Folk the Line (Un parfait inconnu)

UN PARFAIT INCONNU par James Mangold

Une partition jouée par les dylanophiles SEB, CYRILLE M et FLETCHER ARROWSMITH

Like a rolling stone
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

UN PARFAIT INCONNU (A COMPLETE UNKNOWN en VO) est un film réalisé par James Mangold qu’il a coécrit avec Jay Cocks. Timothée Chalamet tient le rôle de Bob Dylan,  Edward Norton celui de Pete Seeger, Elle Fanning celui de Sylvie Russo (Suze Rotolo), Monica Barbaro celui de Joan Baez et Boyd Holbrook celui de Johnny Cash.

Film événement de ce début d’année, UN PARFAIT INCONNU réalisé par James Mangold revient sur les premiers pas de Bob Dylan interprété par Timothée Chalamet qui délaisse les longues plages de Dune. En mélomanes avertis, Cyrille M, Sébastien Zaaf et Fletcher Arrowsmith en discutent sur Bruce Lit! 

Fletcher : Après un cinquième épisode de Indiana Jones complètement raté, James Mangold revient en pleine forme avec UN PARFAIT INCONNU qui retrace l’arrivée et l’émergence de Bob Dylan à New York de 1961 à 1965. Mangold lui, ne navigue pas dans l’inconnu par contre, car on lui doit déjà un biopic de qualité avec WALK THE LINE sur le couple Johnny Cash et June Carter.

Cyrille : Pour ma part, n’étant pas un fan de biopic, j’ai préféré le film sur Dylan à celui sur Cash. Car ce PARFAIT INCONNU étant plus ramassé sur la durée, il s’apparente à une tranche de vie plutôt qu’à une vue d’ensemble de la carrière de Dylan.

Sébastien : Le film se concentre sur le début de carrière de Dylan et se termine avec le passage à l’électrique tant décrié à l’époque de Dylan en 1965 au festival de Newport. Une période courte mais intense, comme pouvaient l’être certaines carrières de l’époque, démarrant sur les chapeaux de roue, deux ou trois chansons propulsant une légende. Le mérite principal du film est je trouve de montrer l’importance que Dylan a eu dans cette période contestataire avec des chansons qui résonnent encore aujourd’hui comme The Times They Are A-Changin’ ou Blowin’ in The Wind ou Like A Rolling Stone qui pour moi exhale une certaine liberté américaine à la manière des Kerouac, Burroughs ou Ginsberg qui ont aussi inspiré Dylan.

Talkin’ New York​​
©The Walt Disney Company

Fletcher : Avant de rentrer dans la salle obscure, vous en attendiez quoi ? Pour ma part, un biopic sur Bob Dylan, un de mes artistes préférés par James Mangold avec Timothée Chalamet, je dois vous avouer que j’avais un peu peur du résultat. Peur de voir un simple biopic, qui risque de tomber dans la facilité et les raccourcis tant le personnage est insaisissable et renferme encore aujourd’hui une part de mystère qu’il a su cultiver malgré les nombreux ouvrages et documentaires qui lui ont été consacrés.

Sébastien : Déjà j’ai aimé que le film démarre par un moment clé. La rencontre, plus vraie que nature, entre un tout jeune Robert Zimmerman et les deux mythes de la folk song de la fin des années 50 et du début des années 60, Woody Guthrie et Pete Seeger. Avec Dylan chantant sa chanson en hommage à Woody Guthrie. Ce look, cet état d’esprit, j’ai pensé immédiatement au mouvement beatnik, à cette liberté de la route revendiquée par Kerouac, cette vraie liberté américaine d’aller et venir d’un point à un autre avec un livre, une guitare et un sac. Tout ça m’a mis assez vite dans l’ambiance.

Cyrille : Comme souvent, je n’en attendais rien, j’ai pris ce qu’on m’a donné. J’ai expressément regardé WALK THE LINE pour avoir une idée possible du ton employé par Mangold et pouvoir comparer ces deux films réalisés à vingt ans d’intervalle. Et dès le début, j’ai été emporté exactement comme le relate Sébastien.

A song to Woody
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Fletcher : Il faut signaler que le film de Mangold restitue de fort belle manière l’ambiance de l’époque avec cette impression permanente d’évoluer dans le Greenwich Village des années 60.

Sébastien : Là-dessus je suis d’accord. Les débuts de Dylan, quand Pete Seeger l’emmène pour la première fois chanter dans les cabarets où il croise Joan Baez, on s’y croirait vraiment. De même pour tous les passages par Newport.

Fletcher : Mais, et c’est la bonne surprise, c’est très musical avec beaucoup de morceaux qui impulsent un véritable rythme au film.

Cyrille : Quand tu sais que tout a été enregistré live pendant le tournage, que chaque acteur chante et joue ce que tu vois et entends, je trouve les performances bluffantes : ce sont des musiciens aguerris. La version de Times They Are a-Changin jouée seule en plein festival a réussi à me filer la chair de poule. J’ai eu la chance de voir le film en VO sous-titré en français.

Fletcher : Heureusement. Sur un tel film avec un tel parolier, que dis-je, écrivain même, c’est même une obligation de le voir en VOST.

Cyrille : Ça a plusieurs avantages, le premier étant de ne pas avoir de coupure entre la voix parlée et celle chantée. Il y a beaucoup de chansons dans le film, les acteurs et actrices chantent et jouent très souvent, cela fait presque comédie musicale par moments tant les titres s’enchaînent entre chaque scène. Le second est d’avoir la traduction des paroles des chansons, ce qui importe beaucoup lorsque l’on parle de musique engagée ou un tant soit peu politique comme celle de Dylan ou les vieilles chansons folk et blues. Quant à l’interprétation de Chalamet en dehors de ces passages, elle semble un peu caricaturale mais pas tant que ça. Il a l’accent et la voix de Dylan, possiblement sa façon de se déplacer également, mais ça ne gêne jamais.

Don’t Think Twice, It’s All Right
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Fletcher : Au-delà de la performance des acteurs et actrices, arrêtons-nous sur la prestation de Timothée Chalamet. Sa voix et sa gestuelle sont impressionnantes mais je l’ai trouvée trop scolaire aussi. C’est qui le Dylan de Chalamet finalement ?

Sébastien : Chalamet je trouve reste très sobre dans son interprétation mais je l’ai senti par moment habité, avec à la fois ce côté très poétique et très lunaire dont pouvait faire preuve Dylan par instant, dans son savoir-être. J’avoue avoir vu le film en VF et c’est un regret. Pas par choix mais la VOST n’était pas disponible au fond de ma campagne. J’aurai aimé le voir en VO pour vraiment juger de la performance brute de l’acteur. Je dirais que Chalamet fait un bon travail mais là où l’excentricité d’Elton était restituée par Taron Egerton dans ROCKET MAN, il n’incarne complètement Dylan que de manière épisodique. Quand je repense à WALK THE LINE, Joaquin Phoenix incarnait totalement les excès, la dinguerie et l’intensité du Man in Black. Il manque quelque chose. Encore une fois, la VF m’a peut-être trompé dans mon jugement. Par contre il est totalement Dylan je trouve au moment du duo improvisé avec Pete Seeger dans la soirée, quand il le retrouve dans son émission de télé ou encore dans ce face à face un peu gênant dans la chambre d’hôtel quand Pete Seeger, qui flaire le mauvais coup, vient tenter une ultime fois de lui faire dévoiler ce que Dylan a prévu en fermeture de Newport. On y retrouve à la fois le côté lunaire et parfois irascible de Dylan. Cependant à l’inverse, dans certaines scènes Chalamet ne s’efface pas suffisamment au profit du personnage. Notamment vers la fin du film, la scène d’au revoir au ferry avec Sylvie. J’ai vu Chalamet à ce moment, pas Dylan.

Fletcher : Une prestation que tu juges donc de qualité mais à l’image du film, trop sage, trop scolaire voire même académique.

