La classe américaine (Enigma)

Enigma de Peter Milligan et Duncan Fegredo

Un podcast réalisé par CYRILLE M

VO Vertigo / DC Comics

VF Urban

© Comics, Vertigo, Urban

ENIGMA est un bande dessinée déroulée en huit épisodes. Elle avoisine les deux cents planches, est scénarisée par Peter Milligan, dessinée par Duncan Fegredo, colorisée par Sherilyn Van Valkenburgh et traduite pour Urban par Patrick Marcel. Outre les huit couvertures originales, le recueil VF comporte également une préface de Grant Morrison.

Sachez que quelques secrets de l’œuvre seront révélés ci-après.

Bonjour, je suis la Voix. Non, pas celle du LOFT ou de SECRET STORY, la Voix de cet article. Enfin, pas vraiment, puisque vous ne m’entendez pas. En fait je ne suis pas une voix mais un ensemble de lettres disposées en groupes qui forment des mots ayant globalement un sens selon leur agencement. Et pourtant, vous m’entendez, avec la voix qui vous convient ou vous accompagne depuis toujours, une voix chaude et rassurante, peut-être celle d’un dessin animé, du doubleur français de Bruce Willis ou de la narratrice du DUNE de Lynch. Je pourrais être entendue des dizaines de fois ou jamais, je suis présente tout en restant inconnue de la majeure partie de l’humanité. On peut dire que je n’existe que par celui ou celle qui m’entend – enfin, me lit.

Vous vous dites que je m’écoute parler, que je ne fais que déblatérer des concepts fumeux, que mon discours est creux. Pourtant, le propos de ce préambule sied parfaitement à notre sujet du jour, sujet unique et circonscrit de ma propre utilité, à savoir le comic book ENIGMA. Publié en mars 1993, il est une des toutes premières publications du label Vertigo de la maison DC, sur lequel arriveront bientôt SHADE THE CHANGING MAN du même Milligan, KID ETERNITY du même Fegredo (une bd datant de 1991) puis les classiques SANDMAN, HELLBLAZER et de manière générale, toute une génération d’auteurs britanniques ayant révolutionné le comic book comme la Nouvelle Vague et le Nouvel Hollywood ont pu le faire au cinéma à d’autres périodes.

Sa première particularité est d’être une création des deux auteurs et pas une reprise d’une franchise existante, même s’il s’avère que tout comme WATCHMEN, Enigma s’inspire d’un personnage de la maison Charlton Comics, Peter Cannon. N’ayant jamais connu de suite, ENIGMA est donc une œuvre à part entière.

Il semble que j’ai l’habitude de ne pas saisir
© Comics, Vertigo, Urban

Mais je manque à tous mes devoirs : j’imagine aisément que vous vous demandez bien de quoi ça parle, ce truc, où est-ce que ça commence, si nous ouvrons un livre d’épouvante, de super-héros ou de pirates, et c’est tout à fait naturel. L’histoire commence avec un flashback mystérieux, mais ce n’est pas le moment d’en parler, ni ici, ni dans le premier épisode. ENIGMA relate la vie contemporaine, du début des années 1990, de Michael Smith, un gars moyen vivant une vie moyenne à Pacific City, une ville de la côte ouest des Etats-Unis. Michael est un employé de la compagnie téléphonique, il est réparateur et navigue entre les demeures des clients afin de leur rendre le moyen nécessaire au droit inaliénable de harceler sa famille à distance. Comme beaucoup, il a une petite amie à qui il fait l’amour tous les mardis, possède vingt-cinq serviettes de bain – ce qui lui semble être un minimum pour vivre décemment – et se demande à quoi riment ses journées.

Cependant la ville est en proie depuis peu à une vague de meurtres répugnants où les victimes sont délestées de l’intégralité de leur cerveau. En décidant d’aller faire le voyeur sur une des scènes de crime, Michael découvre que l’homme masqué aperçu précédemment au même endroit ressemble étrangement à un des héros de son comic book favori, qu’il a relu plus que de raison lors de ses jeunes années, THE ENIGMA.

