Propos recueillis par BRUCE LIT
Marc Delafontaine Aka Delaf a choisi Bruce Lit pour parler de sa reprise de Gaston et des torrents de crachats sur lesquels il a dû apprendre à surfer lors de la sortie de l’album en novembre 2023 sous fond d’imbroglio juridique.
Alors que son album est en tête des ventes, il prend le temps de nous écrire depuis le Quebec pour nous causer -aussi et surtout d’amour pour Franquin, de ses choix esthétiques et bien entendu de bande dessinée !Merci à Olivier Bocquet pour son entremise.
Bonjour Delaf, avant de commencer, que te souhaiter pour 2024 ?
D’abord, je prendrais bien un peu de douceur et de tranquillité. L’année dernière a été intense à bien des égards alors j’ai envie de repos, de temps pour moi et de moments pour créer dans le calme et la sérénité. Mais par-dessus tout, souhaite-moi la santé. C’est le plus important.
Après bien des controverses, LE RETOUR DE LAGAFFE est un triomphe éditorial avec plus de 500 000 albums vendus et en tête des ventes des albums en France. Que ressens-tu ?
C’est difficile à décrire. D’abord, une sorte d’incrédulité. Toute cette aventure me paraît encore un peu surréaliste. Mais je ressens aussi de la fierté. Pas tant pour la qualité de mon travail (je ne vois que les défauts !), mais pour le fait d’avoir mené à terme, malgré les diverses épreuves, ce défi qui me paraissait presque impossible à relever. Je suis fier de ne pas avoir flanché. Et pourtant, les occasions ont été nombreuses. Je suis aussi très fier de l’apprentissage que je retire de cette expérience et des progrès que j’ai faits.
Quant au succès éditorial, je le vois comme un bonus, un cadeau de la vie. J’ai souvent lu que la seule raison de faire cet album était «le fric, le fric, le fric». Pour ma part, ça ne pourrait pas être plus faux ! Gaston est le personnage qui m’a donné envie de faire de la BD. J’ai accepté ce défi parce que mon cœur me disait d’y aller. Je suis heureux du succès, bien sûr, mais les résultats de ventes n’ont jamais été un moteur pour moi. Et j’espère que j’aurai la lucidité de me remettre en question si par malheur ça venait à changer.
L’album a déchainé les passions autour du droit à reprendre la création de Franquin après sa mort. Quelles étaient tes intentions au moment de reprendre le flambeau alors que tu savais que forcément il y aurait polémique ? T’es-tu senti légitime à reprendre une telle légende de la BD ?
Je ne me suis jamais posé la question de la légitimité parce qu’il n’y a aucune réponse à cette question. On m’a proposé le projet et j’ai écouté mon envie, c’est tout.
J’ai bien entendu discuté avec Dupuis quant au droit de reprendre Gaston, mais quand on m’a expliqué que Franquin avait vendu son personnage en autorisant de nouveaux albums par d’autres dessinateurs et quand j’ai lu qu’après sa mort, il se foutait pas mal de la question de la reprise, pour moi, l’affaire était réglée.
Pour ce qui est de la polémique, j’ai été un peu surpris par l’ampleur de la chose. Évidemment, je me doutais que l’idée d’une reprise de Gaston ne ferait pas l’unanimité. Quand on touche à des icônes de l’enfance, c’est toujours délicat. Ceci dit, pour moi, une reprise, même mauvaise, ne peut pas entacher l’œuvre originale. Que mon album soit réussi ou non, jamais Franquin ne s’en trouvera diminué.
Alors j’y suis allé en me disant que si j’y mettais tout mon coeur et ma sincérité, les lecteurs le sentiraient. Et que si pas, ben ce n’était pas plus grave. Cet album, je l’ai fait pour le petit lecteur que j’étais et qui adorait Gaston. J’y ai mis tout ce que j’avais. Le reste, ce que les gens en pensent, n’a pas beaucoup d’importance.
Beaucoup de tes détracteurs t’ont accusé d’être un faussaire, un falsificateur voire un plagiste. Comment reçois-tu ces critiques, certaines venant de figures du monde de la BD et que souhaites-tu leur répondre ?
Je n’ai pas inventé l’idée de reprendre une série de BD dans la continuité de l’œuvre d’origine. Ce genre d’exercice se fait régulièrement et depuis longtemps (on a tous les mêmes séries en tête, là, non ?). Alors pourquoi tout à coup sur Gaston ça devient du «plagiat» ? Je ne me l’explique pas vraiment. Peut-être que c’est lié au fait que Franquin a un statut un peu à part et qu’il est considéré par certain comme une sorte de dieu.
Mais tu sais, Franquin a lui-même travesti son dessin quand il a repris Spirou et Fantasio des mains de Jijé. Et je défie quiconque de voir la différence ! Son but n’était pas bêtement de copier son maître, mais de faire en sorte que le lecteur ne soit pas perturbé par le passage de relais d’un dessinateur à l’autre. Ici, c’est exactement la même chose : je n’avais pas envie que le lecteur de Gaston soit déstabilisé. Moi le premier.
Quand Franquin a transmis son Marsupilami à Batem et Yann, il a aussi formé ces derniers pour qu’ils soient raccord à sa vision. Pas pour des questions d’égo, mais toujours en se mettant dans la peau du lecteur qui ne devait pas voir la différence. En tout cas, le moins possible. Surtout au début de la reprise.
J’aurais pu faire un Gaston à la Delaf, dans le style Nombrils, ç’aurait été beaucoup plus rapide et plus simple. J’aurais mis un an au lieu de quatre. Mais je n’avais pas envie de faire ça. J’aurais eu l’impression de trahir la vision de Franquin.
Pour répondre à la question, ça me fait sourire quand on me taxe de plagiaire ou de faussaire. Évidemment, ce serait tout différent si j’imitais Franquin dans mes propres séries. Si je m’appropriais son style pour pallier le fait de ne pas avoir le mien. Ou si je racontais les histoires d’un garçon de bureau maladroit en changeant les noms. Ce serait débile de faire ça et là, on pourrait parler de plagiat. Ici, on parle d’une reprise dans la continuité graphique de l’œuvre d’origine. C’est un choix artistique, un exercice de style assumé. Et je suis loin d’être le premier à le faire.
