Blade Runner, par Ridley Scott
Team-up : JP NGUYEN + TORNADO
1ère publication le 16/04/16
MAJ le 18/05/19 par PIERRE N et BRUCE LIT
Dernière publication le 18/05/19 après le décès de Rutger Hauer.
1968 : Philipp K. Dick publie Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, un roman de SF où un chasseur de primes traque des androïdes illégalement enfuis de Mars vers la Terre.
1982 : Ridley Scott réalise une adaptation du livre, avec Harrison Ford dans le rôle principal.
2016 : Deux chroniqueurs de Bruce Lit décident de s’attaquer à ce monument de la culture geek.
Cet article retranscrit l’interrogatoire du suspect Dolly Prahn par l’inspecteur Dick Ricard, dans un futur pas si lointain. Il est susceptible de comporter un langage non châtié, ainsi que des spoilers.
8ème heure de garde à vue
Inspecteur : Est-ce qu’au moins tu sais pourquoi tu es là ?
Suspect : On se pose tous un peu la question, non ?
I : Je te rappelle les faits, on t’a coincé hier soir à l’astroport alors que tu débarquais illégalement de Mars. L’immigration de répliquant sur Terre est rigoureusement contrôlée.
S : Il y a erreur, je ne suis pas un répliquant ! Je suis prêt à passer tous les tests pour vous le prouver !
I : On t’a déjà fait passer le test. Et tu t’es endormi devant…
S : Quoi, ce film, là ? Roller Blade ou chai plus trop quoi… Je l’avais déjà vu, mon père avait le DVD.
I : Primo, en tant que répliquant, tu es un être artificiel et ne possèdes donc pas de père au sens classique du terme. Deuxio, c’était quelle version sur ce DVD ? Y’avait une voix-off dans la version que tu connais ? Et à la fin, comment ça se passait ?
S : Ah parce qu’il y a deux version en plus ???
I : Il existe en tout 5 montages différents. Les trois principaux sont : Celui de la sortie du film en 1982 (International), celui de 1992 (Director’s cut) et celui de 2007 (Final cut). A cela il faut ajouter la même version que celle de 1982 avec un peu plus de sang (International cut !), et enfin la copie de travail (Workprint), une version du film présentée à l’occasion d’un projection-test et qui a été abandonnée (très mal perçue à l’époque) afin d’aboutir à la version 1982 dite “International”. Cette copie de travail est d’ailleurs très intéressante car elle diffère de toutes les autres versions (plans alternatifs, musique de Jerry Goldsmith à la place de celle de Vangelis, dialogues différents…).
S : Euh… Purée ! là aussi j’ai failli m’endormir ! Vous le faites exprès où quoi ?!!! Enfin… ouais, y’avait une voix off. Façon Mike Hammer, du genre qu’on trouvait aussi dans les vieux polars, où le privé qui a beaucoup bourlingué et failli avaler son bulletin de naissance plus souvent qu’à son tour jette un regard désabusé sur la vie…
Pour la fin, je peux pas dire, je m’étais endormi aussi !
I : Toi, tu aggraves ton cas…
S : Mais qu’est-ce que ça fait si je connais pas la fin de Running Man ?
I : En observant tes réactions pupillaires pendant les premières minutes du film, ainsi que tes autres stimuli corporels, nos experts ont déduit que l’endormissement était une feinte défensive face à un récit en totale résonance avec ton expérience cognitive. Ce film raconte tout à fait ton histoire : des Répliquants en fuite sur Terre et cherchant désespérément à prolonger leur existence.
S : Ah bon, j’aurais pensé que c’était plutôt l’histoire du flic qui cherchait à les descendre. Un vrai malade de la gâchette, ce Rick Deckard… M’enfin, j’aurais pas été fâché qu’il en dégomme davantage, y’avait pas tant d’action dans ce film. Et leurs scènes de parlotte, ça avait tendance à me désintéresser. Et vos experts, ils se sont foutu le doigt dans l’œil. Y’a pas besoin d’être un répliquant pour piquer du nez devant un film soporifique…
I : Ecoute moi bien, mon pote : ce film soporifique, c’est ta seule chance de sortir de cette taule. Tu vas me regarder toutes les versions et me lire le bouquin par-dessus le marché. S’il te prend l’envie de pioncer, un collègue viendra te remettre en forme. T’as intérêt à tout mater jusqu’au bout. Ensuite je reviendrai te causer et on en reparlera.
16ème heure de garde à vue :
I : Alors, t’en as pensé quoi ?
S : C’est marrant, je pensais que pendant les gardes à vue, y’avait de la privation de sommeil…
I : Arrête tes conneries, on t’avait à l’œil et l’officier de garde n’a même pas eu besoin de venir te secouer les puces. Alors quelle version t’as préféré ?
S : Pfff… Après 5 versions et un livre, j’aurais tendance à confondre un peu, vous ne croyez pas ?
I : OK. On n’est pas pressés. Je crois qu’t’as encore besoin d’un peu plus de temps, hein ? Pas de problème, je repasse dans un moment. Et d’ici demain tu me revois tout ça en boucle !
44ème heure de garde à vue :
I : Bien ! Il est plus que temps de passer aux aveux, qu’en penses-tu ?
S : Espèces d’ordures. Vous n’avez pas le droit de m’infliger ça !