Cyrille : La réalisation ne flamboie pas mais nous n’y voyons qu’un seul bolide avec la moto de Dylan, c’est pour ça.

Fletcher : Il aurait aussi pu y mettre des voitures de courses, puisqu’il s’y connait. Cette moto sera, l’année suivante, à l’origine d’un accident qui clôtura cette première période de la vie de Dylan qui va jusqu’à BLONDE ON BLONDE, album honteusement non évoqué dans le film.

Sébastien : La mise en scène est effectivement très formelle, comme souvent avec le biopic, exercice obligé et virage sec vers les Oscars, pour rester dans le thème des bolides. J’en retiens un film intéressant, avec une belle galerie de seconds rôles qui montre l’importance de Dylan dans l’essor de la folk song et sa fusion avec le rock and roll, ouvrant le passage pour plus tard à des artistes rock à message comme Bruce Springsteen.

4th positively street
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Fletcher : A l’arrivée le film ne repose-t-il pas trop sur la prestation de Timothée Chalamet, les chansons et l’image populaire de Dylan ?

Cyrille : Les autres personnages ont plus de mal à exister mais ont tous leur moment de gloire et leur patte, ils ne semblent pas effacés, bien au contraire, ce sont tous de sacrés caractères (characters?).

Sébastien : Le casting en général est plutôt bon. Joan Baez et Johnny Cash sont plutôt bons. J’ai cependant un peu regretté que le seul côté de Johnny qui soit montré soit celui d’un fêtard fouteur de merde, passant à côté du grand artiste qu’il était. Pete Seeger est interprété par Edward Norton qui livre une composition fine et pleine de tendresse (sauf vers la fin mais chut …). Le rôle lui est tombé dessus par hasard ou presque, Benedict Cumberbatch étant envisagé pendant toute la production. Là-dessus je suis d’accord que Norton aurait mérité un petit prix.

Fletcher : Par contre, idée très moyenne d’instruire un triangle amoureux, qui n’a pas existé dans ces termes. Et c’est dommage car Elle Fanning et Monica Barbaro sont bluffantes, surtout cette dernière en Joan Baez.

Diamond & Rust
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Sébastien : Je dirai qu’en fait sur ce point le film pâtit d’une mise en scène un peu trop formelle et d’un propos parfois un peu hésitant. Finalement le biopic musical a toujours une narration tronquée. La vérité d’une légende musicale comme Dylan est dans sa musique et ses textes. C’est sans doute la raison pour laquelle ce Prix Nobel de Littérature est venu couronner cette légende qui à sa manière insaisissable n’est pas venu honorer de sa présence la cérémonie. La relative indécision de Dylan dans ses engagements est transposée dans sa vie amoureuse en effet miroir. Là encore je suis gêné. Si le biopic ne doit pas être une hagiographie, il doit aussi respecter la vérité d’un homme. Le scénario a, paraît-il d’après James Mangold, été annoté de manière complète par Dylan, qui a aussi fourni des notes et des fiches à Chalamet. J’imagine donc que cette narration, même romancée, a l’aval de Bob Dylan.

Cyrille : Je ne suis pas certain qu’on sache tout de Dylan un jour. C’est bien montré dans le film : il n’explicite jamais de son passé, parle souvent de son passage dans un cirque, des saltimbanques, pour sûr ce gars se sent proche des freaks, il les cite souvent dans ses chansons. Mais le mystère demeure tout de même, tout comme le fait que ses paroles cryptiques n’ont peut-être pas plus de sens que la poésie peut en fournir, ou toutes celles que l’on veut. J’aime beaucoup le fait, par exemple, que all along the watchtower n’a pas de réalité : une tour de garde, ce n’est pas une construction en longueur, on tourne autour, on ne la longe pas.

La bande annonce en VO

Fletcher : Enfin si on laisse Dylan dicter sa perception des évènements, pas certain qu’il ne nous embrouille pas encore une fois. D’ailleurs à propos de l’intervention de Dylan sur le script, c’est lui-même qui a demandé que Suze Rotolo, que l’on voit sur la couverture du deuxième album,  soit nommée Sylvie Russo. Je n’ai pas lu le livre d’Elijah Wald, Dylan Goes Electrica, dont le film s’inspire essentiellement et qui à priori se termine sur ce fameux concert à Newport en 1965. C’est d’ailleurs un moment du film que j’ai trouvé assez génial. Jusqu’aux images de Pete Seeger (Edward Norton aurait mérité l’Oscar) lorgnant sur une hache pour couper les câbles, célèbre anecdote. La bagarre et la brouille sont véridiques également.

Cyrille : Je n’aurais pas dit génial mais un bon moment de cinéma, une tranche de vie un peu plus grande que d’habitude et très vivante. Tout l’intérêt est ce sentiment d’y être, de partager ce moment avec tous les protagonistes. Que ce soit par la photo ou le son, tout semble réel.

Mr Tambourine man
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Sébastien : Ce qui m’a le plus dérangé c’est justement la grande scène de fin. Je ne spoile rien pour ceux qui n’ont pas vu. Cette scène me paraît trop belle pour être vraie. Après avoir vu ROCKET MAN, WALK THE LINEou BOHEMIAN RHAPSODYje ne comprends que trop bien la mécanique du biopic qui arrange certaines choses pour des effets narratifs et mélodramatiques.

Cyrille : Il y a tout de même des différences énormes dans les films que tu cites. Celui sur Queen mélange allégrement les périodes et les chansons pour la seule narration. Ça marche bien mais au final cela devient quasiment une fiction tant les choix sont grossiers (ce ne sont pas des erreurs). Celui sur Elton John est une comédie musicale, donc forcément on illustre des moments de vie par de la danse et des tableaux et décors oniriques. Rien de tout ça ici.

Sébastien : Cependant, cette scène donne l’impression, erronée, qu’après Newport et son relatif fiasco électrique, Dylan tourne le dos au mouvement de contestation. Alors qu’une décennie plus tard il livrera le morceau HURRICANE, dédié au boxeur Hurricane Carter injustement condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Le morceau, véritable gifle à l’Amérique raciste et ségrégationniste, est un pamphlet de 8 minutes 35 secondes qui raconte très bien l’Amérique de cette époque quand on est Afro-Américain et que police et justice sont tenues par les Blancs. Par son choix de couvrir une période courte, le film évite aussi les écueils fâcheux : l’accident de Dylan, son retrait de presque trois ans… mais il donne aussi l’impression fausse selon moi qu’après 1965 la carrière de Dylan est anonyme.

Fletcher : Mais c’est en fait totalement cela. Il avait déjà refusé, en 1965, d’incarner le rôle de chef de file du mouvement contestataire qu’on voulait lui faire enfiler. C’est son côté rock, rebelle qui s’applique en fait envers le mouvement folk et contestataire. du Dylan tout craché. Et après son accident de moto, coupe de cheveux et vêtements comme preuve, il s’assagit avec deux albums proposant une orientation encore différente : JOHN WESLEY HARDING et NASHVILLE SKYLINE (THE BASEMENT TAPE entre les deux, publié en bootleg plus tard). Mais ces albums comportent quand même des protests song comme ALL ALONG THE WATCHTOWERpar exemple. C’est en cela que le film rate sa cible. Il ne clôt pas complètement cette période de Dylan.

Sébastien : Et c’est en ça aussi que je trouve, comme Fletcher, le film incomplet voire trompeur. On y voit un Dylan un peu linéaire, entre folk et rock alors qu’il a aussi été country et a même fait du rock Christian Reborn à l’image de SLOW TRAIN COMINGavec le très très bon GOTTA SERVE SOMEBODY. Pour la jeune génération, on passe à côté du Dylan multi facettes et beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.