Ah, vous commencez à comprendre, je le sens. Le livre parle d’un livre, imaginaire, qui porte le même titre. Et dans son monde, des individus imaginaires commencent à devenir réels. Les huit chapitres portent des titres aussi nébuleux que les événements : Le lézard, la tête et l’énigme / La vérité / Un brave petit / Et ensuite, quoi ? / Des lézards et des fantômes / La fin du monde / Sexe en Arizona / Queer. A part une redondance des lézards, personnellement, je ne vois vraiment pas en quoi ces sujets pourraient être liés.

Mais le lien existe, parce que, tout comme lui, les premiers antagonistes de l’Enigme, le super-héros masqué au costume d’Arlequin (ou de carnaval de Venise, dont les motifs du gilet nous rappellent les peintures de Gustav Klimt (1862-1918)), arborent des noms communs comme noms propres : la Tête et la Vérité. L’auteur peut donc faire le malin en les mettant en scène dans un combat mortel et le conclure par « La vérité tue l’énigme ». Il existe aussi car chaque épisode nous est raconté par la voix d’un narrateur omniscient qui se révèlera faire partie de l’histoire. La découverte finale de son identité donne très envie d’immédiatement tout relire.

Les super-vilains devenus eux aussi réels usent de pouvoirs inédits pour annihiler leurs cibles : la Vérité raconte celle qui se cache chez tout un chacun, les poussant au suicide (car oui mon gars, tu n’auras plus jamais trente ans, ni aucun partenaire sexuel de cet âge), La ligue d’intérieur, inspirée par les méfaits des adeptes de Charles Manson, rassemble trois monstres qui s’introduisent dans les maisons et déplacent les meubles de telle sorte qu’un des membres de la famille y résidant devienne fou et massacre tout le monde, enfin Enveloppe Girl envoie ceux qui se perdent dans ses adorables bras de papier dans des colis à l’autre bout du pays. Soient des idées qui ne dépareilleraient pas dans la DOOM PATROL de Case et Morrison.

J’essaie de comprendre ce que j’écris
© Comics, Vertigo, Urban

J’espère que vous commencez à capturer la présence d’un humour pernicieux : vu le nombre élevé de morts horribles et la violence présente partout, la ville de Pacific City n’a rien de pacifique, la vérité tue et ne libère personne, la tête ne réfléchit pas, et notre héros moyen perd soudainement ses habitudes et agit à l’encontre de toute sa logique interne, pourtant mise en place depuis longtemps.

Il n’est pas gratuit. L’un des sujets de la bd, au traitement méta, porte sur l’imagination elle-même, celle qui fait écrire des comic books, l’acte de créer des situations et des personnalités, y compris des scénaristes et dessinateurs de comics en proie aux mêmes problèmes créatifs. Au-delà de cet aspect purement technique, ENIGMA parle également de la valeur intrinsèque de chacun et chacune, de sa propre existence, de ce qui le ou la distingue. Au départ effacé et peureux, Michael Smith s’affirme de plus en plus jusqu’à se redéfinir, se créer un nouveau soi. Les auteurs en profitent pour aborder des tabous de la société américaine et occidentale, tabous qui ne sont toujours pas sortis de leur condition – même si cela évolue.

L’énigme tiendrait donc dans la définition de l’identité, secrète ou non, et de sa nature : pourquoi je ne suis pas un autre ? Est-ce l’orientation sexuelle, la couleur de peau, des yeux, des cheveux, le passé, les goûts, l’âge, les compétences, les marottes, le ton de ma voix ? Ne serions-nous pas un, mais plusieurs, à différents moments de notre propre aventure, avant notre mort inéluctable ? Comme le soulève très justement ce très bon article, la vérité ne serait-elle pas subjective ? Et par conséquent, la fiction ne serait-elle pas plus réelle que la réalité ? La preuve ultime que nous nous trouvons devant une histoire philosophique tient selon moi dans deux lieux emblématiques qui renvoient directement à l’allégorie de la caverne de Platon.

