Heat, réalisé par Michael Mann
1ère publication le 24/06/17- MAJ le 01/09/18
Par : JP NGUYEN
VF : Warner Home Video
Heat est un polar de Michael Mann sorti au cinoche en 1995, avec Al Pacino et Robert De Niro dans les rôles respectifs du flic Vincent Hanna et du malfrat Neil McCauley, jouant au chat et à la souris dans la tentaculaire métropole de Los Angeles. Connu pour être le premier film où ces deux monstres sacrés d’Hollywood partageaient une scène commune, Heat navigue des deux côtés de la loi, nous faisant vivre aussi bien aux côtés des braqueurs que des policiers qui les traquent.
Mais dans cet article, nous tenterons une lecture différente de cette histoire de gendarme et de voleur, pour essayer de répondre à la question (existentielle et essentielle s’il en est) : « Heat est-il un film de super-héros ? »
Je suis près des spoilers, là ?
Tu brûles !
L’idée de cet article a jailli sur un mur de Facebook, lorsque, au détour d’un commentaire, le sieur Laurent Lefeuvre déblatéra sur le réalisme des super-héros au cinéma, qui le désintéressait totalement… Pour lui, s’il fallait chercher des histoires de super-héros sur grand écran, ce n’était pas la peine de mettre en scène des gus en costumes filmés sur fond vert, on pouvait trouver son bonheur parmi des œuvres comme Vera Cruz et… Heat. Je le cite : « Tout est là (dualité, pouvoirs, responsabilités et pulsions)… mais adapté. Je ne confonds pas mes envies de comics avec mes envies de ciné. »
Heat ? Un film de super-slips ? Assez original, comme affirmation ! Et pourtant, ça me parlait plutôt, cette analyse… Il faut dire que c’est un de mes films favoris. Loué en vidéo-club (en même temps que Waterworld, je crois) et visionné pour la première fois lors d’une soirée VHS d’août 1999 avec un pote resté comme moi en rade sur le campus pour cause de stage, ce film m’avait fait forte impression, alors que d’autres potes l’ayant vu en salle m’avaient dit s’y être ennuyé ferme. Je l’ai ensuite revu à maintes reprises et certaines répliques étaient devenues des private-jokes dans mon cercle amical… Comme par exemple, lorsque Vincent Hanna rencontre un indic dans une boîte de nuit et lui répond ironiquement « J’suis sur le cul ! » alors qu’il ne lui a donné qu’une information en apparence anodine… Mais jusque-là, je ne m’étais jamais dit que ce polar avait tout de l’histoire de super-héros.
Non content d’emprunter son pitch à Laurent Lefeuvre, je m’en vais carrément lui piquer son plan ! Commençons donc par la dualité, ingrédient de base des récits super-héroïques classiques. L’aspect le plus évident, c’est que le film repose sur l’affrontement du flic et du voyou, dans un schéma où l’existence de l’un ne prend de sens que par celle de l’autre tout comme le super-héros a besoin du super-vilain pour justifier son activité. Mais la dualité se retrouve aussi en chacun des deux protagonistes. Certes, les personnages incarnés par Pacino et De Niro ne revêtent à aucun moment des collants et des capes (mais McCauley porte quand même un masque pendant ses braquages…) Nonobstant, le détective Vincent Hanna et le braqueur Neil McCauley mènent à leur façon une double-vie.
Le policier est un homme engagé dans son troisième mariage et on devine aisément que si les deux premiers furent des échecs, c’est à cause de la part trop importante prise par son travail. La communication avec son épouse est problématique car il cherche à cloisonner son existence pour ne pas contaminer sa vie privée avec les horreurs dont il est témoin pendant sa journée de flic. Mais ce faisant, il se coupe de sa compagne qui ne parvient pas à le comprendre. Même s’il s’efforce d’être un mari prévenant, on sent bien qu’il a toujours un peu la tête au boulot, là où il s’épanouit vraiment, à l’instar d’un Spider-Man ou d’un Daredevil virevoltant plein d’allégresse sur les toits de New-York pour échapper à leur condition de citadin lambda.
