Wonder Woman Earth One Volume One, de Grant Morrison & Yanick Paquette
Un article de PRESENCEVO : DC Comics
VF : Urban Comics
1ère publication le 24/03/21 -MAJ le 24/10/21
Ce tome est le premier d’une trilogie qui propose une version du personnage, indépendante de toute autre, ne nécessitant aucune connaissance préalable.
L’histoire est parue d’un seul tenant sans prépublication, initialement en 2016. Le récit a été écrit par Grant Morrison, dessiné et encré par Yanick Paquette, et mis en couleurs par Nathan Faibairn. Il s’agit du premier tome d’une trilogie dont le tome 2 est paru en 2018, et le 3 en 2021, réalisés par les mêmes créateurs. La collection Earth One contient également une nouvelle version de Superman (par JM Straczynski & Shane Davis), Teen Titans (par Jeff Lemire & Terry Dodson), Batman (par Geoff Johns & Gary Frank), GREEN LANTERN EARTH ONE (par Gabriel Hardman & Corinna Bechko). Le tome se termine par 10 pages d’études graphiques de Paquette.
Il y a trois mille ans de cela, Hercule se tient debout ayant revêtu la coiffe du lion de Némée, avec Hipolytha agenouillée devant lui dans la boue, enchaînée, au milieu des cochons dans leur enclos. Hercule est ainsi en train de l’humilier devant les autres amazones qui sont parquées dans un enclos fermé par des grilles métalliques. Il pleut, et Hercule écrase le visage de la reine dans la boue, d’un coup de pied. Elle implore Aphrodite de la prendre en pitié. Celle-ci lui répond dans le secret de son esprit et lui intime de reprendre possession de sa ceinture, que Hercule porte à la taille. Elle parvient à lui subtiliser pendant qu’il continue à se vanter à haute voix. Tirée par un coup de chaîne, elle se relève et se colle à Hercule, en feignant la soumission. Elle l’étrangle avec la chaîne qui l’entrave, toujours devant les amazones, et brise ses chaînes par sa seule force physique. Elle ceint la ceinture d’Aphrodite et se jette comme une tigresse sur les soldats qui accourent. Les ayant mis à terre, elle libère ses sœurs, et c’est le carnage. Puis elle prend la décision d’emmener son peuple dans une terre sans homme, protégée par une barrière magique.
Trois mille ans plus tard, la société des amazones prospère sur Themyscira, une île quasi paradisiaque, habitée uniquement par les amazones. Depuis le balcon de son palais, la reine Hipolytha assiste au retour de sa fille Diana, à bord d’un vaisseau volant invisible. Elle regrette de devoir présider à son jugement. Sa conseillère Nubia lui confirme que c’est le souhait même de Diana qui s’est soumise sans discussion. Effectivement, celle-ci descend de son vaisseau et elle est aussitôt entourée par un groupe d’amazones armées qui lui passent des chaînes pour entraver ses poignets, ainsi que dans un collier en cuir. Diana déclare à haute voix qu’elle se soumet à l’autorité, ainsi qu’au jugement car elle sait qu’il changera le monde pour le mieux. Les Moires ont été convoquées pour y assister et elles sont présentes : Atropos, Clotho et Lachésis. Les amazones se sont assises sur les gradins de l’amphithéâtre et Diana est dans la fosse, toujours enchaînée. Deux amazones pénètrent à leur tour dans la fosse, portant le lasso de vérité sur un coussin. Diana s’en saisit de sa propre volonté car elle a bien l’attention de dire toute la vérité. À l’incitation de sa mère Hipolytha, elle commence : tout a débuté la nuit précédant la Lune de Chasseresse, et le festival de Diana. Elle s’était rendue au temple de la guérison, avec une biche blessée dans les bras : l’animal Dindra s’était jetée dans le vide depuis une falaise et elle venait pour la guérir avec le rayon pourpre.