Graphiquement, Fegredo (qui, notons-le avec intérêt, est daltonien) ne duplique pas son travail avec Morrison. Il semble inspiré de Sienkiewicz ou McKean, n’utilisant au départ que des traits jetés, tremblants, sans détails, donnant au lecteur des perceptions fugaces, impressionnistes, de l’univers décrit plutôt qu’un monde léché et détaillé. Les décors manquent, les lumières sont aveuglantes, les couleurs criardes et envahissantes. Mais au fur et à mesure, tout s’affine : les traits des personnages et des vêtements deviennent plus solides, les couleurs plus précises et réalistes. Comme les mystères se dévoilent, la représentation s’éclaircit. Et les hommages à Klimt reviennent.

Dans son introduction, Grant Morrison assène que « La Vérité est que la fiction nous en apprend souvent plus long sur nous que nous ne le voudrions. » Pour ma part, je dirais simplement que la vérité se trouve dans la fiction.

Je vis le mensonge que je ne peux pas satisfaire
© Comics, Vertigo, Urban

La BO du jour : en tant que DJ, la facilité m’aurait fait pencher pour un poème du Roi-Lézard Jim Morrison, ou une chanson des Doors, ou un titre du groupe Enigma ou le WHO ARE YOU ? des Who.  Mais je préfère mettre un clip énigmatique pour une chanson enjouée « contre l’avis de tous »

36 comments

  • Eddy vanleffe  

    Enigma au même titre que d’autres titres Vertigo sont sur ma longue liste de trucs à lire
    ça a l’air quand même court et donc digeste pourquoi pas?

    Avec le recul je ne suis plus très en phase avec cette branche éditoriale néanmoins j’ai quand même certains titres que j’ai adoré

    -TRANSMETROPOLITAN
    -SILVERFISH
    -Y THE LAST MAN
    -THE WITCHING HOUR
    -NORTHLANDERS
    -LOVELESS
    -HUMAN TARGET
    et le début de
    -AMERICAN VAMPIRE

    • Jyrille  

      Merci Eddy ! De ta liste, je n’ai lu que Transmetropolitan. Un jour peut-être me metterais-je à Human Target. C’est vrai que les premiers tomes de American Vampite étaient sympas mais je ne suis pas allé très loin.

  • zen arcade  

    En 1993, pendant que certains lisaient Cyberforce, d’autres lisaient Enigma… 🙂
    Je garde une tendresse énorme pour Enigma et le souvenir d’un Milligan qui, à cette époque marchait sur l’eau et était tellement au-dessus de tout le reste.
    Bon, ça fait longtemps qu’il a perdu son mojo mais bon dieu, qu’est-ce qu’il était génial Peter Milligan à l’époque.

    • Jyrille  

      Merci Zen. ENIGMA est le seul ouvrage de Milligan que je connais, et je l’ai découvert lors de sa réédition Urban en 2015. Donc je te crois sur parole, en tout cas, la découverte fut agréable, même vingt ans plus tard.

    • PierreN  

      Shade the Changing Man ce monument (le tome d’Enigma chez Urban semble s’être mal vendu d’après Patrick Marcel donc c’est mal barré pour Shade en VF, déjà que les trois tpb ne sont pas allés jusqu’au bout).

      • Jyrille  

        Oui, depuis l’article de Patrick, je suis très curieux de découvrir ça. Mais bon c’est mal barré…

        • zen arcade  

          Shade the changing man, c’est un peu devenu le chef d’oeuvre caché du Vertigo première période.
          Là où The Sandman ou Hellblazer par exemple ont pu bénéficier d’une exposition importante, Shade est toujours resté un peu secret et Milligan confiné au statut d’éternel maverick adepte du hors-piste.
          Cela me les rend aujourd’hui encore d’autant plus précieux.
          Je crois que depuis lors, je n’ai plus jamais retrouvé l’excitation qui m’envahissait à l’annonce de chaque nouveau projet un peu fou de Peter Milligan, plus jamais retrouvé la joie de fouiller dans ses fécondes et magnifiques premières années anglaises.
          Derrière la figure incontestable d’Alan Moore qui avait ouvert un champ des possibles inimaginable, Peter Milligan, c’était le fils génial qui rue dans les brancards et qui fait feu de tout bois.
          Quelle belle époque c’était…
          (à condition évidemment d’éviter soigneusement la vulgarité déprimante de tous les Cyberforce du monde)

          • Eddy vanleffe  

            …Et ses ELEKTRA….

