Expérience exigée (Weapon X)

Weapon X par Barry Windsor-Smith

Par : JP NGUYEN

VO : Marvel

VF : Semic/Bethy/Panini

1ère publication le 17/10/16 -MAJ le 05/02/22

Les origines du mutant aux griffes redoutables (y compris pour la corner box à gauche)

Les origines du mutant aux griffes redoutables (y compris pour la corner box à gauche)©Marvel Comics

Personnage à la popularité grandissante dans les années 80, Wolverine était un X-Man entouré de mystère. A proprement parler, ses seuls pouvoirs de mutant sont des sens sur-aiguisés et un « facteur guérissant », lui permettant de récupérer des pires blessures à une vitesse prodigieuse.

Ah ? Mais alors, son squelette indestructible et ses griffes en adamantium, avec lesquels il nous bassine si souvent, ça ne faisait pas partie du package initial ? Ben non, ça, c’était de la customisation… Weapon X, écrit, dessiné et mis en couleurs par Barry Windsor-Smith, raconte justement comment Wolverine a acquis son squelette et ses griffes d’adamantium.

Initialement publié en VO dans la revue bimensuelle Marvel Comics Presents de mars à septembre 1991, dans treize chapitres de 8 pages, l’histoire a depuis été rééditée à plusieurs reprises en album relié.
Le Boss vous en avait déjà parlé dans les premiers temps du blog, mais cette œuvre de qualité méritait bien qu’on revienne dessus. Voilà donc un deuxième regard sur ce comicbook.

Protocole expérimental : le sujet souhaitant poursuivre la lecture de l’article doit disposer d’une tolérance élevée aux spoilers.

 Un héros mis à nu

Un héros mis à nu ©Marvel Comics

Avant la parution de Weapon X (l’Arme X en VF), le passé de Logan alias Wolverine (ou Serval pour les vieux franchouillards) était assez brumeux. Il avait été retrouvé nu, errant dans la neige, par un couple de jeunes mariés canadiens, James MacDonald et Heather Hudson, futurs membres de la Division Alpha, l’équipe de super-héros du Canada.

Les Hudson l’aidèrent à sortir de l’état animal et il intégra le Département H, l’agence du gouvernement canadien dévolue aux affaires méta-humaines. Après avoir combattu Hulk, le titan vert, et Wendigo, une grosse peluche blanche et anthropophage dans Incredible Hulk 180, il se fit débaucher par le professeur Xavier et rejoignit les « nouveaux » X-Men d’alors dans Giant-Size X-Men 1, paru en 1975.

Premier chapitre : l’équipe scientifique se constitue pendant que Wolvie fait des rêves prémonitoires. Une narration éclatée, elliptique… et réussie

Premier chapitre : l’équipe scientifique se constitue pendant que Wolvie fait des rêves prémonitoires. Une narration éclatée, elliptique… et réussie©Marvel Comics

En 1991, au fil de ses aventures au sein des X-Men et des mini-séries qui lui ont été consacrées (et notamment la toute première en 1982 avec Frank Miller au dessin), Wolverine a atteint une nouvelle stature dans le Marvel Universe, et ce, bien que le personnage ne mesure qu’environ un mètre soixante… Il possède sa série régulière depuis 1988 et fait l’objet de plusieurs one-shots, en solo (The Jungle Adventure dessiné par Mike Mignola, Bloodlust par Alan Davis) ou associé à un autre super-héros (Spider-Man, le Punisher, X-Force…), capitalisant sur sa popularité et sa posture d’antihéros ne répugnant pas à tuer.

Pour les fans jamais rassasiés du Glouton, il fallait donc produire toujours plus d’histoires de Wolverine. Et pour combler leurs attentes, quoi de mieux qu’un récit levant le voile sur le passé si mystérieux du X-Man griffu ? Chris Claremont s’étant progressivement éloigné de sa création et quittant Marvel en 1991, remercié par le rédacteur en chef Bob Harras, c’est à Barry Windsor-Smith, principalement connu comme artiste (sur Conan le Barbare et plusieurs épisodes marquants de la série Uncanny X-Men, disponibles en VO dans le recueil Lifedeath) que va revenir ce redoutable honneur.

