Encyclopegeek : Natacha
1ère publication le 16/01/17- Mise à jour le 02/07/22
Un article de : MATTIE-BOY
VF : Dupuis
Cet article portera sur la série de BD franco-belge Natacha .
Puisqu’il s’agit d’une série inégale avec des scénaristes variés qui se succèdent sur la série, livrant du bon et du moins bon, et comme je n’ai pas lu tous les albums, je n’avais qu’un moyen de parler de cette série. Aborder la chose sous l’angle de la nostalgie et de l’intérêt de cette BD pour moi en mentionnant surtout les albums qui m’ont plu.
François Walthéry, le dessinateur, a créé le personnage de Natacha durant son service militaire alors qu’il était occupé à gribouiller. Il se serait inspiré de plusieurs actrices : Mireille Darc, France Gall, Dany Carrel, ainsi qu’une de ses amies.
C’est en 1970 que le personnage de Natacha débarque officiellement au sein du journal de Spirou jusque là résolument masculin ( Yoko Tsuno de Roger Leloup est arrivée la même année). Walthéry s’était fait une place chez Dupuis grâce à Mittéi puis Peyo qui l’avait pris sous son aile. Le scénariste Gos s’occupera du scénario des premiers albums Natacha, hôtesse de l’air et Natacha et le maharadjah . Le ton sera donné : Natacha sera une série pleine d’humour baignant dans une ambiance de romans d’aventures et d’espionnage.
Sous ses airs très corrects, le personnage de Natacha a tout de même apporté une touche sexy aux publications Dupuis. Bon… bien sûr il y a eu quelques dérives officieuses plutôt « olé olé » (hé ! C’était des mecs chez Dupuis hein !) avec quelques planches échappées de la rédaction montrant Natacha seins nus (certains pastiches officiels sont trouvables dans l’album hors série Nostalgia )
A propos de nostalgie, je vais à présent vous parler de ma rencontre avec Natacha.
Quand j’ai su lire, avant de m’attaquer aux BD de mon frère ( Astérix , Gaston Lagaffe , Tintin ou Boule & Bill ), on m’achetait des albums des Schtroumpfs , j’empruntais des Garfield à la bibliothèque scolaire et je me risquais à lire des Gaston Lagaffe .
Jusqu’au jour où un énorme arrivage de cartons en provenance de chez ma tante franchit les portes de notre maison. Il s’agissait de tous les Spirou magazine , Journal de Mickey , Super Picsou Géant , Strange , Titans , Special Strange de mon cousin. Une mine d’or de BD et de comics. Et gratuite ! Bon…évidemment il manquait plein de numéros et je passais des journées à fouiller dans tout ça pour constituer une histoire complète. Parfois il ne manquait qu’un numéro et je lisais une histoire avec un trou au milieu. Le pire c’était quand il manquait la fin. Mais j’ai fouillé là dedans pendant des années et des années. Sans ces cartons, ma passion pour la BD n’aurait peut-être pas été la même. J’ai découvert énormément de séries comme ça. Les tuniques bleues , Yoko Tsuno , Le Flagada , Soda , les comics Marvel, les BD Disney…et évidemment Natacha .
Et bien sûr, au premier coup d’œil, elle m’avait tapé…euh…dedans. Oh, attention hein ! J’étais jeune. Pas de puberté, donc pas d’idées folles. Mais j’étais suffisamment âgé tout de même pour reconnaître et apprécier le dessin d’une jolie femme.
Natacha est une hôtesse de l’air souvent accompagnée de son ami Walter lui-même Stewart et qui se retrouve toujours entrainée dans des aventures périlleuses à travers le monde. Nos deux héros travaillent tous deux pour la compagnie aérienne B.A.R.D.A.F, un boulot qui justement est un bon prétexte pour leur faire parcourir le globe.
Dans la BD, notre héroïne est une célibataire endurcie dotée d’un caractère bien trempé puisqu’elle a une certaine propension à distribuer des baffes. Elle a cela dit beaucoup de cœur, ne supporte pas les injustices et se montre d’un courage exemplaire dans des situations dangereuses. Cela dit, elle n’est pas indestructible et c’est là que Walter se montrera utile.
Walter est un personnage grandement inspiré par les propres travers et passions de Walthéry. Ainsi est-il un peu paresseux, porté sur l’alcool, et un grand fan de jazz et de blues.
