Ketchup et Moutarde (Deadpool & Wolverine)

Deadpool & Wolverine, le film

Des avis tranchés de DOOP, JP NGUYEN, et CYRILLE M

DEADPOOL & WOLVERINE est un film du Marvel Cinematic Universe sorti le 24 juillet 2024. Il ne fallait pas moins de trois avatars de Bruce pour vous en parler. Alors que Bruce Doop l’a visionné depuis sa mégalopole d’Alpha du Centaure où il fait office de Spider Jerusalem, Bruce Cyrille a pu en profiter dans sa villégiature méditerranéenne de la Terre 616 tandis que Bruce JP a pu l’admirer en holo 4D depuis la station spatiale d’Odym.

Il vaut mieux avoir vu le film avant de lire la suite, mais, au fond, c’est vraiment pas grave si vous ne suivez pas ce conseil – totalement gratuit, je vous le rappelle.

L’avis de Bruce Doop (un peu plus long que les autres mais il est seul contre deux !)

On va préciser tout d’abord que les deux précédents opus de Deadpool m’ont laissé un goût assez fadasse après visionnage. J’ai toujours plus vu du Ryan Reynolds dans ce Deadpool adepte des blagues en dessous de la ceinture et aux gestes obscènes qu’une véritable transcription du personnage de Liefeld, Nicieza, Waid, Kelly et McGuiness. Et je pense qu’on touche là au plus gros problème de cette franchise. Reynolds n’incarne pas le personnage, il l’utilise pour se mettre en avant.

À l’annonce du casting et du team up avec Wolverine, j’avais toutefois des craintes. En effet, ce n’est jamais une bonne chose de promouvoir un film uniquement sur la présence de tel ou tel acteur ou de tel ou tel cameo. Il suffit simplement de se rappeler du SPIDER-MAN NO WAY HOME de sinistre mémoire que les gens ont adoré mais dont personne ne peut citer une scène intéressante en dehors de l’apparition des 3 Spidey !

Il fallait s’y attendre, le résultat est sans appel : non seulement DEADPOOL ET WOLVERINE a gardé le pire de la franchise précédente mais il a en plus emprunté au MARVEL CINEMATIC UNIVERSE ses pires manies. Un film extrêmement gênant qui cache ses effluves nauséabonds derrière quelques petites paillettes dorées que sont les références aux comics et aux films de la Fox.

L’univers dans lequel vit Deadpool est en péril. La TVA (agence de surveillance temporelle vue dans la série LOKI) veut en effet le supprimer suite à la disparition d’un être majeur de l’univers : le LOGAN de James Mangold (vous savez, le film sur LOGAN sorti il y a dix ans). Qu’à cela ne tienne, Deadpool, qui ne veut pas perdre ses amis (développés dans les films Deadpool 1 et 2), va donc aller chercher un autre Logan dans le multivers (ce fameux multivers de DOCTOR STRANGE ou de SPIDER-MAN NO WAY HOME) histoire de sauver le sien. Cela va l’amener à confronter la très méchante Cassandra Nova (vous ne connaissez pas le run de Grant Morrison sur les X-Men ?), un méchant d’un épisode de LOKI saison 1 ainsi que des tonnes de vilains issus de la franchise X-Men au cinéma ou des acteurs oubliés des films de la FOX (qui se rappellerait du film ELEKTRA si Fletcher n’en avait pas parlé chez nous ?). Avec bien sûr une discussion avec Happy Hogan (le chauffeur de Tony des films IRON MAN) et quelques images des films AVENGERS. Vous n’avez toujours pas compris l’arnaque ?

La bande annonce en VF

Dès les premières images, le ton est lancé avec un dialogue que je vous laisse le soin d’apprécier : « Je mouille comme une serpillère non essorée ». On enchaîne avec une scène de baston hyper gore où Deadpool s’amuse à envoyer son épée ou tout autre objet contondant dans l’anus, les testicules ou la bouche d’une trentaine d’opposants, parfois même les trois à la fois. Eh, embrocher un soldat par le trou de balle, l’autre par les testicules et faire mimer aux cadavres une sorte d’acte sexuel c’est rigolo quand même ! On est hyper subversif dans Deadpool ! D’entrée le film se place donc dans la mouvance Deadpool bas du front, répétant à l’écœurement que le film n’est pas comme ceux béni oui-oui du MCU. En revanche, pas de nudité ni de sexe, faut pas pousser. Du pipi/caca, OK, mais pas plus. Ah oui, toute cette scène de trash/gore ne serait pas aussi « subversive » si elle ne se déroulait pas, comme dans tous les films et séries du moment, sur le son d’une chanson ringarde. Dans le cas présent BYE BYE des N-SYNC. La vulgarité et l’humour perdent au fil des secondes tout leur sens de par leur omniprésence et leur hors sujet. Chaque scène est prétexte à lancer le mot vulve, anus, à enfoncer les griffes de Wolverine dans les bourses de ses opposants ou à lancer des piques sur les acteurs entre eux.

Certains pourront dire que c’est très drôle de voir Chris Evans, habitué aux rôles du boy scout dans le MCU prononcer des insultes du style flaque de sperme séché ou je vais brouter ton renflement brun pendant 2 minutes. C’est du décalage. Et j’aurais pu l’entendre si cela n’avait pas déjà été fait dans un film lui aussi pas de plafond mais que je considère comme une réussite absolue et véritablement subversive : TROPIC THUNDER ! Il faut dire que le réalisateur du film, Shawn Levy, n’est pas Ben Stiller.

Wolvie revient et il est pas content –
Source : Allociné

Oui, mais c’est un film sans prise de tête, faut laisser son cerveau à la maison. Non. Je ne sais plus qui disait à la radio l’autre jour : si on n’a plus de cerveau, on meurt. Et ce n’est pas parce que c’est du Deadpool / Wolverine que l’on doit forcément avoir du cinéma totalement indigent. Tout d’abord au niveau de l’histoire, qui n’a strictement aucun sens. Alors oui, on a un but assez clair : Deadpool cherche à être utile, à se rendre important dans l’univers Marvel. Ce qui justifie d’ailleurs l’apparition de ces personnages oubliés et laissés de côté par la Fox et Disney comme Elektra ou Pyro.

Pour mettre la « quête » de Deadpool en exergue. Mais tout cela est totalement enterré derrière une construction du récit où clairement il ne se passe rien. Les tunnels de dialogues et les scènes s’enchaînent sans aucune transition, sans aucune cohérence, ni même une petite idée de mise en scène de la part du réalisateur. De fait, ce DEADPOOL ET WOLVERINE ressemble plus à un film à sketches qu’à une réelle progression narrative. Le récit s’arrête de nombreuses fois pour que Reynolds ou autre puisse déclamer des grossièretés pendant trois ou quatre minutes et cela rend l’ensemble d’une longueur abyssale. Rien ne nous sera ensuite épargné : le flashback qui commence directement dans le postérieur du héros, la longue séquence où les agents de la TVA débarquent chez Deadpool avec des matraques et que celui-ci pense que c’est pour une anal-party (« alors que je pensais que ce n’était plus possible chez Marvel, hohoho ») et le langage châtié prononcé par la quasi-totalité du cast. Mais ce n’est pas grave puisque Deadpool / Reynolds s’adresse toutes les vingt secondes au spectateur pour dire à quel point c’est mauvais ou pour pointer les faiblesses du récit. Je sais, c’est long mais c’est bientôt fini, et puis vous êtes habitués aux films qui durent trois heures s’exclame Deadpool juste avant la scène finale.

Et là on touche à ce que je déteste le plus dans les histoires ou les films ratés. L’aveu de la médiocrité ou de la facilité n’est en aucun cas une manière de se dédouaner, même sur le ton de l’humour ! On appelle ça la jurisprudence SHE-HULK ! Un des méchants est un monstre issu de LOKI, pas expliqué et dont on ne comprend rien aux motivations. Pas grave, Reynolds justifie au détour d’une réplique : « tiens, le monstre de Loki saison 1 épisode 5 ». Rien de plus. Comme si cela allait justifier quelque chose sur le personnage. À moins d’aller voir la série sur DISNEY+ à 9.99 € par mois avec le premier mois gratuit. Subversif vous dites ? Mmmmm.

Pompe à fric ? En tous cas, ça cause de TVA… –
Source Allociné

Ce qui est proprement incroyable, c’est qu’aucune émotion ne ressort réellement de l’histoire. Chaque moment qui aurait pu être intense est à chaque fois brisé par la volonté de mettre un regard sur un postérieur, une allusion homoérotique, un doigt dans un trou. Même la scène entre X-23 et Wolverine, qui aurait dû être le moment charnière du film, ne fonctionne pas. Car à force d’apparitions improbables, de « cameos » et de blagues anales, la jeune fille ne devient qu’un gadget perdu parmi d’autres. Une ligne de dialogue sur un script écrit sur le coin d’une table. L’émotion devient de fait aussi plate que la réalisation. Et c’est dommage car on aurait largement apprécié d’en voir plus. Même chose pour Emma Corrin, qui interprète Cassandra Nova. Elle semble plutôt à l’aise avec son personnage, qui n’a malheureusement aucune motivation si ce n’est d’être une méchante… qui veut détruire l’univers… parce qu’elle est méchante. Elle n’a aucun lien, aucune motivation, aucun grief contre nos héros. Son pouvoir est plutôt bien utilisé et mis en scène mais pourquoi avoir choisi Cassandra, une personne pourtant si complexe dans les comics et en avoir fait une super-vilaine lambda ? N’importe qui d’autre aurait fait l’affaire. Que retient-on du climax de la fin ? Les abdos de Jackman (on insiste lourdement là-dessus alors que les héros sont en train de se sacrifier) et la musique de Madonna.

