Il n’y a pas très longtemps, dans une galaxie pas si lointaine…(Gardiens de la galaxie)

Les Gardiens de la galaxie par James Gunn

1ère publication le 28/09/14- MJ le 28/04/19

La guerre des étoiles !

La guerre des étoiles !

AUTEUR : TORNADO

Qui l’eut cru ? Qui aurait pu croire qu’après les X-men, après Spiderman et les Avengers, le nouveau blockbuster cinématographique issu des studios Marvel serait consacré aux Gardiens de la Galaxie ? Et d’ailleurs, qui connait les Gardiens de la Galaxie ? Parce que moi, je ne les connaissais pas il y a encore quelques mois !

Les Gardiens de la Galaxie sont un groupe de super-héros cosmiques assez atypique. Car dans l’univers Marvel, il y a des super-héros cosmiques. Tenez, Nova par exemple, ou encore le Silver Surfer. Ce sont des super-héros cosmiques… Sauf que dans les Gardiens de la Galaxie, il n’y a pas de super-héros connus. Et encore une fois, ces derniers sont assez atypiques. Il y a un terrien baroudeur à la Han Solo, un raton laveur, une plante vivante, ainsi que quelques extraterrestres taciturnes.

Un embryon de la formation voit le jour en 1969, dans un épisode de la série Marvel Super Heroes. Il s’agit d’une création du scénariste Arnold Drake et du dessinateur Gene Colan. Puis Steve Gerber et Sal Buscema remettent le couvert en 1974, avec deux épisodes de la série « Marvel two-in-one », reprenant les bases du one-shot de leurs prédécesseurs. Puis ils rapatrient les Gardiens dans leur série Defenders l’année suivante, et Steve Gerber continue de développer le concept dans les épisodes 3 à 12 de la série Marvel presents en 1976.

A cette époque, les Gardiens vivent en 3015 et les personnages de l’univers Marvel classique les rencontrent en voyageant dans le temps (un peu à la manière de Superman avec la Légion des super-héros). Voilà, vous connaissez les origines des Gardiens de la Galaxie. Sauf que… Aucun des membres de cette équipe originelle n’est présent dans celle d’aujourd’hui ! Donc, sachez bien que si vous vous lancez dans la lecture de Les Gardiens de la Galaxie Intégrale 1969-1977, vous aurez droit à la première équipe, qui n’a rien à voir avec la seconde !

Gardiens de la Galaxie – version classique !

Gardiens de la Galaxie – version classique !

Gardiens de la Galaxie – la version définitive à l’origine du film…

Gardiens de la Galaxie – la version définitive à l’origine du film…

La seconde équipe voit le jour en 2008 dans les pages du crossover incluant les super-héros cosmiques Annihilation Conquest (deux tomes chez Panini Comics). Mais certains de ses membres sont déjà apparu dès 2006 dans le crossover précédent : Annihilation (deux tomes aussi). Ils obtiennent enfin leur propre série en 2008 à la suite des crossovers susdits…

La plupart d’entre eux sont issus d’anciennes créations tombées en désuétude, comme par exemple Rocket Raccoon, créé dans une mini-série en 1985 par Bill Mantlo et Mike Mignola (voir Rocket Raccoon) ! Ou Star-Lord, un personnage directement inspiré de Flah Gordon, créé par Steve Englehart et Steve Gan en 1976 dans les pages obscures de la série Marvel Preview (voir Star-Lord: Guardian of the Galaxy)…

L’équipe finale regroupe les personnages Star-Lord, Rocket Raccoon, Groot, Adam Warlock, Drax le Destructeur, Gamora, ainsi que Phyla-Vell, la deuxième incarnation de Quasar. Ce sont les deux scénaristes Dan Abnett et Andy Lanning (spécialistes des sagas cosmiques) qui réalisent ces épisodes, dont les premiers sont réunis dans Les Gardiens de la Galaxie  : Héritage. Bref, autant dire qu’il faut être un sacré lecteur de comics Marvel pour connaitre tout ce beau monde !

