Focus : Jane B par Serge Gainsbourg et Frederic Chopin
Article de BRUCE LIT
Dessins de EDWIGE DUPONT
1ère publication le 07/03/18-MAJ le 02/01/19
Gainsbourg a t’il sa place sur un site consacré à la BD ? Oui ! Car Serge était un personnage de roman russe tout comme un héros de BD et dont la vie à souvent été adaptée en bulles, le réalisateur de sa biographie à l’écran n’étant pas moins que Joann Sfarr.
Un premier volume consacré à Lemon Incest est paru ici. Ça vous a plu hein ? Vous en voulez encore ? Alors, voici l’histoire de Jane B, une chanson qui me touche bien plus que Je t’aime moi non plus dont je n’ai jamais aimé la mélodie trop Procol Harum. Il bénéficie encore des illustrations de l’artiste Edwige Dupont dont je ne saurais que trop vous conseiller de découvrir son travail sur son site.
Jane B est une chanson de 1969 interprétée par Jane Birkin et composée par Serge Gainsbourg sur une mélodie de Chopin (prélude en mi mineur). Pour comprendre la portée et la signification de la chanson, autorisons nous une brève incursion dans la vie tourmentée de Gainsbourg.
https://www.youtube.com/watch?v=ef-4Bv5Ng0w
Initiales : BB
Lorsque Serge Gainsbourg rencontre celle qui sera son égérie légendaire, son moral n’est pas au beau fixe. A la fin de 1967, le petit Juif complexé par son physique et raillé pour sa supposée laideur au point qu’il arrêta la scène pour ne plus être insulté, s’affiche aux bras de la plus belle femme du monde : Brigitte Bardot ! Les deux s’étaient déjà rencontrés 5 ans auparavant au moment où Serge lui composa L’appareil à sous, mais il faudra attendre sa Harley Davidson écrite pour une émission tv pour que naisse une passion éclair dont Bardot au soir de sa vie, et désormais clairement affiliée au Front National (un parti pas franchement réputé pour aimer les Juifs…), se souvient encore.
Bardot est alors mariée à Gunther Sachs, un mari qui la délaisse. En travaillant avec Gainsbourg, elle découvre un homme plein d’esprit, de culture et dont la timidité n’a d’égale qu’une profonde gentillesse. A ces côtés, elle rit beaucoup (Gainsbourg était un vrai pitre en privé) et fait la fête. Serge est fou ! Il présente Bardot à ses parents qui n’en reviennent pas de croiser un mythe du cinéma dans la chambre étudiante de leur fils.
Une nuit, la légende veut que Bardot lui demande de lui enregistrer sa plus belle chanson d’amour. Gainsbourg reprend une vieille mélodie et écrit les paroles sulfureuses de Je t’aime…moi non plus, un aphorisme emprunté à son idole Salvadore Dali : Picasso est espagnol, moi aussi. Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus. Terrifié par la chanson qu’il a écrite, Serge peine a enregistrer sa voix. Il faut que Bardot demande à baisser les lumières du studio et l’enlace pour que cette chanson légendaire soit gravée. Et oubliée pendant 20 ans !
Car Gunther Sachs est peut-être cocu mais n’apprécie pas plus que ça que sa femme jouisse sur les ondes européennes….Bardot ramenée à la réalité d’un procès qui pourraient la ruiner supplie Serge de ne pas sortir le disque. Elle part ensuite tourner à Almeria actant ainsi la fin de leur idylle. Digne (Gainsbourg ne blâmera jamais publiquement les femmes de sa vie qui l’ont quitté) mais le cœur brisé, Gainsbourg écrit alors Initials BB où il sublime sa douleur sur la Symphonie du Nouveau monde de Dvorak.
Le film de Sfar, la chambre universitaire et l’artiste aux pieds de sa muse. Compose moi ta plus belle chanson d’amour !
Jane Qui ?
Arrive alors le tournage du film Slogan où il a le premier rôle. Serge vient au bout d’essai de l’actrice qui lui donnera la réplique en faisant la gueule : on lui avait promis qu’il tournerait avec Marisa Berenson et il se retrouve face à une gamine de 20 ans, une anglaise sans poitrine plaquée par John Barry qui parle à peine français : Jane Birkin. Mauvais, il se montre odieux avec elle en la faisant pleurer : il la traite de boudin, elle de salaud !
Pierre Grimblat, le réalisateur flippe sa mère : ces deux-là risquent de lui flinguer son tournage. Il organise alors un repas où les deux sont censés se réconcilier. Il vient sans le savoir de contribuer à la naissance du couple mythique des 70’s. Serge lui parle sans arrêt de Bardot avec agressivité. Birkin, une femme assertive s’il en est, devine que Serge est un homme blessé et accepte d’aller danser avec lui. Meilleur musicien que danseur, il lui écrase les pieds toute la soirée avant de s’écrouler ivre mort à l’hôtel en guise et lieu d’une nuit torride. Ce soir là, Jane tombe éperdument amoureuse d’un homme fragile et arrogant de 20 ans son aîné, une euphorie racontée dans l’enjoué Elisa.
Signalement : amour en danger
Cette passion amoureuse trouve son aboutissement dans l’album Jane et Serge (non, pas l’animé de la 5 bande de geeks !) où figure une nouvelle version, chantée une octave plus haut Je t’aime moi non plus mais aussi des chansons où la joie pure le dispute à l’angoisse de mort. Et c’est ici que nous arrivons à Jane B.
Et nous voici encore une fois dans toute la richesse de la langue du poète. A peine l’amour rencontré que Gainsbourg songe à sa fin. La chanson est en fait un portrait robot de Birkin que Gainsbourg, ancien peintre, esquisserait à la police si elle venait à disparaître. Nous sommes ici en pleine thématique Gainsbouresque : le va et vient, celui sexuel des reins pendant le coït de Je t’aime moi non plus, le sentimental de la rupture amoureuse de Je suis venu te dire que je m’en vais ou le fantasmé de Lemon Incest entre la tendresse et le désir pour sa fille.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce va et vient, c’est aussi la pulsion amoureuse contre la destruction. La vie contre la mort. Donner vie à Birkin en quelques traits pour mieux la tuer en fin de chanson. Là est le génie de Gainsbourg : faire un portrait robot de celle qu’il découvre, la décrire corps et âme, la faire se chanter elle même et chanter les angoisses de Serge de perdre l’amour de sa vie.