Marvel fera le choix de pré-publier le récit dans la revue « Marvel Comics Presents », un bimensuel contenant 4 histoires de 8 pages, complètes ou à suivre. Cette contrainte de format sera plutôt bien gérée par BWS : il s’en sert pour structurer le début de son récit mais sait aussi s’en détacher pour dérouler des scènes plus longues, sans que les « raccords/cliffhangers » entre numéros ne soient préjudiciables à la fluidité de la lecture.

Alors, Logan ? Tout baigne ?

Alors, Logan ? Tout baigne ? ©Marvel Comics

On se doutait bien que Logan n’avait pas trouvé son adamantium dans une pochette surprise et le récit raconté par Barry Windsor-Smith va en faire voir des vertes et des pas mûres au petit canadien. Capturé par une organisation secrète, il devient malgré lui le sujet de l’Expérience X : un projet scientifique visant à injecter de l’adamantium dans le corps humain mais aussi des faux souvenirs afin de parvenir au contrôle mental de potentiels super-assassins.

Si le complexe où se déroule l’histoire regorge de gardes anonymes, BWS se concentre sur le casting resserré de l’équipe de recherche : le Professeur, un chauve à lunettes profondément antipathique, le docteur Cornelius, un barbu au passé trouble et Carol Hines, la secrétaire très observatrice mais plutôt effacée. Alors que Logan est réduit à l’état de rat de laboratoire, bardé d’électrodes pour le monitorer, filmé sous toutes les coutures, nos vaillants scientifiques échafaudent des théories, valident des hypothèses et se congratulent des « progrès » réalisés dans leurs travaux.

Non, les choses ne vont pas se tasser pour le pauvre Logan…

Non, les choses ne vont pas se tasser pour le pauvre Logan… ©Marvel Comics

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », Weapon X est une très bonne illustration de la maxime de Rabelais. La dérive scientiste manifeste du Professeur et de son équipe révèle ce qu’il peut y avoir de pire chez des chercheurs dépourvus d’éthique. Pour reprendre le parallèle avec la Shoah établi par le Boss dans son article, ce récit est une parabole glaçante sur « ce qu’un homme est capable de faire à un autre homme ». Paradoxalement, Logan, régressant à un état sauvage, se montre plus humain que ses bourreaux. Il refuse sa condition de marionnette et reprend le contrôle de son existence.

Son ennemi le Professeur est assez détestable, avec une personnalité de psychopathe (il envoie sciemment un laborantin à la mort pour tester l’humeur de Logan). Dénué d’empathie, il énonce ses observations cliniques, méprise et manipule son équipe tout en se comportant comme un insupportable chefaillon. Son humanité se manifeste seulement à travers sa vanité quand à sa réussite professionnelle et sa couardise face à la mort. Avec un tel leader à la tête des humains, le lecteur est d’autant plus enclin à se ranger dans le camp de la bête, ce cher Wolverine qui ne porte pas encore son nom.

L’Arme X, à la frontière du fauve et de l’humain, magnifiquement croqué par BWS

L’Arme X, à la frontière du fauve et de l’humain, magnifiquement croqué par BWS©Marvel Comics

Pour recouvrer sa liberté, Logan doit notamment écarter de sa route un tigre de Sibérie, envoyé par le Professeur pour éprouver la puissance de l’arme qu’il a forgée. Le Tigre, nous avons eu l’occasion de l’évoquer dans un autre article, reste un des prédateurs les plus emblématiques et charismatiques du règne animal. Le triomphe de Logan sur le Tigre, qui succède à d’autres victoires, plus tôt dans le récit, face à des loups et un grizzli, place notre griffu tout en haut de la chaîne alimentaire. Sans l’énoncer explicitement, BWS démontre que Logan, agent gouvernemental à la dérive au début de l’histoire, est bien devenu « le meilleur dans sa partie ».

