Punisher: The platoon par Garth Ennis, Goran Parlov, et Jordie Bellaire
Un article de PRESENCE
VO : Marvel
VF : Panini
Tous les scans de cet article sont la propriété de Marvel Comics.
Ce tome met en scène Frank Castle avant qu’il ne devienne Punisher, à l’occasion de sa première vacation au Vietnam. Il se passe donc avant les événements de Punisher: Born (2003) d’Ennis & Darick Robertson. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Garth Ennis, dessinés et encrés par Goran Parlov, mis en couleurs par Jordie Bellaire.
Précédemment, Ennis & Parlov ont réalisé la minisérie en 12 épisodes, consacrée à Nick Fury : Fury MAX: My war gone by. Cette histoire de Frank Castle porte également le logo MAX, celui de la branche adulte de Marvel. Ce tome commence par une introduction de 2 pages écrites par Garth Ennis en mars 2018, évoquant son voyage sur le site de la Bataille de la Somme, et plus particulièrement son moment de recueillement au bord du Trou de mine de la Boisselle (Lochnagar’s crater, en VO). Il évoque également sa découverte de la série La grande guerre de Charlie (1979-1985, Charley’s War) de Pat Mills & Joe Colquhoun.
De nos jours, Michael Goodwin a réussi à réunir 4 vétérans (le radio Molland, le sergent Dryden, le médecin Capa, et un autre) qui ont fait partie de la quatrième section, celle qui fut le premier poste de commandement de Frank Castle, pendant la guerre du Vietnam. Il leur offre un verre dans un bar, pour recueillir leurs souvenirs sur cette première période de service de Castle qui en a accompli 3 au Vietnam. Goodwin se présente comme étant l’auteur du livre Valley Forge Valley Forge, relatant les événements survenus lors de la dernière période de service de Castle. Il leur explique sa motivation : il a l’impression de n’avoir écrit que la conclusion de son histoire, mais pas l’histoire en elle-même, celle de Frank Castle. Le récit commence donc début janvier 1968, alors que Castle prend son premier poste de commandement, à la tête de la quatrième section, pour tenir la position de la colline 61, située à proximité de Khe Sanh. Castle se présente à ses hommes, indique qu’il prendra le temps de les rencontrer un par un et qu’il n’a aucune expérience du combat. Il commence à faire le tour de leur installation, avec le sergent Dryden.
Le lendemain, la quatrième section doit effectuer une mission de reconnaissance au village de Chu Bai. À l’approche du village, Frank Castle détecte le comportement méfiant du sergent Dryden. Il réussit à lui faire dire ce qui le préoccupe. Contre toute attente, Castle suit les conseils issus de l’expérience de Dryden, et demande un bombardement de la zone, même si elle semble tranquille. Après coup, ils découvrent le corps de 4 tireurs d’élites Viêt-Cong embusqués. Dans le même temps, le colonel Letrong Giap accueille une jeune femme vietnamienne Ly Quang qui vient de tuer plusieurs soldats américains, par elle-même. Il fait soigner son bras gauche, et il fait sortir son aide Nguyen van Cuong (fils du général) pour pouvoir s’entretenir calmement avec elle. Il réussit à la convaincre qu’elle apporte plus à l’armée en devenant un encadrant formateur, qu’en réalisant des attaques en solitaire. Le 21 janvier a lieu l’attaque de Khe Sanh, et de la zone environnante dont la colline 61. Frank Castle dispose de plusieurs hommes de renfort, mais c’est lui qui doit organiser la défense de la colline. La nuit s’annonce longue.
S’il a lu les 60 épisodes de la série Punisher MAX écrits par Garth Ennis, le lecteur est déjà acquis d’avance au plaisir de la lecture de de cette histoire. S’il ne les a pas lus, il peut enfin découvrir Frank Castle version Max dans un récit auto-contenu (et après il n’aura plus qu’une idée en tête : lire la série Punisher MAX). Le tandem Garth Ennis & Goran Parlov est déjà l’auteur de la dernière partie de la série Punisher MAX : Valley Forge, Valley Forge (2008). Cette histoire contenait des extraits de l’ouvrage fictif du même nom, écrit par Michael Goodwin, le frère d’un soldat ayant servi sous les ordres de Castle lors de sa troisième période de service au Vietnam. C’est donc le même personnage qui interroge les 4 vétérans ayant servi sous les ordres de Castle lors de sa première période de service. Le lecteur reconnaît également le colonel Letrong Giap qui apparaît également dans la série Fury Max (2012/2013) réalisée par les mêmes auteurs. Le lecteur se rappelle également que Garth Ennis avait fixé la date de naissance de Frank Castle au 16 février 1950 sur la couverture de l’épisode 44.
S’il n’a pas lu le Punisher MAX d’Ennis, le lecteur plonge dans une simple évocation de la guerre du Vietnam au début de l’année 1968, avec un personnage s’appelant Frank Castle qui se créera l’identité du Punisher à la fin de sa troisième période de service, et donc une identité qui n’apparaît aucunement dans cette histoire. Punisher est simplement évoqué à 2 ou 3 reprises dans la discussion entre l’écrivain Goodwin et les 4 vétérans. Malgré tout, pour tous les lecteurs, cette histoire peut comprendre une dimension ludique dans l’observation des situations dans lesquelles se trouvent Castle, et dans ses réactions pour déceler celles qui feront partie du mode opératoire du Punisher. Mais en tout état de cause, ce n’est pas une histoire de superhéros, ni de vigilant éliminant de manière définitive des criminels irrécupérables.
