merci. La contagion dans ce cas là, c’est le but ! 🙂
Voilà une émission très instructive pour les fans du grand kong (avec un pelage noir), où l’on apprend notamment que la part d’érotisme du film de 1933, c’est à une femme scénariste qu’on la doit.
https://www.youtube.com/watch?v=Jq_0WAfzY8c&feature=youtu.be