C’est un événement : Grant Morrison, scénariste réputé pour son iconoclasme et sa grande culture de l’univers partagé DC dispose des coudées franches pour écrire sa version de Wonder Woman. En plus il est associé à Yanick Paquette, un artiste connu pour sa capacité à dessiner des femmes au physique avantageux, et à la séduction irrésistible. Du coup, il est possible de considérer cette histoire sous plusieurs facettes. Au premier degré, le scénariste se retrouve à raconter une nouvelle fois les origines de l’héroïne. C’est parti pour un mélange de mythologie grecque, de société vivant en autarcie dans une ile inaccessible, d’architecture hellénique, de jeunes femmes immortelles en jupette, de technologie futuriste, et de découverte du monde patriarcal. Diana est une jeune femme (enfin tout est relatif, elle a quand même trois mille ans d’âge), et elle a décidé de désobéir à sa maman en participant à un tournoi qu’elle gagne facilement grâce à ses capacités physiques extraordinaires. Elle gagne un aéronef invisible qui lui permet de ramener Steve Trevor (un pilote militaire américain) à New York pour qu’il soit soigné. Après ce premier séjour dans le monde des hommes, elle doit revenir pour accepter le jugement de ses sœurs, puisqu’elle a brisé les traditions et la loi. Effectivement, l’artiste s’amuse bien à représenter ce monde peuplé de femmes, et leur princesse d’une stature imposante, et d’une présence aussi rayonnante qu’assurée.
Il ne fait aucun doute que l’artiste a pris un grand plaisir à dessiner cette histoire, restant impliqué du début jusqu’à la fin. Diana est absolument magnifique sur la couverture, une femme forte, avec une moue un peu déconcertante, semblant juger la situation de haut, présentant des formes épanouies, sans pour autant pouvoir être réduite à un simple objet, du fait d’une personnalité rayonnante, enchaînée et pourtant ni victime, ni sans défense, un véritable paradoxe. Le lecteur peut même se demander comment les responsables éditoriaux ont pu valider une image aussi ambigüe, pour une collection prestigieuse servant de vitrine aux personnages pour atteindre le public des librairies non spécialisées. La scène d’ouverture présente des dessins ouvragés, avec un découpage de planche comme s’il s’agissait d’une scène représentée sur un vase antique. À plusieurs reprises, Paquette conçoit un découpage de planche original : les bordures de cases en frise géométrique, ou en lasso de la vérité, ou encore en ruban étoilé. Il varie la forme des cases en fonction de la nature de la séquence : des bandes traditionnelles, ou bien des cases triangulaires ou en arc de cercle, pour accompagner le mouvement, ou mettre en valeur une case plus importante.
Il est également visible qu’il a passé du temps pour concevoir l’aspect visuel des amazones et de leur société, s’inspirant beau coup de la version de George Pérez, avec une forte dose d’imagerie hellénique. Le lecteur ne doit pas s’attendre à une reconstitution fidèle à la véracité historique. Le dessinateur s’inspire de l’architecture et des tenues vestimentaires pour les arranger à sa sauce, en fonction des besoins du scénario. Il en conserve l’aspect spectaculaire et solide tout en bloc de pierre, et il prendre de grandes libertés pour varier les tuniques. Il reste ans le même registre de description détaillé à New York, avec une plus grande fidélité à la réalité moderne. Il insuffle une vie remarquable dans les personnages, avec une sensibilité faisant apparaître les nuances de leur caractère. Diana est magnifique de bout en bout, une femme superbe, avec un costume qui met en valeur sa plastique. Dans le même temps, son assurance indique qu’il ne s’agit pas d’une naïveté, ou d’une provocation, que c’est sa façon d’être, sans arrière-pensée sexuelle. La nature l’a dotée d’un corps de rêve et elle ne le cache pas. En outre, c’est un élément culturel chez les amazones : entretenir son corps et le montrer sans fard, ni fausse pudeur. Les pages montrent bien que les autres amazones ont la même attitude. Le lecteur observe les autres personnages, et sourit en voyant cette version de Steve Trevor, sourit encore plus en voyant l’exubérance de Beth Candy, très fidèle à l’esprit de la version originelle. D’une manière générale, il est sensible à la bonne humeur qui plane dans le récit : pas de mélodrame, des personnages qui sourient régulièrement, et des étoiles qui viennent décorer quelques cases entre enthousiasme et touche humoristique.
L’admirateur du personnage est aux anges : Morrison & Paquette respectent l’esprit de la version d’origine, avec l’inclusion des éléments les plus décalés comme les kangas (les animaux de monte sur Paradise Island), l’avion-robot invisible, et les entraves sous forme de chaîne. De ce point de vue, la vision originelle et originale de William Moulton Marston (1893-1947) & H. G. Peter (1880-1958), créateurs du personnage en 1941, est totalement respectée. Tout ce qui fait de Wonder Woman une superhéroïne qui ne peut pas être réduite à un cliché est présent dès cette couverture qui envoie des signaux dissonants, entre une femme en petite tenue et enchaînée, et une maîtresse femme. Le lecteur peut d’ailleurs s’amuser à considérer le récit sous un angle féministe et à relever les éléments qui en relèvent. Une société de femmes qui s’épanouit sans intervention de mâles, une femme violée qui étrangle son violeur, un homme (Steve Trevor) sauvée par une femme, une femme qui soulève un tank et tient une armée en respect, une jeune femme en surcharge pondérale à la bonne humeur inaltérable avec une assurance qui force le respect et qui remet tout le monde à sa place. Dans ce récit, les hommes sont à peine plus que des figurants, et pour Steve Trevor un vrai faire-valoir. Les auteurs prennent un malin plaisir à montrer Diana proposant à Steve Trevor de passer un collier en cuir comme signe de soumission.