La narration implicite, les ellipses, les allusions constituent un des points forts du comicbook. Là où d’autres auraient maladroitement voulu tout montrer, tout expliquer, BWS parvient à préserver le mystère tout en le dévoilant ! Pour autant, on ne se sent pas floué avec des révélations bidons façon Scooby-Doo dont se rendront coupables des scénaristes comme Daniel Way ou Jeph Loeb. BWS laisse simplement des pistes ouvertes. Il révéla d’ailleurs dans une interview au magazine Wizard qu’il avait inclus une allusion permettant de relier l’Expérience X à un ennemi majeur des X-Men : Apocalypse ! C’était l’idée initiale de Chris Claremont et BWS avait eu l’élégance de laisser cette porte ouverte au cas où papy Claremont souhaiterait un jour revenir raconter cette histoire.

Le Boss caché du Prof aurait pu être… Apocalypse !

Le Boss caché du Prof aurait pu être… Apocalypse !©Marvel Comics

Si le scénario de Weapon X est bon, il prend incontestablement une autre dimension grâce aux illustrations. Le trait de BWS, qui a ses débuts singeait Jack Kirby, avait atteint la pleine maturité. Les fans Marveliens avaient pu admirer ses one-shots d’Uncanny X-Men, avec des pages fourmillant de détails et des personnages d’une grand expressivité. Les vieux marvelophiles français auront aussi en mémoire un superbe dessin en buste de Wolverine, au dos de la revue « Version Intégrale » de Serval… Ici, il assure dessin, encrage et mise en couleurs. Ses décors de laboratoire comportent une profusion de câbles enchevêtrés et de consoles, boutons, leviers au fonctionnement abscons. Piégé au milieu de toute cette machinerie mortifère, Logan est le fauve acculé mais mortellement dangereux, dont le regard brûle d’un feu indomptable, d’une intensité formidablement capturée par le dessin de Barry Windson-Smith.

L’implication totale de l’auteur sur la partie graphique confère au récit une atmosphère unique et renforce le côté immersif de ce huis-clos dans le complexe déshumanisé de l’Expérience X. La froideur des lieux est aussi évoquée à travers la palette de couleurs utilisée par BWS, qui fit des merveilles malgré les contraintes techniques d’impression de l’époque (qui plus est pour Marvel Comics Presents, une revue imprimée sur un papier très basique).

Un duel de fauves magnifié par la patte de BWS

Un duel de fauves magnifié par la patte de BWS©Marvel Comics

Malgré toutes ces qualités, on pourrait ressortir un peu frustré de cette expérience (X) de lecture. Comme dit plus haut, le récit est elliptique et BWS laisse planer plusieurs zones d’ombre. Quelque part, il ne livre pas tout à fait ce que le lecteur pouvait attendre (de belles origines pour Wolverine, précises et cadrées, des détails sur sa vie d’avant…). Mais quand on voit ce que Jim Lee et même Larry Hama ont pu livrer à l’époque dans ce registre, dans les séries X-Men et Wolverine (des récits indigestes d’espionnage kitsch remplis de clichés), la pertinence de l’approche de BWS est indéniable : Wolverine est un personnage qui fonctionne beaucoup mieux en gardant sa part d’ombre (que ce soit par rapport à son passé ou sa personnalité).

Mais que les fans du Wolverine membre des X-Men et super-héros de son état soient prévenus : c’est un personnage bien moins reluisant qui est ici esquissé dans le chapitre d’introduction : alcoolique, bagarreur, paumé on pourrait presque être tenté de croire le professeur quand celui-ci affirme que l’Expérience l’a révélé à lui-même et a donné un sens à sa vie…

Weapon X raconte les origines d’un surhomme qui a été réduit à l’état de sous-homme par des scientifiques ivres de leur toute puissance. En choisissant de traiter l’histoire sous cet angle, Barry Windsor-Smith a livré bien plus qu’un simple travail de commande : un récit ambitieux, avec un sous texte intéressant et des illustrations réalisées de main de maître. Si sa relative froideur et une absence de véritable héros pourrait en rebuter certains, Weapon X n’en demeure pas moins un récit majeur dans l’histoire du mutant griffu, évitant le bourrinisme et sollicitant le cortex du lecteur, il régale aussi les pupilles par son dessin au style unique et très abouti.