Tout est ici une question de contrôle. Gainsbourg, authentique misogyne (on lui doit des aphorismes vachards : « Toutes les femmes sont à prendre, enfin y’en a qui peuvent attendre » « Prendre les femmes pour ce qu’elles ne sont pas et les laisser pour ce qu’elles sont ») dira publiquement aimer cette femme. Sur ce disque, il lui donne la vedette : c’est elle qui apparaît à sa place sur la pochette, c’est elle qui chante la moitié du temps bien avant le Double Fantasy de John et Yoko, un autre couple tout aussi mythique et impudique.
Il y a quelque chose de très pur dans le chant faux de Birkin, une pureté de la simplicité, quelque chose contre laquelle je n’échangerai pas une minute de Birkin contre 20 daubes de Céline Dion ! Un équilibre sur le fil du rasoir. Et de l’amour comme s’il en pleuvait : celui de Birkin capable de chanter sa mort pour son pygmalion et d’enchaîner avec le tournage éprouvant du sublime Je t’aime moi non plus- Un film qui mériterait ici un article.
Jane, morte de trac, chante sa mort à la télé.
Je n’en valais pas la peine, je sais
Prophète, Gainsbourg sait que sa créature finira par lui échapper. Il le dira lors d’une interview télévisée : si elle a du succés, elle m’échappera comme ces ballons qui s’enfuient vers le ciel. Alors, dans un élan aussi bien créateur qu’autodestructeur, Gainsbourg offre à sa muse une célébrité qui sera fatale à son couple douze ans après.
C’est ainsi que pour éviter de la perdre dans les bras d’un autre, Serge entreprend de tuer Jane d’abord ici, puis dans le légendaire Melody Nelson et enfin sous les traits de la Marilou de l’Homme à tête de chou. Il ne restera plus qu’à tirer (sic) le bilan de cet amour-suicide lors des années Gainsbarre dans Sorry Angel : c’est moi qui t’ai suicidée mon amour, sans moi tu as décidé un beau jour que tu t’en allais.
Jane B est plus que le portrait de Birkin, mais celui tout en pointillé d’un artiste inapte au bonheur, qui même à son apogée, voit le début de son histoire d’amour comme le début d’un compte à rebours, un truc qui rime avec Gainsbourg. Malgré l’amour de cette femme exceptionnelle qui aura transformé le chanteur rive droite imberbe en rocker aux cheveux longs et mal rasé, malgré la naissance de sa fille Charlotte puis Lulu qu’il adorait, malgré un succès tardif, Gainsbourg passera sa vie à fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. En sauvant pas mal d’entre nous à l’occasion.
On raconte qu’il suffisait de frapper à sa porte pour que Gainsbourg pour qu’il vous fasse entrer chez lui, qu’il vous serve à boire et se mette à chanter par dessus ses propres disques. Toc-toc, voici avec 30 ans de retard ce que j’aurais voulu vous dire, Serge.
LE couple français du 20ème siècle
(C) Edwige Dupont
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Il est dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Un adage particulièrement vrai pour Serge Gainsbourg qui , avec la rencontre de Jane Birkin va enfin devenir lui-même. L’histoire de Jane et Serge et la chanson Jane B. dans un article illustré par Edwige Dupont chez Bruce Lit.
Comme je l’ai dit auparavant, le côté mufle/alcoolo de Gainsbourg m’a donné vraiment envie de le fuir et de ne pas en savoir plus sur lui ( que ce soit son passé ou le reste).
Mais j’aime énormément la finesse de ton écriture de cet article qui dépeint Serge comme un très grand artiste auto suicidaire malgré lui…
Comme je ne connaissais pas toute l’histoire de Serge et de Jane, j’y vois personnellement une véritable tragédie grecque ( puisque de toute façon leur histoire commencera mal et que ça finira mal) très sensible qui me touche beaucoup. Impossible de rester de marbre !
Ce n’est pas pour autant que je vais me taper l’intégrale de Gainsbourg, mais la vache… Ça m’émeut.
Bien joué mec!
Hello Manu.
Comme toi j’ai détesté Gaisnbourg dans les années 80. Je ne voulais même pas en entendre parler. Je ne comprenais pas qu’on puisse trouver ce type génial. Le jour de sa mort, il y a avait une fête au lycée. Des élèves lui ont rendu hommage et j’ai haussé les épaules en me la jouant rebelle without cerebro : « ouais, ce mec était un con ». Le soir même je découvrais sur grand écran Le Silence des agneaux.
Ma femme étant d’origine étrangère,elle me demanda une quinzaine d’années après de la sensibiliser à la chanson française (elle ne parlait pas encore la france à cette époque). Je me rappelle avoir pioché au rayon -G de ma médiathèque : du Goldman (que j’aimais en cachette pour un rocker) et du Gainsbourg, l’album -Vu de l’extérieur. Le déclic est venu à ce moment là.
Le volet tragédie : je le verrai plus comme une volonté de contrôle d’un homme qui avait planifié sa propre destruction qu’une tragédie se jouant à l’insu d’un héros qui tente tout pour inverser le cours de son destin. A bien des égards, Serge l’aura accéléré. Mais je comprends l’idée. Merci Manu.
Ses propos misogynes, ses attitudes incestueuses et irresponsables en tant que père feraient scandale aujourd’hui et sont tout simplement inacceptables.
Je suis étonnée et choquée qu’on ne l’évoque pas davantage. Le clip de lemon incest pose question… et pour moi, de graves problèmes.
Accessoirement, il y a eu scandale à l’époque. Un article du site porte plus particulièrement sur la chanson en question http://www.brucetringale.com/lamour-que-nous-ne-ferons-jamais-ensemble-serge-gainsbourg/
Bonjour Marie.
Ses propos ont déjà fait scandale à l’époque. Le clip de Lemon Incest ne me pose aucun problème dans la mesure où sa fille la chante encore sur scène et qu’elle n’a jamais été victime d’inceste.