I : Penses-tu ! Sur Mars, tu étais probablement un esclave qu’on obligeait à réparer des vaisseaux en plein milieu d’une pluie de météorites, alors…
S : Ok. OK ! La première version, là, façon Mike Hammer, c’est la mieux !
I : Ah…
Bon alors c’est parti. N’oublie pas de répondre simplement. Le temps de réaction est important dans ce test, alors concentre-toi et réponds aussi vite que tu peux… Qu’est-ce que tu as aimé dans cette version ?
S : J’aime bien la fin, quand Deckard s’en sort. Il s’en va avec Rachel et on les voit partir en lousdé dans le nord de l’Amérique, là où la pollution n’a pas encore tout bouffé. Et y a une belle image de fin, positive, avec des belles montagnes et tout…
I : Ah…
S : Ouais, et puis, la voix-off, ça rend le truc plus dynamique. On s’identifie mieux au flic. Moi j’aime bien le flic. J’aime pas ces ordures de répliquants. A part Rachel. Parce qu’elle aussi, c’est une répliquante, vous savez ?
I : Aïe, je vois qu’on a affaire à un expert. Ton analyse d’ensemble est drôlement pénétrante, dis-moi ! On dirait un des amerloques du projection-test de 1982…
I : Bon, on va faire simple, alors. On va se contenter de comparer le montage de 1982 (International) avec celui de 2007 (Final cut). Et on va jouer au jeu des différences, d’accord ?
S : D’accord. Là c’est facile : les principales différences sont : (1) suppression de la voix off à la Mike Hammer, (2) ajout de 15 secondes de « licorne » qui évoquent un souvenir implanté artificiellement, (3) changement de couleur du ciel derrière la colombe et (4) suppression de la dernière minute du film…
I : Biiieeeen !!! Mais tu sais que t’es un vrai p’tit génie toi !
Alors d’accord, commençons par toutes ces différences techniques. Par exemple, je peux te dire que le « Director’s cut » de 1992 a été rendu obsolète par le « Final cut », non pas à cause de certains plans d’effets spéciaux entièrement refaits (attention, c’est un travail d’orfèvre et c’est très discret, on n’est pas chez George Lucas…), mais surtout par rapport à l’attention apportée au travail de remastérisation effectué sur le son et l’image. Une première dans l’histoire du cinéma. Ça t’en bouche un coin, hein ?
S : Hé ?
I : Je plaisaaannte ! Je savais que ça ne t’avait pas échappé. Donc, tu es déjà d’accord que, niveau technicité, le Final cut est un petit miracle de restauration permettant à un auteur de peaufiner son œuvre, n’est-ce pas ?
S : Mouais, bof. Qu’est-ce qu’on s’en fout ! Une œuvre est bonne dès le départ. Ou bien elle est mauvaise. La refaire 25 ans plus tard, moi j’appelle ça tricher avec le public. Et en plus, si c’est un film de 1982, lui donner des airs de film sorti en 2007, moi j’appelle ça de la dénaturation. Ça prive ce que vous appelez une « œuvre » de son aspect historique.
I : Et ben voilààà ! Je savais qu’t’étais un esthète ! Franchement, pour moi, seuls les collectionneurs de l’extrême et les nostalgiques du montage d’origine pourront pinailler quant à la sortie d’une ultime version retravaillée par le metteur en scène lui-même dans les conditions idéales. Le plus important demeurant le somptueux travail de remastérisation qui a permis au Final cut de rivaliser avec la haute définition des films les plus récents !
Une création origamique qui fait écho à une vision onirique…
S : …Ça fait toujours partie du test, là ?
I : Non, c’est juste pour discuter un peu, pour se mettre dans l’coup…
Pour moi, la version d’origine fonctionne surtout pour le nostalgique l’ayant découverte à l’époque. C’est la version la plus différente du résultat proposé dans le Final Cut. Pour la petite histoire, Ridley Scott fut viré avant le montage final et les producteurs rajoutèrent la voix off façon Mike Hammer tout en modifiant la fin en insérant un happy-end qui contredisait au passage toute l’histoire et annulait la révélation finale voulue au départ par les auteurs du métrage. Ils enlevèrent également certains des plans les plus sanglants que l’on pouvait néanmoins apercevoir sur la version appelée « International cut »…
Du coup, ton argument sur la « dénaturation de l’œuvre », et bien il tombe un peu à plat, non ?
Mais reprenons le test, je vais te poser des questions courtes et toi tu devras développer un peu mais pas trop, ok ?
S : Dacodac
I : Punaise, tu sors de quelle époque, toi ? Bon, allons-y. Le film ou le roman ?
S : Le film parce que le roman avec ses moutons électriques, ça aurait tendance à m’endormir.
I : Film noir ou de SF ?
S : Noir, avec un habillage SF… ou inversement, les deux s’enrichissent et se complètent
I : Action ou réflexion ?
S : Réflexion, c’est même un peu trop mou du genou pour moi.
I : Pris ou Rachel ?
S : L’esprit de Rachel dans le corps de Pris, ce serait possible ?
I : Deckard ou Batty ?
S : Deckard, parce qu’il s’en sort vivant… Mais Batty a un chouette speech final.
I : Deckard : répliquant ou humain ?
S : Quelle différence ?
I : Hey, c’est moi qui pose les questions, ici ! Alors, répliquant ou humain ?