Rien ne sert de courir, il faut partir à poil…

Rien ne sert de courir, il faut partir à poil…©Marvel Comics

34 comments

  • Lefeuvre  

    Weapon-X : L’équivalent pour Wolverine de ce que fut peu de temps avant, le Born Again de Daredevil (déconstruction/regénération). S’il y a d’autres aventures plaisantes à lire avec Wolverine en solo (BloodLust et quelques fameux épisodes des X-Men), celle-ci est sans doute la seule vraie bonne histoire, en longueur, jamais écrite et dessinée sur lui. La violence de Logan, comme une maladie, y trouve un contexte, des racines esquissées (ancien soldat – probable post-trauma -on est avant le désastreux « Origins ») et un théâtre d’exutoire. Pas si loin que ça du premier Rambo (First Blood) de Ted Kotcheff : Des « civilisés » (ici des savants) dévoilent peu à peu leur fascination pour le sang, en blessant une bête sauvage. L’addition va être salée.

    JP : Superbe article : Quel travail !

    Bravo.

    • JP Nguyen  

      Merci Laurent !
      Je n’avais jamais fait le parallèle entre cette histoire et le premier Rambo mais c’est effectivement pertinent… Je reviens demain pour la mini série par Claremont et Miller, sur laquelle nos avis divergent sans doute un peu, si je me remémore bien tes commentaires sur le blog de Phil…

  • Matt  

    Très bel article JP.
    C’est marrant que tu parles de frustration à la fin de la lecture. C’est un peu ce que j’ai ressenti. C’était bien mais…
    Ce n’est pas tant pour des questions d’origines imprécises, car ça, j’aime ! C’est bien pour ça que je déteste le Thanos Rising de Jason Aaron. Un perso emblématique et mystérieux comme Thanos…le voir torturer des animaux à l’école comme le péquenaud terrien moyen pendant qu’il se fait provoquer par une version de Dame Mort en mode psychopathe allumeuse incapable de fermer sa gueule…on se croyait chez Monsieur serial killer cliché du patelin du coin…
    Si c’est pour nous pondre ça, autant préserver le mystère hein.
    Bref…
    Non c’est surtout qu’au final ça raconte peu de choses et laisse des questions en suspens. Qui est en effet l’employeur du professeur par exemple ?

    Mais bon ça reste un très bon comics.
    Alors par contre je vais une fois encore être le seul à commettre un crime de lèse-majesté (comme avec Richard Corben), mais je ne suis pas plus fan que ça du trait de BWS. Surtout de ses visages qui sont très similaires. Il suffit de voir la tronche qu’il donne à Ororo dans Lifedeath…
    Sans être ratée, elle est similaire à la tronche de toutes les femmes qu’il dessine. Et même de tous les hommes presque. Un truc dans la façon de dessiner les yeux et la bouche qui font que beaucoup de persos se ressemblent. Sinon pour les décors, rien à dire, c’est la classe.

    Tiens tu mentionnes Jungle Adventure. C’est-y bien ça ?

    • JP Nguyen  

      Jungle Adventure, c’est surtout pour le plaisir de voir du Mike Mignola.
      Ca avait été publié dans un vieux RCM, packagé avec « African Saga », un crossover avec le Punisher dessiné par Jim Lee…

  • Tornado  

    Je ne l’ai lu qu’une fois, et ça commence à faire un bout de temps.
    Je me souviens d’avoir également éprouvé une certaine frustration à la fin, sans pouvoir réellement expliquer pourquoi. C’est plus une oeuvre impressionniste qu’une réelle histoire linéaire estampillée « origins » où l’on dévoilerait tous les mystères.
    Je me souviens aussi que la lecture était assez ardue, avec des planches très denses, pas toujours évidentes à déchiffrer du premier coup d’oeil.
    Mais ça reste une oeuvre, qui s’élève au dessus d’un amas de mainstream.