Grant Morrison reprend donc ces éléments hétéroclites qui demandent une suspension consentie d’incrédulité significative. Comment les amazones ont-elles pu réaliser des avancées scientifiques jusqu’à construire un aéronef invisible, un rayon guérisseur, tout ça en autarcie et sans aucune industrie ? Une civilisation cantonnée sur une île peut-elle vraiment prospérer sans risque de dégénérer faute d’interactions avec d’autres communautés ? Le système de croyance peut-il rester figé sans aucune remise en cause pendant 3.000 ans ? Sauf que le cœur du récit est ailleurs. Morrison et Paquette rendent un hommage sincère à une héroïne qui a traversé les décennies, et aux bizarreries d’origine intégrées par son créateur, et surtout racontent l’histoire d’une jeune femme qui a soif de changement, qui est en rébellion contre l’autorité de sa mère, qui voit qu’elle peut apprendre des autres, qui veut braver les interdits, dont la culture se heurte à une autre très éloignée d’individus considérés comme l’ennemi éternel, etc. Cette facette de l’histoire est délicieuse, une jeune personne obligeant les adultes à reconsidérer leur immobilisme, leur stase culturelle, leurs certitudes absolues.
Le lecteur entame ce tome avec une attente assez élevée pour de tels auteurs. Il découvre une bande dessinée très facile à lire, avec des dessins jolis, une mise en page vivante avec des découpages originaux, et une héroïne magnifique. En fonction de sa sensibilité, il accepte plus ou moins bien les éléments les plus particuliers de la mythologie de l’amazone, et le principe d’une société immuable vivant en autarcie. Néanmoins, il se laisse facilement entraîner par les très belles pages, et par la tonalité assez détendue du récit.
Petit à petit, il tombe sous le charme de cette jeune adulte (tout juste 3.000 ans) qui rue dans les brancards, qui pense par elle-même, qui ne prend pas tout pour argent comptant, qui fait preuve d’une forme d’ingénuité du fait de sa culture, mais aussi d’une grande force de caractère.
La BO du jour
J’ai lu ce premier tome et je l’ai trouvé indigent!
comme pour le reste de la gamme TERRE-UN la subtilité semble être partie très loin en vacances.
C’est bien dans ce truc qu’il est sous entendu que si des femmes comme ETTA Candy est « engraissée » par les hommes c’est pour mieux asservir les femmes?
A un moment il y en a marre de lire des pensums malsains.
La mise en page est très bien trouvée, le décorum grec est vraiment mis à l’honneur mais le scénario est d’une simplicité régressive. c’est la fameuse révolte de Diana et sa découverte du monde de l’homme qui est comme de juste beurk caca…
La scène où elle propose un asservissement volontaire de Steve Trevor (afro américain dans cette version) est à la fois hilarante d’ironie et assez malaisante parce qu’on ne devine pas vraiment l’intention profonde de l’auteur… (qui est sans doute de renvoyer dos à dos deux logiques antagonistes mais sans vraiment donner un autre impact que celui du gag)
la contradiction d’un bouquin qui se veut progressiste, mais qui grave dans la marbre des clichés éculés qu’on semble même plus vouloir dépasser…
la couv aussi est ratée avec Diana et sa tête coincée par le sommet de la couverture, (je penche un peu pour rentrer dans la cadre….)…
Je reste sur Perez et même Azzarello quelque part, c’était bien plus innovant.
Pour cette lecture, je suis resté à un niveau plus superficiel sans chercher à le prendre comme un pensum.
Avec mes yeux, j’y ai trouvé une certaine subtilité. Morrison choisit de se montrer fidèle à la vision Charles Moulton Marston, en reprenant tous les éléments kitch, du lasso (à l’origine un symbole peu subtil) à l’avion robot, en passant par les kangas. Avec ce matériau de base, il imagine ce que pourrait être une société exclusivement féminine, fondée par réponse à un viol ignoble. De ce point de vue, je trouve que Morrison s’en sort beaucoup mieux qu’Azzarello dont je n’ai pas réussi à aller au bout des 35 épisodes, tellement je le trouvais en contradiction avec les fondamentaux du personnage. Je n’ai pas trouvé cette version si éloignée de celle de George Pérez que j’aime beaucoup et que je suis en train de relire. Par contre, elle est plus courte, et je présume à envisager sur les 3 tomes.
