Elric: Stormbringer, par P. Craig Russell
Un article de PRESENCEVO : Topps Comics / Titan Comics
VF : UJPE (Un Jour Peut-Être)

Un homme et son épée © Titan Comics
Ce tome constitue une adaptation du sixième tome des aventures d’Elric, écrit par Michael Moorcock. Il regroupe les 7 épisodes, initialement publiés en 1997 par Dark Horse Comics, écrits, dessinés et encrés par Philip Craig Russell, avec une mise en couleurs réalisée par Lovern Kindzierski et le studio Digital Chameleon. Il commence avec une introduction de Russell écrite en février 2021, et revenant sur sa longue relation avec Elric, entamée en 1979 avec sa lecture du premier roman, puis au travers des différentes adaptations qu’il a réalisées au fil des décennies, à commencer en 1983 avec Roy Thomas pour la première.
Vint un temps où il se produisit de grands changements sur Terre et dans les cieux, quand le devenir des hommes et des dieux était forgée par le destin. Le plus grand des héros de cette époque était un aventurier conduit par la fatalité, qui portait une épée chantante. Son nom était Elric de Mélnibonée. Le seigneur d’une race éparpillée qui avait autrefois dominé le monde. Elric le sorcier, l’épéiste, l’assassin de ses pairs, le spoliateur de sa patrie, l’albinos au visage de craie, le dernier de sa lignée. Il avait fini par se rendre au royaume de Karlaak pour prendre Zarizinia comme épouse. Son sommeil est troublé et il connaît son destin qui va bientôt s’accomplir. Des petites créatures démoniaques s’introduisent dans la chambre à coucher d’Elric à Karlaak. Après un rapide combat, ils l’estourbissent et ils enlèvent son épouse. Elric reprend connaissance au beau milieu de la nuit. Il va frapper à la porte du seigneur Voashoon, le père de son épouse. Celui-ci lui ouvre, et Elric lui demande de lui remettre son épée Stormbringer. Alors qu’il ressort de l’armurerie, plusieurs cavaliers attendent ses ordres. Il leur enjoint de battre la campagne à la recherche des kidnappeurs. Alors que l’aube pointe, leur chef vient rendre compte à Elric : ils sont bredouilles. Ça ne l’étonne pas, et il sait qu’il va devoir recourir à une autre méthode.

Une très forte identité visuelle © Titan Comics
Elric retourne à son palais et prononce une incantation pour faire revenir à la vie l’agresseur qu’il avait eu le temps de tuer avant d’être assommé. Celui-ci a juste le temps de proférer quelques propos sibyllins. Il est une créature du chaos. Par-delà l’océan, une bataille se prépare. Par -delà la bataille, du sang sera versé si un parent d’Elric s’aventure avec lui portant un jumeau à celui qu’il porte. Vers un lieu où se trouve celui qui ne devrait pas vivre. Une transaction sera conclue. L’épouse d’Elric sera restaurée. Le démon s’écroule définitivement. Elric se souvient qu’il a entendu un voyageur évoquer des tensions montantes entre les différents royaumes par-delà l’océan, la reine de l’une de ces nations ayant requis l’aide de Dyvim Slorm, le seul parent d’Elric encore vivant. Cela signifie que le royaume de Jharkor s’apprête à entrer en guerre contre celui de Dharijor. Il fait serment au dieu Arioch de faire payer les responsables de l’enlèvement de Zarizinia. Le lendemain il entreprend la traversée qui le mène au port de Banarva. Il remarque qu’il abrite de nombreux navires de guerre, et que les rues sont pleines de soldats. Puis il entame la chevauchée devant le mener à Sequaloris pour rejoindre son cousin. Sur la route, une vieille femme le reconnaît et lui délivre un message de la part d’un démon du chaos avec lequel elle a conclu un pacte.