Tu sais, j’ai lu des trucs vraiment très durs et parfois de la part de collègues auteurs que j’estime énormément. J’avoue que ça, ça m’a fait mal sur le moment. Après, j’ai compris que ce Gaston, c’est une affaire entre moi et moi-même. Si je cherche l’amour ou la reconnaissance, alors je suis mort. Donc à partir du moment où je suis tranquille avec mon album, que je sens que j’ai été honnête, que j’ai fait les choses correctement et pour les bonnes raisons, je dois rester imperméable à ces critiques. Tant les négatives que les positives.
Bref, je connais ma démarche, je sais comment j’ai travaillé et combien j’ai sué pour arriver à ce résultat. Je suis lucide, je sais ce que mon album vaut. Il est loin d’être parfait, mais il est plein d’amour et il est sacrément honnête. Je suis en paix et j’assume totalement !
Au-delà de ce débat, comment définirais-tu la touche Delaf sur la franchise Gaston ? Que voudrais-tu que l’on retienne de ton travail ?
Au départ, j’avais la volonté, un peu débile, de pousser l’exercice de mimétisme le plus loin possible et de m’effacer pour être le plus près du Gaston de Franquin. Mais plus j’avançais dans l’album, plus je me rendais compte que ça n’avait pas de sens. Malgré mes efforts, on y voyait toujours un peu ma patte, que ce soit dans les textes ou les dessins. À un moment, j’ai accepté l’idée qu’on y verrait de moi et ce fut un énorme soulagement.
Je pense qu’un lecteur averti verra ma personnalité graphique transparaître. On m’a souvent dit que ça se voyait davantage dans mes personnages féminins qui sont plus élastiques que ceux de Franquin. Je pense aussi que ça se sent dans certaines expressions ou dans l’acting des personnages, etc. Je ne suis pas Franquin, donc forcément, ça se voit. Et c’est tant mieux !
Mais je crois que là où on sent le plus ma patte, c’est dans le dernier tiers de l’album où j’ai osé ce que Franquin ne faisait pas ou alors très rarement : lier les gags pour raconter une plus longue histoire.
Cette histoire finale est une mise en abyme du principe même de la reprise de Gaston. Je me suis amusé à mettre en scène un personnage que Franquin avait créé lui-même, mais peu exploité (à regret, d’ailleurs) : le jeune ami dessinateur de Gaston. Enfant, je m’identifiais beaucoup à ce personnage car je voulais devenir dessinateur et, comme lui, je rêvais d’être un jour publié dans Spirou. La fin de l’album est un petit clin d’œil de l’adulte que je suis à l’enfant que j’étais. Avec une bonne dose d’amour et d’autodérision.
Tu as donné 4 ans de ta vie à ce Gaston. Si tu avais la possibilité de t’adresser au fantôme de Franquin, que lui dirais-tu ?
Je pense que je lui dirais qu’au fil de mes lectures, que ce soit de son œuvre ou des interviews qu’il a données, j’ai cru percevoir un homme libre, sans dogme, qui se remettait sans cesse en question, qui aimait rire, détestait qu’on le mette sur un pied d’estale, pire encore : qu’on le déifie.
Et c’est cette dimension très humaine, très humble qui, je crois, m’a permis d’oser dessiner son personnage. Parce que pour moi, l’homme qu’il était, au-delà du mythe qu’il est devenu, aurait été, dans le meilleur des cas, amusé par mon album, et dans le pire, indifférent. Je me trompe peut-être, mais je ne peux pas l’imaginer outré, ça ne colle pas avec ce que j’ai pu lire de lui.
Je lui dirais aussi que je n’ai cherché qu’à rendre hommage à l’artiste qui m’a inspiré mon métier et au personnage qui a bercé mon enfance. Et que ma démarche est sincère, respectueuse et remplie d’amour.
Je crois que je lui dirais également que de nombreux lecteurs m’ont témoigné leur émotion à la lecture de l’album et m’ont dit avoir beaucoup ri. Comme Franquin aimait tellement faire rire les gens, j’ose croire qu’il aurait été sensible à cela.
Pour ceux qui ont défendu l’album (c’est mon cas), j’irai jusqu’à affirmer que l’album est logiquement plus frais et inventif qu’un Franquin en bout de course…
Je suis touché par le compliment, mais je crois que Franquin, même dans sa dernière période, avait encore beaucoup de génie. Pour moi, il reste indétrônable, je ne prétendrai jamais lui arriver à la cheville. Et je t’assure que ce n’est pas de la fausse modestie. Je connais ma valeur comme dessinateur. Je me débrouille, mais en travaillant fort. Je n’ai rien d’un génie. Lui, il était à un tout autre niveau.
Mon fils de 7 ans s’est esclaffé de pages en pages à la lecture de ton album. Quel a été ton public cible pendant l’élaboration de l’album et de ses gags ?
Ça me fait bien plaisir de t’entendre ça ! L’idée que des enfants lisent encore Gaston en 2024 me réjouit au plus haut point.
Mais tu sais, je n’ai jamais travaillé avec un public cible en tête. Mon public cible, c’est moi ! Pour moi, à partir du moment où tu essaies d’anticiper ce qu’un public veut, c’est le plantage assuré. Je ne suis pas dans la peau des autres, je suis dans la mienne. J’ignore ce que les autres veulent, mais je sais ce que moi je veux. J’ai donc fait l’album que je voulais lire. C’est ce que j’ai toujours fait, même avec Les Nombrils.
Parlons de ton dessin : il navigue entre-deux : les personnages ont le design que Franquin leur donna à la fin des années 60 avec le trait assez propre de sa fin de carrière. Pourquoi ne pas avoir adopté le dessin sale et charbonneux des grands albums de la série ?
Pour moi, la plus belle période de Franquin est la fin de sa période pinceau. À partir du gag 669, il repasse à la plume et ne reviendra plus au pinceau par la suite. Ça correspond à l’année 1971 alors que Franquin avait 47 ans. La période qui suit est époustouflante aussi, souvent très chargée en termes de détails car la plume offre des possibilités que le pinceau ne permet pas. C’est une question de goût, mais moi, je préfère le pinceau que je trouve plus élégant et plus sensuel. L’album 9, Le cas Lagaffe (selon l’ancienne numérotation) fut donc ma période de référence.
