Nobody Saison 2 : Une interview de Christian De Metter
Une interview menée par BRUCE LIT1ère publication le 13/09/21 – MAJ le 12/12/21
Voilà des années que l’on vous le claironne chez Bruce Lit : lire du Christian De Metter, c’est l’assurance d’un rendez-vous avec de l’excellence et de l’originalité au royaume pourtant surchargé du thriller.
Cette deuxième saison de NOBODY n’alourdit pas notre mélodie du bonheur et c’est avec la plus grande simplicité que De Metter nous répond pour ce nouvel entretien.
NOBODY SAISON 2 traite de la disparition d’une enfant dans l’italie des années 70 sous fond d’attentats des brigades rouges. Politique, histoire et secrets de famille vont constituer le drame de ce récit choral qu’il est possible de lire indépendamment de NOBODY SAISON 1.
Les deux sont parues dans de belles éditions chez Soleil / Noctambule.
De Metter a joué le jeu de l’interview généreuse en fournissant des planches inédites et à venir de son prochain album. Merci à lui.
Bonjour Christian. La parution de NOBODY, SAISON 2 s’est étalé sur 2 ans entre 2019 et 2021. Que ressens-tu à la fin de ce cycle ?
Quand j’ai fini ce dernier album, j’ai ressenti un gros soulagement, pour mille raisons. On a toujours la crainte de ne pouvoir finir ce genre de projet qui fait finalement 300 pages lorsqu’on réunit les trois tomes. L’éditeur peut abandonner le projet en cours de route ou nous nous blesser ou tomber malade. J’ai toujours cette crainte de ne pouvoir boucler un projet. Et puis, c’était une histoire compliquée à mettre en place et parvenir à la fin c’est quand même assez gratifiant. Les premières réactions sont primordiales. Les quelques critiques de la saison une avaient été plus que positives alors j’appréhendais un peu pour cette seconde saison. Visiblement on est sur le même type de retours. C’est pour l’instant également très positif.
Tu écris, colorises et dessines. Est-il facile de garder le même trait durant 3 ans ?
Pas toujours simple d’autant que j’ai du faire un autre livre entre temps. Entre deux tomes de NOBODY, j’ai réalisé l’adaptation de « COULEUR DE L’INCENDIE » de Pierre Lemaitre et deux trois travaux d’illustrations (le dico du polar de Pierre Lemaitre et un recueil d’illustration pour le coffret les ENFANTS DU DÉSASTRE de… Pierre Lemaitre également). Garder le même trait est effectivement un problème dans ces conditions car j’ai tendance à changer de style d’un projet à l’autre mais étant donné l’intensité du travail ces dernières années mon trait est peut-être moins différent entre chaque univers.
La pandémie nous a contraints à la réclusion et l’introspection. Penses-tu que ces confinements successifs auront un effet sur ton travail à venir ?
En ce qui me concerne, pas du tout. Le confinement, c’est ma vie depuis assez longtemps comme pour beaucoup d’auteurs et autrices de bande dessinées. Pour moi rien n’a changé. Pas même ma vision pessimiste du monde et de son « évolution ». Par contre j’ai quelques scénarii en mode « black miror » que je ne pourrais plus réaliser, la réalité ayant rattrapé ma fiction. Mais heureusement (ou pas…) j’ai d’autres scénars sous le coude.
Le ton de NOBODY SAISON 2 est très différent de la première saison avec des situations violentes, dramatiques et politiques mais aussi des personnages gaffeurs, aussi à côté de la plaque que les Dupondt. Serais-tu d’accord pour dire que tu as écrit un thriller tragicomique ?
Effectivement, je voulais un peu flirter avec les comédies italiennes des années 70’s où le tragique rebondit sur la comédie. Ce qu’on peut trouver dans certains films d’Alberto Sordi ou Dino Risi. Je n’arrive pas à écrire de réelle comédie pour le moment, j’ai quelques scénars qui prennent cette voie mais que je n’ai pas encore développés. Mais le noir prend vite le dessus. Je tente petit à petit des choses. Cette histoire, et surtout certains personnages, me permettait de m’y risquer un peu.
Après les seventies États-Uniennes, tu as décidé de centrer ton action dans l’Italie des Brigades Rouges. En quoi cette époque te parle ?
