Twin Peaks, par David Lynch & Mark Frost
1ère publication le 06/02/18-MAJ le 15/12/18
Par : TORNADO
Cet article portera sur la saga Twin Peaks, soit sur les trois saisons de la série et sur le film réalisé en 1992, Twin Peaks : Fire Walks With Me.
Puisque la série a tout d’abord été diffusée sous la forme de deux saisons assez différentes, suivies d’un film préquel et d’une troisième saison réalisée vingt-cinq ans plus tard, nous vous proposons une lecture en plusieurs parties, chacune revenant sur les différentes étapes de cette création unique en son genre.
L’article lui-même sera séparé en deux parties distinctes.
1- Saison 1 :
A partir du mois d’avril 1991, une nouvelle série alors intitulée Mystère à Twin Peaks est diffusée sur la 5, la chaîne culte de Sylvio Berlusconi. Au lycée d’Antibes où je m’apprête à passer le bac, tout le monde en parle : C’est la sensation de l’année chez les jeunes de 18 ans.
Le pitch parait alors simple : Qui a tué Laura Palmer ? C’est en tout cas ce que tente de découvrir l’agent du FBI Dale Cooper (Kyle McLachlan) qui, sitôt arrivé à Twin Peaks, petite ville de l’état de Washington perdue dans un des recoins les plus reculés des Etats-Unis, tombe sous le charme des lieux. Ses prédispositions en matière de mystères sont au diapason de l’atmosphère étrange qui plane sur la région, lui qui, dans ses rêves, parvient à communiquer avec les esprits qui hantent le domaine.
Au fil de son enquête qu’il mène en compagnie des agents de police locaux comme le shérif Harry Truman (Michael Ontkean) et ses adjoints Hawk Hill et Andy Brennan, Cooper va découvrir peu à peu que la jeune Laura Palmer, reine du campus universitaire, était loin d’être la créature innocente qu’elle paraissait et que sa vie dissolue et quelque peu sulfureuse lui aurait permis de tisser des liens avec les esprits malfaisants de la Loge Noire (une sorte de dimension parallèle où l’on accède par une mystérieuse salle d’attente entourée de rideaux rouges), comme l’effrayant Bob…
A cette époque, nous autres les geeks, enregistrons tout sur des VHS. Et les épisodes de Twin Peaks venaient s’entasser, je m’en souviens très bien, sur des cassettes de 240 minutes que je regardais d’une traite et à la suite.
C’est l’une des nouveautés que propose la série : Chaque épisode est un segment de la même et unique histoire, comme s’il s’agissait d’un long film de plusieurs heures. Alors, bien sûr que ça existe déjà, mais pas dans le registre de ce type de récits à la Stephen King. Certaines séries classiques (comme par exemple Le Prisonnier offraient déjà un concept similaire, mais la création de David Lynch & Mark Frost possède quelque chose de postmoderne. Car elle est autant une histoire d’enquête mystérieuse teintée d’horreur et de fantastique qu’une parodie délirante des soap-operas du genre Les feux de L’amour, voire de Santa Barbara (cette dernière étant en définitive un gloubiboulga improbable à cheval sur le soap et la saga familiale marchant sur le principe du teaser imparable à la « Who killed…? » qui avait fait les beaux jours de Dallas) !
Tout le début de la série est ainsi une note d’intention claire visant à offrir au public un vrai-faux soap, derrière lequel se dissimule un récit à la Stephen King (oui, je me répète), alors proclamé grand Manitou des récits d’horreur puisant leur source dans le mystère tapis au cœur du quotidien de cette Amérique clinquante.
Mais Twin Peaks, écrite au départ par le tandem David Lynch & Mark Frost, est avant tout une œuvre de David Lynch. C’est-à-dire que les personnages et les situations surréalistes y abondent, telle mémère bigote trimbalant une bûche comme une maman aimante transporterait son bébé, telle femme au foyer borgne et psychotique ne parlant que de tringles à rideaux, tel avocat chantant et dansant au moment le moins opportun, ou tel psychiatre farfelu paraissant encore plus cinoque que le pire des docteurs cinoques…
Et il y a le héros : Le charismatique agent Dale Cooper, à la fois perspicace, studieux et facétieux, s’autorisant toutes les possibilités surnaturelles qui peuvent l’aider à mener son enquête, capable de recoller les morceaux des affaires les plus tortueuses en laissant libre cours à ses rêves…
Les zigotos de Twin Peaks.
© Lynch/Frost Productions, Propaganda Films, Spelling Television
Regarder le début de la série (une première saison de sept épisodes) pour ceux qui la découvrent aujourd’hui et qui la trouvent très kitsch, nécessite de se remettre dans le contexte de l’époque car Twin Peaks opérait alors une véritable révolution au cœur du prime time, où les spectateurs, douillettement installés dans leur canapé, étaient habitués à des créations gentillettes telles Cheers ou Madame Est Servie ! Autant dire que la création de Mark Frost & David Lynch venait jeter un pavé dans la marre en apportant ce mélange incroyable entre la sitcom et le récit horrifique, le tout relevé par une véritable signature d’auteurs avant-gardistes !
Pour autant, le succès sans précédent de Twin Peaks n’était pas usurpé, car ses créateurs ne se foutaient pas de leur public : Tout y était assumé, y compris le volet soap, comme jamais auparavant d’ailleurs, puisque les tragédies qui se nouaient dans la série y étaient traitées avec un premier degré sincère et authentique, rehaussé d’une écriture puissante et élégante. Impossible, par exemple, de ne pas avoir la gorge nouée lors de la scène où les parents de Laura Palmer apprennent la mort de cette dernière, dans une scène cathartique proprement insoutenable. En bref, un parti-pris propre aux soaps, à même de foutre la rouste à toute la concurrence !
Twin Peaks, ça déchire, dans tous les sens du terme.