La parution des romans d’Elric s’est effectuée dans un désordre chronologique. En gros, STORMBRINGER est le dernier du cycle de ce héros. Il est initialement paru sous la forme de quatre nouvelles : Les porteurs de flammes (1963), Retour d’un dieu mort (1963), Le bouclier du géant triste (1964), Le trépas du seigneur condamné (1964), après une série de six autres nouvelles se déroulant avant. P. Craig Russell a commencé à réaliser une adaptation d’un autre roman de ce personnage avec Roy Thomas, une quinzaine d’années auparavant. Il a donc acquis une maturité certaine dans la méthode d’adaptation, influencé par Thomas. Le lecteur prend vite conscience que cette bande dessinée est très dense et se lit deux fois moins vite qu’un comics de superhéros ordinaire. Il remarque que la quantité de texte est assez importante, en particulier tout ce qui est narration, hors dialogue. Il acquiert vite la conviction qu’il s’agit de passages du livre intégrés en l’état. Il se souvient que Roy Thomas était un adepte fervent de cette méthode qui lui permettait de réaliser lesdites adaptations beaucoup plus vite, en ayant moins à écrire. D’un autre côté, Russell se montre ainsi particulièrement fidèle à l’écriture de Moorcock. Parfois cela aboutit à une forme de répétition entre texte et image, mais finalement très peu de fois pendant ces 200 pages. Le lecteur se dit également que l’auteur n’a pas dû procéder à beaucoup de coupures puisque le roman initial passe d’environ 250 pages, à une bande dessinée de 200 pages, alors que toutes les descriptions écrites se retrouvent à l’état de dessins.

Donner à voir l’ésotérique © Titan Comics
Le lecteur s’adapte donc à ce rythme de lecture qui correspond plus à celui d’un roman, qu’à celui d’une bande dessinée d’action. L’introduction de 3 pages attire déjà son attention sur les particularités des dessins de P. Craig Russell. Il y a cette vue d’une cité, Imrryr la capitale de Melniboné, avec juste la silhouette des bâtiments détourée d’un trait fin, et une couleur rose surprenante : une cité de conte pour enfants. Il y a le visage très simplifié du roi Voashoon, l’exagération romantique pour le couple formé par Zarozinia & Elric. Au fil du récit, le regard peut ainsi s’arrêter sur une case vraiment surprenante par sa tonalité : l’allure de vieille sorcière déguisée en paysanne pauvre qui délivre le message d’un démon du chaos, le corps d’ébène de Sepiriz, un tsunami évoquant Hokusai jouxtant une éruption volcanique évoquant Mike Mignola, les magnifiques glyphes quand Elric parle dans une langue ancienne, un plan rapproché en contreplongée sur le derrière d’Elric en train de monter à une échelle accrochée au flanc d’un navire, l’œil au milieu du bouclier du chaos représenté de manière naïve, une parodie du Death Dealer de Frank Frazetta pour représenter un seigneur de l’enfer, etc. L’artiste utilise des registres visuels inattendus, avec des apparences parfois enfantines ou très romantiques.
Cependant à la lecture, ces étrangetés spécifiques à P. Craig Russell font sens dans le fil des cases. Elles font partie intégrante de la narration, et y sont aussi pertinentes que les quelques cases qui semblent montrer ce que dit déjà le texte. En y repensant, le lecteur se dit même que l’artiste a su donner à voir des créatures et des entités défiant l’imagination, et le déchaînement de forces surnaturelles et magiques originales. L’adaptateur a su concevoir une apparence globale cohérente à laquelle chaque élément hétéroclite appartient sans solution de continuité. Le lecteur voit bien qu’effectivement tout coexiste dans le même monde cohérent : le casque ouvragé d’Elric, l’épée noire et massive Stormbringer (avec une longueur qui la rend impossible à manier dans un monde qui serait trop proche de la réalité), les flots agités par la présence du chaos, Straasha le roi au fond des mers dans son trône de nacre, les feuilles tueuses de sept arbres, et bien sûr Sotrmbringer en train d’absorber l’âme des individus qu’elle a occis. Le lecteur prend conscience à quel point les images forment une narration aussi dense que le texte, l’auteur ayant eu à cœur de montrer cet univers de Fantasy si riche, ses fastes et sa décadence, ses guerriers et le peuple, les démons du chaos et les créatures de l’ordre.