Il n’est pas le héros typique fort et courageux. Il picole et a plutôt la poisse. Mais du coup c’est aussi un personnage amusant et qui est capable de se rendre très utile là où Natacha n’est pas forcément la plus efficace. Walter a fait son service militaire, il sait donc manier des armes s’il le faut. Il se montre d’ailleurs très protecteur et a tendance à s’énerver si on attente à la vie de sa collègue et amie. Oui, juste amie. Le gag permanent est de faire stagner leur relation dans la case « amitié » et de continuer à les faire se vouvoyer alors qu’ils ont vécu plus d’aventures et de situations intimes (2 ans seuls sur une île déserte par exemple, j’y reviendrai) que n’importe quel couple d’amoureux. Mais leur relation ne prête jamais à confusion : ils sont de très bons amis, mais rien de plus.
Globalement j’aurais tendance à recommander plutôt la première moitié de la série. Même pour le dessin qui passe de fin et élégant à plus gras et grossier par la suite. Il n’y a rien à vraiment éviter dans les 12 premiers tomes. Il y en a des bons et des moins bons mais rien de lamentable non plus. Et le ton est moins enfantin qu’après le passage de la série chez l’éditeur Marsu Productions à partir du tome 14.
Les deux premiers tomes de Gos sont sympathiques et donnent le ton de la série, mais ne m’ont pas fait une forte impression. Le dessin cherche encore son identité.
La mémoire de métal
C’est à partir de ce 3ème tome que la série se bonifie pour moi. D’ailleurs les scénarios d’Etienne Borgers et de Maurice Tillieux sont ceux qui me plaisent le plus. Dans cet album, Borgers nous concocte une histoire d’espionnage avec des tueurs à la poursuite de Natacha après qu’une de ses amies apparemment assassinée soit entrée en possession d’un étrange écrin. Natacha se retrouvera mêlée à une histoire de vol de données et tentera d’échapper aux espions. Une histoire simple mais menée tambour battant à base de course poursuite et de gunfight dans la nuit parisienne hivernale. Ce récit a été réalisé suite au décès du père de Walthéry et bien que peu dépaysant, il apporte une noirceur inhabituelle à la série mais qui reste bienvenue selon moi pour une question de diversité.
La deuxième histoire de ce tome, un brin de panique scénarisée par Marc Wasterlain est déjà plus anecdotique, même si légère et amusante.
Un trône pour Natacha
Dans ce très bon album de Maurice Tillieux, le roi du Thénia (pays africain fictif) désire épouser Natacha rencontrée sur un vol diplomatique. Bien embêtée, Natacha sera contactée par des agents de la sécurité nationale qui comptent se servir d’elle pour infiltrer l’entourage du roi afin de piéger son protégé le colonel Von Tripp, recherché pour divers crime. Le tout sans causer d’incident diplomatique. Et la partie ne sera pas aisée car Walter viendra veiller sur Natacha et servir de cuisinier au roi.
Cette histoire est originale, drôle et rondement bien menée. Un vrai méchant qui mène son petit trafic au nez et à la barbe de son roi, une Natacha embarrassée avec un soupirant qu’elle ne peut pas envoyer sur les roses et un Walter affreusement nul en cuisine qui en verra de toutes les couleurs. Il y a tout dans cet album : de l’action, de l’humour, une bonne histoire. Recommandé.
Je passerai sur le tome 5 Double vol qui est sympathique mais sans plus. Trois courtes histoires qui ne m’ont pas marqué, à part la première dans laquelle Natacha est contrainte de travailler du côté obscur à cause d’une charge explosive qu’on lui a implantée dans une dent.
Le treizième apôtre
Pour moi le meilleur album de toute la série. Sur un scénario de Maurice Tillieux encore, cette histoire emmène nos héros en Turquie à la recherche de la tombe du treizième apôtre Matthias (celui qui a remplacé Judas Iscariote). Natacha se joint aux fouilles du professeur Karel qu’elle rencontre via un ami, Justin, qui s’avère être son assistant.
Natacha va chercher Walter et ils partent ensemble passer de splendides vacances en Turquie à la recherche de la tombe perdue de Matthias. Seulement, il semble que ces recherches intéressent quelques escrocs.
Alors pourquoi c’est bien ? Déjà l’histoire est un peu une chasse au trésor dans de magnifiques décors au parfum de vacances, et j’aime ça. Ensuite, c’est un album dans lequel on en apprend beaucoup sur les personnages. On apprend notamment que Walter a fait son service militaire avec l’ami de Natacha Justin, qu’il lit Brecht, aime la photographie, et est orphelin de père depuis peu (comme Walthéry tiens). Quant à Natacha, on apprend qu’elle se destinait initialement à des études d’archéologie avant d’avoir du abandonner pour des raisons familiales.
