Et Si… Tu Regardes Dans L’Abîme…

UN JUSTICIER DANS LA VILLE (DEATH WISH)

Par TORNADO

 En “Rouge et Noir”, qu’elle chantait, l’autre… © Columbia Pictures

En “Rouge et Noir”, qu’elle chantait, l’autre…
© Columbia Pictures

Cet article est consacré au film UN JUSTICIER DANS LA VILLE (DEATH WISH), réalisé par Michael Winner en 1974.

Puisque nous sommes chez Bruce Lit et que le personnage du PUNISHER from Marvel est l’un des chouchous de plusieurs contributeurs du blog (alors que pour les autres c’est un peu « Je T’aime Moi Non Plus »), nous ne manquerons pas de faire le parallèle entre le film de Michael Winner et la genèse de ce personnage de papier…

Une dernière précision : cet article est ponctué de nombreux extraits du film, la plupart en VF. Ils divulgâchêttent beaucoup d’éléments dans la mesure où ils représentent les scènes-clé du film. Ceux qui désirent voir le film sans se le faire spoiler sont donc invités à ne pas trop les regarder.

https://www.youtube.com/watch?v=t-vMogrHwSE
Une introduction bucolique (en VO).
Jusqu’ici, tout va bien (no spoil)…
© Columbia Pictures

WHAT IF…
ET SI…

Et si le vrai Punisher c’était Charles Bronson ? Comment ça n’importe quoi ?
Ok…
Retour en 1972 :

Tout commence par une histoire vraie : Brian Garfield, écrivain américain, vient de se faire braquer sa voiture et, dans le même temps, sa femme se fait voler son portefeuille dans le métro. Ces deux incidents, quoique anecdotiques en apparence, traumatisent le romancier, qui va réaliser son exutoire en rédigeant d’une traite la nouvelle DEATH WISH (publiée en France sous le titre A DEGUSTER FROID).

Deux ans plus tard, le bouquin de Garfield est adapté au cinéma sous le titre éponyme qui nous intéresse ici (rebaptisé UN JUSTICIER DANS LA VILLE en VF, donc).
Je n’ai pas lu la nouvelle mais apparemment le scénario du film de Michael Winner est assez fidèle, changeant ça et là quelques détails (le nom du personnage, son métier, ainsi que la forme des meurtres et la toute fin de l’histoire), mais en préservant les grandes lignes.
Passons donc sans transition au film, ce dernier étant nettement plus populaire avec ses vingt-deux millions de dollars de recettes.
Le pitch : Paul Kersey, un architecte new-yorkais placide et bienpensant, démocrate en diable, est confronté à une terrible tragédie : Sa femme a été battue à mort et sa fille violée jusqu’à la folie (laissée à l’état de légume) par une bande de délinquants qui n’ont jamais été retrouvés.
Sa vie bascule jusqu’à lui faire perdre pied. Au détour d’un voyage en Arizona, sa rencontre avec l’Amérique conservatrice, propice à célébrer les armes à feu, va lui donner l’envie de zigouiller un maximum de malfrats. C’est le commencement d’une descente aux enfers qui va rapidement défrayer la chronique…


La longue séquence qui mène au massacre et au viol de la famille Kersey.
Remarquez le jeune Jeff Goldblum, dans son premier rôle.
© Columbia Pictures

A l’époque de sa sortie, le film de Michael Winner a fait scandale, quand beaucoup y ont vu une apologie de la violence et de l’auto-défense. Les détracteurs de la bobine ont évidemment préféré s’adonner à la bienpensance facile, histoire de briller en société, plutôt que d’essayer de bien comprendre le film, qui présente pourtant le personnage principal (interprété par Charles Bronson) au début du métrage, dans une posture morale similaire à la leur !

Le scénario soulève de nombreuses questions : Que faire lorsque la justice ne fait rien ? Comment peut-on continuer à vivre sans pouvoir assouvir sa vengeance ? Quel est donc ce pays qui, hier encore s’était construit sur les règlements de comptes à OK Corral et qui, aujourd’hui, s’embourbe dans une justice proche de l’inertie, sclérosée par une institution où l’on laisse passer les crimes, mais pas leur punition (la police va déployer nettement plus de moyens afin d’arrêter le justicier, qui fait la une des journaux, qu’elle en avait mis pour les meurtriers anonymes de sa famille) ? Mais pour autant, est-ce en cherchant à faire justice soi-même que les choses peuvent changer ?

Je m’étonne toujours autant que le film ait pu générer une telle polémique dans le sens où jamais il ne joue les donneurs de leçon, ni dans un sens (apologie de l’auto-défense) ni dans un autre (bienpensance et condamnation du justicier). UN JUSTICIER DANS LA VILLE préfère au contraire dérouler un engrenage diabolique et absurde, transformant son personnage principal (lequel ne verbalise jamais sa démarche) en pantin pathétique cherchant désespérément un exutoire à son désespoir, tandis que sa quête demeure désespérément vaine…

 Une affiche VF qui ne manque pas de capitaliser sur la popularité de l’acteur… © Columbia Pictures

Une affiche VF qui ne manque pas de capitaliser sur la popularité de l’acteur…
© Columbia Pictures

Il y a pourtant matière à réfléchir (c’est-à-dire à ne pas aller trop vite en besogne dans la condamnation du pitch) : Au départ, Kersey n’est nullement disposé à la violence, comme en témoignent ses idées gauchistes et son passé d’objecteur de conscience pendant la guerre de Corée. Ce paradoxe (le passage d’un homme résolument progressiste vers la vindicte réactionnaire illégale), particulièrement difficile à supporter pour un spectateur qui s’identifie à ce personnage, est un parti-pris évident, sciemment conçu pour rendre choquante la transformation du « héros ».
Première constatation : le script est pensé pour choquer, et non séduire !