Hommage à Frank Frazetta, Russell Style © Titan Comics
S’il a lu le roman, le lecteur découvre une adaptation fidèle, qui lui donne à voir ce que son imagination lui a sûrement dépeint sous une autre forme. S’il est allergique à cette idée, il se sera tenu à l’écart de cette adaptation, sinon il peut faire l’expérience de retrouver cette création de Michael Moorcock et de la voir par les yeux d’une autre personne pour confronter sa propre interprétation, car il y a autant de versions d’un livre que de lecteurs. S’il n’a jamais lu ce roman, il plonge dans un récit de genre, la Fantasy, avec une utilisation des conventions comme les sorciers, les entités surnaturelles et les combats à l’épée, plus ou moins conscient que Moorcock a inventé une partie de ces conventions. Il est à la fois conquis par la richesse de ces aventures, et de la trame de fond qui apparaît progressivement. Il peut sourire aux interventions bien opportunes de Sepiriz qui apporte toujours des informations au bon moment pour faire avancer la quête d’Elric. D’un autre côté, il peut aussi se dire que ce personnage n’est pas que l’avatar du scénariste en mal d’inspiration pour faire progresser son intrigue de manière organique, mais aussi l’incarnation de cette fatalité qui s’impose au héros. Elric est le jouet du destin : il lui est impossible d’échapper au rôle qui découle de sa culture, du système socio-culturel dans lequel il est né. Elric est l’incarnation de l’individu qui n’a d’autre possibilité que de subir ou d’accepter la vie toute tracée qui l’attend. Cette narration très centrée sur un personnage principal qui lutte contre des ennemis peut sembler un peu trop manichéenne, mais dans le même temps cette fatalité s’applique tout autant à tous les autres personnages qui n’ont pas plus de choix que de jouer le rôle qui leur a été imposé.
Il n’est pas donné à tout le monde de parvenir à adapter une œuvre aussi forte que ce roman d’Elric, écrite par un auteur à la forte personnalité et à la créativité originale. P. Craig Russell a pris le parti de conserver beaucoup du texte original, sans tomber dans une simple illustration de ce texte avec des cases fonctionnelles. Il a développé une vision personnelle de cet univers baroque, décadent et funeste, en respectant parfaitement le texte original, tout donnant à voir au lecteur l’image qu’il s’en fait. La pagination de l’adaptation lui permet de concilier ce respect du texte et une narration en images, plutôt que des illustrations accolées.

Des visions de l’enfer © Titan Comics
La BO du jour
Quand j’ai eu mon regain d’intérêt pour Elric il y a quelques années, j’avais fait l’acquisition du TPB paru chez Dark Horse.
La mise en couleurs ne m’avait pas séduit. J’aurais préféré une approche similaire à celle des adaptations des années 80, quand Russell collaborait avec Michael T Gilbert.
Delcourt avait ressorti The Dreaming City en 2021 et Delirium a commencé à publier les traductions des Michael Moorcock’s Library en 2022 mais à ce jour il n’y a que deux tomes parus.
Les éditions UJPE sont donc tout à fait appropriées pour indiquer l’existence d’une VF…
J’ai bien aimé également cet trouvaille de l’éditeur-en-chef : VF Un Jour Peut-Être.
Je garde un bon souvenir des premiers tomes par Roy Thomas & P. Craig Russell : ces tomes m’ont appris à apprécier la personnalité graphique de Russell. Je n’arriverai pas à les relire parce que les copier-coller de texte par Thomas constitue à mes yeux le degré zéro de l’adaptation.
La mise en couleurs de Lovern Kindzierski : les comics Topps de l’époque semblait souvent souffrir de cette forme de saturation. A mes yeux, la coloriste respecte l’esprit de la palette de Russell, même si la technologie a tendance à la dénaturer, en particulier les dégradés peu heureux.
Parfaitement d’accord avec ton analyse de l’art du récit en image de P.Craig Russell, effectivement parfaitement maitrisé, alors que objectivement libéré de pas mal des contraintes qui limitent la plupart de ses contemporains, dans le domaine du Comic Book -et probablement trois fois plus jouissif à exécuter, ainsi 😉
J’avais été complètement épaté par l’art de P.Craig Russell, sur « The Dreaming City », la première fois que je l’ai eu entre les mains : à des kilomètres de tout ce que j’avais jamais visité au travers de mes lectures illustrées (encore très restreintes : j’avais dans les treize ans), son style si ouvertement décoratif m’avait interpelé de plus d’une façon (gros échos personnels), tout en me laissant un peu sur le bord de la route, en tant que lecture « d’aventure », par le radical de ses parti-pris esthétiques. Tant de beauté factuelle, pourtant parfaitement au service du récit, même sous l’angle si spécifique du Comic Book ; je constatais (avec un peu de dépit) que je ne parvenais pas à me projeter dans cet univers, lui aussi extrêmement calibré.