S : Ben, humain alors. Mais pour moi, il pourrait être répliquant, ce serait le même tarif. Il arriverait juste à péremption plus tôt, c’est tout. « Dommage qu’il doive mourir, mais c’est ce qui nous attend tous… »
I : Ahah, tu cites tes classiques ! Chef d’œuvre ou pas ?
S : Bof, honnête divertissement, quand on doit pas se fader les cinq versions en 24 heures… Quoique, ça m’a donné envie de voir la suite… Blade Runner 2, qui serait en préparation…
I : Gasp – J’aurais vraiment tout entendu !
Sinon, juste une précision : Le film et le roman sont à ce point différents que le sujet principal n’est même plus le même. Tu confirmes ?
S : Heu… Ouais, ouais…
Bien… Face à de tels arguments je m’incline, mais rappelons quand même que le sujet principal du livre était que les androïdes devenaient plus humains au fur et à mesure que les humains qui les pourchassaient devenaient plus inhumains. En définitive : Une vision du futur où l’on assisterait à la perte de l’humanité. Le film de Ridley Scott transforme les androïdes en répliquants et interroge le degré d’humanité qui va et qui vient chez l’homme en fonction des civilisations. Nuance…
L’inspecteur fait une longue pause et scrute les relevés de la machine de test, d’un air impénétrable
S : Alors, j’ai réussi le test ?
I : C’est pas fini… Tes réponses n’étaient pas trop déconantes mais t’es quand même à côté de la plaque sur certains points… Mais c’est plutôt de l’ordre de la divergence de goût.
Dernière série de questions. On va véritablement mesurer tes capacités d’empathie. Les formulations seront un peu plus longues mais tâche de rester concis dans tes réponses, ok ?
S : J’ai hâte qu’on en finisse…
I : En 1982, Marvel publia une adaptation de Blade Runner avec Archie Goodwin au scénar et Al Williamson/Carlos Garzon aux dessins, le tout sous une cover de Jim Steranko. Des auteurs talentueux mais qui ne disposaient pour s’exprimer que de 44 pages et un format au vieux papier et aux couleurs toutes moches. C’est pas du gâchis, selon toi ?
S : J’connais aucun des types que vous avez mentionnés et une BD adaptée d’un film lui-même adapté d’un roman… Pitié, ne me demandez pas de lire ça aussi !
I : Ne me tente pas. Je pourrais aussi te donner l’adaptation en 12 numéros parus chez BOOM ! Studios en 2010, en prime ! Question suivante…
Rutger Hauer, l’acteur qui incarne Batty, le chef des répliquants, s’est beaucoup impliqué dans son rôle et notamment sur la scène finale ou il eu l’idée d’inclure une colombe et de raccourcir son monologue pour lui donner plus d’impact. C’est classe, non ?
S : C’était l’une des meilleures scènes de sa filmo, à mon avis… Rutger’s Hour, comme qui dirait… Cela dit, s’il a raccourci son texte, c’était peut-être pour avoir moins de choses à mémoriser, non ?
I : Hmmph, fais-moi penser à te montrer La Chair et le Sang de Verhoven, un de ces quatre…
Ridley Scott à présent… Tu te souviens qui c’est ?
S : Un répliquant ?
I : Le réalisateur du film… A l’époque on disait de lui que c’était un visionnaire.
S : Tu parles, le film qui endort, il fallait l’inventer !
I : Ridley Scott, donc, tout juste auréolé de son succès sur Alien, Le 8° Passager (il n’avait auparavant réalisé qu’un seul film : Les Duellistes, en 1977), proposait une alternative sombre et réaliste à la trilogie Star Wars en matière de SF ! Il nous dépeignait un futur terrestre glauque et mélancolique au travers d’une série de décors inouïs, en partie créés par le génial Douglas Trumbull (oui, le même spécialiste des effets spéciaux que sur 2001 L’Odyssée De L’Espace de Kubrick !).
S : Ah ouais ! Un film hyper-dynamique celui-là aussi !
I : …et inspirés des travaux de Moebius et Mézières, qui allaient traumatiser toute une génération de cinéphiles et même impressionner rétroactivement George Lucas, qui tentera désespérément d’en retrouver l’essence en imaginant le look de la planète « Coruscant » lorsqu’il s’attellera à la mise en chantier de sa préquelle étoilée…
Le résultat est sublime ! Blade Runner est le premier projet en 55 ans capable de s’élever sur le terrain du mythique Metropolis de Fritz Lang en termes de thématique et d’esthétique science-fictionnelle !
S : OK ! Vous m’avez convaincu : Vous voulez pas me passer la saga Star Wars plutôt ?
I : Poursuivons : Le problème est un peu le même que celui que vécut Orson Welles en son temps : Scott, ultra créatif mais guère protocolaire, allait peu à peu se disputer avec tout le gratin des producteurs hollywoodiens qui ne lui laisseront plus jamais les coudées franches dans la suite de sa carrière…
A l’arrivée, Blade Runner ne connaitra pas le succès qu’il mérite et Ridley Scott en prendra un méchant coup au moral artistique…
S : Purée, vous allez me faire chialer, là…
I : (Ben, c’est un peu le but, en fait)… La faute à une mauvaise promotion publicitaire qui vendra le métrage comme un blockbuster bourré d’action alors qu’il était tout l’inverse. Car en effet, le parti-pris narratif de Blade Runner s’apparentait davantage au Mort à Venise de Visconti qu’à Star Wars !