La longue séquence qui se déroule à Tucson, en Arizona, va dans le même sens : Elle opère un retour symbolique du personnage dans l’Ouest sauvage, source de l’Amérique au temps des pionniers. Dès lors, c’est le déclic pour Kersey qui se réapproprie les valeurs antiques d’une mythologie perdue. Il faut se remettre dans le contexte de ce début des 70’s car c’est l’époque du chant du cygne pour le western au cinéma, Bronson en ayant été une figure active, tandis que l’intelligentsia américaine commence à snober le genre. Voir le héros du film revenir à New York, principal siège de cette intelligentsia, avec un vrai colt de western, manifestement contaminé par l’esprit réactionnaire de l’Amérique profonde, est une autre note d’intention assez claire.
Deuxième constatation : Le script appelle l’Amérique à se regarder elle-même droit dans les yeux, ses deux faces opposées enfin réunies…

UN JUSTICIER DANS LA VILLE arrive au cinéma à une époque charnière, après la fin des grands idéaux, mise en scène dans pléthore de films importants (LITTLE BIG MAN, LE LAUREAT, BONNIE & CLYDE), juste après l’émergence des polars réactionnaires musclés (étendard tenu par DIRTY HARRY, mais aussi par LE CERCLE NOIR (THE STONE KILLER), un film de… Michael Winner et avec… Charles Bronson), et enfin l’année même du Scandale de Watergate, période où l’Amérique commence à se méfier de ses institutions. Soit un malaise tout entier mis en exergue dans le film de Michael Winner, cinéaste enclin à ce type d’ambiance pessimiste, qui inventait ici un sous-genre du film noir : le Vigilante Movie.


La première sortie meurtrière du justicier.
Une scène naturaliste qui n’a vraiment rien d’héroïque…
© Columbia Pictures

La seconde partie du film verra Kersey trucider une douzaine de voyous, instillant le malaise chez les autorités comme chez le spectateur, partagés entre un sentiment d’admiration pour ce « justicier » et une culpabilité en regard de la loi et de l’éthique.
Mais là encore le parti-pris est assez clair : La croisade de Kersey s’avère vaine, les meurtriers de sa femme ne seront jamais retrouvés, ni par lui, ni pas la police. Et sa fille sombrera peu à peu dans le puits du néant.
Le personnage est plongé dans une solitude sans retour (comme le confirme cette scène qui le montre, lors d’une réception mondaine, préférant s’isoler sur une terrasse afin de contempler cette ville devenue son terrain de chasse). Peu à peu, Kersey finit par ressembler à ce qu’il voulait combattre en prenant goût aux actes de violence. Le plan final, qui le voit sourire à des voyous en faisant un geste du doigt comme s’il appuyait sur une gâchette, démontre que le retour en arrière n’est plus possible. Son regard de fou nous met mal à l’aise.
Troisième constatation : Le script affirme que la violence est une descente aux enfers, sans possibilité de remonter.

Le film est tout sauf réactionnaire. Bien au contraire, il invite à la réflexion en décrivant le parcours malsain d’un homme qui tombe peu à peu dans le gouffre et qui se coupe du monde pour aller au bout d’une logique autodestructrice sans fin. L’idée que le justicier ne retrouve jamais les meurtriers de sa femme est pourtant une note d’intention claire : Pas question de jouir de la vengeance ! Kersey ère indéfiniment comme une âme en peine, cherchant vainement une solution à sa chute vers la folie. Sa quête est incontestablement pathétique.

Deux éléments du scénario peuvent pourtant apporter de l’eau au moulin des bienpensants et autres SJW : Le premier réside dans ces bribes de dialogue et ces coupures de journaux qui indiquent que les ratonnades du justicier semblent faire baisser le taux de criminalité de la ville de New-York (les voyous ayant désormais peur de sortir la nuit !). Le second, mais c’est plus pervers, est d’un ordre strictement social : Un architecte descendant dans la Basse-Ville pour liquider les voyous, c’est la bourgeoisie qui s’octroie le droit de nettoyer la plèbe…
Si le premier élément peut effectivement apparaitre comme une maladresse propice à générer la vindicte chez les spectateurs les moins futés, le second ne dérangera que les plus hypocrites des soi-disant progressistes, les mêmes qui, dans les années 80, mélangeaient tout et n’importe quoi en qualifiant les bourreaux de victimes et les victimes de bourreaux. Car, une fois encore, le script est plus fin qu’il n’y parait…


Manifestement, le mal attire le mal…
© Columbia Pictures

En effet, quelle brillante idée que d’avoir fait du justicier un architecte dans le civil (dans le roman c’était un comptable) : Un homme qui possédait jusqu’ici, dans la société, le rôle de celui qui « construit » et qui soudain, après le drame, devient celui qui « détruit ». Cet élément suggère que la société américaine est fragile, tel un géant aux pieds d’argile qui peut être brisé d’un rien et voir ses valeurs s’inverser en un instant. Et que, au contraire de ce qu’ont voulu y voir les bienpensants, il n’est pas une couche de la société qui est à l’abri de cet effondrement, chaque strate pouvant affecter l’autre.
Et finalement, le fait que le justicier erre dans les bas-fonds en tirant sur le premier délinquant venu n’est-il pas la métaphore de son nouvel état : Un homme qui est tombé si bas qu’il refuse de voir la vérité en face, tirant sur ce qu’il ne veut pas devenir, pour finalement le devenir, complètement…

Tout compte fait, UN JUSTICIER DANS LA VILLE est un grand film sur la société, assez magistralement écrit et réalisé, particulièrement bien troussé par un réalisateur qui, s’il n’est pas reconnu comme un auteur (on ne le verra pas dans les bouquins de cinéma à côté de Woody Allen), continue d’être respecté pour son travail solide et techniquement irréprochable.
Dans sa forme, bien sûr, le film accuse le poids de l’âge (bien que sa récente restauration en haute-définition, à l’occasion d’une sortie blu-ray, lui ait offert un sacré coup de jeune). Mais il préserve encore des moments particulièrement puissants. La première partie, presque bucolique, est rapidement dynamitée par le meurtre et le viol sauvage dont sont victimes la femme et la fille de Kersey, le temps d’une séquence insoutenable, filmée sans empathie de la manière la plus crue. La scène du premier acte de vengeance, pratiquée sur un voyou au gré du hasard, est d’un naturalisme étouffant au possible, où l’on voit le justicier rentrer chez lui pour tomber à genoux en pleurs, avant de vomir ! Plus personne ne sait filmer une telle scène viscérale de nos jours.