Tout ceci donne du background à nos personnages qui nous semblent plus humains que jamais. Walter semble aussi fragile émotionnellement vu comme il se noie dans l’alcool suite à une petite dispute avec Natacha en début d’album (scan 3). Malgré l’absence de romance, on sent bien qu’il tient beaucoup à elle.
Ensuite, le dessin est splendide. Honnêtement, Walthéry ne sera jamais meilleur que dans cet album. La finesse de son trait à atteint son apogée ici. Les décors sont magnifiques, Natacha n’a jamais été plus mignonne et gracieuse, et il y a un grand soin apporté dans chaque planche. Si vous ne voulez qu’un album, c’est celui-là !
L’hôtesse et Mona Lisa
Cet album verra l’introduction du grand père de Walter et de la grand-mère de Natacha qui sont leur portrait craché, et qui…s’appellent Walter et Natacha. Même si l’idée que les grands-parents de nos héros puissent avoir le même nom et la même tête semble au premier abord un peu risible, il ne s’agit que d’un moyen de transposer nos héros dans une autre époque, en l’occurrence le passé, avant la seconde guerre mondiale. Si cela restera anecdotique dans cette courte histoire qui ne constitue que la moitié de l’album, cela prendra une dimension plus importante dans un dyptique à venir.
Dans cette histoire, Walter grand-père est chargé de transporter la Joconde dans son vieux coucou et rencontrera Natacha grand-mère qui est conservatrice de musée. Ils feront le trajet ensemble et apprendront à se connaître au travers de diverses déboires qu’ils auront avec des trafiquants cherchant à dérober le tableau.
La deuxième histoire de l’album nous raconte comment un milliardaire détourne l’avion transportant tous les dessinateurs de chez Dupuis (qui ont donc tous droit à leur caricature) pour les emmener sur son île personnelle afin de les forcer à produire des albums de BD inédits pour ses deux horribles pestes qui lui servent de filles. Bien sûr, Natacha et Walter sont du vol et se retrouvent entrainés là dedans. Vous l’aurez compris, c’est une histoire plus délirante et humoristique. Pas transcendante, mais sympathique.
Instantanés pour Caltech & Les machines incertaines :
Voici un dyptique de science-fiction scénarisé par Etienne Borgers.
Cette fois, nos deux héros voyagent aux Etats-Unis. Lors du vol, Walter prend en photo un point lumineux qu’il pense être un O.V.N.I. Avec Natacha, il va se rendre en Californie pour voir le professeur Warring de CalTech, un spécialiste en astrophysique. Mais les photos prises vont aussi éveiller l’intérêt du F.B.I.
« Instantanés pour Caltech » est donc la première partie d’un récit ambitieux d’Etienne Borgers. On ne peut s’empêcher de penser à Rencontres du 3ème type de Steven Spielberg. Mais la suite va nous conduire dans une autre direction. En effet les extraterrestres se révèleront en réalité être des humanoïdes venus du futur qui débarquent pour faire disparaître toutes les preuves de Warring sur les O.V.N.I. Cette fois on pense à Terminator qui pourtant ne sortira au cinéma qu’un an plus tard !
En effet, Walter va être emmené dans le futur (en 2484) et devra livrer bataille aux côtés de rebelles humains contre les machines qui ont pris le pouvoir. Walter est pour une fois le personnage le plus important du récit. Il se montre courageux et héroïque. Dans le présent, Natacha essaie d’aider le professeur Warring qui est sous l’emprise des robots mais c’est Walter qui fera basculer l’issue de ce conflit. C’est un récit maitrisé et plein de moments épiques. Peut-être le 2ème récit à privilégier après le treizième apôtre si vous ne voulez que peu d’albums. A condition quand même d’aimer la SF.
L’île d’outre-monde
Ce récit de Marc Wasterlain est assez simple : suite à un crash, Walter et Natacha sont séparés des rescapés par une tempête en pleine mer et échouent tous les 2 sur une île. Ils vont y passer deux ans à essayer de survivre (et sans que jamais rien ne se passe entre eux, hi hi). C’est un pitch basique mais que j’ai aimé pour son côté Robinson Crusoé . Un des bons côtés de cette série reste tout de même sa variété. Nous avons des récits d’espionnage, d’aventures, des chasses au trésor, de la SF…et maintenant un récit de survie en milieu hostile. Bon…ne nous mentons pas, c’est aussi un prétexte pour mettre notre charmante Natacha en tenue de sauvageonne bronzée sexy. Mais il se dégage de l’histoire un parfum de vacances encore une fois avec un cadre d’île paradisiaque. Du moins pour le spectateur.