    On sent que JP avait à coeur de faire un article dessus. J’attends impatiemment celui sur la version de Miller. Car il s’agit d’une mini-série décriée, alors que je la trouve également très au dessus de la masse. Et ça promet des discussions enflammées s’il y en a qui commencent à s’engager sur le terrain « le personnage il a dit ça alors c’est pas bien », sachant combien cet argument m’énerve lorsque le comics en question est hyper bien foutu niveau mise en forme ! 😀

    • Matt  

      Ah bon ? C’est une mini série décriée celle de Miller ? Je l’aime bien aussi, moi.
      On parle bien des 4 épisodes au Japon hein ?

  • JP Nguyen  

    Et bien figure-toi Tornado, qu’à l’origine je ne tenais pas particulièrement à re-chroniquer cette oeuvre !
    C’est le boss qui m’a commandé ce reboot pour accompagner l’article de demain… La première fois que j’ai lu Weapon X, j’en étais ressorti mi-figue mi-raisin…
    Mais au fil des années, vu toutes les sombres merdes dans lesquelles Wolverine s’est commis, l’aura de Weapon X s’est ravivée. Et BWS est un maitre du dessin. Du coup, en m’attelant à la tâche, je devais rendre un digne hommage à ce comicbook (en plus, la chronique va me permettre de glisser un jeu de mots bien vaseux dans Figure Replay…) !

    • Matt  

      Personne a relevé que je lui reproche des trucs au « maître » ?^^
      On va finir par croire que je fais exprès d’aller contre la tendance mais je n’aime pas les tronches de BWS, ni le style flippant et plein de problèmes de proportions (voulus ?) de Richard Corben.

  • JP Nguyen  

    Si, si, Matt, j’avais bien vu ton précédent commentaire, mais ça reste ton point de vue, ni juste ni faux, une appréciation subjective sur les tronches de BWS. Si j’y réfléchis, ok , ses visages sont souvent très similaires mais… je m’en fiche ! Il a un tel style que ça passe au second plan ! Sa patte est tellement marquée qu’il m’embarque dans son univers graphique alors que dans certains cas, sur du mainstream, on reste à quai car le dessinateur est techniquement bon ou passable mais sans personnalité.
    Ce n’est pas parce que je le considère comme un « maître » que je pense que tout le monde doit aimer son style. En revanche, il serait envisageable de tous reconnaître qu’il touche pas mal sa bille en dessin…

    • Bruce lit  

      Merci JP d’avoir relevé le défi haut la main. WX a enfin un article digne de ce nom, le mien tout en ellipses rédigé alors que j’avais encore mes dents de lait ne lui rendant pas justice.
      Je garde un souvenir très fort de cette lecture. Un sentiment claustrophobique et d’oppression sans égal. C’est une oeuvre cauchemardesque bien plus violente et sombre que Born Again. Pour Matt, la renaissance est au bout de son épreuve. Pour logan, aucune rédemption n’est possible.
      Il est certes une victime, mais une victime qui massacre des soldats qui ne font « que » leurs jobs. Il n’y a aucun espoir. Le seul personnage humain reste Hines qui malgré ses réticences participe quand même à ce projet. En fait, à chaque fois que je WX, c’est à dire une fois par an, je suis frappé du syndrome de Stockholm que j’éprouve pour les personnages. Notamment envers Cornelius et Hines qui manifestent des émotions humaines, alors que pénalement, ils sont aussi responsable que le Dr Andre. Ce crétin de Charlie Soule viendra quant à lui saloper tout ça en mettant la mort de Logan en scène dans ce lieu mythique avec un Cornelius devenu fou….
      Claustrophobique, car même les planches de plein air suggère l’emprisonnement, la mort, la solitude absolue.
      Et lorsque Logan s’enfuit, il n’y a aucun soulagement à éprouver, la victoire est minime ; Logan est un homme qui refuse d’être dominé quitte à massacrer tout le monde. C’est ce qui fait la beauté du personnage de Wolverine et que peu ont compris. Wolverine est un être complexe et sauvage qui a sur la conscience ce carnage et un profond mépris de lui-même.
      J’apprends ici que BWS aurait voulu inclure Apocalypse là dedans. Heureusement il ne l’a pas fait, car cette histoire est très humaine, organique et se rapproche presque d’un conte de Poe. Il est possible d’ailleurs de le lire sans ne rien connaître des Xmen.