© Lynch/Frost Productions, Propaganda Films, Spelling Television
Bien qu’ils bénéficiaient au départ d’une liberté créative totale, Lynch & Frost décidèrent de laisser l’écriture et la réalisation des épisodes centraux à d’autres. David Lynch ne fut en réalité présent que sur le pilote et les deux premiers épisodes et Mark Frost écrivit le cinquième et s’occupa entièrement du septième et dernier.
La qualité de cette première saison n’en demeure pas moins optimale et s’impose avec le recul comme une véritable pierre à l’édifice de l’œuvre de David Lynch, dans la lignée de Blue Velvet, malgré une généreuse dose de second degré que l’on ne reverra pas si souvent à un tel niveau dans sa filmographie, constituée de seulement dix films au total, auxquels s’ajoutent la série Twin Peaks et quelques autres séries TV hybrides, dans lesquelles il n’est souvent que l’initiateur.
Il faut savoir que les producteurs de la chaine ABC étaient au départ prudents et qu’ils avaient commandé une version de l’épisode pilote sous la forme d’un téléfilm avec une fin en bonne et due forme « au cas où ». Cette version, réservée à l’époque au marché européen, est très en dessous du reste de la série, puisqu’elle propose une fin alternative où le méchant Bob apparait comme un simple psychopathe, annihilant de ce fait toute la dimension surnaturelle de la série.
Heureusement, le public, plus que conquis, fut envoûté par ce show unique en son genre et le téléfilm n’est aujourd’hui plus qu’une simple curiosité proposée dans les bonus roboratifs du coffret blu-ray, qui regorge par ailleurs de trésors incommensurables. Avis aux amateurs !
2 – Saison 2 :
Le succès aura donc permis une seconde saison de 22 épisodes. David Lynch n’en réalisa que les épisode #8, 9 (les deux premiers), 14 et 29 (le dernier), et Mark Frost n’écrivit que le premier, le #14, le 16, le 26 et le 29.
Cette distance prise entre ses auteurs et la série coïncida bien évidemment avec une baisse de qualité conséquente, et cette seconde saison échoua là où la première avait réussi. Ce furent apparemment les producteurs de la chaîne ABC (les producteurs sont toujours les méchants dans cette histoire) qui démotivèrent les créateurs de la série en les obligeant à dévoiler l’identité de l’auteur du meurtre de Laura Palmer (dont nous tairons le nom au cas où vous n’auriez pas encore vu cette œuvre culte) dès le début de cette nouvelle saison.
Sur bien des points, la saison 2 de Twin Peaks est très en dessous du reste de la série. Le script s’égare rapidement autour de la forêt mystérieuse et, ne sachant où aller, multiplie les sous-intrigues tout en laissant en jachère la moitié d’entre elles, qui se perdent au beau milieu d’un fil rouge qui finit par tourner en rond.
Mais force est d’avouer que c’est quand même un très bon moment de télé, tant l’attachement aux personnages est fort et le décorum envoûtant. Il est évident que lorsque David Lynch revient à la barre, la comparaison n’est plus possible (sa mise en scène écrase celle des autres réalisateurs à des années lumières célestes) mais, quand même, l’ensemble demeure charmant et unique.
A ce stade, le spectateur est accroc à cette petite bourgade de l’état de Washington qui ressemble à s’y méprendre au Maine de Stephen King, et le mystère qui se distille depuis la forêt mystérieuse ne cesse de nous donner des frissons. Certes, les yakusas qui s’immiscent dans l’intrigue ne servent à rien, les histoires de cœur se diluent dans le temps et les manigances qui se jouent autour de la scierie (l’entreprise principale de la ville) sont autant de McGuffin inutiles qui dévoilent leurs grosses ficelles factices. Mais l’essentiel demeure : L’agent Cooper a la classe et l’ambiance envoûtante est bien là.
Un mystérieux japonais qui n’est autre que…
© Lynch/Frost Productions, Propaganda Films, Spelling Television
Le milieu de la saison est le pire, où le côté soap prend le dessus en jouant sur les personnages morts qui ressuscitent et les cliffhangers pourraves, notamment lorsque le soi-disant méchant japonais s’en mêle (en vérité un personnage de la série lamentablement déguisé).
Le final nous réserve néanmoins, à l’époque, une palanquée de traumatismes : tandis que David Lynch reprend les choses en main en ramenant sur le devant de la scène la mystérieuse Loge Noire (d’où vient le démon Bob et où vont ses victimes, mais aussi l’agent Cooper et le Major Briggs, tous deux au cœur de l’enquête dans ses versants les plus mystérieux), les producteurs de la chaine ABC décident que la série s’arrête là. C’est-à-dire au terme d’un cliffhanger absolu, quand la quasi-totalité des sous-intrigues demeurent irrésolues, et que l’agent Cooper se retrouve à son tour possédé par le démon ! Une première dans l’histoire de la télévision, des créations de tous horizons et de toutes nos histoires cultes. Twin Peaks est tout simplement stoppée en plein milieu, au pire moment !
https://www.youtube.com/watch?v=0rjJ51N7qZY
Le pire cliffhanger de l’histoire !
© Lynch/Frost Productions, Propaganda Films, Spelling Television
3 – Twin Peaks : Fire Walks With Me
Alors, que faire ? Dans l’espoir de relancer la chose, Lynch proposa un nouveau projet de film directement lié à la série. Mais là où tout le monde attendait une suite, le cinéaste imagina une préquelle.
Sous-titré « Les 7 Derniers Jours de Laura Palmer », ce film en dérouta plus d’un. Bien qu’il nécessite d’être vu après le visionnage des deux saisons de la série et surtout pas avant,Twin Peaks : Fire Walks With Me demeure encore aujourd’hui une œuvre particulièrement insondable, un trip hallucinatoire comme peu le furent avant lui.