Après, c’est vrai, Franquin a une période où son dessin devient très charbonneux et où il s’amuse à faire du hachurage très fin au rotring. C’est génial aussi, mais ce n’est pas ma période préférée. Idem pour la dernière période où il simplifie beaucoup son dessin. Comme quoi, les grands albums de la série varient d’un lecteur à l’autre.
Certains gags sont irrésistibles notamment ceux qui font références à l’univers de Spider-Man. Es-tu un lecteur de super-héros ?
Non, pas du tout ! Ce n’est pas que je boude ce genre, simplement que je n’ai pas été initié à la BD américaine quand j’étais enfant. Pour moi, il y avait trop de séries, trop d’univers parallèles, trop de héros. Je ne savais simplement pas par où commencer. Et puis comme le graphisme des comics m’attire généralement moins que celui de la BD franco belge, je n’ai jamais fait l’effort.
Ceci dit, j’ai bien lu quelques Spider-Man et autres super-héros par-ci par-là, mais ma culture comics est extrêmement limitée. Par contre, je n’ai jamais boudé mon plaisir devant les productions Marvel. Et mon super-héros préféré est Spider-Man. D’où le clin d’œil.
Ton Gaston n’a pas évolué et reste coincé dans les années 80, une époque sans ordinateurs, logiciels, internet ou téléphone portable. Pourquoi ce choix ? L’adaptation cinématographique de Pierre-François Martin-Laval va à l’encontre du tien en faisant des éditions Dupuis un start-up branchée….
Mon album se situe quelque part entre la fin des années 60 et le début des années 70. C’est un choix assumé car pour moi, voir Gaston avec un téléphone portable, ce n’est juste pas possible. C’est vrai que Gaston a toujours évolué avec son époque, je suis conscient de ça. Mais pour moi, Gaston est tout de même attaché à une certaine période où la vie était différente et la technologie analogique. Par exemple, Gaston classait du courrier; je ne l’imagine pas classer des mails. Il roulait dans une Fiat 509 qui était déjà une antiquité à l’époque. Aujourd’hui, ce serait une pièce de musée. Il bricolait plein de machins avec des objets, du métal, de la ficelle, des bouts de bois. Je ne le vois absolument pas concevoir des apps. Sans parler du monde de l’entreprise qui a énormément changé ! J’imagine que Franquin, s’il vivait toujours et s’il avait poursuivi Gaston, aurait continué de le faire évoluer. Mais il l’aurait fait petit à petit, en l’adaptant graduellement à la société, en continuant de distiller sa vision du monde et sa critique de la société au travers des gags, si bien que le Gaston de 2023 serait probablement très différent de celui que l’on connaît.
Entre 2023 et 1983, date à laquelle Franquin a cessé de produire du Gaston de façon sérieuse, il y a un gap de 40 ans ! Transposer Gaston à notre époque exigerait de prendre des libertés énormes par rapport à l’œuvre de Franquin. Ce serait ouvrir la porte à la trahison de sa série et à sa vision du monde. En tout cas, moi, je ne me sentais pas à l’aise de le faire. Gaston est une œuvre à part dans l’univers de la BD franco-belge, notamment parce qu’elle est extrêmement liée à son créateur. Je sentais que je devais la traiter avec le plus grand respect.
Ceci dit, laisser Gaston dans les années 70 n’empêche pas de faire des clin d’œils au présent. Tant que ça ne devient pas lourd et systématique, c’est possible de s’amuser à faire quelques références.
J’ai trouvé le film très réussi avec beaucoup de points communs avec LE RETOUR DE LAGAFFE : une destruction en règle et de principe sur les réseaux sociaux parfois sans avoir jugé sur pièce. Qu’en as-tu pensé ?
Parlant de critiquer sans avoir lu, ça me rappelle un auteur que j’estimais beaucoup et qui a commenté sur Facebook à propos de mon Gaston : «L’argument qui me rend dingue : attendez de lire avant de critiquer. Si on me sert un plat de merde, je n’y goûte pas !». Haha ! C’est fantastique ! Bon, après tu devines que j’ai fait un peu de ménage dans ma bibliothèque !
Quant à Pef, peu importe ce que je pense de son film, j’aurais juste envie de lui faire un énorme câlin. Je trouve qu’il a été traité bien injustement. Certaines critiques ont été d’une méchanceté sans nom. Je ne comprends pas comment les gens peuvent être aussi méchants.
Son film, même si je suis en désaccord avec certains de ses choix et avec le principe même de transposer Gaston avec des acteurs en chair et en os (mais ça n’engage que moi), est tout de même une très honnête et très belle déclaration d’amour à l’œuvre de Franquin. Et pour ça, il mérite d’être salué.
Moi, si je n’aime pas un film, un album de BD, un acteur, il ne me passerait jamais par la tête d’aller sur les réseaux sociaux pour en dire du mal ou le démolir. Mon opinion est une chose très personnelle et même s’il m’arrive parfois de partager des coups de gueule avec mes proches, je sais que je n’ai pas LA vérité. D’autres peuvent aimer pour des raisons qui échappent à ma petite compréhension personnelle et je me dois de respecter ça.
Bref, vaste sujet, mais quand je vois des artistes se faire attaquer de la sorte, ça me met en colère.
LE RETOUR DE LAGAFFE se termine sur une aventure scénarisée plutôt que le séquençage de gags. Était-ce ton choix ou une demande de Dupuis ?
C’est mon choix. Comme tout ce qu’il y a dans l’album (à part un détail ou deux). J’ai été clair dès le départ : faire un album de Gaston m’intéresse, mais pas sous n’importe quelle condition. Si tout le monde commence à se mêler de ce que l’album doit ou ne doit pas être, on ne s’en sortira pas. Et ce sera sans moi. Mais avec l’éditeur, on était vraiment sur la même longueur d’onde et j’ai pu avancer dans un climat de confiance. C’était vraiment super.
J’ai donc pu apporter du mien, notamment avec cette histoire finale où les gags en une planche se lient pour raconter quelque chose de plus grand. Ce procédé, je l’utilise depuis 2005 sur Les Nombrils. Maintenant que j’ai goûté à cette façon de raconter, où il est possible de faire du gag en une page ET une histoire longue en même temps, je trouve dommage de me priver d’un fil rouge. J’ai envie que le lecteur ressente une émotion en refermant l’album et ça, c’est presque impossible à réussir dans un recueil de gags classique.