Mais finalement la meilleure conséquence de cette histoire c’est le dyptique qui suit.
Le grand pari & Les culottes de fer
Ces deux histoires de Mittéi mettent à nouveau en scène grand-mère Natacha et grand-père Walter. Après leur aventure sur l’île, nos héros ont eu droit à des congés et vont se retrouver en dehors du boulot pour évoquer une vieille aventure de famille.
Là encore c’est une histoire simple mais dont l’intérêt réside dans l’aspect road trip…aérien. Walter grand-père a fait le pari de faire le tour du monde en un temps record et va embarquer bien malgré elle Natacha grand-mère suite à un incident de parcours. La pauvre se retrouvera donc à devoir faire le tour du monde avec Walter dans son vieux coucou. Tout le sel de l’histoire vient des multiples tuiles qui vont leur tomber dessus, les contretemps, les accidents et sur leur relation qui est un brin différente de celle de leurs descendants. Attention, ils sont chacun mariés de leur côté donc il ne se passera rien, mais on sent bien à la fin du récit qu’il aurait pu se passer quelque chose si la vie les avait fait se connaître plus tôt ou différemment.
C’est une histoire facile à résumer puisqu’il ne s’agit que des péripéties de deux voyageurs mais pour ma part je la trouve très distrayante et amusante, même si ce n’est pas une histoire très aimée en général. Walter grand-père aura même l’occasion de rencontrer son idole Louis Armstrong lors d’une escale aux Etats-Unis.
A partir du tome 13 ( Les nomades du ciel qui est sympathique, sans plus), je n’ai plus grand-chose à vous conseiller. Tout n’est pas à jeter, mais certaines histoires sont plus enfantines, d’autres sentent le réchauffé et certaines sont catastrophiques et à éviter ( Natacha et les dinosaures , une purge !).
Je n’ai cela dit pas lu les tomes 19 à 22 donc je ne me prononcerai pas sur leur qualité. Mais j’avoue que je n’aime pas ce qu’est devenu le trait de Walthéry.
Ce qui m’amène à parler un peu de la partie graphique. Walthéry est un maître du mouvement. Quand on voit ses personnages, le mot « vivant » nous vient à l’esprit. Ils bougent, s’agitent, sont tous sauf statiques contrairement aux personnages de Blake et Mortimer par exemple. Et il faut bien avouer que ses personnages féminins sont gracieux. Le charme de Natacha vient plus de cette sensation de légèreté et de finesse de sa silhouette gracile dessinée de plain-pied et de l’expressivité naturelle des corps plutôt que de gros plans racoleurs sur sa poitrine comme on peut en voir dans certains BD maintenant que les héroïnes n’y sont plus une rareté. Globalement le style de Walthéry est élégant et très expressif. Il est aidé par Jidéhem dans pas mal d’albums qui lui se concentre sur les décors souvent très soignés.
Mais le style de Walthéry a changé au fil du temps. S’il est très fin au début, il devient plus grossier à partir des 2/3 de la série. Comme un dessin est toujours plus parlant qu’un long discours, voici une comparaison :
Ainsi s’achève ce tour d’horizon de la série. J’espère que ma sélection ne vous décevra pas mais il m’était difficile de parler de tous les albums sans faire plusieurs articles. De plus, je ne les ai pas tous lus donc une analyse équitable de chaque aventure n’était pas envisageable. Si mon article a au moins titillé votre curiosité ou vous a fait découvrir une série de BD que je range personnellement parmi les classiques franco-belges, alors mon boulot est accompli. Qui sait ? Peut-être tomberez-vous aussi sous le charme de la jolie demoiselle.
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Malgré de nombreuses heures de vol, la jolie hôtesse de l’air Natacha continue de vivre des aventures fraîches et divertissantes. Notre commandant de bord Mattie Boy rééxamine son CV pour vous depuis son baptême de l’air dans les 70’s jusque aujourd’hui. Embarquement immédiat chez Bruce Lit.
La BO du jour : toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air…
Excellente idée que la présentation de cette série. Je ne dois en avoir lu qu’un ou deux albums dont je n’ai gardé aucun souvenir si ce n’est l’entrain de la charmante héroïne.