Pendant plus de deux heures, Lynch revient à Twin Peaks et suit le parcours chaotique et mystérieux de la belle Laura. Nous nous enfonçons alors avec elle très loin dans le stupre et la déliquescence, jusqu’à ce que la mise en forme du film lui-même épouse cette fuite en avant vers les brumes de l’inconnu, au-delà des fantasmes et des peurs tangibles, vers l’abstraction du côté obscur de l’âme et les tréfonds ténébreux de l’ailleurs interdit…
Bien qu’il espérait relancer ainsi sa série, nonobstant que le film puisse ne pas avoir le succès escompté, David Lynch ne réussit pas à convaincre ses producteurs. Il fit pourtant tout pour sauver le navire, allant chercher le financement de son projet non pas chez l’Oncle Sam pour le coup, mais chez nous en France. TF1 et Francis Bouygues donnèrent ainsi carte blanche au cinéaste qui réalisa exactement le film qu’il voulait, avec bien plus de libertés encore que dans le feuilleton. Mais rien n’y fit, et ce malgré une programmation immédiate pour le festival de Cannes en hors compétition.
Le fait est que, lorsqu’on lâche la bride à Mr Lynch, celui-ci en profite. Raison pour laquelle Twin Peaks : Fire Walks With Me, en plus d’être l’un de ses meilleurs films, est assurément l’un des plus aboutis en même temps que l’un des plus difficiles à comprendre !
Baroque jusqu’à la lie, parfois malsain, surréaliste, expérimental dans les moindres recoins et les moindres atomes, le film développe une alchimie inouïe entre le fond et la forme dont l’idée première, encore une fois, n’est pas d’expliquer les mystères de la série, mais d’exprimer, au sens propre, avec les moyens inhérents au medium cinématographique fait de sons et d’images, ici expressionnistes donc, le passage du réel vers l’inconnu. Cet inconnu recherché par la belle Laura Palmer, qui lui aura ouvert les portes d’un ailleurs dans lequel on ne peut que se perdre, emportant avec elle les personnages qui chercheront à la suivre, et le spectateur avec…
Êtes-vous certain de vouloir la suivre ?
© New Line Cinema
Et quelque part, Twin Peaks : Fire Walks With Me s’imposera immédiatement comme l’aboutissement du génie iconoclaste de David Lynch. Soit un cinéma qui ne nous donne pas ce que l’on vient chercher, qui ne vient pas vers nous, mais qui exige au contraire que l’on aille vers lui. Stanley Kubrick assurait qu’il ne fallait pas chercher d’explications rationnelles à son 2001, L’Odyssée de l’Espace, mais qu’il fallait se laisser prendre par l’expérience purement baroque et sensorielle du spectacle. Un parti-pris complètement entériné par le réalisateur de Blue Velvet, qui poussait ici le concept jusqu’à des limites encore jamais atteintes.
Portée par un casting étonnant dans lequel certains des acteurs habituels rencontraient tour à tour David Bowie, Chris Isaak, Kieffer Sutherland ou Harry Dean Stanton, cette préquelle ne se fit pourtant pas sous les meilleurs auspices : Tandis que trois acteurs récurrents de la série se désistèrent (les interprètes de Benjamin Horne, le tôlier de Twin Peaks aux manigances louches, Audrey Horne, la pin-up fatale et Donna Hayward, la meilleure amie de Laura), Kyle MacLachlan lui-même refusa de tourner toutes les scènes prévues pour son personnage. Déçu par la tournure qu’avait pris la série au cours de la seconde saison, l’acteur en voulait un peu aux auteurs d’avoir abandonné le navire en cours de route et exigea de tourner le moins de scènes possibles. Il mit ainsi un terme à sa collaboration avec David Lynch, jusqu’en 2016.
Car il fallut attendre plus de vingt-cinq ans avant de connaitre la suite de l’œuvre qui devait, on le croyait, rester à son état inachevé. Et toi, cher lecteur, devra ainsi attendre la seconde partie de l’article…
https://www.youtube.com/watch?v=esF7BHymCx4
Le générique le plus cultissime de l’histoire de la série TV ? (et pourtant il y a de la concurrence…)
© Lynch/Frost Productions, Propaganda Films, Spelling Television
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A la fois soap opéra et thriller terrifiant, drôle et angoissant, populaire et avant-gardiste, Twin Peaks a marqué l’histoire des séries TV et de la culture populaire. En voici l’histoire chez Bruce Lit.
BO : Jimmy Scott : Sicamore Trees
David Lynch, en grand amoureux des bizarreries, eu cette idée de faire chanter un homme à la voix d’enfant, à l’intérieur même de sa loge noire (qui est rouge, d’ailleurs…) ! Savourez donc la ballade mortuaire et frissonnante interprétée par le grand Jimmy Scott à la fin de la saison 2
Twin Peaks a profondément marqué ma vie. C’est une œuvre d’une richesse incroyable que l’on peut explorer des années sans jamais l’épuiser. Et si les 3 saisons et le film ne suffisent pas, on peut se plonger dans les nombreuses scènes filmées et coupées au montage, les scènes scénarisées mais non filmées, les 5 CD, les nombreuses études et surtout les romans dont le dernier (The Final Dossier écrit par Mark Frost et inédit en français à ce jour) apporte la réponse à de nombreux mystères. J’ai hâte de lire la suite de l’article sur la saison 3, chef-d’œuvre difficilement accessible.
Je crois bien que je n’aurai vu personne d’autre que toi parler de cette série ici, Tornado. Je suis en tous points d’accord avec ton analyse, surtout en ce qui concerne le film. Et j’ajoute que je suis ravi de voir cette série sur ce site !
Il faut dire que lorsque la série est sortie, j’étais au collège, mais nous étions nombreux à nous y intéresser. Une histoire de Lynch en série, c’était une promesse par rapport aux séries de l’époque (j’insiste sur ce point mais tu le dis bien mieux toi-même). Problème : je n’avais pas pu la suivre à la télé. Je n’ai pu la voir que bien plus tard, en VHS également, et encore, pas entièrement, puisque j’ai dû m’arrêter au vingt-et-unième ou vingt-deuxième épisode. Cela ne m’a jamais dérangé puisque la qualité avait drastiquement baissé.