Un mot sur ton coloriste ?
En plus d’être hyper talentueux, Ben BK est quelqu’un d’absolument adorable. Travailler avec lui est toujours un véritable charme, tant sur Les Nombrils que sur Gaston.
On partage cette vision du travail bien fait, je sens qu’il bosse, qu’il se donne à fond. Et même si la nature de son métier implique de devoir travailler dans l’urgence et de composer avec plusieurs égos, jamais la qualité de son travail n’en souffre. Il a sa patte et en même temps, il s’adapte et est d’une versatilité étonnante. Je ne le dis pas à la légère, pour moi, c’est vraiment quelqu’un d’exception. Une perle rare.
Et maintenant la suite : es-tu en capacité de nous dire si tu travailles sur un nouvel album de Gaston ? Et si oui, avec une pagination plus importante ?
Je vais enchaîner avec un Donjon Parade avec Lewis Trondheim et Joann Sfar au scénario. Autant Franquin m’a marqué à l’enfance, autant Trondheim a été important vers mes 20 ans. C’est notamment grâce à son Lapinot que je me suis remis à lire de la BD et que mon envie d’en faire s’est ravivée. Travailler avec lui et Sfar sera pour moi un incroyable honneur.
Quant à un nouveau Gaston, peut-être. Je laisse l’envie grandir et on verra !
La question finale : plutôt Fantasio ou Prunelle ?
Raaah, c’est vache comme question ! Je suis partagé, j’adore les deux. C’est pour ça qu’ils sont tous les deux dans l’album ! Par contre, Fantasio m’a donné énormément de fil à retordre sur le plan graphique. Dessiner Prunelle est infiniment plus simple pour moi. Alors comme j’aime les défis, je dirais Fantasio !
Intéressant. Mais pas convaincu par les réponses.
Merci pour cette interview.
Salut Fletch/
Pour être convaincu par les réponses encore faudrait-il le vouloir car tu campes sur tes positions (ce que est ton droit le plus absolu). Car en l’état que ce soit ici ou en MP les réponses de Delaf sont des plus honnêtes et dénuées d’arrière pensées. On sent qu’il a mis tout son coeur dans cette interview et je l’en remercie.
Salut Bruce.
Je ne souhaite nullement polémiquer.
J’ai lu avec attention l’interview, que j’ai trouvé très intéressante. Je ne remets pas en cause l’honnêteté de Delaf et d’ailleurs je le remercie de s’être prêté à l’exercice.
Mais tu sais ce que je pense de la sortie de cet album et mes quelques lignes n’avaient que vocation à exprimer le fait que cela ne m’a pas fait changer d’avis. Cela aurait pu, je ne suis pas fermé. Cela ne remet nullement en cause la qualité artistique de l’album, d’autant que je l’ai pas lu, donc là dessus je ne peux m’exprimer.
On dira que je suis un peu sortie de ma réserve et de mon mutisme sur ce nouvel album de Gaston Lagaffe.
Eventuellement je pourrais aussi être un peu déçu de voir autant de réactions sur cet album et tellement moins sur d’autres que nous avons mis en avant (cela fonctionne aussi avec les X-Men Vs comics indé). Mais c’est le jeu ma pauvre Lucette.
Merci pour cette interview éclairante ! Elle est plus que bienvenue car j’avoue ne pas être tombé sur les réactions de Delaf sur les réseaux sociaux. Je suis d’accord avec lui sur de nombreux points : la santé, la légitimité de reprendre ou non, ne pas entacher l’oeuvre originale, ce que pensent les gens, le fait que ce ne soit pas du plagiat, rester imperméable aux critiques, ne pas viser un public cible, ne pas descendre les gens gratuitement sur les réseaux sociaux, les raisons qui nous échappent pour aimer une oeuvre.
Par contre je ne comprends pas pourquoi il faut chercher la personnalité de Delaf dans ce Gaston, une personnalité qui ne transparaît que par instants ? J’aurai personnellement trouvé ça plus intéressant de voir un Gaston par Delaf dans le style graphique de Delaf, des Nombrils.
De la même façon, sa vision de Gaston n’est pas la mienne. Gaston qui développe des applications pour portable, c’est logique pour moi, c’est le bricoleur ultime, et ce quel que soit le matériau de base. Idem pour la définition de trahison.
Je me disais bien aussi, en ayant lu quelques planches, que c’est bien autour de l’album 9 (ancienne numérotation) que ce Retour de Lagaffe fait graphiquement le plus référence. Heureux d’en avoir la confirmation.
Quoiqu’il arrive, je lirai Delaf, puisqu’il fait un Donjon et ça c’est une bonne nouvelle !
Gageons qu’il est encore trop tôt pour qu’un auteur laisse son empreinte : tu as vu le tollé qu’a déclenché cette reprise ? Il a fallu plusieurs années pour Casterman laisse carte blanche à un auteur comme Bastien Vivès pour livrer son Corto Maltese par exemple.
Laisser son empreinte ? J’ai l’impression justement (il le dit lui-même) qu’on y voit très peu celle de Delaf dans ce Gaston.
Quoiqu’il en soit, je n’ai toujours aucune envie de la lire, tout comme je ne lirai jamais les Corto de Vivès.
Superbe interview.
Personnellement moi je me suis bien amusé à le lire. Je me suis posé très peu de questions sur la légitimité en fait. La légitimité vient du public je pense. Si c’est bon ça marche et si c’est moisi ça fait un four comme Gastoon. Alors oui on peut m’agonir de tous les qualificatifs. Je ne suis pas un puriste mais un péquin lambda. Je ne suis pas non plus l’ayant droit de Franquin. On peut ne pas être d’accord avec cette reprise ou la trouver médiocre chacun ses goûts. Les torrents d’injures me dérangent. C’est pas très Gaston…
Oui.
Le succès critique et public sont au rdv pour qui s’est donné la peine de lire l’album.
