Interview Pauline Croquet
Sous le micro virtuel d’EDDY VANLEFFE
Pauline Croquet est journaliste au MONDE. Elle a publié RUMIKO TAKAHASHI : REINE DU MANGA chez Pix N’love en 2020.
La France est le second consommateur de manga au monde après le Japon,
pour le simple passant en libraire, il s’agit sans doute d’une invasion
continue de titres format poche, indissociables les uns des autres.
Pourtant très tôt dès le début des années 1990, Thierry Groensteen
s’était déjà penché sur la question dans un livre qui fut longtemps et pour
beaucoup de fans une œuvre de chevet, c’était L’UNIVERS DES MANGA,
premier ouvrage retraçant de manière historique et thématique l’aspect
culturel et patrimonial du cette école de bande dessinée. Depuis Animé
Land, et d’autres revues kiosques font de temps à autres des mises à
jour.
Ce qu’il y a de nouveau cette fois c’est que Pix n’ love a cette année
initié une collection de biographies et analyses sur les plus grands
auteurs de manga. C’est une idée très courageuse parce qu’inédite. Enfin
ce sont les hommes et les femmes derrières le rêve, les auteurs qui vont
être abordé, avec leurs carrières, leurs influences, et leurs
évolutions. D’entrée de jeu, cette nouvelle collection avait tout pour
me faire de l’oeil. Après Akira Toriyama et Tsukasa Hojo, c’est au tour
de Rumiko Takahashi d’avoir droit à cet honneur. Comment s’est passé le
processus qui mena à la rédaction de cet ouvrage?
Chez Bruce Lit, nous avons eu la chance de pouvoir lui poser quelques
questions, l’occasion d’ en savoir encore un peu plus sur la «reine du
gag» mais aussi un peu sur Paulin à travers un metier dont ignore quand
même beaucoup celui du journaliste de pop-culture. La personne qui
chaque jour va au turbin pour que nous, les fans on puisse avoir des
informations plus sérieuses que celles parfois fantasmées sur le net.
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter nous raconter ce qui vous amené à écrire ce livre?
Je suis journaliste au Monde depuis 2014, où j’écris sur les cultures web, les réseaux sociaux et la pop culture — dont le manga —, dans les colonnes de la rubrique Pixels.
Début 2019, le directeur éditorial de Pix’ N Love, Marc Pétronille, m’a contactée dans le cadre du lancement d’une nouvelle collection pour étoffer leurs titres sur le manga. Je m’étais dit longtemps avant que si l’opportunité d’écrire un livre sur la BD japonaise se présentait, je le ferai sur Rumiko Takahashi. Elle est l’une des dessinatrices de BD les plus puissantes au monde, est souvent citée en référence par des artistes et lecteurs nés dans les années 1980 mais elle ne suscite pas autant d’intérêt que certains autres poids lourds de la discipline, du moins en dehors du Japon. Ce qui est paradoxal quand on sait que son travail a largement contribué à la popularité et l’importation du manga en Europe et en Amérique, il y a trente ans. J’étais très curieuse d’en apprendre plus sur cette papesse du gag et de la rom com. Le fait qu’on lui décerne le Grand Prix de la Ville d’Angoulême en janvier 2019, une récompense prestigieuse de la BD décernée à l’issue d’un vote de dessinateurs de BD franco-belge, a renforcé ma conviction qu’il était temps de se pencher plus longuement sur sa carrière.
Le manga est-il une passion pour vous et vous servez vous de votre tribune pour en changer l’image?
Disons que mon travail de journaliste ne consiste pas en tenir une tribune mais plutôt de rendre compte des phénomènes de société, et que désormais, le manga fait partie de la culture populaire des Français. Il suffit de regarder les classements de ventes de BD, la quantité astronomique de titres manga qui paraissent désormais chaque année chez nous, les florissantes maisons d’édition, les jauges de fréquentation de festivals qui lui sont dédiés. Il y aussi les nombreux emprunts et citations au neuvième art et l’animation japonais faits par des artistes ou diverses communautés en ligne mais aussi la fervente nostalgie de certains pour leurs héros d’enfance qu’elle soit marquée par Goldorak, Dragon Ball ou Naruto. Bien sûr, j’aimais le manga avant d’écrire à son sujet, ce qui m’a permis de m’y atteler plus facilement peut être.