It ain’t me babe
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Cyrille : Film incomplet pour sûr, mais il n’y a pas tromperie sur la marchandise puisque c’est dit dès la service de presse (en tout cas c’est ce que j’ai compris en entendant la présentation à la radio). De toute façon, Dylan étant encore vivant, je ne vois pas comment un film de 2h20 aurait pu embrasser toute sa carrière sans ces montages que les réalisateurs affectionnent souvent, ces moments accélérés qui sont, la plupart du temps, sans intérêt. Dépeindre la transformation de Dylan et la société de l’époque m’attire bien plus que la longue vie de hauts et de bas d’un génie musical, c’est pour cette raison que je ne trouve pas que le film fasse biopic et que par conséquent, il m’a beaucoup plus plu que ceux sur Cash, Bob Marley ou Amy Winehouse.

Fletcher : Il manque clairement des images de Dylan en Europe, la nouvelle rencontre avec les Beatles (après 1964), le concert à Manchester au Royal Albert Hall et le fameux Judas, sa “rupture” avec Joan Baez, soit une partie de la tournée couverte par le documentaire DON’T LOOK BACK.

Sébastien : Le film n’est pas exempt de reproches sur tous ces aspects. Il y a quelques ellipses que j’ai trouvé dérangeantes. Le tout jeune Dylan qui se présente à Guthrie et Seeger s’appelle déjà Bob Dylan. C’est bien plus tard dans la narration qu’on apprend son véritable nom, Robert Zimmerman. Détail me direz-vous. Pas tant que ça. Ce nom de Dylan ne sort pas de nulle part et le jeune Bob s’inspire du poète gallois Dylan Thomas. Cela montre clairement déjà une certaine culture, un rattachement à une communauté poétique qui explique l’intérêt de Bob pour le texte, les mots et éclaire d’une autre manière son prix Nobel de littérature. Il aurait été intéressant de le mentionner pour celles et ceux qui connaissent peu Dylan dans la nouvelle génération. De la même manière sa rencontre avec The Band, le groupe qui va l’accompagner pendant dix ans n’est pas clairement formalisée. Le nom du groupe n’est jamais mentionné, même s’ils se nomment encore The Hawks et j’ai trouvé regrettable qu’au moins les noms des deux leaders ne soient pas cités : Robbie Robertson et Levon Helm. Mais c’est un biopic de Dylan et pas de The Band. Par contre un autre groupe est nommé dans une scène clé, celle où pour moi Chalamet incarne le mieux Dylan. Une soirée dans laquelle il retrouve Pete Seeger pour un duo improvisé et un peu forcé. Au débotté, on intime d’une manière un peu surprenante à Dylan de ne pas s’inquiéter du succès des Beatles. Rétrospectivement, il me paraît compliqué de les faire jouer dans la même cour. A HARD DAY’S NIGHTrespire maintenant une profonde nostalgie quand THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN’a toujours le même souffle contestataire, surtout depuis le 20 janvier 2025. Ce très court passage m’a donc paru un peu inutile, ça arrive comme un cheveu sur la soupe bien que Dylan ait été une inspiration des Beatles et qu’il ait suivi leur ascension. Le propos aurait pu être amené différemment.

Wanted man
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

Fletcher : J’ai trouvé dommage que Mangold n’ait pas (pu ?) pris Joaquin Phoenix pour interpréter Johnny Cash, histoire de faire un cross over avec WALK THE LINE, que j’ai finalement trouvé plus impressionnant.

Cyrille : Pas moi, je préfère de loin Boyd Holbrook comme acteur à Joaquin Phoenix et je n’ai pas spécialement apprécié WALK THE LINE même s’ il reste clairement un bon film. Je le trouve justement plus scolaire que celui-ci, et si Reese Witherspoon n’était pas aussi impressionnante, le film serait largement moins réussi tant on en apprend très peu sur la personnalité de Cash. Alors qu’ici, on voit rapidement l’évolution de Dylan en la prenant comme naturelle, chaque scène apporte sa pierre.

Fletcher : Pour terminer sur une bonne note (de musique) je vous propose de choisir un titre de Dylan de cette époque que vous préférez.

Cyrille : Raaah c’est super dur ! Impossible, en vrac : Highway 61 Revisited, Don’t Think Twice It’s All Right, It Ain’t Me Babe, It’s All Over Now Baby Blue, Like a Rolling Stone, Desolation Row…

Fletcher : J’aime bien Blowin’ in the Wind, Girl from the North Country, Mr. Tambourine Manet The Times They Are a-Changin’ en plus des titres cités par Cyrille. Masters of Waret A Hard Rain’s a-Gonna Fall sont aussi très fortes et tristement d’actualité 60 ans plus tard.

Cyrille : Tu m’étonnes !

Sébastien : Très dur. The Times They Are a-Changin’ correspond très bien à cette période avec une puissance et une profondeur qui peut encore parler à tous au XXIe siècle. Like a Rolling Stone c’est pour moi une ode à la liberté et un hommage aux modèles beatnik de Dylan, très importants pour lui. Il y a une photo célèbre où on le voit en compagnie d’Allen Ginsberg sur la tombe de Kerouac. Et puis le titre du film, A Complete Unknown, est tiré de la chanson. Blowin’ in the Wind concentre à la fois les aspirations et les angoisses de sa génération.

Motorpsycho Nightmare
©The Walt Disney Company/Source : allocine.fr

La BO : “The Times They Are A-Changin’” par Timothée Chalamet

49 comments

  • Ludovic  

    Très chouette, votre ping pong critique et très agréable à lire !

    Je n’ai pas vu le film mais c’est vrai que James Mangold est un bon faiseur avec ce que ça peut comporter d’écueils (une certaine tendance à l’académisme) et un classicisme qui en même temps peut se mettre au service de projets différents et de les transcender (LOGAN reste un bon exemple dans le genre du film de super héros)…

    Après, aucun de vous ne tente de comparaison avec le film de Todd Haynes… on aurait pu évoquer aussi celui des fréres Coen, INSIDE LLEWYN DAVIS, beau film sur lequel plane la figure de Dylan même s’il n’apparait qu’à la toute fin…

    • Fletcher Arrowsmith  

      Bonjour Ludovic.

      On aurait pu en effet. Le film de Todd Hayne est celui qui capte le mieux et donne le meilleur caléidoscope de l’énigme Dylan avec cette idée de génie de le faire interpréter par différent acteur. Hayne brouille les pistes comme dans RENALDO ET CLARA.

      Et sur le bouillonnement culturel à NY au début des années 60 et les espoirs d’un jeune chanteur folk j’ai en effet trouvé le film de frères COEN (peut être leur dernier bon film ?) meilleur.

    • Jyrille  

      Merci Ludo ! Ca fait plaisir. Je tiens à réitérer mes remerciements à mes camarades de m’avoir embarqué, j’ai adoré écrire ça avec eux. J’aime beaucoup Mangold : COP LAND est un modèle, déjà du neo-western bien avant LOGAN (alors que le Wolverine précédent qu’il avait fait était vraiment pas terrible), et LE MANS 66 sont tous d’excellents films.

      Le Todd Haynes, je l’ai vu au ciné et j’en ai un souvenir confus. J’ai surtout retenu que le meilleur acteur pour incarner Dylan, à l’époque, c’était Cate Blanchett, une actrice. Le parti-pris était trop artistique pour moi, et puis un film à sketches n’est jamais totalement réussi, il y en a toujours un ou deux au-dessus des autres. La BO était bien je crois, par contre. Le Coen, je l’ai beaucoup aimé, mais il n’avait pas de direction. Narrativement, cela n’allait nulle part, il n’y avait pas de vrai enjeu, le gars était juste un SDF et la musique n’avait pas tant de place que ça. C’était bien fait, bien joué, belle photo tout ça mais j’ai eu le sentiment d’une suite de tranches de vie sans fond, sans cohérence. Dans les deux cas, je trouve que ce ne sont pas des biopics comme il en sort tant ces temps-ci.