Comme le dit un de mes personnages « si tu veux comprendre ton présent il vaut mieux bien connaître ton passé afin d’ envisager l’avenir ». C’est une époque que l’on croit connaître mais le prisme est souvent mauvais ou biaisé. Le commun des mortels te dira que les années 70’s en Italie sont marquées par les attentats de l’ultra gauche. Or, on sait aujourd’hui qu’une partie de ces attentats pour ne pas dire la plupart a été faite en « false flag » ou « drapeau adverse » en bon français, c’est à dire que l’extrême droite plaçait des bombes et faisait porter le chapeau à l’adversaire. Le but était de créer un sentiment d’insécurité tel que le peuple lui même attendrait des mesures autoritaires de la part de leur dirigeants. D’ailleurs doit-on s’étonner qu’un des fondateurs des brigades rouges ait commencé sa « carrière » à Jeune Europe, c’est à dire plutôt de l’autre côté de l’échiquier. Bref une période que l’on peut mieux comprendre si l’on connait « gladio » le « stay behind » ou encore « l’aginter press ». Mais je crains que cela soit assez peu grand public. C’est pourquoi je parle de ces choses-là dans cette seconde saison, pour inviter les lecteurs les plus curieux à se renseigner et à se faire une idée par eux même. Encore une fois, le passé peut éclairer le présent.
La série NOBODY est assez politisée. Aussi bien dans les décors que le contexte socio-politique, ton travail de documentation est remarquable….
J’essaye. Je lis pas mal de livres concernant la période que je traite, j’essaye de voir un maximum de films tournés à l’époque et si possible dans les lieux que je vais visiter. Ça me donne une vision un peu générale de l’époque que j’essaye de retranscrire sans trop tomber non plus dans la reconstitution. Je recherche plus l’évocation. J’ai bien conscience de ne faire que de la fiction et mon but est tout de même de divertir les gens, et si possible de les amener à se poser des questions, mais pas de leur amener des réponses (je ne les ai pas). Je me sens des affinités avec le travail de monsieur Costa Gavras, par exemple. Encore une fois décortiquer des événements passés peut aider à comprendre des choses actuelles. L’Histoire bégaye plus qu’on imagine.
Ton héros le commissaire Gianni Sordi a une gueule à la Lino Ventura...
Gianni est un homme « à la Lino Ventura », un homme droit, un homme du siècle dernier, avec des repères et des valeurs et qui s’y tient, valeurs pour lesquelles je me sens d’ailleurs quelques affinités. On dit blanc on fait blanc. Gianni, c’est aussi un type qui ne connait pas totalement son histoire personnelle passée et qui risque donc de faire mal ou de comprendre de travers, notamment concernant son frère. La petite histoire en parallèle avec la grande, c’est quelque chose que j’aime faire, des sortes de mises en abyme. Je l’ai fait également avec le foot. La Lazio face à la Roma. Lazio plutôt estampillée extrême droite et la Roma plutôt gauche bourgeoise. C’est l’Italie des années 70’s qui se joue sur un terrain de foot. J’infiltre également un joueur de la Lazio dans l’équipe de la Roma de la même façon que je décrivais plus tôt les attentats en « false flag ». C’est l’idée, je décris à l’échelle de la nation je le reproduis à l’échelle des gens. Je creuse la vérité d’une nation en creusant la vérité d’un ou de quelques individus. Dans la première saison de NOBODY, je décrivais la « fabrication » d’un schizophrène, un personnage qui subit la double contrainte et l’injonction paradoxale, afin de parler d’une société de plus en plus schizophrène, selon moi.
Ces derniers mois ne vont pas me faire changer d’avis. Par exemple avoir l’obligation légale d’avoir un gilet jaune dans sa voiture, pour des raisons de sécurité, mais de se voir contrôlé, verbalisé voire finir en garde à vue lorsque la police trouve un gilet jaune dans votre voiture aux alentours des manifestations. L’exemple le plus courant que l’on trouve dans l’école de Palo Alto, qui a travaillé sur ces injonctions paradoxales menant à la schizophrénie, est « soyez spontanés ». Si on obéit on ne peut être spontané et si on s’y oppose non plus. Et il y a beaucoup d’autres situations de ce genre dans notre monde actuel en particulier dans le monde du travail.
