AUTEL CALIFORNIA, par Nine Antico
Par TORNADOVF : L’Association
Cet article prend sa source dans deux précédentes chroniques, dont il forme à la fois une sorte de synthèse et un prolongement.
Il y a d’abord eu un article en deux parties sur les origines de l’Americana et d’un rock typiquement américain, et notamment californien :
1 : IF YOU’RE GOING TO LOS ANGELES
Puis il y a eu un autre article, en deux parties également, sur la chute du mouvement hippie marquant le changement d’une époque, vue à travers le cinéma et la musique :
1 : WOODSTOCK’S FALL – GRANDEUR ET DECADENCE DU MOUVEMENT HIPPIE EN 10 FILMS ET 10 CHANSONS : 1° PARTIE
2 : WOODSTOCK’S FALL – GRANDEUR ET DECADENCE DU MOUVEMENT HIPPIE EN 10 FILMS ET 10 CHANSONS : 2° PARTIE
Les deux tomes d’AUTEL CALIFORNIA font effectivement écho à ces mêmes thèmes puisqu’il est question de revenir sur une page de l’histoire américaine parfaitement raccord avec celle que nous avons explorée dans ces deux articles.
AUTEL CALIFORNIA développe un récit qui met en scène l’histoire du rock à Los Angeles durant les années 60 et 70, et il est question d’y explorer la grandeur et la décadence de toute cette période aujourd’hui mythique.
AUTEL CALIFORNIA, c’est l’histoire du rock vue à travers celle des groupies.
L’héroïne de cette BD s’appelle Bouclette. Mais ce personnage s’inspire précisément de la plus célèbre groupie de tous les temps, à savoir Paméla Des Barres.
Si vous ne la connaissez pas, Paméla vivait à Los Angeles et, dès les années 50, elle s’est passionnée comme beaucoup de ses congénères pour les idoles du rock, à commencer par Elvis Presley et les Beatles. Ayant réussi à intégrer le milieu en devenant une des proches de Frank Zappa (elle fut la nurse de ses enfants pendant des années) au sein de Laurel Canyon où transitaient toutes les stars du rock, elle eut même droit à son propre groupe de musique en compagnie de ses autres copines groupies : Les GTO’s (Girls Together Outrageously). Un ensemble de groupies donc, entièrement produit et chapeauté par Zappa, qui donnera lieu à un album unique fait de titres scandés (soutenus par Zappa et Jeff Beck), puisque les damoiselles ne savaient ni chanter, ni jouer d’un quelconque instrument…
Les choses fonctionnaient comme ça : Une fois que les groupies réussissaient à se faire connaitre dans le milieu, elles avaient accès aux backstages (aux coulisses des rockers) et ceux-ci n’avaient plus qu’à se servir. Certaines d’entre-elles avaient même mis au point un rituel assez incroyable qui consistait à mouler le sexe de leurs idoles pour en faire une collection de plâtres !
Le tableau de chasse de Paméla est en tout cas exceptionnel : Jim Morrison, Noel Redding, Chris Hillman et Jimmy Page, pour ne citer que ses réguliers (la dame était très demandée durant ses années de gloire)…
AUTEL CALIFORNIA raconte ainsi ces années folles où Bouclette/Paméla a vécu son rêve en devenant la petite préférée de ses idoles, à qui elle offrait ses faveurs en espérant trouver le grand amour…
On suit parallèlement d’autres personnages parmi les groupies. Et puis il y a « Surfer Girl », encore une croqueuse de rockers, mais d’un autre genre, privilégié : la muse. Ce dernier personnage est quant à lui inspiré de certaines des plus célèbres compagnes de rockers, comme Nico ou Marianne Faithfull.