      • zen arcade  

        LeTodd Haynes, ce n’est pas un film à sketchs, tout est entremêlé et on passe constamment d’une époque à l’autre.
        Le choix de Blanchett, c’est audacieux mais je la trouve en fait assez horripilante. On ne voit que sa technique, certes irréprochable, et ça ne m’a vraiment pas paru incarné.
        Mais j’aime beaucoup le film néanmoins. Surtout les passages avec Heath Ledger et Charlotte Gainsbourg, que je trouve vraiment émouvants.
        Ca marche vraiment bien comme évocation diffractée de ce que représente Bob Dylan.

        J’ai pas vu le Coen par contre.

        • Jyrille  

          En effet, mais dans mon souvenir, je l’associe à un film à sketches, où chaque Dylan est incarné différemment. L’ambition est là mais j’ai trouvé le propos peu clair et peu motivant. L’humour n’était pas assez présent, il y avait un hermétisme que j’ai trouvé pédant, bien plus que Cate Blanchett qui elle m’a sauvé le film car justement elle arrivait à insuffler ce détachement de Dylan que je m’imagine constamment. Il faudrait sans doute que je le revoie. De Haynes, j’avais beaucoup aimé VELVET GOLDMINE, dont j’ai énormément écouté la BO.

  • zen arcade  

    Très chouette et intéressante conversation.
    Je partage globalement vos remarques sur les qualités et les limites du film même si je diverge évidemment sur certains points.
    Ceci dit, pour moi, la principale qualité du film, qui évite l’écueil de tant de biopics, c’est de ne jamais vouloir expliquer le génie de Dylan. Dylan est là, il écrit, il chante.
    Son intransigeance, son arrogance, sa volonté de n’en faire qu’à sa tête (au détriment souvent des relations qu’il entretient avec ses proches) apparaissent, avec cette opacité tellement dylanienne comme une loyauté qui s’impose à lui et qu’il s’impose à lui-même face à « quelque chose » qui le traverse et à laquelle il se doit d’être fidèle. Le parfait inconnu, c’est évidemment le Dylan insaisissable mais c’est aussi et surtout en premier lieu Dylan face à lui-même.
    Le film, malgré les limites de son classicisme, n’échoue pas à le montrer et c’est à mon avis sa grande qualité.
    Et c’est pour cela que le film gagne à ne pas se disperser et à en rester à la première de ses grandes transformations artistiques. Parce qu’elle les contient déjà toutes. Parce que Dylan n’a jamais cessé d’être cet inconnu face à lui-même qui se débat avec plus ou moins d’inspiration selon les périodes avec « quelque chose » qui le traverse.
    Pas besoin d’aller plus loin que le concert emblématique au festival de Newport en 1965.
    Pas besoin d’aller jusqu’à Blonde on blonde. D’autant plus qu’il aurait fallu introduire le personnage de Sara Lownds, montrer un Dylan marié,… Ca n’aurait pas tenu en 2h30, ça aurait gavé le film comme une oie trop nourrie. Il aurait fallu montrer encore un autre Dylan. On se serait perdu.
    Ce que je retire aussi du film, c’est qu’il montre, même de façon larvée, l’extrême porosité de Dylan face à ce qui l’entoure. C’est à la fois une éponge et un vampire.
    La plus belle scène du film, complètement inventée, le montre jouer avec un bluesman (complètement fictif) dans l’émission télé de Pete Seeger.
    Il se gorge de tout et s’en empare. Le folk est beaucoup trop petit pour lui.

    Quelques remarques supplémentaires :
    « Cependant, cette scène donne l’impression, erronée, qu’après Newport et son relatif fiasco électrique, Dylan tourne le dos au mouvement de contestation. Alors qu’une décennie plus tard il livrera le morceau HURRICANE, dédié au boxeur Hurricane Carter injustement condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. »

    Dès 1964 (année ellipsée dans le film), Dylan est critiqué au sein du mouvement folk pour sa prise de distance avec les idéaux contestataires.
    C’est ainsi que les textes des morceaux de l’album « Another side of Bob Dylan », pourtant encore entièrement folk, sont vilipendés parce qu’ils sont trop personnels, trop peu politiques, déjà trop surréalistes. Après l’album « The times they are a-changin' », premier chef d’oeuvre de la discographie de Dylan, la sortie de « Another side of Bob Dylan » résonne comme une douche froide parmi les folkeux politisés les plus orthodoxes. Et évidemment, Dylan n’en a rien à foutre. Lui, il trace son chemin, il découvre la British invasion et il prépare sa mue.
    Donc oui, Dylan tourne le dos au mouvement contestataire. Ce qui ne l’empêchera pas plus tard de composer à nouveau des morceaux engagés, comme le superbe « Hurricane ».

    « Par son choix de couvrir une période courte, le film évite aussi les écueils fâcheux : l’accident de Dylan, son retrait de presque trois ans… mais il donne aussi l’impression fausse selon moi qu’après 1965 la carrière de Dylan est anonyme. »

    Je ne pense pas.
    Le film se termine sur Dylan à moto, fonçant vers un futur qui lui appartient.

    « Mais ces albums comportent quand même des protests song comme ALL ALONG THE WATCHTOWERpar exemple. C’est en cela que le film rate sa cible. Il ne clôt pas complètement cette période de Dylan. »

    Rien n’est jamais clos.
    Sauf dans les mauvais biopics. 🙂

    « Et puis le titre du film, A Complete Unknown, est tiré de la chanson. Blowin’ in the Wind »

    A complete unknown, c’est tiré de Like a rolling stone.

    How does it feel, how does it feel?
    To be on your own, with no direction home
    A complete unknown, like a rolling stone

    « Like a Rolling Stone c’est pour moi une ode à la liberté et un hommage aux modèles beatnik de Dylan, très importants pour lui.  »

    Like a rolling stone, c’est une chanson où Dylan se moque d’une dame qui se la pétait et qui se retrouve à la rue.

    « J’en retiens un film intéressant, avec une belle galerie de seconds rôles qui montre l’importance de Dylan dans l’essor de la folk song et sa fusion avec le rock and roll, ouvrant le passage pour plus tard à des artistes rock à message comme Bruce Springsteen. »

    Dylan a certainement ouvert la voie à Springsteen. Il suffit d’écouter les deux premiers albums de Springsteen, plutôt très moyens, pour remarquer que le Boss a débuté comme un sous-Dylan parmi d’autres.
    Mais Springsteen n’est devenu Springsteen que quand il s’est affranchi de la tutelle dylanienne avec son incroyable « Born to run ».
    Et pitié, on va s’épargner le titre de rock à message, non? Springsteen vaut tellement mieux que ça.

    « Pour terminer sur une bonne note (de musique) je vous propose de choisir un titre de Dylan de cette époque que vous préférez. »

    Je vais me cantonner à la période couverte par le film, c’est-à-dire à partir de l’arrivée de Dylan à New-York jusqu’au concert à Newport en 1965, c’est-à-dire en excluant les morceaux de l’album « Highway 61 revisited » sauf « Like a rolling stone » (le seul morceau de l’album enregistré et sorti commercialement avant le concert).
    Like a rolling stone est enregistré en juin et sort le 20 juillet 1965. Le festival de Newport se tient le 25 juillet et les sessions d’enregistrement de Highway 61 revisited débutent le 29 juillet.
    Quand on voit Dylan à moto à la fin du film, il se dirige en fait directement vers l’enregistrement de son album légendaire. Ce qui ne se comprend malheureusement pas trop dans le film parce que le film montre déjà avant l’enregistrement en studio du morceau « Highway 61 revisited » (celui qui débute avec le sifflet que l’on voit Dylan acheter en rue) et qui n’a lieu en fait que le 2 août 1965.
    Mais bon, trève de pinaillages… le morceau que je choisis, c’est celui que je préfère parmi sa période folk, à savoir « The ballad of Hollis Brown » et son texte halluciné sur un canevas répétitif qui donne une force incroyable au morceau.
    Il y a dans ce morceau une petite ellipse que je trouve complètement dingue.