C’est sans idée et exécuté sans fougue, de manière automatique. Oui, les images sont propres, c’est la moindre des choses avec un tel budget, mais il n’y a rien d’autre. SI effectivement la première scène de baston est plutôt bien fichue et compréhensible, le reste est totalement bâclé. La scène de combat de fin est illisible. Je défie n’importe quel spectateur qui ne connaît pas le personnage d’X-23 d’avoir réussi à voir les griffes qui sortaient de ses pieds tellement l’action est rendue incompréhensible par une utilisation frénétique des coupes et de la caméra à l’épaule. Le réalisateur Shawn Levy, qui se trouve être l’un des meilleurs amis de Reynolds ne fait que servir la soupe à son pote avec le style sans éclat qu’on lui connaît. La lumière ? Les couleurs ? Il n’y en a pas, ne cherchez pas. Aucun effort sur la colorimétrie, tout est égalisé, pensé pour un écran de PC portable. Le désert dans lequel officient les trois quarts du temps nos héros est éclairé et filtré de la même manière que les scènes urbaines. Quelques plans sauvent le film ? Oui, mais une grande partie d’entre eux sont inspirés d’autres scènes mythiques. La scène du bus, un peu originale ? C’est un copier-coller d’OLD BOY, nettement plus subversif pour le coup.

Un film qui a du chien, mais faut voir la gueule du chien… –
Source : Allociné

On l’aura compris, rien ne va. Et pourtant une grande partie de ses spectateurs va trouver ça « rigolo et sympa ». L’effet NO WAY HOME. Et SUR CET ASPECT, c’est-à-dire la multiplication des clins d’œil et l’apparition d’invités surprise sans lien avec l’histoire, DEADPOOL est plus réussi que le reste. Les références font sens dans la mesure où elles n’ont pour but que de dresser une sorte d’épitaphe des films de la 20th CENTURY FOX. Et de fait, on ne peut nier que Reynolds et Levy ont réussi, via l’introduction de personnages « emblématiques » de ce studio, à donner à ces derniers une importance relative plutôt qu’une simple apparition. Dans tout ce fatras, Levy et Reynolds dressent la fin d’une époque, celle des films souvent moisis de la FOX mais qui ont eu le mérite de lancer MARVEL sur le grand écran.

Le souci, c’est que le film ne tient que par ces apparitions. Et que si l’on ne possède pas une licence en continuité Marvel sur les films de la FOX, la majorité de ces cameos devient totalement incongrue, voire incompréhensible. Les Elektra et autres auraient largement pu être remplacés par n’importe qui, cela n’aurait rien changé. S’ils sont un élément tertiaire de l’histoire (ce qui est déjà bien), ces clins d’œil sont tellement nombreux qu’ils ne peuvent pas être développés correctement, et cela dessert le récit.

Quant aux fans de comics, ils auront droit, comme d’habitude à une succession de quelques scènes d’environ 3 ou 4 secondes, avec un Wolverine trapu ou des références à quelques incarnations du personnage ou des couvertures iconiques de Silvestri ou Ribic. Comme d’habitude. Et ça leur suffira.

Ce qui peut ressortir parfois du lot, c’est le discours « méta » comme on dit. Quelques vannes sur la continuité MARVEL et ses problèmes feront dire à certains que finalement MARVEL se moque de lui-même. Et j’ai souri deux ou trois fois. Mais encore une fois, c’est de la « rebellitude » de pacotille, approuvée et conseillée par un Kevin Feige à l’instar de ce qui pouvait se passer dans SHE HULK.

– Eh chef, si on fait semblant de se moquer de nous on aura un peu plus de critiques positives et de spectateurs, donc plus d’argent ! Ça passe ?
– Combien d’argent en plus ?
DEADPOOL & WOLVERINE se rêvait un film subversif, mais n’offre en réalité qu’une succession de saynètes, de sketchs plus ou moins drôles qui tentent, entre deux trois doigts plantés dans un anus ou une blague sur les sécrétions vaginales de faire ressortir de la nostalgie pour un univers mort depuis longtemps et qui aura eu le mérite de lancer les super-héros MARVEL au cinéma. Le générique de fin, avec des images d’archives est le seul moment un peu émouvant du film. Love and pisse.

Et maintenant, la parole est à la défense… –
Source : Allociné

L’avis de Bruce Cyrille

Je n’ai jamais lu de comics Deadpool et je n’ai aucune intention de le faire. J’avais vu le premier film en y allant sans a priori ni sans enthousiasme débordant, et il se révéla être une bonne surprise. C’était vulgaire et méta mais il y avait un peu de fond et d’émotion sur l’origin story de ce personnage. Le second m’a moins parlé mais avait de bons moments de rigolade. A chaque fois, j’ai tout d’abord pris le parti de ses auteurs : regarder des comédies qui se moquent gentiment du genre d’univers dans lequel il évolue, celui des super-héros.

Autant dire que je n’en attendais pas moins de ce troisième volet, certain qu’il serait respectueux de ses spectateurs et suivrait son mantra : sois vulgaire, sois méta, brise des crânes. Ce qu’il fait sans pondération aucune durant un peu plus de deux heures. Il part sur les chapeaux de roue, déterre Logan de sa tombe où le réalisateur James Mangold l’avait laissé avant de massacrer des agents de la TVA (une entité bureaucratique issue de la série LOKI) sur un générique qui affiche le nom des acteurs au diapason des chorégraphies et du charcutage de ces pauvres agents. Le ton est clair et immédiat, ne laisse aucun doute sur la suite : ce sera bête et méchant. Si vous êtes un peu client de ce genre d’humour, ça fonctionnera, sinon vous risquez de trouver le temps long.

Impossible pourtant de ne pas voir que le film ne s’arrête jamais et emmène le spectateur toujours plus loin : que ce soit dans les dialogues ou les situations, le montage, les flashbacks, les ralentis, tout est effréné. Comme une sitcom, comme un slapstick, nous avons à peine le temps de nous remettre d’une blague qu’une autre arrive. Si vous pensiez que Deadpool allait prendre les rênes et remettre tout le MCU sur des rails (sérieusement ?), ce film n’est pas pour vous. Vous trouverez de nombreuses références, partout, et je sais que j’en ai raté une multitude étant donné mon manque de connaissance de l’univers Marvel en comics. De plus, il faut également avoir une idée des productions X-MEN de la 20th Century Fox, des différentes informations inhérentes aux reprises, au multivers, aux séries télé. Encore une fois, je n’ai sans doute pas tout saisi.

Un véhicule un peu foutraque mais qui arrive à vous embarquer –
Source : Allociné

Mais qu’importe. J’ai beaucoup ri. Tellement que je ne sais même plus quelles blagues j’ai préférées. J’ai adoré tous les piques envoyés à Disney qui a repris la licence Marvel. Pas parce que cela est courageux, simplement parce qu’il est bon de voir et d’entendre un film de cet acabit avouer que les dernières productions de son studio n’étaient pas à la hauteur. J’ai pris ça comme des excuses envoyées aux spectateurs, des excuses présentées dans un joli écrin très cher avec plein de surprises plus ou moins réussies. Si nos hommes et femmes politiques faisaient preuve d’autant de clairvoyance, je me sentirais mais… tellement mieux.

Et puis cette critique s’accompagne tout de même d’un certain fond : l’histoire démarre sur un Deadpool devenu vendeur de voitures d’occasion, des automobiles technologiquement dépassées et passées de mode. Il devient ainsi naturellement le défenseur des causes perdues, des sans-dents, des oubliés. Avec son Wolverine, il partage un abandon social quasi-total et une immortalité encombrante : comment pourraient-ils se suicider ? Leur désespoir ne connaîtrait-t-il jamais de fin ? Il n’y a qu’un seul moment sérieux dans ce film. Il est fugace, mais aussi réel que profond, et parfaitement dialogué.

Malgré l’histoire sans surprise ni enjeu, ses antagonistes creux, ses péripéties improbables et ses scènes de combat souvent inutiles mais parfaitement exécutées, le film rassemble une équipe créative et technique qui fait de son mieux pour garder son cap. Ce qu’elle fait avec un grand savoir-faire et une écriture sans gras (mais pleine de vannes grasses), mariant ainsi l’hommage cinématographique, le poil à gratter, l’action généreuse, l’humour frontal (pas toujours bas du front) et l’amour aux personnages de ces films, séries et comics. Je trouve que c’est déjà plutôt pas mal, pour une franchise sur un personnage de seconde zone.