Je n’ai pas eu la sensation que Grant Morrison (et sûrement pas Yanick Paquette) se voulait progressiste : une femme élevée dans une société exclusivement féminine avec une défiance vis-à-vis de tous les hommes. Après, libre à chacun d’y projeter ce que sa culture et son environnement lui suggèrent. J’ai été plus sensible à cette logique interne du récit, et à ce qu’incarne Diana (refuser les a priori et la stagnation).
Dans le fil du récit, avec l’empathie pour les 2 personnages, la scène du collier est drôle pour son décalage, rapportée à ces 2 individus.
C’est bien dans ce truc qu’il est sous entendu que si des femmes comme ETTA Candy est « engraissée » par les hommes c’est pour mieux asservir les femmes ?
La phrase exacte est la suivante, et elle est prononcée par Diana en voyant Beth Candy (son nom est un peu différent dans cette version) : What has man’s world done to your bodies?
Diana ne parle pas que de Beth Candy, mais de ses copines qui, elles, sont filiformes. Elle réagit par surprise parce que sur Themyscira toutes les amazones ont une silhouette parfaite, ce que Morrison présente comme étant sulturel. Elle en impute la responsabilité au monde des hommes, parce que c’est ainsi qu’elle a été éduquée. C’est la cohérence interne du récit : une jeune femme bourrée de préjugés qui parle.
Diana propose un collier à Trevor par amitié : elle lui a sauvé la vie, et elle l’estime en tant qu’individu, en tant qu’être humain autonome, malgré les préjugés contre les hommes qu’elle porte en elle. C’est un gage d’affection, une pratique issue de sa culture. S’il y avait à grimacer au-delà de la provocation d’offrir une entrave d’esclave à un afro-américain (et je rejoins Bruce : je suis épaté que Morrison ait réussi à faire passer ça), c’est l’utilisation d’un symbole d’oppression comme marque d’affection, un peu comme quand on offre un bijou en forme d’instrument d’exécution, comme une croix, généralement sans Christ dessus.
Pour cette scène j’y vois une langue-dans-la-joue comme on dit dans la langue de Benny Hill sur plusieurs niveaux, et qui ne fonctionne que dans ce cadre. C’est un petit exercice de virtuosité provocante qui agacera ceux que Morrison agace habituellement, à mon avis.
Tongue-in-cheek : entièrement d’accord avec cette description. Avec la remarque d’Eddy, j’ai compris qu’effectivement ça ne fonctionne que dans ce cadre.
Jamais 2 sans 3, Présence mets tes lorgnons et réponds moi bordel !
1/ La suite du collier, il se passe quoi ?
2/ Black Label, Vertigo du pauvre ?
M’enfin Bruce : c’est la dernière chose que j’ai envie de lire sur terre… Du coup, que t’importe ce qui se passe ?
Rien, bien sûr, il ne se passe rien. Il y a là un fossé culturel infranchissable.
Black Label : un label créé pour des récits de superhéros plus « adultes ». Vertigo : un label créé pour abriter des séries déjà existantes comme Swamp Thing, Shade, Hellblazer, Sandman de Gaiman, Doom Patrol, et des nouvelles sans superhéros. Je ne trouve pas que l’objectif de l’un et de l’autre soit comparable : Black Label n’a pas eu la vocation d’accueillir des séries dont les créateurs gardent les droits, ni de se diversifier dans autre chose que du superhéros. Du coup, mon goût pour les différences me fait dire que ça n’a rien de semblable.
Pfff même pas drôle….
Pour le BLack Label, vraiment je ne trouve rien de très mature ou adulte là dedans.
Du coup, DC se prive de Creator Owned, la vache c’est assez affligeant.
Oui, tu as remarqué que j’ai mis le mot adulte entre guillemets. 🙂
La fermeture progressive sur plus de 5 ans de Vertigo m’a semblé correspondre à une politique éditoriale de haut niveau chez DC, voire peut-être imposée pour des raisons de placement stratégique de l’entreprise, voire de groupe, et sûrement financières. Du coup, est-ce qu’ils s’en privent, ou est-ce que ça ne correspond plus à leur positionnement sur le marché ? Je pencherais pour la deuxième éventualité.