AUTEL CALIFORNIA commence en 1954. Il faut comprendre que la naissance du rock aux USA coïncide avec une mutation qui va profondément perturber la société américaine : Quelques années avant l’arrivée de la Beat-Generation, la jeunesse d’après-guerre commence à se détourner des valeurs bourgeoises véhiculées par les générations précédentes et notamment de la pensée religieuse catholique. En d’autres termes, les jeunes américains de l’époque envoient valser les bondieuseries et se tournent vers ce qui va rapidement remplacer le christ dans leur cœur : les idoles rock. C’est ainsi qu’en toute logique, dans la chambre de Bouclette, un poster d’Elvis Presley trône à côté de celui de Jésus, le second étant plus petit que le premier…
Pour les jeunes des années 60, Elvis, puis les Beatles, les Rolling Stones et les Beach Boys, ce sont des dieux. Et les concerts, des messes. Les jeunes filles vont rapidement comprendre qu’elles peuvent les approcher si elles se retrouvent au bon endroit et au bon moment, et si elles n’ont pas froid aux yeux…
Nine Antico place son récit du point de vue des groupies et leur donne la parole. Bouclette explique alors au lecteur (par un habile subterfuge scénaristique -et surréaliste-, le personnage discute en fait avec sa poupée Barbie, aussi vivante que la coccinelle de Gotlib !), tout ce qu’il faut savoir sur le phénomène et pourquoi une femme se déshabille dès qu’elle voit une rock star, pourquoi elle est prête à lui tailler une pipe entre deux portes et, souvent, subir les pires outrages.
Extrait : (…) les pipes, c’est la façon la plus efficace de faire plaisir à un garçon. Quand ils jouissent, ils ont l’air soudain si vulnérables qu’on se sent toute puissante ! Alors que cinq minutes avant, on pouvait bégayer d’admiration pour eux ! C’est un moment d’intimité… assez fort… Un partage avec l’être fantasmé !
AUTEL CALIFORNIA est découpé en deux tomes respectivement intitulés FACE A : TREAT ME NICE et FACE B : BLUE MOON. L’œuvre est ainsi présentée comme un disque vinyle à deux faces, sachant que TREAT ME NICE (entendue ici) est une chanson marquant les débuts d’Elvis et BLUE MOON la fin de sa carrière, qui correspond à peu-près avec celle du récit.
Ce faisant, Nine Antico retrace l’odyssée de toute une époque avec sa première partie innocente et euphorique (la FACE A), et la seconde plus sombre, marquée par les désillusions.
C’est ici qu’intervient le personnage de Charles Manson (la couverture du tome 2 montre la maison des Polanski), que Paméla Des Barres connaissait, comme tout le microcosme californien de l’époque, où tout le monde se croisait à Los Angeles dans les clubs de Sunset Boulevard. De Venise Beach au désert de Joshua Tree, en passant par Laurel Canyon, jusqu’au mythique quartier d’Haight-Ashbury de San Francisco, une même communauté évoluait de concert. Là vivait toute cette faune accrochée aux basques des rock-stars, et Manson et sa « family » en faisaient partie.
Comme nous l’avions vu dans notre article consacré à la chute du mouvement hippie, les meurtres commis par les sbires de Charles Manson et les incidents tragiques du festival d’Altamont organisé par les Rolling Stones mirent fin, en quelques instants, à l’idéologie hippie et marquèrent le passage d’une ère d’insouciance à celle que nous connaissons aujourd’hui. Le passage des années 60 aux années 70 et 80 aura vu les premiers hallucinogènes de la Beat-Generation être peu à peu remplacés par les drogues dure mortifères (qui firent un carnage dans le monde du rock), et la liberté sexuelle se solder par l’avènement du sida.
C’est toute la toile de fond d’AUTEL CALIFORNIA qui se développe à la fois dans son titre et à travers le parcours de son personnage principal, qui va rapidement déchanter au fil de ses mésaventures alors qu’elle sombre dans la solitude et la tristesse, se voyant peu à peu délaissée par ses idoles qui finiront par lui préférer de nouvelles-venues beaucoup plus jeunes, pour ne pas dire carrément pré-pubères…
La perte des idéaux et les nouvelles divinités…
Je ne me souviens plus quel philosophe avait développé cette pensée mais je me rappelle de ce cours de philo : L’humanisme des Lumières avait échoué sur le nazisme. Effectivement, en mettant l’homme au centre de l’univers et en s’émancipant peu à peu de ses croyances et de la peur du jugement divin, un peuple aussi avancé et civilisé que le peuple germanique avait osé sombrer dans le chaos de l’holocauste…
C’est une thématique similaire qui se tisse finalement derrière AUTEL CALIFORNIA : En voulant jeter à la poubelle les valeurs de leurs parents, les jeunes idéalistes du mouvement hippie avaient troqué l’ancienne pensée religieuse monothéiste contre la divinisation des rock-stars et célébré la décadence comme une libération des anciens carcans. Dieu n’avait ainsi plus le visage du Christ mais celui d’Elvis ou de Jim Morrison. Et comme au temps du Veau d’or, les gamins de l’ère du Flower-power s’adonnèrent à une sorte de religion polythéiste déliquescente où les groupes de rock faisaient figure de panthéon divin. C’est dans ce salmigondis que se déchainèrent ainsi Charles Manson et les Hells Angels d’Altamont. Et c’est également là que moururent les stars du rock qui allaient fonder bien malgré eux le Club des 27 (toutes les stars mortes à 27 ans, souvent d’une overdose, dont Brian Jones, Jim Morrison, Janis Joplin et Jimi Hendrix).