Avec le temps, et quelques pépites glanées ça et là, sur la toile ou dans les boutiques, j’ai pu me faire ma petite culture perso de cet artiste, véritablement unique au sein du marché « mainstream » ; et, de ses premiers récits de S.F. romantique à ses adaptations d’œuvres littéraires et/ou musicale, j’ai confirmé mon coup de coeur originel pour son approche graphique quasi onirique, mais toute entière au service du récit.
Par voie de conséquence, je dois bien admettre que c’est bien le personnage de Elric, ainsi que l’atmosphère de tragédie épique qui fait sa légende, qui m’ont empêché d’adhérer, lors de notre première rencontre : un drame véritablement trop sombre -et désespéré !- pour ma sensibilité, à des années-lumières de ces univers-là. Mais je jetterai sans problème un œil, si je tombe sur cet album : sombre ou pas, la beauté est toujours bonne à prendre. Alors merci pour le relais 🙂
Mes souvenirs commencent à s’estomper : il me semble que j’avais déjà dû lire un ou deux romans du cycle d’Elric, avant de plonger dans le premier tome de l’adaptation de Russell & Thomas.
J’avais été complètement épaté par l’art de P.Craig Russell, sur The Dreaming City, à des kilomètres de tout ce que j’avais jamais visité au travers de mes lectures illustrées […] je constatais (avec un peu de dépit) que je ne parvenais pas à me projeter dans cet univers. – De mon côté, à la première lecture, je n’avais pas été épaté, plutôt déstabilisé par le décalage avec mes attentes, avec les a priori que je pouvais avoir en tête.
Avec le temps, et quelques pépites glanées ça et là […] : J’ai eu la même démarche il y a quelques années, à la fois pour ses adaptations d’opéras et pour ses adaptations d’Oscar Wilde : délicieux, et aussi pour son Conan.
Mes commentaires sur Babelio pour les opéras :
babelio.com/livres/Russell-The-Magic-Flute/384090/critiques/874900
babelio.com/livres/Russell-The-P-Craig-Russell-Library-of-Opera-Adaptions/770018/critiques/875336
babelio.com/livres/Russell-The-P-Craig-Russell-Library-of-Opera-Adaptations/770019/critiques/875337
Mes commentaires sur Babelio pour les 6 tomes de contes d’Oscar Wilde :
babelio.com/livres/Russell-Fairy-Tales-of-Oscar-Wilde-tome-1–The-Selfish-Gi/1098086/critiques/1752763
babelio.com/livres/Wilde-Fairy-Tales-of-Oscar-Wilde-tome-2–The-Young-King/1102629/critiques/1769718
babelio.com/livres/Wilde-Fairy-Tales-of-Oscar-Wilde-tome-3–The-Birthday-o/1105827
babelio.com/livres/Wilde-Fairy-Tales-of-Oscar-Wilde-tome-4/1074867
babelio.com/livres/Russell-The-Fairy-Tales-Of-Oscar-Wilde-tome-5–The-Happy-/1110437/critiques/1794507
Et pour Conan :
babelio.com/livres/Russell-Conan-and-the-Jewels-of-Gwahlur/830630/critiques/1017948
Pour info, le nouveau Geek Magazine contient une interview de Moorcock réalisée par mes soins (et une d’un certain Frank Miller par notre Monsieur Bruce à nous qu’on a).
j’ai bon espoir que ce Stormbringer ait une VF chez Delirium.
Moorcock, c’est un auteur qui m’a marqué. C’est à 13-14 ans que mon frangin m’a collé dans les pattes le recueil Elric le Nécromancien (avec La cité qui rêve, première nouvelle du personnage par ordre d’écriture). ça a été un gros choc. dans les années qui suivirent, j’ai lu tout ce que je pouvais trouver de Moorcock, pour le meilleur (The War Hound, et ses romans expérimentaux type Breakfast in the ruins ou The English assassin) et pour le pire (certains romans de fantasy très mineurs, ou écrits rapidement parce qu’il fallait renflouer le magazine New Worlds) et ça reste un jalon dans ma culture, qui m’a ouvert à plein de trucs.
c’est avec les Corum de Mignola que je me suis mis à la lecture de comics en VO, notamment.