          • zen arcade  

            Tu es un vilain, toi. 🙂
            Ouais Elektra, c’est atrocement nul.
            A l’époque, je me souviens de ma désillusion par rapport à ça.

    • Eddy vanleffe  

      Ouarf, rétablissons une vérité brute…
      en 1993, je lisais ce que me proposait la bibliothèque de mon collège c’est à dire Thorgal, Aria, Vasco, Tetfol, Comanche et Jugurtha…
      si on m’avait dit un jour que je relirais du comics, j’aurais éclaté de rire…mes comics c’était mes vieux magazines dans des cartons que je n’avais pas jeté…

  • JB  

    ENIGMA est un livre qui me dérange à cause d’un élément spécifique révélé vers la fin (attention spoiler) : la révélation d’un changement d’orientation sexuelle forcé par le personnage-titre, finalement validé par la victime.

    • Jyrille  

      Salut JB, peux-tu expliciter exactement pourquoi cela te dérange ? Tu dis toi-même que c’est validé par la victime.

      • JB  

        Justement parce que c’est « validé » par la victime (la notion d’acceptation est douteuse puisqu’il est sous l’influence d’Enigma). Le personnage modifie fondamentalement la nature du héros pour qu’il soit amoureux de lui. Au niveau de l’histoire, je comprends qu’Enigma comprenne assez mal la nature humaine et modifie plus ou moins volontairement la réalité selon ses désirs et besoins. Mais je trouve malaisant que l’homosexualité du protagoniste vienne d’un élément externe plutôt que d’être naturelle.

        • Jyrille  

          Je comprends ton ressenti, mais je trouve que pour le propos de Milligan, c’est un artifice qui le sert : il apparaît souvent que les gens se mentent à eux-mêmes sur leur sexualité (et encore plus dans les années 90) et d’après un ancien collègue, beaucoup ne faisaient jamais leur coming-out, vivaient mariés avec quelqu’un du sexe opposé etc… J’espère que c’est moins le cas désormais, en tout cas, pour ouvrir le débat sur le sujet, la manipulation de Milligan permet de la lancer, et de lancer une réflexion.

          • JB  

            Nous sommes d’accord ^^

          • Eddy vanleffe  

            C’est là qu’on rentre dans un domaine très très délicat:celui de l’interprétation dramatique/sociétale/politique d’un changement d’orientation sexuelle en fiction. une seule fausse note et tout se casse la gueule.
            quelqu’un qui force un autre à tomber amoureux, ce n’est filialement pas la question de la sexualité que çà pose mais celui du consentement…
            Du coup ça doit en effet lancer une réflexion.

  • Bruce lit  

    En voilà un qui finit bien sa saison.
    Bravo CYrille ! j’achète ! Enfin si je trouve, pas souvent vu en rayon. Je retrouve ici le Milligan à l’intelligence phénoménale et ses troubles identitaires de HUMAN TARGET.
    Vendu !
    Par contre je n’ai pas compris ton titre. Milligna est anglais.
    La BO : couplet super, refrain bof, clip stylé. Par contre là aussi je ne comprends pas. Le Soulwax que je connais est un duo spécialisé dans des instrumentaux à la Kraftwerk.

    • Jyrille  

      Merci chef ! Il faut que je trouve les Human Target de mon côté…

      Le titre ? Oh ben tout simplement car Vertigo, c’est pas anglais mais américain. Et c’est également le titre du Grand détournement de Michel Hazanavicius : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Classe_am%C3%A9ricaine

      Pour la BO tu es un indécrottable élitiste, car je ne connais pas un seul refrain des Stranglers qui soit aussi bon.

