Marine Fille de Pirate par Pierre Tranchand et par François Corteggiani
Par : Emmanuel BALLANDRASCet article portera sur “ Marine Fille de Pirate” dessiné par Pierre Tranchand et écrit par François Corteggiani.
- *DRIIIING ! * Tiens, un appel en numéro masqué ? Oui allô ?
- Salut coco, c’est ton boss vénéré à l’appareil ! Alors, il en où mon article à rendre en vitesse ?
- Aaaah heu oui… hum… bin, c’est en route justement… En cours, quoi ! J’avais pensé à parler de pirates mais…
- Négatif, coco ! Tu l’as déjà fait précédemment ! J’veux du neuf, du beau, du rutilant ! Pas de plats réchauffés dans mon établissement de luxe!
- Mais boss, c’est différent cette fois ! Je voudrais parler d’une petite fille, d’aventures, de fibre nostalgique, de…
- Pfff ! Dis donc, t’aurais pas un problème avec les pirates toi ? Entre Barbe-Rouge et Albator, tu m’inquiètes ! T’as pensé à consulter ? Bon, j’ai plus de temps là ! Envoie moi ça fissa, et on verra ce que j’en ferai ! * clic ! *
Lorsque j’étais en CE2, je passais beaucoup de temps tout seul. Mon petit frère était atteint d’une maladie assez rare et nécessitait d’être régulièrement hospitalisé plusieurs jours assez loin de la maison. Il était donc normal que mes parents l’accompagnent et restent avec lui. C’est pour cela que la bande dessinée a été une véritable bouffée d’oxygène : je pouvais me réfugier dans des aventures qui me projetaient loin de la réalité.
Quelques jours avant de partir à nouveau pour l’hôpital, ma mère me tend un gros bac. Elle me dit qu’une de ses amies avait un adolescent qui nous voulait plus « s’intéresser aux bandes dessinées parce qu’il était temps de grandir » ( quelle drôle d’idée)!
Dans ce bac se trouvaient une bonne cinquantaine de magazines « Le journal de Mickey ». Tous en excellent état et rangés par ordre! Autant dire une véritable mine d’or pour moi et une promesse de bien m’occuper pendant la semaine.
Naturellement je connaissais les personnages de Walt Disney. Mais je ne connaissais pas « Le journal de Mickey ». Je découvrais alors dans cet hebdomadaire d’autres aventures qui n’avaient aucun lien avec le monde de Disney : d’autres univers, d’autres styles de dessins…
L’un de ces personnages a été pratiquement oublié du grand public. Alors je trouve normal de refaire un petit peu de lumière dessus avant de sombrer dans l’oubli collectif: « Marine fille de pirate » raconte les aventures d’une petite fille nommée Marine ( Non??? Si!) et de son petit chien Pépito.
Ce personnage a été créé pour la première fois à la fin des années 70 par François Corteggiani et Pierre Tranchand à qui l’on doit aussi ( entre autres) les aventures de « Smith et Wesson » et « L’école Abracadra ».
La première aventure de Marine sera publiée en 1979 dans « Pif Gadget », puis dans « Le journal de Mickey » à partir de 1984. C’est à ce moment-là que le titre « Marine fille de pirate » sera simplifié par « Marine ». Lorsque j’ai découvert la série, ce n’était donc pas la première fois que le tout jeune public français entendait parler d’elle.
Si l’on se fie à la première histoire, l’action se passe aux alentours de 1775 ( mais on a pourtant l’impression que l’histoire se tient plutôt à la période des Grandes Découvertes ). Pour faire simple, Marine est la fille orpheline d’un pirate très célèbre nommé Caïman. Toutes les aventures de la série raconteront les péripéties de la petite héroïne, de son chien Pépito, et deux anciens flibustiers : l’imposant Tafia et le subtil Tabasco .
