Il ne revient pas pour trier les lentilles (CAMELOT 3000)

Camelot 3000 par Mike W. Barr et Brian Bolland

Un article de JB VU VAN

VO : DC Comics

VF : Artima, Peplum, Bulle Dog, Urban Comics

Cet article portera sur la maxi-série en 12 numéros CAMELOT 3000, publiée entre 1983 et 1985. Ce comic book a été écrit par Mike W. Barr, illustré par Brian Bolland et successivement encré par Bruce Patterson puis Terry Austin à partir du n°7. Ce titre a été publié à de nombreuses reprises en France dans une série d’album presse de l’éditeur Arédit/Artima qui publiait la plupart des titres DC à l’époque. Plusieurs éditeurs ont réédité la série : Peplum, qui n’a pas achevé la publication, Bulle Dog, qui a publié la série en 2 tomes et Urban, qui a publié une intégrale en 2019 dans la collection URBAN CULT.

Le retour du Roi
© DC Comics

L’an 3000. Le monde est surpeuplé. Les humains sont sous la coupe de gouvernements totalitaires n’hésitant pas à transformer les dissidents en monstres utilisés pour maintenir l’ordre… et ce sont les moindres de leurs problèmes. Des envahisseurs extraterrestres attaquent la Terre et dévastent l’Angleterre. Alors que le philanthrope Jules Futrelle accueille les réfugiés de cette invasion en France, le Commander Joan Acton, qui dirige les forces militaires, doute sérieusement des chances de victoire. Près de Glastonbury, le jeune Tom Prentice tente de gagner la France avec ses parents, mais ces derniers sont massacrés par les aliens. Prentice, jeune archéologue, trouve refuge sur un site de fouille mais est suivi. Alors que Prentice se trouve cerné, il reçoit une aide inattendue : celle du Roi Arthur, fraîchement revenu à la vie ! Tom accompagne celui qu’il prend pour un dément mais qui parvient à se battre contre les envahisseurs. Mais il est rapidement convaincu de l’identité d’Arthur lorsque celui-ci libère Merlin.

Bientôt, c’est le monde entier qui découvre le retour du Roi Arthur lorsque celui-ci retrouve Excalibur, qu’il déloge d’un nouveau socle de pierre apparu au siège des Nations Unies. Mais alors qu’il reprend possession de l’épée, les âmes d’anciens compagnons d’Arthur se réincarnent. Arthur, Merlin et Tom découvrent que Lancelot et Guenièvre se sont réincarnés sous les identités de Jules Futrelle et de Joan Acton. Chacun va éveiller l’esprit d’un ancien chevalier. Keu, frère adoptif d’Arthur et petit escroc, Galahad, fils de Lancelot devenu samouraï futuriste. Gauvin, cousin d’Arthur et ancien soldat que Merlin arrache à sa famille. Perceval, descendant de Jésus que Guenièvre ne parvient pas à libérer avant qu’il ne soit transformé en colosse mutique. Enfin, Tristan, réincarné dans le corps d’une femme et que Tom éveille le jour de son mariage. Alors que la Table Ronde se reconstitue et fait renaître l’espoir de l’humanité, les sentiments entre Guenièvre et Lancelot menacent de faire chuter ce Camelot moderne. De plus, à l’insu de nos héros, Morgane la Fée, demi-sœur d’Arthur et maîtresse des envahisseurs, recrute un traître au sein des Chevaliers.

Les chevaliers de la Table Ronde / de temps en temps se dévergondent
© DC Comics

CAMELOT 3000 est un titre historique à plus d’un titre. Il s’agit de la première maxi-série, à savoir une série limitée de 12 numéros : une histoire complète, avec un début et une fin, un ton mature abordant des sujets adultes, et un scénario qui n’hésite pas à bouleverser le statu-quo de ses personnages. Le titre va ouvrir la voie à plusieurs autres maxi-séries sur ces mêmes principes : GEMM, SON OF SATURN, SILVERBLADE, AMETHYST, PRINCESS OF GEMWORLD mais surtout CRISIS ON INFINITE EARTHS qui va définitivement bouleverser l’univers DC et WATCHMEN qui va simplement révolutionner l’approche des superhéros. CAMELOT 3000 préfigure ainsi l’écriture moderne des années comics en introduisant les sagas sur de nombreux numéros.