      Alors Soulwax, à la base, c’est un groupe de rock. Premier album en 96, second en 98 (c’est celui-ci), troisième en 2004, le meilleur, une perle (Any Minute Now). Entre les albums 2 et 3, les deux frangins créent 2 Many DJ’s et font plein de remixes.

      https://www.allmusic.com/artist/soulwax-mn0000048806/discography

  • Surfer  

    Salut Cyrille,

    Jolie préambule.👍 Alors je ne suis pas schizophrène mais j’entends aussi une petite voix qui me dit que la Maxi-série que tu présentes aujourd’hui à tout pour me plaire. 😉

    Je ne suis pas contre quelques petites réflexions philosophiques platonnesques et j’espère que la lecture de ton bouquin vas me faire sortir de ma « caverne » pour mieux appréhender le monde 😀.

    La BO: vite écouté vite oublié (désolé)

    • Jyrille  

      Salut et merci beaucoup Surfer ! J’attends ton retour maintenant ! Pour la BO, ce n’est pas du tout ta came, rien d’anormal.

  • JP Nguyen  

    Je l’ai lu il y a un bout de temps. Je n’avais pas vraiment été captivé par cette histoire. Déjà, le style de dessin ne m’attirait pas. Mais on m’en avait dit le plus grand bien, alors j’ai tenté.
    Cet article m’inciterait presque à y jeter un œil à nouveau. Je l’ai encore dans ma bibliothèque…

    • Jyrille  

      Merci JP ! Cela dit je ne comprends pas trop si tu vas vraiment le relire ou pas… Tiens-nous au courant !

  • Présence  

    Quel plaisir de pouvoir contempler ce singulier comics avec un point de vue aussi enrichissant.

    J’ignorais totalement que Peter Cannon ait pu servir pour partie d’inspiration.

    La vérité tue l’énigme : j’avais également relevé ce genre de jeux de mots, parfois malins, parfois téléphonés.

    Soient des idées qui ne dépareilleraient pas dans la DOOM PATROL de Case et Morrison : chez Milligan, je ressens soit une méchanceté, soit une souffrance que je ne ressens pas chez Morrison. Je trouve qu’il s’agit de deux sensibilités bien distinctes.

    La fiction ne serait-elle pas plus réelle que la réalité ? – Une question vertigineuse.

    Merci pour le fil d’Ariane de la définition de l’identité, ce qui m’était totalement passé au-dessus.

    • Jyrille  

      Merci beaucoup Présence ! Tu me donnes sans doute trop d’importance mais vraiment merci. Pour Peter Cannon, je ne le savais pas non plus, c’est en parcourant l’article de wikipedia sur le comic que je l’ai découvert.

      Tu as raison je pense pour la différence entre Morrison et Milligan. Mais je ne pourrais pas te l’affirmer car je ne connais qu’Enigma pour ce dernier et plein d’autres pour le premier.

      Pour l’identité, cela m’est apparu clairement en relisant la bd d’une traite. En fait elle est beaucoup plus digeste lue ainsi, sans pause entre chaque épisode. Juste après, j’ai lu l’article que j’ai mis en lien vers la fin de cette chronique et c’en est un peu le sujet principal. Je te conseille fortement de le lire même si il est un poil long.

      Mais je te cite, tu l’avais tout de même perçu :  » Qui est Enigma (son identité secrète) et d’où vient-il ? Quel lien le rattache aux 3 numéros du comics des années 1970 ? Qui sont ces individus dotés de superpouvoirs qui commettent des crimes odieux ? »

      Par contre moi j’avais totalement loupé ou ignoré la mise en abyme sur la création de comics, je te recite : « Il l’est plus encore quand ce narrateur finit par apparaître dans l’intrigue comme un individu à l’élocution nettement supérieure à celles de ces pairs, donc plus intelligent que ceux qui l’entourent. Milligan étant aussi un narrateur cette observation s’applique également à lui, plus intelligent que la majeure partie de ses interlocuteurs, c’est-à-dire ses lecteurs (qui bien sûr n’ont pas de raison de se sentir insultés par de tels propos, de toute façon ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre). »

      • Présence  

        C’est gentil : il me restait quand même de nombreux pas à faire pour arriver à identifier et nommer ce fil d’Ariane.

        • Jyrille  

          Quant à moi, je suis très content de mon article (même si il est toujours améliorable), surtout parce que j’ai réussi à en venir à bout à peine sept ans après avoir émis l’idée de sa rédaction. Je suis certain que je n’aurais pas du tout écrit la même chose si je l’avais fait à l’époque.