C’est une histoire de guerre qui évoque un conflit spécifique, avec des dates historiques exactes et des références à des événements réels (l’offensive du Tet, la bataille de Khe Sanh, le massacre de civils à Mỹ Lai) qui sont nommés, sans être explicités. Il faut avoir à l’esprit que Garth Ennis éprouve une passion pour les affrontements armés du vingtième siècle, et que ses récits sont toujours rigoureusement documentés. Il n’y a pas de souci de date, et les références aux armes sont pertinentes et pénétrantes. Ainsi, l’enjeu sur la fiabilité des fusils M16 par rapport aux M14, et leur précision en comparaison des AK-47 est exacte et le lecteur peut croire l’auteur sur parole. Il n’en est que plus atterré quand Ennis indique que la quantité de bombes déversées lors de la bataille de Khe Sanh s’élevait à plus 100.000 tonnes, soit 5 fois Hiroshima.
Les pages bonus de Fury Max avaient montré qu’Ennis relit les planches de l’artiste une fois réalisées, et qu’il indique les éventuelles inexactitudes en matière d’armement ou d’équipements militaires, que ce soit les tenues ou les véhicules de transports ou d’attaques. De la même manière qu’il peut avoir confiance dans le scénariste pour l’authenticité de la reconstitution historique, le lecteur peut avoir confiance en Goran Parlov pour l’exactitude de de tous les éléments d’époque qui sont représentés. En outre, ce tome comprend également les 3 couvertures alternatives réalisées par Marco Checchetto, Andy Brase et Scott Hepburn. Même en prenant en compte l’exigence éditoriale de réaliser des dessins de couvertures frappants, il apparaît que ces 3 artistes ne résistent pas à la tentation de dramatiser les postures de Frank Castle, de doter le personnage d’une forme d’aura romantique et virile, et d’intégrer un crâne dans le dessin. Dès la deuxième couverture, Parlov ne joue plus avec le motif du crâne sur la couverture, et si la posture de Castle met en évidence qu’il est une force de la nature, les détails des dessins le ramène dans un monde plus réaliste avec des limites physiques et humaines. Pour Parlov, l’enjeu visuel n’est pas de rendre Castle beau et séduisant, mais de montrer qu’il appartient à une réalité concrète, avec des compétences qui le rendent le plus apte à la survie.
Alors même que cette histoire se lit de manière très fluide, elle contient de nombreux défis visuels. Garth Ennis est un auteur qui porte une grande affection aux dialogues, aux individus (souvent mâles) en train de papoter (Oups ! pardon, en train d’échanger leur point de vue de manière constructive). Or ce type de scène présente un intérêt visuel assez réduit. Pourtant, le lecteur n’éprouve jamais la sensation de regarder une comédie de situation au budget limité au strict minimum. Par exemple, la scène d’introduction correspond à une discussion de 4 pages entre des personnes assisses autour d’une table dans un bar. Ennis a fait un peu d’effort pour inclure un ou deux mouvements et Parlov montre le décor dans les arrière-plans, les mouvements des interlocuteurs, dans des cases de la largeur de la page, en utilisant toute cette largeur pour y mettre des informations visuelles. Il procède ainsi pour chaque scène de dialogue, prenant soin de montrer ce que font les personnages pour inclure un intérêt visuel. De son côté, Ennis fait un effort d’écriture pour que les personnages expriment leur pensée en termes concis, sans sacrifier la densité.
Non seulement, Goran Parlov sait transcrire la tension ou les émotions qui traversent les vétérans au fur et à mesure de l’évocation des événements de ce début d’année 1968 (ce qui fait que chaque retour au présent à une saveur visuelle différente), mais en plus les scènes de guerre au temps passé se suivent et ne se ressemblent pas. Là encore, le défi narrait n’est pas si évident, car finalement, il s’agit à chaque fois de soldats échangeant des coups de feu contre l’ennemi dans la jungle et la boue. Au fur et à mesure des combats, le lecteur voit par lui-même que la nature et le relief du terrain ne sont pas interchangeables et ont une incidence directe sur son déroulement.
Ce n’est bien sûr pas la même chose de défendre une position élevée sur une colline, que d’accomplir une mission dans la jungle ; les dessins le montrent clairement. Parlov ne dessine pas de manière photoréaliste. Cela ne veut pas dire que les dessins manquent de détails, mais plutôt que ces derniers sont représentés de manière simplifiée. Là encore, cela ne signifie pas qu’ils sont génériques, car l’artiste sait introduire dans ses tracés de contour, les petites variations d’épaisseur, les petits écarts dans les tracés qui reflètent l’irrégularité des contours, les différences de texture, l’usure, etc., un peu à la manière de Will Eisner. Ainsi, alors même que le lecteur peut parfois trouver que les traits encrés ne sont pas en grande quantité, ils réussissent quand même à nourrir son immersion dans une jungle ou une colline herbeuse. La consistance des décors est également nourrie par la mise en couleurs aussi discrète que sophistiquée de Jordie Bellaire, extraordinaire de complémentarité, sans jamais écraser les traits encrés. Il n’y a à la rigueur que les souterrains servant de base au colonel Letrong Giap qui manquent de consistance.
Grâce aux dessins de Goran Parlov, le lecteur suit donc le quotidien d’une section de militaires américains (pour la plupart des appelés) bénéficiant des talents de commandement de Frank Castle. Dans l’introduction, Michael Goodwin explique clairement l’intention de l’auteur : raconter la vraie histoire de Frank Castle (donc pas celle du Punisher), avant que sa famille ne soit tuée. Par opposition à Valley Forge, Valley Forge, il donne la parole aux Vietcong par l’entremise du colonel Giap et de Ly Quang. S’il y est sensible, le lecteur se rend compte que le récit montre l’armée des États-Unis comme des envahisseurs, les soldats vietnamiens défendant leur territoire.