Le comic book de Mike W. Barr et de Brian Bolland est également une petite révolution en termes de distribution. D’après les notes de l’auteur à la fin du premier numéro, DC Comics avait une telle confiance en ce titre qu’ils ont fait de CAMELOT 3000 la première série à être entièrement distribuée via le “Direct Market”. Késako, me direz-vous ? Les maisons de la presse et kiosques à journaux acquéraient les comics via des distributeurs, les proposaient à la vente pendant quelques mois avant de renvoyer les invendus à l’éditeur. Les distributeurs avaient ainsi une affluence sur le contenu du comic. Les éditeurs indépendants ont donc constitué un autre système de distribution, le Direct market, afin de proposer les comics directement aux vendeurs (qui étaient plutôt des boutiques spécialisées dans les comic books), sans option de retour à l’éditeur mais avec une marge de vente plus importante. CAMELOT 3000, au contenu bien plus adulte que la plupart des comics DC, est ainsi distribué via ce système plus libre mais nécessitant la confiance des vendeurs.

Une influence évidente
© DC Comics

L’histoire elle-même est un projet que Mike W. Barr porte depuis plusieurs années. Il a découvert durant ses études la geste Arthurienne via un cursus sur LE MORTE D’ARTHUR de Sir Thomas Malory, considéré comme la synthèse définitive des légendes arthuriennes anglaises et françaises. S’il existait déjà de nombreuses adaptations sur les différents medias (y compris dans les comics avec Prince Valiant ou les origines du DEMON de Jack Kirby), Mike W. Barr trouve l’idée novatrice : il écrira la suite de LE MORTE D’ARTHUR ! Dès 1977, il rédige le script d’un comic book intitulé PENDRAGON, sans pour l’instant convaincre les éditeurs. Mais en 1982, les étoiles s’alignent. Les responsables éditoriaux cherchent une idée pour leur première maxi-série et sont enthousiastes devant le pitch de Mike W. Barr. Il faut dire que le succès du film EXCALIBUR de John Boorman l’année précédente a pu aider…

Tiens, EXCALIBUR, parlons-en ! Le film de Boorman est loin d’être une adaptation fidèle de l’ouvrage de Sir Thomas Malory. Cependant, son influence sur le comic book de Mike W. Barr et de Brian Bolland est indéniable ! L’armure dorée de Mordred dans CAMELOT 3000 évoque celle qu’il porte, et le rictus constamment narquois de ce même personnage renvoie au rire du jeune Mordred incarné par le fils de John Boorman. Mais il y a des références visuelles plus directes. Un bras féminin sort de l’eau pour rendre Excalibur à Arthur, dans une scène qui rend directement hommage aux apparitions de la Dame du Lac dans Excalibur.

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Les différents visages de Guenièvre
© DC Comics

On ne va pas se mentir, l’une des raisons pour laquelle CAMELOT 3000 est resté dans les mémoires est le graphisme de Brian Bolland. Artiste britannique, on se rappelle notamment de ses couvertures et intérieurs d’histoires de Judge Dredd dans 2000 AD. Chez DC, il est principalement un “cover artist” qui réalise ponctuellement des intérieurs. CAMELOT 3000 est sa seule participation à une série mensuelle, ce qui a posé quelques problèmes. Il a notamment été forcé d’accepter les designs de Ross Andru pour les premières couvertures, et a inversé le N de sa signature en signe de protestation. Un élément qui lui a tellement plu qu’il a continué à signer de cette façon ! Mais surtout, son graphisme si détaillé a conduit à des retards croissants sur CAMELOT 3000… au point que cette série mensuelle en 12 numéros s’est achevée plus de 2 ans après ses débuts ! Son apport à la série porte notamment sur le design des personnages. Le 4e numéro montre par exemple plusieurs designs de Guenièvre, qui passe d’un look médiéval à un design futuriste, tout droit sorti de JUDGE DREDD !