Et bien ça a l’air très beau et très bien fait. Le parti-pris féministe et les petites touches de provocation (le prétendant est un homme de couleur (niveau de provoc + 1), puis on lui propose de l’enchainer… (niveau de provoc + 2 !)) ont l’air savoureuses.
Pour ma part, je ne suis tout de même pas intéressé. C’est de la BD de super-héros trop premier degré quand même. Et ce n’est pas ce que je recherche.
Je ne comprends pas pourquoi le fait d’avoir un personnage principal qui est une femme avec des superpouvoirs dote de fait cette histoire d’un parti pris féministe. C’est une société de femmes qui a choisi l’isolement après une agression ignoble, forcément leur culture n’est pas patriarcale et repose sur un biais légitime contre les hommes. Mais c’était déjà le cas dès l’origine révisée par George Pérez en 1987, et Wonder Woman faisait déjà mordre la poussière à ses ennemis mâles dès sa première apparition.
Moi aussi, j’ai bien aimé ce que j’ai plus pris pour des provocations que pour une déclaration féministe.
Je n’ai jamais repéré de dégueulasserie contre les femmes chez Morrison. Je peux donc imaginer qu’il traite le personnage de manière intelligente. Ce qui ne veux pas dire délicate, hein, mais là c’est à toi que je fais confiance. Bien entendu c’est la dernière chose que j’ai envie de lire sur terre….
Sans les crédits j’aurais juré que la cover était de Terry Dodson.
C’est effectivement assez catchy voire tape à l’oeil. Et c’est tout à l’honneur de Morrison d’avoir su imposer le truc même si le puritanisme a effectué une percée spectaculaire en quoi, 2 ans ?
On voit effectivement que le personnage ne souffre pas et nage dans ses chaines, Mais je trouve que la cover et le maquettage font le job ce qui n’est pas toujours le cas chez DC (la maquette New 52, c’était épouvantable).
Tu nous laisse sur un suspense insoutenable : Steve accepte t’il de s’agenouiller devant Diana ? Il y a du cul ? Je me rappelle de scènes assez chaudes et réussies dans LES INVISIBLES.
La BO : très bien même si je ne suis pas fan de Tricky plus que ça, je….
Ah, c’est normal, elle est de moi…
C’est tout à l’honneur de Morrison d’avoir su imposer le truc : je me suis fait la même réflexion. 😀
Il y a du cul ? J’ai l’impression qu’il y a une incompréhension sur la nature de ce produit. Il appartient à la même gamme que Superman Earth One et Batman Earth One décortiqués par Tornado. Ce n’est pas du Vertigo, ni même du Black Label, c’est un produit d’appel et de prestige dans les librairies non spécialisées. Du coup, je suis parti avec l’a priori que la latitude de Morrison pour provoquer allait être nulle et que le responsable éditorial allait demander à Paquette de mettre la pédale douce sur les formes féminines, de moins faire du Terry Dodson, comme tu le fais justement remarquer, ou moins Frank Cho.
M’attendant à un produit très formaté et très corseté, j’ai été très agréablement surpris, par une interprétation de Diana, avec un minimum d’originalité, une narration intelligente, et une mise en valeur de la séduction de femmes vivant dans une utopie.
Oui, mais ça ne me dit pas si Steve se soumet tout ça….
Plus globalement, de ce que j’ai lu le Black Label est à Vertigo ce que la bière est au Canada Dry.
Sur la ressemblance avec Dodson, content de voir que je suis pas à la masse même si les arrières plans ne ressemblent pas à son style.
Je greffe le com que je préparais ici : le traitement des corps – leur mise en valeur, notamment des amazones, par Paquette, s’aligne sur le parti pris du récit qui superpose plusieurs lecture dont celle de Diana qui est absolument sans arrière-pensée et qui apporte le décalage du bon sauvage ou du persan : les poses gratuitement agicheuses ou les cadrages-pour-ados ça me gonfle rapidement et je ne l’ai pas retrouvé là. Si je devais chercher un contre-exemple, je tomberais rapidement sur Cho, justement, dont on se demande comment il peut dessiner d’une façon si maîtrisée d’une seule main. Blague de teubs à part, j’ai tendance à penser qu’effectivement on évite l’écueil du male gaze, pourtant facile quand on aborde le sujet de l’île paradisiaque des lesbiennes BDSM de science-fiction, pour citer miss Candy.
Merci d’exprimer ainsi plus clairement, ce que je ne suis pas parvenu à formuler.
C’est vrai que dans ce premier tome, on pourrait dire que Diana est ingénue, sans arrière-pensée, entière avec le bagage culturel des amazones. C’est également le principe des lettres personnes qui m’est venu à l’esprit.