La narration établit de manière organique que l’enjeu principal pour les conscrits est de rentrer chez eux en bonne santé à la fin de leur service, sans pour autant en faire des tire-au-flanc. Néanmoins, Ennis ne passe pas sous silence les massacres accompagnés de mutilation, perpétrés à My Lai, et envers la famille de Ly Quang. Le lecteur fait également la connaissance de Donald, un gradé responsable de la logistique, magouilleur de première ayant organisé des trafics juteux, mais aux conséquences létales pour les soldats en situation de combat. Comme à son habitude, cet auteur sait raconter la guerre à la hauteur des êtres humains, et en montrer les conséquences sur les individus, contraints de vivre dans cet environnement, contraints d’affronter d’autres êtres humains pour leur survie.
Le lecteur retrouve d’autres caractéristiques de l’écriture de Garth Ennis, comme sa capacité surnaturelle à faire passer l’amitié entre mecs, que ce soit de manière positive (celle se développant progressivement entre Frank Castle et Dryden) ou que ce soit de manière négative (l’antagonisme entre les Bérets Verts des Special Forces et les marines, dans un bar).
Contre toute attente, l’auteur a réussi à insérer des pointes d’humour, sans recourir à la forme énorme qu’il affectionne, mais en pratiquant un humour à froid en phase avec la nature du récit, et tout aussi efficace, que ce soit une évocation du journaliste Walter Cronkite (rendue décalée du fait de sa mention par Giap), le comportement des prostituées qui ne veulent pas faire de fellation (avec une explication pragmatique quelques pages après), un jeu de mot sur Fall (à la fois chute et automne, en anglais), ou encore une remarque sur une tête qui ne va manquer à un soldat mort (une moquerie sur son intelligence limitée). Au fil des épisodes, le lecteur se rend compte qu’il voit également se dessiner le portrait de Frank Castle, à la fois sur ses motivations profondes, à la fois sur la manière dont les situations de combat répondent à une pulsion chez lui.
Garth Ennis et Goran Parlov réalisent à nouveau une bande dessinée méritant le qualificatif de littéraire, effectuant une reconstitution historique fiable, une évocation de la nature humaine en situation de combat dans une guerre, la réalité d’un conflit armé à hauteur d’homme, une analyse de l’enjeu fondamental des combats pour les individus au front, le portrait d’un individu qui apparaît comme un héros pour ses hommes, mais comme un individu complexe à l’histoire personnelle que le lecteur ne peut pas envier. Exceptionnel.
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que Garth Ennis & Goran Parlov racontent la deuxième période de service au Vietnam de Frank Castle, ce qu’Ennis promet dans la page des lecteurs du dernier épisode.
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Il est sorti ! Le retour de Garth Ennis et de Goran Parlov sur Le Punisher après une décade d’enfantillages et de crossover pourris chez Marvel. Un nouveau chef d’oeuvre à l’exactitude historique indéniable et à vocation littéraire selon Présence. Review en embuscade chez Bruce Lit.
La BO du jour : la première victime de la guerre, c’est l’innocence
Celui-là, il faudra forcément que je lise un jour… Ceci dit, lorsque j’ai appris l’existence de ce projet, je craignais que ce soit l’histoire en trop pour Ennis, qui avait quasiment tout dit sur Frank Castle.
Ton article annonce un récit prometteur avec le plaisir de retrouver le style maîtrisé de Goran Parlov et de découvrir un nouveau pan du voile levé sur Castle avant le Punisher.
Une de mes inquiétudes est le traitement de la guerre du Vietnam. Même lorsqu’un point de vue critique est utilisé dans la fiction, il y a souvent une tendance à caricaturer le conflit entre envahisseurs américains et résistants locaux. On oublie souvent les gens du Sud, finalement lâchés par les États-Unis et envahis par le Nord.
Et le schéma s’est répété depuis en Afghanistan, en Irak… Les américains dominent le conflit armé mais n’adressent pas le fond du problème et quand ils repartent chez eux, c’est la même merde qu’avant, voire pire.
Ton inquiétude est fondée car ce n’est un historique de la guerre du Vietnam. Ennis se focalise sur le conflit armée entre US et NVA, sans évoquer la partie sud du pays. Un autre critique plus sévère que moi a estimé que les séquences avec le colonel Letrong Giap et la jeune femme vietnamienne Ly Quang sonnent un peu forcée.
http://www.tcj.com/reviews/punisher-the-platoon-1/
(dans le dernier paragraphe)
Eh ben les gars…c’est devenu bien triste le blog le week end. Y’a plus personne. Pourtant on pourrait croire que le week end, les gens ont plus de temps pour écrire. Enfin…
Bon alors un récit de guerre par Garth Ennis…
Je passe.
Je note bien qu’il ne fait pas de l’humour outrancier. Mais je n’aime pas les récits de guerre. Même en films. En fait je considère que je suis mal renseigné sur le sujet (parce que ça ne m’intéresse pas, les guerres et qui a tué qui, etc.) et donc je n’ai pas de recul ou d’esprit critique pour juger si l’œuvre est une connerie qui glorifie des soldats qui en réalité étaient de gros sadiques, ou si le discours n’est pas un peu trop « pro-guerre ».