Si la patte graphique de CAMELOT 3000 est son atout majeur, l’écriture ne démérite pas. Si l’intrigue commence en l’an 3000, Mike W. Barr donne des éléments subtils sur le millénaire qui s’est écoulé, sans être didactique. Par exemple, l’humanité a abandonné l’exploration spatiale pour se recentrer sur les problématiques terrestres, ce qui a contribué à la disparition des idéaux. De plus, entre le XXIIIe et le XXIVe siècle, une guerre nucléaire a fait régresser l’humanité qui a dû se reconstruire. Mike Barr glisse également plusieurs fusils de Tchekhov. La trahison de l’un des chevaliers est annoncée par une scène qui explique ses motivations quelques numéros avant. De même, la résolution finale du conflit est justifiée par une discussion entre Arthur et Gauvin dans le numéro précédent.

Le péché originel d’Arthur et de Tristan
© DC Comics

Mike Barr se réapproprie également les légendes arthuriennes en évitant plusieurs écueils. Contrairement à plusieurs adaptations modernes (dont EXCALIBUR), il distingue par exemple Morgane la fée de Morgause, demi-sœur d’Arthur et mère de Mordred. Mais il s’écarte également de LA MORTE D’ARTHUR pour conserver une cohérence. Ainsi, il sépare Nynève, alias la Fée Viviane, de la Dame du Lac qui conserve Excalibur. En effet, Viviane est une antagoniste emprisonnant Merlin alors que la Dame du Lac aide les héros. Dans CAMELOT 3000, Mike Barr donne ce rôle à Elaine d’Astolat, amante de Lancelot qui finit par se donner la mort. Si Sir Thomas Malory achève là l’histoire de ce personnage, Barr lui donne une fin plus heureuse et évite surtout la contradiction inhérente à la Dame du Lac, tour à tour ennemie de Merlin et alliée d’Arthur et de Lancelot selon les légendes. Lorsque Mike W. Barr évoque la tentative de meurtre d’Arthur contre Mordred (et de nombreux autres enfants, façon Hérode), il en modifie les circonstances pour en faire une attaque plus directe et faire ressortir toute l’horreur de ce geste.

Pour le reste des personnages, si la série sortait aujourd’hui, Internet hurlerait au wokisme et au politiquement correct. Gauvain est réincarné en un homme d’Afrique du Sud, Galahad devient asiatique. Mais le chevalier le plus mémorable de cette Table Ronde futuriste est Tristan, homme séducteur et résolument macho réincarné dans le corps d’une femme. Bref, les Chevaliers d’Arthur intègrent un homme transgenre. Le comic book fait la part belle aux tourments de Tristan, que l’on associerait aujourd’hui à la Dysphorie de genre (trouble émotionnel émanant d’un écart entre le genre assigné et l’identité de genre – merci, Wikipédia). Si quelques éléments de cette histoire ont mal vieilli (plusieurs personnages encouragent Tristan à accepter son genre assigné), Mike W. Barr donne quelques réparties cinglantes à son personnage (Tristan rétorque notamment à Guenièvre qu’elle changerait d’avis si elle s’était retrouvée dans le corps du même genre que Lancelot.)

Sans contrefaçon, Tristan est un garçon
© DC Comics

CAMELOT 3000 ouvre la voie à d’autres personnages transgenres ou gender-fluid (je pense notamment à Cloud dans THE NEW DEFENDERS ou Wanda Langwkowski dans ALPHA FLIGHT). De plus, Mike Barr reprendra un personnage très similaire comme héros éponyme de la série MANTRA de l’Ultraverse. Pourtant, au-delà de la thématique de l’identité transgenre, Mike W. Barr me paraît surtout intéressé par l’idée d’un corps qui soit totalement ou partiellement étranger à son propriétaire. Par exemple, Lancelot est lui aussi prisonnier d’un corps massif et muet en constante évolution. Morgane combat une maladie qui ravage son corps et l’affaiblit. Dans la série THE OUTSIDERS des années 90, pratiquement chaque personnage reflète cette inadéquation entre la personne et le corps. Looker doit composer avec sa nouvelle nature de vampire, Halo change de corps comme de chemise, un autre a le bras partiellement fusionné avec une arme, un dernier se retrouve emprisonné dans un corps animal.