La suite, qui montre les forces de police dérouler une enquête redoutable dont le justicier est la cible, ressemble davantage à un polar lambda estampillé 70’s, dans un esprit très STARSKY ET HUTCH, enrobé de la bande-son d’Herbie Hancock, fortement connotée blaxploitation. C’est la partie la moins forte et par extension la moins réussie du film.
Malgré cet aspect vieillot, que l’on peut aussi apprécier comme tel, UN JUSTICIER DANS LA VILLE demeure ce grand film sur la société, bizarrement incompris par le public auquel il semble pourtant correspondre le mieux. Ah ! c’est vrai, il n’est jamais bon de regarder dans l’abîme, surtout quand il s’agit de la sienne… (1)

https://www.youtube.com/watch?v=wlSHKyeARn8
La dernière scène du film. Avec une dernière image qui en dit beaucoup sur le point de non-retour…
© Columbia Pictures

Vous n’êtes pas encore convaincus par le bien-fondé de ces arguments ? Alors essayez donc de regarder les suites et autres remakes du film, qui sont légions.
Au début, ça va encore. Il y a tout d’abord L’ANGE DE LA VENGEANCE (1981), l’un des tous premiers films réalisés par Abel Ferrara, dans lequel le justicier est astucieusement remplacé par une jeune femme.
Mais ensuite, rien ne va plus.
UN JUSTICIER DANS LA VILLE 2, pourtant réalisé par le même Michael Winner en 1982 (il réalisera également le troisième opus), s’il n’est pas encore un navet grâce au réalisateur, réduit d’amblée tout en bouillie avec ce postulat ridicule : le même personnage, en ayant déménagé sur la Côte-Ouest pour refaire sa vie, va subir exactement le même drame que lors du premier film ! Qui plus-est, il va cette fois retrouver tous les membres ayant assassiné sa fille, faisant de cette séquelle une simple histoire de vengeance totalement dépossédée de la dimension réflexive qui habitait le premier film.
Ensuite ça dégringole encore plus à chaque suite. Normal, c’est la Cannon Group, société de production des 80’s responsable de ses blockbusters les plus débiles (COBRA, OVER THE TOP, ALAN QUATERMAIN, AMERICAN WARRIOR, PORTES DISPARUS, DELTA FORCE, LES BARBARIANS, SUPERMAN 4, LES MAITRES DE L’UNIVERS…), qui a repris le flambeau.
Quant au remake de 2016, pourtant réalisé par l’excellent Eli Roth, avec Bruce Willis dans le rôle principal, là aussi c’est la bérézina : Le héros est cette fois un médecin qui va juste retrouver un à un les responsables de la mort de sa femme. Encore une simple histoire de vengeance. Aucun intérêt.

Le pire, c’est que le pauvre Charles Bronson ne se remettra pas de cette descente aux enfers cinématographique. Car le rôle qui aura fait de lui une véritable star internationale, plus encore qu’IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, tel le rocher de Sisyphe, va lui coller à la peau au point de le piéger dans cette image de vigilante, dont il va représenter la caricature au fur et à mesure que sa carrière va s’enfermer dans cette impasse (avec cette vision croissante, à la fois dérangeante et grotesque, d’un papy sous le costume consacré…).
Cruelle ironie du sort, lorsque l’on sait que le rôle de Paul Kersey devait au départ être interprété par Jack Lemmon (l’inoubliable travesti de CERTAINS L’AIMENT CHAUD, entre autre !), sous la houlette de Sidney Lumet. Le projet ayant capoté sous cette première mouture, on envisagea alors de le proposer à Henry Fonda, le vieil acteur préférant décliner la proposition. Jusque là, notre justicier aurait eu les traits d’un « monsieur tout le monde », et non celui du cowboy viril et impitoyable qui collait déjà à la peau de Charles Bronson. Ce dernier choix fut d’ailleurs renié par l’écrivain Paul Garfield, qui regrettait que l’interprète de son personnage aie d’amblée une image aussi connotée.
Pour autant, le jeu sobre et quasiment monolithique de Bronson fait corps avec son sujet, s’accordant particulièrement bien avec cette volonté de ne pas prendre parti pour une idéologie de quelque bord que ce soit.

Mais le premier émule de notre justicier ne va pas venir du cinéma. Il va venir de la bande-dessinée, plus exactement d’un comic book super-héroïque de l’éditeur Marvel Comics où l’on ne s’attendait pas spécialement à l’y trouver : SPIDER-MAN ! C’est effectivement dans l’épisode AMAZING SPIDER-MAN #129 que le personnage du Punisher apparait pour la première fois. Ce pur vigilante, au départ une sorte de mercenaire employé (plutôt manipulé) par le Chacal, un des ennemis de Spider-man afin de liquider ce dernier, fait donc son entrée en février 1974. Sauf que le film de Michael Winner est sorti en juillet de la même année…

Alors c’est un fait : Au départ le Punisher (dont le nom civil est Frank Castle) n’est pas une déclinaison de Paul Kersey, mais plutôt de Mack Bolan, le héros d’une série populaire de romans noirs à succès intitulée L’EXECUTEUR (THE EXECUTIONER (initialement créée en 1969 par l’écrivain Don Pendleton, elle comptabilisera plus de 600 numéros !)). C’est indéniable : Tous les éléments développés dans cet arc narratif de la série AMAZING SPIDER-MAN relatifs à la figure du Punisher viennent en droite ligne de ces romans, si l’on excepte bien sûr le costume à tête de mort emblématique du personnage, pure invention liée au monde des super-héros. Ce sont le scénariste Gerry Conway et les dessinateurs Ross Andru et John Romita Sr qui inventent cette première mouture de l’antihéros.