Depuis la dernière fois, il a encore pris de la bouteille – Source : Allociné

L’avis de Bruce JP

Dans un spot promotionnel jouant sur la couleur des costumes des deux personnages-titres, le duo s’est vu comparé à une combinaison de condiments : ketchup pour Deadpool et moutarde pour Wolverine. Cette association reflète pas mal l’esprit du film : beaucoup d’autodérision pour une production industrielle servie par des protagonistes savoureux mais qui ne seront pas au goût de tout le monde.

Dans le civil, Wade Wilson débute le film comme un has-been et l’intrigue l’envoie dans le Vortex, un univers post-apocalyptique qui sert de décharge pour personnages mis au rebut. Il se retrouve là car il a refusé la proposition pourtant alléchante du TVA de devenir une super-star du MCU, le prix à payer étant de perdre sa famille d’élection dans son univers d’origine.

Dans le Vortex, on retrouve des incarnations passées de persos Marvel tels le Human Torch joué par Chris Evans dans les FANTASTIC FOUR de la Fox ou encore le Crapaud et Pyro, les mauvais mutants de l’ère Bryan Singer. Même si c’est la foire aux cameos, la plupart des personnages sont bien intégrés dans l’intrigue et sont bien mieux utilisés que dans de précédentes itérations. Quant à Wolverine, qui avait été déjà pas mal exploité, Hugh Jackman en propose une nouvelle facette et étrenne à l’écran le costume jaune des comics qui fonctionne très bien dans le cadre du film.

Ce costume, c’est une preuve parmi d’autres qu’on est totalement dans un film de Super-héros, destiné à ceux qui aiment ça. J’ai apprécié ce parti-pris assumé, pour un film qui ne s’excuse pas de son spandex et de sa violence graphique mais se vautre dedans avec allégresse. J’ai trouvé les scènes d’action bien chorégraphiées et très efficaces, que ce soit dans le très rapide duel entre Wolverine et Sabretooth ou la plus longue explication entre Wade et Logan dans une voiture ou encore la grande mêlée entre les deux compères et un bataillon de Deadpools.

Un film servi par la dynamique du duo – Source : Allociné

De par ses références aux comics et aux films de super-héros de la Fox, cet opus se déroule autant dans le multiverse que dans le « méta »-verse, et c’est en soi parfaitement approprié pour un personnage connu pour briser régulièrement le quatrième mur. Cela dit, j’ai davantage aimé les références issues des comics (Age of Apocalypse, la cover de Uncanny X-Men 251 avec Logan crucifié…) que celles tirées du cinéma.

Ryan Reynolds s’était déjà fortement investi pour porter à l’écran les premiers Deadpool. Dans ce troisième volet, son association avec Hugh Jackman transpire l’affection et la nostalgie pour deux décennies de cinéma d’action super-héroïque animé par l’autre studio qui détenait des droits Marvel. Et alors que tous les Marvels contemporains s’intègrent dans les « phases » du MCU dont j’ai perdu le compte, DEADPOOL & WOLVERINE s’insère comme un hors-série jouissif et régressif, qui parvient tout de même à faire vibrer la corde sensible.

Malgré le fort taux d’hémoglobine (tel le ketchup, ça éclabousse un peu partout), c’est un film réjouissant et qui donne la frite. Même si aux yeux de certains, il peut piquer fort (comme la moutarde).

La BO du jour, délibérément nostalgique, nous apprend à nous aimer les uns les autres (bordel de merde)

56 comments

  • JB  

    Team pas vu, mais de cœur, team Doop. J’ai décroché avec le premier Deadpool, je n’ai pas reconnu le personnage dans ce film à l’humour en dessous de la ceinture. C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à associer Deadpool à ce ton.
    Niveau Wolverine, pas d’affect non plus. Sur les … 10 films ? qui composent la saga X-Men, je n’en apprécie vraiment que 2 ou 3 (premier X-Men, First Class, Days of Future Past) et l’omniprésence d’un Logan bien éloigné de sa version papier me gave (même si elle est pour le coup raccord avec l’utilisation abusive de Wolverine dans les comics)
    Ce serait surtout la curiosité de revoir d’anciennes incarnations des persos Marvel qui me pousserait à mater le film…

    • JB  

      (PS : merci d’avoir partagé vos différents avis !)

    • Jyrille  

      Merci JB pour tes retours ! En effet, si tu n’as pas aimé les deux premiers, je ne vois pas comment tu pourrais aimer celui-ci. C’est un peu ce que j’ai envie de dire à Doop également. D’ailleurs je vais lui répondre deux choses : 1) je ne pense absolument pas que ce film se veuille subversif, bien au contraire, il se veut rassembleur comme avait pu l’être NO WAY HOME en effet et 2) je n’aime pas du tout le film OLD BOY (l’original, pas vu le remake), que je ne trouve pas subversif du tout par ailleurs (le film commence bien, en gros jusqu’à l’évasion à coups de marteau et après ça devient détestable, enfin ce n’est que mon avis).

      Tu n’as pas aimé le film LOGAN, JB ?

      • JB  

        Pas vu Logan, j’avoue

      • doop o' malley  

        Ne pas aimer OLD BOY et mettre 5 étoiles à ça, franchement, je ne sais pas quoi dire. Enfin je veux dire, qu’on aime l’histoire ou pas, c’est du cinéma, du vrai, avec une réflexion sur le cadrage, la composition, la lumière, la direction d’acteur : tout ce qui n’existe pas dans D&W. Le film se veut totalement subversif (enfin se croit) : la scène d’intro en est la preuve vivante. Et non, cela n’a rien à voir d’aimer les deux premiers ou pas, ce n’est pas le même réalisateur, on pouvait espérer des choses différentes. Personnellement, moi j’aime bien aller au cinéma pour voir des films. Si c’est pour bouffer du pop corn jusqu’à en vomir, ça ne me satisfait pas. Et Logan est plutôt bon. Parce que justement, y’a un vrai réalisateur aux commandes.

        • Jyrille  

          OLD BOY / 5 étoiles : une histoire de goût sans doute. Mais pas que : même si le film OLD BOY a une réalisation plus léchée, une belle photo etc… l’histoire est en elle-même improbable et sans intérêt aucun au final. La sensation de s’être fait mener en bateau sans récompense. Ici je savais à quoi m’attendre, c’est parfait à son niveau. Pour moi, les étoiles et les notes, ça ne veut pas dire grand chose, j’en ai déjà parlé plein de fois.

          Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire au sujet de ta « preuve ».

          LOGAN est un excellent film, mais pas seulement grâce au réalisateur. Toute la direction artistique, toute l’écriture fait partie d’un tout qui a donné le film. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi vouloir à tout prix comparer ce qui ne l’est pas (on a déjà eu cette conversation avec Bruce je crois).

          • Bruce Lit  

            Mais, j’ai rien dis moi…
            En plus j’avais bien aimé LOGAN ! Et détesté OLD BOY, moi aussi !

          • Jyrille  

            Huhu je parlais de la discussion sur les comparaisons…

  • Maxime Fontaine  

    Merci pour tous ces avis… Y’en a pour tous les goûts.
    Perso, j’ai aimé le côté fan service qui en fait des caisses. Mais j’ai trouvé l’intrigue de fond vraiment creuse, et la fin mielleuse à souhait ne me convient pas du tout.
    Il s’agit donc d’un film pop corn que je reverrais pour ses moments délirants, mais qui ne me laisse aucun souvenir impérissable. C’est So MCU, tout ça…

    • Jyrille  

      Merci Maxime ! Je pense que la plupart des films qui sortent ne sont pas destinés à être revus, à moins d’être cinéphile ou professionnel du cinéma. Pas certain que je revoie ce Deadpool un jour.

      • Maxime Fontaine  

        Il faut que j’arrête de rerereregarder Alien, Retour vers le futur, l’Empire contre-attaque, Jack Burton, Mulholland Drive et Brazil, alors. 😉

        • Jyrille  

          Ah mais on a tous des films doudous ou cultes qu’on adore revoir, c’est une certitude. Mais ils restent peu nombreux face à l’énorme production qui existe. D’un autre côté, il y a énormément de bons films que je sais pertinemment que je n’ai aucune envie de revoir, par manque de temps, parce que l’implication émotionnelle est trop forte (par exemple, LE TOMBEAU DES LUCIOLES) ou parce que leur vision n’est pas forcément agréable (comme CHIENS DE PAILLE).

  • Loïc  

    Autant je peux comprendre certaines raisons de défendre le film, autant dire que « les combats sont parfaitement exécutés », whoua, c’est chaud là… Sortis de la scène de baston du générique et de celle de la voiture à deux, les scènes de fight sont proprement illisibles. C’est simple, on dirait que ce n’est pas le même réalisateur par rapport aux deux scènes citées.
    Rarement vu de la baston aussi peu lisible. On ne voit rien, c’est brouillon, aucune spatialisation logique pour le spectateur, des gros plans quand il faut être au plus près, des zooms quand il faudrait une vue d’ensemble… Bref.

    • Jyrille  

      Merci Loïc ! Bon je te réponds un peu en-dessous 😉

    • doop o' malley  

      Je partage ton avis Loic. Les seules scènes lisibles sont celles pompées sur d’autres films.