S : Bon, alors, si je vous suis : Métro-Police, 2001 L’Espèce d’Odyssée, Venise Mortelle et Blade Runner, c’est tout un peu de la même famille, c’est ça ? Et on est sensé s’éclater, là ?
I : Le problème c’est que, comme ces bourrins de spectateurs de l’époque qui se sont attendus à un blockbuster, tu ne vois que la surface des choses. Car les qualités de l’œuvre qui nous intéresse ici sont à chercher ailleurs :
1) Dans son atmosphère : Blade Runner est un mélange de film d’anticipation à la Soleil Vert, de roman policier à la Dashiell Hammet et de poésie tragique ! Le rythme est hiératique mais envoûtant. Passé une première demi-heure d’acclimatation, on se sent loin de notre réalité quotidienne et la découverte de cet « ailleurs » est à la fois terrifiante et fascinante. Le soin et le sens du détail apportés aux décors nous dévoilent un Los Angeles postmoderne absolument dantesque, mélange exotique de toutes les cultures, de passé et de futur, qui s’impose comme la mégalopole terrestre ultime. Et enfin, la lumière électrique nocturne, les vapeurs constantes et la perception naturaliste et quasi olfactive des lieus parachèvent le voyage vers cet inconnu troublant.
2) Dans sa musique : En passant, Vangelis compose son chef d’œuvre. Jamais synthétiseurs n’ont été utilisés de manière aussi riche et symphonique. La pièce maîtresse « Blade Runner Blues » (qui n’a de blues que les mesures) réussit à restituer les codes du polar tout en sonnant SF ! La partition, omniprésente dans le film, opère un rôle narratif et illustratif à elle seule, rendant la plupart des scènes, totalement exemptes de dialogues, vivantes et mélancoliques. C’est futuriste ET symphonique à la fois. Impressionnant.
3) Dans ses personnages (et ses acteurs) : Si Harrison Ford est parfait en Rick Deckard et s’il marque durablement les esprits par son jeu halluciné (c’est l’époque de Han Solo et Indiana Jones !), si Sean Young (Rachel) et Darryl Hannah (Pris) sont poignantes d’humanité robotisée à fleur de peau, et si Brion James (Léon) est impressionnant de brutalité teintée d’innocence, Rutger Hauer (Batty) crève l’écran et compose un des méchants les plus ambivalents et les plus fascinants de l’histoire du cinéma.
La caractérisation des personnages, qui échappe à tout manichéisme primaire, est ainsi à marquer d’une pierre blanche, car dans le genre de la science-fiction, on n’avait encore jamais porté à l’écran des individus aussi troubles, crédibles et bouleversants.
4) Dans son final : Un final en deux temps, qui voit deux retournements de situation (des « twists », comme on dit aujourd’hui) élever le sujet et culminer dans une magnifique envolée lyrique sur la volonté de vivre et la valeur absolue de la vie (un film antichrétien, en somme !), sur la froideur et la cruauté du monde technologique et sur la valeur des souvenirs comme accomplissement personnel et nourricier.
Ça t’en bouche un coin, je vois…
S : Non, non, continuez. Vous avez l’air possédé maintenant…
Rutger Hauer et son flamboyant monologue final…
I : Et bien s’il fallait encore en rajouter, je dirais de Blade Runner qu’il s’agit d’une pièce maîtresse de l’histoire du cinéma, fédératrice, matricielle, bouleversante… Il est impossible de ne pas l’aimer, à moins que…
S : Et par rapport à Independance Day ?
I : …(Silence pesant)…
Tu te souviens que tu me disais qu’il s’agissait davantage d’un film noir que d’un film de SF ?
S : Ouais.
I : C’est le parti-pris conceptuel…
S : Le quoi ???
I : C’est le parti-pris conceptuel le plus fort du film, qui instaure un climat morbide, violent, sexué et désespéré, qui illustre tout simplement le côté obscur de notre inconscient social. Tous ces éléments du genre polar, issus de l’une des périodes les plus sombres du cinéma américain, sont ainsi réinjectés dans le film de Ridley Scott de manière esthétique. Un rapport absolu entre le fond et la forme si tu préfères.
S : Je préfère… rien dire…
I : Tu dois comprendre que cette esthétique n’est pas gratuite (quand bien même certaines critiques intellos ont cru pouvoir tacler le film sur ce sujet, arguant qu’il s’agissait d’une boursoufflure stylistique clinquante). Il s’agit au contraire d’une technique narrative, dont la ville est le sujet principal, et dont les personnages illustrent un mal-être généralisé.
I : Ouais, ben moi ce mal-être, il me fout le cafard.
S : Bien sûr ! C’est parfaitement voulu ! Et au passage j’appellerais ça plutôt de la mélancolie.
Je vais t’expliquer précisément pourquoi ce film te dérange : Il te dérange parce qu’il résonne dans ton esprit comme l’illustration d’un cauchemar collectif. Celui d’un futur qui nous guette à tous !
Tu vois, ça te cloue le bec !
Tu te rends compte que la fin du film (dans le Final cut) insinue que Deckard est un répliquant, lui, le chasseur de répliquants ?!!! Et le Dr Eldon Tyrell, le dirigeant de la Tyrell Corporation (ton créateur, peut-être…), en est probablement un lui aussi, derrière ses airs de momie et son absence totale de sentiments (probablement un clone du vrai Tyrell, mort depuis des lustres). Vertigineuse mise en abîme sur les degrés de perception de la réalité. C’est dingue quand on y pense.