CAMELOT 3000 est un must pour les amateurs de la geste Arthurienne. Sa position de 1re maxisérie en fait également un titre historique. Mais au-delà de ces considérations, je trouve que ce comic book qui fête ses 40 ans cette année a relativement bien vieilli. Graphisme indémodable de Brian Bolland et écriture solide de Mike W. Barr. Par contre, il sera nécessaire de passer outre plusieurs défauts : le look très 80s des costumes futuristes, des clichés assez douloureux (le dictateur africain parlant de lui à la 3e personne…) et replacer le comics à son époque (ses scènes de sexe, osées à l’époque, paraissent bien gentillettes aujourd’hui).


BO du jour : Quand Morgane chante une berceuse à bébé Mordred…

23 comments

  • Tornado  

    Aïe. Je ne suis pas du tout client. Dès qu’il est sorti chez Urban, je l’ai commandé parce que Brian Bolland. Je l’ai reçu, je l’ai feuilleté et je l’ai remis dans le colis et renvoyé…
    Dire qu’il m’est tombé des mains serait un euphémisme. Je n’ai pas du tout retrouvé les sensations visuelles de KILLING JOKE. Ici, les personnages posent de manière grotesque dans des costumes ridicules. Dès les premières lignes, les dialogues ampoulés des comics old-school m’ont sauté à la gorge. Bref. C’est pas WATCHMEN non plus. En fait c’est carrément CRISI ON INFINITE EARTHS. Et là mon sang n’a fait qu’un tour lorsque je me suis souvenu de la torture mentale de cette lecture moyen-âgeuse. Pour le coup adaptée au sujet…
    Je passe !
    Mais merci pour le topo. Car je n’étais évidemment pas allé assez loin pour repérer les thèmes identitaires en avance sur leur temps.

    • JB  

      Ah oui, quand on n’est pas dans le old school, c’est plus dur ^^ Je te rejoins sur les looks, très datés. Mais bon, je suis très preneur des années 80, donc je suis dans mon élément

  • Présence  

    Un article qui permet de replonger dans les années 1980, et qui rappelle que les retards de parution ne sont pas l’apanage du temps présent 😀 , voire que Frank Quitely lui-même est battu à plate couture.

    CAMELOT 3000 est un titre historique à plus d’un titre :première maxi-série de 12 numéros, une histoire complète, abordant des sujets adultes, et un scénario qui n’hésite pas à bouleverser le statuquo de ses personnages, première série à être entièrement distribuée via le Direct Market. – C’est vrai qu’énuméré comme ainsi, ça fait beaucoup de premières fois.

    Silverblade de Cary Bates & Gene Colan : un bon souvenir de lecture.

    en.wikipedia.org/wiki/Silverblade

    Le graphisme de Brian Bolland : tu en parles assez peu dans ton article, j’ai gardé le souvenir d’épisodes qui allaient en s’allégeant comme si Bolland n’en pouvait plus. Est-ce la cas, ou est-ce que mes souvenirs sont erronés ?

    Hurler au wokisme : excellent. Bon, il y a quand même un mâle blanc et hétéro qui joue le rôle de sauveur, ça compense un peu. 😀

    • JB  

      Excellent souvenir de lecture, Silverblade ! Je m’étais fendu d’une review sur forum :
      « Silverblade de Gary Bates, Gene Colan et divers encreurs dont Klaus Janson, que j’ai pris à l’aveugle sur la bonne bouille de Gene Colan.
      Un ancien acteur, vieilli et aigri, passe son temps à revisionner ses anciennes gloires, soient des films de capes et d’épées (il est le rival oublié d’Errol Flynn et de Tyrone Powers) et des films de monstres à la Hammer. Une ancienne entité lui offre la possibilité de retrouver la jeunesse en devenant les personnages de ses anciens films. Son majordome et ancien ami se retrouve donc à gérer une maisonnée rassemblant sous son toit son maître rajeuni et se transformant tour à tour en gargouille, en momie ou en Dracula, un faucon (maltais) géant et parlant, un indien rajeuni après s’être immolé et un fantôme d’une vieille gloire décédée. Leur affrontement contre un esprit rival ayant pris possession de l’assistante d’un producteur véreux et féru de danse culmine en une bataille de Kaijus au centre d’Hollywood. Puis la série devient bizarre.