Il y a très peu de films qui semblent condamner la guerre. Même quand c’est présenté comme un truc terrible, il y a toujours des combats glorifiés, des trucs techniques sur l’armement et son efficacité (ce que Ennis semble faire).
Je sais pas…je ne dis pas que c’est facile ou que tous ceux qui écrivent là dessus sont des auteurs qui glorifient la guerre…mais disons que souvent la violence virtuelle est rendue « cool ».
Attention je ne dis pas que c’est forcément mal. La violence virtuelle a des vertus cathartiques (toutes les bastons de super héros, les gunfight, les poursuites, etc.) Sauf que la guerre, et d’autant plus les guerres réelles documentées, je trouve que ce n’est pas un bon sujet à rendre « cool ». C’est ma sensibilité perso, je n’aime pas les récits de guerre réalistes. Encore moins ceux qui impliquent des lâchers de bombes ou de gaz moutarde et autres saloperies. C’était un peu plus glorieux à l’époque des romains quand ils ne pouvaient pas tuer des milliers de gens en appuyant sur un bouton.
des films qui ne glorifient pas la guerre?
Ben Croix de Fer de Sam Pekinpah
M.A.S.H. aussi
Les sentiers de la gloire de Kubrick
Bon aussi, la guerre, ça ne me tente pas trop, mais bon c’est là qu’Ennis est le meilleur…
Outrages de De Palma aussi.
L’Armée des Ombres.
Le cool et la glorification n’est pas du tout la visée d’Ennis ici (il revient en détails sur sa démarche en préambule).
– La Ligne Rouge
– Il Faut Sauver le Soldat Ryan
– La Chute du Faucon Noir
– Un Long Dimanche de Fiançailles
– Au revoir là-haut
On ne compte plus les films de notre génération qui s’illustrent au contraire à nous montrer que la guerre, il ne faut plus jamais tomber dedans…
Full Metal Jacket
Requiem pour un massacre
Voyage au bout de l’Enfer de Cimino (qui n’a pas été bien perçu par certaines personnalités opposées à la guerre du Vietnam, comme Jane Fonda), souvent réduit à ses scènes de roulettes russes alors qu’elles ne constituent qu’une partie du long-métrage
Je n’ai pas vu beaucoup de ces films mais bon…Il Faut Sauver le Soldat Ryan, je ne suis pas sûr d’être d’accord. Disons que oui à la base ça semble dire que c’est pas bien la guerre (parce que personne ne va ouvertement dire que c’est bien évidemment) mais au final il y a un côté divertissement à base de batailles qui ne marche pas sur moi.
La ligne rouge ouais ok. Il est plus cérébral (et un brin ennuyeux d’ailleurs, mais dans le bon sens)
Mais bon à la base je ne ressens aucune attirance pour ce type de récits.
La chute du faucon noir ne m’a pas semblé être très antipatriotique ou dénoncer la guerre. Par rapport à Valse avec Bachir, c’est même assez glorieux.
Il me manque pas mal de films que vous citez comme références. Je vais tâcher de pallier à ça à l’avenir, sachant que je dois voir Croix de fer depuis longtemps.
À l’inverse, il est possible d’envisager ce genre de BD comme une passerelle permettant de jeter un coup d’œil sur le conflit et de s’interroger sur les points ou les comportements qui semblent hors norme, hors probabilité. Aujourd’hui, grâce à Internet, c’est chose aisée de trouver une autre version des faits et de confronter les 2.
À mes yeux, Garth Ennis est meilleur connaisseur des conflits armés du vingtième siècle que moi. A priori, je lui fais confiance, et de temps à autre (par exemple quand je rédige un article 🙂 ), je vais vérifier des détails qui remettent en question mon opinion.
Et ben, difficile de faire plus complet comme article ! 🙂
Voilà un must have, en ce qui me concerne. Je pourrais presque chanter cette célèbre chanson de Johnny en changeant juste un mot du refrain pour que ça devienne « Touteu la BD que j’aimeuuu » 😀
Chouette article en tout cas. Je n’achète pas tout de suite cependant, car j’attends de voir ce que fait Paninouille avec ses deluxes.
Car, hélas, Paninouille a encore oeuvré dans sa politique éditoriale néfaste avec le dernier deluxe du Punisher MAX sorti cette année (le tome 6). Au lieu d’y mettre dedans les deux derniers arcs de la série et de plier l’affaire, ils ont fait un mini-deluxe avec l’arc « La Longue Nuit Froide » et le one -shot « The Tiger », déjà publié ailleurs… Il y manque donc le dernier arc « Valley Forge Valley Forge ».
Du coup, il y a peu de chance, à terme, de voir dans cette collection un dernier deluxe avec ce Platoon et l’hypotétique dernier récit dont parle Présence à la fin de son article, à venir sur le second passage de Castle au Vietnam.
Un deluxe avec « La longue nuit froide » + « Valley Forge Valley Forge » et un dernier avec « Platoon » + « The Last », ça aurait été parfait pour cette collection. Mais parfait n’est pas Paninouille…
Merci pour le compliment, mais en fait dès le premier commentaire, JP fait remarquer avec justesse qu’il aurait été possible de développer au moins un autre point de vue, celui sur ce qu’a accompli (ou pas) le conflit. Je conserve la conviction qu’il est possible de faire différemment et tout aussi intéressant sinon plus, et bien sûr plus complet.
De l’avis d’Ennis, la deuxième période de service de Castle semblait bien engagée comme projet de série, mais je me souviens aussi qu’il s’est écoulé 3 ans entre l’annonce de cette série-ci et sa publication effective. Il évoque également une autre histoire du Punisher contemporaine dont il a soumis le projet et qui a été accepté par le responsable éditorial… Wait & See.