  • JP Nguyen  

    Concernant la catégorie « baston de super-héros illisible », ma référence est sur les Batman de Nolan, en particulier les 2 premiers.
    Dans Deadpool et Wolvie, j’ai pu suivre les actions et voir les pouvoirs à l’œuvre, comme pour Gambit par exemple.

    • Jyrille  

      On a vraiment toutes et tous des attentes différentes, je trouve. Même si Loïc a sans doute raison sur la bataille finale (peu lisible), j’aime beaucoup celle du bus en plus de celle de la voiture et de la toute première. Dans les deux premiers Batman de Nolan, je trouve plutôt que c’est lisible mais ce n’est clairement pas son fort, parce que dans le troisième opus on est en-dessous de tout.

  • zen arcade  

    Faudrait me payer très cher pour que j’aille voir ce film. Très très cher.
    Pour moi, le MCU, c’est la mort du cinéma et avec ce dernier opus, ça sent vraiment le stade terminal du patient. Vivement que tout ça disparaisse dans les égouts de l’histoire du cinéma.

    La BO : Green day, ça m’a toujours emmerdé

    Bon allez, après ce post de ronchon, je vous souhaite la bonne journée à tous. 🙂

    • Jyrille  

      Merci Zen ! Bonne journée aussi.

      Moi il faudrait me payer très cher pour que j’aille voir Oasis en concert.

      Personnellement, je n’aimerais pas que tout ça disparaisse. Ce n’est pas de l’évolution naturelle qui chasse le plus faible, on peut garder toutes les oeuvres, ne seraient-ce que pour l’histoire, le recul sur la société contemporaine à l’oeuvre, les avancées technologiques, etc…

      La BO : c’est un choix – presque – collectif, en tout cas je trouve qu’elle colle bien à l’article, et puis elle est dans le film.

      • zen arcade  

        Rien à foutre d’Oasis non plus. 🙂

        • doop o' malley  

          😀 ! Moi la seule différence, c’est que je ne paye pas mes séances de cinéma, alors ca va !

  • Matmout Gougeon  

    Je ne vais pas être très original, je rejoins l’avis général sur ce film. C’est ce que j’appelle un véritable divertissement. Une comédie. Un film de genre, donc. Les blagues lourdingues et les digressions incessantes, qui sont maintenant devenues la norme dans les films du MCU à tel point qu’on en a tous la gerbe dorénavant, ont ici leur place. Oui, l’humour toujours plus incisif et les clins d’œil à gogo peinent trop souvent à masquer l’indigence du scénario et les problèmes de rythme (sérieusement, deux scènes de baston entre Deadpool et Logan pendant le film ?), mais on ne peut s’empêcher d’être conquis par ce qui s’apparente à la plus belle déclaration d’amour qu’on puisse faire à Ryan Reynolds, à Hugh Jackman, à leurs alter egos respectifs et aux films Marvel produits en leur temps par la Fox – ce générique de fin, roooh *coeur avec les mains*

    Je trouve que ce film invite à se poser la question de ce que l’on attend des adaptations de comics au cinéma. Perso, un pur film de super-héros, ça ne m’intéresse pas. Quand je vais au cinéma, j’y vais pour voir du cinéma, je veux un parti pris, je veux un film de genre, pas de la soupe. A ce titre, Deadpool x Wolverine, en tant que comédie pleinement assumée, atteint son objectif en ce qui me concerne.

    J’ai trouvé la scène d’introduction particulièrement réussie et audacieuse (l’idée de départ déjà, mais surtout la mise en scène, les effets spéciaux, la chorégraphie, la musique), dommage que la suite du film ne tienne pas forcément la comparaison en termes de qualité. Mais ça ne m’a pas empêché d’y picorer des éléments plaisants ici et là, notamment le retour de Dafne Keen dans un rôle qui lui va comme un gant (bien que trop discret sur ce film).

    En revanche, pour en avoir discuté avec une amie qui ne suit absolument rien à l’univers des comics et aux adaptations cinématographiques, elle est passée totalement à côté du film et n’a pris aucun plaisir à le visionner.

    • Jyrille  

      Merci Matmout pour le retour ! C’est bien d’avoir un autre avis et la vision de quelqu’un qui s’y connaît encore moins que moi. C’est comme avec la série télé WATCHMEN. A l’époque je pensais que n’importe qui pouvait la regarder, plus tard je me suis dit que c’était incompréhensible si on n’avait pas lu la bd (et même pas si on a vu le film de Snyder puisqu’ils se finissent différemment).

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour.

    Point positif : le titre. Bien Trouvé.

    Je suis comme Zen. je trouve que le MCU et tout ce qui s’y rapporte (FOX and co) est une des pires choses qui soit arrivée à la culture ces dernières décennies. Cela avait bien commencé mais cela a très, très vite mal continué.

    J’ai du tenir, avec mon fils, 10 min max devant le premier Deadpool. Même lui, adolescent, 10 min à base de blagues anales, il n’en pouvait plus. Si c’est cela les nouveaux standards, alors oui je suis un vieux con. Ce type de divertissement et son environnement représentent tout ce que je fuis désormais et surtout va à l’encontre de mes valeurs (attention je suis loin d’être vertueux).

    Donc je ne verrais pas ce film, et je suis donc plus sensible à la trèèèèèèès longue critique de Doop.

    Sur des points que vous évoquez :
    – je trouve toute les chorégraphies de combat des films de super héros illisibles et mauvaises

    – le côté autocritique sur oui on reconnait que l’on a fait des mauvais films …………… mais on prend quand même votre fric. Et plutôt deux fois qu’une (Doop a raison, hop un petit abonnement à D+ tant que l’on y est).

    – Ryan Reynolds est quand même un acteur très moyen.

    – les blagues lourdingues et le côté méta/subversifs : on n’a plus que cela désormais dans les films grand publics. Que sont devenus les grands dialoguistes ? Dire anal, cul, bite, plug tout le temps, c’est être jeune, moderne et subversif ??????

    – L’idée du multi-verse et donc des références, des caméos à outrance et du Logan de Mangold : quand même, ne me dites pas que vous vous faites avoir par une telle arnaque. Le multi-verse : Depuis que cela a été balancé dans je ne sait quel étron arachnide, les scénaristes n’ont même plus besoin de bosser. On justifiera tout en disant que c’est le multi-verse. Une des pires idées qu’il m’ait été donné de voir. Où alors on s’appelle Alan Moore ou Warren Ellis voire Marv Wolfman.

    En tout cas c’est sympa de lire 3 points de vu différents et argumentés dans un article. Un côté mayonnaise ou sauce corail en plus 🙂

    La BO : pas le meilleur morceaux de Green Day, que je préfère dans sa période punk, Dookie, Good Ridance étant dans l’album qui amorce une transition pour le groupe vers un son plus pop-rock.

    • Jyrille  

      Merci Fletcher ! Le titre est de JP. Bon je peux revenir sur quelques points que tu soulèves : le film adapte des comics, et jusqu’à présent, on avait bien compris que le MCU, initié par Marvel eux-mêmes, adapte les mêmes stratégies commerciales que lorsqu’il s’agit de vendre des comics. Je suis donc étonné que vous trouviez ça trop mercantile. Personne ne m’a jamais payé pour aller au cinéma.

      Je le répète, je ne pense absolument pas que ce film se pense subversif. Contrairement à ce qu’on peut croire en insistant sur les blagues, le film est bien écrit. Tout ne fonctionne pas (l’émotion avec X-23, notamment, Doop a raison) mais on ne peut pas dire que c’est écrit à la truelle (et je ne parle pas que des dialogues), il y a un équilibre, on n’est pas dans le film DAREDEVIL ou THOR LOVE AND THUNDER.

      Le multiverse est une super idée, à la base. Et quand tu vois les deux Spider-Man animés sortis depuis 2019, tu sais que tu peux en faire de bonnes choses. Les scénaristes n’ont pas attendu ça pour faire n’importe quoi (exemple récent : je viens de finir ANGEL, le spin-off de BUFFY, et la saison 4 est un gros foutage de gueule, et pourtant ça date de 2002).

      La BO : je n’ai jamais écouté qu’un seul album de Green Day, le premier. Je ne connais pas du tout les autres.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Pour le multi-verse je visais le MCU, pas le concept en lui même, qui ne date pas d’hier et qui n’a pas été inventé au XXIe siècle avec les films de super-héros comme un jeune public à tendance à le croire.

        Pour le côté mercantile, je remets simplement en cause l’argument de l’autocritique évoqué dans le film. C’est facile dans un tel contexte. En fait je ne trouve même pas cela culotté, voire limite indécent car cela tendrait à prouver qu’ils sont conscient de proposer de la nullité mais tant pis, du moment que l’on vend et que cela fonctionne Aucune éthique donc. Mais c’est le principe du commerce. En effet personne ne t’a obligé à acheter ou consommer. Mais j’ai toujours eu tendance à balayer ce dernier argument.

        • Jyrille  

          Le multivers du MCU : c’est un peu la nouvelle base de la phase actuelle (aucune idée du numéro, 6 ? 5 ? 7 ?), et cela peut être bien traité. La seconde saison de LOKI en est la preuve.