Bonjour
Je me suis peu posé de questions sur la légitimé de ce livre et je tente de m’éloigner des différentes polémiques ayant rapport avec la pop-culture (Dans un monde tel que le notre, se focaliser sur ce genre de trucs, m’apparait être une sorte de diversion par rapport à l’essentiel)
Pour autant ayant quand même lu la requête de la famille de Franquin, j’en étais resté là…la volonté de la famille est un truc que je respecte.
J’ai donc lu cette interview parce que l’auteur a bien entendu son droit de réponse et le droit d’exprimer son point de vue, sa passion.
Je suis assez raccord avec DELAF qui est malheureusement est pris entre deux feux. C’est pas une place évidente et il se défend bien.
Plutôt que de vitupérer contre un album et un auteur, la communauté de fan de BD devrait s’interroger sur le fait que les super héros ont bien dévié de leurs auteurs, Spirou est un authentique Work for hire ayant son propre « black label » . Lucky Luke, Astérix, Blake et Mortimer, LE RAYON U sont repris, Corto existe en deux temporalités, Il y a douze versions de Conan, PIF revient…
Pourquoi le public cherche à récupérer ces icones ad vitam aeternam dans l’optique de prolonger un temps « béni »?
Quelles icones sont elles crées, quelles sont les dernières à se targuer d’une telle aura?
ça me pose question personnellement.
Give Peace a chance, guys!
C’est un truc qui me turlupine aussi. Pourquoi toujours reprendre les mêmes et faire du neuf avec du vieux ? Pourquoi on ne crée rien de nouveau ? Et si certains essaient, pourquoi ça ne prend pas ?
Jyrille dit qu’il préférerait un Gaston à la Delaf, avec son style de dessin, son humour, et que ce soit ancré dans les temps modernes.
Ok pourquoi pas…mais on peut aussi se demander à quoi ça sert ? Si tu changes le style de dessin, le style d’humour, l’époque…pourquoi le faire avec le perso d’un autre ? Tout va avoir l’air si différent que…autant créer un nouveau truc, non ?
En ce sens je comprends l’idée de mimétisme. Même si là aussi on peut se demander si c’est utile de continuer la série.
Trop de nostalgie tue la nostalgie. Je commence à être fatigué de la reprise d’absolument TOUTES les licences, franchises, que ce soit en BD, au ciné, en jeu vidéo, etc.
Il y a une simple raison au fait de reprendre des franchises et des personnages : ils existent déjà, ils n’ont pas besoin de faire leurs preuves, le public a une idée. Quand tu vas voir un James Bond, tu sais à quoi t’attendre. Quand tu achètes une Mégane ou un Express, tu sais à peu près à quel type de véhicule tu vas avoir à faire. Dans l’industrie, c’est une règle. Tu penses que l’iPhone 14 ressemble à l’iPhone 3 ? En suivant ta logique, l’iPhone aurait dû changer de nom.
Par contre, il est dans la nature de recycler et de faire évoluer des éléments existants. D’où la modernisation, l’évolution selon l’époque, les moeurs, les publics. James Bond reste en ce sens un excellent exemple je trouve.
Créer un nouveau personnage, c’est presque une assurance à ne pas vendre. Cela reste un commerce. Grâce à ces personnages, ces franchises, la compagnie a une assise pour développer d’autres projets (et dans d’autres métiers, c’est exactement pareil : tu as quelques gros contrats que tu essaies de garder au fil des années, ils te permettent d’avoir un budget et de pouvoir tenter d’autres clients à côté).
Je ne pense pas que Thorgal et ses compagnons de vente (Lucky Luke, Astérix…) s’arrêteront un jour.
Est-ce que les artistes d’aujourd’hui ont cette idée de faire des personnages populaires? un perso qui ait une résonnance…
Mortelle Adèle a un gros gros succès.
Titeuf a un gros succès…
des trucs qui qui racontent les affres d’un dépressif dans son salon coincé entre son papier peint et sa TV, effectivement c’est pas porteur.
Les auteurs qui œuvraient pour la presse jeunesse (PIF, Spirou, Tintin, Pilote, A suivre) avaient à cœur de créer des concepts à même de pouvoir devenir populaire. des héros faciles d’accès dans des contextes connus (histoire, genre etc…)
ça existe encore
Sillage est une BD populaire
Cerise est une Bd populaire
Les Légendaires sont une BD populaire
Populaires mais pas universelles. En terme de vente cela n’a aucune concurrence avec les titres dont on parle ici.
Pour UN succès, on a plusieurs moyen succès et tout de suite après le peloton…
Je pense que le carton actuel est MORTELLE ADELE (jeux, coloriage, tête de gondole, livre de mots croisés, magazine etc…) donc ça existe encore…
après j’en ai pas d’autre en tête.
Donc je pense que les ventes doivent être colossales!
TIteuf, Mortelle Adèle sont des personnages relativement jeunes dans l’histoire de la BD et la preuve qu’il existe un certain renouvellement des générations en terme d’icônes.
Les mangas et les animés fourmillent de personnages iconiques qui viennent d’être créées : Arcane, Cyberpunk, Vinland Saga et dernièrement Blue Eye Samourai.
Il y a une autre série qui fait un carton et qui a même eu droit à deux adaptations au cinéma : LES VIEUX FOURNEAUX. Et on y retrouve l’esprit de Gaston je pense, en tout cas moi j’imagine bien un Gaston vieillissant un peu anar évoluant dans cet univers. Je pourrais également citer LE RETOUR A LA TERRE, qui parle de bd, d’édition, qui fait des gags d’une demi-planche, et dont le scénariste a été un des repreneurs d’Astérix.
Ah ! Jamais lu ! Pourquoi personne n’en a jamais parlé ici ?
J’avoue ne pas comprendre ta comparaison avec le manga Bruce…Pour moi tout ce que tu cites sont des succès moyen et pas en mesure de devenir des icones populaires… manga=clivant, adulte/violence=clivant..
Les icones japonaises sont restés à mon avis des trucs comme Goldorak (indéniable), Songoku, Totoro (je suis déjà moins sûr) Oriane me parle de Naruto (qu’on retrouve il est vrai dans pas mal de resto avec les nouilles qui portent souvent son nom)…
Après des trucs qu’on ne peut regarder que par une plateforme ou une autre est déjà un filtre trop important pour vraiment pénétrer la société.