NOBODY SAISON 2 est-elle ton exploration des doubles ? Gloria et la petite fille handicapée, les jumeaux footballeurs mais aussi Marco le flic et Matéo le criminel qui sont des personnages assez proches.
L’identité est un thème récurent chez moi. Qu’est-ce qui fait l’identité d’un individu ? Le physique, sa culture, son hérédité, le parcours de vie, les choix bons ou mauvais, les traces que l’on laisse ? Ou tout simplement le regard que l’autre porte sur vous, juste ou injuste ? On n’existe que dans le regard des autres et on est donc soumis à ce jugement de l’autre qui ne vous connait que partiellement et qui vous juge simplement sur votre aspect physique ou sur des choses qu’il sait ou croit savoir de vous. L’identité est un truc assez injuste en fait (rire). Vous pouvez construire une vie entière sur des valeurs et faire une grosse erreur un jour ou mourir de façon ridicule et vous serez définitivement vu sous ce prisme. Ce sera ce que j’appelle personnellement votre point Q, le point culminant de votre existence qui résumera ou entachera l’ensemble de votre vie. Ici j’ai un personnage dont la vie change lorsqu’il rate un pénalty enfant. Dès lors son entourage le voit comme le loser et il se vivra comme tel et donc ratera à peu près tout dans sa vie puisqu’il se voit lui-même comme un loser jusqu’à ce que le destin lui fasse endosser le rôle d’un autre, un winner, via une usurpation d’identité. Et il fait gagner son équipe en étant cet autre, il réussit. Mais personne ne sait que c’est lui, le loser, pour le public, il est l’autre.
L’imposture (FIGUREC), la dissimulation (AU REVOIR LA-HAUT), les enlèvements (SHUTTER ISLAND), l’articulation entre les drames intimes et historiques (MARILYN), tout ça est au centre de NOBODY et de ton œuvre. En as-tu conscience ?
Tout à fait. La vérité est la notion, la thématique, qui suit ou complète mon travail sur l’identité. Tous mes scénars ne sont pas encore sortis, et ne sortiront peut-être jamais, mais j’y creuse souvent cette notion de vérité au sein d’une famille, d’un couple, d’un individu et souvent mise en parallèle avec cette notion portée à une échelle plus grande, celle d’une nation ou d’un fait historique. Cette notion est malmenée par le mensonge, par la dissimulation, pour de bonnes ou mauvaises raisons, par l’imposture, ou encore la simple méconnaissance et cela a des conséquences fortes forcément. ROUGE COMME LA NEIGE est la première histoire où je mêle la vérité d’une famille à celle de la grande Histoire à travers le massacre (et non la bataille comme mensongèrement enseignée pendant longtemps aux USA) de Wounded Knee.
L’action de cette deuxième saison se déroule sur deux jours avec leurs horaires de chacune de tes scènes. Le complot politique s’entremêle à la recherche d’une petite fille disparue. C’est l’influence de la série 24 sans le côté superflic de Jack Bauer ?
Je n’ai jamais vu cette série, pas un seul épisode, donc je ne peux pas dire. Non, c’est juste un truc pour instaurer du stress et du rythme ainsi que quelques repères. Des repères pour moi au moment de l’écriture plutôt complexe pour cette saison, et pour le lecteur, puisque je fais quelques allers-retours dans la timeline. D’ailleurs je me suis trompé dans une date, je mets à un moment donné mercredi 23 au lieu de 22 ou 24 je ne sais plus, un truc comme ça.
Quelles sont les séries actuelles qui éloignent Christian De Metter de sa planche à dessin ?
Je m’autorise depuis environ deux trois ans une pause le midi pendant laquelle je regarde un épisode d’une série avant de retourner travailler. Je me suis rendu compte que je craignais perdre une heure sur mon temps de travail mais en fait cela m’apporte tellement de bonnes choses que l’effet est plus que positif car cela m’aide finalement à garder le rythme dans le boulot au long court qu’est la bande dessinée. Et le format des séries me convient parfaitement. 45 minutes avec une forte envie de retrouver les personnages le lendemain. Bref, c’est fait pour moi et mon rythme de travail (rires). Alors tout récemment j’ai vu BOSH, THE CHAIR, et les SOPRANOS que je n’avais pas encore vu. Actuellement SNEAKY PETE, mais auparavant les PEAKY BLINDERS, THE MAN IN THE HIGH CASTLE, KILLING EVE, BRON, THE KILLING (pas la version us), etc. J’en oublie. Et je compte regarder à nouveau THE WIRE bientôt.