J’avais vu auparavant le pilote (le vrai, pas le téléfilm dont je ne connaissais pas l’existence, et qui se termine sur ce plan angoissant où une main récupère le collier ensanglanté). Lynch a le don de nous faire peur avec très peu de moyens. Et puis le film, totalement incompréhensible. Bien plus étrange que Blue Velvet, que j’adore. Plus angoissant aussi. Il y a cette scène incroyable dans la boîte de nuit où il est impossible de comprendre ce que racontent les personnes.
J’ai depuis récupéré les deux premières saisons en DVD (mais sans bonus je crois), je me les referai un jour.
Quant aux BO de Lynch elles sont à l’image de ses films et sont toujours impeccables. J’adore la chanson de Roy Orbison dans Blue Velvet, In Dreams. Et celle de Lost Highway est la BO que j’ai le plus écouté dans ma vie.
L’intrigue avec les yakusas, ouais c’était vraiment en trop, alors que la première saison c’est quasiment un sans fautes magistral (la réponse à la question initiale du pilote était fatale, c’est quasiment sa date de péremption annoncée, y répondre équivaut à provoquer la fin prématurée de la série, et c’est précisément ce qui s’est passé au cours de la saison 2).
Fire Walk With Me est peut-être bien un des plus grands chefs-d’oeuvres de la carrière de Lynch, et ce film ne méritait pas l’accueil qu’il a reçu à Cannes à l’époque. C’est là qu’on voit les méfaits du vent tournant de la mode/hype, Lynch était considéré comme « In » vers 90/91, et en 92 il était plutôt vu à tort comme « Out », malgré la qualité de son film.
Je ne suis pas aussi dithyrambique sur la saison 3, mais il y a quand plein de bonnes choses dedans (l’épisode N&B avec la bombe, l’insecte et le fumeur, quelle claque visuelle, Lynch n’a véritablement rien perdu de son talent visuel et émotionnel).
Dale Cooper est un des personnages les plus sympathiques qui soient (dont le côté positif et déterminé est le parfait complément au désespoir et à la tristesse de Laura, ces deux-là c’est un peu l’alpha et l’oméga de la série).
Article intéressant sur une œuvre que je ne connais pas.
Mais bon voilà ça ne m’intéresse pas vraiment.
« Le fait est que, lorsqu’on lâche la bride à Mr Lynch, celui-ci en profite. Raison pour laquelle Twin Peaks : Fire Walks With Me, en plus d’être l’un de ses meilleurs films, est assurément l’un des plus aboutis en même temps que l’un des plus difficiles à comprendre ! »
Lynch est bien le seul à qui on dresse une statue et qu’on vénère dès qu’on ne comprend rien à ce qu’il raconte. A une époque j’aurais dit que c’est du snobisme, maintenant je dirais juste que c’est pas pour moi, que je ne pige pas ce qu’il y a de si formidable, et tant pis pour moi^^ Mais je n’ai pas envie de me torturer avec ses films.
Et puis tu soulignes quand même qu’entre les bons épisodes, il y a des intrigues nazes, des producteurs qui imposent des conneries, une série inachevée et un film incompréhensible qui n’explique rien. Bon…ça ne me fait pas bien envie tout ça.
Je pense que cela ne te parle pas. J’ai beau très peu comprendre les films de Lynch la plupart du temps, l’expérience visuelle, sonore et plus largement sensorielle et émotionnelle est toujours unique. C’est là que réside l’intérêt de Lynch pour moi. Si tu as besoin d’une histoire compréhensible, cela ne te t’accrochera jamais.
Je n’ai toujours pas vu Inland Empire.
Pareil, cette série me ramène à l’époque des VHS, mais 180mn (plutôt que 240mn), pour ne pas fatiguer le moteur d’entraînement du magnétoscope.
Après toutes ces années, je ne suis pas sûr d’avoir vu la première saison en entier, et je n’ai dû voir ni la deuxième ni le film. C’est donc un grand plaisir de pouvoir ainsi replonger dans mes souvenirs avec un guide aussi érudit et didactique.
Le problème c’est que je ne suis pas fan de Lynch. Ses films les plus compréhensibles comme Elephant Man sont bons, mais pas des chefs d’oeuvre non plus. Et Inland Empire est une des expériences cinématographiques les plus déplaisantes que j’ai eues, où j’ai vraiment eu le sentiment qu’on me prenait pour un con en essayant de faire passer un foutu spectacle de marionnettes interminable avec des lapins comme un truc profond.
Donc forcément, comme quand toi tu lirais que Claremont est un génie qui a tout révolutionné, je ne peux pas me sentir sur la même longueur d’ondes quand tu fais tant d’éloges. ça me donne le sentiment que même quand Lynch fait caca, on trouvera une façon de dire que c’est génial. Du coup l’objectivité est aux fraises^^
Ce qui est normal dans un sens, toute critique est subjective. Mais quelqu’un qui est déjà vendu à son style ne peut pas me convaincre^^ Il me faudrait un avis naïf d’un mec qui vient de découvrir la série sans connaître Lynch.
@David : je crois que je me laisserais bien tenter par le roman s’il venait à être traduit. Je ne suis pas au courant du tout de cette continuité littéraire. Il y a eu beaucoup de tomes ?
@Jyrille : Je ne voudrais pas te pousser nécessairement à la consommation, mais revoir la série en blu-ray a été pour moi une redécouverte. L’ensemble a été magnifiquement restauré et a pris un magnifique coup de jeune ! Qui plus-est, il y a le film en plus et des milliards de bonus dedans… alors, si jamais tu ne savais pas quoi te faire offrir pour la St Valentin…
@Pierre : On est bien d’accord sur l’ensemble (tu noteras au passage qu’ici le « fire » marche bien avec moi, contrairement à une autre série de papier couleur ! 😉 ).. Bien vu pour l’alpha et l’oméga. ce qui est d’ailleurs parfaitement raccord avec la fin de la série…
@Matt : Je m’attendais à ton commentaire. Il fait étrangement écho à mes remarques d’hier. Il est évident que je me retrouve mieux ici que dans un comics mainstream. mais il nous reste cependant bien d’autres terrains d’entente, par exemple du côté des films de monstres ! 🙂
@Présence. Ainsi les 240 mn surchauffaient les magnétos. Je ne m’en souvenais pas ! 😀
J’imagine que tu n’envisages pas de te refaire toute la série à court terme ?