Ces deux derniers ayant bien connu Caïman, ils décideront de s’occuper de Marine, même si cette dernière ne se laissera pas tout le temps faire. La petite a un fort caractère, mais elle arrivera à se faire accepter comme marin(e) au côté de ses compagnons. Étant ventriloque et un peu garçon manqué, elle aidera également à sortir ses compagnons de beaucoup de situations périlleuses lors d’amusants quiproquos.
Spécialement axé pour un jeune public, le style de Corteggiani et Tranchand ne dépareille pas dans « Le journal de Mickey ». Il y a de l’action, de l’humour, des voyages, et un style graphique parfaitement adapté pour ce style de lectorat. Les décors sont bien dessinés et plus détaillés qu’on ne pourrait croire. Les personnages un peu forts physiquement sont dessinés avec des formes bien rondes, les méchants sont vite repérables à leurs visages, les nez et les doigts sont parfois pointus ou ronds dans un style qui fait parfois penser à Franquin et Uderzo.
D’ailleurs il est souvent fait mention de petites phrases se rapportant aux aventures d’Astérix. Par exemple, Tafia explique lors d’une aventure « qu’en Armorique, on avait coutume d’attacher un barde à un arbre pendant un banquet » tandis qu’un de ses compagnon se demande où il a déjà lu cela. De plus, Tafia et Tabasco ressemblent un peu au couple Astérix-Obélix sur le plan physique, mais la ressemblance s’arrête ici puisqu’ils n’ont pas le même caractère que les gaulois. En tout cas, impossible se tromper : nous sommes bien dans le style franco-belge pour la jeunesse.
Quoique « fille de pirate » , Marine et ses tuteurs ne sont pas adeptes de pirateries avides de gain. Il faudrait plutôt les voir comme de simples marins à la morale intacte, et qui naviguent d’aventures en aventures. Après tout, la cible du lectorat reste un jeune public.
Au départ, les aventures étaient sous forme de tout petits récits que l’on pouvait compiler sur 3-4 pages maximum. Les cases n’étaient pas spécialement grandes, mais étaient très détaillées. Le style graphique à naturellement évolué dans le temps, et les auteurs ont décidé plus tard de remanier les dessins.
Les cinq premières histoires compilées seront éditées chez Hachette, tandis que les quatre suivantes iront aux éditions du Lombard. Tranchand dessinera de nouvelles couvertures pour l’intégrale des 11 albums qui seront réédités chez Clair de lune entre 2002 et 2006. La série n’a pas été rééditée depuis. Snif !
C’est grâce aux premières aventures de Marine que j’ai pu faire le rapprochement avec Smith et Wesson. Et c’est là que j’ai découvert qu’un dessinateur pouvait avoir plusieurs personnages à son actif. J’étais pourtant persuadé à l’époque qu’un dessinateur avait l’exclusivité d’un seul personnage, comme si ce dernier était le prolongement de lui-même.
Passé la troisième aventure nommée « Le trésor du Caïman », Marine sera moins exposée au grand public, mais sans disparaître pour autant. La série aurait mérité un peu plus de visibilité auprès du grand public. C’est donc avec une affection particulière que je songe à me payer toute l’intégrale de la petite pirate en hommage aux moments d’évasion qu’elle m’a offert étant petit…
La BO du jour : Quoi de mieux qu’une pinte de rock pirate avant de partir en haute mer?
Ah, que de souvenirs ! Je me souviens distinctement de cette lecture dans Pif…
C’est bien plus tard que j’ai appris que c’était d’abord sorti dans Pif gadget.
Lire Pif Gadget était un de mes plaisirs hebdomadaires quand j’étais jeune, ainsi qu’aller le chercher chez le buraliste et farfouiller pour découvrir quels autres magazines étaient présents dans les rayons.
Je présume que j’ai dû arrêter de lire Pif avant que cette série n’y figure… Petite consultation sur wikipedia : la série est arrivée en 1979 dans le magazine donc j’ai certainement dû en lire quelques épisodes. Ma mémoire a dû tout effacer depuis.
Les cases n’étaient pas spécialement grandes, mais étaient très détaillées. – Les cases que tu as incluses sont effectivement très impressionnantes.