Je n’ai pas à écrire comme si je devais persuader des lecteurs de la qualité de ce vaste media, justement parce que ce plaidoyer a été fait il y a plusieurs années grâce au travail acharné de passionnés et de chroniqueurs avant moi. J’ose croire que le manga n’a plus une si mauvaise image et suscite aujourd’hui plus de curiosité que de mépris aveugle. Bien sûr, il existera toujours des jugements hâtifs mais il me semble que c’est le cas pour de nombreuses œuvres de culture populaire. Mon parti pris est plutôt de me dire que si autant de monde s’intéresse à un domaine c’est qu’il doit être intéressant et donc raconté, expliqué à nos lecteurs. A Pixels, ma rubrique au Monde, on estime que tous les sujets doivent être pris au sérieux et peuvent être traités avec rigueur. Si après, cela permet à des gens de changer de regard, c’est un bonus.
Ce qui ressort à la lecture du livre c’est l’incroyable discrétion de Rumiko Takahashi qui ne semble vivre que par et à travers son travail. Comment êtes-vous parvenue à l’approcher et comment s’est passé votre rencontre?
Pour rencontrer des mangakas de ce calibre, ou même les mangakas en général, il faut emprunter des voies protocolaires. Et s’armer de patience. Lorsque Rumiko Takahashi a été sacrée au festival de BD d’ Angoulême en 2019, j’ai fait part à l’un de ses éditeurs français, Glénat, de mon souhait de l’interviewer pour Le Monde, qui l’a transmise à son éditeur japonais, Shogakukan. Le projet a patiné jusqu’a ce que Glénat obtienne et organise à Tokyo des créneaux d’interview pour quelques médias français à l’occasion de la sortie de sa dernière série, MAO.
La rencontre a aussi été très formaliste, ce qui est la norme avec des artistes de BD japonais. Nous avons été accueillis sous bonne garde dans les locaux de Shogakukan en novembre 2019 avec deux autres journalistes et l’équipe de Glénat. Chaque journaliste a pu l’interviewer pendant une heure en présence de l’équipe éditoriale. Bien que discrète sur sa vie personnelle, ce qui est le cas de nombreux mangakas, Rumiko Takahashi s’anime pour parler de son travail et reste intarissable en matière de manga. Elle en achète et en lit encore énormément ce qui est assez rare chez des artistes qui, comme elle, ont une série en cours et travaillent à un rythme hebdomadaire soutenu. Souvent parce qu’ils n’ont pas le temps, ou ne veulent pas être influencés ou découragés par d’autres titres. Pendant cette interview j’ai à la fois échangé avec une femme qui s’amuse, reste curieuse de tout et porte un regard bienveillant sur les choses tout en ayant l’aplomb des artistes de son envergure. Il est épatant de voir une autrice aussi célèbre dans son pays peut avancer sans regrets, continuer à prendre du plaisir à dessiner là où certains de sa génération ont jeté le crayon depuis longtemps pour capitaliser sur leurs succès passés et avoir l’énergie de mettre sa réputation en jeu sur chaque nouvelle série.
Pouvez-vous décrire, pour les lecteurs français totalement étrangers au système d’édition japonais, l’organisation entre l’auteur, son éditeur qui sert presque de garde du corps et ses assistants?
Au Japon, la plupart des bandes dessinées sortent au préalable chapitre par chapitre dans des magazines de prépublication de manga avant d’être diffusée en format relié, le tankobon. Bien que leurs tirages tendent à décliner, ces magazines restent la pierre angulaire du système éditorial du manga. Nombreux, il y en a pour différentes tranche d’âge : les garçons adolescents (Shonen), les jeunes filles (Shojo), les adultes (Seinen), etc. Les places dans ces magazines sont chères et rien n’est laissé au hasard. Le lectorat est sondé régulièrement à propos des intrigues, des héros, du dessin. Même le positionnement des séries dans le magazine peut dépendre de sa popularité. Les éditeurs n’hésitent pas à écourter une série qui ne réaliserait pas de bons scores chez les lecteurs.