I : C’est dingue ? Je vais vous dire pourquoi c’est dingue : C’est dingue parce que vous êtres dingue ! Vous voyez des répliquants partout !
S : Peut-être est-ce parce que c’est le sujet du film ? Une société qui aliène tellement ses citoyens, qui dénature à tel point leurs sentiments, qu’ils peuvent très bien n’être plus que la simple « réplique » d’autres êtres, plus humains…
Le Los Angeles de Blade Runner est le prototype ultime de la ville noire, l’enfer urbain dont on ne parvient pas à s’échapper. Une mégalopole qui n’est même pas réaliste puisque il fait nuit et qu’il y pleut tout le temps ! Mais une ville métaphorique, dont le climat lugubre illustre la sinistre condition aliénée de ses habitants qui, au final, ne sont même pas capables de trouver les ressources afin de rejoindre les fameuses planètes paradisiaques dont on voit les publicités dans tous les coins…
Et, en définitive, les Blade runners qui pourchassent les répliquants finissent par se révéler moins humains que leur cible androïde !
S : J’aime bien ce que vous dites là…
I : Ah ? Et pourquoi ?
S : Rien… C’était pour provoquer un peu…
I : Très amusant. N’empêche que c’est vrai : La fin du film est poignante car elle nous montre qu’un être humain artificiel parvient à se révéler plus humain que les soi-disant « vrais humains » qui le chassent, histoire d’enfoncer le clou quant à l’idée que ce n’est pas notre nature qui fait notre humanité, mais bel et bien notre cheminement personnel. C’est le moment où le sujet du livre de Phillip K. Dick rejoint celui du film de Ridley Scott.
S : Tout ça c’est bien joli, chef, mais je commence vraiment à fatiguer de vos films et de vos discours. J’en suis à combien d’heures de garde à vue, là ? Avez-vous trouvé des motifs pour me garder encore, ou est-ce que je peux partir ?
I : Attends encore un peu, j’ai encore deux trois choses à vérifier sur le test. Je reviendrai dans un moment.
33 minutes plus tard…
I : Mon cher Dolly, d’après mon analyse des résultats du test de Voight-Kampff : Tu es un répliquant.
S : Qu’est ce qui vous prouve que j’en suis un ?
I : Voyons… Quelqu’un qui n’a pas aimé le film Blade Runner, qui n’a pas été sensible aux changements effectués avec le Final cut et qui n’a pas été bouleversé par l’envolée poétique du monologue final de Roy Batty ne peut être qu’une « gueule d’humain ». Aucun être doué de sentiments et de sensibilité ne peut être impassible face à un tel chef d’œuvre.
S : OK. OK ! Attendez ! Laissez-moi réfléchir une minute ! Si j’ai bien suivi votre raisonnement, n’importe qui peut être un répliquant alors, même le spectateur du film ?
I : Absolument. Il y a d’ailleurs des individus enregistrés comme humains qui n’ont pas aimé ce film. Et c’est ce qui te sauve, finalement. Tu es comme eux.
S : Mais, j’comprend pas ! Vous aviez dit que d’après votre analyse…
I : Une analyse trop subjective sur laquelle je refuse de fonder une décision qui aboutirait à ta mort…
10 secondes de silence…
I : Allez, pars. Tu es libre…
S : Non, sans déconner ? Ouh punaise, vite avant que vous changiez d’avis…
L’inspecteur escorte Dolly vers la sortie du commissariat…
S : Quand même, j’aurais pas cru que vous seriez chic comme ça… D’autres collègues à vous, résultats de tests ambigus ou pas, pour les faire changer d’avis, tintin !
I : En parlant de Tintin, tu connais ses aventures ?
S : Pour sûr, vous auriez du m’enfermer avec les 24 albums pour les lire à la place de votre pensum, j’aurais moins souffert… Sans vouloir vous vexer, Inspecteur Ricard !
I : Nan, on ne va pas se fâcher maintenant, Dolly… Et c’est lequel ton Tintin préféré ?
S : Sans hésiter… Le Secret de la Licorne !
« S : J’connais aucun des types que vous avez mentionnés et une BD adaptée d’un film lui-même adapté d’un roman… Pitié, ne me demandez pas de lire ça aussi ! »
Et pourtant !
Pour la aficionados purs & durs cette version est ou peut être, intéressante en cela qu’elle a été écrite et dessinée à partir d’une version du scénario, antérieure à celle du premier film et que paraît-il, des différence apparaissent (?).
Pour s’en rendre compte j’ai mis quelques pages (en V.F) en ligne (il y a déjà quelque temps) : http://artemusdada.blogspot.fr/2015/10/blade-runner-en-bd-par-archie-goodwin.html pour ceux que cela intéresse.
En outre Archie Goodwin & Al Williamson ne sont pas des manches dans leur partie.
Belle idée cet interrogatoire. [-_ô]
« Maximum security » Finale
Alors « Blade Runner » : film lénifiant ou chef d’oeuvre absolu ? Et puis quelle version choisir ? Et quelle fin retenir ? Jean-Pascal Nguyen et Tornado font leur premier teamup pour un article à lire dans les queues du PCE, à partager et…répliquer ! Only on Bruce Lit !