Pour le comportement de Serge, on parle des années Gainsbarre qui représentent 5 ou 6 ans sur une carrière de 40 ans. Je vous invite à écouter n’importe quelle chanson écrite pour Jane et d’y trouver la moindre trace de misogynie. Gainsbourg comme Mozart (je vous renvoie au film AMADEUS) était grossier certes mais jamais sa musique n’était vulgaire.
Enfin, comparer hier à aujourd’hui est exercice périlleux. Gainsbourg aurait aujourd’hui 95 ans. Il était déjà un « vieil » homme à la fin de sa vie. Quant à sa vulgarité et son attitude, elle me choque moins que cette époque qui porte Donald Trump ou Eric Zemmour aux portes du pouvoir. Les méchants, c’est eux, pas le beau Serge.
Bien à vous.
Gainsbourg choquant ? Et bien oui puisqu’il faisait tout pour ça. C’était un artiste provocateur et impertinent. Un électron libre.
Savoir qu’il choquerait encore plus aujourd’hui me fait nettement plus peur que ses provocations passée qui n’étaient que des provocations puisque, pour avoir lu plusieurs biographie du bonhomme, tous ceux qui l’ont fréquenté parlent d’un des hommes les plus gentils du monde au quotidien.
C’est notre époque et sa cancel culture qui sont les plus choquants et inacceptables. Cette prison de la pensée, là, c’est l’horreur.
La provocation et l’impertinence ne justifient pas tout et n’importe quoi.
Quand Gainsbourg traite Catherine Ringer de pute en direct sur un plateau télé parce qu’elle joue dans des films porno, c’est lui qui est obscène.
Cette obscénité de père-la-pudeur moraliste, ce n’est pas la moindre des ambiguités d’un personnage certes complexe mais dont les propos sont ici scandaleux.
On peut dire tout ce que l’on veut sur le politiquement correct castrateur (le choix du mot n’est peut-être pas innocent), les woke, le mouvement metoo et notre époque mais il ne faudrait pas non plus pousser sous le tapis tout ce que les époques précédentes ont pu générer comme trucs lamentables.
Je précise par ailleurs que j’ai une grande admiration pour la musique de Gainsbourg et que je tiens certains de ses albums parmi les plus beaux de l’histoire de la chanson française;
Pour tout dire, c’est même grâce à ses chansons que j’ai rencontré madame zen.
« Gainsbourg comme Mozart (je vous renvoie au film AMADEUS) était grossier certes mais jamais sa musique n’était vulgaire. »
Ouais bon, Amadeus a imposé une image de Mozart qui n’a pas grand chose à voir avec ce qu’était réellement Mozart.
C’est un très beau film (rien que la scène de dictée du Requiem, par exemple, est extraordinaire) mais il faut faire la part des choses et accepter que l’exactitude historique ne fait pas partie de son propos.
Quand on aime quelqu’un on prend tout de lui ou elle. On ne peut pas dire « je prends ça de toi, mais pas ça ». Ça ne marche pas comme ça. Oui, dans ses provocations et ses excès Gainsbourg n’a pas été le plus raffiné, notamment dans ses années gainsbarre. Mais c’est comme ça. Sur une vie et une carrière, j’ai décidé depuis longtemps que je prenais le tout. Ça me parait logique quand le contraire serait hypocrite.
Personnellement, cela fait très longtemps que j’ai fait mon choix : je n’idolâtre personne. Je prends les disques (ou n’importe quelle autre forme artistique) mais pas les gens. Surtout parce que malgré mes larmes réelles à la mort de Bowie, je ne l’ai jamais rencontré, ni lui ni personne de ses proches, et qu’ils n’ont cure de mes sentiments, ce qui est bien normal. On atteint une sorte de croyance, qui est totalement personnelle, qui ne regarde que soi-même : qui suis-je pour juger, pour donner mon avis, alors que je ne suis qu’un auditeur ou au mieux un spectateur de leurs concerts ? Je ne trouve pas que ce soit hypocrite : personne ne me demande de prendre leur défense ou le contraire. Et c’est encore plus ridicule lorsque l’on parle d’artistes morts je trouve.
Un très bel article, sincère et touchant. la lettre d’un fan comme on aimerait les écrire…
un émotion que j’aurais pu mieux partager si j’estimais son modèle…
Une belle érudition rock au service d’une plume encre de chine.
Le Gainsbourg aurait adoré.
Magnifique article Bruce. Cela faisait bien longtemps que je n avais pas écouté ce superbe morceau, si simple et tellement prenant.
On entends presque la voix de Serge se superposer sur celle de sa muse….du 100% Gainsbourg….certainement un de ses meilleur morceau.
Du coup, je viens de l écouter en boucle…ça fait du bien merci.
Tu as su faire une très bonne rétrospective/analyse de cette période de sa vie. Les dessins sont d une finesse….comme j aurais aimé avoir un Céline d Edwige pour mon article (Louis Ferdinand bien sur, pas la canadienne…).
La journée commence bien 🙂
@Michel : merci. Gainsbourg a effectivement dessiné la pochette de Jane : Amour des feintes à l’encre de chine. C’est un joli compliment que tu me fais.
@Nico : A vrai dire, j’avais passé commande à Edie pour Céline avant de faire machine arrière. Je souhaitais une surimpression du Voyage sur un train en direction de Pologne avant de trouver ça de mauvais goût. Je me suis défilé et Edie a été comme toujours aussi réactive que compréhensive.
Je remercie tous les commentateurs ayant pris la peine de…commenter ses dessins, car c’est une artiste qui se donne à fond et peint à des cadences invraisemblables. Une rencontre à laquelle je tiens beaucoup.
@Eddy : un article sur Lennon, ton autre copain est dans les cartons….
@Tornado : est-ce ton aversion pour les reprises qui t’empêche de sauter le pas des chansons pour les autres ?
Pour ma part, je ne peux imaginer vivre sans la comédie musicale Anna, les chansons pour France Gall ou même cette splendeur par Nana Mouskouri.
Non, pas forcément. Je suis hyper fan de Anna. Depuis le lycée ! Mais Gainsbourg est présent dedans, c’est vrai.
Il peut y avoir certaines reprises que je préfère aux originaux, aussi. Je veux dire en général. Mais pour ce qui est de Gainsbourg, je crois que j’ai besoin de sentir sa présence. C’est un vrai grand frère par procuration pour moi. Je suis tombé accroc à l’âge de 10 ans, quand même. Et, maintenant qu’on en parle, c’est rigolo ça : Je crois que c’est l’époque précise où mon grand frère (le vrai) est parti faire son service militaire, ce qui à ce moment là avait créé un grand vide puisque nous partagions la même chambre, et que je me retrouvais d’un coup esseulé (et terrifié) !