Comme l’aime à le rappeler Tornado, Garth Ennis ne s’est pas construit en 1 jour comme auteur. Il est né en 1970 et Preacher à commencé de paraître en 1995. Je ne pense que j’aurais été capable (en fait je suis sûr du contraire) d’écrire des récits aussi matures à cet âge-là. Pour reprendre la série Punisher, il apparaît avec cette nouvelle histoire qu’il tente de rééquilibrer les points de vue entre soldats américains et soldats vietnamiens, ce qui n’était pas le cas dans Valley Forge, Valley Forge.
Il s’agit en fait d’une citation de Benjamin Franklin. Je l’ai choisie pour l’article. Je ne crois pas qu’elle figure dans le comics.
J’ai pas lu le truc, mais oui ça me choque aussi.
ça me fait penser au long métrage Albator 84 dans lequel on nous raconte comment les ancêtres de Albator et Alfred (Yattaran) se sont rencontrés durant la seconde guerre mondiale…et où ils pilotent des avions allemands. Et critiquent d’ailleurs la guerre et le fait que ça les emmerde de faire ça pendant que les dirigeants sont derrière leurs bureaux.
Bref ce passage avait été censuré bien sûr à l’époque…parce que « hou les vilains allemands, c’est des nazis »
Je ne suis pas le seul à être choqué par la posture de Jesse vis à vis de Gunther.
Mais en relisant vite fait un wiki (je n’ai pas relu Preacher depuis une dizaine d’années), il semblerait que Ennis fasse mention du bataillon 101 qui a assassiné 80 000 juifs durant la Shoah par balles. Je n’en ai pas souvenir mais ce blog le corrobore également.
Gunther ne serait donc pas un simple soldat allemand mais bel et bien un criminel contre l’humanité. La réaction de Custer me parait donc du coup plus « entendable ».
Au travers de son œuvre, il apparaît que Garth Ennis éprouve une réelle admiration pour les soldats de métier (ou non) compétent, une fascination pour le courage nécessaire à monter à l’assaut. Il n’élève pas la virilité du soldat au rang de vertu cardinale, mais au fil des années et des récits, il essaye de mieux faire ressortir comment chaque soldat se conforme à ce qui est attendu de lui, et comment des officiers ont essayé de bien faire leur métier.
C’est avec ça que je ne peux pas être en phase.
Oui ok heureusement qu’il y a eu des soldats pour défendre les civils dans les guerres…mais au final c’est un métier rendu nécessaire pour des raisons de merde, parce que des dirigeants de merde déclenchent des guerres de merde dans un monde de merde (euh…pardon^^)
Ce qui est attendu d’un soldat, c’est parfois de faire des saloperies. Et les éventuels déserteurs ou ceux qui refusent des ordres ignobles, je peux les comprendre. Donc glorifier le soldat obéissant…ça me met un peu mal à l’aise.
C’est peut être parfois un mal nécessaire pour empêcher des conséquences encore pires (les alliés ont surement fait des saloperies pour stopper les nazis), mais au final je ne ressens pas cette envie de voir ça glorifié dans une histoire de fiction.
Un individu complexe à l’histoire personnelle que le lecteur ne peut pas envier : Garth Ennis ne glorifie en rien Frank Castle.
@Bruce : « ce n’est pas contradictoire d’aimer autant un personnage qui a dézingué dans ton pays de naissance ? »
Ben en fait, le Punisher il existe pas, donc il a tué personne 😉
Nan, plus « sérieusement », figure-toi que j’ai été élevé par mon père dans une certaine admiration de l’Amérique. Ayant connu la colonisation française, mes parents me disaient que les américains étaient davantage venus en tant que partenaires/alliés alors que les français étaient davantage perçs comme dominateurs, voire tyranniques… Eh oui, ça doit vous faire bizarre de lire ça…
Après, je précise aussi qu’au fil des années, j’ai eu l’occasion de revoir ma perception des Etats Unis, une nation hautement imparfaite mais fascinante. Et que je suis forcément reconnaissant à la France de m’avoir accueilli. Mais tout n’est pas tout noir ou tout blanc (forcément, chez les jaunes…) Spéciale dédicace au fonctionnaire français corrompu qui avait confisqué nos papiers pendant x mois en attente d’un pot de vin…
Au sujet des guerres… Oui, c’est la porte ouverte à toutes les saloperies… Mais bon, je m’imagine quelques instants dans la peau de mon père dans les années 60-70 : tu vis dans un pays à peu près libre (certes corrompu, mais la classe politique française de nos jours n’est pas peuplée que de modèles de probité…) et y’a tes cousins du Nord qui vont débarquer joyeusement pour t’apprendre les joies du camp de rééducation et te convertir aux vertus du Communisme… Eh ben, tu sais un peu pourquoi tu dois te battre.
Et si tu perds la guerre et que tu as quand même la chance de survivre, alors tu tentes l’émigration, en jouant les cartes que tu peux.
J’ai eu la chance de partir en avion. D’autres ont pris le bateau. Et aujourd’hui encore, d’autres bateaux transportent des réfugiés en quête d’une vie meilleure (mais les politiciens disent qu’ils ne faut prendre que ceux qui le méritent vraiment, sûr que dans ces cales surchargées, y’en qui font que du tourisme, ah les salauds…)
Euh les gars…c’est peut être pas le truc à dire à quelqu’un comme JP mais ça reste économiquement impossible d’accueillir tous les réfugiés du monde dans un seul pays. Je ne suis pas expert là dessus mais il me semble que ça pose un léger souci quand même, non ?