La BO du jour : des hommes machines, une metropolis et un groupe glacial….What Else ?https://www.youtube.com/watch?v=SXTBGB2cKAk
J’ai lu cet article d’une traite, sans éprouver la pénibilité ressentie par Dolly Prahn. Il est pour moi un tour de force : informatif, amusant, réflexif, analytique, vulgarisateur, compréhensible aussi bien par le néophyte que par quelqu’un qui ne garde qu’un vague souvenir du film vu il y a plus de 2 décennies (comme moi).
Merci du compliment, Présence !
Je dois avant tout préciser qu’environ les 3/4 du fond de l’article ont été pondus par l’ami Tornado. J’ai proposé le pitch (qu’il avait aussi en tête), initialisé la scène et il a fait le plus gros du boulot, emporté par sa passion pour ce chef d’oeuvre. Mais comme nous avons tour à tour écrit les textes des deux personnages, nos contributions sont indissociables (pour qui n’est pas habitué du blog…).
Je tiens aussi à préciser, pour l’occasion, que toutes les blagues ne sont pas de moi (et je n’assumerai la parternité que de celles qui sont jugées marrantes… comment ça y’en a aucune ?).
Et donc merci à Tornado, d’avoir accepté un article en duo pour une oeuvre qu’il apprécie particulièrement. Mais pour un tel film, un article « au parti-pris conceptuel » différent, ça le fait plutôt pas mal, non ?
Un des films que j’ai le plus visionné, et qu’il faut pouvoir voir en salle pour avoir un degré d’immersion supplémentaire dans cette mégalopole nocturne humide, grouillante et illuminée par les néons, les écrans géants. Une beauté de cauchemar urbain où l’on se sent bien seul tel Deckard (sans son mouton).
Chouette idée que de reprendre la trame de l’interrogatoire, et l’occasion de dire que si le film n’est pas un film d’action, la tension est présente dès la scène d’interrogatoire d’ouverture.
En complément de votre chronique, je conseille à ceux qui le souhaitent de consulter la très exhaustive et passionnante analyse d’Olivier Bitoun sur le site dvdclassik, où il est notamment question de l’initiateur du projet et scénariste original Hampton Fancher.
Enfin, pour ceux qui veulent lire votre travail en musique ou ceux qui veulent revivre le film par fréquence sonore:https://www.youtube.com/watch?v=FwhZ11lcOJQ
Un de mes deux films cultes avec New-York 1997 : deux villes décrites comme des enfers urbains abritant les damnées de la terre, ou d’outre-Terre comme ces infortunes Réplicants.
Plus humains que bien des homes comme l’écrivait Roy Thomas en parlant de la Vision, lui aussi une réplique artificielle pourtant douée d’un fort désir de survivre et de s’integrer.
Ce qui rend dangereux les Replicants c’st leu absence d’empathie, leur coté manipulateur,; prets a tuer pour survivre, mais en meme temps ils sont le reflet de notre pauvre monde.
Dans une interview, Ridley Scott avait prévu le developpement des concentrations urbaines que nous connaissons aujourd’hui : des megalopolis de cauchemars ou l’on se risqué à perdre son humanité.
Un peu comme dans les récits d’Alan Grant et de Garht Ennis sur Judge Dredd.
JP est trop gentil : L’idée de l’article et du concept de l’interview est la sienne. Quand c’est court et concis, le texte est de lui. Quand ça blablate, c’est de moi ! 😀
J’adore le final avec l’allusion à la licorne autour des aventures de Tintin. Et ça c’est encore de JP !
Alors là… RESPECT LES GARS ! C’est un article quasi parfait. C’est drôle, intelligent, on n’a aucunement l’impression d’un montage pour sortir toutes les infos et c’est profond et réfléchi. J’ai adoré. J’ai appris plein de trucs en plus. Je vais regarder de ce pas quelle édition j’ai (sans voix off c’est sûr, la fin sans happy end c’est certain, par contre je ne suis plus sûr pour la licorne… quant à quelque chose qui sous-entendrait que Deckard et Tyrell sont des répliquants, je ne vois pas).
J’ai le livre à lire, je ne me le suis jamais farci, mais comme je dévore les K Dick en ce moment (j’en suis à mon quatrième en deux mois, ce qui est un exploit vu le temps que je mets à lire des romans depuis quelques années), il m’attend sagement sur ma pile de lecture.
J’adore ce film, comme Tornado qu’on reconnaît bien ici dans le rôle de l’interrogateur, mais j’aurai aimé le voir avec la musique de Jerry Goldsmith, je suis pas vraiment fan de Vangelis. Mais faut avouer que cette bande-son colle parfaitement au film.
Ah et j’ai bien ri en lisant « Ruthger’s Hour », les détournements de titres de films (ça c’est JP), la fin avec Tintin… et encore un truc mais j’ai oublié là. Super article, je suis fan.
Héhé, pour les détournements de titres, figure-toi que Tornado s’est également prêté au jeu !
Etonnant Tornado… J’ai un peu honte j’aimerai tellement condenser autant de belles idées ! Pour Scott, c’est, selon Depardieu et depuis 1492, un chef d’entreprise. Normal. Mon édition est la Final Cut.
Par contre je ne suis pas d’accord pour Scott : c’était peut-être son troisième film, mais il était impressionnant pour poser une ambiance dès les Duellistes. Il n’était plus un débutant, pas après Alien qui a marqué tout le monde ou presque.