          J’espère en tout cas que mes rares bons mots vous auront diverti, et que le clip vous aura amusé.

  • Tornado  

    Super article. J’ai adoré l’approche. Tu es très bon quand même, dans l’entame des articles, faut le dire !
    Voilà un comic book sur lequel je me serais encore rué il y a un an ou deux. Maintenant… J’ai changé. J’ai tellement lu de comics de ces créateurs anglais venus révolutionner le médium. J’ai tellement pris du temps à déchiffrer et défricher ces univers amphigouriques, que je suis fatigué. Je suis comme un vieil aventurier qui a écumé les océans et les continents inconnus. J’ai envie de rentrer à la maison et de retrouver la chaleur et la simplicité d’un bon feu de cheminée à l’ancienne…
    Attention, pas question pour autant de retourner ma veste, de renier Vertigo et de relire du Marvel/DC vintage (et encore moins du Image). Non. Mais j’ai envie de retrouver un juste milieu : Des lectures juste divertissantes et intelligentes, mais (relativement) faciles à lire.

    Lorsque tu écris que tu as mieux apprécié la lecture en relisant tout d’une traite, je me revois en train de relire (relativement) récemment FINAL CRISIS, SUPREME, et plein d’autres trucs. C’était cool. Mais encore une fois fatigant.

    Comme toi j’écris une introduction un peu lyrique, mais sensée expliquer pourquoi je ne lirai peut-être pas ENIGMA, malgré tout le bien que j’en pense ! ^^
    Je suis dans une période « d’entre-deux » : Je suis fatigué des lectures expressionnistes/amphigouriques/opaques, mais je n’ai pas non plus envie de retomber dans les lectures infantiles de mon enfance. En bref, je recherche une denrée rare désormais : Une lecture divertissante/simple/intelligente/profonde. Et punaise, c’est encore sur TINTIN que je je reviens…

    La BO : C’est très bien. Ça m’a filé la pêche toute la journée. Merki ! 🙂

    • Jyrille  

      Double courbette et salutation de chapeau à grands renforts de moulinets : un immense merci, Mr T. Ca me touche beaucoup.

      J’adore ta métaphore du marin fatigué, je comprends totalement ton ressenti. Pour ma part, tous ces auteurs sont des découvertes plus ou moins récentes (ça a commencé pour moi il y a une quinzaine d’années avec mes premiers Morrison. Depuis je ne fait que découvrir Gaiman, McKean, Milligan ici, Ennis, Ellis surtout… donc je suis sans doute moins usé que toi mais oui, tu as raison, ce ne sont pas des lectures faciles. D’ailleurs c’est bien ce qui m’a plu au départ, je crois bien que le tout premier comic book qui m’ait fait cet effet, c’était ARKHAM ASYLUM, qui ne m’appartenait pas, mais que mon cousin avait depuis une dizaine d’années. J’ai dû lui emprunter son tome trois fois, et toujours pour une période de plusieurs mois, j’y revenais toujours un peu, à regarder les dessins, à me dire que cette histoire était vraiment bizarre pour du Batman. Or je suis friand de ce que je ne comprends pas, ce qui est onirique ou absurde, comme la série télé THE LEFTOVERS ou les bds de Moebius et de Blutch. Je ne me sens donc pas encore totalement calmé de ce côté, alors qu’à part les Donjons et parfois un nouveau Lapinot, je n’ai plus aucune envie de m’acheter de Sfar ou de Trondheim, j’ai le sentiment d’avoir fait le tour de ces auteurs (sauf pour les séries précitées).

      Tu parles de denrée rare oui, pourtant je suis en train de découvrir VALERIAN en intégralité, et après avoir lu les cinq premiers tomes, je me rends compte à quel point c’est à la fois en avance sur son temps et un peu suranné dans sa narration, c’est comme dans les souvenirs que j’avais des quelques tomes que je connaissais : de la SF dans ce qu’elle a de plus noble et emblématique, influencé par les auteurs des années 60, et aussi des thèmes modernes, des personnages qui ne sont pas surhumains, des opposants pas forcément maléfiques ou à abattre, de la bd intelligente en somme.