Bravo pour le montage comparatif pour faire ressortir l’évolution de la manière de dessiner de François Walthéry.
Ton article fait également ressortir l’originalité de cette série dont la pérennité repose sur le dessinateur, et non sur les scénaristes. C’est également assez étonnant de constater que Walter n’est pas si lisse que ça, en particulier avec son problème d’alcool, comme un certain capitaine Haddock.
Walter n’est pas lisse en effet. C’est l’élément comique mais qui est plus qu’un faire valoir. Je dirais même que par rapport aux BD « jeunesse » de l’époque où le boulot et les tracas du quotidien sont à peine évoqués, les personnages sont là assez ancrés dans la réalité. Walter et Natacha ont un boulot (et on les voit bosser, pas comme quand c’est évoqué mais que les persos semblent tout le temps en vacances), il ont un look différent après leur périple sur l’île (une tignasse énorme pour Natacha, la barbe et des lunettes pour Walter) Bien sûr ils reprennent leur apparence classique mais il y a une notion de temps qui passe, de soucis de boulot, de congés, etc.
Walter est visiblement un geek de l’époque aussi, fan de BD, collectionneur de vieux disques de jazz, etc.
A l’époque je ne l’ai pas apprécié tout de suite parce que c’est un râleur qui n’a visiblement rien d’un héros, même s’il est capable de courage. Mais plus le temps a passé et plus j’ai apprécié ce côté plus humain et éloigné du héros sans peur et sans reproche.
Mais ça a l’air charmant tout plein ça !
Effectivement je n’ai jamais ouvert un album de Natacha. Comme pour Yoko Tsuno, gamin, je me disais que les filles héroïnes, ben, c’était pour les filles…Alors que des nénettes chez les super héros, je les suivais avec plaisir. je crois aussi que le graphisme qui me rappelle un peu celui de Boule et Bill, les longs cils de biche de Natacha ne m’attiraient pas. C’est vrai qu’il y a du Mireille Darc chez elle. En fait, je réalise aussi que je n’ai jamais lu non plus d’album de Spirou, quand bien même j’aimais beaucoup Fantasio.
En tout cas, option est prise pour rafler le 13ème apôtre et un Trône pour Natacha. Moi qui n’y connais rien, j’y vois beaucoup de clin d’oeil aux albums de Tintin : une globe trotteuse qui vit des épopées à la fois social et fictionnel, et les scans qui m’évoque Le crabe aux Pinces d’or (le scan avec l’hydravion), Coke en stock (la bagarre dans les rochers), et le Trésor de Rackham le Rouge (la séquence de plongée).
Il y a également une planche qui m’est familière : celle de l’île déserte qui m’évoque le fameux rêve de Gaston Lagaffe dans le volume 13 où avec M’amzelle Jeanne ils jouent aux Robinsons de l’amour. La planche est ici . Je ne sais pas qui a inspiré qui. Mais bon c’est Dupuis, et il y a certainement des clins d’oeils à Natacha chez Franquin que j’ai dû oublier.
Merci en tout cas pour ce tour d’horizon très complet qui donne envie de découvrir cette jolie hôtesse de l’air.
Les 2 albums que tu cites sont vraiment bons. Je peux te conseiller le volume 2 des intégrales au pire. Tu auras un trône pour Natacha, Double vol et le treizième apôtre en plus d’un bout de dossier intéressant sur les auteurs et le personnage. Et je ne pense pas que ce soit plus cher que de prendre les 2 albums cités séparément.
Attention quand même, il semblerait que ces tomes s’épuisent. Le volume 3 de l’intégrale (avec notamment l’hôtesse et Mona Lisa + le dyptique de SF) est introuvable (du moins à prix correct).
Moi c’est en lisant Natacha que je me suis mis à dessiner des femmes, chose que je trouvais vachement difficile. Pour en avoir parlé avec une ancienne amie qui dessinait, elle c’était les hommes qu’elle avait du mal à dessiner. Se pourrait-il que même sans en faire l’effort nous soyons plus conscient de notre propre anatomie ?
Et du coup les premiers persos féminins que je dessinais avaient des grands yeux de « biche » comme tu dis. Soda a aussi joué un rôle dans mon apprentissage « sur le tas » du dessin. J’ai dessiné des flingues et des voitures grâce à Soda. On est là en terrain nostalgique personnel avec cette série de BD.