Le manga est l’objet culturel le plus consommé désormais, c’est vrai mais c’est un baobab aux multiples branches qui parfois ne se connectent pas…Le lecteur de Taniguchi n’a pas de connexion avec la lectrice de Yaoï (j’utilise volontairement des clichés…)
Non, ce ne sot pas des succès moyens ou alors (et c’est fort possible), il y a longtemps que tu ne vas pas en conventions. Les cosplayers sont devenus à mes yeux le meilleur indicateur des gouts du public et de leurs impact dans la conscience populaire. J’oublie honteusement L’attaque des Titans qui aura sans nul doute dans la vie de ta fille et la mienne la même place que DBZ ou St Seiya sur la nôtre.
Je ne suis pas énormément en convention il est vrai mais ce sont des ghettos mon amis, On a l’air nombreux mais c’est comme si je te disais que vu le monde au HELLFEST, la Metal tout le monde connait…
La grand public connait dix groupes à tout casser et c’est il est vrai devenu des icones symboles, mais….Je ne crois pas que cela soit une généralité.
Je me souviens t’avoir lu te plaindre des des gamins avec des t-shirts Ramones ou Nirvana alors qu’ils ne savent pas qui sont ces musiciens
Pour moi le cosplay c’est pareil…il y a des modes …et certains de déguisent pour le plaisir…LE COSPLAY est une activité en soi…presque un metier pour certains, éloignés de ce qui est populaire au sens large. il y a eu la mode des « version féminines » et certains ont eu du succès en cosplay parce que le « costume » avait du succès, plus vraiment le personnage, et encore moins l’œuvre derrière.
L’attaque des Titans est un jalon énorme dans la pénétration du manga dans le paysage français comme a pu l’ être DEATH NOTE il y a quelques années.
Moi mon repère ce sont les têtes de gondole des commerçants (qu’est qu’on sait qui va partir comme des petits pains et qu’est ce qui est déclinable jusqu’à la fève de la galette)
Pour l’importance de l’imprégnation de la culture (sous toute ses formes ) pour nos enfants, je ne sais pas. Il faudrait partager nos ressentis les uns les autres autour d’un café.
La période manga de ma fille est malheureusement finie et reléguée avec les playmobils au rang de trucs qu’elle lisait avant d’être « une petite femme » et donc je ne saurais pas dire quel truc restera ou pas dans son cœur.
Elle ne lit désormais que des « dark romances » à la mode… le seul survivant de ses lectures manga c’est LES CARNETS DE L’APOTHICAIRE.
On doit toucher à un problème de société plus profond.
Si je fais mon psy de comptoir je dirais que les gens veulent être rassurés avec des trucs qu’ils connaissent^^ Des valeurs sures.
Mais ils raleront toujours que c’est pas pareil non plus, jamais aussi bien que quand ils ont découvert l’oeuvre originale. Ce qui est…normal en fait.
C’est aussi peut-être dû aux éditeurs qui veulent prendre très peu de risques. Reprendre une licence connue et populaire c’est la garantie d’une surexposition médiatique comme je l’ai vu aujourd’hui au JT de France 2. Sujet sur le FIBD : Astérix et Gaston en tête de gondole. De la même manière que tu les trouves dans tous les supermarchés en plus des librairies. Tu vois rarement Undertaker (très bonne série pourtant) ou WEST à l’entrée de Carrefour ou Super U.
superbe. je lis Gaston depuis une cinquantaine d années et vraiment j ai trouvé cet album jubilatoire ! je serai vraiment déçu si l aventure ce terminait avec ce premier album!!!👌👌👌
Avec Tintin, Gaston était la dernière icône intouchée et de ce fait intouchable.
A cela s’ajoute la dimension socio-politique de Gaston qui en fait une icône de résistance que certains fans ont adopté comme precepte.
C’ets oublier que Gaston était déjà un produit commercial du vivant de Franquin et que celui-ci avait bien préciser dans ses entretiens à Numa Sadoul que Gaston n’appartenait pas au peuple de gauche (très différent de celui d’aujourd’hui) et que son héros avait à vocation à appartenir à tous ses lecteurs.
C’est un très bel album n’en déplaise aux rageux.
Merci de donner la parole à cet auteur.
@Michel et Seb
Merci pour ces retours : ces interviews représentent un travail important d’approche, de mise en confiance, d’élaboration et de transcription. En plus ils sont gratuits et libres d’accès toute l’année.
Et félicitations aussi à toi Bruce pour cette interview. C’est pas forcément un contexte facile pour Delaf ni même pour toi sachant que le sujet est très clivant. En tout cas on sent bien la passion de Delaf. 4 ans de boulot quand même. Je comprends qu’après tout ça il en sorte épuisé et qu’il veuille se donner le temps pour la suite. Je serai au rendez-vous c’est certain si ça arrive.
Oui même di Delaf est souriant, il a été assez meurtri par les tartines de merde qu’ils lui sont tombés dessus.
C’est assez ignoble.
Les réseaux sociaux et autre sachants dans toute leur splendeur. Je n’ose imaginer l’intensité de ce qu’il a du ressentir.
Il a fait tout simplement son travail, avec passion à la lecture de l’itw (d’ailleurs il maitrise son Gaston !!!!) et surtout avec sérieux.
Une série de questions impeccable comme d’habitude avec une entrée en la matière pour une réponse pile entre les deux yeux : je prendrais bien un peu de douceur et de tranquillité.
Pour répondre à la question, ça me fait sourire quand on me taxe de plagiaire ou de faussaire […] Et je suis loin d’être le premier à le faire. – C’es très enrichissant de voir ainsi décortiqué les paramètres qui définissent une reprise, entre fidélité à l’œuvre et adaptation plus libre comme l’ont fait Mathieu Bonhomme ou Blutch pour Lucky Luke.
Une très belle interview qui donne à voir le point de vue de l’artiste rendant hommage à une de ses idoles.
J’ai relu trois Lucky Luke cette semaine : L’evasion des Dalton, La Ruée vers l’Oklahoma et Le Juge. C’était formidable.