Je me suis toujours rattaché à Gainsbourg. Il me rassure, je me reconnais en lui. Il est de ma famille. Ce fut la première personne, quand bien même je ne l’ai jamais connu, pour laquelle je me suis dit : Celui-là, qu’importe ses qualités et ses défauts, je prends le tout. C’est décidé !
C’est très beau ce que tu dis.
Et en dit long sur le personnage et ce qu’il représente.
En voyant des documentaires avec Charlotte bébé et lui, c’est là que j’ai eu lé déclic de vouloir être père.
Anna était mon premier choix de prénom aussi.
C’est fou non ?
« L’amour que nous ne ferons JAMAIS ensemble », cela paraît pourtant clair, non ? Ou bien parlez-vous du fameux baiser aux Césars qui n’est rien d’autre qu’un baiser russe traditionnel ? Vous n’évoquez pas les retours de Charlotte Gainsbourg sur la fameuse chanson… Un problème pour laisser la parole à la supposée victime ?
Mais bon, si vous en êtes à copier-coller le même texte dans plusieurs commentaires, je doute que vous soyez ouverte à la discussion.
Bon, bon, bon…comment dire…je n’ai rien à reprocher à ta prose comme toujours Bruce, et le sujet est bien traité avec une histoire d’amour tragique et destructrice.
Mais…pour moi tout ceci n’a aucune importance dans l’appréciation d’une musique. Je sais qu’on ne tombera jamais d’accord là dessus mais par exemple…pourquoi Celine Dion c’est de la daube ? Parce que personne ne connait les belles histoires de sa vie privée qui l’ont conduite à chanter tel ou tel titre ? Ou parce que c’est juste pas bon comme musique ? Si on découvrait de belles histoires tragiques liées à certaines de ses chansons, est-ce que d’un coup elle deviendrait géniale ? Est-ce que les gens passionnants deviennent célèbres ou est-ce que c’est la célébrité qui rend les gens passionnants ? En gros je suis sûr que plein d’artistes pas connus sans grand talent ont aussi de belles histoires à raconter. On en vit tous. Mais pour moi ce n’est pas les belles histoires de la vie privée qui font que les chansons ou musiques seront belles. C’est triste mais la sincérité ne signifie pas le talent.
Pour moi la musique est l’art des aveugles. Un art universel que quinconce même sans instruction et au courant de rien sur la vie des artistes pourra apprécier.
Donc en gros pour moi tout ceci a beau être émouvant, ça n’a aucun impact sur mon appréciation de la musique en question.
Ouais enfin à partir du moment où Gainsbourg parle de lui et de son expérience personnelle dans ses chansons, tu peut comprendre que l’on puisse du coup d’autant plus s’intéresser à ce versant de sa vie privée ?
C’est une clé de lecture supplémentaire, cela renseigne sur le cheminement créatif de ces artistes que l’on apprécie tant, on peut creuser le sujet en évitant cette partie, mais cela voudrait dire passer à côté d’un morceau important du puzzle.
Le Daredevil de Miller aurait peut-être été très différent s’il n’avait pas connu le New York pré-Guliani des années 70/80, pareil pour Starlin et ses cosmic comics s’il n’était pas passé par l’étape des psychotropes et de la guerre du Vietnam. L’assassinat tragique de la femme de Polanski permet de mieux comprendre pourquoi l’atmosphère de son adaptation de MacBeth est telle qu’elle est.
Avec Gainsbourg, il serait difficile de détacher ses morceaux du lien qui les relie à ses proches.
« pareil pour Starlin et ses cosmic comics s’il n’était pas passé par l’étape des psychotropes et de la guerre du Vietnam »
ça permet de comprendre d’où vient l’idée mais pas pourquoi le résultat est bon. Si t’as zéro talent, tu peux vivre plein d’expérience et ne pas réussir à en tirer un comics potable.
Je trouve juste qu’il y a un côté « voyeurisme bizarre » dans ce besoin de toujours mêler la vie privée des gens, que ce soit pour les salir ou les idolâtrer, pour parler de leur talent musical (ou en tant qu’auteur de BD)
Pour moi ce n’est pas pertinent et si vous avez besoin de tout savoir sur un mec pour apprécier ce qu’il fait, il y a un souci. C’est justement quand l’œuvre se suffit en elle-même que je trouve que c’est une preuve que c’est bien.
Après oui rien n’empêche d’approfondir le sujet pour qui ça intéresse.
La genèse de certaines oeuvres a aussi son importance par rapport au contexte. une article sur les Invisibles qui n’évoquerait pas la source d’inspiration du scénariste (sa soi-disant expérience mystique/rencontre avec des entités extra-terrestres) et son lien avec son double de papier (Morrison devenant malade au moment où King Mob l’est également) passerait à côté de quelque chose d’important à mon sens.
Tu parles de voyeurisme ; s’il y a bien un truc donc je me fous, c’est l’étalage de la vie privée des stars dans les journaux people.
Dans le cas qui nous occupe ici de ces artistes dont est fan ou non, ce qui m’intéresse c’est la compréhension du processus créatif (à dissocier de la qualité comme tu le dit), bien loin d’une forme de voyeurisme.
@Pierre : Très bon exemple.
@Matt : je ne me vexe pas. Je pense que nos rapports à la musique diffère. J’en ai une approche émotionnelle extrême et la tienne semble distanciée et rationnelle.
Nous avons tous notre part de grandeur. Et les artistes leur part de mesquinerie.
En espérant que cet exemple te parle :
Quand Peter met son masque il devient l’araignée. Ses aventures sont indissociables de ce qu’il vit sous son masque.
C’est mon rapport aux artistes que j’aime. J’ai passé l’âge de m’identifier à eux en tant que modèle. Mais mon versant littéraire aime les portraits et le volet romanesque de Gainsbourg me fascine. Quel personnage !
Je différencie le volet people de la bio d’un artiste : que Johnny ait déshérité ses enfants, je m’en fous, c’est leur affaire. Que ce gamin abandonné hurle : ‘je suis le fils de personne », ça me touche.