    « Way out in the wilderness
    A cold coyote calls
    Way out in the wilderness
    A cold coyote calls
    Your eyes fix on the shotgun
    That’s hangin’ on the wall
    Your brain is a-bleedin’
    And your legs can’t seem to stand
    Your brain is a-bleedin’
    And your legs can’t seem to stand
    Your eyes fix on the shotgun
    That you’re holdin’ in your hand »

    Le passage, avec la musique lancinante et sans que le texte ait pu permettre de s’en rendre compte de « Your eyes fix on the shotgun that’s hangin’ on the wall » à « Your eyes fix on the shotgun that you’re holdin’ in your hand », je trouve que c’est incroyable de concision et ça te plonge sans filet dans le vide existentiel abyssal d’un homme qui s’apprête à massacrer sa famille avant de se suicider.
    « Your brain is a-bleedin’ and your legs can’t seem to stand » et sans que tu l’aie vu venir, le fusil est passé du mur et se retrouve dans les mains du gars.
    Putain, tu t’étonnes que le mec ait remporté le Nobel. Il y a là une sécheresse et une force comparable par exemple aux plus belles nouvelles des premières années de Hemingway.

    Sur un mode plus apaisé, je m’en voudrais de ne pas citer aussi « It’s all over now, baby blue. Texte sublime, mélodie à tomber.
    Et si on pousse malgré tout jusqu’à la clôture de cette période (certains semblent y tenir 🙂 ) , alors, là, c’est Desolation row.

    • Fletcher Arrowsmith  

      Bonjour Zen.

      « Et puis le titre du film, A Complete Unknown, est tiré de la chanson. Blowin’ in the Wind »

      A complete unknown, c’est tiré de Like a rolling stone.

      En fait à la lecture je me rends compte que l’on ne remarque pas le  » .  » avant Blowin’ …. C’est bien ce que nous signalons.

      Springsteen n’a jamais cacher son côté Dylanien de ces début. Et oui une carrière qui décole avec son sublime 3ème album BORN TO RUN. D’ailleurs on pourra jouer au jeu des comparaison avec la sortie prochaine de Deliver Me From Nowhere de Scott Cooper​​ sur la période NEBRASKA du Boss.

      Nous n’avons peut être pas assez débattu (mais tant mieux sinon article trop long) sur le fait que globalement nus avons apprécié ce film et que nous le considérons comme un bon biopic, c’est à dire au dessus de la moyenne, souvent basse sur le genre. Comme le signale Ludovic, le côté académique permet d’éviter des lourdeur et des écueils.

      Mais il m’a quand même manqué un truc sur ce film, un grain de folie, que je ne retrouve pas. Et même si je trouve le débat sur aller ou pas jusqu’à 1966 et BLONDE ON BLONDE, l’année 1965 aurait mérité un traitement supplémentaire notamment pour la tournée en Angleterre. Mais le film en lui même se pose quand même en film biopic référence avec des choix plutôt pertinent dans son ensemble.

      Pour nos choix à la fin, évidemment que l’on aurait pu citer d’autres titres mais là on suit la période donnée par le film. On joue le jeu. J’en aurait bien d’autres à citer car des bons albums et des bonnes chansons e la part de Dylan il y en a encore eu à la pelle mine de rien.

      Je viens de terminer DYLAN PAR DYLAN, recueil d’itw de 1962 à 2004, réuni par Jonathan Cott : extraordinaire et oui il mérite son prix Nobel. Le BOB DYLAN : NO DIRECTION HOME de Robert Shelton : idem. Dylan est fascinant. Clairement une des figures marquantes du XXe et XXIe siècles. Et on n’en n’aura jamais terminer d’en faire le tour.

      • zen arcade  

        « En fait à la lecture je me rends compte que l’on ne remarque pas le » . » avant Blowin’ …. C’est bien ce que nous signalons. »

        Oups, my bad.

        • Fletcher Arrowsmith  

          Non tu as raison. On aurait du être plus attentif à la relecture pour que cela soit plus fluide. Ton commentaire est d’ailleurs le bienvenu avec les citations

    • Sébastien Zaaf  

      Hello Zen et merci pour tes commentaires qui nous permettent de prolonger le débat et de préciser certaines de nos formulations. Pour Like a rolling stone, je le prends comme un modèle de la Beat Generation non pas tant au niveau de l’histoire mais plus dans les thèmes abordés que je trouve assez kerouaciens (sin on peut utiliser ce néologisme barbarisme) : la déchéance, la rue, le fait d’être sans le sou, un réprouvé de la société, des thèmes qu’on retrouve beaucoup chez Kerouac et Neal Cassady, à la fois dans les oeuvres mais aussi dans leur parcours. Et puis la manière dont cette chanson aurait été pensée, en étant d’abord un très long poème, de plusieurs dizaines de pages, dans un style qui serait proche de Kerouac. J’y trouve une communauté de pensée qui selon moi n’est pas innocente. Comme tu le dis, Dylan aime jouer avec les faux-semblants et chez lui rien n’est jamais ce qu’il semble être à première vue. Pour ce qui est de la scène de fin, je précise mon propos. Elle donne l’impression que Dylan tourne le dos au mouvement contestataire à ce moment précis. Mais comme le dit Fletcher, c’est une étiquette et une responsabilité qu’on lui a donné sans qu’il n’ait jamais rien accepté. Dylan fait les choses à son rythme, selon son point de vue ou ses manies de l’époque. Ce qui explique aussi une succession de « genres » dans sa discographie et que tout le monde peut appréhender un peu comme il veut. SLOW TRAIN COMING par exemple peut être vu comme Christian Rock mais on peut aussi très bien le prendre comme n’importe quel album blues avec les mêmes thèmes et les mêmes sonorités. Et c’est aussi de cet éclectisme dont Dylan joue pour brouiller les pistes comme on voit le bien dans la scène où il se retrouve seul après le duo improvisé et un peu forcé avec Pete Seeger. Pour la formulation « rock à message » elle n’est pas très heureuse mais je voulais juste signifier qu’il y a quand même un monde entre Springsteen par exemple ou Midnight Oil et simplement Bill Haley ^^ (sans aucun jugement de valeur). Pour finir je peux donner l’impression d’être pointilleux mais j’ai tenté de jouer l’avocat du diable et d’être dans la peau d’un spectateur lambda, qui ne connaît pas ou peu Dylan et qui le découvre avec ce film. Je ne sais pas ce que pourraient en dire Fletcher et Jyrille mais pour ma part, la séance à laquelle j’ai assisté, les spectateurs avaient autour de mon âge (fin quarantaine) jusqu’à l’âge d’avoir aperçu les premiers pas de Bob ou en tout cas le pic de sa renommée. Je me suis demandé comment un jeune, né en 2000, pouvait envisager Dylan et sa carrière à travers ce film. Après je le redis, effectivement le biopic n’est pas un documentaire, c’est romancé et en plus en l’occurrence romancé par Dylan lui-même qui a dû vouloir saisir l’occasion une nouvelle fois de brouiller les pistes, raconter comme il veut pour ce qui sera probablement un de ses derniers testaments de son génie et de son talent immortels.

      • Tornado  

        Note bien, Sébastien, que je ne dis pas, plus bas, que vous avez tort et encore moins que vous dites des conneries. Seulement que je n’ai pas la même vision d’un biopic, qui pour moi est la « reformulation d’une histoire vraie sous le vernis de la fiction pure ». Et donc un véritable exercice d’équilibriste où vos avis différents du mien ont également le droit d’exister ! (même si je trouve vain le choix de côtoyer le principe du documentaire quand on fait de la fiction, mais là encore ce n’est qu’un avis)

        D’ailleurs, en me relisant, je me rends compte que ce n’est pas vrai que j’ai aimé TOUS les bipoics. J’ai aimé quasiment tous les bipoics sur des artistes musicaux, mais pas forcément tous les biopics. Dans les récents, par exemple, je n’ai pas aimé OPENHEIMER (trois heures de cours de maths, merci, hein… quelle horreur) et je n’ai pas non plus du tout aimé THE FABELMANS et sa vision hyper glaciale de l’enfance du réalisateur, un comble quand on se refait sa filmographie.

