La Ligue des Gentlemen extraordinaires 4 – La tempête par Alan Moore & Kevin O’Neill
Un article de PRéSENCE1ère publication le 8/06/21 – MAJ le 12/11/22 – RIP Kevin O’Neill
VO : Top Shelf Productions
VF : Panini
Ce tome fait suite à The League of Extraordinary Gentlemen (Volume III): Century (2009/2012) qu’il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018/2019, écrits par Alan Moore, dessinés et encrés par Kevin O’Neill, et mis en couleurs par Ben Dimagmaliw, avec un lettrage réalisé par Todd Klein. Il s’agit de la dernière histoire de la ligue des gentlemen extraordinaires. Le titre de cette aventure fait référence à La Tempête (1610/1611) de William Shakespeare (1564-1616).
Prologue I : au site de Kor en Ouganda, en 2009, Wilhelmina (Mina) Murray et Orlando font découvrir à Emma Night les bienfaits de la source de jouvence de Celle qui doit être obéit. Prologue II : dans la cité de We en 2996, Burt Steele et Satin Astro (en jetpack) sont poursuivis par 3 individus qui volent à leur poursuite. Steele se sacrifie pour que Astro ait le temps d’utiliser la machine à remonter le temps. Elle la déclenche et entame son voyage vers l’époque préréglée : 1958. En 2009, à Londres dans le quartier de Vauxhall, Jason King retrace les derniers événements majeurs à la nouvelle personne qui prend le poste de M au MI5 : l’avènement du Moonchild, le passage d’un inconnu (Orlando) dans les locaux du MI5, peu de temps avant la disparition d’Emma Night qui est partie en emportant plusieurs documents dont le Dossier Noir. Dans le désert autour de Kor, les trois femmes commencent leur périple de retour à pied, en se demandant où se rendre : Le Monde Éclatant mais elles ne savent pas trop l’accueil que leur réservera Propsero ? Le MI5 est à exclure d’office. Lincoln Island, la base de Jack Dakkar ? Elles optent pour cette dernière solution. À Londres, Garath (Marsman) et Satin Astro arrivent au club Drumm n Bassment. Masman utilise ses pouvoirs pour entrer et ils parviennent jusqu’à une porte indiquant un local électrique, qu’Astro ouvre. Ils pénètrent dans les locaux qui servirent de quartier général à l’équipe de superhéros Seven Stars. En consultant les journaux restés sur place, Satin comprend que deux de leurs équipiers sont morts : il ne reste que Jim Logan et Caroll Flane dont elle ne sait où ils se trouvent et Vull qu’elle décide de retrouver.
Emma, Mina et Orlando sont arrivés à un port, et Orlando est en train de parlementer avec deux soldats responsables du sous-marin Dugong. La discussion prend une vilaine tournure quand l’un deux lui met une main aux fesses. Elles s’approprient le sous-marin après que les deux soldats aient passé un sale quart d’heure : en route pour Lincoln Island. À Vauxhall, le briefing de M se poursuit : Jason King fait son exposé devant lui et devant les agents J 1 à 6. King explique que des agents ont interrogé des associées d’Emma Night et que l’une d’elles l’a emmenée à Kampala en Ouganda. Un peu plus tard, d’autres agents ont récupéré un bout de vidéo-surveillance à Freetown en Sierra Leone montrant Night plus jeune avec Mina Murray et une autre femme. M demande à l’agent J5 de réquisitionner un jet : ils vont se rendre en Ouganda. Dans une autre pièce du quartier général, Garath et Satin découvrent Carol Flane (Electro Girl) dans une immense cage de Faraday. La discussion s’engage.