Quand il est en service, Hanna fait preuve d’une grande énergie (une version non retenue du script en avait fait un accro à la coke). Mais dans ses enquêtes, il montre aussi une personnalité différente, arborant une assurance à la limite de l’arrogance, exigeant beaucoup de son équipe sans jamais vraiment se montrer capable de témoigner de marques de reconnaissance (un peu comme Batman, en fait). Les méthodes qu’il utilise auprès de ses indicateurs (chantage, intimidation) ne rendent pas le personnage sympathique, un peu comme… ah non, je l’ai déjà dit !
A l’inverse, si Neil McCauley est un braqueur professionnel, capable, au début du film, d’abattre des convoyeurs lorsqu’il estime qu’ils sont devenus des témoins gênants, il est souvent dépeint sous un jour plus favorable, soucieux du bien-être des membres de son gang et suivant un certain code de l’honneur. Mais, tout comme Hanna, c’est un être qui peine à entrer en contact avec les autres (et notamment avec le sexe opposé) et dont la majeure partie de l’existence semble se confondre avec son « travail ».
Alors que Hanna, le flic pas si gentil, et McCauley, le braqueur avec des valeurs, sont tous deux dans la zone grise, les vrais super-vilains de l’histoire seraient plutôt à rechercher du côté de Van Zant, financier véreux et Waingro, impliqué dans le braquage inaugural du récit et qui se révèlera être un tueur en série. Ainsi, même si l’opposition entre les deux têtes d’affiche n’est pas manichéenne, l’intrigue utilise des tierces parties aux positions plus extrêmes ce qui enrichit la trame narrative et évite au récit de se polariser (sic) uniquement entre le policier et le gangster.
Hanna et McCauley ne sont pas des spécimens ordinaires dans leur profession. Le film fait clairement comprendre qu’ils sont issus du haut du panier et, sont, même si ce n’est pas explicitement exprimé, « les meilleurs dans leur partie ». Lorsqu’il débarque sur les lieux du braquage de fourgon blindé, Hanna décode très rapidement la scène de crime, reconstituant le déroulement des événements comme s’il en avait été l’instigateur. Quand, à l’issue de la légendaire fusillade en plein LA, il tient en joue un membre du gang de McCauley qui a pris un otage, sa main ne tremble pas et son tir est précis. Neil, quand à lui, faitpreuve d’un sens de la préparation et de la planification quasi-batmanien dans le montage de ses braquages. Dans sa chasse finale pour retrouver Van Zant et Waingro, il se montre d’une détermination et d’une efficacité impressionnantes.
Si en surface, les deux personnages sont assez différents (Pacino joue un Hanna souvent survolté quand De Niro est tout en retenue et en froide détermination), sur le fond, ils se rejoignent totalement. Lors de leur unique scène de dialogue du film, Hanna et McCauley échangent sur leur conception de la vie. Le gangster se gausse d’une remarque du flic concernant la notion de vie « normale ». Le barbecue du dimanche et le football, il ne voit pas ça pour lui. Les deux adversaires se trouvent aussi un point commun. Ils sont bons dans ce qu’ils font (monter des coups pour l’un, arrêter les criminels pour l’autre) et ne s’intéressent quasiment qu’à cela. Ils ne sauraient pas faire quelque chose d’autre et n’en ont pas envie. Ce sont deux êtres à part, qui chacun à leur manière, ont refusé de s’intégrer de façon classique à la société, préférant se jeter à corps perdu dans leur passion. Ainsi, sans être des surhommes, ils sont quand même hors-normes.
OK pour les pouvoirs, donc, mais côté responsabilités ? Le flic, nous l’avons vu, est dévoré par son boulot, ce qui compromet son mariage et sa vie de famille (il a une belle-fille, Lauren, interprétée par Natalie Portman, un an juste après ses débuts dans le comme Leon de Luc Besson). Le film établit rapidement que Vincent Hanna ne parviendra jamais à concilier les deux facettes de son existence car il privilégie nettement l’une par rapport à l’autre. Quelque part, Hanna fuit une partie de ses responsabilités, même si il saura être présent pour Lauren à un moment très important… Quand le dénouement approche, il hypothèque à nouveau toutes ses chances de ressouder son couple pour répondre à un appel du Central. Son comportement compulsif pour replonger dans le monde trouble du crime le rapproche d’un Frank Castle, totalement dévoué à sa croisade.