That’s my business ? Which business ??? © Marvel Comics

That’s my business ? Which business ???
© Marvel Comics

Toujours est-il que c’est dans l’air du temps : Paul Kersey va rattraper Frank Castle au fur et à mesure que le personnage revient dans les pages des Marvel Comics, notamment après la sortie du film de Michael Winner. Car peu à peu, le Punisher évolue sous l’influence du film de Michael Winner. Bientôt, toujours dans une série dédiée à Spider-man (SPECTACULAR SPIDER-MAN #81 par Bill Mantlo & Al Milgrom, publié en 1983), les origines du justicier à tête de mort vont être développées. Avec un arrière-goût de DEATH WISH…

Les origines du Punisher sont quasiment calquées sur celles de Paul Kersey puisque c’est le massacre de leur famille respective qui les pousse à la vindicte dans un premier temps, puis à la catharsis à travers l’élimination sans fin d’un maximum de malfrats ensuite.
Air du temps oblige, encore, d’abord au milieu des années 80 (le temps de deux mini-séries réalisées par le scénariste Steven Grant et le dessinateur Mike Zeck, respectivement intitulées CERCLE DE SANG et ZERO ABSOLU), puis avec les années 2000 et une conscience plus aigue des auteurs à propos des dérives idéologiques, la caractérisation du Punisher va encore s’affiner, notamment sous la plume du scénariste Garth Ennis, d’abord avec la reprise de la série régulière sous le label Marvek Knight, puis avec sa déclinaison plus réaliste (sans l’élément super-héroïque) sous le label MAX. Ennis va apporter une dimension exceptionnelle au personnage en l’écrivant sous la forme d’un sociopathe naturellement disposé à la violence, mais dont le sens des valeurs l’empêche de tuer des innocents. Ainsi, après avoir mis ses aptitudes au service de l’armée (BORN), il utilisera le drame du massacre de sa famille pour s’autoriser à franchir la loi et s’attaquer directement aux malfrats, se substituant ainsi aux autorités en incarnant le vigilante ultime. Une âme damnée, pourtant incorruptible et toujours capable d’empathie pour les plus démunis, comme le démontrera Ennis à l’occasion de certains arcs narratifs (THE SLAVERS).

That’s my business ? Which business ??? © Marvel Comics

That’s my business ? Which business ???
© Marvel Comics

Le résultat, c’est la catharsis, l’exutoire pour le lecteur.
Evidemment, il existera toujours des spécialistes de la censure pour estimer que ces histoires vont précipiter les jeunes dans la violence, tandis que nous savons bien que c’est l’inverse. Sauf exception bien sûr puisqu’il faut toujours, par définition, que ces exceptions existent (on se souvient par exemple du cas TUEURS NES).
La plupart du temps, les films, comics, jeux-vidéo et autres médiums qui mettent en scène la violence agissent comme des exutoires et donnent corps aux fantasmes de leurs consommateurs, qui regardent des personnages de fiction les réaliser « pour de faux ». C’est ainsi que, par procuration, le Punisher nous venge de tous les salauds de la Terre en leur réglant leur compte dans des histoires de fiction. Mais attention, contrairement à ce que l’on pourrait penser, tout cela DOIT rester malsain, c’est très important, justement pour ne pas générer de vocations chez le spectateur/lecteur ! Une autre qualité à ajouter au film UN JUSTICIER DANS LA VILLE, qui refusait au spectateur de jouir du spectacle en installant un malaise du début à la fin du métrage, élément dont se souviendra Garth Ennis dans toutes les histoires qu’il aura dédiées à Frank Castle, et postulat que l’on retrouvera chez le plus bel enfant issu de ce mariage : la série TV DEXTER

La popularité du film de Michael Winner a bien évidemment fédéré d’autres déclinaisons dans la bande-dessinée, y compris sur nos terres franco-belges avec la série ARCHIE CASH, une création du scénariste Thierry Martens et du dessinateur Malik, où le héros -un justicier expéditif sud américain- arbore les traits de… Charles Bronson !

Ainsi s’achève notre article.
Mais une dernière question s’impose :
WHAT IF ?
ET SI ?

… Et si le vrai Punisher, c’était Charles Bronson ?

(1) La citation de Nietzsche dans sa version complète : « Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l’abîme regarde aussi en toi« …

L’idole des jeunes ? Bon, alors celui des quadras ? Des quinquas ? … © Netflix Source : DHGate.com https://www.dhgate.com/product/the-punisher-shirt-charles-bronson-collectible/443919563.html

L’idole des jeunes ? Bon, alors celui des quadras ? Des quinquas ? …
© Netflix
Source : DHGate.com 

BO :

53 comments

  • matt  

    « l’excellent Eli Roth »

    Koff koff ! Hein ? Quoi ?

    *va voir sa filmographie*

    Hein ? Quoi ?
    Bon ok t’as bien aimé Hostel…admettons. Mais t’as vu le reste de la filmo ??
    Le mec est un spécialiste des scénarios simplistes plein de personnages caricaturaux cons comme les pieds.

    Bon sinon c’est intéressant comme article^^ Je n’ai pas vu Death Wish cela dit.
    J’ai surtout vu des extraits du 3 dans une rétrospective qui se moquait du film qui devenait…une vraie caricature avec le mec badass cool qui descend tout le monde, et les voisins qui l’applaudissent, ce genre de truc bien concon^^
    Quant au fait que le Punisher ait évolué en parallèle de ces films, je veux bien le concevoir.
    Bon le fait est que je n’aime toujours pas ce personnage^^
    Et que la catharsis ne fonctionne pas sur moi. Pas avec ce personnage auquel je ne peux pas m’identifier, ni admirer. Pas assez humain le mec, trop froid, trop Terminator. Trop fort. Il aurait besoin de douter, de se planter plus, même s’il gagne à la fin. Les personnages sûrs d’eux ont tendance à m’agacer.