Alan Moore et Kevin O’Neill l’ont annoncé officiellement : il s’agit de la dernière aventure de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, car ils prennent leur retraite des comics. Le premier épisode de la première saison est paru en 1999, 20 ans auparavant. Le lecteur retrouve tout ce à quoi il s’attend : les personnages récurrents comme Mina Murray et Orlando, des personnages issus de la littérature de l’imaginaire (de James Bond à Prospero, en passant par des superhéros anglais oubliés), une imagination débridée, une narration visuelle sèche, ironique et protéiforme, des aventures délirantes, des références culturelles à gogo, à ne plus savoir qu’en faire. O’Neill dessine avec une verve qui donne le tournis, intégrant toutes les exigences du scénario qui sont en quantité astronomiques. Ses personnages ont encore parfois de grands yeux, mais leur contour est beaucoup moins anguleux que précédemment, et il arrondit même certains traits. Ben Dimagmaliw maîtrise mieux les techniques de mise en couleur, pour un rendu plus organique, plus cohérent, sans utilisation hasardeuse des effets spéciaux infographiques. L’artiste dessine une quantité phénoménale de personnages, tous immédiatement indentifiables, et reconnaissables si le lecteur a déjà eu l’occasion de les croiser. Il a dû passer un temps considérable sur chaque planche pour aboutir à une narration visuelle aussi rigoureuse, lisible et vivante. Le scénariste a perdu l’aigreur du tome précédent, et privilégie l’aventure, le spectaculaire, l’humour souvent ironique, dans une histoire dense pleine de péripéties inimaginables.
L’histoire entremêle plusieurs fils narratifs : Satin Astro est revenue dans le passé pour éviter une catastrophe mais elle a perdu la mémoire, James Bond continue à tout faire pour éradiquer le surnaturel du monde réel, Mina Murray décide d’accompagner Jack Dakkar au Monde Éclatant, pendant qu’Orlando et Emma Night enquêtent sur la mort de collègues de cette dernière. Le lecteur suit ces personnages qu’il connait depuis plusieurs tomes, ou qu’il a découvert au début de ce tome, en rencontre de nombreux autres, et se rend compte que les auteurs reprennent des éléments présents dans les tomes précédents : il s’agit donc d’une lecture déconseillée aux néophytes. Certes, ils font des rappels réguliers, par exemple la pièce de Shakespeare présente dans le Dossier Noir, mais ils sont succincts et parcellaires. À d’autres reprises, rien n’est rappelé : par exemple en ce qui concerne le Monde Éclatant et Prospéro. Dans ces cas-là, le lecteur de passage risque de rapidement jeter l’éponge. C’est-à-dire qu’il est possible de lire l’histoire pour elle-même en sachant très bien que nombreux dialogues font des références à des événements passés, que les dessins comprennent de nombreux personnages ou vestiges évoquant des œuvres anglaises de toute nature, et de trouver le récit entraînant, inventif, divertissant, imaginatif, excellent.
Mais il est aussi possible de s’agacer de ne pas saisir toutes ces références. Rien que la couverture du premier épisode pose question : qui sont ces trois femmes ? Emma Night, Satin Astro ou Orlando pour celle de gauche ? Les 3 hypothèses se défendent. Gloriana, Orlando ou Sycorax pour celle du milieu ? En tout cas, c’est Mina Murray pour celle de droite. Même pour un lecteur attentif dès le premier épisode de la première saison, il y a de nombreuses références trop obscures pour les identifier à la première lecture, ne serait-ce que parce qu’il s’agit de personnages mineurs de la bande dessinée britannique du vingtième siècle, ou parfois de la littérature d’imagination très obscure comme Pink Child, personnage apparaissant dans la nouvelle La niña rosa (1966), de Marco Denevi (écrivain argentin, 1922-1998). Autre exemple, chaque couverture est un hommage à une publication différente britannique, à commencer par les BD Classic Illustrated pour le numéro 1 : autant dire que le lecteur français n’en reconnaîtra pas beaucoup (sauf peut-être celle du magazine 2000 AD). C’est même épuisant ; dans une même page les références peuvent dépasser la dizaine, dans un ensemble hétéroclite pour mêler Cúchulainn et Gulliver. Au fil de l’épisode 4, le lecteur voit défiler Nemesis the Warlock, tous les acteurs ayant incarné James Bond, Pink Child, Dorothy (Dottie) Gale (Dorothy du Magicien d’Oz), Lady Alice Fairchild (Alice au pays des Merveilles), Wendy Darling Potter (Wendy de Peter Pan), Golliwog, Little Nemo in Slumberland, Margaret Brunner (= Margaret Thatcher + Miss Brunner), Mandrake le magicien, Black Cat (Linda Turner), Lady Blackhawk, Hannah Montana, Ayn Rand (1905-1982), et encore il s’agit à peine de la moitié des personnages de cet épisode.