Tiens dès que je peux accéder à mes scans de mes BD quand j’avais 10 ans (ouais je conserve tout et je numérise tout moi) je te montrerai mes « natacha ».
Tout pareil que Bruce. Notamment le fait que le style peut rappeler celui de Boule & Bill, une série qui ne m’a franchement jamais emballé. Du coup, je ne pensais pas que cette Natasha offrait de véritables histoires d’aventures à la Tintin et à la Spirou & Fantasio.
Je ne dis pas que je vais en lire demain étant donné la pile de lecture qui s’amoncèle, mais en tout cas j’ai appris quelque chose que je ne savais pas !
A une époque je dessinais énormément de femmes. C’est un coup à prendre. Demandez à Frank Cho, à Manara ou a Serpieri !
@Tornado : « les femmes, c’est un coup à prendre » je suis choqué par un tel sexisme 😉
C’est quoi cette haine du style de dessin de Boule & Bill ?
Je ne peux pas dire que je suis bien fan de Boule & Bill mais c’est pas vilain quand même.
Et puis Natacha ça fait quand même moins enfantin que Boule & Bill, messieurs !
Aucune haine. Juste un moment où un peu comme les schtroumpfs, j’avais envie à cette âge là de lire autre chose que ce style de graphisme très connoté ligne claire. de ce fait, j’ai fui les Alix, les Achille Talon les Spirou etc. Seul Gaston et Asterix trouvaient grâce à mes yeux déjà très exigeants mais surtout très sectaires. Je ne m’en vante pas et reconnais bien volontiers mes erreurs chef !
Aucune haine non plus. Juste un type de BD qui ne me branche pas du tout de par ce que ça raconte et dans l’univers presque naturaliste qui y est décrit…
Pareil que Bruce et Tornado ! D’ailleurs je pense quand même qu’un jour, il faudra que je lise du Achille Talon sérieusement.
Voilà une page de BD qui date de quand j’avais 13 ans (après vérification)
http://i.imgur.com/WAX2xIn.png
On voit que je copiais un peu sur les poses de Natacha. Mais n’empêche ça m’a aidé. Je n’ai plus de souci pour dessiner les femmes maintenant. Et je fais mieux que ça heureusement…
C’est marrant de découvrir votre propre vécu bédéphile. Je me demande si j’aurais eu ces a priori de « BD pour les filles » si je n’avais pas découvert tout ça gratuitement dans mes Spirou magazine. A cheval donné; on ne regarde pas les dents comme on dit. Du coup pour moi j’avais juste des cartons plein de trésors à découvrir sans déception possible (enfin…sauf quand il manquait des numéros pour compléter une histoire)
Joli coup de crayon !
Sympa. Tu étais meilleur (et plus mature) que je ne l’étais au même âge…
Ah tiens plus jeune j’avais fait un « fat man »
Un gros super héros habillé en rouge qui faisait plein de gaffes. C’était peut être pas très respectueux pour les gros, me souviens plus. Mais il était gentil.
Mais dans un épisode il devenait maigre et là il s’envolait quand y’avait trop de vent, les gens ne le reconnaissaient pas…alors il redevenait gros à la fin.
Mouais…spécial aussi.
Beau survol d’une série que je ne connaissais pas. Elle apparaissait dans le catalogue Dupuis à la fin de mes Lucky Luke mais je n’aurais guère essayé de titres de cet éditeur, excepté les tuniques bleues.
Et si , je lisais Boule et Bill, aussi (mais n’en garde pas un grand souvenir )
Petits bijoux peut être pas non plus. Parmi ceux que tu cites il y a surtout le 4 qui est bon. Le 3 est pas mal, le 5 moyen. Et le 2, honnêtement je m’en rappelle pas trop. Je n’avais pas super accroché aux 2 premiers.
Mais bon ça se tente évidemment. Surtout quand ça ne coute rien^^
Tiens un truc marrant dans le tome 3 : un des tueurs, celui qui hurle « elle a mon flingue » sur le scan est une caricature de Maurice Tillieux.
D’ailleurs dans la courte histoire qui suit « l’hôtesse et Mona Lisa » du tome 7, on le voit parmi tous les dessinateurs kidnappés et il a un look similaire avec ses lunettes et son air sérieux.