Je ne veux pas passer pour un enfoiré, mais je veux juste dire que c’est pas si simple comme problème et un peu facile de pointer du doigt la position politique de ne pas laisser entrer tout le monde.
C’est facile de se poser en chevalier blanc qui défend les droits de tout le monde mais faut réfléchir. Comment tu fais après ? Tu les fais vivre comment ? Comment tu leur permets de bosser quand y’a déjà 5 millions de chômeurs français ?
Tous les pays se les renvoient comme une patate chaude alors que chacun pourrait en accueillir une partie. Parce qu’au final si un seul pays les accueille tous, ça peut pas marcher.
Rocard avait dit un truc du genre « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais elle doit en prendre sa part. »
Sa citation est souvent tronquée…
Quand la France critique l’Italie parce qu’elle refuse d’accueillir le navire Aquarius et qu’après elle est toute contente que l’Espagne accepte, alors que le bateau aurait pu accoster en France… Oui, ça donne l’impression qu’on se refile les patates…
Sauf que ce ne sont pas des patates mais des êtres humains.
Je te retourne la question, Matt. C’est facile de dire on les renvoie chez eux. Loin des yeux… Mais dans le tas, il y en a qu’on renvoie à la mort et d’autres « simplement » à la misère. Bah oui, pas de chance, ils n’avaient qu’à pas naître dans le mauvais pays… Oh et puis, ils avaient qu’à mieux se débrouiller pour réussir dans la vie aussi…
Une accroche d’article aperçue rapidement sur Facebook, un français qui part travailler à l’étranger, on dit que c’est un expatrié. Un africain qui vient tenter sa chance en Europe, on dit que c’est un migrant…
J’ai pas de solution miracle. J’essaye juste de me rappeler que ce sont des gens. Pas une masse impersonnelle. Pas une menace absolue. Des gens avec des histoires et, forcément, toujours, un bout d’histoire en commun avec la mienne.
« Je te retourne la question, Matt. C’est facile de dire on les renvoie chez eux. »
J’ai jamais dit qu’il fallait faire ça. Et oui ce sont des gens. Mais oui on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Sinon la France deviendra un ghetto géant avec plus personne au dessus du seuil de pauvreté. Parce que les aides et tout ça, faut bien les prendre quelque part. Et faut pas s’attendre à ce que ce soit les ministres qui baissent leurs salaires.
On aura l’air malins à jouer les samaritains quand le pays sera ruiné.
J’ai pas de solution miracle non plus mais l’Europe ça sert à quoi bordel ? Il ne peut pas y avoir un conseil de l’Europe avec des décisions du genre « tout le monde en accueille un peu » ?
Enfin tout ce que je voulais dire moi, c’est que je ne peux pas adhérer à ces visions simplistes du « on les vire tous dans leur pays pour qu’ils y crèvent » ni même le « on les accueille tous car ce sont des gens et faut les aider ». Le premier c’est évidemment cruel, mais le deuxième c’est un discours de bobo gauchiste qui vit dans son monde utopiste, mais que si tu l’approuves pas, tu passes pour un sale con. Ben…désolé mais ça peut pas être si simple, c’est tout ce que je veux dire. Et tant pis si j’ai l’air d’un sale con mais hélas…c’est pas si simple.
D’abord merci JP pour ton témoignage. Il y a encore beaucoup d’ombres dans l’histoire française…
Ensuite Matt, même si mathématiquement et logiquement je suis d’accord avec toi, la réalité est autre. J’ai entendu récemment à la radio (Bernard Guetta pour le citer) que la crise migratoire actuelle est très petite quantitativement comparée à celle ayant eu lieu il y a quelques années. Le nombre de migrants est ridicule, donc oui, nous pourrions les accueillir. Mais entre le Brexit et l’actuelle montée des nationalismes au sein de l’UE, ce sujet est devenu un sujet politique et de vitrine avant un débat philosophique.
Oui bon après je ne suis pas un spécialiste très bien renseigné sur le sujet je l’avoue^^
Je n’ai jamais voulu dire qu’il faut les foutre dehors.
D’ailleurs j’avais été très choqué par les diverses histoires de gens poursuivis par la justice pour être venu en aide à des migrants (un gars qui avait fait passer la frontière à 2 migrantes pour les emmener dans un hôpital je crois…et un autre qui aurait aidé une femme enceinte)
J’avais halluciné parce que je croyais au contraire que la non-assistance de personne en danger était un crime. Mais visiblement si ce sont des migrants, faut pas les aider…
On marche sur la tête.
Mais bon voilà je voulais juste dire que certains moralisateurs qui disent que le gouvernement doit aider tout le monde parce que c’est la bonne chose à faire, morale, chrétienne, ou tout ce que tu veux…ben ils sont bien gentils mais c’est pas forcément si simple économiquement.
Et c’est bien joli aussi de dire qu’on emmerde l’économie, que l’argent n’est pas le plus important etc…mais une fois le pays croulant sous la pauvreté on fera quoi ?
J’aime pas le capitalisme et je suis aussi pour l’entraide mais il faut être réaliste aussi. A moins de changer les gouvernements du monde entier, un pays tout seul ne peut pas aider tout le monde.
Il y a des migrants dans nos collèges aujourd’hui. Un peu plus chaque mois.