      Jungle Saga : une histoire assez faiblarde, voire un peu stupide. Tout comme Not dead yet de Ellis.

      • PierreN  

        @Bruce: Ce qui explique mieux la présence d’Apocalypse de son double plutôt) dans Jungle Adventure. C’est donc pour cela que Simonson avait inclut une scène avec un crâne recouvert d’Adamantium dans cette histoire…

      • Matt  

        D’un côté je suis d’accord avec Bruce sur le fait qu’Apocalypse n’était pas nécessaire dans cette histoire.
        Mais d’un autre côté, s’il avait été présent, ç’aurait fait une bonne histoire à mettre sur son CV à ce méchant plus souvent ridicule que menaçant.

      • Matt & Maticien  

        je confirme. c’est un très bon récit pour commencer puisque c’est sans doute un de mes premiers comics lu. j’insisterai sur le caractère mythique de cette histoire au sens fort du terme. un demi dieu est créé… Cette fois ci par les hommes. cela dénature en partie l’homme et lui confère ce rapport si étrange à notre réalité. la genèse scientifique d’un demi dieu en laboratoire est un moment de belle tension narrative. je me souviens qu’à la lecture, les bruits du laboratoire m’avait marqué. omniprésent, oppressant. ..

    • JP Nguyen  

      Vivi, Matt, j’avais compris. Mais comme tu es friand de débats, j’essayais de remettre des sous dans la machine. ..

  • Matt  

    Est-ce qu’il y a une édition meilleure que les autres au passage ? J’entends par là sans les points de trame visibles à l’image, sans une traductrice douteuse, et avec un rendu des couleurs pas trop flashy ?

    Parce que là sur les scans ça semble plus joli en VO les « bulles » de texte que la version que j’ai eu entre les mains.
    Les couleurs aussi. Quoiqu’encore un peu vives quand même. J’avais trouvé ça curieux d’ailleurs qu’il y ait autant de couleurs vives comme si le laboratoire était une boite de nuit.

    • Bruce lit  

      @Matt: l’edition Panini récente est très correcte.

  • Tornado  

    J’aime beaucoup BWS entant qu’artiste. Mais je respecte l’avis de Matt car dieu sait combien de fois je suis resté incrédule devant le succès de certains dessinateurs (Steve Dillon, Paul Smith, Pia Guéra, Stephen Sadowski).

    Bon, après, je suis convaincu qu’il faut se méfier d’un certain « effet mouton » colporté par la tribu des fans de comics. Par exemple, il aura fallu qu’un internaute US complètement débile mais prétentieux qualifie le style de BWS de « Préraphaélite » pour que des hordes de lecteurs relaie le sobriquet en boucle.
    Le Préraphaélisme est non seulement un mouvement artistique très compliqué à définir (aucun des préraphaélites n’avait le même style ! c’était juste une philosophie ultra spirituelle qui a été rapidement rendue obsolète par l’avènement de la modernité) mais, surtout, il ne correspond en rien au style expressif et plein d’aspérités de BWS !

    Voilà le type de phénomène colporté qui m’insupporte…
    Bon, de mon côté, je ne suis pas un fan de Jack Kirby (je l’étais pourtant quand javais 10 ans) alors, dans le genre à qui on va jeter des pierres dans la gueule…

  • Matt  

    Celui de Coffin Hill ?
    La BD me tentait. Mais j’attends une fin…

    L’ennui de l’effet mouton, ou tribu…ou tribu de moutons…c’est qu’il va dans les 2 sens.
    Je n’ai aucune envie de déclencher un mouvement anti BWS. Mais me conformer au consensus comme quoi c’est un dieu vivant alors qu’il y a des trucs qui me gênent dans son style…ben…j’ai pas envie en fait !