Et l’on en arrive donc à notre film, réalisé en 2013/2014 par James Gunn. Le film fait le lien avec les autres productions Marvel, comme Thor ou Avengers, en mettant brièvement en scène Thanos et l’une des gemmes du Gant de l’infini. Mais pour ce qui est de ses sources au pays des comics, il faut, là encore, se tourner vers les sagas cosmiques des années 2006/2008 (Annihilation, etc.), à travers lesquelles le scénario opère une synthèse.


Enter… Thanos !

Il est certains que le fan puriste amoureux de ces sagas cosmiques va tirer la tronche, car la synthèse est sévère et ne préserve que les grandes lignes, voire davantage l’esprit que la lettre. Certains personnages disparaissent, d’autres subissent une caractérisation complètement revue (Drax, Gamora et Ronan sont par exemple assez méconnaissables de ce point de vue) et l’intrigue est ramenée à sa plus simple expression, largement recentrée autour du personnage de Star-Lord, qui est un humain sympa auquel le spectateur peut immédiatement s’identifier.

Pour le reste, le lien avec les comics se situe souvent au niveau des clins d’œil, comme avec la planète Xandar (patrie du Nova Corps), ou la courte séquence post-générique qui cite Steve Gerber avec une apparition de Howard the duck !


Un canard extraterrestre bien connu des fans de Steve Gerber…

Evidemment, la réussite du film ne se situe pas au niveau de sa fidélité aux comics dont il se veut l’adaptation, même si, en étant indulgent, on peut trouver la synthèse très satisfaisante. La réussite, disais-je, se situe surtout au niveau de la mise en scène, ce qui est plutôt surprenant de la part d’un jeune réalisateur ne possédant pas un très gros pédigrée en la matière !

Qui est James Gunn, d’ailleurs ? Car à force d’entendre parler, en ce qui le concerne, de « réalisateur indépendant » formé chez Troma (société de production spécialisée dans les films trash de série B), on en oublierait presque qu’il n’a réalisé que deux films et qu’il est surtout connu pour avoir écrit le scénario des deux premières adaptations cinématographiques de Scooby-doo !

Le fait est qu’il a réalisé Horribilis, un petit film d’horreur référentiel, et surtout Super, une parodie de films de super-héros impertinente et très appréciée des geeks !
Rien ne le prédestinait, à priori, à la réalisation d’un blockbuster des studios Marvel. Et pourtant, voici que ses Gardiens de la Galaxie deviennent instantanément l’un des meilleurs films de la franchise, et surtout l’un de ses plus gros succès !

Drax : Un alien succeptible hermétique à toute forme de second degré. Rien à voir avec le comic book !

Drax : Un alien succeptible hermétique à toute forme de second degré. Rien à voir avec le comic book ! Source Allo Ciné 

Personnellement, je retiendrais trois points pour faire l’éloge d’un film que, contre toute attente, j’ai franchement adoré ! Je dis contre toute attente car, même si j’aime bien les adaptations Marvel de ces dernières années, je trouve qu’il n’y a quand même pas de quoi en déféquer une pendule ! Et puis, encore une fois, je n’avais jamais entendu parler des Gardiens de la Galaxie il y a encore quelques mois !

Alors, allons-y :

– Premier point : Putain de space-opéra ! Dès la seconde scène (car la première est une scène intimiste qui se déroule sur terre), nous sommes projetés dans un univers à la Star Wars. Et ça dépote jusqu’à la fin ! Voyages interstellaires, combats de vaisseaux intergalactiques (des « dogfights », ils disent), bastons au pisto-laser, aliens tous-azimuts, pouvoirs en tous genres… Et non seulement c’est jouissif et généreux pour les férus de ce type de cinéma (rare, quoi qu’il en soit), mais en plus ça ringardise en quelques dizaines de minutes les scènes m’as-tu-vues que le père Lucas nous a troussées dans sa prélogie de la saga Star Wars!

Chaque séquence des Gardiens de la Galaxie est une merveille de « fantasy » et de space-opéra décomplexé, extrêmement bien rythmée, réglée au cordeau, jamais vulgaire, jamais racoleuse, jamais hors-sujet. Nickel. Et Génial !