Merci Présence. Effectivement en feuilleton les diverses aventures de Marine, je me rends compte du grand détail dans chaque case. J’aime beaucoup quand ça fourmille de détails un peu partout.
Souvenirs , souvenirs…l’occasion ce matin d’expliquer avec ma voix de père Fouras ce qu’était Pif gadget à ma fille.
M’en parle pas j’ai fait pareil avec mon fils… Haha!
J’ai le Pif N°544. Ce qui signifie que j’ai donc le 1° N° de cette série et que j’ai déjà dû le lire dans ma prime jeunesse. Je n’en garde cependant pas le souvenir. Je vais feuilleter la revue pour voir si ça ravive quelque chose. Si ce n’est pas le cas, ça signifie que je suis passé à côté (je ne lisais pas forcément tout le contenu de chaque revue à l’époque), et c’est dommage.
Vu comme ça, j’ai l’impression que les auteurs ont tenté une approche à la Gosciny & Uderzo et du coup ça me fait surtout penser à leur proto-série JEHAN PISTOLET (un héros corsaire) !
Excellente remorque à propos de Jehan Pistolet. Bien vu Tornado!
Jamais entendu parler…
Oh mais j’ai un vague souvenir de cette Marine ! Comme disait un ami sur FB, si son père a un bandeau de pirate, on en a une aussi en politique française…
Bref, je suis certain que ces aventures sont délicieuses, mais mes souvenirs sont trop flous. N’ayant jamais été fan de Mickey, j’ai dû les lire chez Pif. Ou plus tard. Je ne savais pas que cela n’avait jamais été réédité. C’est dommage en effet.
Si tu aimes les pirates à ce point, je ne sais pas si je t’en ai déjà parlé, mais il faut lire POLLY ET LES PIRATES de Ted Naifeh. Ca a longtemps été la bd préférée de mes enfants.
Ted Naifeh est l’auteur de Courtney Crumrin : http://www.brucetringale.com/courtney-love/
La BO : pas du tout mon truc mais c’est marrant.
Merci Jyrille. J’irai voir POLLY, ça peut sûrement me parler ^^
J’ai beaucoup lu le journal de Mickey et Pif gadget.
Je ne me souviens plus de Marine fille de Pirate.
En revanche je me rappelle de Surplouf le petit corsaire paru aussi dans Pif.
Ces magazines étaient aussi, pour moi enfant, le moyen de m’évader et de passer de bons moments.
Je comprends tout à fait ton besoin de te replonger dans ces bandes dessinées.
J’éprouve exactement la même chose 😉
Merci Surfer. Surplouf, c’était de la pépite, tout comme « Arthur le petit fantôme » ou « Les Rigolus et les Tristus » ( tous du même auteur d’ailleurs)
C’est ça… moi aussi avant ton article j’étais persuadé que Marine était de Cézard., mais c’est à cause de ce Surplouf….
Bon par contre j’aimais le gadget mais je n’ai pas non plus gardé un souvenir impérissable des séries à part Supermatou, de Poirier, les Hercule de Yannick, certains trucs plus long sur PIf comme le « pays où il pleut tout le temps » et l’aventure dans l’espace avec le professeur Belpomme.
oui Dicentim le petit franc.
Moi aussi j’étais fan du Hercule de Yannick, il a fait un super boulot pour lui donner sa place dans le monde de Pif… Même si j’ai regretté qu’on ne voit jamais Pif de temps en temps, ni Hercule rentrer dans sa cabane où il vivait dans le jardin de son pote canin.
Je me souviens très bien de cette série, dont j’avais suivi plusieurs histoires dans le Journal de Mickey. Je me rappelle encore du nom alambiqué du méchant d’une des histoires : Sigismond de Falabrak ! Dans le Journal de Mickey, on trouvait des séries non-Disney comme Alex Lechat ou l’Archer Blanc de Jean-Yves Mitton.
Ceci dit, la BD que je souhaiterai vraiment relire un jour, c’est « l’histoire selon Dingo ».