Les mangakas peuvent candidater dans ces magazines en décrochant un rendez-vous avec un responsable éditorial ou par le biais de tremplins organisés par les magazines, comme ce fut le cas de Takahashi en 1978. Une fois recruté le mangaka se voit épaulé par un tantosha, un responsable éditorial qui s’occupe à la fois des nécessités matérielles et administratives du mangaka mais aussi retouche, infuse le scénario, forme les plus jeunes dessinateurs sur les arcanes narratifs. C’est aussi le tantosha qui veille scrupuleusement à ce que l’artiste qui croule sous le travail respecte les deadlines ; il récupère ses planches pour les ramener à la rédaction du magazine et l’imprimerie.
La BD japonaise a cette particularité de reposer sur ce binôme qui n’a pas d’équivalent ailleurs et suscite de nombreux fantasmes chez les fans de manga. Les tantosha sont souvent perçus comme les co-créateurs de l’ombre d’une série. Pour ceux qui veulent approfondir la question, il y a, par exemple, l’ancien rédacteur en chef de Weekly Shonen Jump, le magazine de manga le plus prestigieux et le plus connu à l’étranger, Hiroki Goto y revient en détail dans son livre « Jump, l’âge d’or du manga » paru chez Kurokawa.
C’est une première : nous avons enfin une idée précise de comment s’est construite la carrière de Takahashi au début, ses influences, la source de son humour, c’est une vrai plus-value de votre livre. Comment s’est organisé votre travail de recherches ?
Le plus gros du travail a été de rechercher et compiler toutes les interviews, articles, préfaces, textes et éléments bonus disponibles à son sujet et sur ses œuvres en langue française, anglaise mais aussi espagnole et japonaise. Un travail grandement facilité par le site communautaire américain Rumic World – Furinkan, qui fait un travail titanesque de recensement. J’ai également profité d’un court séjour au Japon pour récupérer quelques documents sur place. J’ai bien sûr relu et revisionné ses œuvres mais aussi parlé avec des confrères qui ont pu la rencontrer.
Partant de cette matière recoupée, et parce que les éléments biographiques sont vite limités concernant les mangakas dont la vie personnelle est souvent tenue secrète, j’ai souhaité étoffer avec des éléments historiques et sociétaux pour replacer son travail dans un contexte, une époque, un état d’esprit. J’ai pour cela interviewé des professeurs spécialistes du Japon et amateurs de manga, mais aussi des traducteurs et traductrices de son œuvre en France puisque la langue et les jeux de mots sont cruciaux dans le travail de Takahashi.
Vous avez surtout insisté sur ses deux blockbusters RANMA ½ et INU YASHA, estimez-vous qu’il s’agisse de ses principales œuvres? J’aurais d’avantage pensé, à MAISON IKKOKU, MERMAID SAGA ou ses nouvelles qui semblent plus personnelles et plus ambitieuses.
Je n’ai pas volontairement ou consciemment souhaité insister sur une œuvre plus qu’une autre. Mais m’appuyant sur des interviews et verbatims de la dessinatrice, il est possible que soient plus représentés les œuvres à propos desquelles elle s’est le plus exprimée. Rumiko Takahashi a dessiné Maison Ikkoku en parallèle de Urusei Yatsura son premier succès, ce qui explique peut être votre ressenti. Quant à Inu-Yasha, c’est sa plus longue série et l’une des plus populaires. Même si elle parle moins aux lecteurs de ma génération, il ne fallait pas que je passe à côté. S’agissant de ses autres œuvres, notamment les recueils de nouvelles pour adultes, elles sont plus ponctuelles dans sa bibliographie, aussi ai-je préféré parfois les traiter par des thématiques transverses que sous un angle chronologique. Plusieurs chapitres à la fin de mon ouvrage leurs sont consacrés.
Pensez-vous également qu’ INU YASHA soit l’œuvre qui synthétise le plus les obsessions de Takahshi ? Le manga de la maturité en quelque sorte.