Michael Moorcock est également un auteur qui m’a marqué pour Elric, un peu moins pour les autres incarnations du Champion Éternel . Gros choc avec les aventures de Jerry Cornelius, et Les Danseurs de la fin des temps.
Je me souviens qu’à l’époque il m’avait fallu patienter pour voir arriver l’édition de L’Atalante, car je lisais mes livres en français.
Bonjour Présence.
Je crois en avoir fait déjà état sur le blog, mais l’univers de Moorcock, même ses adaptations, me sont complètement inconnus. Etrangement j’ai peu de véritable culture (Heroic) Fantasy à part quelques classiques et encore.
J’aime par contre à retrouver et admirer les planches de P.Craig Russell quand je les croises (souvent chez Gaiman). C’est beau.
Je trouve les planches trop chargées de texte. C’est une forme narrative avec laquelle j’ai du mal actuellement. Sauf si c’est le texte intégral qui est illustré.
Très bon article.
LA BO : pas mon trip du tout mais j’ai bien rigolé.
A la lecture, le volume de texte se ressent, et dans le même temps c’est en phase avec la vision qu’en donne Philip Craig Russell. Du coup, la cohérence narrative donne sens à cette forme.
Michael Moorcock, c’est de l’Heroic Fantasy, c’est aussi de la science fiction. Son Héroic Fantasy se teinte souvent d’autres saveurs, celle de al décadence d’un romantisme morbide, sans oublier un destin peu clément. Même quand il écrit vite et court (pour renflouer les caisses comme expliqué par Nikolavitch), il subsiste un léger parfum personnel.
Les Hawkmoon, écrits en un temps record, posent un univers assez dément, par exemple, même si les péripéties sont un peu convenues.
J’ai redécouvert les Hawkmoon au travers de l’adaptation de James Cathorn : je me suis rendu compte du caractère dément de l’univers.
je suis revenu là-dessus dans l’interview, d’ailleurs. Sur l’ironie de faire des Granbretons les méchants.
La BO : pour la petite histoire, il s’agit d’un morceau co-composé par Michael Moorcock, la lame noire (Black blade) en question est bien sûr Stormbringer.
Le chanteur joue le rôle d’Elric se lamentant sur la malédiction qu’est sa vie, et parlant de son rôle de Champion Cosmique, maniant une épée qui continuera de tuer jusqu’à la fin des temps.
Après le passage instrumental, c’est Stormbringer elle-même qui prend la parole et qui déclare que son maître (Elric) est son esclave.
The black blade
Forged a million billion years ago
My cosmic sword goes on for eternity
Carving out destiny
Bringing in the lords of chaos
Bringing up the beasts of Hades
Sucking out the souls of heroes
Laying waste to knights and ladies
My master is my slave
Ha ha ah ha ah ha!
Oh là là…
Je passe dire bonjour parce que de l’heroic fantasy non traduite, c’est vraiment pas ma came.
Est-ce que Russel s’est exprimé sur l’affaire Gaiman ?
Je ne sais pas s’il s’est exprimé que les accusations portées à l’encontre de Neil Gaiman, et l’incidence que ça peut avoir sur les ventes des ouvrages pour lesquels ils ont collaboré.
En règle générale je suis très fan de P. Craig Russell et notamment de ses adaptations. Mais alors là, visuellement pas du tout. Ce parti-pris enfantin va en tout point à l’encontre de la vision noire et désespérée, « désossée » façon charnier que j’ai de cet univers. Pour moi, Elric est un cadavre ambulant, déjà-mort, beau uniquement quand on est orienté gothique, c’est-à-dire décharné, musculeux façon squelétique morbide à la Bruce Lee, et extrêmement malsain. Le scan avec le lion-bison limite kawai, par exemple, est un contresens en totale rupture avec ma vision de cet univers.
Quand tu écris « S’il a lu le roman, le lecteur découvre une adaptation fidèle, qui lui donne à voir ce que son imagination lui a sûrement dépeint sous une autre forme. S’il est allergique à cette idée, il se sera tenu à l’écart de cette adaptation« , ça me correspond parfaitement.