Concernant Yanick Paquette, pour ce premier tome, je ne suis pas sûr de le dédouaner sans réserve : il y a une demi-douzaine de cases (très peu en pourcentage) où l’on sent qu’il se fait plaisir.
Par contre, je trouve que la culture qui va avec l’île paradisiaque des lesbiennes BDSM de science-fiction est bien traitée, sans passer du côté salace ou la gauloiserie bien lourde.
C’est pas evident d’éviter les grasses gauloiseries, surtout si tu parles de récit corseté. J’ai failli faire une blague au ras des paquettes.
Mis à part BATMAN ( Et je précise, lorsqu’il est seul sans la BAT FAMILY) Je n’ai jamais vraiment été intéressé par l’univers DC.
La faute aux éditeurs français de mon enfance qui publiaient très mal, ou pas du tout, cet Univers .
J’ai été biberonné à MARVEL. C’est ce lien avec l’enfance, qui fait que je lis encore des comics de Super-héros
A priori ce n’est pas cette version de WONDER WOMAN EARTH ONE qui va faire changer les choses.
Et quelque part tant mieux. S’il fallait que je m’intéresse à l’univers DC comme je m’intéresse à l’univers MARVEL il me faudrait une quinzaine de mètres linéaires en plus dans ma bédéthèque.
Au bout d’un moment il n’y a plus de place et les murs ne sont pas extensibles.
Cela n’enlève rien à la qualité de l’article et j’ai pris plaisir à le lire.
Même si je ne suis pas intéressé par DC j’aime bien enrichir ma culture BD/Comics et ta chronique est parfaite pour cela 😉.
La BO: Son principal intérêt est de nous montrer combien LINDA CARTER était belle.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh… Linda Carter…
J’ai eu la chance de commencer les comics VO juste après Crisis on infinite Earths, et j’ai pu ainsi plonger dans Man of Steel de John Byrne, Wonder Woman de George Pérez, Batman Year One de Miller & Mazzucchelli, ce qui m’a permis une acclimatation accessible pour l’univers DC. En revanche, je me souviens qu’au début des années 1980, il fallait les chercher les VF DC : quelques albums Arédit Artima, quelques petits formats en noir & blanc.
Les Batman Poche de Sagedition faisaient en effet un peu pitié.
Je ne sais plus si c’est ceux-là : je me souviens d’un magazine avec Batman qui alternait deux pages en noir & banc, puis deux pages en couleurs, un choix éditorial qui n’a jamais fait sens pour moi.
Pareil dans PIF ou PIcsou…jamais compris
Chers amis c’était une technique économique pour économiser de l’encre de couleur (très cher à l’époque) et pour pouvoir utiliser un papier plus fin. Rendez-vous compte qu’ils allaient jusqu’à imaginer le plus petit format possible (Pif Poche, Mickey Poche ou Nova) pour économiser du papier et de l’encre. Plus un format fonctionnait, et plus ils pouvaient se permettre de l’agrandir car plus on imprimait, moins c’était cher (paradoxalement). J’avais appris tout ça à l’armée en travaillant à un moment dans une imprimerie (en fait je travaillais comme maquettiste à la NOUVELLE REVUE DE L’ARTILLERIE et donc j’allais ensuite participer à l’impression de la revue dans une imprimerie professionnelle. c’était assez passionnant, mais aussi édifiant d’apprendre comme le marché de niche revenait extrêmement cher à l’impression).
Merci beaucoup pour ces explications qui viennent lever un mystère qui m’a hanté plus de 40 ans !
Contrairement à hier, j’adore toutes les planches ici. Tout ce que j’ai vu de Paquette m’a impressionné. Bon, je suis fan de Morrison, a priori je devrais foncer, mais je ne trouve pas que ce soit une priorité, plutôt un nice to have comme on dit au boulot. En tout cas merci pour la présentation Présence, j’aime beaucoup ton enthousiasme qui transpire à chaque phrase.
J’ai enfin vu le film Wonder Woman de 2017 avec Gal Gadot et Chris Pine (il est sur Netflix) et j’ai trouvé ça très bon. Pas exceptionnel, mais vraiment intéressant, frais, sans longueurs, avec une actrice magnifique (mais pas forcément très compétente) et une histoire qui tient la route. Snyder m’épate parfois (il est au scénario).
La BO : je l’avais complètement oubliée celle-ci ! Il faut dire que j’évite de plus en plus les Red Hot (sauf chez Mars Volta). Excellent. C’est sur quel album ?