Difficile de parler de manga de la maturité avec quelqu’un qui se prend aussi peu au sérieux et veut autant divertir les gens que Takahashi ! A mon avis, elle avait déjà mis en place ses recettes, motifs et obsessions bien avant cela, dès sa première série Urusei Yatsura qui s’est fait connaître chez nous sous le titre de Lamu : des personnages séduisants, des tourments amoureux, une maîtrise du gag, des scènes d’action bien menées et beaucoup de références au folklore et aux mœurs japonais. Là ou Inu-Yasha se démarque, peut être, c’est qu’il s’agit de sa première œuvre shonen, pour une cible adolescente, où elle ne se sent pas obligée d’amuser la galerie avec des pitreries dans chaque chapitre. Elle qui a révélé une parfaite maîtrise de la comédie romantique peut faire preuve de plus de mélancolie et de noirceur, ce qu’elle réservait jusqu’alors à ses courts mangas pour adultes comme Mermaid Saga.
Vous expliquez bien le fossé qui sépare désormais les concurrents Shueisha, Shogakukan et Kodansha, Pourtant l’œuvre de Rumiko sans plus jamais atteindre des sommets stratosphériques semble inaltérable. Comment expliquez-vous ce phénomène? A-t-elle réussi à dépasser les modes?
Si Rumiko Takahashi a tenu bon dans le cœur des japonais, c’est tout d’abord qu’elle n’a jamais arrêté de dessiner des séries hebdomadaires. Elle est actuellement en train de publier sa cinquième série shonen au long cours, MAO, là ou certains des confrères de sa génération n’ont eu qu’une ou deux séries longues. C’est aussi elle qui reste aux manettes narratives des franchises qu’elle a inventées. Ses plus grands succès sont aussi encore largement exploités par sa maison d’édition et chacun des anniversaires de sa carrière est célébré à renfort de goodies, classements et émissions à sa gloire, si bien que si elle est moins lue par les jeunes Japonais, elle reste très populaire et chérie.
Mais ce qui signe par dessus tout la longévité de Takahashi c’est sa capacité à croquer l’humain et l’universel, à invoquer un patrimoine commun aux Japonais. Bien qu’arrimée toute la semaine à sa planche à dessin et très célèbre, elle ne s’est pas coupée du monde, ne mène pas une vie monacale. Et là où certains trouvent qu’elle se répète dans ses idées et concepts, d’autres y voient des valeurs refuge.
Rumiko Takahashi semble être l’une des seules mangaka de sa génération a avoir su évoluer sans revenir sur ses succès passés comme Masami Kurumada prisonnier de SAINT SEIYA, Akira Toriyama de DRAGON BALL, Yukito Kishiro de GUNNM ou encore Tsukasa Hôjô de son Personnage de Ryo Saeba. Auriez-vous une explication?
Je ne sais pas si elle est vraiment la seule de sa génération. Naoki Urasawa, par exemple, qui a trois ans de moins qu’elle, est particulièrement créatif. Après il est vrai que dans le registre Shonen, beaucoup de mangakas n’ont réussi qu’à porter une ou deux séries au firmament. Cela tient sans nul doute au rythme effréné de publication de ces blockbusters.
Il est probable que Rumiko Takahashi a bénéficié d’une plus grande indépendance éditoriale que certains de ses confrères. Vous citez dans votre question de nombreux auteurs d’un éditeur concurrent, Shueisha, qui avait la réputation de chaperonner plus fermement ses auteurs que Shogakukan à l’époque où Takahashi a démarré. Cette dernière figure parmi ses plumes les plus célèbres et lucratives de Shogakukan qui ne prendrait donc pas le risque de la froisser et lui accorde aussi désormais la liberté de conclure des projets.
Rumiko Takahashi n’a pas la volonté de dessiner une œuvre monde ou de faire passer un quelconque concept ou message. Si elle ne s’amuse plus à dessiner sa série ou si elle n’amuse plus les lecteurs, elle préfère y mettre un terme. C’est aussi quelqu’un qui n’a jamais perdu le goût du dessin et qui a 63 ans s’assied toujours de bon coeur à son bureau. Je crois aussi que cela tient aussi au fait qu’elle est une artiste très prolifique, organisée, ponctuelle qui parvient donc à se dégager plus de temps pour des projets parallèles.
Ne trouvez-vous pas quand même de RINNE et BLEACH partagent quand même pas mal de similitudes, surtout dans leurs pitchs de départ respectifs?