Ainsi donc va l’humanité, dans un destin fait de montées et de descentes où les divers cultes guident hommes et femmes au gré d’inclinaisons plus ou moins saines ou malsaines. Un sous-texte passionnant pour une bande-dessinée extrêmement documentée, dont la moindre scène découle d’une recherche précise et rigoureusement authentique.
Alors pourquoi seulement 3 étoiles ?
Disons que si le fond est bel et bien passionnant, la forme est pour le moins brouillonne…
Comme c’était le cas avec FROM HELL d’Alan Moore & Eddie Campbell, AUTEL CALIFORNIA est enrichi d’un appendice précisant les sources de chaque chapitre et, franchement, il vaut mieux lire les notes consacrées avant, et même après la lecture des chapitres en question.
Et là je vous dis ça, sachant que les sources citées me sont pour la plupart familières. Effectivement, un bon nombre de références utilisées par l’autrice proviennent des deux autobiographies de Paméla Des Barres et des trois livres de Barney Hoskyns consacrés au sujet de la musique californienne (WAITING FOR THE SUN, HOTEL CALIFORNIA et SAN FRANCISCO, LES ANNEES PSYCHEDELIQUES), soit trois livres que j’ai lus et qui m’ont passionné (auxquels on peut sans doute ajouter également son bouquin sur Led Zeppelin, le groupe étant assez représenté dans le second tome) ! Autant dire que le lecteur n’ayant aucune connaissance de toutes ces sources en sera pour ses frais !
Nine Antico opte également pour un parti-pris souvent surréaliste qui, s’il propose quelques séquences poétiques assez chouettes (la poupée Barbie (qui fut commercialisée à la même époque) suivant l’héroïne dans toutes ses péripéties, ou encore la longue scène ou Bouclette et Jim Morrison s’envolent pour San Francisco à bord d’un tapis volant !), n’aide vraiment pas le lecteur à raccrocher les wagons d’une mise en scène particulièrement décousue, dans laquelle les séquences s’enchainent sans transition et sans aucun lien d’espace et de temps ! Sans parler des passages chantés qui mêlent textes de chanson et dessins dans une succession de vignettes parfois incompréhensible !
Quant à la qualité strictement graphique, on peut également reconnaitre qu’elle est plutôt inégale. Si la plupart des rock-stars sont parfaitement reconnaissables, les scènes plus naturalistes sont carrément bâclées et on ne compte plus les planches où le dessin ne semble pas avoir été fini, avec une tête toute seule au milieu d’une case ou une trame gribouillée à la va-vite en guise de décor…
C’est dommage car les bonnes idées ne manquent pas et les frasques des rockers avec leurs groupies non plus, notamment cette anecdote irrésistible : En tournée, Frank Zappa avait intronisé une blague qui allait être reprise par tout le gratin du rock : Mettre la même poupée (surnommée Booger Bear) devant la porte du membre du groupe qui avait hérité de la groupie la plus moche !
AUTEL CALIFORNIA est un récit au concept tellement ambitieux que son autrice s’est un peu laissée dévorer par la somme de travail nécessaire pour accoucher d’une bande-dessinée réellement maitrisée et fluide, aux dessins détaillés, ce qu’elle n’est pas du tout au final. Enfin, je ne m’attarderai pas sur cette fâcheuse tendance qu’a le monde de la « BD pour adultes » de nous infliger sempiternellement ce genre de dessin semi-humoristique en noir et blanc esquissé à gros traits (ça ne fait pas assez adulte un dessin précis en couleur ?)…
Le lecteur intéressé par toute cette période en général et par l’histoire du rock en particulier ne devra néanmoins pas passer à côté de la chose, car si la forme est aléatoire, le fond est au contraire extrêmement passionnant…
La version mélancolique de circonstance…
Bigre, si même un connaisseur juge que c’est pas forcément facile de capter toutes les références… (je ne dirai pas imbitable, ça pourrait être mal compris)
C’est bien qu’il y ait des œuvres pour parler des coulisses, même si ce n’était pas très reluisant… Mais entre mon faible intérêt pour le sujet et le graphisme bof, je ne me convertirai pas en groupie de cette BD…
Non mais diantre JP c’est quoi cette obstination à ne jamais vouloir être une groupie ??? 😀
Comme je le disais il faut faire comme avec FROM HELL (toutes proportions gardées) : Lire les appendices en même temps que les chapitres (voire même avant et après…).