Ok Tornado, je note… Mais on ne s’offre jamais rien pour la Saint Valentin 🙂
Je me souviens également que les VHS de 240 fatiguaient les magnétoscopes. Au final, cela n’a pas grande incidence, qui utilise encore des magnétoscopes ?
Mais t’as aimé Inland Empire par exemple ? Tu aimes tout Lynch ?
Tu ne me lis pas…
Euh si, je demandais à Tornado suite à sa réponse.
Je suis d’accord que Lynch sait poser une ambiance mais moi ça me gonfle quand on ne comprend rien, c’est aussi simple que ça^^ Si ça n’a aucun sens volontairement, je ne vois pas l’intérêt. S’il y a un sens caché, pour moi l’auteur doit faire en sorte que ça ait du sens pour le public. Même s’il faut réfléchir un peu (l’échelle de Jacob, Perfect Blue), ça ne doit pas être complètement obscur et n’avoir du sens que dans l’esprit tordu de l’auteur.
Mais ce n’est que mon avis.
Désolé je croyais que tu t’adressais à moi. Je crois bien avoir vu tous les Lynch sauf Inland Empire.
Cela n’a pas aucun sens volontairement, c’est une mise en image de perceptions, de sentiments, de rêves… C’est peut-être décousu mais il y a un sens, comme dans toute oeuvre. Tu n’aimes pas les peintres abstraits ?
Je ne suis pas censé suivre une histoire pendant 1h30 devant une peinture abstraite. C’est une image qui n’a pas pour vocation de conter quelque chose mais faire ressentir une émotion. Devant un film en général, on suit une histoire et des personnages.
Éventuellement en court métrage je peux apprécier un truc abstrait. Mais être otage d’un gros délire pendant 3h, non.
D’ailleurs les courts métrages mériteraient plus d’amour selon moi. Certaines histoires d’horreur semblent vraiment étirées inutilement parfois en un long métrage de 1h30.
Évidemment un court métrage 20 ou 30min ça ne marcherait pas au ciné, mais il existait les films à sketchs avant, avec plusieurs histoires courtes. Je trouvais ça bien. ça permet des choses qui ne tiennent pas la route sur un format long.
Le pire c’est ce film « lights out » qui est une version longue de ce court métrage amateur de 2min :
https://www.youtube.com/watch?v=vF8keYfncN4
Ben en long métrage c’est juste vide et chiant.
Mais je m’égare^^
Et je demande pour Inland Empire parce que je suis quand même capable de tolérer et apprécier certains passages de Lost Highway. Mais Inland Empire j’ai eu l’impression qu’on me prenait pour un con. C’est super long, soporifique, chiant, avec des trucs sans aucun intérêt (comme le sketch des lapins muets qui dure…je sais plus mais ça parait une éternité)
Effectivement, il est très peu probable que je me replonge un jour dans cette série.
Comme dit dans l’article :
« Stanley Kubrick assurait qu’il ne fallait pas chercher d’explications rationnelles à son « 2001, L’Odyssée de l’Espace », mais qu’il fallait se laisser prendre par l’expérience purement baroque et sensorielle du spectacle« .
C’est tout ce qu’il y a à savoir d’un film de Lynch aussi. Il n’y a pas d’histoire au sens classique du terme. Pas de construction linéaire logique. Ce n’est pas le sujet. Si tu n’adhères pas au principe, ça ne marche pas.
Mais il n’y a pas de foutage de gueule dans les films. Pour ce qui est de la saison 3 de Twin Peaks, c’est plus ambigu. Mais on en reparle dans la 2° partie…
Ouais mais ça justifie tout et n’importe quoi ce principe. Sauf que…est-ce non-critiquable encore une fois ? T’as vu Inland Empire ou pas ? Comment tu justifies le long « cartoon » avec les lapins ou il ne se passe rien ? Y’a pas besoin de le justifier, ça fait partie de l’expérience ? Euh…ça met le film au-dessus des critiques alors ? Impossible de reprocher un truc chiant et inutile ?
Je veux bien reconnaître un certain talent à Lynch pour les ambiances, mais j’ai du mal à tout accepter sans broncher sous prétexte que c’est un style et que ça fait partie de l’expérience.
Superbe Tornado ! C’est fluide, simple et précis. Ce qui n’est pas une mince affaire au regard de la complexité de ce que je considère comme la première série moderne, précurseure de tout ce qui va suivre de HBO à X-Files.
Car tu fais bien de le rappeler, les séries TV à cette époque, c’était ring’, c’était le parent pauvre du cinéma, c’était une voie de garage pour les acteurs de cinema considérés comme hasbeen.
Les séries TV en fait étaient en fait au cinéma ce que les comics étaient au francobelge : un truc honteux et à peine représentatif de la culture populaire (bon moi j’aimais bien Dallas).
Lorsque je découvre Twin Peaks, j’ai 16 ans je crois, et suis à NY avec la même fille qui m’a initié au rock et James Dean. Je bouquine un bouquin de Bradbury à côté d’elle sur son sofa (« La solitude est un cercueil de verre ») et elle m’arrache le bouquin des mains : le générique de Twin Peaks passe et elle m’explique que c’est génial, que c’est une série de Lynch, qu’il faut que nous le voyions ensemble. Moi, je maugrée que je m’en fous de Lynch, de la télé, que tout ce que je veux c’est finir mon Bradbury…
De retour à Paris, mon frère loue le fameux pilote en VHS : pareil ! Viens c’est super, c’est du Lynch ! Je maugrée que je m’en fous, je dois avoir une partie sur mégadrive à finir….A la fin du film, mon frangin arrive avec cette réplique culte : c’était super, mais j’ai rien compris ! Il y a un nain qui parle et danse à l’envers !