          Indécent : je ne trouve pas que ce soit le cas car Deadpool le fait depuis le premier film, si mes souvenirs sont corrects. Ce côté méta et se moquer de sa propre production car pas assez de budget ou autre, ce n’est pas nouveau. Reynolds supprime même le film GREEN LANTERN dans le second film. On est bien dans la continuité des deux premiers films.

  • zen arcade  

    « Je suis donc étonné que vous trouviez ça trop mercantile. »

    Je ne sais pas si tu m’inclus dans ce « vous » mais, en ce qui me concerne, ce n’est pas un critère que je retiens.
    Le MCU, pour moi, c’est la culture geek dans ce qu’elle peut générer de pire.
    Il n’y a rien à sauver. C’est le néant.

    • Jyrille  

      Heu non, je pensais à Fletcher et Doop. Quant à ce qu’il y a à sauver, et bien c’est hautement subjectif et totalement dépendant des attentes et préférences de chacun et chacune 😀

  • Ludovic  

    Bon, on va dire que je suis du côté de Doop mais bon, je crois que surtout ce qui me chagrine, c’est que je peine à voir du cinéma dans tout ça, pour moi, on est dans un produit de divertissement audiovisuel et ce n’est juste pas pour ça que je me déplace dans une salle de cinéma et même en tant que lecteur de comics, je suis pas certain que ce soit ce que j’ai envie de voir comme manière de faire dialoguer ces deux médiums que sont la bande dessinée et le cinéma. Il y a forcément mieux à faire.

    En plus, je n’ai juste pas ri une fois pendant tout le film.

    Et sinon, je suis plus team moutarde que team ketchup… clairement !

    • Jyrille  

      Merci Ludovic ! Je comprends tout à fait ce que tu exprimes lorsque tu ne vois pas de cinéma. Mais pour moi, ça en est également. Un type de cinéma en tout cas. Est-ce que tu as vu les dessins animés Into the Spider-Verse et Across the Spider-Verse ?

      Pour les comics, je ne sais pas trop, est-ce que tu as déjà lu des Deadpool ? Désolé de savoir que tu n’as pas ri, dans ce cas en effet tu as dû trouver le temps long.

      Moi je ne mange pas du tout de ketchup, à part dans mes burgers des fast food (jamais avec les frites). Je suis plus mayonnaise. Mais sinon moutarde.

      • Ludovic  

        J’ai lu quelques numéros de DEADPOOL, j’ai pu tomber ici ou là sur quelques one shots que j’ai trouvé plutôt amusants mais des que je me suis aventuré sur une série régulière, je me suis dit que ce n’était pas mon truc clairement, j’y ai vu du super héros très basique saupoudré de blagues, j’ai du mal à m’intéresser à ça. Après je ne parlais pas des histoires de DEADPOOL, je parlais des comics en général qui ont inspiré des œuvres cinématographiques parfois passionnantes, là encore une fois, quand je vois DEADPOOL/WOLVERINE, je ne vois qu’un produit dérivé conçu avec des moyens démesurés par rapport à sa réelle valeur, même si on l’envisage comme un pur divertissement audiovisuel.

        Sur les deux SPIDERMAN en animation, oui je les ai vus et j’avais plutôt bien aimé le premier que je trouvais malin et très bien fait, mais le deuxième est symptomatique à mon sens de tout ce qui me gène dans le cinéma super-héroique et le blockbuster actuel: ce n’est pas qu’une histoire de multivers, on est face à des films qui ne se préoccupent même plus de raconter des histoires, c’est l’univers qui prime en ce qu’il permet une infinité de potentialités exploitables jusqu’à épuisement du filon, c’est la négation de l’idée de fiction (supplantée par la domination de la culture du jeu) et l’intrigue, les personnages ne servent qu’à vendre ce concept au spectateur, un vague récit sur « deviens ce que tu es, assume ta différence » au fond très consensuel et très normatif en fait, qui dit aux jeunes que de toute façon toutes les histoires ont déjà été racontées, tout à été déjà imaginé mais le monde dans lequel tu vis te donne heureusement accès à ça en forfait illimité, c’est le Netflix, le Disney Plus, le Spotify de la vie en fait (et toute l’économie capitaliste qui va derrière et le système qu’on ne remet surtout pas en cause) tu pourras piocher dans cette culture prémachée autant que tu veux et qu’est ce tu vas t’amuser ! Je te cache pas que ça me déprime !

        J’aime bien la mayo aussi ! j’ai des gouts de frenchie du coup non ?

        • zen arcade  

          Attention, je préviens, ce qui suit est un gros post de vieux con. 🙂

          J’ai entendu certains parler de post-cinéma à propos de ce genre de films.
          Ca me déprime complètement aussi. Heureusement, le cinéma reste très vivant ailleurs et je ne cesse de m’en réjouir. Mais la logique actuelle du cinéma commerical américain dominant, dont les productions Marvel semblent être l’aboutissement parfait, l’a entraîné ces dernières années dans ce qui est sans doute la pire période de son histoire.
          Après, quand on voit comment va le monde, on peut se dire qu’on ne mérite sans doute pas mieux. 🙂

          • Jyrille  

            Post-cinéma ? Je n’avais jamais entendu ça. Bon, les noms, les nouvelles expressions, les catégories, c’est comme les notes : ça ne sert pas beaucoup à moins de travailler dans des archives ou un magasin. C’est tellement subjectif. J’écoute plein de post-punk or il y a tout là-dedans ou presque, de la cold wave, du rock énervé, du rock contemplatif, du prog si on veut même.

            Par contre on peut prendre cette information et avouer qu’on est dans une ère très capitaliste où les chiffres comptent plus que le reste. Et on en revient toujours au même : ces films génèrent du chiffre et font que le cinéma (et les salles) peut continuer de vivre et produire d’autres oeuvres plus confidentielles.

          • zen arcade  

            « Post-cinéma ? Je n’avais jamais entendu ça. »

            Je trouve que le descriptif que fait Ludovic de ce type de films correspond très bien au terme.

            « Par contre on peut prendre cette information et avouer qu’on est dans une ère très capitaliste où les chiffres comptent plus que le reste. Et on en revient toujours au même : ces films génèrent du chiffre et font que le cinéma (et les salles) peut continuer de vivre et produire d’autres oeuvres plus confidentielles. »

            La logique capitaliste, elle est à l’oeuvre depuis la naissance de Hollywood. Ce n’est pas nouveau.
            Par contre, il me semble qu’il y a quelque chose de nouveau dans ce qui se passe aujourd’hui à Hollywood et dont les productions Marvel sont sans doute le meilleur marqueur.
            Et je pense que le cinéma plus confidentiel est de plus en plus découplé des grosses machines et que l’affirmation selon laquelle les gros permettent l’existence des plus petits est de moins en moins pertinente.
            Par exemple, je suis en train de boucler une rétrospective intégrale de la filmographie du cinéaste coréen Hong Sang-Soo et ce qui frappe dans son parcours, c’est sa manière de se détacher petit à petit de toutes les contingences de production qui altèrent sa capacité à réaliser ses films, à tel point qu’aujourd’hui, il fait presque tout tout seul avec une équipe de plus en plus réduite et des budgets de plus en plus limités.
            Il fait en moyenne deux films par an, ça intéresse un public réduit mais il a trouvé le moyen de faire ce qu’il veut comme il veut . Il ne doit pratiquement plus rien à personne.
            Et ses films continuent d’être extraordinaires. Et son oeuvre restera.
            Pour revenir aux Etats-Unis, je trouve que le cinéma indépendant génère ces dernières années pas mal de films uniques, vivifiants, pas nécessairement toujours complètement aboutis mais on sent que ça grouille de vie. Je pense par exemple à des cinéastes comme Sean Price Williams, Joanna Arnow, Meriwa Gerima, Ted Fendt, Carson Lund, Tyler Taormina,…
            Ces gens-là ne dépendent pas des productions Marvel pour exister, ni des plate-formes d’ailleurs.
            Ce sont les « films du milieu » qui me semblent le plus en danger. Ces films qui sont produits à l’intérieur du système mais qui peinent à exister face aux quelques mastodontes qui raflent tout.
            J’espère que le dernier Sean Baker, palme d’or à Cannes, va montrer qu’il reste un vrai potentiel pour un cinéma américain qui allie exigence artistique et volonté de plaire à un large public.

          • Jyrille  

            Merci pour tous ces noms que je ne connais pas, Zen, en tout cas je ne pense pas avoir vu un seul film de ces réalisateurs. Ce que tu décris a toujours existé également, Mocky par exemple, voire John Waters par moments, le premier Lynch etc… Je pense que ce cinéma indépendant a toujours existé. Je ne pense pas que ce soit Hollywood qui ait changé, mais la façon de diffuser et l’arrivée des plateformes avant tout. Et d’internet aussi : rappelle-toi la chasse au piratage alors que nous n’avions que des DVD pour voir ou revoir des films. Et puis bien sûr, l’hégémonie actuelle des séries télé, sans parler de celles des animes basés sur des mangas qui se taillent une belle part de visionnage.

        • Jyrille  

          Des goûts de frenchie ? Tu n’es pas français ?

          Je n’ai jamais lu de Deadpool donc tu pars avec plus de bagages que moi.