Une biographie revient sur le parcours d’un artiste lié à son oeuvre des années après. C’est de l’histoire.
Le people nous apprend qu’un artiste a repris du poisson deux fois dans son resto. Je m’en fous.
Je comprends que Présence et toi sachiez vous contenter de l’oeuvre. Il est impossible de « pénétrer » chaque artiste. J’aime Verlaine et Rimbaud, mais je ne connais que les grandes lignes de leurs vies.
J’ai besoin de ce parcours.
J’ai été récemment sur la tombe de Van Gogh a côté de chez moi avec mes enfants. J’ai beaucoup lu sur lui ces derniers temps. J’ai été très ému de « rencontrer » Vincent. De redecouvrir sa peinture avec mes yeux de quarantenaire. De lire ses espoirs et sa tristesse dans ses oeuvres.
Une oeuvre qui ne se comprend à mon sens qu’avec un minimum d’éclairage.
Un éclairage que nous donnons au jour le jour sur nos comics.
Bah moi je m’en fous pas de l’étalage de la vie privée des stars. Faut pas croire mais c’est surement pas facile à vivre. Je sais on va dire « oh là là le pauvre riche, des paparazzi lui courent après » Ben…oui ! Être riche et célèbre ne protège pas du harcèlement. Je n’approuve pas ça. Je crois qu’on se portait mieux avoir de savoir tout et n’importe quoi sur les gens, ça déforme nos jugements, c’est du voyeurisme et ça ne nous regarde pas.
Ensuite mentionner une inspiration comme je l’ai dit, ça ne veut pas dire prétendre que c’est grâce à ça que l’artiste est bon.
Et si on me dit que maitre Gims fait de l’humanitaire…ben c’est très bien, le bonhomme me paraitra sympathique mais si je trouve ses chansons à chier, je continuerais de les trouver à chier. Et si on me dit que Morrison se drogue ou bat sa femme, il va me paraître moins sympathique mais j’aimerais toujours ses New X-men.
Je dis juste que je ne vois pas ce que la vie privée vient foutre dans le jugement de qualité d’une musique. Oui ça peut aider à comprendre d’où est venu cette idée d’écrire sur tel ou tel sujet, mais la vie des stars n’a rien de plus passionnante que la vie de n’importe qui. C’est leur talent dans un domaine particulier qui fait qu’ils vont tirer quelque chose de beau de ces expériences. Mais je trouve ça déplacé de détester une musique parce que le mec a frappé sa femme ou adorer une musique parce que son histoire personnelle privée est une belle histoire d’amour.
Pour moi c’est simple. Si le mec de base n’avait pas pu se constituer un public grâce à sa musique, ce genre d’article sur sa vie privée n’existerait pas. Imaginez que ce soit complètement à chier, du niveau d’un maître Gims. Qui voudrait savoir tout ça sur son histoire d’amour personnelle ? C’est parce qu’il a réussi à devenir populaire sans faire étalage de toute sa vie qu’ensuite on s’est mis à décortiquer sa vie pour dire à quel point il est génial. Ce qui est paradoxal et pas pertinent.
A moins que le mec ait construit sa célébrité autour de ses frasques avant sa musique, mais à ce compte là son talent serait fort discutable puisque sa popularité ne serait pas très éloignée de celle des abrutis qui se donnent en spectacle dans les TV reality shows.
Donc si c’est la musique initialement qui l’a rendu célèbre, je ne vois pas la nécessité de trouver des merveilles à étudier partout dans sa vie pour l’expliquer. Ben, non vous savez plein de gens vivent des trucs comme ça. Ok ça explique les sujets des chansons mais encore une fois…si les chansons puaient la merde, tout le monde se foutraient du reste. Donc les chansons seules restent le plus important.
Mais bon c’est mon opinion. Je ne suis ni intéressé par la presse people (qi me répugne même) et je n’ai pas besoin que tout soit sujet à émerveillement dans la vie d’un mec pour apprécier son boulot.
Bon et puis c’est même pas là ou je voulais en venir. Qu’on mentionne les inspirations d’un artiste est une chose. Qu’on l’admire pour ça…c’en est une autre.
Si on dit que Starlin est génial parce qu’il a vécu le Vietnam…et que ça l’a traumatisé…et qu’il en a pondu un bon comics…pour moi seule le 3eme argument est pertinent. Personne n’est génial à cause de son vécu. Starlin n’était pas seul au Vietnam il me semble. L’admirer pour ça…
Non ce qui compte c’est ce qu’il en a fait.
Donc je suis juste perplexe quand un chanteur est admiré ou détesté pour sa vie privée. Limite ça ne nous regarde pas. Même s’il en parle dans ses chansons, je ne pense pas que ce soit pour qu’on aille fouiller et juger tout ce qu’il a fait dans sa vie comme des espions voyeurs qui ne savent rien de lui.
Donc c’est juste que quand quelqu’un dit qu’il déteste sa musique…puis que finalement il l’aime parce qu’il a réfléchi à la vie privée de l’artiste, je saisis mal le truc…
Et d’ailleurs pour moi certains sont devenus célèbres pour une question de bon timing : ils ont proposé un truc nouveau à une période charnière. Toute œuvre est un produit de son temps. Je ne suis pas en train de dire que les célébrités n’ont aucun talent (même si c’est le cas pour certaines) ni que Gainsbourg est nul (je n’aime pas spécialement mais bon…c’est subjectif) Je veux juste dire que dès que les gens sont célèbres on leur trouve plein d’explications sur pourquoi ils sont géniaux « ah c’est leur sincérité, le produit de la richesse de toute une vie » Mes fesses ouais ! Tout le monde a des expériences marquantes, plein de gens sont sincères et ont des histoires tragiques. S’il suffisait de ça pour être doué et célèbre, ça se saurait.
Donc si ce n’est pas la raison des qualités des musiques, pourquoi autant palabrer sur leur vie privée ?
Enfin ne te vexe pas hein, je respecte ton admiration du monsieur, mais je dis juste que moi ça me passe un peu au dessus tout ça.
Rien à ajouter par rapport à l’article précédent, si ce n’est que les dessins d’Edwige Dupont sont cette fois-ci vraiment magnifiques. Ça en jette vraiment un Max cet effet sur les partitions.