Et moi qui suis, je le répète, en général un gros fan de P.Craig Russell, je me tiendrai à distance de ce machin, c’est sûr et certain. C’est un peu comme si on adaptait Conan le Barbare avec le dessin de Skottie Young et qu’on me demandait d’y aller, tiens…
La BO : Je ne me suis encore jamais décidé à entrer dans l’univers de Blue Öyster Cult. Mais j’avoue que, chaque fois que j’en écoute un extrait, ça passe étonamment bien !
Il m’aura fallu du temps pour accepter cette interprétation visuelle de Philip Craig Russell, et ce dès la première adaptation avec Roy Thomas, alors même qu’elle était dépourvue de cet effet enfantin. Avec le temps, j’ai apprécié l’approche générale qui permet de sortir des conventions visuelles classiques de l’Heroic Fantasy, pour quelque chose qui m’apparait malsain, et qui sait faire voir la sorcellerie sous une forme étrangère à l’humanité.
Juste pour le plaisir : en effet, P. Craig Russell a réalisé une histoire de Conan dans une veine visuelle très proche. 😀
babelio.com/livres/Russell-Conan-and-the-Jewels-of-Gwahlur/830630/critiques/1017948
D’un autre côté, pour être honnête, je suis dépourvu d’imagination visuelle, du coup l’effort pour m’adapter à cette interprétation était moins conséquent que pour toi.
J’aime beaucoup Blue Öyster Cult, en particulier :
– Secret Treatiesn (1974)
– Agents of fortune (1976)
– Spectres (1977)
– Cultösaurus Erectus (1980)
– Fire of unknown origin (1981)
– ETL (ExtraTerrestrial Live), 1982
– Imaginos (1988)
Merci Présence pour la présentation et tes réflexions. Bravo à Bruce pour l’édition VF, j’ai bien ri. Cependant, pas certain que cela m’intéresse. Je trouve les scans très beaux, et je crois bien n’avoir aucun P. Craig Russell chez moi (après vérification, juste des épisodes dans FABLES et SANDMAN), mais comme Tornado, je n’accroche pas du tout à cette vision. Autant sur Corum (toujours pas finie, ni les apparitions d’Elric chez Conan) je trouve que Mignola donne un aspect suranné qui colle bien à cet univers magique, autant ici ça ne va pas avec Elric comme je l’imagine. Et si en plus le texte du roman est repris presque en entier, cela ne va pas me donner envie… J’ai lu tous les romans au moins deux fois (traduits) et je préfère nettement l’adaptation de Blondel, qui fait plus bd qu’illustrations avec des textes. J’ai le Death Dealer original (lion bison kawaï, c’est un peu fort, Tornado, mais tu n’as pas totalement tort) en ce moment comme fond d’écran tiens.
La BO : oui, Moorcock a écrit des chanson pour BOC, on en reprend une avec mon groupe, Veteran of the Psychic Wars.
youtube.com/watch?v=jGKNaIXtBZQ
Je me demande combien il a écrit de chansons d’ailleurs… Ici le choix de chanson est donc parfait puisque comme tu l’as souligné, elle parle de Stormbringer et Elric. Mais je n’ai pas du tout accroché. Je ne suis pas fan de ce groupe même si je ne le trouve pas repoussant, disons que ça passe mais je n’ai pas d’affinités.
Toujours pas trouvé le Geek Magazine mais il faudra, j’ai trop envie de lire ces articles et surtout l’interview de Moorcock par Lavitch.
Ma version préféré de Veteran of the psychic wars (un chanson que j’aime énormément) est celle qui figure sur ETL (ExtraTerrestrial Live), 1982, pour le solo de guitares magique :
youtube.com/watch?v=FmC7N6lmTOI
Michael Moorcock a coécrit trois morceaux avec Blue Öyster Cult :
– The great sun jester, sur l’album Mirrors (1979)
– Black Blade, sur l’album Cultösaurus Erectus (1980)
– Veteran of the psychic wars, sur l’album Fire of unknown origin (1981)
Moorcock a également collaboré avec le groupe Hawkwind, en particulier :
– Warrior on the edge of time (1975)
– The chronicle of the black sword (1985)
wikipedia.org/wiki/Michael_Moorcock#Music
Merci encore pour les précisions ! Il faut que je lise le pavé avec les Jerry Cornélius que mes enfants m’ont offert.
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