– Deuxième point : C’est fun, léger, et c’est vraiment drôle ! Exit l’humour de beaufs et les blagues en dessous de la ceinture à la Michael Bay. Le film de James Gunn est bourré de gags finnots et d’humour plein d’esprit : Des extraterrestres terre-à-terre qui ne comprennent pas le second degré, un raton laveur génétiquement modifié qui ne supporte pas qu’on le traite de noms d’animaux, un chasseur de primes intergalactique pris d’affection pour un orphelin qu’il a recueilli mais qui passe son temps à mettre sa tête à prix pour ne pas paraître faible aux yeux de ses sbires…

Les situations cocasses et les blagues irrésistibles ne manquent pas, mais fusent au contraire de tous les côtés, avec une verve impertinente et un vrai soin apporté aux dialogues. Enfin un blockbuster léger et divertissant qui ne prend pas son public pour une bande de beaufs et de débiles mentaux ! A ranger à côtés des productions Pixar, ainsi que de toutes celles qui ignorent le cynisme avilissant !

Comment ça on ne peut pas être un raton-laveur qui mitraille à tout-va ? Source Amazon : https://www.amazon.fr/Gardiens-Galaxie-Blu-ray-Chris-Pratt/dp/B072MLHHGY/ref=sr_1_2?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1TZOH8YMKEJRG&keywords=gardiens+de+la+galaxie&qid=1556114011&s=dvd&sprefix=gardiens+de%2Cdvd%2C318&sr=1-2

Comment ça on ne peut pas être un raton-laveur qui mitraille à tout-va ?
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– Troisième point : La bande son. Et là il faut que je m’attarde un peu sur le sujet, car James Gunn a eu l’idée la plus simple et la plus géniale qui soit : Lorsque débute le film, le futur Star-Lord, qui n’est encore qu’un enfant, écoute son walkman. Nous sommes dans les années 80. Enlevé par des extraterrestres, le futur leader des Gardiens de la galaxie part ainsi pour l’autre bout de l’univers avec une compilation des années 80 en guise d’unique relique de sa planète natale. Un souvenir auquel il va rester accroché et qu’il écoute en boucle puisque c’était un cadeau que sa mère lui avait offert avant de mourir.

Dès le début du film, cette idée géniale s’impose dans l’esprit du spectateur. C’est génial car, en plus de rythmer tout le film d’un point de vue formel, ce parti-pris va en constituer l’architecture conceptuelle. Le scénario, les ressorts de l’intrigue, la tonalité des scènes épiques… Tout découle de cette cassette audio et de son contenu, qui injecte ainsi du sens à l’ensemble du film et à tous ses constituants !

Par exemple, lorsque le film commence, le petit garçon éperdu écoute « I’m Not in Love » de 10CC. Plus tard, lorsqu’il s’envole à bord de son propre vaisseau, c’est au son du « Moonage Daydream » de Bowie (dans l’album « Ziggy Stardust », c’est celui qui se trouve juste avant « Starman »…). Lors de la grande scène d’évasion, on entend « Escape » de Rupert Holmes. Et c’est comme cela tout au long du film, où vont se succéder « Cherry Bomb » des Runaways ou encore « I Want You Back » des Jackson 5 selon la couleur et le contenu de la scène… Enfin, chaque fois que sa cassette lui est enlevée pour telle ou telle raison, « Star-Lord » va tout faire pour retrouver cet unique souvenir de ses origines et ainsi entrainer tout le monde dans la galère, définissant ainsi plusieurs séquences sur ce génial leitmotiv !

LE concept !

LE concept !

Pour autant, le film dans son ensemble n’est pas parfait. La trame narrative demeure classique et manichéenne, les grosses ficelles hollywoodiennes s’imposent de manière pachydermique et l’on n’échappera pas aux passages imposés, avec leur lot de romance à l’eau de rose et de clichés héroïques propre à la belle Amérique impériale.