En revanche voilà encore une chanson qui ne fait pas partie de mon palmarès gainsbourgien. Je la préfère à Lemon Incest, mais je ne l’écoute jamais. En fait je n’écoute jamais ce que Serge a écrit pour les autres, même pas pour Jane. Peut-être que pour ton prochain article tu écriras sur une chanson que j’aime (voir nos top 10 posté sur le précédent).
En tout cas, si ça peut rameuter quelques novices, c’est cool !
Aah Matt « the debate » … 🙂
la seule chose sur laquelle je voudrais réagir dans ton immense argumentaire est sur le fait que seul compte le talent pur comme pour Jim Starlin qui fait un bon comics, peu importe d’où ça lui vienne…
Mais déjà ce dernier point est totalement subjectif. Certain n’aimeront jamais Starlin.
Ensuite, le talent d’un artiste et l’estime qui en découle est quand même un peu la résultante, d’un tas de facteur dont le vécu de l’artiste. ce dernier dans une certaine combinaison mentale éprouve le besoin d’exprimer un truc, trouve la forme adéquate pour le sublimer (au moins au yeux de certains) et livre une offrande au monde qui en fera ce que la postérité en décidera…
Pourquoi Imagine plutôt que Working Class Hero, chanson dont Lennon disait qu’elles exprimaient la même chose mais que sur la première il avait rajouté du sucre glace pour passer sur les ondes…
Pourquoi l’impact des Beatles ou de Michael Jackson?
Pourquoi cette admiration pour les poètes maudits en France qui a tissé sur les oreilles de Gainsbourg un couronne indélébile?
il y a un facteur environnemental très fort là dedans…
j’ai beaucoup aimé Gainsbourg mais j’ai de plus en plus de mal à croire au « personnage » de malheureux, si doux et si sensible…
En voyant son parcours, je me dis que je connais énormément de connards qui regrettent de ne pas avoir appris le piano pour éviter la case « pervers narcissique » et mon opinion et donc diamétralement opposé: la talent n’excuse pas tout.
J’adore le son de certains albums de Gainsbourg (et Bruce m’a montré un lien qui expliquait que plein de gars bossaient en fait pour lui), certaines idées, certaines images mais je n’admire pas du tout le bonhomme. lui comme Ian Curtis, Renaud, John Lennon et plein d’autre ont beau avoir su magnifier leurs scories mentales sur une partition, ils doivent être des plaies vivantes à vivre et je n’admire pas ça. plus jamais. l’un ne doit pas servir de paravent à l’autre. je suis assez iconoclaste à ce niveau. et dans le cas de Bertrand Cantat, c’est simple je ne sais plus l’écouter.
Je vous ai aussi parlé d’un humoriste pédophile qui a été une de mes idoles et dont aujourd’hui je ne peux plus me défaire, mais ce n’est pas du tout un truc avec lequel je suis à l’aise.
« Pourquoi l’impact des Beatles ou de Michael Jackson?
Pourquoi cette admiration pour les poètes maudits en France qui a tissé sur les oreilles de Gainsbourg un couronne indélébile?
il y a un facteur environnemental très fort là dedans… »
Jamais compris en effet^^
Et attention, je n’ai jamais dit que le talent EXCUSAIT. J’ai dit que si on aime une musique, un facteur environnemental comme la vie privée du gars, la mode, et tout ça…ne devrait pas influencer notre jugement.
Je n’interdit à personne d’adorer Gainsbourg ou de détester sa musique. Mais si quelqu’un me dit « j’aime pas ce qu’il fait parce que c’est un connard dans la vie » ben…bien sûr c’est son droit mais pour moi ce n’est pas une critique de sa musique, c’est une question de difficulté à apprécier le talent d’un gars pas clean. Pareil même s’il a vécu des choses inspirantes, ça m’énerve qu’on vienne me dire « t’as pas aimé cette chanson ? Mais t’y connais rien, c’est parce que t’as pas lu sa biographie, c’est pour ça. » Non ! J’ai pas à lire ce genre de truc pour apprécier ou non une musique.
Et puis tu sais…la vie privée des gens n’excuse rien non plus. Même s’il a vécu un truc terrible, est-ce que ça justifie d’être un connard ? ça peut expliquer des choses, mais au final on en revient au fait que les gens sont complexes et qu’on n’est pas en position de juger. Donc pourquoi tant se pencher sur leur vie ?
Mais bon bref hein…je vais arrêter là. Je ne partage pas cette vision, encore moins pour la musique qui est même un art qu’on peut apprécier sans piger les paroles.
Je ne veux pas débattre mille ans alors peut être que je ferais mieux de me taire sur les articles consacrés à la musique.
Se taire est excessif, surtout quand on a quelque chose à dire…
je pense que le vécu est l’une des composante qui va amener un artiste à exprimer quelque chose et cette chose à trouver une résonance chez les autres (qu pourrait partager le même esprit sans avoir la force ou l’idée de l’exprimer à leur tour…)…donc on ne peux pas l’exclure de l’équation.
Les Beatles sont un sujet que je potasse régulièrement que je connais relativement bien.
bon sans aimer leur musique, voir un petit documentaire à leur sujet aide à comprendre l’impact (exagéré, mais c’est aussi ça qui en fait un truc indispensable) On assiste donc bel et bien à un tas de circonstances, de situations où les voit arriver les premiers partout, les premiers à louer un stade pour faire un concert etc…même sans la musique, c’est historique.
Ça ne sert pas à grand chose d’essayer de savoir pourquoi? parce qu’au bout du compte pourquoi la peste noire?
Je n’ai pas dit qu’il fallait exclure le vécu, mais on peut juste mentionner « l’artiste ayant vécu la guerre du Vietnam, c’est sans doute pour ça qu’on sent qu’il en dresse un portrait réaliste » Mais il ne suffit pas de vivre un truc pour être génial. Il faut aussi avoir le retranscrire à l’écrit, dans une musique, etc. C’est pourquoi mentionner les inspirations c’est bien, mais ça ne sert à rien de se pencher à fond sur sa vie privée.
Je trouve.
Avis perso.
J’aime pas les tabloïds.