      Parfois j’ai aussi le même sentiment que toi sur le cinéma. J’adore me regarder des Marvel pour ça aussi, pourtant je suis loin d’avoir vu tous les films qui comptent ou sont cités régulièrement.

      Donc je comprends que tu n’aies pas envie. C’est marrant, tu me donnes envie de me relire les Supreme de Moore, or pour les avoir lus au moins deux fois, je sais que c’est pas de la lecture facile. Par contre, Tintin ne me fera jamais autant de bien que ça ^^ Astérix oui.

      Aaaah ça me fait plaisir pour la BO ! Voilà, ça fout la patate, moi j’adore ce morceau, il peut me filer la banane plusieurs heures, et ce clip est super bien fait et pensé.

      Courbettes again, je suis votre obligé 😀

      • Jyrille  

        Et pour info, les légendes des scans sont des tentatives pathétiques de traduire des paroles de la chanson du jour : oui, j’ai fait exactement comme JB dans son article sur Loki avec BEHIND BLUE EYES.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonsoir même en pleine nuit,

    je n’ai peut intervenir que maintenant. Chouette article. Je n’ai pas relu ENIGMA depuis 8 ans mais là du m’a donner envie d’y revenir. Il y a plein de chose que je n’avais pas vu lors de mes premières lectures, notamment sur KLINT.

    J’en avais fait une critique sur BUZZ COMICS :

    https://www.buzzcomics.net/showpost.php?p=1474696&postcount=99

    • Jyrille  

      Merci beaucoup Fletcher ! Ta chro est vraiment très bien, tu as vu plein de trucs qui m’ont sans doute échappé. J’adore cette phrase : « La quête de soi commence par une exploration et ce regard sur l’enfance. »

  • Patrick 6  

    Bravo Jyrille ! Si j’étais moins fainéant (traduisez « fait-néant ») j’aurais fait un article sur Enigma depuis longtemps ! En tous cas je suis content que tu t’en sois chargé ! Bon vu que j’arrive après la bataille, tout à déjà été dit dans les com précédents, mais en effet j’étais fan absolu de Milligan sur sa période Vertigo ! Oserais-je avouer que son SHADE me touchait en réalité (encore) plus que SANDMAN ? (l’un est moins cérébrale que l’autre ceci explique sans doute cela)
    J’étais fan de toutes ses séries de l’époque : FACE, GIRL, THE EXTREMIST (chef d’œuvre !), THE EATERS… Jusqu’à VERTIGO POP : LONDON qui clôt (me semble t-il) son règne chez cet éditeur ! Un feu d’artifice final puisque ce titre est l’une de ses meilleures parutions !
    Bon, qu’est ce qui a poussé cet auteur a écrire pour Marvel alors que, manifestement, il ne sait pas écrire du Super héros ? (à part l’argent hein) Mystère…

    • Jyrille  

      Merci beaucoup Patrick ! Fait-néant, super trouvaille, il faudra la replacer… Je ne connais aucune des séries que tu cites, mais je vais guetter d’éventuelles sorties voire trouver la VO de SHADE. Je vous tiendrais au courant !

    • PierreN  

      Plus tard, il y a aussi eu le run de Milligan sur Hellblazer (qui clôt la série).

  • JP Nguyen  

    J’ai ressorti le TPB de ma bibliothèque… J’ai lu le chapitre un en entier et puis j’ai survolé le reste. Graphiquement, je trouve que certaines planches ne sont pas très lisibles. Entre le trait et la couleur, certains plans sont parfois écrasés.
    Le héros est un loser mais il n’est pas écrit de manière très attachante. L’autre héros, Enigma, n’est pas plus engageant.
    Au final, toujours pas emballé par cette BD. Il y a des qualités évidentes mais la lecture ne me procure aucun plaisir.

    • Jyrille  

      Merci pour le retour JP ! En effet, les personnages ne sont pas spécialement attachants. Quant au dessin il s’améliore ou disons devient plus lisible au fil des numéros. Pour moi l’intérêt réside à la fois dans la façon de raconter et dans les sujets soulevés, le tout étant très original et jamais vu ailleurs.

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