Tu as choisi d’entremêler deux intrigues : l’histoires de Gloria et des jumeaux pour en faire un gigantesque récit choral. C’est une prise de risque de compliquer ton intrigue, non ? Il y avait largement la possibilité de scinder le récit et d’en faire une saison 3.
C’est un choix d’offrir un univers riche et complexe. Je pense qu’aujourd’hui on consomme la lecture, les films, la culture en général un peu comme on mange chez macdo. Plutôt la quantité que la qualité. On passe souvent à côté de ce qu’il y a dans une histoire (si c’est une fiction), le deuxième voire troisième niveau de lecture. On juge et on passe à autre chose et on oublie. Moi le premier et j’essaye de me corriger. Dans mon travail j’essaye modestement d’offrir quelque chose de riche qui force à prendre le temps de lire voire « d’enquêter », de faire des recherches, d’y revenir plus tard quand on pense avoir loupé des détails, j’essaye d’ailleurs souvent de faire en sorte que les gens reprennent tout le livre pour re-checker l’information que je livre en toute fin, j’essaye aussi d’offrir plusieurs niveaux de lecture, etc. Je crois aussi que les gens lisent ou voient tellement de choses qu’ils pensent avoir déjà tout vu alors j’essaye de surprendre ou de déstabiliser un peu. Normalement le début de l’épisode 2 doit surprendre un peu le lecteur ou la lectrice. Il doit se dire : « hein ? c’est quoi ça, c’est qui ce gars ? ». Faire en sorte qu’ils soient suffisamment intrigués quant à la possibilité de relier toutes ces histoires au final pour l’accrocher. C’est risqué, on peut perdre les lecteurs en route mais si on réussit son coup je pense qu’on peut offrir un moment un peu marquant. J’essaye.
NOBODY reste incroyablement bien rythmé avec ces allers-retours entre passé et présent. Le seul personnage que j’ai trouvé sans grande consistance est le négociateur Douglas Pears qui finalement ne bosse pas beaucoup….
C’est en fait un personnage qui contrôle mais n’agit pas effectivement, il est à l’opposé des autres personnages qui sont dans l’action, exécutent des plans, courant après le temps. Difficile d’en parler sans spoiler… Je pourrais parler de l’affaire Aldo Moro mais j’en dirais trop, je crains.
En fin de récit, tu fais intervenir un nettoyeur impitoyable fan d’Elvis. Une déclaration d’amour aux frères Coen ?
Sans doute. Le fait de vouloir flirter avec le tragi comique fait qu’on utilise des ingrédients dans la recette qui ont été déjà utilisés et qui ont fait leur preuve. Je ne sais plus si c’est la banane qui m’a amené à en faire un fan d’Elvis ou l’inverse. C’est comme l’oeuf et la poule. La banane ou Elvis, qui est arrivé en premier ?
De tous les personnages de cette SAISON 2, Gloria la petite fille est finalement la plus mature, la seule à sembler comprendre le fonctionnement du monde. Quel genre d’enfant as-tu été ?
Ha Ha. Du genre à bien comprendre ce qui se passe autour de moi mais aussi très immature sur d’autres côtés. Avoir des enfants aide souvent à comprendre quel enfant on a été. A mon époque les parents ne cherchaient pas à comprendre ou à aider, on était dans deux mondes séparés, celui des adultes et celui des mômes. Mais aujourd’hui on est plus à l’écoute. Est-ce bon, je ne sais pas. Il y a sans doute du bon et du mauvais. Mais du coup on comprend des choses sur soi par transposition. J’étais déjà solitaire, beaucoup dans ma tête où je créais des histoires pour mes jouets, j’inventais des jeux aussi pour jouer seul et je dessinais tout le temps. Sans doute pour fuir un peu ce que je percevais du monde autour de moi. Je pense que je continue de fuir en vivant la majorité du temps au sein des fictions que j’imagine. Par contre je cherche à comprendre le monde à travers ces fictions, pas à le ré-inventer.