    • Jyrille  

      Ah moi j’ai détesté HOSTEL.

  • matt  

    Si j’élabore un peu sur Eli Roth : ses films sont un gros bazar
    Cabin Fever : une idée intéressante, mais plein de persos à la con, de blagues nulles, de trucs qui n’ont rien à voir avec le virus avec un cameo inutile de sa petite personne dans le film, un gosse taré qui fait du kung-fu au ralenti, pfff…ça ressemble à des trucs que tu fais avec tes potes en amateur pour déconner. Et tous les personnages bizarres ne servent au final à rien. On dirait qu’il veut juste faire des références à des rednecks bizarres qu’on peut voir dans les Massacre à la tronçonneuse ou je ne sais quoi. Et la police brûle les corps des jeunes parce que…c’est une pratique locale ? Il y a une conspiration à couvrir avec ce virus ? Aucune réponse, aucune piste ne va nulle part.

    Green Inferno : un film de cannibales plein de scènes gores dégueux…mais des personnages qui sont plus choqués par des bruits de pet que par leur pote qui se fait manger…parce que « ha ha ha » c’est drôle les blagues de pet…

    Ce mec me donne l’impression qu’il ne sait pas choisir entre film sérieux flippant ou comédie noire couillonne. Du coup il mélange plein de conneries qui lui passent par la tête.

    Je n’ai pas vu Hostel cela dit. Mais ce que tu dis sur son Death Wish rajoute encore un film naze à son actif de mon point de vue. Si au final il n’y a que son Hostel qui est bon, ça fait léger pour dire qu’il est excellent comme réal^^

    • Tornado  

      Le truc c’est que j’ai vu les deux premiers HOSTEL qui sont de bons films (ultra malsains mais c’est le but), et le très sympathique LA PROPHETIE DE L’HORLOGE (antithèse des deux précédents…). Donc je suis bien tombé apparemment… sauf pour DEATH WISH…

  • Fred Le Mallrat  

    Conway a ses exemples en tête à la création du personnage (d’ailleurs il avais posté un rappel de sa vision du Punisher quand des militaires, policiers US ou français ont été photographié avec l’emblème du perso.. rappelant que Punisher est un « méchant »).

    Potts, justement n a pas cette vision.. c est là où je dis justement que le Punisher époque Potts(Grant/Baron/Jo Duffy puis Potts sur PWJ) laisse pas mal de menu fretin en vie..e t n hesite pas à s en prendre à de riches trafficants d animaux, à la delinquance en col blanc.. et surtout aux commanditaires..
    Bronson ne s en prend qu au menu fretin…
    Pourtant Baron est trés conservateur. Je l ai appris il y a 3-4 jours en lisant une interview.. ca m avait pas sauté aux yeux contrairement à Dixon qui lui replace bien Punisher en Deathwish like.. s en prenant plus au menu fretin, aux consequences qu aux causes..
    C est là que si je n aime pas du tout Born et son ‘on nait meurtrier ».. j’adore The End de Ennis.

  • Présence  

    Je n’ai pas vu ce film… mais j’en ai beaucoup entendu parler, d’abord comme une ode à la vengeance nauséabonde, puis comme un engrenage de violence néfaste pour l’individu, et enfin comme un bon film. Ça me fait plaisir d’en lire une critique aussi détaillée qui passe tous ces aspects en revue pour une synthèse roborative. Merci d’avoir indiqué l’auteur de la BO : je me posais la question en écoutant les extraits.

    Entièrement d’accord sur le principe de la catharsis.

  • Surfer  

    J’ai vu ce film il y a longtemps lors d’une diffusion à la télé.

    Je ne sais pas quel âge j’avais à l’époque mais très certainement un âge ou j’étais en pleine construction. Je n’avais, sans doute pas, l’esprit de discernement et critique que l’on peut avoir avec un peu plus de maturité.
    Le film m’a tellement marqué que, malgré le temps qui passe, évoquer « Un justicier dans la ville » fait resurgir de mon esprit les images subliminales des scènes les plus crues.

    Ton analyse fouillée et pertinente permet d’appréhender le film sous un autre angle et me donne envie de le revoir. D’autant plus qu’il existe une version du film restauré.

    Concernant le parallèle avec le Punisher, j’ignorais qu’il avait été crée quelques mois avant le film et j’ignorais les véritables influences de sa création.

    La BO: Voilà c’est exactement ce que j’aime écouter. Il y a toujours eu du Herbie Hancock dans ma voiture et je l’écoute régulièrement… c’est pour dire.

  • Bruce lit  

    C’est passionnant. J’adore, en tant que fan de littérature comparée ton article ne peut trouver que des émules. J’ai particulièrement apprécié le rapport que tu établis entre l’architecte et le destructeur ainsi que ta saillie autour de la biensance qui effectivement transforme les ordures bourreaux de la famille Kersey en victime de la bourgeoisie. C’est tellement ça et on en a encore eu la preuve ces jours-ci (je ne rentrerai pas dans le détail pour ne pas « détourner » ton article).
    Je suis entièrement convaincu par ta démonstration autour du fait que la régression de Bronson à l’état de Tueur n’est pas une apologie de la violence. Tiens ! En voilà une idée de crossover imaginaire : Le Justicier vs Dirty Harry !
    Sur le Punisher, cet énième article continue de montrer l’étendue de ce qu’il y a à écrire sur le personnage. Et…sur BORN AGAIN. J’ai en tête d’écrire pour la rentrée un article sur la violation de domicile et la scène de viol (insoutenable pour l’avoir revue avec ton article) des Kersey me donne de l’eau à mon moulin. Le durcissement des super héros, je l’attribue entre cet éclatement de la sphère intime pénétrée par la violence extérieure.
    Merci, merci, merci pour cet article majeur.

    • Fred Le Mallrat  

      De toute facon, une partie de la violence rentre par le même biais que pour la creation de Deathwish. James O’Barr et Frank Miller sont traumatisés par des aggressions.
      O’Barr c est une catharsis mais Miller.. il a un glissement un peu semblable au héros du film dans sa tête au fil des années.