Certes, c’était déjà son troisième film. Mais je crois que c’était son plus gros budget (28 millions de dollars vs 11 pour Alien) et le premier pour lequel il a vraiment du se frotter aux desiderata des producteurs contrariants, sans bénéficier de son aura de réalisateur accompli (je suppose qu’aujourd’hui, il fait à peu près ce qu’il veut…). D’ailleurs, sur l’affiche, c’est vraiment le nom d’Harrison Ford qui est en très gros.
Mais tu as raison,Cyrille, le terme débutant ne véhicule pas tout à fait le sens que j’avais en tête.
Enorme ! Original sur le fond comme sur la forme ! Bien vu les gars !
Je pense que j’aurais sans doute moi aussi besoin d’un séjour en garde à vue car je ne suis pas arrivé à bout des 5 versions comprises dans le coffret « Ultime » de Balde runner ! J’ai dû m’arrêter à la 3éme je crois.
A tort manifestement puisque j’apprends que la 5éme est la plus instructive et révélatrice du lot ! Je vais rattraper ça asap 😉
Ceci dit même si la première version a été reniée par Riddley Scott (et qu’en effet elle est plus explicative que les autres) j’avoue avoir gardé une tendresse toute particulière pour celle-ci.
La voix off donne une atmosphère de polar, un peu désuète certes, mais au demeurant pleine de charme. Et puis la licorne j’ai un peu de mal à capter le truc donc…
Petite interrogation ceci dit : Je n’ai pas lu le livre mais on m’a dit que la question de savoir si Deckard était un répliquant ou pas était littéralement posée (répondue ?) alors que dans le film (selon les versions) elle est quasi subliminale. Est-ce vrai ?
@Patrick : oui, dans le livre, il n’y a pas d’ambiguïté finale, Deckard est humain. Il passe avec succès le test Voight Kampf (mais le fait qu’il le passe prouve qu’il doute de lui-même…)
Bravo pour cet article surprenant, intéressant et amusant. On est bien pris au jeu et en fin d’article je me demande comment j’aurais répondu à cet interrogatoire. Une seule solution emprunter le dvd;)
Après avoir été réservé aux américains, le coffret complet est désormais disponible :
https://www.amazon.fr/Blade-Runner-%C3%89dition-30%C3%A8me-Anniversaire/dp/B008L3I6UE/ref=sr_1_2?s=dvd&ie=UTF8&qid=1460880643&sr=1-2&keywords=blade+runner
J’éprouve également une certaine tendresse pour la version de 1982 avec la voix-off. Mais ma version préférée est indiscutablement le Final-cut.
Est-ce que Ridley Scott est encore une grand réalisateur aujourd’hui (à 78 ans !) ? Le dernier film que j’ai vu de lui était « Prometheus ». J’ai bien aimé, mais définitivement il ne reste pas grand chose de ce « génie visionnaire » qui était si éclatant d’Alien à Legend. Le parallèle avec Orson Welles ne me parait pas idiot. Du coup je ne suis pas certain que Scott fasse tout ce qu’il veut aujourd’hui, alors qu’il est lui-même son propre producteur ! L’industrie hollywoodienne semble bien broyer ses cinéastes dès lors qu’ils se frottent aux grands spectacles populaires. Les milliards de dollars à la clé y étant bien entendu pour quelque chose !
Quelqu’un a vu « Seul sur Mars » ? C’est bien ?
Et « Blade Runner 2 », qui y croit ? Il y a le scénariste de « Green Lantern » dans le projet, Harrison Ford reprend le rôle et c’est un canadien quasi inconnu, Denis Villeneuve, qui va le réaliser. Ridley Scott reste producteur…
Le scenariste de Green Lantern ? Ca me parait mal barré.
Ben ouais… 🙁
Le parallèle avec Orson Welles me paraît inapproprié, Welles était un acteur majeur qui a e un impact aussi important sur le jeu que Brando et les grandes figures de la méthode de l’Actor’s studio, un réalisateur et producteur de talent aussi doué à la radio qu’au cinéma et surtout un scénariste, auteur complet de son chef d’oeuvre Citizen Kane par exemple. Welles a été blacklisté pendant la période du Maccarthysme et contraint de venir travailler en Europe, où ses dernières réalisations réflètent son goût pour les grands auteurs classiques ou contemporains, Falstaff de Shakespeare ou Le procès de Kafka et me semblent plus riches à revoir que.les derniers Ridley Scott. Enfin Orson a épousé Rita Hayworth…
Je salue le talent de Ridley Scott et Blade Runner et Alien sont des contributions majeures à mon univers fantasmagorique personnel mais Ridley c’est lArbre qui cache la forêt Orson 🙂
Concernant le projet Blade Runner à venir, la bonne pioche c’est le réalisateur canadien Denis Villeneuve. je te conseille vivement de voir Prisoners et Sicario et encore plus Incendies. Il a le même art pour installer une ambiance à couper au couteau que le David Fincher dans Seven.
J’aurais peut-être dû ajouter le terme « toute proportions gardées » entre les deux cinéastes alors.
Pour moi, tous les deux ont apporté une révolution formelle au cinéma au début de leurs carrières respectives, avant de se heurter aux producteurs et de se faire bouffer par une industrie hollywoodienne revancharde. Chacun à sa manière, aucun des deux n’a jamais pu, par la suite, imposer sa vision du cinéma comme avec Citizen Cane d’un côté, et Blade Runner de l’autre.