Ils dorment à l’hôtel Ibis (chambre payée par le contribuable via l’association « France Terre d’Accueil »). Les gamins sont des ados esseulés. Sans famille, rien (et souvent super-gentils). On leur dit d’aller à l’école et ils y vont. Mais ils sont livrés à eux-mêmes le reste du temps, avec chambre d’hôtel pré-payée. C’est juste hallucinant non ?
Les gars de cet association et ceux du gouvernement, tous les peoples qui passent chez Ruquier et qui viennent faire la leçon chacun leur tour sont tous des hypocrites. Car en vérité on accueille ces gamins sans aucune ressource humaine, et on les laisse livrés à eux-mêmes. Bienvenue dans un monde de fous…
Il y a un autre aspect à celui de l’immigration : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, dans son article 13 :
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
C’est un texte qui n’a pas de statut juridique en France, mais qui décrit une utopie, car dans les faits, je rejoins Matt : c’est plus compliqué que ça.
Un…un….un nouveau lecteur d’Ayako !!!!
Je suis fou de joie !!
J’attends impatiemment ton retour !
En même temps, avec le temps qui passe, il commence à se dégager un consensus parmi les lecteurs du blog pour dire que la version du Punisher par Garth Ennis constitue un sommet. Le jeu en vau la chandelle.
Oui Bruce, il fallait que j’essaie ! Je te dirai ça.
Tu as raison Présence, ce site est pro-Punisher MAX. J’y viendrai sans doute, mais j’ai tellement de choses à lire et à acheter… Monster pour commencer (encore quatre volumes) et Scalped, que j’hésite toujours à racheter en nouvelle édition (j’ai les quatre anciens premiers tomes nom de dieu).
Voilà, je l’ai lu. J’ai passé un bon moment. C’est un peu comme rentrer chez soi, retrouver ses habitudes… Toutefois, vu le placement de la série (avant l’avènement du Punisher), l’enjeu narratif était limité : on sait en commençant le récit que Castle survivra et les vétérans qui témoignent au bar sont aussi la preuve que les hommes de Castle s’en sortiront aussi.
Ca reste bien fait et Goran Parlov est très fort pour dessiner des scènes d’action viscérales.
Un détail qui m’a un peu distrait, dans certaines cases, surtout au début, le visage du jeune Frank Castle a de faux-airs de Luke MacFarlane, un des acteurs de Killjoys…
Tout à fait d’accord avec toi : il y aussi ce plaisir ineffable de se retrouver en terrain connu, avec des auteurs que l’on apprécie, dont on sait à l’avance qu’ils auront fait du bon boulot. Ne connaissant pas MacFarlane, cette ressemblance ne m’a pas décontenancé.
Ah, un autre détail, aussi : Garth Ennis est toujours fâché avec les langues étrangères, puisqu’il fait dire à un Vietnamien que le prénom « Ly » voudrait dire « Lion ».
Après vérification sur Internet et auprès de ma moman, « Lion » ne se dit pas du tout « Ly » en viet…
Merci pour cette précision que je n’aurais pas su détecter… alors que j’avais été à 2 doigts d’insister plus sur le fait qu’Ennis s’était amélioré sur ses recherches préparatoires.
Je me rends compte que je n’ai pas lu tous les commentaires encore. Je vais m’y mettre. Mais sache, Présence, que j’ai acheté et lu cette bd, qui est tout simplement une bd de guerre. Elle rappelle Platoon, Apocalypse Now, Full Metal Jacket, bref les références classiques des films sur le Vietnam, et je les cite pour vous montrer l’étendue de mon inculture à ce sujet.
J’ai bien aimé mais je n’ai pas du tout envie de me précipiter sur Punisher MAX par la suite. C’est vraiment bien, mais certains raccourcis m’ont perturbé (ils sont sur la colline en plein siège puis se retrouvent tranquilles au magasin d’armes) et le dessin me semble très fonctionnel. Tout comme je ne sais pas qui est Charlie ici… Ah et bravo Panini qui n’a pas inclus le texte introductif de Ennis : bande de nazes.
Etant clairement antimilitariste, je n’ai jamais été vraiment attiré par l’armée ni les histoires viriles de guerre, et je crois que même si cela me gêne moins qu’avant, cela reste un peu repoussoir. Alors que j’adore les films d’action et les grosses bastons d’Avengers, allez comprendre… Je suis heureux d’avoir mis un pied dans cet univers, mais pour le moment je n’irais pas plus loin.
Bien sûr que c’est une BD de guerre. Je n’en suis pas choqué car Marvel et encore plus DC ont un longue historique de publication de comics de guerre, à commencer par Sergeant Rock, mais aussi G.I. Combat, Our fighting forces, Weird War Tales pour DC, ou encore Sgt. Fury pour Marvel.
La référence à La grande guerre de Charlie (de Pat Mills & Joe Colquhoun) est pertinente car Garth Ennis en a lu beaucoup étant jeune. Son point de vue d’auteur est différent du tien. Il n’est pas anti-militariste, mais il n’est pas pro-militariste non plus. Il a dû côtoyer des soldats en Irlande, ce qui l’a amené à les considérer avant tout comme des êtres humains, des jeunes gens souvent compétents dans leur métier. Du coup, ses récits de guerre se présente d’un point de vue humain, plutôt que d’un point de vue patriotique.
Concernant les dessins de Goran Parlov, j’avais eu la même impression que toi quand je les avais découverts pour la première dans les derniers épisodes de la série Punisher MAX. En écrivant dessus pour en donner mon impression, je me suis aperçu qu’ils sont d’une incroyable justesse sous des dehors simples, trompeusement simplistes même.