Je trouve déplacé qu’on s’offusque dès qu’une célébrité jette un papier dans la rue
Je trouve déplacé qu’on idolâtre des gens parce qu’ils ont vécu une histoire d’amour compliquée comme…des milliards d’autres gens.
C’est juste leur faculté à en faire quelque chose qui m’intéresse.
Là on dit à peu près la même chose…
Sans parler du fait qu’on sort toujours de l’équation plein de facteurs de chance, d’époque, de pistonnage, qui ont pu les aider à en arriver là où ils sont. Sans exclure qu’ils peuvent avoir du talent, hein. Mais la célébrité c’est aussi un coup de bol des fois. En gros on n’en sait pas assez sur eux, ou ce qu’on sait on l’a appris d’autres infos sur le net potentiellement erronées, mais on brode pour rendre le tout épique.
Du coup je trouve que tout portrait de star est orienté.
Je trouve toujours qu’on fait une montagne de pas grand chose quand on parle des artistes.
Mais ça ne veut pas dire que je les trouve insignifiantes. Pas du tout. Juste qu’ils n’ont pas besoin qu’on leur réécrive leur histoire où tout évènement serait dramatisé ou rendu incroyable pour qu’o les trouve bons. C’est un peu trop grandiloquent je trouve.
L’homme a besoin de légendes…
ces légendes se sont cristallisés sur les artistes au 20ième siecles..
le péhnomène People est une déviance de cette tendance
Un peu comme Matt, je me rends compte en lisant ton article que je ne m’intéresse pas beaucoup à la genèse d’une chanson. Ceci ne m’a empêché de lire ton article de bout en bout, sans m’ennuyer un seul instant, ce qui en dit long sur la qualité de ton écriture.
En ce qui me concerne, mes réactions à la musique restent un mystère que je n’ai aucune envie d’analyser, malgré le vilain défaut qu’est ma curiosité. Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu des chansons qui me parlent de mon quotidien, mais j’en ai souvent appréciées qui me parle de mes émotions. Je peux aussi bien aimer ou vibrer à une chanson qui est en phase avec mon état d’esprit, qu’à une chanson qui me raconte une histoire, indépendamment du genre musical dans lequel elle s’inscrit. Je peux aussi me sentir porté par des morceaux instrumentaux totalement étrangers à ma culture, comme les œuvres de Nusrat Fateh Ali Khan. Du coup, je me passe sans difficulté d’en savoir plus sur les auteurs. Cela provient aussi du fait que dans ma jeunesse ces informations ne m’étaient pas accessibles et que j’ai découvert la musique sans.
D’un autre côté, ma curiosité peut aussi me pousser à essayer des morceaux ou des auteurs ou des interprètes reconnus comme majeurs pour leur apport à la musique, ou même à l’industrie, pour me coucher moins bête, sans aucune certitude de les apprécier ou d’y rester indifférent. Par exemple, la musique des Rolling Stones ne me fait pas vibrer, et celle des Beatles un peu plus, mais pas au point que j’éprouve l’envie d’aller au-delà des 2 compilations bleu et rouge.
« Du coup, je me passe sans difficulté d’en savoir plus sur les auteurs. Cela provient aussi du fait que dans ma jeunesse ces informations ne m’étaient pas accessibles et que j’ai découvert la musique sans. »
C’est complètement ça. On s’en passe, ça ne nous a pas manqué pour apprécier (ou pas) alors moi je n’en vois pas trop l’intérêt.
Eh ! ça a l’air sympa Nusrat Fateh Ali Khan. J’ai écouté un petit morceau par curiosité (elle se situe là ma curiosité^^) A ne pas écouter tous les jours peut être mais ça fait « changer d’air ». Comme les chants et danses indiennes mentionnées dans mon article sur Devdas.
Présence, pour les Beatles, il faut que tu écoutes le double blanc. Ca te fera les trois, mais surtout tu y trouveras bien plus de matière. Mais tu l’as peut-être déjà tenté ?
Bon, puisque le débat est parti dans cette direction, je m’y colle aussi!
La musique se divise en 2 catégories pour moi :
– lorsqu’on l’écoute
– lorsqu’on en joue
Ensuite y’a le musicien : il joue bien, mais il se contente d’interpréter. Quand il compose, ça peut être pas mal mais c’est un peu creux.
Y’a ensuite l’artiste : il compose tout, pour le meilleur comme pour le plus épouvantable.
Pour finir le combo génial : l’artiste ( compositeur)/musicien. La personne sort du néant un truc qui interpelle… C’est comme pour la bédé, mais avec la musique au lieu du scénariste.
Personnellement, je ne peux dissocier le fait qu’un musicien-artiste ( donc les 2 combinés, important!) se fait toujours porteur d’un message, d’une volonté d’exprimer quelque chose. Gainsbourg, j’ai jamais creusé plus que ça, mais il était définitivement un vrai musicien-artiste romantique : « Je prend un plaisir masochiste à souffrir d’aimer/ d’être aimer / ne pas être aimé comme je veux / ne pas aimer comme il faut les autres » ( rayez les mentions inutiles si besoin).
Mais là où ça me titille beaucoup, c’est effectivement lorsqu’une musique doit être porteuse d’une « intention » ou d’un message. Ça doit être mon coté « barde » ou « troubadour » qui se manifeste ( ouais j’ai bien précisé troubadour, et surtout pas ménestrel). Y’a de la matière, ce n’est jamais vide! Et ce, quel que soit le style. Et là je me dis « Bordel, quand même, c’était un sacré bonhomme en fait ce mec. » Donc, ce soir, je vais tenter l’audition de quelques compo du monsieur.
Bref, sans trop vouloir faire partir le débat en mayonnaise, là, y’a de la matière, et on entend une intention en arrière-plan.
C’est mon avis, je le partage, en espérant ne froisser personne sur ma vision des choses
Ta réaction me va droit au coeur Manu.
Merci.
Edwige est aussi peu confiante dans sa prose que douée en dessin. Elle me demande de vous remercier.
Ainsi-fais-je.
C’est beau. Tu m’apprends évidemment ici quelques anecdotes dont je ne connaissais pas l’existence (notamment l’origine picturale du « moi non plus ») mais ce qui est important, c’est tout le temps qui t’a mené jusqu’ici, à réfléchir et à analyser ces disques pour nous parler de cette union qui tient à coeur (pour une grande majorité de personnes je pense).