Bigre quelle mémoire cher JP! En même temps, avec un nom de méchant comme ça, on se sent fier de pouvoir le sortir pour briller en société hahaha!
J’aimais bien « L’Archer Blanc » par le même dessinateur de « Noël et Marie » qui était publié dans Pif Gadget.
Je ne sais pas si entre les défis Nikolavitch et les apartés de Ballandras, je ne vais pas saisir mon avocat pour violation du secret professionnel. Pas grave, je publie bientôt MES coulisses du blog.
L’article débute avec ces parties autobiographiques que j’affectionne : la BD comme échappatoire à une réalité douloureuse, à savoir la maladie d’un proche (en espérant que ces problèmes de santé se soient amenuisés ou contrôlés avec le temps). Cette époque où l’on pouvait trouver des BD chez le coiffeur, en hôpital…
Pour le reste je n’ai jamais lu les aventures de cette Pirattette. Sans doute parce que même enfant les graphismes m’auraient semblés trop enfantins alors que moi je rêvais déjà avec Byrne ou Rahan.
Il y a effectivement du Uderzo là-dedans, et Marine ne dépareillerait pas avec Pépé, le gamin de ASTERIX EN HISPANIE.
Je le note, non pour moi mais pour mes enfants si un jour nous retournons en libraire….
La BO : (silence)….
Le passage en kiosque était quasi-vitale pour mon bien-être! Pouvoir être devant un grand choix de magazines enfants mettait du baume au coeur, surtout que Pif était en pole position dans mon coeur à l’époque.
Excellente analogie avec Pépé dans Astérix, mais heureusement que Marine a néanmoins meilleur caractère que la teigne hispanique ^^
Pour la BO, j’avoue que ça ne plaira pas à tout le monde, mais quelle rigolade! Leurs concerts sont toujours sur un mode festif, mais je l’ai surtout choisi pour le thème des pirates.
Hé bien, tu ramènes de bien vieux souvenirs !
Personnellement, je n’ai quasi aucun souvenir de cette Marine… Son chien Pépito me rappelle vaguement quelque chose, mais c’est tout… Je lisais Pif Gadget (mon frère et moi avions d’ailleurs chacun notre Pif en peluche…), mais connaissant mes goûts de l’époque (qui n’ont pas tant changé…), surtout concernant les histoires de pirates, à mon avis, je ne devais pas lire cette BD !!
J’aurais aimé savoir ce que tu aimais dans cette BD : son humour, son graphisme, ses personnages ?
Je perçois bien qu’il y a le pouvoir de la nostalgie, mais qu’est-ce qui a pu t’attirer vers cette BD ?
Sinon, moi j’étais fan de Placid et Muzo… Pourquoi ? Aucune idée ! Mais ça me faisait bien rire ! Et puis bien sûr Pif et Hercule, mais je n’aimais pas Hercule…
Bon, sinon, navrée que ton enfance n’ait pas été plus heureuse 🙁 . J’ose espérer que cela s’est bien fini…
(La BO : haha je suis fière de moi, j’ai reconnu l’accent écossais XD )
Ce que j’ai aimé? L’ambiance légère, l’aventure qu’une gamine pouvait vivre, les dessins assez fouillés… Bien sûr, il y a une part de nostalgie, mais elle n’est exagérée. Disons que c’est aussi l’occasion pour moi d’éviter à ce personnage de sombrer dans les limbes de l’oubli.
J’aimais tout l’univers étendu de Pif, mais j’avais un petit faible pour Pifou et Brutos 😉
dans Pif j’oubliais l’un des plus célèbres: GAI LURON!
j’adore Gai Luron
Ah mais oui !!! J’adorais Pifou et Brutos !!!
Purée, il y a plus de commentaires sur PIF Gadget ici que sur l’article que j’avais écrit spécialement !
Milles excuses, j’ai lu ton article à l’époque mais je faisais encore parti des « muets » à l’époque…
maintenant on est bavards !