Concernant la coupure entre l’attaque de la colline et le centre d’approvisionnement, j’y ai vu une volonté de l’auteur de ne pas s’attarder sur la phase d’affrontement proprement dite, ca rle lecteur sait bien que Castle s’en sortira vivant.
Merci pour tes précisions Présence ! Elles font sens. Je dois dire que je suis sans doute antimilitariste, mais ayant fait mon service pendant 10 mois, je ne vois pas non plus les militaires comme des clichés. Pas tous en tout cas, puisque de toute façon je faisais partie d’une Direction, pleine de gradés de haut niveau et de civils.
Par rapport au Ennis que je connais (celui de Preacher et de Hellblazer), je le trouve ici très sérieux, avec très peu d’humour, et même très efficace dans sa narration et sa construction. Il faudrait que je retrouve les commentaires ici-même où Nikolavitch conclut sur la subtilité de son propos.
Il faudrait que je retrouve les commentaires ici-même où Nikolavitch conclut sur la subtilité de son propos.
Celui-çi ? :
« Je ne sais pas si je l’admire, mais je le lis avec toujours le même plaisir depuis qu’il a repris Hellblazer à la suite de Delano, y a longtemps, et je l’ai suivi depuis lors. Il représente une combinaison rare, celle du type qui peut te faire rire aux éclats avec un truc hénaurme, puis te faire pleurer trois pages après. Il a un sens du rythme et de l’humain, une grande finesse sous ses oripeaux tripiers. » (extrait de l’interview « de Lovecraft à Batman »)
Le fait de ne pas voir l’intervieweur ne m’a pas gêné ; ça permet soit de se projeter pour être à sa place, soit de projeter sur lui le scénariste lui-même.
Une autre citation d’Alex Nikolavitch (dans les commentaires de Jimmy’s bastards) :
Comme le souligne l’article, c’est très malin, ça retourne le côté conservateur de Bond (côté qu’il tenait de son créateur) en l’actualisant en quelque chose d’assez pragmatique. et du coup, c’est toujours sur le fil du « politiquement incorrect » (les guillemets sont à destination de Jimmy, qui sinon râlerait) et dans le dérapage très contrôlé.
Après, Ennis joue la carte de la variation, avec des personnages déjà vu (le fils dégénéré du chef, l’informateur veule, etc.) mais s’amuse beaucoup et ça se sent.
[…] C’est là qu’on se rend compte qu’Ennis, sous ses dehors tripiers, est un gars très fin, très malin, très subtil.
Les trucs de guerre – Ta remarque me fait penser à une boutade de Kurt Busiek reprise par Neil Gaiman, que les superhéros peuvent ne pas être abordés comme un genre, mais comme un média. On peut reprendre cette boutade en remplaçant superhéros par n’importe quel genre. De ce point de vue, les comics d’Ennis sur la guerre sont souvent une analyse systémique sondant comment la situation de guerre conditionne la vie des individus. Pat Mills & Joe Colquhoun se servent du genre Guerre pour dresser un portrait de la lutte des classes au sein de l’armée anglaise pendant la guerre de 14-18.
D’un autre côté, je comprends bien qu’on puisse être réfractaire aux conventions narratives associées à un genre donné, comme celui de la guerre.
Bon, je l’ai lu today et je serais moins élégiaque que Présence sur ce coup là. C’est sans doute le Punisher de Ennis que j’aime le moins.
C’est Du Valley Forge en moins bon avec du recyclage déjà lu ailleurs avec du Punisher à l’intérieur : les armes pourries utilisées par les US, des -interminables- conversations militaires et un Punisher en arrière fond.
J’ai eu du mal à me passionner à ces conversations des vieux de la vieille, je voulais du Frank Castle dans le texte. Or il n’apparaît que peu et n’est qu’un prétexte pour Ennis de raconter un récit de guerre de plus.
Il y a des passages que j’aime beaucoup notamment avec la soldate qui offre un miroir inversé à Frank : il ne suffit pas de voir sa famille massacrée pour devenir le Punisher et un guerrier invincible : il faut de la patience, de l’intelligence et une vision. Là est la supériorité du personnage.
C’est du Ennis dans ce qu’il y a de pire : un mauvais dosage entre l’action et le papotage. C’est nettement moins bien que les histoires de John Custer au VIetnam par exemple ou Punisher Born.
3 étoiles pour moi.
Outre le fait que tu as le droit à ta propre opinion (si, si c’est vrai 🙂 ), je n’ai plus d’autre argument en stock pour infléchir ton avis. Il est vrai qu’au fil de mes lectures de l’œuvre d’Ennis, j’ai fini par être captivé par le regard qu’il porte sur les conflits armés, par son honnêteté intellectuelle grandissante sur la réalité de la situation des militaires dans les 2 camps s’opposant, et sur sa vision systémique de ces conflits, sur leurs causes avouées et inavouables, sur les 2 facettes irréconciliables entre se défendre et tuer un être humain semblable à soi-même. Du coup, je ne suis pas en attente d’un récit de Frank Castle, mais plus, comme tu le soulignes, d’un regard sur un conflit militaire. Dans le même temps, il décrit bien une des phases de l’évolution de Castle sur le chemin de son devenir, de son choix de devenir un redresseur de torts.
C’est surtout un homme qui continue un conflit dans une autre jungle. Et qui trouve sa raison de vivre dans l’élimination des nuisances.
Ce récit est-il bon ? Oui, un mauvais Garth Ennis est meilleur que la concurrence. Et ce n’est pas mauvais. Juste peu surprenant.