Moi, décidément, je ne fais aucun effort et l’envoie paître (qu’est ce que je m’en fous d’ton nain, là, j’ai un Pink Floyd à écouter)…..
Les années passent….
Mon frère étudie désormais le cinéma à la FAC et a emprunté l’intégrale de la série en VHS. Il me raconte en long-large-travers la série et me parle de toute les théories glanées ça et là (Internet n’existe pas encore) sur le nain qui serait l’extension d’un bras coupé d’un personnage, d’une femme qui se déplace jamais sans sa bûche et d’une loge mystique dans une forêt.
Bon, ça fait pas envie, mais il réussit un soir à me persuader de voir ça avec lui. Et là, je suis scotché par l’ambiance et la richesse de l’histoire….
Twin Peaks, c’est une expérience à vivre, une sorte de Compostelle télégénique d’où l’on ne revient pas. Je m’inscris en vrai dans tout ton article. La saison 2 est très ennuyeuse, il faut attendre le jeu d’échec mental entre Cooper et son mentor pour se réveiller un peu. Mais cette fin…J’ai hurlé ! J’ai insulté Lynch (qui n’y était pour rien le pauvre), j’en ai rêvé, et même écrit et enregistré une chanson dessus sur mon quatre pistes de l’époque ! Dale Cooper étant ce qu’il m’apparaissait à l’époque comme un saint homme, je ne pouvais accepter son sort !
J’ai adoré le film, même si là encore Lynch ne répondait pas à mes attentes ! Pourquoi ne pas tourner la fin de la série ? Alors je lus d’une traite le journal de Laura Palmer et puis après le deuil….
Et j’en arrive à mon point râleur : je n’ai pas envie de voir cette saison 3 dont je n’entends que du bien. D’abord parce que je ne veux pas revoir les deux premières et surtout parce que, fatigué, de tout ce revival 80. Twin Peaks est mort il y a 20 ans pour moi. Je l’ai enterrée dans ma déception. Je ne veux pas de réponse. J’ai lu par curiosité des scripts sur le net : je n’y ai rien compris.
Peut-être ton deuxième article pourra m’en persuader….Nous verrons.
// Stephen King : c’est une bonne comparaison pour le point de départ en tout cas. Je vois néanmoins deux différences de taille : souvent chez King, la sexualité est absente ou refoulée. Elle est chez Lynch perverse et douloureuse. L’enfance omniprésente chez King est totalement négligée chez Lynch.
// au sens de ses films. Ce n’est pas n’importe quoi, à l’inverse des délires de Morrison sous acides par exemple. Lynch met en scène des cauchemars, des accidents. La plus grande partie de ses films est compréhensible, même Lost Highway, même Mululholand Drive. Puis, à un moment, ça déraille, et c’est au spécyateur de remonter le puzzle, mais vraiment rien d’impossible.
En reprenant sa filmographie, la plupart de ses films sont intelligibles : Blue Velvet, Elephant Man, Sailor et Lula (le seul que je n’aime pas de lui), une Histoire vraie (tu l’as vu celui-ci Matt ? ). Dune est une commande, mais pareil, c’est très linéaire.
Ne reste d’incompréhensible que Eraserhead. Inland Empire, je ne l’ai pas vu.
Pas vu Eraserhead ni Une histoire vraie. Mais rien compris à Mululholand Drive. Et non c’est pas facile à comprendre ! Vas-y traite moi de gros débile hein^^ C’est pour ça que c’est chiant ces films. Certains vont te dire que t’es nul de rien piger. Bah…fuck it ! Z’avez peut être l’esprit assez tordu mais moi ça me laisse sur le carreau le couple de vieux qui passe sous une porte, une boite bleue ouverte, un mec poilu qui sort de derrière un mur et terrifie un mec, et tous ces machins qui n’ont aucun lien entre eux. Et je n’ai pas envie d’y réfléchir 3h, ça m’agace ! Et surtout je n’en vois pas l’intérêt.
Même si on me fait un exposé détaillé pour tout m’expliquer, au final je vais me dire « bon…et pourquoi ne pas rendre ça plus clair dans le film ? ça l’éclate Lynch de faire en sorte qu’on pige rien ? Ben je garde mon argent, je vais plus voir ses films »
Inland Empire est une horreur pour moi. Le pire que j’ai vu. Lost Highway a une bonne ambiance même si j’ai jamais trop compris qui est le mec en noir qui fait peur et pourquoi la tronche du perso « explose » à la fin. Mais bon à côté de Mululholand Drive c’est pas encore bien compliqué. Celui-là j’ai rien pigé et il m’a frustré à mort car le début est prenant. Et après ça part en délire artsy qui ne s’embarrasse même plus de laisser les spectateurs sur le carreau.
A côté, Mother de Aronofsky c’est super easy à piger avec du symbolisme même pas assez flou. Et qui donne des réponses trop tôt dans le film.
Bref c’est pas pour moi Lynch. Si je pars du principe que ça n’a pas de sens, ça m’ennuie et je n’en vois pas l’intérêt. Si je pars du principe que ça a un sens profond, je suis obligé de me dire que le cinéaste ne fait pas assez d’efforts pour y rendre intelligible…ou que j’suis trop con pour comprendre. Bref rien qui fasse plaisir en gros.
le mec en noir qui fait peur est l’inconscient de Fred Madison. Celui qui imprime tous ses ressentis, d’où la caméra. Il tente de l’assassiner pour ne pas tuer de nouveau Renée (en gros, il ne veut plus se faire d’idées noires).