          Sinon c’est très intéressant ce que tu dis sur l’approche ludique. Personnellement j’aime beaucoup le jeu en général, même si je ne suis pas un fervent joueur ni un bon, mais le concept me parle. J’adore comprendre les mécaniques d’un jeu et l’intention derrière. Pour ce qui est des histoires elles-mêmes, cela fait longtemps que j’ai l’impression que tout a été raconté. C’est pour ça que je viens seulement de me mettre à L’ATTAQUE DES TITANS qui promet un peu d’inédit. Mais j’ai tout de même le sentiment que toutes les histoires ont été racontées, que les trames scénaristiques sont toujours un peu les mêmes. C’est peut-être pour ça que le cinéma court après le jeu vidéo : c’est ce domaine qui génère le plus d’argent dans les divertissements. Si on pense alors que ces films (et DEADPOOL & WOLVERINE en fait clairement partie) tentent d’appliquer le même principe commercial, la même approche capitaliste ou marketing, cela fait sens. Et c’est pourquoi cela ne peut pas être du cinéma tel que les cinéphiles le voient, avec une approche artistique et personnelle : comme tu le dis, trop d’argent est en jeu. Le film ne peut donc pas être subversif. Mais au-delà de ça, j’ai été amusé par le film et j’ai même trouvé qu’il faisait des efforts pour contenter son public tout en étant respectueux d’un énorme cahier des charges. En soi c’est déjà un tour de force.

          Je ne suis pas certain que ta conclusion sur la suite, les plateformes, soit inévitable. Par contre je pense qu’avoir autant de culture à portée de main (ne serait-ce que la musique avec Deezer, Spotify etc) est une avancée : on aurait tellement aimé avoir ça lorsqu’on était étudiant !

          • zen arcade  

            « Pour ce qui est des histoires elles-mêmes, cela fait longtemps que j’ai l’impression que tout a été raconté. C’est pour ça que je viens seulement de me mettre à L’ATTAQUE DES TITANS qui promet un peu d’inédit. Mais j’ai tout de même le sentiment que toutes les histoires ont été racontées, que les trames scénaristiques sont toujours un peu les mêmes. »

            Je ne vois pas très bien ce que L’attaque des titans propose d’inédit.
            Mais sinon, le constat que tu poses me gêne toujours un peu.
            Il y a plein de choses qui génèrent un sentiment de ne jamais l’avoir vu auparavant. Il faut juste sortir de ses habitudes et aller voir ailleurs, plutôt que de ressasser le même discours en continuant à voir des productions formatées.
            Je ne sais pas, regarde le dernier Radu Jude et dis-moi si tu as déjà vu quelque chose qui ressemble à ça. Ou alors, essaie le cinéma argentin de ces dernières années, il bouillone de créativité avec des films très intéressants, notamment issus du collectif El Pampero Cine. L’Asie continue à être un pourvoyeur de propositions artistiques passionnantes. Le cinéma espagnol propose aussi pas mal de films passionnants (Jonas Trueba, Albert Serra, le dernier Victor Erice est superbe,…) : Qui à part nous?, Pacifiction, Fermer les yuex. Trois magnifiques films.
            Y a plein de choses à découvrir dans le cinéma contemporain et qui ne donnent pas l’impression d’avoir été conçues sur les mêmes rails qui aboutissent toujours à la même destination.
            La seule limite, c’est ta curiosité.

          • Jyrille  

            Merci pour les pistes mais même en regardant un film de Casavettes, je n’ai pas le sentiment de voir quelque chose de fondamentalement différent. Je regarde tous les Dupieux que je peux, pour moi c’est de l’absurde un peu poétique (parfois) comme pouvait le faire Bertrand Blier, Wes Anderson c’est un peu la même chose. J’aime tout ça mais au final, leurs histoires n’ont pas de trames plus originales que le tout venant. Au mieux c’est marrant au pire c’est pas loin d’être n’importe quoi – et donc, être original ne suffit pas à nous faire adhérer au film.

            Quand je parle de L’ATTAQUE DES TITANS et bien il ne s’agit pas d’un nekketsu basique, c’est a priori très adulte et différent des mangas habituels d’après ce que j’ai compris. Tu parles peut-être de narration et de formatage, de la forme même de ces histoires.

            Quand je vois des films français qui parlent de la société actuelle, c’est souvent creux pour moi, pas du tout intéressant, ça ne raconte pas grand chose (exemple : Doubles vies de Assayas). J’ai écouté beaucoup de Gêne occasionnée, ceux sur des films que j’ai vus. J’avais essayé ENORME justement, un peu curieux de voir ce que ça donnait : j’ai détesté. Je n’ai jamais ri, j’ai rapidement compris que la réalisatrice voulait plutôt faire un documentaire, ça ne m’a pas du tout intéressé ni amusé ni fait réfléchir. Alors que j’ai adoré EFFACER L’HISTORIQUE, qui a une trame tout ce qu’il y a de plus classique.

            Le dernier film argentin que j’ai vu remonte, c’était LES NOUVEAUX SAUVAGES (je viens de vérifier, il a dix ans). C’est un film à sketches assez classique, comme la série italienne des MONSTRES. C’était cool. Mais tu ne pensais sans doute pas à ça.

            Si je les trouve, je tenterai ce que tu cites, peut-être y verrai-je de la nouveauté.

          • zen arcade  

            Enorme, je ne suis pas très fan mais j’ai bien aimé le dernier Letourneur avec Philippe Katerine.
            Dupieux, c’est le roi du pitch mais je trouve son cinéma très paresseux.
            Pas vu Doubles vies d’Assayas. Ca fait d’ailleurs un paquet d’années que je n’ai plus vu aucun de ses films alors qu’à une époque je regardais tout ceux qui sortaient. J’ai l’impression, peut-être erronée qu’il est un peu cramé.
            Cssavetes, si tu regardes Shadows, c’est quand même un marqueur du cinéma indépendant américain. A l’époque, c’était vraiment une proposition originale. Et un film comme Faces a des parti-pris formels quand même assez radicaux. J’ai revu récemment Meurtre d’un bookmaker chinois et je continue à trouver le film assez original dans la manière qu’a Cassavetes de triturer le cinéma de genre pour aborder ses préoccupations.
            Le cinéma, ce n’est pas que des histoires. Le scénario, ce n’est pas qu’un récit. Et un film, c’est de la mise en scène.
            Un film comme Pacifiction d’Albert Serra, je trouve vraiment que ça se démarque, tout comme Qui à part nous de Jonas Trueba qui capte très bien le bouillonnement et les difficultés d’une certaine jeunesse espagnole au travers d’une structure formelle que j’ai trouvé vraiment intéressante.
            Et puis, il n’y a pas non plus besoin de renouveler le cinéma pour produire des choses uniques, originales et emballantes.
            Ce qui me fait chier, c’est l’expansion toujours plus grande, au sein d’un certain cinéma, de productions formatées autour de formes standardisées et artistiquement dévitalisées.
            Mais même au sein d’un cinéma américain plus « classique », il me semble qu’il y a des films qui proposent une petite musique qui leur est propre. Je pense par exemple à Licorice pizza de Paul Thomas Anderson qui, sous ses dehors de romcom acidulée, possède une structure scénaristique assez libre qui déjoue régulièrement les attentes formatées du genre.
            Le MCU, à côté, c’est vraiment le zéro absolu.
            Mais bon, regarde N’attendez pas trop de la fin du monde, le dernier Radu Jude. Et puis tu me diras ce que tu pense de Bobita 🙂
            Bon, je te préviens, le film dure 2h45 et les 45 dernières minutes, c’est un seul plan fixe. 🙂 Du vrai cinéma punk.

          • Jyrille  

            Si je trouve, je tente. Mais bon, je te préviens, je n’ai pas aimé DRIVE MY CAR malgré de bons passages et alors que je pensais apprécier PUNCH DRUNK LOVE de PT Anderson, j’ai trouvé le film boursouflé de maniérisme et d’hommages lourdingues au cinéma, sans parler d’une histoire trop étrange pour être crue. Le film ne m’a jamais ému ou transporté alors qu’à l’époque j’avais adoré MAGNOLIA.

            Mais je suis de toute façon en désaccord lorsque tu considères que « le MCU c’est le zéro absolu ». Le zéro absolu de quoi, la mise en scène ? La réalisation ? Les scénarios ? La photo, les costumes, les décors, les FX ? Si tu considères que les histoires de super-héros, c’est zéro, je ne vois pas comment te contredire lorsque je regarde les films AVENGERS. C’est le principe, adapter des histoires canoniques destinées d’abord aux jeunes ados voire aux enfants.

            C’est un nombre conséquent de films et séries, le MCU, ce n’est pas une seule oeuvre d’un seul réalisateur. C’est comme le matériau de base, ça explore plusieurs genres (super-héros, horreur, comédie, espionnage, fantastique, SF…), et je pense que tu serais un tout petit peu étonné de voir les séries WANDAVISION et LOKI par exemple. Elles ne sont pas exemptes de longueurs mais c’est du super boulot avec des épisodes originaux, de très bonnes bandes son et une production aux petits oignons.