Le vrai bonhomme :
https://www.rts.ch/2014/10/20/08/44/5146658.image?w=600&h=449
Ton article est super Matt ! Merci de t’être attelé à cette série qui sent bon le pulp version belge, l’aventure rocambolesque à la Tribulation d’un Chinois en Chine, bref, une série qui mérite sans nul doute d’être redécouverte. Tu m’apprends qu’il y avait plusieurs scénaristes, je croyais que Walthéry s’en chargeait. Je ne connais vraiment qu’un seul album que j’ai en version cartonnée souple (comme mes Tuniques Bleues), qui est les Machines incertaines. J’adore cette bd mais cela fait très longtemps que je ne l’ai lue, il va falloir que je la retrouve vite ! Et tu me donnes envie d’en acquérir quelques autres. J’ai récemment vu qu’une intégrale de 421 était sortie, j’ai très envie de l’avoir…
Je me souviens que j’avais un recueil Spirou avec la couverture où Natacha brandit le journal enflammé, je me demande où il est. Comme c’est un recueil, c’est un gros pavé qui regroupe plusieurs numéros de Spirou. Les autres albums, je ne les connais pas vraiment, j’ai dû en lire des morceaux dans Spirou, surtout ceux de cette période, je me souviens des premières versions, mais très peu. Tu as raison, j’adore le trait de Walthéry jusque là. J’ai un petit poster (une double page Spirou) de Natacha chez mes parents, il faut que je le rapatrie, il est très classe je trouve.
Tu me rappelles aussi que moi aussi j’essayais de dessiner à l’époque. Et je faisais Natacha, enfin, sa tête, plutôt pas trop mal. C’était un de mes premiers fantasmes, cette fille… avec les copines de Spidey. Je crains (mais il vaut mieux) que je n’ai pas gardé cela. Ta bd de tes treize ans est assez impressionnante de maturité pour de bon, je suis épaté.
Ma mère m’achetait Spirou chaque semaine, et un jour où j’étais malade, un ami de mon père m’a ramené plein d’anciens numéros. Je dois encore en avoir beaucoup, il faudrait que je trie. On a un peu le même parcours tu vois 😉
Merci pour ton retour enthousiaste Jyrille ! Je me sentais un peu seul à connaître cette série.
C’est vrai que notre parcours se ressemble. Moi aussi Natacha était un de mes premiers fantasmes (un mot un peu fort parce que c’était un « fantasme » gentil quand je l’ai connue, mais c’est resté après vu qu’elle a été mon modèle pour dessiner). Et les copines de Spidey aussi je les aimais bien d’ailleurs vu que dans mes cartons il y avait des Strange avec des épisodes avec Gwen (dont sa mort aussi…)
Les machines incertaines est la partie 2 du dyptique de SF. Tu n’as jamais lue la première partie « instantanés pour Caltech » ? ça doit faire bizarre de commencer par la partie 2.
Joli poster en effet. Je ne sais même pas où sont mes Spirou magazine maintenant. Peut être qu’il en reste dans le grenier chez mon père…mais c’est bourré d’araignées alors j’ose pas trop y mettre les pieds (ouais, j’aime pas ces bestioles. Même si j’suis fan de Spidey)
Merci pour le mot gentil sur ma vieille BD. Honnêtement, comme je suis un peu perfectionniste, ça me fait un peu mal aux yeux de revoir mes vieux dessins…mais bon. J’aime bien garder quand je peux. Mes plus vieilles BD que je faisais sur des cahiers scolaires, je crains les avoir perdues.
Chouette rétrospective qui met la série en valeur. Merci!
Les images montrent bien l’incroyable dynamisme des scènes d’action (ou burlesques). Le sens du mouvement de Waltery était vraiment génial, dans la pure lignée de Franquin.
Eh bien merci pour ce retour^^
ça fait plaisir de savoir qu’il y a des fans intéressés par l’article.
Bien ou pas bien ?
https://www.20minutes.fr/arts-stars/cinema/3002003-20210318-bd-natacha-va-etre-adaptee-cinema-realisatrice-connasse?fbclid=IwAR0TUDMt4gSG9gsfYFcAhcKwdijKbUuHWUyff7XQMgbdCSP4gwsDzUkCfek
Ca peut être bien. J’aime beaucoup Plan Coeur (même si la saison 2 est vraiment mauvaise). Je suis de manière générale assez heureusement surpris par la capacité de nouveaux auteurs à moderniser les vieilles oeuvres, même si souvent ce n’est pas heureux (Le petit Nicolas ça allait mais le Gaston a l’air horrible).
Je ne ressens aucun intérêt face à cette nouvelle.
En fait des fois une simple question me vient face à une adaptation : pourquoi ?