La tête qui explose : il existe deux manières plutôt simples d’interpréter la fin de Lost Highway :
-Fred Madison est schizo tout simplement (il a tout imaginé, mais c’est pas très recherché)
-Un volet surnaturel : Fred après avoir tué sa femme se réincarne et tombe amoureux de la même. Il échoue à se racheter en commettant les mêmes erreurs. Alors que les lignes de l’autoroute se dirigent vers lui comme autant de terminaisons nerveuses, ses deux personnalités (l’écrivain vs le mécanicien) se disputent le meurtre de cette femme fatale.
Je n’ai jamais traité mes lecteurs de gros débile et encore moins mon équipe. C’est effectivement une question de sensibilité. Moi pas Chtullu, toi si ! J’insiste : à l’inverse d’un Morrison dans The Filth par exemple, Lynch donne toutes les clés pour « comprendre » ses films. Mais sans doute n’aurais je pas apprécié Mulholand Drive si je n’avais pas vu Twin Peaks, ses films interagissant parfois les uns entre les autres.
Une histoire vraie est une histoire très simple, très humaine et touchante. C’est vraiment bien.
Nan mais Chtullu c’est pas compliqué^^ Ce sont des histoires linéaires.
Et je ne suis pas anti concept symboliques. J’aime bien l’échelle de Jacob qui a aussi diverses interprétations. Mais je trouve que les clés sont plus faciles à trouver. On a un fait (le mec semble bien mourir au Viet nam), et il faut réfléchir sur comment le reste peut s’articuler autour de ce fait (purgatoire ?)
Dans les jeux SIlent Hill, on a aussi un fait : la ville est aussi une sorte de purgatoire ou les monstres qui prennent forme sont les démons intérieurs du personnage qui s’y aventure. Du coup on se retrouve avec des persos dont il faut comprendre et reconstruire le background en fonction des visions qui le poursuivent.
C’est quoi le « fait » dans Mullholand Drive ? ça parle de quoi ? J’ai rien capté.
C’est tout simplement une illustration de la Boite de Pandore à Hollywood.
Je dois préciser quand même que le nom de Lynch me fiche la trouille mais quand ses films sont compréhensibles comme Elephant Man, j’ai rien contre.
Donc je verrais peut être « une histoire vraie ». Mais Eraserhead, pas envie ! Mullholand Drive m’a traumatisé et Inland Empire m’a donné l’impression qu’il se foutait de son public en alignant des scènes longues et chiantes sans que ça apporte quoi que ce soit, si ce n’est une envie d’arrêter le film (pour moi en tous cas^^).
Mais c’est quoi le couple de vieux qui passe sous la porte ? Pourquoi les nanas sont brulées ?Et l’autre actrice blonde qui n’a rien à voir avec les persos principaux mais prend leur place d’un coup ? C’est quoi le mec qui a peur du truc poilu derrière le mur ? WTF ? WTFFFFF ????
Ahem…pardon^^
Mais je remarque que personne n’a vu Inland Empire quasiment, alors que moi c’est celui-là qui m’a fait me dire « bon, ça suffit je n’essaie même plus avec lui, y’en a marre » ^^
Mais c’est pas le plus compliqué hein, juste le plus profondément chiant.
Ah moi je trouve que Eraserhead est bien plus compréhensible que Twin Peaks Fire Walks With Me. En gros, c’est un gars qui n’accepte pas son statut de père.
Si mais chacun peut se faire sa propre interprétation du sens de l’oeuvre, Lynch a toujours rechigné à expliciter le sens de ses films puisqu’il estime qu’il vaut mieux laisser le spectateur juger par lui-même sans avoir une direction imposée au préalable.
Chez Lynch, le questionnement, la recherche d’indices importe parfois plus que la réponse. C’est le cheminement, le voyage qui fait tout l’intérêt, plus encore que la destination. En raison du principe de base de la série, on sait ce qui va arriver à Laura avant d’arriver à la fin du film « Fire Walk With Me », ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être passionnant à suivre tout du long, puisque l’intérêt réside plus dans l’expérience cinématographique, visuelle et sensorielle, que dans le fait de relier les points sur le plan chronologique (Twin Peaks ayant un rapport particulier à la temporalité, comme en témoigne notamment la fin très sombre de la saison 3).
Merci pour cet article Tornado.
je l’ai lu avec attention parce que je ne connais pas du tout Twin Peaks.
il y a des choses que j’ai toujours évité de peur de m’ennuyer ou pour mieux dire: de ne pas être à la hauteur du spectacle. cette « intimidation » que je ressens envers de type de cinéaste « pictural » est une grosse lacune dans mon CV.
Je ne dis pas non par principe et j’adore le coup des tentures, mais il faut que je passe au dessus de mon « blocage ».
j’étais plus « expérimental » avant…
Je n’ai vu ni Inland Empire (qui m’attend patiemment sur mes étagères), ni Une Histoire Vraie. Le reste j’ai tout vu.
Pour ceux qui n’ont pas encore tenté la saison 3 de Twin Peaks, sachez que Lynch va encore plus loin que tout (à part peut-être Inland Empire ?) dans le délire sibyllin. Mais attendons l’article en question avant de renchérir ^^…
@Eddy : J’ai le même problème : Celui d’être arrivé à un âge où je n’ai plus trop envie de tenter… ce qui ne me fait pas envie…
En d’autres termes, je sais aujourd’hui ce qui me plait, et cela me suffit, au risque de rater plein de choses et de rester coincé dans un univers arrêté.
Ben techniquement c’est peut être aussi parce que je vieillis que je n’ai plus trop envie de redonner sa chance à Lynch^^
Comme beaucoup, je n’ai pas encore vu « Inland Empire », surtout parce qu’il est long et que je veux une soirée où j’ai tout mon temps et où je suis bien en forme pour l’attaquer.
Et pour la saison 3 de Twin Peaks, ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’en fait, l’intrigue elle-même est très simple. On peut être un peu perdu parce que certains personnages ne sont pas identifiés tout de suite, et certains événements demandent des développements ultérieurs, mais dans l’ensemble, les 17 premiers épisodes sont assez compréhensibles, les représentations fantasmatiques lynchiennes mises à part – et encore: on voit ce qui se passe, jusqu’au « special origin issue », finalement abordable dans son propos! C’est en plus bourré d’humour, jusqu’au jeu du chat et de la souris entre Lynch et le spectateur sur certaines scènes longues.