        • Jyrille  

          Pour moi, Tornado, tu te méprends sur cette histoire de réalisme. Autant celui sur Queen était clairement refait pour la narration, les morceaux n’étant pas vraiment à la bonne date, autant celui sur Elton John est une sorte de rêve, de fantasme, autant ici c’est un film intimiste mais évidemment pas totalement fidèle.

          De toute façon, rien n’est fidèle, même les documentaires ont une narration. Le montage peut tout changer. J’aime beaucoup ces vidéos où des types remontent des bandes annonces de film pour en faire tout autre chose. La plus réussie que j’avais vu remontait la bande annonce de SHINING comme si c’était une comédie romantique.

          Donc pour moi, même les documentaires ne peuvent être totalement réalistes ou refléter la réalité. Bruce a raison : nous-mêmes reconstruisons nos souvenirs sans nous en rendre compte.

    • Bruce Lit  

      J’ai écouté avec le plus grand professionnalisme une vingtaine de titres de Springsteen et rien n’y fait : je déteste. Je trouve qu’il en fait toujours trop, qu’il surjoue ses chansons, ses arrangements pompiers. Je ne sauve que le minimaliste Streets of Philadelphia et THE RIVER évidement.

    • Jyrille  

      Merci Zen pour ce retour roboratif ! J’apprends plein de choses en te lisant, mais je retiens surtout que tu as eu sans doute la même appréciation du film que moi en disant tout de go que « la principale qualité du film, qui évite l’écueil de tant de biopics, c’est de ne jamais vouloir expliquer le génie de Dylan. Dylan est là, il écrit, il chante. »

      Et c’est tout ce que je voulais voir je pense. J’adore la scène où il discute la nuit avec Sylvie et qu’il dit que les gens lui posent toujours la même question, à savoir d’où viennent ses chansons. Et il répond qu’il croit surtout qu’ils sont jaloux de ne pas avoir eu l’idée avant lui. Comme si c’était naturel, qu’il n’y avait pas besoin d’explication ou de mystère, tout ce que Dylan semble dire. Il ne complexifie rien dans sa vie, comme dit Seb, il semble voguer comme il le souhaite et se laisser aller aux rencontres.

      Pour la lecture, il reste une coquille sur ma partie, mais j’ai trouvé que c’était fluide, je n’ai manqué le point avant « Blowin », peut-être l’avais-je trop lu pour m’en rendre compte. Il est toujours possible d’améliorer, mais sur ce coup-là, notre enthousiasme a pris le dessus. Et pourtant, on a peaufiné le truc 😊

  • Tornado  

    Et bien je ne partage pas tellement vos avis respectifs (à part Cyrille dont je partage l’avis sur ce film mais pas sur les autres biopics ^^).
    On en a déjà parlé mais, si personnellement j’aime la plupart des biopics, même les plus farfelus comme BOHEMIAN RAPSODY, ROCKETMAN ou le récent BETTER MAN, c’est que je pars du principe que c’est un exercice de divertissement qui se place davantage dans la légende que dans la réalité. Parce que s’il faut se placer absolument dans la réalité, autant faire ce que fait Scorcese par exemple avec ses documentaires musicaux.
    Ce que je trouve le plus fascinant avec les légendes de la musique (et aussi avec celles du cinéma ou avec celles d’autres formes d’art), c’est justement le volet « légendaire » de leur parcours, qui arrive à nous de manière déformée, bigger than life et qui nous fait tant rêver ou fantasmer. Partant de là, j’aborde TOUS les biopics avec énormément de recul, de légèreté et je me régale la plupart du temps à m’immerger non pas dans une « vraie vie », mais au contraire dans la formulation d’un fatasme. Donc absolument tout le contraire de votre approche pointilleuse où vous essayez tout du long de relever le moindre détail qui ne colle pas bien avec la réalité. Une réalité qui reste pour moi extrêmement subjective quoiqu’il en soit puisque nous avons tous notre propre vision de cette histoire sans cesse racontée différemment. Raison pour laquelle, donc, je préfère autant me contenter du volet « légende », particulièrement prêgnant avec les artistes musicaux et leur vie dissolue.
    Le genre biopic est donc pour moi un genre à part de la comédie musicale, où se mélangent réalité, fiction et fantasme. Et c’est systématiquement de cette manière que je l’aborde, avec légèreté et gourmandise.

    J’ai donc beaucoup aimé ce biopic (vu en VO), avec ses passages musicaux particulièrement réussis (qui sonnent vachement mieux que les vrais, je trouve, tant ils profitent des fantastiques effets sonores de notre cinéma contemporain et d’un feeling moderne que les musiciens de l’époque ne possédaient pas !). Je me suis régalé en me laissant m’immerger dans ces prestations d’acteurs bluffantes et en vivant le concert de Newport, non pas comme il a dû être, mais en tout cas comme j’ai vraiment aimé le voir dans le film ! Soit encore une fois la pure réalisation d’un fantasme.

    Mon titre préféré de l’époque : Comme Zen a déjà mentionné IT’S ALL OVER NOW, BABY BLUE, dont j’aime encore plus la reprise par les Byrds d’ailleurs (tout comme je préfère la version d’ALL ALONG THE WATCHTOWER par Hendrix), je dirais sans hésitation THE GATES OF EDEN.
    Quant au fait que le film n’aille pas jusqu’à BLONDE ON BLONDE, là aussi je dirais tant mieux tellement cet album m’a toujours profondément emmerdé, moi qui de toute manière n’essaie que très rarement de traduire les paroles, les compositions de cet album en particulier (à part FOURTH TIME AROUND que j’adore), sèches et rugueuses, incarnent tout le rock que je n’aime pas.
    Et donc mes albums préférés de l’époque sont BRINGING IT ALL BACK HOME (principalement la face acoustique, dantesque), JOHN WESLEY HARDING et NASHVILLE SKYLINE, qui doivent beaucoup aux Byrds par ricochet.

    • zen arcade  

      Tiens c’est marrant, j’ai également une difficulté avec Blonde on blonde.
      Il y a des morceaux que j’adore mais dans l’ensemble, il me résiste.
      Mais quand même le diptyque que forment Sad-eyed lady of the lowlands avec Sara sur l’album Desire je crois que c’est ce qui me touche le plus chez Dylan.

      Je suis dans ta team également à propos de ce qui concerne le scrupuleux respect des choses telles qu’elles se sont passées. Un biopic se doit de construire une « vérité » du personnage en refaçonnant la réalité des faits. Je vois le genre comme une évocation qui s’attache à l’esprit plutôt qu’à la lettre.
      C’est d’ailleurs la raison pour laquelle cela eut été à mon avis une mauvaise idée que le film s’attaque à la tournée anglaise de 1965 documentée par le génial documentaire Don’t look back de Pennebaker.
      Tout ce qu’il aurait pu en résulter n’aurait été qu’un ersatz fabriqué une pâle copie frelatée dela réalité brute du documentaire.
      On ne peut imprimer la légende que si la réalité n’est pas documentée comme elle l’est dans Don’t look back..

    • Jyrille  

      Zoé n’a pas aimé ce film sur Dylan car elle trouvait justement qu’il manquait cette dimension « bigger than life », le côté légendaire. Alors que pour moi tout semblait légendaire, mais à hauteur de mec de 50 ans, qui comprend que ce sont des gens normaux dans des circonstances uniques, pas avec des yeux de 20 ans où tu cherches encore des modèles, des inspirations.