Il est aussi beaucoup question d’auras. Crois-tu en des forces invisibles ?
Arf… oui et non. Je suis à la base plutôt cartésien comme on dit. Maintenant j’ai été témoin ou j’ai vécu pas mal de trucs qui m’ont fait prendre conscience que ce que l’on connait, ce que l’on voit n’est sans doute qu’une infime partie de notre monde, de nos existences. Je suis un instinctif et j’essaye de garder cela y compris dans mon travail. Et je fais plutôt confiance à mon instinct sans pour autant le suivre aveuglement. J’essaye d’avoir un équilibre entre l’instinct et la construction, la maîtrise. Je savais instinctivement que cette histoire de jumeaux dans le foot était bonne pour cette histoire d’enlèvement et c’était pas gagné d’avance. Après il a fallu construire mais c’est d’abord l’instinct qui m’y a conduit. Je fais beaucoup de musique et l’improvisation y est primordiale pour moi. La majorité des morceaux qu’on écrit, quand on est autodidacte, vient d’impros. Très peu sont imaginés et composés intellectuellement. A peine 10% en ce qui me concerne, peut-être. J’essaye de retrouver ça dans le dessin ou l’écriture. Mais sur ces questions de forces invisibles, je n’ai ni certitudes ni réponses, sans doute quelques affinités avec des manières de percevoir les choses. J’ai d’ailleurs un scénario là dessus qui ne sortira sans doute jamais (rires).
Quels sont tes projets ? Il y aura une saison 3 de NOBODY ?
Actuellement je suis vers la partie finale de mon adaptation de « La nuit des temps » de Barjavel, ensuite j’enchaînerai avec « Miroirs de nos peines » de Pierre Lemaitre. Deux gros bouquins d’environ 160 pages chacun. Après ça… j’ai des tonnes de scénars en cours mais aucun ne s’est totalement imposé pour le moment. Je sais que je ne veux plus faire d’adaptations. Beaucoup d’éditeurs me le demande mais j’en ai un peu assez. La peinture m’attire depuis longtemps, pas ce que je fais actuellement pour me détendre mais vraiment creuser ce médium. Le problème est que j’aime beaucoup la bande dessinée, inventer des personnages et des histoires, mais la somme de travail pour réaliser l’ensemble est parfois décourageant. C’est aussi beaucoup à cause des rythmes qu’on nous impose ou qu’on s’impose soi même. Si je peux travailler plus tranquillement, je continuerai sans doute la bande dessinée. Pour NOBODY, j’ai du matériel pour beaucoup d’histoires mais pour le moment rien ne s’est décidé. Je ne sais pas si l’éditeur souhaite continuer ni moi d’ailleurs. Mais j’ai une histoire qui se passe dans l’univers du rock qui me tient très à coeur. J’ai d’ailleurs écrit et enregistré des centaines de morceaux pour le groupe que j’ai imaginé. J’aimerais bien aller au bout. C’est NOBODY compatible, ou pas. J’ai le choix. J’ai aussi une histoire érotique qui pourrait être jolie, je crois. Deux trois projets plutôt SF. Plein d’histoires polar/noir et de rares tentatives de comédies. Bref, j’ai le choix. Trop. C’est mon souci d’ailleurs.
La tradition veut qu’un morceau musical serve de BO à l’article. Je te laisse choisir le tien.
Mes goûts vont naturellement vers le rock de cette époque, les BOWIE, LED ZEP, etc. Mais je ne suis pas sûr que cela collerait totalement à cette histoire. Par contre un morceau qui s’en approcherait serait très certainement « SVALUTATION » d’Adriano Celentano. D’ailleurs un de mes personnages s’inspire un peu, de loin, de Celentano.
Formidable interview, comme je les aime : des réponses généreuses, et un questionnaire accessible, tout en étant spécifique à l’œuvre et à l’auteur.
En vrac, les questions auxquelles je n’aurais pas pensé mais qui me sont apparues comme une évidence après les avoir découvertes :
– Tu écris, colorises et dessines. Est-il facile de garder le même trait durant 3 ans ?
– Serais-tu d’accord pour dire que tu as écrit un thriller tragicomique ?