Le lecteur constate également rapidement que la narration visuelle rend hommage à différentes formes de bande dessinée : la mise en page de Little Nemo in Slumberland de Winsor McCay (1971-1934), les strips des quotidiens, les comics pour fille avec des habits à découper pour placer sur les personnages, des passages en 3D (lunettes fournies dans le tome) dans le Monde Éclatant et même 2 pages en roman-photo dans l’épisode 3 : c’est un festival. Là encore, il faut une culture encyclopédique (celle d’Alan Moore) pour pouvoir rattacher telle forme de narration visuelle à telle magazine ou tel héros. Les références à la littérature de l’imaginaire ne s’arrêtent pas là et le lecteur reconnaît des références à des écrivains comme Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), Ian Sinclair (et son personnage Andrew Norton), Michael Moorcock (et son personnage Jerry Cornelius), Margaret Atwood, à des auteurs de comics comme Steve Moore (1949-2014), Steve Ditko (1927-2018), et même à des mathématiciens comme Georg Cantor (mathématicien, 1845-1918), Kurt Gödel (mathématicien, 1906-1978), ou encore à des artistes peintres comme Richard Dadd (1817-1886), avec sa toile Le coup de maître du magicien bûcheron (The Fairy Feller’s Master-Stroke). Plus étonnant les auteurs prennent acte de l’existence des superhéros et y font référence Mandrake le magicien, Black Cat (Linda Turner), Lady Blackhawk, et de nombreux superhéros britanniques. D’ailleurs chaque épisode se termine avec une autre histoire de 8 pages, celle des Seven Stars : Captain Universe, Vull The Invisible, Marsman, Zom The Zodiac, Satin Astro, Flash Avenger, Electro Girl.
En fait chaque épisode contient encore beaucoup d’autres choses. Chaque deuxième de couverture revient sur un créateur de bande dessinée britannique qui a été spolié par les éditeurs : Leo Baxendale, Frank Bellamy, Marie Duval, Ken Reid, Denis McLoughlin, Ron Turner. Chaque troisième de couverture contient une page du courrier des lecteurs, entièrement rédigée par Alan & Kevin, réponses et lettres. Chaque quatrième de couverture constitue une fiche sur un des membres des Seven Stars, établie par Vull. Enfin le tome se termine par une postface en BD de 4 pages où Kevin & Alan se mettent en scène mettant en ordre le local de stockage où se trouvent tous les décors et les costumes nécessaires pour la série. Devant une telle profusion d’éléments de nature différente, cette bande dessinée semble inépuisable, à la fois pour ses personnages, ses références et ses thèmes. Le lecteur peut aussi bien l’envisager sous l’angle d’un divertissement, sous l’angle d’une somme postmoderne ultime, sous celui de la pensée des auteurs sur le rapport entre le réel et l’imaginaire et comment ce dernier influence le premier, comme une déclaration d’amour à l’imagination non-conformiste, etc.
Ce dernier tome des aventures de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires revient à un ton moins amer, avec un entrain irrésistible, et une profusion de personnages inépuisable, avec une abondance de références souvent obscures. Du coup, ça ne peut pas plaire à tout le monde : il faut que le lecteur soit consentant a priori. Sous cette réserve, il est vite subjugué par cette œuvre non-conformiste, encensant son genre littéraire de prédilection, avec une ouverture d’esprit extraordinaire. Il en ressort enchanté, avec la certitude de relire ce tome, et une question lancinante. La Tempête ? Bien sûr, il y a Prospéro et Ariel pour faire le lien avec la pièce du barde d’Avon, mais y a-t-il un thème commun à ladite pièce ?
La BO du jour :
La vache !
Je n’ai strictement rien compris au résumé ! 🙂
Il y a longtemps que j’envisage de reprendre la LOEG depuis le début (je les ai tous (y compris le BLACK DOSSIER et LES ARCHIVES SECRETES) mais je ne suis jamais allé au delà de la 1° saison (lue à l’époque de sa sortie) !!!). Mais je suis toujours très intimidé par cette complexité annoncée !