    • Surfer  

      @Bruce,

      Si tu veux un peu plus d’eau à ton moulin pour ton futur article, je te conseille de visionner « Funny Games » de Michael Haneke (L’original pas le remake hein..)
      Tu le trouveras facilement en streaming gratuitement sur le net.
      Il y est aussi question de violation de domicile.
      Le film à une approche de la violence qui porte à réflexion elle est très dérangeante dans la mesure ou il n’y a pas de mobile ou de raison à cette barbarie !

      Un film qui fait froid dans le dos ! Un film dont on ne sort pas indemne !

  • Matt  

    J’avoue qu’après avoir vu ce que donnait les suites au travers d’extraits et de critiques moqueuses, j’ai pensé que le premier c’était de la merde aussi^^
    Du coup pas tenté.

  • Matt  

    Je crois que c’est dans le 3 où il sort, il voit 2 mecs en train de voler sa voiture, il les bute et retourne manger ou un truc comme ça.
    ça me parait l’antithèse complète de la vengeance malsaine, c’est une caricature fun en mode « yo c’est rigolo il bute tous ceux qui le regardent de travers »

  • Fred Le Mallrat  

    Je suis moins d accord sur le developpement du personnage par Ennis.
    Ennis, au contraire, pour moi le réduit à une forme de carthasis comme tu dis et une critique du vigilante pure. Castle est de tout temps un fou dangereux qui n aimait pas vraiment sa famille et la délaissait même et qui a toujours aimé tué.. Il se cherche juste des excuses (guerres, et là croisade personnelle).

    Je pense que la periode Potts est plus comlexe sur le personnage.. plus même que ce que je lis de ton analyse de DeathWish (j en ai pas revu un seul depuis 25 ans.. au moins donc difficile d en parler) car Punisher se punit avant tout lui même.

    Apres je sais que c est pas ton cas tornado mais j’aime assez peu SWJ.. j ai un autre collegue de forum qui l utilise mais pour moi il est souvent utilisé un peu comme tout venant pour eteindre le plus petite critique… La plupart des americains qui l utilisent veulent prouver que les comics n etaient pas politiques avant les années 2000… rien que sur Punisher.. on discute sur des aspects qui reviennent au 70’s.. et je parle pas des diatribes trés « SWJ » de Stan Lee dans ses editos…
    Je dis ca comme cela, je vois pourquoi tu l utilises (donneurs de leçons moralistes de gauche(il y a les mêmes à droite où il faut respecter l ordre, la bienséance, les moeurs alors qu eux même non plus ne le font pas). C est peut etre aussi pour cela que j aime pas SWJ.. il oublie une partie de donneurs ed leçons qui ne rspectent pas leurs propres lecons…

  • Eddy Vanleffe  

    excellent article et analyse très nuancée et honnête du film. Bravo.
    de quoi s’interroger en effet.
    très jeune (10-11 ans) je l’ai adoré pour la puissance de voir un gars lambda flinguer à tour de bras des truands.
    puis l’adolescence et la conscience sociale venue, j’ai appris à déprécier ce « film de beauf’  »
    que ressent-on vraiment à la vision de ce genre de récit en terme d’empathie, de vision sur la société etc… ?
    j’ai aussi bien apprécié le parallèle avec la genèse du Punisher, qui s’est fait en effet par couches successive, de même que la perception du personnage évolua de super vilain à héros alors que sa violence est plus exagérée aujourd’hui qu’alors. c’est bien d’être resté factuel et de s’attarder sur les intentions des différents intervenants.
    ça m’a fait du bien comme lecture.

  • JP Nguyen  

    Très bon article qui remet bien en perspective le contexte de sortie du film et éclaire la franchise Death Wish, en réhabilitant le premier, souvent emballé avec ses mauvaises suites.
    Je trouve le titre VO plus intéressant et ambigu que la VF…

  • Kaori  

    L’idole des septuagénaires, si tu veux mon avis.
    Ma mère adorait Charles Bronson, y compris ce film (enfin il me semble).
    Pour ma part, je ne l’ai jamais vu (et je n’ai pas regardé tes extraits). J’ai bien envie de voir ça.

    Bravo pour cet article très intéressant.
    Je rejoins JP pour le titre. Tellement plus parlant en VO (et plus classe) qu’en VF.

  • Tornado  

    J’arrive un peu tard mais j’étais occupé.

    J’étais parti pour regarder l’intégrale de la saga DEATH WISH. Mais je me suis arrêté au troisième tellement c’est trop nul… (tout ce que dit Matt plus haut, et bien plus encore…). Ça fait de la peine pour Michael Winner, un excellent cinéaste mainstream comparable à un Richard Fleisher (qui lui aussi a mal terminé avec CONAN LE DESTRUCTEUR et KALIDOR) ou un Henry Hathaway.

    @Fred : SJW ? J’y suis allé doucement avec cette notion, j’en parle juste une fois dans l’article, vite fait, au bon moment je pense. Ce film a tellement été montré du doigt par des gens qui ne l’avaient pas compris (et par extension on peut même parier qu’ils ne l’avaient pas vu, c’est typique des gens qui veulent briller en société).
    Je ne supporte pas les gauchistes donneurs de leçon parce que je suis entouré de ces gens dans ma vie de tous les jours. Je déteste aussi ceux d’en face extrémistes de droite mais pour le coup j’en connais dix fois moins…

    Pour Ennis je ne suis pas du tout d’accord avec toi. L’approche d’Ennis est bien plus fine que ça. D’un personnage monolithique il rebondit en racontant des histoires profondes. Le personnage il s’en fiche. C’est tout ce qu’il raconte autour qui est passionnant. Avec ça, il développe des thématiques sur la société, la politique, la justice… C’est brillant. Voir les multiples commentaires qu’on lui a consacré sur le blog.
    Et quand même, son personnage reste intéressant par sa dimension presque mythologique. C’est un personnage qui se sait damné. Il est damné d’entrée de jeu. A partir de là, Ennis peut l’emmener où il veut sans que ce soit malsain puisque le lecteur ne peut pas le prendre en modèle. Il y a donc la catharsis sans le danger de tomber dans l’apologie de la violence. Là encore c’est brillant et c’est ce que j’essaie de souligner dans l’article du jour. Michael Winner fait la même chose avec DEATH WISH.