A l’inverse, McCauley veut se ranger. Il prépare le fameux « dernier coup » qui lui permettra de se retirer au soleil. Il noue une relation amoureuse sincère avec Eady (Amy Brenneman), une graphiste rencontrée par hasard dans un bar. Il veille sur son équipe et en particulier sur Chris Shiherlis (Val Kilmer), accro au jeu et dont le couple bat de l’aile. Dès le départ, alors que Waingro a fait déraper leur casse, Neil entreprend de régler le cas lui-même en éliminant ce cheval fou. Waingro bénéficie d’un concours de circonstances et en réchappe, pour plus tard causer la perte du gang. Tout comme le cambrioleur que Spider-Man laisse filer au début de sa carrière causera la mort de son oncle Ben. Et c’est en voulant saisir une dernière opportunité de réparer son erreur initiale que McCauley scellera son destin.
Au fil des 2h50 du film, Michael Mann se paie le luxe d’adjoindre tout un parterre de seconds rôles, tous superbement écrits et impeccablement campés, qui ont le temps d’exister à l’écran et d’apporter une saveur, une texture supplémentaire à l’univers du film (ce en quoi bon nombre de films de super-héros échouent, hélas). Ces seconds rôles ont aussi leur lot de responsabilités à porter et de choix cruciaux à faire. Au début du film, on rencontre Donald Breedan (Dennis Haysbert, futur Président Palmer dans la série 24), un afro-américain en liberté conditionnelle et qui prend un job de cuistot assez merdique pour essayer de s’en sortir. Son patron a beau être un enfoiré, Donald s’accroche. Mais quand Neil fait appel à lui car son chauffeur habituel l’a planté pour le fameux dernier coup, l’ex-taulard se décide en une minute et lâche son job. Ça se finira évidemment très mal pour lui. Coincée par les flics, Charlène Shiherlis (Ashley Judd), doit décider entre balancer son mari Chris ou perdre la garde de son petit garçon.
Ces deux exemples font écho au principe de vie énoncé à plusieurs reprises par le personnage de Robert De Niro : un gangster ne doit pas avoir d’attaches et doit être capable de tout lâcher en 30 secondes lorsque les flics sont dans le coin (« if you feel the heat around the corner »). Ironiquement, en ne respectant pas ce credo, McCauley va régler son compte à Waingro mais perd l’occasion de s’enfuir. Et juste après, pour échapper à Hanna, il renoue avec ses principes mais se faisant, il perd sa dulcinée. Il est en quelque sorte « puni » pour avoir rêvé de mener une vie « normale ».
La normalité, les deux « héros » de Heat la fuient car ils sont mus par quelque chose qui les dépasse. Laurent Lefeuvre parle des « pulsions », je nommerai plutôt cela force ou énergie intérieure. Hanna et McCauley sont des « driven characters ». Ils ont quelque chose en eux qui les pousse à agir, à s’accomplir dans un domaine où ils visent l’excellence (un peu comme le héros du Sommet des Dieux ). Pour paraphraser Nietzsche, la flèche de leur désir est pointée vers le surhumain. De même que les masques et les collants des vieux comics permettaient à Monsieur Tout le Monde de fantasmer une vie éloignée de la banalité du quotidien, les personnages interprétés par Pacino et De Niro projettent des images sublimées de héros qui vivraient sur la même planète que nous mais qui ne seraient pas du même monde…
Leur monde, justement, c’est la ville de Los Angeles. Une cité qui n’a rien d’angélique sous la caméra de Michael Mann, qui en fait un univers froid et impitoyable mais aussi une ville étrangement séduisante, surtout lors des scènes nocturnes, marquées par des lumières bleutées hypnotiques. Même si le film troque la grouillante et légendaire Big Apple de Marvel pour sa très différente cousine de la Côte Ouest, c’est bel et bien une métropole avec une identité forte qui sert de cadre urbain à la partie de cache-cache à laquelle jouent Hanna et McCauley, et ce sera le dernier détail du cahier des charges super-héroïque que je relèverai.
Donc, au-delà de la boutade, oui, Laurent Lefeuvre avait raison, Heat n’est pas qu’un excellent polar des années 90. Plus qu’une simple histoire de casse ou d’enquête criminelle, c’est une formidable étude de caractères, sur des personnages possédant un véritable pouvoir de fascination sur l’homme du commun. Porté par l’extraordinaire De Niro et le phénomén-Al Pacino, c’est un récit imprégné de thèmes chers au genre super-héroïque, filmé de main de maître par un Super-Mann.