          • Zen arcade  

            Oui, le zéro absolu de tout ce que tu cites. Et de plein d’autres choses encore. En raison de la place qu’il occupe dans le cinéma aujourd’hui, je pense que le MCU, c’est le pire du pire du cinéma contemporain. Ce truc a un pouvoir de nuisance effrayant.
            Sinon, non, il y a des films de super-héros que j’apprecie. Je n’ai pas d’aversion a priori par rapport au genre.
            Et puis, on cause cinéma et toi tu réponds en citant des séries. 😉

          • Jyrille  

            Je ne comprends vraiment pas ta position, j’ai vu des films bien pires, dans tous ces domaines. Et j’ai vu de très mauvais films du MCU.

            Si je cite des séries, c’est parce que j’imagine que tu ne les as pas vues (d’ailleurs j’aurais pu citer les anciennes de Netflix comme Daredevil et Punisher, ou Légion) or elles font partie du MCU (que tu traites de zéro partout). Les films sont forcément moins aventureux formellement, il suffit de voir leurs affiches : elles se ressemblent toutes, comme celles de Star Wars.

            J’ai du mal à saisir un quelconque distingo entre les séries et les films. Pour moi, les épisodes de Six Feet Under sont des films courts. Et on voit bien que même en dehors des super-héros, les films en plusieurs parties se multiplient (j’ai loupé le Kevin Costner, d’ailleurs). Certains films anciens seraient devenues des mini-séries de nos jours, comme Il était une fois en Amérique ou Das Boot (prévu à la base pour durer cinq heures je crois). Si tu prends une série comme Black Mirror, dont chaque épisode est indépendant, tu peux considérer que ce sont de courts films (certains durent une heure trente), tout comme les épisodes de SHERLOCK ou du DRACULA de Moffat. Mais ils ne sont pas diffusés en salle.

          • zen arcade  

            « J’ai du mal à saisir un quelconque distingo entre les séries et les films. »

            Je ne te suis pas du tout sur ce point.
            La forme sérielle est dans l’immense majorité des cas dominée par les scénaristes. La série, c’est vraiment le domaine du scénariste tout-puissant. En règle générale, les réalisateurs qui se succèdent sur les épisodes sont tenus de se référer à une charte visuelle définie pour la série.
            Cette toute puissance du scénariste se manifeste à l’écran par la primauté sur tout le reste de l’efficacité narrative. Les scènes sont courtes, ce qui n’est pas directement signifiant est écarté, etc …
            Le cinéma, ce n’est pas ça. Ou plutôt, ça peut être ça mais c’est aussi tant d’autres modalités formelles et narratives.
            Il n’est pas étonnant, je pense, que la série de ces dernières années qui a pris le contrepied total de tous les diktats de l’efficacité narrative, c’est la formidable troisième saison de Twin Peaks, réalisée comme par hasard par… un cinéaste
            Tu parlais plus haut de Drive my car (que tu n’as pas aimé mais peu importe). Le travail formel, la structure du récit, le choix des cadrages, le travail sur la durée,… c’est du cinéma. C’est ça le cinéma, et le grand cinéma. Tu ne verras jamais ça dans une série.
            Il n’est pas question de dire ici que l’un serait meilleur que l’autre (même si j’ai mon petit avis sur la question) mais la série et le cinéma ce n’est pas du tout la même chose.
            Au tournant des années 2000, HBO a révolutionné la façon de faire des séries télévisées. Quand tu vois exemplairement The Sopranos et The Wire, tu vois que la série utilise son format (une saison de 13 épisodes conçue comme un immense bloc) pour travailler sur la durée en utilisant ses ressources propres pour creuser ce que le cinéma ne parvenait pas à faire en 2 ou même 3 heures de métrage. C’était passionnant et ça a engendré d’autres séries exceptionnelles sur d’autres canaux, comme Mad Men par exemple. Mais cette promesse n’est plus aujourd’hui que rarement tenue. Les formatages de l’efficacité narrative ont largement restandardisés les audaces télévisuelles de cette période.

          • zen arcade  

            « Et on voit bien que même en dehors des super-héros, les films en plusieurs parties se multiplient (j’ai loupé le Kevin Costner, d’ailleurs). »

            La prise de pouvoir de la forme sérielle contamine le cinéma, en remodelant même les attentes du public par rapport à ce qu’il veut voir dans un film.
            C’est d’ailleurs un grief supplémentaire que je formule à l’encontre des films du MCU et à l’encontre du concept général du MCU.
            La série tue le cinéma commercial dominant en le transformant de l’intérieur. Formellement.
            J’espère un jour voir une réaction massive par rapport à ça, comparable par exemple à ce que fût l’émergence du Nouvel Hollywood face à l’état déliquescent de l’industrie hollywoodienne à la fin des années 60.
            Mais je peine parfois à rester optimiste et pour l’instant je vais surtout voir ailleurs.

          • Jyrille  

            Tu parles exactement comme Begaudeau… je ne suis pas totalement d’accord. Car la forme de Drive My Car peut tout à fait transparaître dans une série, sur un ou plusieurs épisodes (surtout qu’il se termine plutôt fadement par rapport à son début très déstabilisant). Dans LEGION ou AMERICAN GODS, par exemple. Voire WANDAVISION.

            J’ai adoré THE WIRE, moins apprécié les SOPRANOS et pour le moment, je n’arrive pas, au bout de quatre épisodes, à entrer réellement dans MAD MEN. Prendre autant de temps, si c’est ça le cinéma, alors ce n’est que du cinéma lent et contemplatif.

            Tu as d’autres exemples de séries réalisées par des cinéastes, comme LE BUREAU DES LEGENDES par Eric Rochant. Et c’est tout à fait formaté comme un HOMELAND. Je n’ai pas vu la troisième saison de Twin Peaks.

            Parce que moi j’aime également le cinéma concis, où les personnages sont introduits brillamment en moins de dix minutes, comme dans ROBOCOP ou LES GUERRIERS DE LA NUIT (WARRIORS). Le cinéma c’est aussi beaucoup d’informations en moins de deux heures, c’est aussi du scénario. Si USUEL SUSPECTS marche toujours, c’est parce que le scénario tient la route – et que les acteurs font un super job.

          • zen arcade  

            « Tu parles exactement comme Begaudeau »

            C’est assez logique étant donné que je partage assez largement la vision qu’il a du cinéma.
            Après, il y a des trucs qu’il adule et je me demande parfois un peu pourquoi (genre Ostlund par exemple) et je le trouve parfois très sévère par rapport à des films que j’aime mais en gros, je suis souvent en accord avec sa vision du cinéma.

            « Prendre autant de temps, si c’est ça le cinéma, alors ce n’est que du cinéma lent et contemplatif. »

            Je ne dis pas que c’est ça le cinéma. Je dis que c’est une des nombreuses potentialités du cinéma, qui en effet s’actualise dans un film comme Drive my car et qui est largement inexistante de la forme sérielle (parce que narrativement, dans la plupart des séries, il faut que ça aille vite).
            A contrario, The Wire, c’est une série qui prenait le temps de creuser, qui n’avait pas peur de la durée et de la lenteur.
            A plus ou moins la même époque, tu avais aussi The Shield. Série régulièrement remarquable, avec de vrai parti-pris formels qui tranchaient mais qui se situait beaucoup plus du côté de l’efficacité narrative.
            C’était brillant mais beaucoup plus conventionnel dans le traitement des intrigues et des personnages. Ca restait balisé, ça n’avait pas du tout la même ambition que The Wire.

            Mais le cinéma peut aussi choisir d’aller vite, c’est évidemment aussi une de ses modalités.
            Bon, ne parlons pas des nombreux films d’action aux scènes d’action illisibles mais tu ne trouveras par exemple rien de plus rapide que certaines comédies hollywoodiennes des années 30 au rythme échevelé et aux dialogues brillants débités à la mitraillette. Et c’était génial.

            « Tu as d’autres exemples de séries réalisées par des cinéastes, comme LE BUREAU DES LEGENDES par Eric Rochant. Et c’est tout à fait formaté comme un HOMELAND.  »

            Ben oui, il se coule dans le moule. Ca ne fait que renforcer ce que je dis.

            « Parce que moi j’aime également le cinéma concis, où les personnages sont introduits brillamment en moins de dix minutes, comme dans ROBOCOP ou LES GUERRIERS DE LA NUIT (WARRIORS). Le cinéma c’est aussi beaucoup d’informations en moins de deux heures, c’est aussi du scénario. Si USUEL SUSPECTS marche toujours, c’est parce que le scénario tient la route – et que les acteurs font un super job. »

            Ben oui, il y a tant de façons de faire du cinéma. La richesse est infinie.
            Tu ne trouveras pas un plus grand défenseur que moi de la concision au cinéma.
            Le sommet de la concision à Hollywood, c’est la série b des années 50. Tu regardes un western de Boetticher par exemple, c’est emballé en 1h10 voire 1h20 à tout casser et c’est impeccable. Y a plein d’idées de mise en scène qui pallient le budget limité et surtout y a pas un poil de gras.
            On est au sommet de l’efficacité narrative. Et c’est aussi une potentialité du cinéma (là où dans les séries, c’est devenu un formatage pratiquement incontournable).

            Ceci dit, Usual suspects, c’est pas du tout le type de films qui m’intéresse.
            Je l’ai vu à l’époque et oui ok, bon voilà quoi.