La figure du Shinigami, les faucheuses de la culture japonaise, qui apparaît dans Rinne et Bleach, n’a rien d’original. Elle fait partie d’un folklore, d’un patrimoine populaire et a inspiré plus d’un manga. Car chez Takahashi c’est évident : elle recourt énormément dans ses histoires aux figures des croyances et légendes de l’Archipel comme les yokai, les tengu ou les oni. Difficile pour moi dans ce cas de dire ce qui relève du récit connu de chaque Japonais de l’idée originale.
Quel est votre manga de Rumiko Takahashi préféré et pour quelles raisons?
Avant d’écrire mon livre, je vous aurais répondu sans hésitation Ranma 1/2 puisque c’est par cette œuvre que j’ai découvert l’artiste mais aussi le manga. Ranma est un héros (et une héroine) qui a beaucoup compté dans mon enfance. J’aimais sa liberté quelque soit son genre, sa beauté et sa loufoquerie. Après avoir passé des mois à étudier la bibliographie de Rumiko Takahashi, j’ajouterai bien sûr Maison Ikkoku que j’ai redécouvert avec un énorme plaisir, surtout grâce à sa réédition, et qui reste selon moi l’une de ses œuvres les plus complètes et délicates. Hors séries, il y a aussi ses recueils de courtes histoires comme la Tragédie de P ou Un Bouquet de Fleurs rouges, des bijoux qui laissent entrevoir tout le talent de Takahashi pour raconter l’humain.
De quels personnages vous sentez-vous proche ?
J’ai toujours aimé le côté loser pugnace et tragi-comique de Ryoga Hibiki (Roland dans la VF du Club Dorothée) dans Ranma 1/2. Il est très fort mais maladroit, se fait toujours coiffer au poteau mais ne lâche rien.
Plus récemment, j’ai été touchée par le personnage principal de l’histoire « Une marchande de romance » dans le recueil La Tragédie de P, une jeune femme qui tente de maintenir à flot l’entreprise d’organisation de mariage endettée et désuète héritée de ses parents.
Souhaiteriez-vous travailler sur un autre auteur / autrice à présent ?
J’ai bien quelques idées, mais je réfléchis encore à ce sujet, à voir aussi s’il y aurait la matière suffisante et intéressante pour écrire un livre entier.
Quel manga de Rumiko Takahashi aimeriez-vous voir traduit à cette heure?
La bonne nouvelle est que la grosse majorité du travail de Takahashi est à ce jour traduite en français et disponible à la vente chez nous, et qu’un gros effort a été fait du côté des nouvelles traductions. C’est donc l’occasion où jamais de se (re)plonger dans ses mangas.
La parution de Mermaid Saga avait été interrompue chez nous et il ne devenait de plus en plus difficile de se procurer un exemplaire de ce récit sombre sur autour de sirènes, funèbres, des créatures qui massacrent hommes et femmes depuis des siècles, écrit sur une décennie et en plusieurs épisodes par Takahashi. Mais si je ne m’abuse Glénat a annoncé sa réédition complète dès cette année. Je trouverais aussi génial que ses recueils d’histoires courtes pour adultes puissent être réédités ou simplement édités pour le plus récent.
Et pour finir, quel est votre manga préféré hors Takahashi ?
Vaste question qui me fait à chaque fois buguer le cerveau ! Il est toujours difficile pour moi de répondre car mes goûts ont changé et se sont considérablement étoffés à mesure de mes découvertes. Gunnm est, avec Ranma 1/2, l’autre manga fondateur de ma passion pour la BD japonaise. Il était génial ado de pouvoir s’identifier à Gally son héroine cyborg qui n’avait pas d’équivalent selon moi dans la pop culture occidentale à la même époque. Plus tard, m’ont profondément marquée Amer Béton de Taiyou Matsumoto, Nana de Ai Yazawa, Lady Snowblood de Kazuo Kamimura et Kazuo Koike, 20th Century Boys de Naoki Urasawa. Il y a aussi les courts récits de Tetsuya Tsutsui, les séries du collectif CLAMP, Kids on The Slope de Yuki Kodama, Death Note de l’efficace duo Oba et Obata ou encore Hunter X Hunter et le célébrissime Naruto. Pour ne citer que ceux qui me viennent immédiatement en tête car aussitôt ces noms posés, j’ai envie d’en rajouter des dizaines d’autres tout aussi importants pour moi.