      Excellente surprise. La série est relativement originale, même si son principe rappelle quelque peu Kid Eternity ou encore un épisode de Tomb of Dracula où des personnages de littérature s’incarnaient. L’auteur alterne gravité et humour, la série devenant plus folle au fur et à mesure des numéros, et Colan est très lisible. Ma partie préférée est cependant les documents d’accompagnement, des articles fictifs sur le personnage principal (une nécrologie, une filmographie, une critique de spectacle musical, des enregistrements retranscrits…) »

      Pour Bolland, je n’ai pas remarqué, mais avec les retards et probablement les autres projets, c’est possible que le graphisme s’en soit ressenti.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour JB.

    CAMELOT 3000 est un classique que j’ai découvert en noir et blanc avec les 2 tomes de chez Bulle Dog, il y a peine quelques années (acheté en occasion).

    J’ai trouvé que cela faisait en effet un peu daté, mais la construction du récit est intéressante et surtout l’histoire prenante.

    Cela a beau être estampillé DC ont est quand même plus proche de l’école anglaise 2001 AD que de Superman ou Batman.

    pratiquement chaque personnage reflète cette inadéquation entre la personne et le corps c’est exactement ce qui m’avait frappé. Au delà de la revisite SF du mythe, il y a un soin apporté à l’écriture des personnages, avec une vision.

    Très sympa comme article, notamment dans les explications sur la création de la série avec des rappels intéressants comme le Direct Market ou la notion de Maxi Serie. Allez pour te faire rager, j’en déduis que Urban a proposé cela en one-shot ah ah ah !!!!!

    La BO : sympathique. J’en avais d’autre en tête à faire noircir les cheveux blancs du boss (du MUSE, ERA….)

    • JB  

      Grrr. L’abus de langage (les termes « one-shot » ou « reboot » utilisés à tort et à travers) me font tiquer (littéralement, j’ai une réaction physique en lisant ça sur les RS)

  • Eddy Vanleffe  

    J’adore CAMELOT 3000 (très bonne réf dans le titre ^^)

    rigolo cette pique sur le wokisme… Les époques changent et les mentalités évoluent . Ce qui était hyper novateur et pertinent en 1985, est un peu plus lourdingue parfois en 2023 surtout dans l’écriture, où les auteurs aujourd’hui donnent des leçons là où Barr raconte une histoire à la fois dense, riche et vachement rythmée.
    Par exemple, cette manie de croire que le progrès ne daterait que de ces trois ou quatres dernières années…CAMELOT 3000 prouve que non!
    Doop l’a dit plusieurs fois et je suis totalement d’accord avec lui. Dans les années 80, Tornade étai chef des X-Men, La guèpe celui des Avengers, Iron Man était Jim Rhodes, Captain Marvel Monica Rambeau…les persos d’ailleurs les plus puissants c’était Carol Danvers (Binaire), Phénix etc …
    Bref! à part le fait qu’on ne passait pas 10 pages dans la chambre à coucher des persos, c’était pas si réac que ça…. et même les questions sociales étaient plus diverses (les gamins laissés dans la rue avec Cloak And Dagger au hasard), la vivisection dans Rocket Raccoon etc…)
    Très bonne piqure du rappel, j’ai encore l’édition Bulle dog en Noir et blanc….je pense m’en contenter, parce que les couleurs finalement piquent un peu.

    • JB  

      Ah, pour le titre, ça date le moment de l’écriture ^^

      Je faisais moins une pique sur le « wokisme » que sur ceux qui tendent à se plaindre que tout est woke. Genre ceux qui se plaignent que Captain Marvel est une femme, et ignorent apparemment que le titre a été précédemment porté par une femme afro américaine et une autre LGBTQ+ avant que ce soit une blonde hétéro qui le revendique…

      • Eddy Vanleffe  

        Pour moi l’un en va pas (ou plus ) sans l’autre tant les deux camps fonctionnent comme des miroirs l’un de l’autre….