    • Fred Le Mallrat  

      Je disais bien que je ne te visais pas.. Je trouve que le theme est trop employé.

      Pour ennis, je trouve que pour l epoque Baron faisait des histoires assez similaires, un peu comme Grell dans Jon Sable… Mais je préfère la vision Baron & co.

      • Tornado  

        J’avais quant à moi été surpris par la découverte de ZERO ABSOLU. Ça faisait vraiment proto-ennis.
        J’ai vu que tu n’es pas spécialement fan. Faudrait que j’essaie de me faire le dyptique CIRCLE OF BLOOD / ZERO ABSOLU pour voir, avec le recul.

  • matt  

    Bronson je le connais surtout dans Il était une fois dans l’Ouest pour ma part. Film légendaire ! Chef d’oeuvre^^
    Et son visage un peu curieux avec ses grosses lèvres qui peuvent donner l’impression qu’il sourit ou qu’il est triste en même temps, ou juste dur, ça colle super bien dans ce western.

    Sinon je l’ai vu dans les 12 salopards (un film que je pensais ne pas aimer parce que guerre/militaires tout ça, mais que j’ai bien apprécié au final vu que ça se passe en dehors des combats sur le front). Et c’est tout.

  • Jyrille  

    Excellente étude comparative Tornado, un sacré morceau que tu as pondu ici ! Je n’ai jamais entendu parler du CERCLE NOIR et je crois bien n’avoir jamais vu ce premier JUSTICIER DANS LA VILLE. En regardant tes extraits, je remarque que Charles Bronson joue vraiment bien. La scène d’agression me rappelle à la fois ORANGE MECANIQUE et THE KILLING JOKE de Moore et Bolland… Je ne savais pas que c’était le premier rôle de Goldblum non plus.

    Les questions soulevées sont forcément intéressantes et le parallèle avec le western est évident. Rien à voir, mais j’espère que tu as vu THE DRIVER de Walter Hill avec Ryan O’Neal, Bruce Dern et Isabelle Adjani, un film de 78 qui est un western urbain avec des bagnoles : https://www.youtube.com/watch?v=DHphfIAkAfg

    Il a sans doute beaucoup inspiré le DRIVE de Refn et est solidement réalisé, c’est vraiment un petit chef d’oeuvre.

    Evidemment, ton titre est excellent et résume sans doute parfaitement le propos du film. Je la connais depuis ma lecture de WATCHMEN mais je n’ai jamais poussé plus avant mes recherches sur Nietschze, même si j’ai lu quelques pages de Ainsi parlait Zarathoustra à l’armée : ce sont de très courts textes, des petites fables qui poussent à réfléchir.

    Tu dis que le script est plus malin qu’il n’y paraît, mais je remarque tout de même que les truands, les voyous, semblent être dépeints comme des êtres conscients et heureux de faire le mal. Disons que leur traitement me semble assez maladroit. Depuis, on a vu plus de nuances. Je pense par exemple à un épisode de SIX FEET UNDER où un des personnages se fait séquestrer toute une journée par un drogué. Le trauma est difficile à surmonter, et lorsqu’il va le voir en prison pour le confronter, le gars ne se souvient pas de lui, c’est juste un type cramé par la drogue et incapable de vivre en société. Ce n’est qu’un exemple évidemment. Je parlais de KILLING JOKE, ça passe mieux car on est dans un monde de super-héros et car on sait que le Joker est cinglé.

    Cette histoire de vigilante est également ce qui arrive au personnage du BLACK FREIGHTER dans WATCHMEN d’ailleurs. La citation ne lui est pourtant pas adressée…

    Je n’ai pas vu FUNNY GAMES encore, j’ai un peu peur de le regarder, tout comme RAMBO IV ou le film sur Jésus de Mel Gibson. Je ne suis pas friand de violence, surtout lorsqu’elle est réaliste. On a tous nos contradictions.

    J’espère que tu as vu ZODIAC de Fincher aussi. Il y est clairement expliqué que DIRTY HARRY est inspiré de cette chasse au tueur en série qui arrivait dans la vraie vie.

    Ce qui est sûr, c’est que j’apprends plein de choses ici, merci pour les références aux romans des années 60 et tout le reste sur les comics !

    « ces histoires vont précipiter les jeunes dans la violence, tandis que nous savons bien que c’est l’inverse » Oui. Merci.

    Oh mais oui, j’avais oublié ARCHIE CASH ! J’en lisais dans Spirou. J’avais reconnu Bronson, et malgré un chouette dessin, je n’ai jamais trop accroché à ces histoires. Il faudrait que j’en retrouve. Je ne suis pas certain d’avoir lu un album entier…

    As-tu vu DEATH SENTENCE avec Kevin Bacon ? C’est un bon film également, même si c’est une histoire de vengeance avant tout. Il soulève tout de même des questionnements sur la justice.
    https://www.youtube.com/watch?v=0xjPZbSN4gc

    La BO : excellente ! Du bon jazz funk qui préfigure Head Hunters (non ?).

  • Jyrille  

    J’ai oublié : la scène d’agression me rappelle également fortement le film le plus tendu que j’aie pu voir, quasi insoutenable, LES CHIENS DE PAILLE de Peckinpah. C’est un excellent film, mais je crois que je ne pourrai pas le revoir de si tôt (déjà que ça fait une paire d’années que je l’ai enfin vu en entier, cinq ou six ans peut-être).