BlOWBACK Cyrille
C’est vrai aussi que j’ai un petit faible pour ce personnage de guerrière pacifiste, et pour sa mythologie hétéroclite, impossible à rendre plausible.
Et Nearly God.
En revanche les deux albums de Martina Topley-Bird des 00s, Quixotic et The Blue God, sont excellents. Et sa voix, magique, comme d’hab.
Merci pour les infos Chip.
Sinon personne n’a vu le fim Wonder Woman de 2017 ?
Si, j’ai vu le film WW de 2017. Un bon divertissement pour moi.
On doit prochainement regardé le 1984. Parait qu’il n’est pas vraiment réussi… Je vous dirai ça…
Visiblement, tu as pris beaucoup de plaisir à cette lecture, et cela fait plaisir à lire.
Pour ma part, je suis d’accord pour dire que les dessins semblent très agréable et visiblement le personnage principal est plutôt bien respecté.
Cela dit une chose me gène. Tu dis en commentaire que l’histoire n’est pas féministe. Pourtant tu soulignes combien les hommes sont peu valorisés, relégués au simple rang de figurant ou de faire-valoir. Peut-être qu’il aurait été bien de remettre un peu l’équilibre, pour aller dans le sens de Diana qui se libère des chaines de cette société autarcique et intransigeante ?
La BO : ça fait plaisir de replonger en enfance 🙂 .
Je me rends compte en vous lisant que je suis parti avec un a priori : lire une histoire respectueuse du personnage. Or ses origines en font une héroïne qui frappe à l’égal d’un homme. Pour autant, je ne qualifierais pas cette situation de féministe (mais peut-être que ma définition est un peu étriquée).
Les hommes sont peu valorisés : cela correspond aux a priori de Diana, élevée dans une société de femmes qui ont établi leur communauté dans une réaction de rejet suite à une expérience odieuse et traumatisante, un viol. Du coup, elle perçoit le monde des hommes avec ce biais. Mais comme le fait remarquer Chip un peu plus haut : Beth Candy (personnage plein de vie et éminemment sympathique pour le lecteur) vient remettre cette société à sa juste place (autarcique et intransigeante comme tu le dis bien).
En outre malgré ses a priori, Diana est une personne ouverte qui constate par elle-même que la société des hommes es agressive, mais que parmi les hommes qu’elle rencontre, certains sont dignes de respect. Je présume que ce fil narratif sera développé dans les 2 tomes suivants.
Oui, tu fais bien de repréciser qu’il ne s’agit que du tome 1 ! C’est un détail que j’avais oublié !! Je suis curieuse de connaître la suite 🙂
Et donc, Steve Trevor, il ne s’est pas offusqué plus que cela de ce présent étrange ? Je suis moi aussi frustrée par ce « rien » que tu nous as donné ^^
Allez, je raconte tout, mais c’est bien parce que c’est toi. 🙂
Dans la page suivante, Diana est en train de raconter cette scène à Beth Candy dans un café, et Beth ne peut que lui dire à quel point elle est ignorante. Diana répond que chez elle, la coutume est de matérialiser un lien affectif, avec un collier, un bracelet et des chaînes. C’est là que Beth a la formule : Tu viens d’une île paradisiaque de lesbiennes de science-fiction, avec un peu de bondage. En le relisant à l’instant, ça m’a encore fait sourire, car il n’y a rien de malsain dans la manière dont c’est raconté.
C’est vrai que même à te lire, c’en est drôle ^^ . Mais j’aurais aimé qu’on explique à Diana aussi le malaise que cela peut provoquer sur un Afro-Américain…
Merci beaucoup pour ta réponse et ta petite disgression, Présence 😉
Je remets mon grain de sel : c’est pas Bitch Planet, mais le simple fait de prendre un regard décentré, venu d’un univers où les hommes n’existent littéralement pas, suffit pour aborder des problématiques féministes (pour peu qu’on ne tombe pas dans le trip graveleux, donc). Pas besoin que l’œuvre endosse un discours politique précis pour qu’elle ait cette charge.
Je ne sais pas pourquoi cette collection (TERRE-UN) n’ pas de prise sur moi.
Je pense déjà que c’est une question de format.
chaque personnage a le droit à trois graphic novels de 80 pages et je trouve que chaque volume de raconte pas grand chose. une histoires sérialisée nous habitue à une construction déconcentrée avec du build-up..
mais ici, les antagonistes sont pas emballant, les thèmes mille fois rebattus… du coup je fais attention à ce qui surnage comme les petites piques et généralement les auteurs qui font leur malins, ça me laisse froid… et avec les années je suis aussi carrément devenu allergique au « méta »…
les histoires n’intéressent plus personne en fait? il faut faire du commentaire sur ci et ça… du référentiel tellement daté que ce sera illisible dans dix ans?