        • Tornado  

          J’ai moi-même hurlé au wokisme à un moment. Parce que je trouvais que c’était fait au forceps, pas intelligement, de manière hypocrite et qu’au final ça desservait les minorités (avec lesquelles j’ai toujours été à l’aise, puisque la plupart de mes idoles sont des personnes de couleur, des afro-américains, des asiatiques, des grands, des petits, des gros, des maigres, des filles et des gays).
          Avec le recul je le regrette. Parce que même si c’est mal fait, je me rends compte avec le recul que, lorsqu’on crie au wokisme, on doit probablement, avant tout, vexer les minorités. Je m’en excuse sincèrement et je trouve qu’au final, le plus important, même si c’est mal fait et hypocrite au départ, c’est que ça fasse avancer ce satané schmilblick…

        • Fred le Mallrat  

          Oui mais il y a quand même pour moi d un coté l extreme droite.. et chaque fois qu on implique que les deux se valent (Darmanin style) on aide l extreme droite.
          Que ce soit pas toujours pertinent et que ca aille parfois dans le mauvais sens est un autre débat.

  • JP Nguyen  

    Merci pour la synthèse et la mise en perspective du contexte de publication.
    Sur ce coup, je serais plutôt Team Tornado : les costumes font un peu kitsch et si les dessins sont corrects, ils ne sont pas non plus « miro-bolland » (désolé, je dois me soigner).
    Et puis, je suppose que Karadoc n’est pas de la partie et que Perceval est moins drôle que dans la série d’Astier…

    • JB  

      Signe des temps : pour les blagues sur le mythe Arthurien, je suis plus porté sur les Monty Python que sur la série d’Alexandre Astier ^^

      Concernant les dessins, je crois que c’est mon premier contact avec Bolland, donc je garde une place dans mon coeur pour cette série 🙂

  • Bruce lit  

    Voilà qui manquait à ma culture.
    Un article passionnant et…concis qui explore parfaitement l’oeuvre son contenu et son contexte.
    J’avoue que les expressions théâtrales des personnages m’ont fait sourire notamment sur les 2 premiers scans où je me suis rappelé la parodie de prince Vaillant par Gotlib.
    Pas du tout ma came mais sans doute l’article de toi que je préfère (jusqu’à maintenant).

    • JB  

      Dans les premiers numéros de la série, Mike Barr est très disert sur les origines de ce projet, chose que j’ai trouvé très intéressante.
      Alors, tu vas rire, mais j’ai aussi beaucoup pensé à Gotlib sur un récent article : COME HOME INDIO, où la page « Eisneresque » m’a aussi évoqué des planches de l’auteur de la RUBRIQUE-A-BRAC et des DINGODOSSIERS malgré son contenu dramatique.

      • Bruce lit  

        Oui, je suis ttout à fait d’accord sur le volet Gotlib de la case Eisner. Je pense que c’est totalement assumé par Terry.

  • Jyrille  

    Jamais lu, et pourtant je suis fan de Bolland. J’ai vu passer l’intégrale mais je n’ai pas craqué pour une fois, un peu échaudé par les commentaires que j’ai pu lire ici surtout. De ta liste de maxi-séries, je ne connais que WATCHMEN (mais très très bien).

    Les scans ne me donnent pas spécialement envie. C’est le même gros reproche que je peux faire à WATCHMEN d’ailleurs : les couleurs.

    Comme tout le monde, j’aime beaucoup la légende arthurienne, mais je ne connais pas la source réelle, uniquement ses adaptations plus ou moins fidèles (EXCALIBUR, KAMELOTT (ah au fait, excellent titre d’article JB !)… mais surtout LA QUETE DU GRAAL (les LDVELH)). J’ai beaucoup aimé ta présentation claire et tous tes arguments plutôt convaincants (j’ai pas mal pensé aux NEXT MEN de Byrne en te lisant, j’attends toujours que mon pote me prête le tome 3), je note dans un coin au cas où (le mieux étant évidemment de l’emprunter). Merci JB !