Merci pour cette interview ! on sent que malgré sa gentillesse et des réponses, Delaf reste marqué par les torrents d’ignominies dont il a été arrosé. La plèbe inquisitrice n’aura pas manqué de faire savoir jusque sur la lune son avis. Au-delà de l’aspect juridique, je ne demandais qu’une chose : que le reprenant de Gaston colle à l’esprit de ce dernier. Très bonne pioche pour ma part, j’ai adoré l’album sur plein d’aspects. Je ne saurai assez remercier l’artiste pour avoir aussi bien collé à l’esprit Gaston. Quant aux zélotes, ils feraient bien d’aller consulter pour savoir pourquoi ils braillent aussi fort.
Oui, on sent que Delaf a été meurtri tant et si bien qu’il s’excusait hier auprès de moi de ne pas partager l’interview sur son mur pour ne pas engendrer de nouveaux torrents de haine. C’est tellement inacceptable de se faire insulter pour une BD et d’associer Gaston Lagaffe à de la colère, de la haine ou de la tristesse.
Il y a deux BDs que je n’ai pas du tout envie de voir reprises : TINTIN et CORTO MALTESE. Le second a été repris. Je n’ai acheté aucun album de cette reprise, tout simplement. Juste parce que je ne suis pas du tout intéressé (parce que pour moi ces deux séries (TINTIN et CORTO MALTESE) sont intimement liées à leur auteur et à leur personnalité, ce qui fait que j’y vais autant pour TINTIN et CORTO MALTESE que pour Hergé et Pratt). Et il ne m’est strictement jamais passé par la tête d’aller m’en prendre aux auteurs de cette reprise (je ne sais même pas qui c’est). Non mais franchement.
On devrait interdire la haine virtuelle. La sanctionner comme on sanctionne un excès de vitesse.
C’est déjà le cas : légalement, tu n’as pas le droit d’insulter les gens, de promouvoir le racisme, la haine homosexuelle, antisémite etc…
Quels ont été les retours sur les suites de Corto ?
Merci pour cette entretien. J’ai adorée lire cet album.
Merci pour cet autre retour positif.
Je suis content de voir qu’ils sont majoritaires sur cette page.
Cette question finale est terrible Fantasio ou Prunelle, c’est comme Beatles ou Rolling Stones, Chocolatine ou pain au chocolat. (perso, c’est Prunelle car c’est la « star » de mon gag préféré où, invité pour un débat télévisuel sur l’impact négatif des BD sur la jeunesse, il balance en direct un Rogntudju à cause de Gaston)
Belle et dure interview, où l’on sent les cicatrices de l’auteur à la suite des nombreuses attaques qu’il a pu subir. Rien que la première réponse laisse voir qu’il sort d’un long combat et n’aspire qu’à récupérer. On ne peut que lui souhaiter de travailler dans une ambiance apaisée.
Dans 10 ans, LE RETOUR DE LAGAFFE sera considéré comme un classique. Et Delaf remis, sans nul doute, aucun.
Dans dix ans, je parie que plus personne ne verra la différence entre LE retour et un autre tome.
QUI fait vraiment la distinction ( à part quelques connaisseurs) entre les Lucky Luke de Goscinny et ceux d’après (dont certains comme LE PONY EXPRESS, SARAH BERNHARD, LES DALTON A LA NOCE sont de vraies réussites) les SCHTROUMPFS de Peyo et ceux de son fils… même ASTERIX etc…les gamins mélangerons classiques et modernes sans distinction grâce à ce joyeux bordel que constituent les bibliothèques municipales qui ont toujours tout et n’importe quoi dans leurs stocks… Le temps aplanit tout.
tiens dans les franchises qui n’ont plus de sorties depuis la mort de leurs créateurs (seuls ou ensemble) je crois qu’on peut compter BLUEBERRY…(à moins que je ne me gourre)
Non en effet, Blueberry n’a pas vraiment été repris. Mais il y a tout de même un nouveau tome qui a été fait par Blain et Sfar.
bedetheque.com/serie-67863-BD-Blueberry-Blain-Sfar.html
On attend la suite d’ailleurs puisque l’histoire n’est pas terminée.
Je dois être un extraterrestre ? Suis-je le seul à accorder plus d’importance à un auteur qu’à un personnage ? J’ai arrêté Lucky Luke et Astérix trois albums après le départ de Goscinny. Les Shtroumpfs après Peyo. J’ai lamentablement tenu THORGAL jusqu’au départ de Rosinsky et si c’était à refaire j’arrêterai après celui de Van-Hamme. J’ai même arrêté Spirou après le départ de Franquin.
Quand je passe devant un rayon où il y a les nouveaux Corto Maltese, je n’ai même pas le réflexe de les feuilleter ni même de regarder qui les a fait parce que, pour moi, c’est une oeuvre issue de la personnalité, de la culture, des voyages et du vécu de leur auteur originel. À ce moment-là, je préfère me retourner vers une oeuvre différente.
Même dans les comics ongoing, je suis à la recherche d’un auteur qui corresponde à mon univers, à mes désirs de lecteur (c’est tout de suite compliqué parce que du coup il faut forcément essayer plein d’auteurs, voire plein d’époques pour le savoir).
@Tornado
Et bien tu dois quand même avoir un « fond jusque boutiste » assez rare oui.
L’exemple de Lucky Luke est intéressant:
Goscinny est mort en 1977..
J’ai connu Luke une page à la fois dans la dernière page du journal (que je découpais) Nord Eclair…
Donc mon premier souvenir du cowboy, Goscinny est déjà mort. c’était Sarah Bernhard il me semble et mon premier album c’était FINGERS, les Goscinny, c’était ceux de mon grand frère.
La première approche d’une BD est primordiale pour un lecteur
autre exemple rigolo..je n’aime personnellement pas particulièrement les Spirou de Franquin, j’ai commencé à collectionner ceux de Tome et Janry…
après il y a des séries qui sont quand même connectées « viscéralement » à un auteur. Pour Pratt, ses BDS étaient des carnets de voyages intimes, que peuvent bien raconter d’autres voyageurs qui ne pourront jamais témoigner de son enfance n Ethiopie italienne. Franchement je ne sais pas..
ça ne m’intéresse pas de toute façon (comble de l’horreur Bastien Vivès est sur l’une des deux séries… )
d’autres séries ont mis en avant des personnages qui ont dépassé leurs auteurs.