    Mais le pire c’est Corben. En fait je ne comprends pas quand un artiste est unanimement reconnu comme génial. Il y a quelque chose de sain dans le fait que les gens soient partagés. Je suis conscient qu’il sait tenir un crayon et que ses décors peuvent être magnifiques…mais les humains…sérieux ! Que ce soit volontaire ou pas, c’est à vous filer des cauchemars. Et j’ai un mal fou à comprendre comment un mec qui a un style si particulier puisse faire l’unanimité. ça doit bien déplaire à des gens quand même…

    • JP Nguyen  

      Et bien Matt, BWS nous sépare, mais Corben nous réunit ! Moi non plus, je ne suis pas trop fan de son trait… Il dessine beaucoup de persos moches ou effrayant (ou les deux…)
      Ceci dit, je fais quand même une différence entre les artistes ayant un vrai style maîtrisé, qui peut ne pas faire l’unanimité, et les habiles faiseurs, qui sont déjà bien au-dessus du dessinateur amateur mais dont le travail est sans âme.
      Et puis il y a Rob Liefeld, une catégorie à lui tout seul… (c’est moche, pas maitrisé mais mais… ça finit par laisser son empreinte !!!)

      • Matt  

        Ouais.
        Pour les habiles faiseurs, j’sais pas…ils peuvent parfois faire des choses plus proches de nos goûts qu’un artiste avec un style singulier.
        Je trouve parfois qu’il y a un petit côté snob chez les gens qui rejettent les « beaux dessins » sous prétexte que ça ne révolutionne rien. Tout le monde n’a pas besoin de tout révolutionner non plus. ça peut suffire aux gens que ce soit agréable à voir. Et puis on pourra toujours me dire qu’Eddie Campbell dans From Hell a un vrai style, je lui préférerais toujours un Philippe Buchet sur la série jeunesse Sillage par exemple (je prends volontairement des BD diamétralement opposées)
        Après on peut faire la différence, oui…mais reconnaître des styles originaux ne jouera en rien sur ma façon de les apprécier si je trouve ça laid. Et heureusement qu’il y en a qui tentent des styles originaux. Mais de là à faire du favoritisme juste parce qu’ils font du nouveau, du bizarre, etc…

  • Présence  

    On avait dit : pas le physique. Ce n’est pas fair-play d’insister sur le fait que Logan en mesure que 1,60m.

    Avec le recul, le choix d’avoir publié cette histoire par petit bout dans Marvel comics presents apparaît un peu étrange.

    Doit-on comprendre de ta remarque acerbe que tu as lu les épisodes de Daniel Way ? Jusqu’ici, c’est un défi que je ne pense pas être capable de relever.

    Je suis un fan inconditionnel de Barry Windsor Smith sur cette histoire, comme sur épisodes des X-Men (sauf le dernier qu’il n’a pas encré lui-même) et sur les 3 séries de Storyteller (voir l’article présent sur ce site pour Young Gods). Comme JP, je trouve que BWS a fait pour le mieux avec les limitations techniques sur les couleurs, et qu’elles ne sont pas à prendre sur un plan figuratif, mais de manière expressionniste.

    Dès que Bruce m’en donne l’occasion, j’encenserai de nouveau Richard Corben. 🙂

  • Jyrille  

    Je n’ai jamais lu cette histoire et je n’ai jamais lu de BWS non plus. Je vais relire l’article de Bruce et tâcher de me trouver ces quatre épisodes sur le plaine pour me faire une idée.

    JP, ton article est très précis et très intéressant (en plus d’être bien écrit comme toujours) mais tu ne dis pas qui a créé le personnage de Wolverine au départ…

    Pour le dessin je reviendrai car il m’attire et je suis content que Matt parle de Buchet sur Sillage (je suis justement en cours de relecture puisque je les lis à ma fille le soir en ce moment).

    • JP Nguyen  

      « mais tu ne dis pas qui a créé le personnage de Wolverine au départ… »
      Mais si, Cyrille ! puisqu’on te dit que ce devait être Apocalypse !
      Comment, je réponds à côté ?

  • Jyrille  

    Je ne connais donc pas BWS mais je dois avouer que je trouve les dessins ici (et sur l’article de Bruce) vraiment très intéressants et flamboyants. Le scan avec la légende Tout baigne est impressionnant. Pour te répondre, Matt, je ne suis pas un fan de « beaux dessins » mais en fait si, tout dépend de ce que tu vois par là. J’adore les dessins de Buchet, ils ne révolutionnent rien mais sont agréables et bien réalisés, sans erreurs d’anatomie, avec beaucoup de dynamisme et d’inventivité.