          • Jyrille  

            LE BUREAU DES LEGENDES, c’est vieux, la première saison date de 2015.

            Sinon j’ai aimé THE SHIELD malgré des défauts qui ne me font pas penser que c’est une grande série. J’en parle ici : brucetringale.com/from-what-i-want-the-shield/

            « Et c’est aussi une potentialité du cinéma (là où dans les séries, c’est devenu un formatage pratiquement incontournable). »

            Désolé mais je pense que tu as une vision déformée des séries. Elles ne sont pas toutes formatées de la même façon, rien que celles que je t’ai citées auparavant. Ce n’est pas qu’un avantage du cinéma. Je pourrais ajouter BAND OF BROTHERS aussi, WILD PALMS par Oliver Stone… Tu as actuellement des séries avec des épisodes de une heure ou des épisodes de 30 minutes ou de vingt-deux ou de dix… Bref, pour moi tous les formats sont bons et peuvent exister tant qu’ils ne sont pas paresseux et ne se moquent pas frontalement de leur public.

          • zen arcade  

            « Désolé mais je pense que tu as une vision déformée des séries. Elles ne sont pas toutes formatées de la même façon, rien que celles que je t’ai citées auparavant. Ce n’est pas qu’un avantage du cinéma. Je pourrais ajouter BAND OF BROTHERS aussi, WILD PALMS par Oliver Stone…  »

            J’ai regardé des paquets et des paquets de série. Je sais évidemment qu’elles ne sont pas toutes formatées de la même façon et qu’il y en a toujours qui se démarquent. On parle ici de formes dominantes et majoritaires et à partir de là de potentialités actualisées ou pas. Il y a toujours des exceptions.

            Wild palms, ça se démarquait en effet. On peut dire que c’était du proto-HBO. On pourrait aussi ranger dans cette catégorie une série comme Profit par exemple.
            Avec Band of brothers, on est en plein dans la période où HBO redéfinit complètement l’idée même de ce que peut être une série (ce n’est pas par hasard si le slogan de la chaîne à l’époque, c’était « It’s not TV, it’s HBO »).
            J’avais cité plus haut The Sopranos et The Wire mais on pourrait aussi y inclure Band of brothers même si BoB relève aussi à mon sens d’une tradition de la mini-série patrimoniale friquée de prestige (WWII, Hanks – Spielberg) où l’on trouvait déjà par exemple des trucs comme Racines. Perso, ça me parle moins. Je préfère David Simon quand il traite de la guerre en Irak avec Generation kill. Mais c’est pas le sujet.

            « Bref, pour moi tous les formats sont bons et peuvent exister tant qu’ils ne sont pas paresseux et ne se moquent pas frontalement de leur public. »

            Je n’ai jamais dit le contraire. 😉
            Je dis juste que séries et cinéma, c’est pas pareil.
            Après, dans la société de consommation dans laquelle nous baignons, chacun fait son shopping comme il veut.

  • JP Nguyen  

    Je trouve certains commentaires super sévères sur le MCU :
    la pire chose qui soit arrivé à la pop-culture ?
    les égouts de l’histoire du cinéma ?

    Sur ce blog, il y a des tas de franchises, notamment horrifiques, qui ont été passées en revue et nombre d’entre elles ont produits des films très passables.
    Plus largement, même Max Pecas et ses nanars français ont une place dans l’histoire du cinéma. Même Turkish Star Wars…
    « L’égout » et les couleurs, ça dépend de chacun…

    • Fletcher Arrowsmith  

      Je fais parti du camp (peu nombreux) de ceux qui pensent que l’univers des super héros version télé ou film (comme cela je ne caricature pas que le MCU, mettant aussi la Warner et la Fox dans le sac) ont fortement contribué à déstructurer et affaiblir le média comics book. Donc en effet j’ai la dent dur, mais je n’ai pas changé d’avis d’un iota depuis de nombreuses années.

      J’y vois aussi un affaiblissement et une certaine uniformité (et là je mets l’hégémonie de Disney en cause) des propositions faites au public actuel, à prendre dans son plus grand ensemble.

      Par contre je ne critique pas ceux qui y trouvent leur compte. Il y a suffisamment à faire, à lire, à voir pour toute une vie dans un spectre toujours plus large et restant accessible pour les autres. Maintenant pas sur que certains veulent s’en donner la peine….

  • sébastien zaaf  

    Hello les Brucies. Merci d’avoir partagé vos avis, assez tranchés comme du Logan mais argumentés. Je dois dire que je n’étais pas retourné au cinéma voir un film estampillé Marvel depuis Spiderman Far from Home … et je dois dire que même si beaucoup d’aspects du film sont sympas entre caméos et autodérision, c’est un Marvel c’est à dire que c’est prodigieusement vide et oubliable. Je ne suis déjà pas à la base un fan de Deadpool. Je supporte la version dans son itération un peu sérieuse avec Liefeld, quand il cherchait encore à singer Deathstroke. Je vais aussi ressortir mon argument favori : un peu de multivers ça va, trop de multivers c’est un tic de scénariste feignant qui ne sait pas quoi faire de ses personnages. Un peu comme avec Star Wars, la petite souris a pas l’air de trop s’intéresser au matériel de base si ce n’est piocher ça et là deux ou trois images iconiques ou noms connus pour faire du fan service. C’est un peu la Marvel Way of Cinema : du popcorn pour un film sympa mais qu’on oublie une fois sorti, jusqu’au suivant. L’hommage à la Fox est bien gentil, c’est tiré par les cheveux pour introduire (sans mauvais jeu de mot) Deadpool et les Mutants chez Mickey Studio. Mais entre nous avec des films entre ennui (Elektra…), ratage total (Apocalypse) ou même catastrophe industrielle (Dark Phoenix, New Mutants…) il était temps aussi que ça s’arrête. Le seul ayant réussi à tirer son épingle du jeu est Wesley / Blade je trouve et il est pas étiquetté Fox. Finalement le film est une synthèse des ratages de la Fox, du vide abyssal qui habite désormais Marvel Studio et de la difficulté désormais presque hebdomadaire je trouve depuis la crise Covid de trouver sur les écrans des films mémorables qui ont quelque chose à raconter en gardant une originalité et surtout avec des acteurs qui ne sont pas toujours les 15 ou 20 mêmes que Disney a dans son book et recycle de films en films.

    • Jyrille  

      Merci Zaaf pour ton retour ! Oui, il y a de tout ça aussi. Il faut dire que c’est plus simple d’avoir une franchise ou des histoires très connues pour attirer du monde. La preuve avec le nouveau Monte Cristo (qui est très réussi), comme quoi on peut avoir du bon divertissement en France après des années de vaches maigres et de comédies insupportables.

  • Présence  

    J’aime beaucoup ce format qui donne à voir une œuvre même sous trois angles différents, trois points de vue différents.

    Il y a belle lurette que j’ai renoncé à voir des films de superhéros (ça remonte au siècle dernier) car j’avais constaté que je n’y retrouvais rien de ce qui me plaît dans ce sous-genre.

    Depuis, je me contente de regarder parfois une bande annonce ou une autre : j’ai bien aimé celles des films Deadpool, pour leur côté trash et scatophile, un registre que Garth Ennis maîtrise bien également.

    Une suite de références tournés en dérision, où les personnages eux-mêmes raillent le faible niveau de qualité : la frontière est mince entre l’autoparodie et la médiocrité, tout est affaire de sensibilité. Cependant, dans le cas précis tel que le décrit Bruce Doop, le positionnement de cette blague semble clair : du mauvais côté de la frontière.

    […] mariant ainsi l’hommage cinématographique, le poil à gratter, l’action généreuse, l’humour frontal et l’amour aux personnages de ces films, séries et comics […] c’est déjà plutôt pas mal, pour une franchise sur un personnage de seconde zone : plutôt d’accord.

    • Jyrille  

      Merci Présence ! Je ne désespère pas de te voir un jour essayer de regarder un de ces films. LOGAN par exemple pourrait te plaire, c’est un western moderne. Ou mon chouchou, le CAPTAIN AMERICA WINTER SOLDIER. Ou le DARK KNIGHT de Nolan (second film de sa trilogie).

  • Bruce Lit  

    Ouch ! Être associé à Spider-Jerusalem, ça pique !
    En temps normal, j’aurais viré Team Doop, oui. Mais il se trouve que je suis un grand fan d’humour gras et trash cf Garth Ennis, que j’avais bien aimé le premier opus et que franchement, les comics ne sont pas la panacée d’artistes et d’éditeurs intègres. Quand on voit le nombre de conneries que Marvel a publié, on pourrait se demander pourquoi le cinéma n’en ferait pas autant.
    Et puis des films édbiles, on a pas attendu Marvel pour en avoir.

    Là, où les arguments de Doop résonne chez moi, c’est le côté auto-commentateur qui me rappelle cet entre-soi, ce autocratie des super-héros. On créé un film parasite qui se nourrit de la merde des autres. La démarche est effectivement dérangeante et je souscris aux arguments de Ludovic.

    Rien que pour y voir les clins d’oeil aux comics, je serai preneur. MAis jamais, oh grand jamais au cinéma.

    Merci pour cet article de reprise les gars !

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