Les deux acteurs principaux, Chris Pratt (Star-Lord) et Zoe Saldana (Gamora), sont à eux-seuls des clichés ambulants et véhiculent de bons sentiments sirupeux qui dénotent au milieu d’un script évitant au maximum le cynisme des habituelles superproductions hollywoodiennes. C’est donc le moment de revenir sur la bande-annonce du film, que tout le monde a pu voir maintes fois bien avant que le film ne sorte. Une sorte d’hommage au film Usual Suspects mais gorgé d’humour, censée apporter une note d’intention forte à destination d’un certain public, pas forcément friand d’histoires de super-héros traditionnelles. Et c’est ce fameux état d’esprit « badass » qui a précédé la sortie du film durant des mois, promettant une version trash des super-héros Marvel.

Rocket Raccoon & Groot : Les deux vraies stars du film sont deux personnages de synthèse (ici en figurines) !

Rocket Raccoon & Groot : Les deux vraies stars du film sont deux personnages de synthèse (ici en figurines) !

Hélas, il n’y a pas grand chose de « badass » une fois le film lancé. Certains personnages sont très intéressants et réussissent à dépasser le stade du manichéisme primaire (Drax, Rocket, Groot, Yondu Udonta incarné par Michael Rooker ! Soit une sacrée bande de lascars !), mais ils retombent dans les bons sentiments de manière trop artificielle. Chris Pratt est beaucoup trop mignon, beaucoup trop angélique pour espérer accéder à cette dimension rugueuse et rock’n roll tant et tant promise. Un autre acteur, moins beau mais davantage charismatique, aurait certainement apporté de l’eau au moulin.

Qu’à cela ne tienne, en ces heures de blockbusters racoleurs, vulgaires et décérébrés (la bande-annonce des Tortues ninjas m’a foutu la nausée en moins de deux minutes), les Gardiens de la Galaxie s’impose comme un classique instantané, un modèle à suivre, qui prouve que l’on peut transposer des super-héros sur grand écran si l’on parvient à trouver un équilibre entre les choix d’adaptations, le second degré décontracté et la générosité du spectacle.

Si vous êtes un lecteur puriste qui ne supporte pas les adaptations cinématographiques de vos comics chéris, passez votre chemin. Mais tous les autres, filez vite voir cette petite merveille qui vous mettra une pêche d’enfer et vous rappellera que c’est bon d’être un éternel enfant…

Badass or not badass ?

Badass or not badass ? source Allo Ciné 

30 comments

  • Bruno. :)  

    Globalement d’accord avec tout le monde : l’angle décomplexé et -à priori- distancié d’avec le reste de la production Marvel pour le ciné, permet à James Gunn de s’amuser (très beaucoup) légèrement avec ses jouets, faisant du coup passer plus facilement les passages imposés/lourdingues (la maman, le kidulte, les drames familiaux des uns et spécistes des autres, le méchant -effectivement nul, ce dernier.). Et, oui : quitte à faire dans le cosmique, le choix de l’esthétique Space-Opera « funky » reste le seul qui garantisse un soutient visuel valable à une aventure de Super-Héros -très Comic-Book, elle.

    J’ai encore mieux apprécié le second opus ; surtout pour le focus sur les personnages, comme précisé dans les commentaires. J’apprécie franchement l’exploitation intelligente de leurs interactions. J’y vois même une relation directe de cause à effet entre le degré de simplicité caractérielle immédiatement exprimée par un personnage, et la multiplications quasi magique des échanges créatifs et constructifs, tout soudain possibles, qui s’articulent avec d’autres de la même veine, quasi uniquement à cause de leur improbabilité intrinsèque de créatures imaginaires. Mantis et Drax m’ont bien fait rire, avant de m’émouvoir avec leur scène intime, si bien amenée -et Ô combien précieuse en tant qu’ exemple-type d’un travail d’écriture sérieux, quant à la chance de pouvoir travailler avec un matériel aussi « élastique ».
    Travail d’écriture sérieux -même simplement honnête, devrait-on dire- définitivement trop rare sur le reste de la production Super-Héros de cinéma.
    J’aime bien le casting -David Bautista est définitivement très couvert, n’empêche- et les Souverains sont inénarrables : je me suis sentis particulièrement en terrain familier, nationalement parlant…
    Pas vu le troisième épisode, par contre : l’intro me bloque et, comme il parait que c’est moins fun et plus dramatique, je n’ai pas envie de gratter plus que ça.

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