Bref! je ne suis pas du tout client…
Sur le format, il s’agit plutôt de récit de 120 pages de BD, c’est-à-l’équivalent d’un recueil de 6 épisodes.
Ça ne raconte pas grand-chose : ça raconte un récit des origines que nous connaissons déjà. Pour ce tome précis, ça m’a raconté l’histoire d’une jeune femme en opposition avec sa mère, curieuse de découvrir les autres, de dépasser ses préjugés, une belle étude de caractère.
Est-ce que ce sera lisible dans 10 ans ? Bonne question, je n’en sais rien. Je suis totalement incapable de me projeter ainsi.
Ah la la, entre la belle mise en valeur par Présence et les griefs d’Eddy, je ne sais pas trop quoi dire…
Le dessin est bon mais le look voluptueux de WW ne me charme pas. Je pense que je vais me servir de ce prétexte pour faire l’impasse…
Je ne sais plus où on parlait des films de Snyder mais je viens de me remater BATMAN V SUPERMAN et je le revois à la hausse parce que une bonne moitié du film est finalement regardable (la première). Après ça part en couilles et je ne marche plus du tout, je ne comprends pas tout ce qu’il passe (pourquoi Batou attends tranquillou sous la pluie ? Cela dit c’est très ressemblant au combat dans The Dark Knight Returs, ça fait plaisir) et surtout ça devient moche visuellement. Le gros plus, c’est que je me rends compte que c’est peut-être le meilleur casting de ces personnages, notamment Alfred, absolument parfait sous les traits de Jeremy Irons, mais bien sûr Batman, Superman et Wonder Woman, voire même Luthor qui est clairement inspiré ici par Zuckerberg (d’ailleurs c’est le même acteur qui jouait ce dernier dans The Social Network, Jesse Eisenberg). En plus Snyder n’abuse pas des ralentis, ça fait du bien.
Au fait, aucun article sur un ou plusieurs films de Batman n’est présent sur le site ?
Pas de critique de films de Batman (ou d’autres) en ce qui me concerne, mais ce n’est guère une surprise. 🙂
Salut Cyrille
Xabaris avait chroniqué le Batman Vs SUperman à sa sortie. Il avait été retiré au moment de l’afp et je n’ai pas vu l’intérêt de le remasteriser du fait que tout a déjà été écrit ailleurs.
J’avais également fait un Bullshit Detector sur le dernier Nolan que j’ai aussi retiré, les blagues les plus courtes étant les meilleures.
Ah oui le dernier Nolan quelle catastrophe… A priori la version longue de BvS est plus réussie, enfin disons que le script est moins casse-gueule. C’est vraiment dommage parce que tout le début est bien et me rappelle beaucoup le Dark Knight de Nolan (le second, de loin le meilleur).
Je sais Présence qu’une chronique ciné ne peut pas être de ton fait 😀
Je….
Je l’ai lu et ai beaucoup aimé…
C’est du Gland Morrison pourtant !
Mais c’est accessible, frais et souvent très malin. Encore une fois, on sent que Momo sait de quoi il écrit et qu’il aime ses personnages (l’inverse de ce qu’il a fait pour Marvel).
Il y a bien ici et là quelques saillies arrogantes où les personnages sortent des répliques un peu idiotes mais c’est franchement supportable.
Morrison fait de Diana un mélange d’adolescente idéaliste et de bonne sauvage irrésistible. On retrouve ses bonnes idées sur la dimension culturelle des Xmen mais mieux développée. La dimension fétichiste est aussi amusante même si personnellement j’ai trouvé cette société de femmes aussi réac’ que n’importe quelle autre. Le deuxième volume est nettement plus politique. Je le finis d’ici demain.
Whouaaaaaaah !!!!!!!!!!
Un jour à maquer d’une pierre blanche : tu as aimé du Morrison 😀 (et tu l’as écrit, respect).
Ce Steve n’est pas le petit ami de Wonder Woman
« Nous ne le jouons jamais comme le ‘petit-ami’ de Wonder Woman. Il considère lui-même cette princesse immortelle comme ‘hors de ma ligue’, et elle n’a aucun contexte pour une romance avec un homme mortel. Ils semblent être de bons amis.
Nous avons failli montrer la fiancée humaine ordinaire de Steve dans le tome 2 mais avons préféré laisser sa sexualité secrète. C’est le copain coriace et fiable de Diana et c’est tout ce dont il a besoin. » – Grant Morrison l’écrivain