De nos jours, si je devais être une groupie du King, ce serait le Tom (King). Mais nos rapports se limiteraient à l’écrit, sans jamais passer à l’oral ;-).
Passionnant article, de bout en bout. Merci beaucoup.
Le paragraphe Si vous ne la connaissez pas, Pamela […] quelconque instrument. – Mince j’ignorais tout du rôle que Frank Zappa avait joué dans sa carrière.
Ainsi donc va l’humanité, dans un destin fait de montées et de descentes où les divers cultes guident hommes et femmes au gré d’inclinaisons plus ou moins saines ou malsaines. Un sous-texte passionnant pour une bande-dessinée extrêmement documentée, dont la moindre scène découle d’une recherche précise et rigoureusement authentique. – Whoaaah : sacré analyse, chapeau bas.
C’est dommage car les bonnes idées ne manquent pas et les frasques des rockers avec leurs groupies non plus, notamment cette anecdote irrésistible : En tournée, Frank Zappa avait intronisé une blague qui allait être reprise par tout le gratin du rock : Mettre la même poupée (surnommée Booger Bear) devant la porte du membre du groupe qui avait hérité de la groupie la plus moche ! – Une autre anecdote sur Zappa, que je ne connaissais pas.
Sans parler des passages chantés qui mêlent textes de chanson et dessins dans une succession de vignettes parfois incompréhensible ! – Hé bin, ça doit être quelque chose si même un connaisseur comme toi ne voit pas le rapport avec la choucroute, ou n’arrive pas à rétablir les liens culturels.
Ce genre de dessin semi-humoristique en noir et blanc esquissé à gros traits : je crois avoir déjà lu cette remarque de ta plume. 😀
Il faut que je trouve cette BD, ne serait-ce que pour la feuilleter. Merci pour cette découverte.
Ce que j’ai aimé avant tout dans cette BD c’est qu’elle m’a appris des choses sur un sujet que je pensais bien connaitre. En plus de me faire voyager dans le temps dans un coin des USA que je connais aussi pour l’avoir visité en profondeur (la Californie), tout ça malgré le graphisme frustre et les pointes de surréalisme.
J’avais vu les autres BD de Nine Antico et je croyais qu’elle est américaine au vu de ses sujets : je viens d’aller vérifier, elle est française. Ben ça alors.
A ta décharge elle est fascinée par les USA et son projet consiste à voyager en Amérique pour en étudier les dessous. Donc effectivement, vu de l’extérieur…
Un de ses projets précédents (que je n’ai pas lu) est régulièrement cité comme une réussite : Coney Island Baby.
Merci pour cet article analytique et historique. Je n’aurais qu’une réserve sur la « pensée religieuse catholique », il me semble que ce sont surtout les protestants qui dominent.
Ah, oui, tu as sûrement raison. En bon athée que je suis, je ne me suis effectivement pas posé la question. J’aurais dû employer le terme de « chrétien », voire de « bigot », certainement plus généraliste !
Alors moi non plus ce genre dessin « fonctionnel » en appui de ce qu’on y apprend, n’est pas ma came. et Frank Zappa, par manque de passeur, je suppose, je ne le connais pas du tout.
à lire en mediathèque pour moi.
Pour la BO, j’adore cette version à la guitare acoustique… j’aime de plus en plus Nancy Sinatra
Pour Zappa, je te conseille de commencer avec le second volume de sa série de lives YOU CAN’T DO THAT ON STAGE ANYMORE, The Helsinki Concert.
https://www.youtube.com/watch?v=QhoaGhuTN04
En ce qui me concerne, j’ai commencé Zappa par le 1er album de la série You c’an’t do that on stage anymore.
Il est aussi possible de viser les albums studios auxquels participe Steve Vai, comme You are what you is.
Une autre possibilité est de visionner le concert Does humour belong in music? L’avantage est de découvrir l’humour du groupe et ses interactions, ce qui rend plus accessible l’expérience de la découverte. En outre, ils sont plus en mode rock que dans d’autres albums.
https://www.youtube.com/watch?v=CbeFjEHE-XY
Je suis d’accord avec Présence (la vidéo de ce live est vraiment bien). C’est vrai que tu aimes les solistes de guitare, alors pourquoi pas. Personnellement en studio je dirais SHEIK YERBOUTI et ONE SIZE FITS ALL pour commencer.