Hey, arrête de me mater et file regarder ce film si c’est pas déjà fait !
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La BO du jour :
« God moving over the face of the waters » ça pourrait pas être Super-Mann survolant la baie des anges ?
https://www.youtube.com/watch?v=pTunCVWzkFA
L’aspect professionnels rigoureux et le lien entre le flic et le gangster (l’espèce de respect assez perceptible qu’ils ont l’un pour l’autre) m’a pour ma part plutôt rappelé le cinema de Melville.
Ah oui, complètement !
J’adore ton approche, qui justifie complètement la place du film dans le blog, en plus d’être passionnante et très crédible.
J’ai vu ce film 2 fois. la 1° fois je m’étais ennuyé ferme, passant complètement à côté de l’essentiel (je m’attendais à un film d’action à la Stallone, peut-être). La seconde, j’avais complètement capté le concept et j’avais été très impressionné.
Je trouve que DeNiro l’emporte dans son duel d’acteur, réussissant à rendre son jeu tellement fin que celui de Pacino, qui cabotine à outrance, tombe parfois dans le too much.
Cela fait un moment que j’ai envie de le revoir. Ton article accentue encore cette envie, ce qui est frustrant car, en ce moment, je n’ai pas le temps…
Le meilleur film de Michael Mann, à mon sens.
Houlà ! Je suis passé à côté de tout ça.
J’ai vu le film une fois et il y a un sacré paquet d’années…et j’avais trouvé ça moyen, je m’étais quand même pas mal emmerdé^^ J’avais trouvé ça looonnng ! Et les films de braquage ça me gonfle.
ce que dit Tornado sur sa première expérience avec le film devrait me pousser à laisser une seconde chance au film.
Les réactions de Matt et de Tornado lors de son premier visionnage correspondent aux retours de pas mal de camarades étudiants à l’époque, qui l’avaient vu au ciné…
C’est sûr qu’il ne faut pas s’attendre à un pur film d’action, sinon on est déçu. Pour ma part, j’ai été happé dans l’univers du film et parfois, je me plais même à penser que je n’en suis pas totalement sorti.
Pour Pacino, oui, il est pas mal dans le surjeu et le script ainsi que le doublage VF appuient cela. Au passage, j’aime bien son doubleur en VF… (son speech dans « L’Enfer du dimanche », c’est quelque chose…)
Mais au final, Pacino n’écrase pas le film et sa performance offre un contraste/miroir supplémentaire face à De Niro…
Ce n’est pas le manque d’action que j’ai regretté. C’est l’apparente banalité du sujet avec une énième histoire de braquage (je n’ai jamais aimé ces films de braqueurs), et le fait que ça s’étire sur 2h50 !! Mince, c’est plus long qu’un film Marvel ou qu’un seigneur des anneaux.
Mais c’est un ressenti daté que j’ai^^ Je devais avoir 17 ans quand je l’ai vu. Je ne me souviens même pas de tout ce que tu énumères en rapport avec l’histoire.
Pour la caractérisation de McCauley et Hanna, j’ai surtout l’impression que Mann a voulu inverser les clichés ; le rôle du gueulard m’as-tu-vu habituellement réservé au gangster et attribué à Pacino (bien meilleur quand il la joue sobre dans Le Parrain, Mann a d’ailleurs suggéré que si le personnage son personnage se comporte de cette façon, c’est parce qu’il consomme de la coke) tandis que le rôle du professionnel très sérieux au mode de vie presque ascétique généralement associé au flic qui fait preuve de sang-froid au revient à DeNiro (vraiment impeccable dans ce rôle).
En ce qui concerne les films de Mann, je préfère largement Thief (avec James Caan), Manhunter et The Insider (toujours avec Pacino).
Le chef-d’œuvre absolu!
(je peux faire plus court encore la prochaine fois^^)
@Wildstorm :
En plus court, on avait :
« Un hit ! » (sic)
ou « Top ! »
ou « +1 »
😉
Je ne m’attendais pas à lire un article sur Heat ici, mais cela fait sens. Et puis, il est génial, cet article, merci JP de t’y être attelé ! Je crois que je n’aurai jamais pu trouver une accroche tellement j’aime ce film.