J’ai lu les épisodes de CINEMA PURGATORIO par Moore et O’Neill : Plus sibyllin, tu meurs ! Du coup je suis vraiment intimidé !
Ces derniers temps je mets en vente un grand nombre de mes BDs. Je me suis résigné : Je n’aurais pas assez d’une vie pour tout lire (exit mon intégrale Mignola, par exemple. Je renonce). J’ai été fou et présomptueux d’acheter tout ça. C’était du grand n’importe quoi ! Et quand je pense que de ton côté tu as dû en lire le triple ! y compris des trucs complexes comme ça, c’est vraiment très impressionnant !
La BO : Trop bien ! 🙂
Je te comprends : rien que pour rédiger les 2 § de résumé, il a fallu que j’aille chercher des références sur internet.
Cinema Purgatorio : j’ai bien cru que je ne pourrais jamais lire cette histoire, car l’éditeur VO Avatar Press n’est pas loin d’avoir déposé le bilan pendant la crise sanitaire. Heureuse surprise : en avril 2021, Avatar a publié un recueil comprenant l’intégrale de l’histoire d’Alan Moore & Kevin O’Neill. J’aurais donc l’occasion de lire cet ultime comics, et de me confronter à cette œuvre sibylline.
Vu de ma fenêtre, ce n’est pas si impressionnant que ça. De temps à autre, ma curiosité me pousse à revenir à un auteur que j’avais laissé de côté pendant plusieurs années, et à me replonger dans les commentaires que j’avais pu écrire à l’époque. Avec le recul, je me rends compte que je passais à côté de beaucoup de chose (je me demande par exemple ce que donnerait une relecture du tome 1 de la Ligue des Gentlemen extraordinaires…). Je me dis que je passe encore à côté de beaucoup de choses faute de culture. Par exemple, pour Cinema Purgatorio, la culture cinéphile va me faire défaut. C’est comme ça que pour Basketful of heads, je passé à côté de tous les clins d’œil aux films d’horreur, et qu’il a fallu que Bruce me les explique. 🙂
Je suis en général assez à l’aise lorsqu’il y a des références cinématographiques, surtout si elles proviennent du cinéma populaire ou du cinéma de genre (encore que je ne suis pas mauvais en cinéma italien néo-réaliste et en Woody Allen aussi, par exemple). Mais là, d’obscures productions littéraires et artistiques anglaises… je ne connais même pas le tableau que tu invoques…
La lecture de PROMETHEA m’avait demandé un très gros investissement de cerveau et de recherches connexes. Je vais
pêtersouffler un bon coup avant de m’attaquer à la LOEG… 🥶Je n’arrive pas à avoir : Panini avait publié l’intégrale des épisodes de Cinema Purgatorio, ou ils avaient arrêté avant la fin ?
Trois tomes seulement. Il manque la fin. J’espère qu’ils vont la publier mais il n’y a aucune info.
Et d’ailleurs, puisqu’on en parle, malgré mon aisance en culture ciné, je suis resté sur la touche pour les
3/4 des références dans CINEMA PURGATORIO, c’est dire… Le seul épisode où je me suis senti à l’aise c’est celui sur la vie de Willis O’Brien… 🙂
Houla !!! Sur la touche pour les 3/4 !!! J’y arriverai jamais.
Je n’aime jamais entendu parler de Willis O’Brien.
Ah mais si ! Là :
http://www.brucetringale.com/la-huitieme-merveille-du-monde/
Présence, tu mets en avant ce qui me rebute dans la Ligue et, au fond, dans les oeuvres d’Alan Moore depuis des années : les références qui sont passées au premier plan.
J’applaudis et je suis impressionné par la culture d’Alan Moore et sa volonté de la promouvoir… mais j’ai cette sensation que l’auteur est dans une course à la référence, en voulant en caser le maximum.
C’est bien de vouloir mettre en avant sa culture, mais j’ai l’impression qu’il entend ici l’étaler et viser l’ensemble de ses connaissances de l’imaginaire, souvent obscures.