    Merci pour le mot que je ne connaissais pas (dysphorie de genre) !

    La BO : très sympa, ça sort d’où ?

    • JB  

      Pour la BO, je cherchais des chansons en rapport avec le sujet et suis tombé sur cette chanteuse qui s’est spécialisée sur le cycle arthurien.

      • Jyrille  

        Merci JB, je vais un peu voir ça 😉

  • Fred le Mallrat  

    Alors ej n ai que la version Aredit mais j adorais cette série à l epoque. Je l ai relu et oui elle a un peu vieilli mais il reste des éléments assez novateurs come pas mal de séries qui sortaient en direct market (Moon Knight ou Savage Kazar chez la concurrence était plus sexué aussi).
    Apres avant les 80’s, chaque decennie a amené des avancées.. Une série comme Matser Of Kung Fu est pour moi en avance par exemple et aurait pu etre direct market.. Alors evidement pas tous les episodes certains sont tartes..

    je suis pas fan des comics des années 50 même les plus interessants comme les EC ( a rares exceptions) mais ils font partie de ce qui a rendu le medium plus interessant.

    Les années 2000 ne sont pas apparus toutes seules..

  • Bruno :)  

    Heuu… Ça n’a pas si bien vieillit que ça, hein : le graphisme de Bolland, tout propre et parfait qu’il soit d’un point de vue académique, peine à rendre mouvement et matière -sans compter que les décors sont souvent très artificiels, dans leur rendu presque schématiques (les barres d’immeubles, les véhicules, Etc…). Il y a cependant une meilleure adéquation entre eux et les personnages, à mesure que le récit avance. Bon, je ne suis pas fan de Bolland, même si je lui reconnais sa maitrise classique ; mais le gars a beaucoup de mal à faire coïncider beauté et expression : il n’y a rien de plus laid dans ces pages que les visages souriants de Guenièvre ou Morgane -sinon Mordred, mais là c’est fait exprès.

    Ce qu’il y a peut-être de plus sympa dans cette série, c’est le fait de n’avoir pas résolu le dilemme de Tristan d’un coup de baguette magique et l’avoir plutôt amené (grâce à Iseult) à assumer sa féminité.

    Mais l’idée des réincarnations est bien utilisée et Morgane sur sa dixième planète est marrante : c’est probablement le personnage le plus rigolo de l’histoire… Accident ?!
    Enfantin, aujourd’hui ; mais d’une valeur historique indéniable qui témoigne précisément des goûts des lecteurs des Eighties.

    • JB  

      Mon appréciation est influencé par la nostalgie, je pense. J’avoue que je suis pour ma part client de l’esthétique léchée de Bolland, qui tranchait tellement avec le graphisme des publications DC d’Artima à l’époque. Mais comme j’ai plus ou moins découvert cette histoire par la fin, Bolland avait eu le temps de s’habituer aux personnages et à l’univers.

      • Bruno :)  

        Oui : les Britanniques ont lancé la mode des dessinateurs « formés » ; et c’est vrai qu’il était un des rares offert à nos yeux mal dégrossis, à l’époque, qui, fort de sa technique, ne se laissait pas complètement aller aux influences en vogue, encore très influencées par l’esthétique purement décorative de la fin des Seventies. John Buscema, John Romita, Ross Andru, Kurt Swan, Marshall Rogers,… Ils n’étaient pas légion, dans les Comics.
        Au delà de sa maitrise quant à l’extrême lisibilité de son style, je crois que ce qui m’a poussé à acheter la réédition Arédit/Artima en album, ce sont les presque pleines pages -et les couvertures. Mais l’histoire, pour simple qu’elle soit dans son déroulé et ses intérêts, se lit toujours remarquablement bien : suffit de mettre un filtre -mais on le fait pour quasiment tous nos anciens amours culturels, évidemment.
        C’était pas mal quand même, la naïveté. 🙂

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