– Ton travail de documentation est remarquable…
– L’imposture, la dissimulation, les enlèvements, l’articulation entre les drames intimes et historiques, tout ça est au centre de NOBODY et de ton œuvre. En as-tu conscience ?
– Crois-tu en des forces invisibles ?
Formidable interview, comme je les aime : des réponses généreuses, et un questionnaire accessible, tout en étant spécifique à l’œuvre et à l’auteur.
En vrac, les questions auxquelles je n’aurais pas pensé mais qui me sont apparues comme une évidence après les avoir découvertes :
– Tu écris, colorises et dessines. Est-il facile de garder le même trait durant 3 ans ?
– Serais-tu d’accord pour dire que tu as écrit un thriller tragicomique ?
– Ton travail de documentation est remarquable…
– L’imposture, la dissimulation, les enlèvements, l’articulation entre les drames intimes et historiques, tout ça est au centre de NOBODY et de ton œuvre. En as-tu conscience ?
– Crois-tu en des forces invisibles ?
Pour les réponses, j’ai énormément apprécié les développements sur :
– La crainte de ne pouvoir finir ce genre de projet
– L’interruption par un autre projet
– Les premières réactions sont primordiales.
– Inviter les lecteurs les plus curieux à se renseigner et à se faire une idée par eux même. Encore une fois, le passé peut éclairer le présent.
– Ce que l’on voit n’est sans doute qu’une infime partie de notre monde, de nos existences.
– Offrir quelque chose de riche qui force à prendre le temps de lire voire « d’enquêter », de faire des recherches, d’y revenir plus tard quand on pense avoir loupé des détails
J’en suis déjà à ma 2ème lecture de cette interview, et je suis sûr que je la relirais, tellement elle est intéressante et riche. Merci beaucoup.
Ma foi, vu que tu répètes deux dois que l’interview est formidable, je veux bien croire qu’elle t’ait plu 😉
Merci pour ce retour détaillé, ça fait toujours plaisir au vu du boulot que demande une interview.
Considérons ça comme un cadeau d’anniversaire.
Merci pour cette interview. Beaucoup de références TV et cinématographiques qui me parlent (les frères Coen, Costa-Gavras) et d’autres pas du tout (les comédies italiennes). En ajoutant le travail de recherche mené par l’auteur, on perçoit un ouvrage à la fois gigantesque et personnel avec cette thématique de l’identité chère à Christian De Metter..
Tu lis un peu de Francobelge ?
L’esthétique très américaine de De Demetter devrait plaire au fan de comics que tu es.
Bon boulot pour li’nterview boss.
cette période de l’Italie 70’s peut être passionnante…
couette BO, un des héros de le jeunesse de ma mère…
les gens d’origines italiennes étaient nombreux dans les vieux Roubaix et Tourcoing et leurs chanteurs très populaires chez nous…
Et bien tout ça me fait penser que je ne me suis pas encore offert la saison 1. Faudrait que j’y pense pour les fêtes de fin d’année, tiens…
L’ITW est passionnante mais la vraie surprise pour moi a été la BO ! Mon histoire personnelle fait que je suis un bon connaisseur d’Adriano Celentano (sorte de Johnny Halliday italien, en plus doué (il est auteur-compositeur-interprète ET musicien)) et un fan de ce qu’il a enregistré dans les 70’s. On l’a complètement oublié aujourd’hui mais Adriano était une star jusque chez nous dans les années 70. Et comme il jouait aussi la comédie, ses films étaient toujours des événements lorsqu’ils passaient à la TV. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi sa notoriété en France s’était soudain évaporée.
C’était l’idole de mon grand frère qui achetait tous ses disques, et lui aussi aujourd’hui a complètement zappé ce passé… Il n’y a plus que moi qui l’écoute encore !
Je ne me suis par exemple jamais lassé de sa reprise de STAND BY ME (en italien, parce qu’il chantait aussi en anglais), la plus belle version pour moi : https://www.youtube.com/watch?v=DuLBNUzyad8
Son album le plus fameux est SVALUTATION, un superbe mélange de rock, de folk et de disco ! Un chef d’oeuvre : https://www.youtube.com/watch?v=op8-B5NtQtM
On parle aussi de protorappeur pour des titres scandés, dont le plus célèbre est l’hallucinant Prisencolinensinainciusol : https://www.youtube.com/watch?v=Y5up86JJD5s
Bon sinon elle a l’air aussi chouette que la 1° cette saison 2…
Et pour l’adaptation de LA NUIT DES TEMPS 160 pages seulement ? C’est quoi, un résumé ?