En fait je n’étais pas très habitué au cinéma de Mann, et je n’avais pas aimé Heat à sa sortie (je l’ai vu au cinéma). Depuis j’ai vu Le dernier des Mohicans que je vous conseille fortement. La scène finale m’a collé des frissons. Cela ne fait que quelques années que j’ai revu Heat et le considère désormais comme un chef d’oeuvre. J’y suis d’autant plus attaché que je l’ai reregardé avec Maël il y a trois ans et qu’il a adoré. Il était tellement dedans (jusqu’à me dire que « les acteurs, là, ils jouent super bien » – je veux mon neveu) qu’il criait « N’y va pas !! » à la télé lorsque Neil fait un détour pour retrouver Waingro… Il avait compris. Juste avant, on s’était maté Mélodie en sous-sol, le film de 1963 de Verneuil avec Gabin et Delon. Du coup, il m’a fait remarqué que ces films avaient tous les deux des fins marquantes.
Je crois que je ne suis pas assez au fait de l’essence super-héroïque pour avoir vu la comparaison, mais ton argumentation tient la route, je vais donc la prendre comme acquise. Pour la ville comme personnage à part entière, c’est tout à pertinent.
Quant à la BO, c’est bien la première fois que je retrouve du Moby sympathique.
Sinon, je pense qu’il faut qu’on en parle : mon ami Stanislas Gros me faisait remarquer que Hans Zimmer écrivait de vrais thèmes pour les films DC, de vraies illustrations sonores marquantes, comme l’évasion de la prison dans Dark Knight Rises (seule scène réussie du film pour moi). Alors que les films Marvel ont des bande-son totalement passe-partout et jamais marquantes, à l’exception de leurs compiles 70s pour les deux Gardiens de la Galaxie.
Cet article me propose une totale découverte d’un fil dont je ne me souviens pas avoir entendu parler, et que je n’ai jamais vu. Bon , le nom des acteurs me dit quand même quelque chose, et je suis souvent épaté par les performances de Robert de Niro, sa capacité à devenir le personnage.
@Cyrille : tout le plaisir est pour moi ! Comme raconté dans l’article, j’affectionne ce film, aussi, lorsque le pitch s’est présenté à moi tout cuit sur un mur FB, je me devais d’écrire cet article…
@Présence : étant donné la somme incroyable d’oeuvres que tu as chroniquées, je n’ose te recommander celle-ci…. Mais si, j’ose : c’est un film captivant (et il n’y a presque pas de violence graphique…)
+1^^
Et tu en penses quoi de Collateral du même réal ? Je viens de le revoir et je crois que je le préfère à Heat que j’avais trouvé long.
Tiens, je n’avais pas vu ta question, Matt…
Collateral, je l’ai vu deux fois mais dans de mauvaises conditions. Une fois en avion et une autre fois seulement partiellement. J’aime plutôt l’ambiance mais je ne suis pas sûr que les persos soient aussi solidement écrits que ça… Y’a un peu le syndrôme de « Tom Cruise il est trop fort » !
C’est surtout la confrontation des deux modes de pensée des personnages qui est chouette je trouve, ainsi que le thème de l’indifférence des gens vis à vis des autres dans la ville.
Sans parler du fait que c’est très bien filmé, avec un concept bien fichu (une sorte de huis clos dans un taxi la majeure partie du temps, durant une seule nuit)
Effectivement Tom Cruise est fort (mais se fait flinguer quand même au final). C’était peut être pas l’acteur idéal pour ce rôle, mais au final l’acteur qui joue un rôle à contre-emploi j’aime bien en général, et il s’en sort bien. Je sais pas, c’est peut être moins profond que Heat qu’il faudrait que je revoie, mais en termes de rythme, de mise en scène, je le trouve très bien fichu.
Collateral est pas mal du tout, surtout pour son ambiance comme vous le dites avec JP, mais à la seconde vision, il perd beaucoup de son charme, l’histoire semble soudainement improbable et les personnages deviennent incohérents. Impossible de le comparer avec Heat qui se bonifie à chaque vision.