      Pour IT’S ALL OVER NOW BABY BLUE (que je cite aussi !), je crois que je préfère la version des Them chantée par Van Morrison. Il y a notamment une raison triviale : Beck la sample dans un de ses titres, JACKASS.

      youtube.com/watch?v=LviBwdfLn2Q

      youtube.com/watch?v=W8SKL4fniRM

      Et j’ai découvert ce fait très tard, peut-être quinze ans après avoir découvert le titre de Beck. Ca m’a fait un petit choc. Je préfère également la version des Byrds de Mr Tambourine Man, tout comme celle de Hendrix de ALL ALONG THE WATCHTOWER. Il faut que j’écoute plus les Byrds tiens. Et BLONDE ON BLONDE est mon album favori de Dylan pour le moment. Je rigole toujours en écoutant STUCK INSIDE OF MOBILE WITH THE MEMPHIS BLUES AGAIN.

      • zen arcade  

        A la maison, j’ai cherché à intéresser les filles au film mais ça n’a pas pris.
        Un biopic sur Dylan, ça ne les intéressait pas. Pourtant, elles connaissent certains morceaux vu que ça passe régulièrement à la maison, mais ce fût un « non, merci » assez ferme.
        Bon, la petite, je lui pardonne, elle est dans sa phase Fugazi. 🙂
        Elle m’étonnera toujours. Je ne sais pas d’où ça lui est venu.
        « Tu connais ça, papa ? »
        « Ben ouais, c’est Fugazi »
        « Et t’aimes bien? »
        « Ouais, génial, je les ai vus plusieurs fois en concert ».
        « Wouah !!! »

        • Jyrille  

          Les enfants sont toujours une source d’étonnement, c’est très précieux. Zoé va au ciné tous les deux jours environ, donc elle a vu le Blanche Neige et confirmé que c’est une cata, mais elle a adoré le biopic sur Aznavour (depuis elle en écoute plein) et même celui sur Robbie Williams elle l’a trouvé pas mal, alors qu’elle ne connaît pas du tout ce chanteur, ses chansons, sa carrière. Personnellement je sais que je n’ai aucune envie de voir ce BETTER MAN où le principal intéressé considère que personne ne peut l’incarner à l’écran et est donc remplacé par une image 3D de singe savant.

          Le souci c’est que maintenant, je ne prends plus le temps d’aller moi-même au ciné… J’ai loupé HERE, THE BRUTALIST et là j’aimerais vraiment me trouver du temps pour aller voir MICKEY 17.

          • zen arcade  

            « J’ai loupé HERE, THE BRUTALIST »

            Tu n’a rien raté d’essentiel. 🙂
            Suaf si tu pensais au superbe « Here » de Bas Devos et pas au Zemeckis.

            Ma grande, c’est l’inverse pour Aznavour. Elle écoute plein de morceaux depuis pas mal de temps mais jamais elle n’irait voir le biopic. 🙂

          • Jyrille  

            Non je pensais bien au Zemeckis. Tu vois que voir des biopics a parfois du bon : je n’écoute pas Aznavour moi-même ou rarement, elle a donc pu découvrir par elle-même 🙂

          • Fletcher Arrowsmith  

            HERE est raté. C’est sympa mais vain et raté.

            THE BRUTALIST est un monument, qui ne laisse pas indifférent notamment dans sa proposition cinématographique qui m’a cruellement manqué sur le film sur Dylan.

          • zen arcade  

            The brutalist film monumental c’est ce qu’on nous a vendu partout.
            Mais non c’est un juste un film tout petit, boursouflé et lourdaud.
            Ceci dit c’est un bon entraînement pour Adrien Brody avant le championnat du monde de la grimace où il aura fort à faire face au champion en titre Joaquin Phoenix.

  • Présence  

    Le passage à l’électrique tant décrié à l’époque de Dylan en 1965. -Intéressant de choisir une période bien définie, déjà fort riche en événements et complexe pour en effectuer une reconstitution.

    Comme souvent, je n’en attendais rien, j’ai pris ce qu’on m’a donné. – Très jolie remarque, je me rends compte que presque malgré moi je conserve des attentes lors de mes lectures, qui viennent parfois contrecarrer l’action de prendre ce que les auteurs donnent.

    En lisant les commentaires, j’ai vu que votre article et le film m’évoquent également Inside Llewyn Davis (2013) de Joel & Ethan Coen, comme pour Ludovic.

    Si le biopic ne doit pas être une hagiographie, il doit aussi respecter la vérité d’un homme. – Votre discussion vous amène à formuler vos attentes et vos conceptions d’un film biographique (très éclairant), et à illustrer ces points de vue chacun à votre manière, très vivant et très élaboré.

    Tout l’intérêt est ce sentiment d’y être. – Si le film y réussit, il doit flanquer de sacrés frissons à pouvoir ainsi se sentir immergé dans cette époque, à côtoyer ses personnes devenues légendaires.

    Hurricane : un de mes morceaux préférés de Bob Dylan, à la fois tellement lui, à la fois inattendu.

    Pete Seeger : ne m’étant jamais intéressé à la biographie de Bob Dylan, je ne savais pas qu’il avait été si proche de Seeger, merci pour ma culture.

    • Sébastien Zaaf  

      Hello Présence. Pour ma part, je ne connaissais pas Pete Seeger (plus Woody Guthrie). J’ai découvert en m’intéressant un peu plus à lui que certaines de ses chansons ont été adaptées en français par Graeme Allwright (What did you learn in school today / Qu’as-tu appris à l’école), un grand fan de Cohen et de Dylan.

    • Jyrille  

      Merci Présence pour tes retours ! Il est très difficile de ne pas avoir d’a priori ou d’attentes, je n’y arrive pas toujours, mais j’ai remarqué qu’en se renseignant le moins possible avant de lire / voir / écouter une oeuvre, on la ressent mieux. Par contre, depuis que j’ai découvert les podcasts et des youtubeurs, je regarde ou écoute de plus en plus de gens débattre ou analyser les détails de série télé ou de films ou de disques. Je me limite mais c’est souvent très intéressant ou éclairant, même si parfois je me dis que je ne devrais pas m’infliger tout ça 😀

      Parfois j’adorerai que tu regardes un film ou une série et que tu nous en donnes ton avis. Par exemple, ce biopic sur Dylan pourrait tout à fait te plaire. Des frissons, oui, j’en ai eus. Une proximité presque matérielle, comme Tarantino peut le faire aussi. Et oui HURRICANE est géniale, je ne peux pas imaginer que des gens n’aiment pas ce titre, tous comme les classiques du film avec Chalamet.

      Tout pareil pour Pete Seeger.

      • zen arcade  

        « Et oui HURRICANE est géniale, je ne peux pas imaginer que des gens n’aiment pas ce titre »

        Dans l’ensemble de sa discographie, je pense que l’album Desire est peut-être l’album le plus directement abordable et accessible pour un néophyte qui ne connaîtrait rien à Dylan.
        A condition de ne pas être allergique au violon, évidemment.
        Et puis, « Sara » est vraiment la plus belle chanson jamais écrite par Dylan.

        • Jyrille  

          Je crois que je te rejoins. DESIRE a en effet cet aspect immédiat, SARA est terrible. Mais quand je pense à ce disque, le premier titre qui me vient est toujours JOEY.

          • zen arcade  

            De toute façon, tout est génial sur cet album.

  • Bruce Lit  

    Pour une fois, je suis team Cyrille (tout finit par arriver).
    Je trouve quu’en grands enamourés de Dylan, Zub et Fletch'(hey, on tient un duo!) chipotent sur l’interprétation de Chalamet ou ce qu’il y aurait dû figurer. Franchement, nous de notre temps on a eu cette purge d’Oliver Stone qui humiliait Jim Morrison. Là on a un film réussi, applaudit du bout des lèvres par Dylan et qui permet à des gamins de connaître le plus grand chanteur de rock de tous les temps (et je ne dis pas Folk). Et ce, du vivant de Dylan ! Rien que pour ça, c’est génial.
    Et puis ce qui serait encore plus audacieux serait de filmer la suite de ce biopic, non ?
    J’en ai entendu parler, pas vous.
    Sinon, à part ça, je n’ai pas vu le film 😉
    Je le verrai à la maison.