    Ce que je ne supporte pas, c’est le beau dessin creux, sans personnalité, et qui a oublié d’être d’abord une idée pour être une pose ou de l’esbrouffe. Peu importe le style, le dessin doit vouloir dire quelque chose, transpirer une personnalité. Dans le cas contraire, c’est sans intérêt pour moi. C’est aussi pour ça que je peux apprécier des dessins moches ou repoussants ou trop simplistes.

    Je ne connais pas assez Corben mais je crois penser qu’il n’a jamais été aussi impressionnant que sur son Den. Pourtant, les épisodes de Hellblazer et du Punisher qu’il a illustrées et que je viens de lire sont impressionnantes et volent un peu au-dessus du tout venant des illustrateurs de comics, mais ce n’est peut-être qu’un ressenti.

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  • Jyrille  

    Ca y est je l’ai lue. Quelle bonne idée de l’avoir sortie en grand format, le même que celui de l’histoire Dr Strange et Dr Doom ! Avec une traduction de M. Alex Nikolavitch, en plus.

    Et bien je dois avouer que je ne m’attendais pas à autant de cruauté et de violence. Ni même à un récit aussi obscur et déroutant : je n’ai pas bien saisi la fin je pense, ou bien le doute entre le réel et l’imaginaire m’a bien contaminé (le scénario est finaud). En tout cas j’ai adoré. C’est une très grande bd (et pas que par le format), c’est intense mais au scénario fort : simple, sans artifices, mais avec un traitement adulte, que ce soit dans la narration, les dialogues, les bulles de pensées annihilées ou les thèmes. Et bien sûr, un dessin apocalyptique, qui m’a plus rappelé les oeuvres de Moebius et Druillet que du comics mainstream. Pas forcément dans le trait, mais dans le cadrage, le foisonnement de détail, le découpage et l’encrage : quelque chose de vraiment organique, même pour toute cette technologie. La preuve que BWS est un grand dessinateur tient sur la planche avec Wolvie qui massacre le tigre : c’est un très bon dessinateur animalier.

    Je n’ai pas bien compris si tout le squelette avait été remplacé ou s’il n’avait été que recouvert d’adamantium.

    J’ai relu vos articles, Bruce et JP : vous avez raison sur toute la ligne. Merci beaucoup pour tout !

    • PierreN  

      Maintenant il ne te reste plus qu’à découvrir Lifedeath du même dessinateur (mais avec Claremont au scénar), dans un registre plus intimiste mais pas dénué de tensions.
      Forge n’a jamais retrouvé à mon sens le charisme qu’il avait dans cette histoire, et Ororo a continué son chemin en devenant le personnage le plus intéressant à suivre de la série sur la durée, pendant un temps du moins.

      • Jyrille  

        Je note mais je serai sans doute moins intéressé : ici, comme le souligne Bruce, c’est une histoire qui peut être lue sans rien d’autre, un one shot, avec un thème fort et simple, c’est totalement maîtrisé. Alors qu’un histoire de X-men tout de suite, ça me parle moins. Quoique je me tâte pour compléter le Wolverine and the X-men de Aaron (j’ai les deux premiers tomes en VF).

  • Léo Vargas  

    Salut camarade,

    Tout est dit dans cet excellent article.
    L’homme épris de liberté est devenu un rat de laboratoire et le parallèle avec la Shoah est saisissant.
    Oui, l’homme est capable du pire envers son espèce et c’est un thème récurrent dans le cinéma par exemple.
    Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle, toute proportion gardée, avec le film Martyrs où de jeunes filles sont réduites à l’état de pantin face à leurs bourreaux tous puissants…

  • Alchimie des Mots  

    Oh là là ! Cela me rappelle à quel point nombreux RCM Serval sont magnifiques !!!!
    Bon j’avais déjà fait mes derniers achats mais vous ke laissez plus le choix!!!🤣

  • Seb  

    Génial, je vais l’acheter grâce à votre mise à jour.

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