J’aimais la Ligue quand c’était une bonne histoire dotée de références.
Depuis le Dossier Noir et Century, j’ai l’impression que la Ligue est une oeuvre de références vaguement mise en forme dans une histoire.
Cela change peut-être avec La Tempête, mais je passe à côté. C’est fort dommage, car les deux premières sagas de la Ligue m’ont énormément plu.
Merci pour ce billet.
Une course à la référence : oui, c’est le cas. En ce qui me concerne, je ne le ressens pas comme une volonté de l’étaler. En repensant à l’ensemble des tomes de la Ligue, je me dis que c’est plutôt une démarche similaire à la Brigade Chimérique de Serge Lehman : apporter la preuve que les héros avec des capacités extraordinaires n’ont pas été inventés par les américains malgré leur règne hégémonique sur le divertissement de masse, que ce qui a été réduit à l’archétype du superhéros était avant plus diversifié, plus imprégné de culture que ce qui tend à devenir des coquilles vides préformatés pour le cinéma industriel. Apporter également la preuve qu’avant cette mainmise par l’industrie du divertissement, ils étaient déjà pléthoriques et d’une grande diversité.
Dans la postface de ce tome, Moore& O’Neill répondent directement à ce genre de critique, en s’adressant au lecteur sous forme comics. Ils soulignent par exemple que la trilogie Nemo est plus légère, et plus aventure, et que ça n’a quand même pas plus aux lecteurs.
En même temps, Nemo commence par un tome qui rend hommage et reprend le rythme de l’opéra de quatre sous.
On a vu référence plus universelle et accessible au public général actuel.
J’entends le retour de Moore et O’Neil mais j’ai cette impression constante d’érudits qui finalement parlent un langage qui ne concerne que leurs pairs.
Impressionnants mais ils me laissent de côté.
Pour la Brigade, je trouve qu’on est plus proches des deux premières sagas de la Ligue : les références n’ont pas étouffé l’histoire pour moi, elles l’enrichissent. L’histoire en elle-même reste principale.
Des érudits qui parlent un langage qui ne concerne que leurs pairs : j’ai l’impression qu’ils n’ont pas de pairs dans ce domaine, ou alors un nombre très réduit. Ma curiosité naturelle me pousse à compléter ma lecture avec des recherches pour apprendre des rudiments de ce langage. Cela me demande plus de temps et d’efforts, mais je suis prêt à le consentir parce que ce sont des auteurs qui m’ont déjà transporté ailleurs avec une force sans égale. D’un autre coté, je serais bien incapable de ne lire que des ouvrages de ce genre, et j’ai tendance à les espacer afin de laisser ma motivation reprendre du poil de la bête pour en affronter un autre.
Idem. Tout pareil que Présence.
Aaargh, j’ai ce tome, ainsi que le NEMO, le Black Dossier les deux tomes de l’intégrale de la Ligue, et le Century 1969. Mais il me manque les deux autres Century 🙁
Bon, cela dit, comme Tornado, j’ai lu la Ligue il y a longtemps (en m’arrêtant aux deux tomes de l’intégrale), il faut que je relise tout et oui, c’est très intimidant. Moi non plus je n’ai rien compris au résumé du début de la bd… Je pense ne pas relire et lire tout ça de suite, donc je lis ton article 😀
Je crois que je relirai ton article pendant ma lecture (dans combien de temps ? Car je ne suis pas comme Tornado, je compte bien lire mes 200 bds non lues de côté. Mais bon il doit en avoir plus) car je ne connais pas le tiers des références ! Chapeau bas Présence pour tes recherches. Je ne connaissais pas du tout le tableau The Fairy Feller’s Master-Stroke, c’est beau.
Encore bravo, beau boulot !
La BO : super !
Je serai dans la lignée de Tornado et Ben
C’est intimidant voire pénible cette avalanche de références obscures. Il s’agirait de Morrison, il pourrait aller se faire foutre.
Mais j’aime Alan Moore et j’aime cette série.
La Ligue , c’est comme Matrix : un épisode mainstream fabuleux et une suite plus complexe qui largue tout son monde.