    • Sébastien Zaaf  

      Hello Bruce. Je chipote, certes, mais j’ai aimé le film. La performance de Chalamet et de tout le cast est impressionnante. C’est un véritable hommage à Dylan et à son talent hors-normes.

    • Jyrille  

      Je suis d’accord avec toi sur le fait que rien que d’avoir ce film de son vivant, c’est une bonne chose. Le Todd Haynes n’avait pas du tout cette ambition et au final ce n’est pas réussi. Je dois revoir le Oliver Stone sur les Doors mais tu exagères, ce n’est pas une bouse, et toutes les scènes musicales, les scènes de concert notamment, sont terribles, sans doute bien meilleures que la réalité de l’époque. Je me souviens avoir vu un concert filmé des Doors en VHS qui nous a endormi.

      Je pense que celui-ci te plaira 😉

      • Bruce Lit  

        Non, je n’exagère pas, c’est mon caractère. A partir du moment où le film trahit Jim Morrison, ce qu’il était pour vendre ce qu’il n’était pas, que les membres des Doors sont filmés comme des potiches et que la partie parisienne est bâclée, le film est loupé à mes yeux et qu’importe la prestation de Kilmer ou la qualité des numéros musicaux.
        Pour moi c’est aussi catégorique qu’une histoire bien dessinée mais mal écrite.

        • Jyrille  

          Cela fait longtemps que je dois le revoir mais je vois ce que tu veux dire.

          • Fletcher Arrowsmith  

            J’adore THE DOORS d’Oliver Stone. Je sais que je suis un des rares mais j’assume.

  • Bruce Lit  

    Sinon, super « treem up » et le titre est bien trouvé.

    • Jyrille  

      Le titre est de Fletcher.

  • JP Nguyen  

    Décidément… entre l’article sur Giraud/Moebius et celui-ci, c’est la semaine des grands artistes qui ne m’ont jamais trop fait vibrer.
    Tous deux ont eu un impact incontestable dans leur domaine mais je n’emmènerai pas leurs œuvres sur mon île déserte…
    Dylan, j’ai aimé quelques unes de ses chansons à travers des reprises d’autres artistes. Et lorsque j’ai essayé les versions originales par Dylan, souvent sa voix me dérangeait.
    Je ne connais qu’une toute petite partie de son répertoire, mais j’aime bien Don’t Think Twice It’s All Right et The Times They Are a-Changin’

    Pour l’article : c’est un bon plan à trois. Bien monté, un peu comme Bob, dit l’âne.

    • Jyrille  

      Merci JP !! Toi, naturellement, tu es le Zimmerman des jeux de mots. Tu devrais postuler à Libé 😀

      Et sinon, même Like A Rolling Stone, ça ne te parle pas comme chanson ? Blowin in the Wind ? Je te conseille la version de Neil Young and Crazy Horse, live sur l’album WELD, ce fut mon premier contact avec ce titre – je crois.

  • zen arcade  

    Sinon, ça serait quoi pour vous la plus belle et la pire reprise d’un morceau de Dylan ?

    Pour moi ça serait :
    Meilleure reprise; « The ballad of Hollis Brown » en live par Nina Simone. Vous tapez le titre du morceau et Nina Simone sur youtube et vous tombez dessus. Une prestation habitée, d’une intensité à la limite du soutenable. Extraordinaire.
    La reprise la plus mauvaise : alors là, y a pas photo non plus, c’est l’horreur intégrale, la nullité complète, le zéro absolu de la reprise, vous l’avez certainement déjà deviné, c’est l’infâme version de « Knockin’ on heaven’s door » par les Guns n’ roses. Un concentré de vulgarité à l’état pur.
    Pire que ça, y a rien.

    • Jyrille  

      Je ne connais pas la version de Simone, mais oui, celle des Guns, je ne peux plus. A l’époque j’étais très fan, enfin surtout de leur version live ‘(je n’ai jamais supporté leur version studio), qui était même sortie en CD deux titres que j’avais acheté. C’est la version du concert tribut à Queen je crois. C’était vraiment le moment. Rapidement, j’ai laissé tomber les Guns et je crois bien ne jamais avoir réécouté cette reprise, ou alors il y a dix ans par curiosité.

      amazon.com/-/es/Guns-n-Roses/dp/B0000070NL

    • Tornado  

      Totalement d’accord pour les guns (pire version ever). Et ce depuis le début.
      Mes deux préférées sont celles que j’ai déjà citées (Byrds et Hendrix). Mais y en a tellement. Je tâcherai d’écouter la version de Simone mais je ne suis pas très fan de la dame (et pas très connaisseur).
      Sinon, personne ne s’y est intéressé, mais les deux premiers articles sur l’histoire de l’Americana que j’ai publié sur C.A.P, surtout le deuxième, totalement inédit (ce ne sont pas des copiés-collés des versions de Bruce Lit mais de nouveaux articles. Et les deux premiers d’une série d’au moins 7 ou 8 parties. Et ce ne sont pas des TOP 10), égrainent la disographie des Byrds, plus ou moins artiste par artiste.
      chroniquesdesartsperdus.fr/americana-rock-2-partie/

      • Bruno. :)  

        Nina Simone, c’est -assez surprenamment, étant donné que j’ai choisi une compilation au hasard et que je ne connaissais que My Baby Just Cares For me- parfaitement inévitablement prodigieux : une richesse mélodique très séduisante et une interprétation juste télépathe : elle se glisse sous la peau et nous réchauffe l’âme comme peu en sont capables.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Sinon pour revenir au film, je note l’excellente prestation du casting. Un sans faute.

    J’ai aussi l’impression qu’il y a une certaine incompréhension sur notre ressenti à Sebastien et moi. Ce n’est pas un secret pour moi je ne suis pas aussi « bon public » que Cyrille même si j’ai des gouts étonnants et que je suis capable de défendre l’indéfendable.

    J’ai réellement apprécié la séance. Excellent moment passé, ce qui vu le nombre de bouse et vu que notre temps est de plus en plus précieux à nos âges est un réel gage de qualité.

    Je dois avouer que vu ce que je sais de Dylan, que je ne suis pas un afficionado de Mangold ni (et surtout) de Chalamet, forcément je ne suis pas allé voir ce film comme un autre spectateur. Mais le bilan est positif et j’ai même été agréablement surpris. En plus, avec l’écriture de l’article (encore mille mercis aux 2 potos) j’ai pu me pencher à nouveau sur mes nombreux bouquins et sur la discographie de Dylan (j’ai tous les albums et une majorité de bootleg serie). Donc que du positif.

    Néanmoins j’ai regretté le côté sage, l’absence de prise de risque ce qui donne mes quelques réserves.

    • zen arcade  

      Je partage tout à fait ce constat.
      Et je me rends bien compte que si j’ai aimé le film c’est en premier lieu parce que je n’en attendais rien. Je ne demandais qu’à être favorablement surpris et le film a fait le job à ce niveau.
      Par contre il n’y a aucune chance qu’il figure dans mon top 10 de fin d’année.

      • Jyrille  

        Vu le nombre de films que je vois par an (et souvent, des anciens), je pense qu’il y sera, dans mon top 10.

        Tu as raison Fletcher, je suis assez bon public, justement parce que j’essaie de ne pas avoir trop d’attentes. Mais contrairement à toi (et beaucoup de gens, j’en suis conscient), je suis très client de Mangold et même de Chalamet.

        • Sébastien Zaaf  

          Je ne vais sûrement pas me faire que des amis mais je suis aussi très client de Chalamet et aussi de Pattinson. Je trouve leurs choix éclectiques, parfois risqués et leur filmographie est assez intéressante si on prend la peine de s’y attarder.

          • Jyrille  

            Tout à fait d’accord pour Pattinson.

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