Tiens, c’est la première fois que tu fais dans l’underground Tornado, non ? Et dans l’autobiographie aussi ! Tu ne fais pas dans la facilité quand même ! Je reste admiratif de ce choix de l’éditeur quand même ! Les deux couvertures sont hideuses et ne sont pas du tout représentatifs de l’histoire racontée. Je m’en suis rendu compte pour promouvoir ton article, c’est pas du tout vendeur. Encore moins le style de dessin. L’association a t-elle vraiment envie de vendre ce truc ??
Pourtant j’ai très envie de lire ça car j’adore les coulisses du rock et on a l’air d’y apprendre plein de trucs.
Je ne savais pas que De Barres avait fréquenté Morrison par exemple (j’étais resté sur Nico).
Saviez-vous que les GTO sont celles qui ont relokké les Alice Cooper et l’ont maquillé pour la 1ère fois ?
Ce sont leurs vêtements qu’ils portent sur la pochette du Love it to death (= proximité avec Zappa).
Sur les groupies, je reste très partagé. Depuis 35 ans je me demande toujours si les groupies furent actrices ou objets des rockers ? Ton livre y répond ? Etaient-ce des femmes qui exploitaient leurs libertés sexuelles ou de pauvres nénettes exploitées par des ordures comme Warhol ?
Autrement dit, j’ai toujours l’image d’une groupie comme chair à baiser et ne constitue pas ce que le rock a de plus glorieux à son palmarès.
Je serais très curieux de savoir si Blondie, Patti Smith ou Madonna avaient des groupies hommes par exemple.
Je vois souvent le rock comme l’utopie en Asgard des Xmen : un monde meilleur bâti au détriment d’une femme Harfang qui meurt loin des regards de cette nouvelle religion (très bien ton passage là-dessus d’ailleurs).
J’aimerais bien connaître vos avis là-dessus les rockers du blog.
Oh ben comme toi c’est une partie du rock que je trouve bien dégradante et absolument pas intéressante. Ce besoin d’assouvir un pouvoir, de profiter de l’autre comme un objet, et ce dans les deux sens, c’est clairement une partie qui a indigné le monde, à raison. Maintenant chacun fait ce qu’il veut, mais cette idolâtrie ainsi que ces considérations religieuses, personnellement, ça ne me parle pas. Par contre cela peut être très intéressant comme étude sociologique voire philosophique.
L’Association est une vraie association loi de 1901, donc non ils ne cherchent pas à faire de fric, mais publier ce qu’ils veulent.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Association
Alice Cooper (le groupe) ayant été lancé par Zappa (géniale l’anecdote de « 7h du mat’ ! »), ce n’est effectivement pas étonnant qu’ils aient fréquenté les GTOs. Mais je ne savais pas pour le maquillage et la pochette.
De ce qu’on apprend dans la BD (je n’ai pas lu les deux autobios de Pamela mais j’ai vu le film PRESQUE CELEBRE de Cameron Crowe (qui a également réalisé SINGLES (le film sur les années grunge (et qui a notoirement suivi la carrière de David Crosby jusqu’à réaliser ce formidable documentaire dont je parle parfois (et que je possède pour les intéressés))), film qui s’inspire également, en partie, de la bio de Pamela), les groupies commencent par être actrices de leur émancipation sexuelle, mais se mangent assez rapidement un méchant coup de bâton en retour, parce qu’en guise de grand amour elles ne ramassent que des km de bites, et se font jeter très vite au profit de nouvelles recrues de plus en plus jeunes. Le résultat est à la hauteur de la chute du mouvement hippie : Une sévère gueule de bois et une immense solitude décrépie…
La BD prend comme point de vue que personne n’instrumentalisait les groupies. Ce sont elles qui ont généré le phénomène (elles étaient ultra volontaires) et le milieu qui en a profité. Une espèce de cercle vicieux.
Est-ce que Blondie, Patti Smith ou Madonna avaient des groupies hommes ? Ça je n’en ai aucune idée. Mais pourquoi pas. A mon avis c’était le cas et elles auraient bien eu tort de s’en priver.