Comme je l’ai dit, je ne suis pas un grand spécialiste et il me manque encore pas mal d’albums, notamment le Jane B. Un jour je m’y remettrai, je comblerai mes lacunes. Mais les films ne m’intéressent pas du tout… Es-tu sûr de toi pour la Marilou de L’homme à tête de chou ? Pour moi c’est une magnifique Noire qui rend fou le narrateur, très éloigné selon moi de la femme-enfant Jane.
Je suis obligé de dire que l’iconographie est terrible et que les dessins de Edwige (d’après photos j’imagine) sont superbes.
La BO ? Bah c’est le sujet ! Elle est chouette cette chanson. Sacré recycleur ce Serge !
@Cyrille : effectivement ta remarque sur Marilou est fondée : Marilou est noire. Ce qui n’empêche d’imaginer que Gainsbourg y projette un peu de sa muse. C’est d’ailleurs un album que je préfère à Melody Nelson que j’ai toujours trouvé très pauvre musicalement. « Chou » est un album dur, rock qui me parle plus.
Comme je le disais hier à Tornado, je n’étais pas plus intéressé par les compos pour les autres avant de me rendre compte que c’était tout un continent qu’il me manquait et que les correspondances entre les oeuvres étaient fascinantes. Comme les gros coups de putes que Serge faisait à ceux don il prenait le pognon.
Faire chanter à Claude François : je pratique la politique de la femme brûlée, c’est juste un magistral bras d’honneur à l’autre enfoiré.
Cyrille, Tornado, vous aimez Play Blessures avec Bashung ?
@Omac : j’ai bu les lignes. On sent l’emprunte de la poésie très forte chez toi, un vrai don pour les mots. Faire de Gainsbourg un bateau ivre est une métaphore magnifique. Connais tu la chanson « La noyée » ? Elle commence par : tu t’en vas à la dérive / sur les rivières du souvenir / et moi courant sur la rive / je te crie de revenir.
C’est exactement ce que tu décris !!
A dire vrai beaucoup de ses chansons en plus du suicide abordent la noyade.
Merci de cet éclairage.
Ah ah mais oui La noyée ! Qu’est-ce que j’aime cette chanson ! J’ai un peu galéré pour la trouver en mp3, je dois l’avoir quelque part. Je me souviens d’avoir vu Yann Tiersen en concert qui la reprenait. Alors qu’elle n’est pas connue. Et oui, tu as raison, elle complète parfaitement les propos de Omac.
J’aime le Play Blessures de Bashung, comme son Pizza et son Novice, mais il faut que je les retrouve, les versions que j’avais avaient un son pourri. Et je les ai moins écoutés que L’imprudence et Fantaisie Militaire.
@Cyrille : le seul enregistrement de Gainsbourg de la noyée : https://www.youtube.com/watch?v=OsYa6xGl7eg Tu trouveras les images dans le coffret DVD de Gainsbourg à Gainsbarre.
La chanson a été écrite pour Yves Montand qui finalement ne l’a pas enregistrée et donc tombée dans l’oubli. Je vais écouter celle de Tiersen que je ne connais pas. La Bruni à l’époque de son premier disque avait fait grand bruit en la reprenant.
La jolie version d’Anna Karina :https://www.youtube.com/watch?v=phJFbqj-Jpc . En format CD tu la trouveras ici (un coffret indispensable pour les puristes des chansons les plus méconnues de Gainsbourg pour les femmes). Ou sur un coffret désormais épuisé (moi je l’ai euh, moi je l’ai !!!!) qui regroupe sur 4 disques (!) ses musiques de film.
Play blessures est un album souvent éprouvant à la limite du supportable que j’aime beaucoup. Du bruit blanc et glacial.
@JP : compte tenu de vos heures de travail sur le prochain FR qui promet d’être d’anthologie, je mets sur le coup de la fatigue et du manque de sommeil l’association dans la même phrase de : coulisses rock et people. Je vous pardonne.
Amen.
Oui, c’est en voyant le DVD (que l’on m’avait prêté) que je suis tombé amoureux de cette chanson. Et je te dis que quelque part, je l’ai en mp3, cette version de La noyée. Depuis au moins quinze ans… Quelqu’un a rippé le DVD, quelque part 🙂 Je ne savais pas qu’elle avait été écrite pour Montand, ou j’avais oublié.
Et oui, je l’ai sur mon iPod, ouf. Je l’écoute du coup.
Play Blessures avec Bashung :
Heu, non. Pas mon truc ni pour Gainsb, ni pour Bashung.
Je n’arrive pas à écouter ce que Gainsbourg a fait à partir des années 80. Ce mélange de son métallique et électronique me fait fuir. A part 3 ou 4 titres (Sorry Angel, par exemple), je n’en écoute jamais.
Pour Bashung, c’est l’inverse : Je n’écoute que ce qu’il a fait sur le tard. Et en particulier Fantaise Militaire, qui est THE monument.
Le premier album reconnu par BAshung est très humain, ça vous plairait. Mon long commentaire sur la zone Il y a toute une période que je déteste de Bashung notamment sa période rocker de salon avec Mme Rêve ou Osez josephine.
Et pour vous mâcher la travail, une superbe ballade : https://www.youtube.com/watch?v=U-tJQgsZp20
Ah celui-là je ne l’ai pas écouté. L’extrait que tu nous as mis est très chouette. Je ne lis pas encore ta chro…
(Voix de beauf)
Et ben vl’a le Omac, il est dans l’bain !
Bon, je passe à la bourre et en plus, c’est pour pas être tout à fait d’accord avec le boss.
Je ne connaissais pas cette chanson. La zique est ok. Mais la voix de Birkin,sur ce morceau, j’y arrive pas.
Pour l’écriture de l’article, on voit que le Bruce était inspiré. Pour autant, le côté people et coulisses du rock ne me branche pas plus que ça. De temps en temps (comme ici), je tombe sur des anecdotes, plus ou moins éclairantes… Mais je ne les recherche pas forcément. Sorry, Brucie.
un article court mais ou on sent l’érudition et l’amour du fumeur de gitane.
Un défi : à quand un article sur sa collaboration avec Gillian Hills, la fameuse Lolita d’orange mécanique ?