Un film à voir aussi avec sa « préparation », le téléfilm LA Takedown pour comparer les quelques différences et surtout se rendre compte de la puissance de jeu et du charisme de Pacino et De Niro (par rapport aux deux autres acteurs) si c’était encore à démontrer. Le côté super-héros est bien vu, surtout en ce qui concerne la responsabilité, grand thème du comic book. Ca prend tout son sens dans la scène du coffee shop quand Hannah explique qu’il passe tout son temps à traquer des types comme Neil et que ça a lui coûté ses trois mariages. Dans le fond, il n’y a que lui qui s’oblige à faire ça, comme Parker qui fonce sur costume quand il voit tel ou tel de « ses » méchants à la télé… C’est plus diffus chez Neil mais il se sent responsable de son équipe, fait la morale à Charlène, insiste pour qu’on ne tue qu’en cas de besoin. Il se conduit vraiment comme un chef de famille. En y réfléchissant, il me fait penser à Captain Cold qui entretient le même type de rapport avec ses Rogues.
Je n’ai jamais eu l’occasion de voir « LA Takedown ». Si ça devait se faire un jour, je pense que j’aurais un gros biais en le comparant trop à Heat plutôt que de l’apprécier pour lui-même…
Captain Cold et les Rogues ? Je ne connais pas suffisamment les adversaires de Flash pour percevoir cette similitude. De Flash, sans consulter wikipedia, je pourrais citer, comme ennemis : Captain Boomerang, Mirror Master, le Trickster et puis… Professor Zoom ? Gorilla Grodd ? (je ne sais pas si ces derniers sont rangés dans la catégorie des « Rogues »).
Bon je dois le confesser : le cinéma de Michael Mann ne me fait rien.
Heat m’enuie, rien à faire, j’arrive pas à être pris dedans.
Attention je dis pas que c’est nul, mais je ne comprends pas les éloges, le film me laisse froid.
Collatéral était sympa, mais au final je ne ressens pas une folle envie de le revoir.
Et je viens de voir Public enemies. Et…bah…je me suis plus ou moins ennuyé aussi en fait. C’est bien joué, bien filmé, tout ça, et je ne peux évidemment pas dire que c’est un mauvais film, mais certaines scènes trainent en longueur, je n’ai pas vraiment ressenti de tension, de drame, j’ai trouvé le temps long…
Ça te fait également cette impression avec ses films pré-Heat ?
Le virage formel qu’il a entamé à partir du début des années 2000 (son utilisation du numérique) à laissé une partie de ses fans sur le carreau.
Bah je sais pas. Je vois pas trop en quoi le numérique à lui seul peut plomber un film, y’a pas de raison. Et Fincher s’en sert très bien.
Et Heat aussi me laisse sur le carreau et il date de 1995^^
Je n’ai pas vu ses films précédents cela dit. Je sais juste que Manhunter est la première adaptation de Dragon rouge.
Etrange, Heat est vraiment un chef d’oeuvre pour moi. T’as essayé Le dernier des Mohicans ? La scène finale m’a foutu des frissons, j’ai rarement eu ça en regardant un film.
Non pas vu le dernier des Mohicans.
Dans Heat, Val Kilmer j’ai envie de le baffer tellement il me gonfle. Voilà mon degré d’intérêt pour les persos^^
Il y a juste Pacino que je comprends. Et son « duel » avec De Niro est cool, mais De Niro en lui-même…je vois pas non plus ce que je suis censé ressentir pour lui. M’en fous pas mal.
C’est presque comme si on cherchait à m’attendrir sur des gens qui m’emmerdent, du coup es scènes de développement me paraissent juste super longues parce que j’en ai rien à carrer des persos^^
@Matt : t’as le droit de pas aimer 😉
Une des choses que j’apprécie c’est que le film prend le temps de raconter l’histoire et de donner de l’épaisseur à beaucoup de personnages. Mais je conçois que tout le monde ne puisse pas être absorbé par ce type d’histoire.
Tiens, dans le genre film de braquage, j’avais aussi vu « The Town », avec Ben Affleck, et sans trouver ça nul, je l’ai trouvé plus convenu, façon « plot device ».
Moi, j’aime quand on peut croire aux persos, les sentir vivants, vivre l’histoire à leurs côtés…
Dand le genre polar, c’est pour ça que j’avais aimé Infernal Affaires et été déçu par son remake The Departed.