Je pensais juste à ce parallèle. Pour le reste, je ne cherchais pas à comparer les deux bonhommes dans une idée d’importance au regard de l’histoire du cinéma.
Je ne connaissais pas du tout Denis Villeneuve, ni sa filmographie. C’est une bonne nouvelle que tu nous apprends là !
Ah oui Prisoners est très bien.
J’ai lu l’article sur DVDclassik, c’est très intéressant. Merci Lone !
Content que cela t’ait plu, c’est un site où l’on peut passer des heures de voltige…A mon tour de te remercier, j’ai suivi ton conseil et acheté les deux premiers volumes de Sunny.
C’est ma lecture la plus surprenante et enthousiasmante cette année (avec L’odeur des garçons affamés dessiné par Frederik Peeters). Mais j’y reviendrai sur ta chronique quand j’aurai lu les 3 autres volumes parus.
Pour répondre à ta question concernant « Seul sur Mars » : http://wp.me/p6mVjY-3I
Concernant Blade runner 2 prions pour que le projet ne voit jamais le jour !!
Merci pour la réponse par blog interposé ! Cela me fait penser à un autre « vieux » réalisateur prodige dont on guette les projets et qui déçoit plus souvent qu’à l’accoutumée : Brian DePalma…
Mais dis-donc, Patrick, aurais-tu un problème particulier avec les acteurs mono-expressifs ??? 😉
Ahlalala ! J’arrive un peu tard, désolé les copains. J’ai dévoré ce duo de bout en bout tout au long de la préparation de l’article et vous tire mon chapeau les gars. Parce qu’il n’était pas si simple de savoir qui était qui tout au long de ce dialogue. Outre le fait que je me sois bien marré, vous m’avez convaincu de donner une dernière chance à ce film qui m’a toujours endormi….Comme le plupart des Ridley Scott, Alien inclus (oui , je sais, je suis un irrécupérable emmerdeur). J’ai récupéré le Director’s Scott 😉 en médiathèque et vois ça dans la semaine.
En ayant en tête votre conseil de visionnage : imaginer un Mort à Venise futuriste.
Je vais faire mon geek mais le film ne vaut rien sur une vieille TV avec un petit écran et un son pourri. Il prend vraiment toute sa mesure avec de l’espace et du son ! C’est complètement, tragiquement et définitivement un film de sensations immersives. Pour le coup, le FINAL CUT est chaudement recommandé sur du matériel HD.
Bon, c’est l’heure du coming out….
JE SUIS UN RÉPLIQUANT…..
ON l’a revu hier soir en HD, tout ça tout ça. J’ai été d’avantage bluffé par les décors et l’ambiance que l’histoire. Scott n’a pas son pareil pour filmer la solitude en mégalopole. J’ai bien aimé l’alternance des plans dans la fourmilière puis les grands couloirs vides qui rappellent bien évidemment Alien.
Par contre sans l’article, je n’aurais pas deviné qu’il s’agissait de Los Angeles. A ce propos, y’a t’il une signification particulière à tous ces visages asiatiques qui apparaissent sur les écrans publicitaires ?
Maintenant l’histoire….
Je trouve qu’elle passe au second plan au détriment du décor. Comment pour Alien justement. Dans cette version en tout cas, on ne peut pas dire que les personnages aient une forte caractérisation….L’enquête qui mène Deckard sur la piste des répliquants n’a rien de palpitante….Même avec vos conseils, le rythme est lénifiant. Décidément ce n’est pas pour moi. Dans cette version, le monologue de HAuer qui crève l’écran d’ailleurs, fait quoi ? 10 lignes ? 🙁
Je m’attendais à plus de développement entre les humains et les répliquants, façon « Real Humans » qui en emprunté le pitch pour l’adapter à la vie quotidienne.
Bref, j’ai toujours pas aimé, mais oui, pour les amateurs c’est un grand film qui malheureusement continue de ne pas me toucher….
Ah Bruce… Tu es donc un répliquant ? C’est pas si grave. Faudra juste te méfier des chasseurs de prime à tes trousses.
Concernant le monologue de Rutger (qui fait bien moins que 10 lignes), pour moi, c’est précisément sa concision qui lui donne sa force, avec un mélange poignant d’urgence et de résignation devant la mort imminente.
Un article en anglais sur la genèse de la scène :
https://en.wikipedia.org/wiki/Tears_in_rain_monologue
Sinon, dernière chance, mets tes baskets et fais du jogging au Maghreb : tu seras un bled runner !
@JP : J’ai l’impression que c’est ta blague finale qui va se perdre dans l’oubli comme les larmes dans la pluie :))
Cette blague finale n’est pas perdue pour tout le monde, et j’ai rigolé comme un idiot devant mon écran (heureusement que mes collègues de travail n’étaient pas encore arrivés).
Sacré JP ! Elle est bonne !
Sinon pour répondre à ta question, Bruce, si on s’en remet aux écrits de K Dick, dans ses romans, le monde a beaucoup changé politiquement, et le Japon a envahi les USA dans Le maître du haut château par exemple… Mais à mon avis, c’est l’image inconsciente de Tokyo que Scott a voulu rappeler ici.
Pour les images japonisantes, il faut se rappeler que le Japon était en plein essor économique à l’époque (début des années 80) et qu’un futur où son influence culturelle aurait été forte pouvait alors sembler plausible.