Mais il y a le 18e épisode, qui a pu souffrir du fait qu’il fait référence à des éléments cités plus tôt dans la saison et que la diffusion un épisode par semaine a éloignés et fait oublier. Mais il reste totalement fascinant et saisissant, même sans saisir exactement ce qui se passe, et le cri qui clôt la saison est glaçant.
Bon, ben moi, je serais un peu comme une sorte de Bruce qui n’aurait jamais connu le déclic du « Whoah c’est génial ».
Du coup, je n’ai jamais emprunté ce chemin de « Compostelle télégénique » tel qu’en parle Bruce dans son commentaire… D’ailleurs, pour chipoter, ce serait pas plutôt « téléphilique » ?
Mais grand merci à Tornado pour me donner un vernis culturel supplémentaire sur cette série (en plus, cet article m’a donné plein d’idées de calembours pour le prochain FR…)
Tornado, il existe deux ouvrages sortis en parallèle de la série au début des 90’s : Le journal de Laura Palmer écrit par la fille de Lynch et traduit en français et un livre reprenant les cassettes audio de Cooper écrit par le frère de. Mark Frost, lui aussi traduit à l’époque. Une nouvelle édition est ressorti l’an dernier. Ils sont pour moi dispensable car, même si on y découvre des éléments du passé des personnages, ça n’apporte rien de significatif. Il existe aussi un guide touristique de Twin Peaks non traduit. En revanche, le fanzine Wrapped in plastic proposait les scripts des scènes non tournées et on y découvrait des pistes très intéressantes. Elles ont été rassemblées avec d’autres dossiers de la revue dans un livre récemment traduit en français. Peu avant la sortie de la saison 3, Mark Frost a écrit un dossier reprenant de nombreux documents issus du passé de Twin Peaks. On y apprend que la mythologie de la ville plonge ses racines bien avant la bombe nucléaire, qu’Aleister Crowley et Roswell ont des liens avec tout ça, on y découvre le passé des protagonistes… Bref, il y a vraiment de la matière mais on pourra reprocher à Frost de trop expliquer et de détruire le charme. Ça reste selon moi très intéressant même si l’on n’est pas obligé de tout approuver. C’est traduit en français. Le second volume, sorti après la saison 3, est lui inédit en français. Il apporte enfin la réponse à tous les cliffhangers de la saison 2 et explique bien des mystères de la saison 3. A ce titre, il est indispensable, même si on peut ne pas approuver de se voir donner froidement toutes les réponses. Là encore, c’est présenté sous forme de dossier et non de roman. Où est Annie ? Qu’est-il arrivé à Donna, Audrey, Leo, au major Briggs ? Tu auras de vraies réponses.
Bruce, la saison 3 de Twin Peaks est très différente des 2 premières. Tu peux donc la regarder, même si tu considère que le passé est enterré. Lynch a réalisé l’impossible avec la saison 3 : recréer le choc de la saison 1. En plus puissant.
Merci beaucoup pour toutes ces précisions. Je suis très intéressé par les deux derniers dossiers de Mark Frost. J’étais au courant pour le Journal de Laura et les Cassettes de Cooper via les bonus du coffret Blu-ray. Mais ce sont vraiment les deux derniers qui attirent ma curiosité. Je vais voir si je peux trouver celui qui a été traduit.
Non mais les gars, vous en trouverez pour quasiment tout des figurines^^
Du moment qu’ils ne mettent pas d’indices dedans sur l’enquête de la série, ça reste des produits dérivés^^
Je me souviens que j’avais vu, aux USA, des figurines de Sigmund Freud et de… Jésus Christ ! 😀
N’empêche qu’elles sont bien cools ces figurines de Twin Peaks !
Savez-vous s’il en existe de Columbo et Starsky & Hutch ? parce que, sans déconner, je serais preneur ! (je parle de vraies figurines 3 ou 4 pouces comme celles de Twin Peaks, pas de statuettes ou de petits soldats). Je ne suis pas collectionneur de figurines, mais je fais parfois une exception pour les sujets vintage que j’affectionne…
Il y a les machins vintage des années 70 mais bon…c’est vieillot et c’est plutôt autour de 20cm
https://www.ebay.fr/itm/Vintage-STARSKY-HUTCH-Poseable-Figures-by-MEGO-1974/232657579701?hash=item362b78eeb5:g:xvUAAOSwVLRaeq2E
Columbo je crois pas. Par contre des Universal monsters il y en a^^ Et des récentes. Et même en niveau de gris pour les gros fans.
Pas toujours facile à trouver par contre. ça finit par être un truc de collectionneur aussi quand on ne les chope pas dès leur sortie. Et rarement trouvable en France.
Ce sont uniquement les figurines genre 3/4 pouces qui sont susceptibles de m’intéresser. Pas les mannequins ni les statuettes, ni même les grosse figurines de plus de 10 cm.
Je me souviens très bien des Universal Monsters en niveaux de gris. Je les avais vues à l’époque dans une boutique de jeux de rôle. Et chez Album, à Paris. J’en ai d’ailleurs mis des exemples dans mon article sur Hulk : Gris.
3/4 pouces ? Comme celles de JP ? Moi je préfère l’échelle 6 ou 7 pouces (entre 16 et 18cm), c’est plus détaillé et la plupart des fabricants bossent sur cette échelle (Neca et Mcfarlane pour les figurines de films, Hasbro et DC direct pour les super slips, playmates pour les trucs de dessin animé)
ça ne court pas les rues les 3/4 pouces par contre. Mcfarlane toys, Bandaï et Figma font même du 5 pouces (14cm), une échelle bizarre, pour les figurines Walking Dead ou d’animes japonais.
Pour le 3/4 pouces, il y a Hasbro et…euh…Funko (pour les twin peaks) J’en connais pas des masses d’autres.