    • Tornado  

      DRIVER : Je l’ai vu à l’époque où il passait sur la 5. J’étais gamin. Je ne m’en rappelle pas beaucoup…

      Je n’aurais pas pensé à comparer FUNNY GAMES, RAMBO IV ou PASSION mais effectivement, ce sont des films très violents, voire gore pour les deux derniers. FUNNY GAMES je ne l’aime pas car j’ai en sainte horreur les réalisateurs qui se regardent filmer. Je trouve ça prétentieux en fait. RAMBO IV c’est du défourrage basique ! De la pure catharsis. C’est con mais c’est bon ! 😀
      PASSION j’ai aimé. C’est un film que tu ne regardes qu’une fois tellement c’est insoutenable. Mais c’est une vraie expérience cinématographique (littéralement : Dieu a voulu incarner la chair pour voir ce que sa création humaine peut subir, et il est allé jusqu’au bout de son expérience…). C’est une oeuvre.

      Je connais bien ZODIAC. On en a parlé autour de MINDHUNTER que j’ai vachement aimé aussi (à quand la saison 3 ???).

      Je n’ai pas vu et ne connais pas du tout DEATH SENTENCE.
      Par contre je connais bien LES CHIENS DE PAILLE. Je suis fan de Peckinpah. Mes préférés ne sont pas les plus connus : UN NOMME CABLE HOGUE et APPORTEZ MOI LA TETE D’ALFREDO GARCIA !
      LES CHIENS DE PAILLE c’est un peu le DELIVRANCE campagnard. Grand film.

      Les deux HOSTEL j’ai trouvé ça bien. C’est atrocement malsain mais là encore c’est une expérience. Tout au long du film, tu es convaincu que ce genre de chose pourrait très bien exister dans le monde de fou qui nous entoure. Ce ressenti, très convaincant, atteste que les films sont réussis. Après c’est clairement dégueulasse comme expérience. Mais c’est une vraie expérience. C’est encore du bon cinéma dans ce sens : Objectif atteint.

      • Tornado  

        LE CERCLE NOIR : C’est un bon polar « musclé ». Il y a une scène de poursuite voiture/moto assez impressionnante ! Si tu aimes les polars du genre DIRTY HARRY ou même BULLIT, ça le fait.

        Est-ce que les malfrats du film UN JUSTICIER DANS LA VILLE sont caricaturaux ? Je ne sais pas. Ça existe quand même les raclures de bidet qui ne savent pas faire autrement que nuire. J’en connais un paquet qui n’ont même pas 15 ans et qui sont comme ça. Et je me souviens d’ailleurs d’une balade le soir à Manhattan où on s’était fait agresser pas un mec qui était encore pire que ceux qu’on voit dans le film ! Il nous a demandé du fric et nous a insulté et menacé violemment pendant tout le temps où on était encore dans son champ de vision ! Evidemment, pas question de lui tirer une balle dans le bide comme le fait Paul Kirsey ^^

        • Jyrille  

          Merci pour les précisions, je connais HOGUE mais je ne l’ai pas vu (ou je ne m’en souviens pas) et j’ai beaucoup aimé ALFREDO GARCIA mais j’en ai peu de souvenirs et j’aimerai bien le revoir. J’ai d’ailleurs Pat Garret & Billy the Kid du même Peckinpah à mater en DVD depuis une éternité.

          De HOSTEL, je n’ai vu que le premier, mais il ne m’a pas paru malsain, juste un peu gratuit. Les effets gore ne fonctionnent pas je trouve, je n’y trouve pas de vraie tension, juste des personnages plutôt antipathiques qui rencontrent la dure réalité de certains milieux. Et aucun réalisme au fond. Dans le genre, j’ai trouvé 13 TZAMETI beaucoup plus glaçant et réaliste.

          https://www.youtube.com/watch?v=MJiGQsTTAuA

      • Surfer  

        @ Tornado,

        « Je n’aurais pas pensé à comparer FUNNY GAMES… »

        Oui cela n’a rien à voir ! En fait c’est moi qui ai cité ce film pour répondre à Bruce et donner un exemple pour son futur article sur la violation de domicile !
        J’aurai très bien pu citer «  Orange mécanique » 😉
        « Funny games » traite justement du sujet de violation de domicile.
        Ce qui est intéressant avec le film c’est qu’il a une approche originale et malaisant de la violence .
        Haneke brise le 4ème mur, il nous implique, nous responsabilise et nous fait réfléchir sur la véritable nature humaine.
        C’est hyper réaliste !
        Concernant sa manière de filmer, on peut effectivement ne pas aimer.
        Ses longs plans séquence peuvent paraître prétentieux.
        De mon point de vue, pour ce cas précis, cela sert le récit et j’étais en totale immersion.

        Ce qu’il faut savoir c’est qu’à l’époque lorsqu’il a tourné ce petit film le réalisateur n’était pas encore très connu. Il n’était pas encore auréolé de sa double palme d’or !
        Aujourd’hui sa manière de filmer a évolué et je veux bien croire qu’il ait pris la grosse tête !
        Son dernier film « Happy End » en est l’exemple parfait.

        • Tornado  

          Surtout que la version de Funny Game que j’ai vue est la version USA (mais également réalisée par Haneke) !

          • Jyrille  

            Ah. Alors laquelle faut-il voir ?

          • Surfer  

            @ Jyrille,

            Le 1er bien sûr. Les acteurs ne sont pas très connus du coup cela rend le film encore plus réaliste. Les déboires de la petite famille pourraient arriver à n’importe qui.
            Le jeu des acteurs est malgré tout formidable
            Je n’ai toujours pas compris pourquoi Haneke a voulu faire un remake de son propre film avec des stars américaines ! Peut-être que c’était pour sensibiliser encore plus le public américain et plus particulièrement le cinéma hollywoodien qui banalise trop la violence.

          • Jyrille  

            Mh, je pense que ce sont simplement des considérations commerciales. Le remake se serait sans doute fait sans lui quoi qu’il en soit, autant donc qu’il accepte de le faire lui-même. Mais c’est à vérifier.

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