Bah en théorie je suis d’accord avec toi, et j’aime aussi Infernal Affairs.
Mais j’arrive pas à m’intéresser aux personnages dans Heat. Ni dans Public enemies. Dans Collateral un peu plus. Surtout la dynamique du tueur cynique qui s’oppose à la vision plus optimiste du chauffeur.
Public Enemies est plutôt raté en effet. De la même manière je n’ai pas accroché à son Miami Vice.
Dans Infernal affairs on a la sensation qu’un mec a sacrifié sa vie pour être une taupe, et l’autre a fait un mauvais choix plus jeune et finit par vouloir effacer ses traces.
Dans Heat ou Public enemies…je sais pas, t’es censé les comprendre alors que rien ne les oblige à continuer à faire ce qu’ils font ? Leurs problèmes ils les ont créé tout seuls, et ils ne semblent pas assez souvent humains, ressentir des regrets ou…bah j’sais pas ça marche pas, aucun d’eux ne me parle ou me fait ressentir un truc.
Il y a au moins le chauffeur black, qui essaye de se ranger pendant sa conditionnelle mais qui plaque tout car son patron est un pourri, et aussi le blond, accro au jeu, avec une femme et un fils (la scène d’adieu depuis le balcon, aucune parlotte mais un amour tacite si bien rendu)
Et puis non, tous en fait…
Pacino qui est bouffé par le boulot, De Niro qui sait qu’il ne doit pas s’attacher mais qui faute quand même, Tom Sizemore qui est accro à l’action, l’épouse de Pacino qui le trompe pour essayer de le faire réagir…
Il y a plein d’humanité dans ce film, mais forcément, c’est romancé, exacerbé (d’où mon angle « super-héros » pour l’article)
Mais, à nouveau, je n’ai pas pour objectif de te le faire aimer mordicus, j’explicite seulement ce que moi j’ai ressenti …
Public ennemies, c’est plus rapide : pas vu !
« Pacino qui est bouffé par le boulot »
Oui ok lui d’accord.
« De Niro qui sait qu’il ne doit pas s’attacher mais qui faute quand même »
Ah…c’est un problème de vie compréhensible ça, de ne pas vouloir s’attacher ?
« Tom Sizemore qui est accro à l’action »
ça aussi ? ça existe ? Hum…ils doivent être aussi attachants qu’un chewing gum collé à la semelle ces gens^^
On va dire que je n’éprouve rien pour ce genre de personnages. Ou alors c’est pas rendu correctement, ou pas d’une façon qui marche chez moi.
Moi j’ai adoré The Town. Il fait très Heat justement, mais comme tu dis, il est plus direct. Toujours pas vu Infernal Affairs (pff) mais j’ai adoré The Departed. Rien que les acteurs déjà.
Et voilà on voit les remakes d’abord, et après on va voir le film hongkongais et on va se dire « je connais pas les acteurs et c’est moins bien tout ça » ^^
Je déteste les remakes feignants à cause de ça.
The departed n’est pas mauvais mais il ne se casse vraiment pas le cul à faire les choses différemment. Mais voilà Scrocese et des acteurs connus…et c’est lui qui chope un foutu Oscar.
Life’s unfair !
Et comme plein de gens comme toi n’ont jamais vu de films asiatiques, c’est toujours les foutus remakes qui sont encensés.^^
Et puis évidemment Scorcese a mis bien plus de pognon dans son remake, alors il est difficile de dire que la production value est moins bonne. Béh non évidemment c’est bien filmé et bien joué et y’a des moyens.
Mais c’est dégueu, ça vole la vedette à Infernal Affairs en reprenant le même script et vraiment sans quasiment rien changer.
Sauf la fin d’ailleurs, qui est plus moralisatrice. Mais elle est piquée à Infernal Affairs 3 (oui c’est une trilogie. Avec un 2eme opus façon Le parrain 2 qui se passe durant la jeunesse des 2 infiltrés au moment de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, et un 3eme qui reprend la suite du premier)
Bon le 3 n’est pas extra pour le coup, mais peu importe en fait. Le premier fonctionnait très bien seul aussi et ne jouait pas la carte du méchant puni à la fin.