C’est vrai que l’on en parle plus de Celentano. Je savais que cette BO te parlerait. Mes parents l’écoutaient souvent aussi.
Ma foi je ne serais pas contre un Top10 pour une MAJ.
Je ne sais rien du projet sur LA NUIT DES TEMPS.
une piste de reflexion:
je ne peux décrire les années 70
mais je me souviens quand même très bien des années 80 où l’on pouvait entendre assez facilement de l’italien, de l’espagnol, de l’anglais, de l’antillais, de l’allemand et même des langues africaines en écoutant la radio…
(et après des millénials viennent me parler de décennie officielle du racisme/sexisme etc…)
les années 90 et les 40% de chansons françaises obligatoires n’ont pas fait de tort aux stars confirmées américaines ou britanniques mais à tout le reste…
la sacralisation du clip made in MTV a aussi détourné le pognon vers ce qui rapportait le plus…
Grosse interview, avec des réponses généreuses, c’est cool quand l’interlocuteur a du répondant !
Je crois que la totalité des De Meter que j’ai lus étaient empruntés en médiathèque.
Mais je le connais mieux que Adriano Celentano, dont j’aurais du mal à ébaucher la discographie…
Magnifique interview, rythmée et riche en enseignements. Je n’ai toujours pas lu de De Metter et pourtant à chaque fois que je lis un article ici j’ai très envie : les planches sont splendides et les réflexions de l’auteur me parlent totalement. D’ailleurs il faut que je regarde BOSCH. En ce moment, je regarde YEARS AND YEARS, de la politique fiction, un peu SF, entre Black Mirror et S.O.S. Bonheur. C’est étrange : elle est sortie en 2018, elle annonce la réélection de Trump (la série suit une famille anglaise à partir de 2020, là j’en suis à 2027, plus qu’un épisode) mais bien sûr pas le Covid. Par contre elle prévoit bien les pluies torrentielles. Bref, tout ça pour dire que la réalité dépasse souvent la fiction alors que trouve cette dernière nécessaire : moi aussi j’y perçois la vérité.
La BO : j’aime beaucoup. Une éternité que je n’avais pas entendu ça. Super bien.
Merci à Eddy, JP et Cyrille de vous être intéressé à un auteur que vous ne connaissez pas. Beaucoup de mes coups de foudre en musique viennent d’interviews d’artiste dont les propos me parlaient. Si à mon échelle je peux faire la même chose, j’en serai ravi.
La classe ! Beau boulot aussi bien pour l’interviewer que l’interviewé ! (Bon il va sans dire que je suis super jaloux, mais bon, c’est la vie hein ^^)
Je ne me suis pas encore offert la saison 2 mais ça ne saurait tarder (j’ai déjà vu un coffret réunissant les 3 volumes). Finalement je me demande bien s’il y a un « Nobody » dans cette suite, justifiant le titre, ou pas.
En tous cas je trouve que l’idée de faire la musique pour le groupe de Rock fictif sur lequel on écrit est tout simplement génial ! J’espère qu’il mènera ce projet à terme !
Quelle interview ! Je me suis régalée ! J’ai dû mettre en stand-by pour prendre le temps de la lire en entier et pas à la va-vite. Je ne regrette pas.
J’ai très très envie de lire ces BDs ! En plus, l’histoire des jumeaux footballeurs, c’est un truc que j’aimais bien imaginé quand j’étais ado ^^. Pas dans le milieu pro, ni avec une histoire d’enlèvement, mais bref, c’est marrant ^^ .
Je suis surprise du dessin sur LA NUIT DES TEMPS. C’est un Paikan revisité, on dirait. Parce que normalement, ils sont blonds, l’un comme l’autre. J’ignorais qu’il avait fait tant d’adaptations.
En tout cas j’ai adoré cette interview et cette honnêteté, sincérité, ce partage offert par Monsieur De Metter. Bravo Bruce pour tes questions qui nous permettent d’en apprendre beaucoup !
Merci Kao, merci Patrick. C’est cool tous ces bons retours pour, mine de rien, la première interview de l’année.