Whouaaaah ! C’est dans ces moments-là que je mesure tous les biens faits de la mondialisation. Quand J’ai commencé à lire Ranma 1/2 avec l’édition de Glénat dans les années 1990, il était absolument impossible de dénicher des informations sur les auteurs et les autrices.
Une interview passionnante de bout en bout : le long processus pour obtenir une interview (d’une heure quand même), le rôle réel des Tantosha, le sacerdoce de Rumiko Takahashi pour son métier et sa motivation intacte après toutes ces décennies, etc.
L’humour de Rumiko Takahashi : c’est quelque chose qui m’a toujours épaté que son humour s’exporte si bien dans d’autres cultures. Avec l’interview, je comprends mieux qu’une partie doit être perdue dans la traduction (les jeux de mots). Pour autant, de nombreuses scènes sont hilarantes pour moi, un humour universel épatant.
Et bien wow, je n’avais pas du tout entendu parler de cette collection et de cette volonté de faire des livres sur les mangakas. Merci Eddy pour ma culture !
« Les éditeurs n’hésitent pas à écourter une série qui ne réaliserait pas de bons scores chez les lecteurs. » C’est le même principe que pour les séries télé donc…
Je n’avais absolument pas la connaissance de termes nippons décrits par Pauline Croquet (tankobon, tantosha…), cet articl est un vrai puits de science.
Je suis soufflé par la quantité de travail préparatoire, mais en même temps je trouve cela totalement justifié.
Si je ne me trompe pas, c’est ta première interview, non, Eddy ? Chapeau dans ce cas, l’interview est rythmée et chaleureuse, portée par la passion des mangas et de Takahashi. Merci.
A pas BO ?
Rendons à César, Bruce a bien piloté cette interview.
Je me suis bien heurté au plafond de verre de l’amateurisme. Je ne suis pas journaliste de formation et je ne suis pas professionnel de l’interview. aussi je me suis retrouvé devant une sorte « blanc »
le thème, c’est de parler de Takahashi, mais aussi de ce livre…. ne pas trop paraphraser et donner envie d’en savoir un peu plus encore sur Rumiko-sama notamment grâce au livre de Pauline… et bien c’est pas simple en fait!
J’espère que mes questions n’ont pas été trop « évidentes » et que le résultat est à la hauteur.
Au finish je suis assez fier d’avoir eu cette opportunité.
Merci à Bruce et merci à Pauline pour le don de son temps.
Pauline cite le site Furinkan pour les infos, je dois dire aussi que c’est la source de renseignements pour les articles sur Uruseï Yatsura et Maison Ikkoku, je rajouterais aussi les « sleeve notes » des k7 vidéos éditées chez Animeigo et l’énorme dossier paru dans le catalogue de chez Manga distribution. Pour Ranma ce fut plus la grosse interview parue dans ATOM, et en relecture le présent livre!
des interviews retrouvées aussi chez Viz dans leur magazine Animerica.
Je concrétise par cette série d’article une passion que j’ai pour cet auteur depuis 1995 mais sans doute depuis 1988 sans le savoir en allumant mon poste de TV les samedi matins afin de pourvoir regarder Lamu alors que tout le monde dormait chez moi.
@Présence.
je suppose que Rumiko est plus habituée aujourdh’ui mais elle a longtemps été sidérée par le succès qu’elle rencontrait en Amérique et demandait souvent « mais comment comprenez vous mes histoires si japonaises? » Sans le savoir elle a touché des fibres universelles.
@Jyrille
En fait c’est ma troisième interview après celles d’Edwige et une autre de Fred Steinmetz
les trois étant faites presque sans préméditations…
Merci de tes encouragements.
Désolé Eddy, je ne retiens pas tous les articles ni interviews 🙁 Tu dis que ce n’est pas simple mais tu t’en sors haut la main ! Je ne sais pas si je pourrais en refaire une tellement c’est compliqué de trouver les bonnes questions…
Je n’ai vraiment aucun souvenir de Lamu en dessin animé, j’étais trop vieux pour faire ça…
Eddy l’interviewer de ces dames.
Merci pour ces questions expertes de celui qui maîtrise le Takahashi. Il est finalement tout de même d’approcher des auteurs anglosaxons que des japonais. Même si Rumiko semble ne pas avoir d’égo surdimensionné, c’est assez angoissant de savoir que des monstres sacrés comme Toriyama ou Kurumada n’ont plus été vus en public depuis des décennies.