Mais le monde du rock est incontestablement macho. 99 fois sur 100 tu as l’image d’un mec avec une nana à ses pieds, quasiment une illustration de Conan par Frazetta…
Et ma BO ? J’étais assez fier de mon choix plutôt fin (une chanson détestée des rockers par une chanteuse adorée de tous… 🙂 ).
Ah oui, pardon la BO.
Très bien, je ne connaissais pas cette version.
De mémoire c’est aussi une fille des GTO, Miss Christine qui pose pour la pochette de HOT RATS, le seul Zappa que je supporte. Une pochette très Alice cooper.
Une féministe pourrait te dire que ces groupies se croyaient libres en étant soumises aux désirs de ces musiciens masculins. Elle n’aurait pas tort.
Ces messieurs rockers, leurs producteurs et managers ont trèèèès vite capté l’intérêt de profiter du phénomène des groupies. Rien que le concept de « backstage » en dit long sur le sujet. Pour avoir lu le bouquin de Barney Hoskyns sur Led Zep, c’est édifiant : C’était une institution ! Tout était planifié, des fausses lettres aux femmes des membres du groupes pour leur faire croire que leurs maris jouaient dans des coins paumés (et surtout pas en Californie) jusqu’au piège tendu aux groupies pour qu’elle se fassent baiser par le staff plutôt que par les musiciens (souvent tellement crevés qu’ils jetaient l’éponge), la machine était plus que bien huilée…
Ouais. Ca pue Led Zep
Grandeur et décadence du rock…
Ah oui PRESQUE CELEBRE est sympa. Faut que je le revoie. Pas vu SINGLES par contre. Mais de ce que je connais de Cameron Crowe, je pense que son meilleur boulot reste L.A. CONFIDENTIAL.
Superbe article Tornado, un vrai cours de rock ! Je ne connais rien de tout ça à part Nine Antico : je ne connaissais pas l’existence de cette bd (super titre), ni toutes les légendes californiennes de cette période. Je n’en connais que des bribes (dont Manson et les groupies pré-pubères des Led Zep) et tout ça pourrait tout à fait m’intéresser. Cela dit je ne me sens pas le courage de lire tous les livres que tu cites, alors que ça a l’air vraiment éclairant. As-tu lu ACID TEST de Tom Wolfe ?
Je ne suis pas non plus un grand fan du trait de Antico, mais ce n’est pas non plus repoussant. Justement, ce que je trouve repoussant, ce sont les dessinateurs/trices qui cherchent le réalisme et la surenchère de détails sans les maîtriser. J’ai une histoire de Nine Antico dans un des tomes de ROCK STRIPS.
La BO : je ne connaissais pas non plus cette version ! J’aime beaucoup.
Non je n’ai pas lu ACID TEST. C’est bien ?
Et je suis très curieux de découvrir ROCK STRIPS, tout en ayant peur que ce ne soit pas terrible.
Perso j’ai commencé Zappa par le début, avec FREAK OUT ! 🙂 . J’étais étudiant et très ouvert aux trucs psyché à ce moment là. Les premiers Zappa, les premiers Soft Machine… Ça passait tout seul.
Je ne comprends pas quand vous dites que cette époque du rock n’est pas intéressante. C’est la même que les Beatles (fin des 60’s) puis Bowie (début des 70’s. Et c’est celle des Stones. Les gens découvraient toutes ces libertés à travers le rock et ont tout essayé, à la fois le pire et le meilleur. Moi c’est à partir du punk que je trouve ça ultra glauque, triste et moche. Au moins avant y avait de la fête et du glamour…
ACID TEST c’est un documentaire écrit, c’est assez ardu à lire car pas forcément intéressant, et bien psyché. Je ne dis pas que cette période du rock n’est pas intéressante, je parle de tout les à-côtés, tous les sujets attachés. La musique est toujours intéressante.
ROCK STRIPS je n’en connais que deux tomes, je ne sais pas si il y en a d’autres, c’est très disparate car il y a beaucoup d’auteurs donc forcément un peu moyen : des trucs super et d’autres bof.
En regardant distraitement sur Amazon, j’ai vu que le premier tome de ROCK STRIPS (il n’y en a que deux au final) avait été longuement commenté en 2013 par un certain… Bruce Tringale ! (lequel semble avoir perdu la mémoire puisqu’il n’est pas venu en parler…). Nine Antico y est déjà présente (sur le passage dédié à Bowie).
Lol http://www.brucetringale.com/vnez-mes-ptits-dans-leurs-comics-strips/