Et à notre époque où règne un féminisme de pacotille qui consiste à dire femmes = mieux que tout le monde dans tous les domaines, ça me ferait même peur.
En fait toutes les BD Dupuis en général, je ne comprends pas l’intérêt d’en faire des films.
On voit bien ce que ça donne avec Astérix.
Rien que le style de dessin avec gros nez et tout…ça met une distanciation par rapport au réel et rapproche davantage le truc du dessin animé.
Qui a envie de voir Gaston joué par un vrai acteur réaliste ? Ou Spirou ? (il ne se baladerait même pas avec une tenue de groom tout le film d’ailleurs, ce serait ridicule)
Déjà le super héros c’est parfois limite d’y faire en film sans tomber dans le kitsch, et pourtant les dessins sont souvent plus proches du réel (on imagine plus facilement des acteurs dans les rôles)
Et le super héros c’est plein de baston, on peut concevoir un intérêt au cinéma.
Mais Natacha ?
Euh…avec de vrais acteurs ça va juste ressembler à un épisode de Julie Lescaut non ? Je veux dire…ce sont des aventures un peu policières, et tu mets une actrice blonde dedans…bah va falloir le deviner que c’est une adaptation de Natacha. A moins de forcer grave sur le look très ressemblant. Mais à ce moment là, quel intérêt de mettre de vrais acteurs et de les grimer avec des coiffures improbables des années 70 ? Autant faire un long métrage d’animation qui ne s’embarrasse pas autant de réalisme.
Enfin je peux plus moi les adaptations, ça me laisse perplexe…
Pour moi c’est pas ça le cinéma, c’est pas juste des adaptations de BD qui essaient d’avoir l’air réalistes. Je comprends même pas le délire parfois…
« Au scénario de cette adaptation, Noémie Saglio fait équipe avec Laurent Turner (« Radin ! »). Un duo qui semble ravir la productrice Vanessa Djian et la directrice générale déléguée de TF1 Studio Nathalie Toulza-Madar : « Nous sommes très heureuses de nous associer pour porter l’ambition de ‘Natacha’. Avec les talentueux Noémie Saglio et Laurent Turner, nous voulons créer un film drôle et moderne qui touchera autant les femmes que les hommes. » Selon les deux femmes « Natacha sera un brin de ‘Miss Maisel’ avec une pointe de la ‘Revanche d’une blonde’. En cette ère post #metoo, nous sommes certaines que le public attend une grande figure féminine de comédie ».
post Metoo?
sans moi ça ne parlera pas de Natacha, ça parlera d’une femme en vengeance perpétuelle qui sera la machine zéro vice zéro défaut dans un monde d’abominables hommes tous voués à sa perte!
Très instructif, cette approche personnelle d’une série que je n’ai jamais lue -même quand je possédais des Spirou en vrac prêtés par un copain. Le graphisme lui-même, et le côté un peu/beaucoup « spontané » de la compositions des cases, m’avait plutôt amené à glisser dessus : il y avait pas mal d’autres séries « à suivre » pour compenser ce choix. Ton commentaire traduit bien la joie que les péripéties de Natasha t’ont procuré. Péripéties vraiment tous azimuts : j’ignorais que c’était aussi varié et extrême, dans les genres ! De la SF, carrément.
Cela-dit, je veux bien croire que l’album Le Treizième Apôtre soit le meilleur, graphiquement parlant : la planche que tu as posté m’a arrêté dans ma lecture, vraiment, par l’évidente application avec laquelle elle a été réalisée, faisant apparaitre toutes les autres manifestement plus brouillonnes. Merci bien : me voilà moins ignare sur le sujet de ce personnage iconique du journal.
Sinon, moi aussi j’ai connu ce moment céleste du « carton » plein de BD, qui surgit on ne sait d’où (le premier copain de ma soeur ainée, que j’ai -évidemment- instantanément adoré : DEUX cartons de Super-Héros !). Sans rire, ce souvenir figure parmi les plus grandes joies purement égoïstes de ma vie.
Aussi : la frustration -mais aussi l’excitation mentale !- créée par certaines histoires dont il manquait la fin ou le début, dans ces magazines collectés dans le désordre : sacrée nourriture pour l’imaginaire, n’empêche.
Et aussi parfois, bien plus tard, sacré déception quand on met finalement la main sur un album dont les quelques pages d’introduction faisaient rêver si fort : Les Bulles De L’Ombre Jaune, par Vernes et Vance…