Merci pour cet article, véritablement article semi-pro et cette semaine.
Tu as lu le bouquin sur Toriyama ?
Merci Boss,
non pas le Toriyama, si je le trouve je penserai à toi, tiens! moi l’auteur de DBZ, ça m’attire pas de base, mais je chopperais bien le HOJO…
Rumiko est toujours polie et souriante, elle a pris de l’âge et donc elle fait vraiment la petite super mamie!
Eh bien bravo à Bruce et toi, au top, cette interview !
On apprend plein de choses, et je suis ravie de trouver une autre fan de Ryôga ^^ .
C’était touffu mais hyper intéressant.
Merci à tous les 3 🙂
PS : tiens, y a pas de BO ce soir 😉
Je refuse d’être crédité pour cette interview. Je l’aie imaginée, poussée et promue mais elle est bien d’Eddy à 100%.
Merci à toi Kaori, j’ai pensé à toi quand Pauline a parlé » de Ryoga, je me suis demandé même que vous lui trouviez toutes à cet… je veux dire le gars, il est pas fini… c’est clairement un malheureux que Takahashi déglingue pendant tout le manga… ^^
@Bruce : ok chef !
@Eddy : tu es dur avec Ryôga… Ok il ne brille pas par son intelligence, mais justement, c’est vache ce que l’auteure lui fait subir, on a forcément envie de prendre sa défense ! Il est victime de grandes injustices ! Tu connais le syndrome de l’infirmière ? En plus, il est loin des vacheries de Ranma, toujours extrêmement désagréable… Après, bon, Ranma, je commence à lui trouver quelques qualités, mais en terme de valeurs, même si Ryôga n’arrive pas à avouer la vérité à Akane, il a quand même un meilleur esprit de camaraderie que l’autre… Pas au début, c’est sûr, mais dans l’anime il a de bons moments. Je ne sais pas si c’est pareil dans le manga. Et puis je l’aime bien en petit cochon ^_^ .
En ce qui concerne Takahashi, je pense qu’elle l’aime bien aussi, Ryôga. Qui aime bien châtie bien, non ?
Si on prend les autres, entre Kuno totalement imbu de sa personne, Mouss assez obsédé par Shampoo et pas franchement sympathique, Ranma obsédé par le combat et peu souvent agréable, dans les personnages masculins, il est difficile de choisir parmi ceux-là ! Et puis même, je l’aime bien, Ryôga, avec toute la malchance qui lui tombe dessus, il n’abandonne jamais, il dit toujours qu’il va partir mais il en est incapable ^^ . Je lui espère une fin heureuse ^^ .
Quant aux personnages féminins, ma préférée, c’est Akane sans hésitation.
je réalise en échangeant que RANMA 1/2 n’est pas un bon exemple de série pour le processus d’identification.
Les personnage ne sont pas « écrits » pour qu’on soit avec eux, il y a un coté théâtrale qui construit une sorte de scène entre le lecteur et la loufoquerie des événements. Moi non plus « je n’aime pas » particulièrement un personnage ou l’autre. ce qui m’amuse c’est la mécanique du quiproquo…
Ranma est imbu de lui même mais loyal quand même
Ryoga est quand toujours en train de vouloir le trahir et se venger
ils sont tous décrits par leurs « mauvais cotés »
Akane n’a jamais aucune confiance en Ranma, elle l’insulte et lui balance des beignes bien avant qu’il puisse s’expliquer de quoi que ce soit!
Je me souviens qu’à l’époque, elle m’agaçait clairement, et je me demandais pourquoi il rejetait Shampoo avec tant d’insistance , puisqu’au moins elle savait ce qu’elle voulait…
après Ranma est un mec très intéressé, dès qu’il a un opportunité, il n’a aucun scrupule
Dans la vraie vie, ce sont tous des affreux!
Assez d’accord, ma fille déteste Akane ^^ . Elle la trouve très injuste avec Ranma. Shampoo, je la trouve tellement manipulatrice que non, pas possible, c’est une Vilaine pour moi !
Mais tu as raison, ils sont tous écrits pour que ce soit drôle, pas pour qu’on s’attache à eux. Mais bon, on peut quand même un peu 😉 .