Je me permet de replacer un texte que j’ai rédigé. Monsieur Delaf se place en victime alors qu’il piétine une oeuvre avec la bénédiction (très intéressée) des détenteurs des droits commerciaux et contre le droit moral (c’est à dire la volonté de l’artiste qu’il prétent apprécier; André Franquin).
« Il y a conservateur et conservateur ».
Face aux réactions épidermiques provoquées par la poursuite de la série Gaston par le groupe Media-participations, des partisans de la reprise présentent ses détracteurs comme de vieux conservateurs, hostiles à toutes nouveautés et désirant préserver leurs souvenirs de lectures passées. Or, ce qu’ils décrivent est très précisément la démarche entreprise par Dupuis/Média-Participations : fétichiste (reprise obsessionnelle du graphisme), régressive (placer le personnage dans un « Age d’Or ») et ancrée dans leur loi des séries flattant le lectorat le plus frileux.
Cette démarche est en totale opposition à celle, évolutive et progressiste, de l’artiste original, André Franquin, qui n’a pas cessé de dessiner au présent, de critiquer son travail passé, et d’être bienveillant pour la création à venir, surtout celle des autres. Un artiste qui n’a pas arrêter de dire aux auteurs de bande dessinée: « faites votre propre création » et qui a dit – à tous ceux qui veulent bien le lire ou l’entendre – qu’il désirait que son personnage ne lui survive pas sous la mine (on ne parlait pas encore de palette graphique) d’un tiers. Jean-François Moyersoen, le contractant avec André Franquin de la cession des droits d’exploitation de Gaston étant le premier à reconnaitre cette volonté nette et précise.
Personne de sensé ne s’étonnera donc que l’ayant-droit morale s’insurge contre cette triste politique (éditoriale) de reprise qui est une véritable idéologie mortifère. Celle-ci n’est pas affichée et, circonstance aggravante, n’est sans doute pas consciente de la part des acteurs à la tête de ce groupe. Honorer les actionnaires est devenu la sacro-sainte norme partout même chez les catholiques de droite (Média-Participations/groupe Ampère a absorbé Dargaud, Lombard, Dupuis, Fleurus et les éditions du Triomphe). La loi du silence prévaut chez ses décideurs, éditeurs et auteurs, que celle-ci soit exigée ou acceptée tacitement. Et on ne peut certainement pas attendre de nombreux journalistes en charge de la rubrique « BD », engoncés jusqu’au cou dans les conflits d’intérêts, de tirer la sonnette d’alarme.
Que ce Gaston 2.0. devienne une des mascottes de Média-Participations est un violent détournement – intellectuel et culturel – d’une oeuvre originale, ouverte et progressiste. Gaston, ce grain de sable dans la machine bureaucratique, cet empêcheur de fixer la vie dans des contrats, ce créateur d’accidents heureux est aujourd’hui en passe d’être complètement neutralisé par ses exploitants commerciaux. C’est une entreprise de corruption de l’oeuvre qu’ils avaient pourtant pour mission de valoriser et de protéger.
Depuis plus d’une année, je lis avis et contre avis sur cette BD et ça devient pas devenir démesurée à une époque où les combats dépassent largement la sphère de la pop-culture bien dérisoires face aux défis que nous devrions tenter de relever.
Pour ce qui de l’auteur DELAF, hors de question pour moi de le considérer comme un cynique dévoué à la solde du capital-tout puissant (on l’est tous un petit peu en tant que consommateurs de BD de toute façon). Ce n’est pas ahurissant qu’il ait voulu faire un hommage vibrant à un personnage qu’il a adoré et à son univers en animant le temps de quelques vignettes les rages de Prunelle, les trognes de Longtarin et cet air perpétuellement confus d’un Gaston qui ne sait faire autre ment que de provoquer des accidents.
Il n’est pas non plus déconnant de voir les ventes décoller à la fois grâce à un marketing habile, mais aussi au besoin du public de renouer avec une icone qui peut nous faire sortir un peu notre esprit de cette merde quotidienne qui nous surplombe.
Il est absolument gerbant de voir toute cette haine qu’il doit affronter depuis qu’il a osé toucher l’icône…cette idolâtrie a quand même quelque chose de malsain en soi aussi. Ces procès d’intentions, ça devient bizarre.
Du cynisme calculateur de l’éditeur? là non plus je n’ai pas de doute, mais c’était déjà le cas dès qu’il a fallu faire vivre tous les autres personnages au delà du décès des auteurs.
La solution, c’est Coluche qui l’avait: « Il suffirait que les gens n’achètent pas pour que cela ne se vende pas… »
Cet album existe, qu’on l’approuve ou pas. Ne l’achetez pas, vous avez de bonnes raisons valables et justifiables.
Le reste regarde chaque lecteur et son porte-monnaie.
Merci d’avoir posté cet avis, dissonant mais argumenté.
Je serai moins sévère, plus naïf ou cynique que vous : Gaston était déjà une marchandise de Franquin, cette histoire de contrats est aussi à l’image de beaucoup d’artistes qui disent une chose et en font d’autres et pour finir, rappelons que Dupuis vend des BD et non des armes.
Certes ils se font de l’argent, mais quelle maison d’éditions assise sur une poule aux oeufs d’or ne ferait pas de même ?
L’album est bon, un éditeur et un artiste peuvent vivre de leur métier à une époque où le marché du livre est si fragile.
Voir un gamin qui lirait un Gaston dans un train, même repris, plutôt que de scroller sur son phone, c’est ce genre de petite victoire comme Franquin les affectionnait.
J’avais suivi de loin le tumulte de ces rebelles sans cause qui s’énervent pour rien. Faut vraiment être arrivé au bout de ce qu’on avait prévu de faire de cette vie pour passer du temps sur cette affaire.
Heureux d’avoir lu cette interview qui revient finalement sur l’essentiel.
Je comprends le choix de certains, quand il est énoncé clairement sans faire parler les morts.
Est-ce que j’achèterai l’album ? J’en sais rien, probablement pas, mais s’il me tombe entre les mains, je ne hurlerai pas à la mort, pire, bouchez vos oreilles, je le lirai avec curiosité.
D’accord avec tout ce qu’a dit Eddy Vanleffe, le temps poncera toutes ces échardes ridicules.