La deuxième saison m’avait 1aussi rebuté avant de la trouver plaisante même au premier degré à la relecture.
C’est finalement ce premier degré qui fera la différence pour moi. Merci d’avoir rappelé que Moore avait aussi de l’humour et que le ton est moins sombre que les deux premiers volumes.
Par contre je lirai ça en VF.
Intimidant voire pénible : je reconnais bien volontiers avoir choisi un jour de vacances pour lire ce tome, parce que j’appréhendais également la densité du propos, ainsi que l’exercice imposé de se livrer au jeu des recherches de références, point de passage obligé pour être sûr de ne pas rater un une dimension du propos des auteurs.
Mais pour le coup, je trouve la démarche de Moore adaptée :c’est son bouquet final, son adieu à la BD, il donne tout ce qu’il a.
Intéressante façon de considérer la chose, surtout quand on pense à tout ce qu’il avait déjà donné dans Promethea comme le rappelle Tornado plus haut.
Du point de vue que tu proposes, on peut considérer Providence dans la même optique : dans le genre HP Lovecraft, il a donné tout ce qu’il a.
Eh bien pareil pour Providence. J’ai beau aimer Lovecraft et son univers, avoir lu toutes ses nouvelles et pas mal d’adaptations BD, Providence m’a fatigué avec toutes ses références tantôt transparentes, tantôt obscures, tantôt carrément cryptiques. J’avais le perpétuel sentiment de passer a côté de quelque chose, de ne pas tout voir etc. Et j’avoue que c’est une expérience très désagréable pour un lecteur. C’est même à la limite de la cuistrerie quand l’auteur fait du procédé de la référence une marque de fabrique.
Je n’ai pas encore lu Providence, et je n’ai qu’une connaissance superficielle et lointaine de quelques écrits de Lovecraft. Je pars avec le présupposé que la plupart des références m’échapperont quand je me plongerai dedans.
J’ai écrit ici respectivement un article sur PROMETHEA, PROVIDENCE et CINEMA PURGATORIO. Pour les deux premiers, j’ai confessé avoir bataillé à la lecture mais m’être régalé au final. Pour le troisième, je dis bien que la lecture a été très pénible, sans qu’elle m’ait procuré de plaisir.
Pile poil le genre de BD que je ne veux plus lire ! Merci de me le confirmer Présence. ^^
Les références si elle servent la dramaturgie et qu’elle soient pertinentes et bien trouvées, OK
un catalogue qui fait ressembler une BD à un escape game ou à « Où est Charlie? »…non plus moyen,
finalement les références me servent d’avantages à chercher les bouquins originaux à la limite…
Bien spur que les références servent la dramaturgie et son pertinentes, c’est juste qu’elles nourrissent le thème principal qui est celui de la richesse des litétratures de l’imaginaire qui ne se réduisent pas à des produits préformatés par l’industrie du divertissement américain. Du coup, Alan Moore fait la preuve de cette richesse créatrice et culturelle par l’exemple. 😀 Ce qui ne rend pas le résultat plus simple à lire.
De la Ligue des Gentlemen, je n’ai lu pour l’instant, que les 2 premières aventures rassemblées dans une intégrale Panini.
J’ai beaucoup aimé. D’ailleurs, ce recueil figure toujours dans ma bédétheque. Je l’ai tellement aimé que je ne compte pas le revendre de sitôt.
Les références littéraires que Moore utilise dans ces 2 premières histoires ne m’ont pas dérangé.
Bien au contraire, je trouve que c’est ce qui fait le charme et l’intérêt du truc
Ses derniers récits, je ne les ai pas encore lus. Du coup je ne peux pas me prononcer.
Mais je peux comprendre que l’abus de références puisse devenir indigeste.
Je m’en rendrai compte bien assez vite car je compte, quand l’occasion se présentera, lire absolument tout ce que Moore a écrit sur la Ligue.
Merci Présence de ton article. Il me donne une bonne visibilité de ce qui m’attend dans mes prochaines lectures. 👍
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Chaque épisode de chaque saison de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires a donné lieu à un commentaire très fouillé de Jess Nevins, avec des ajouts sur un mode collaboratif, pour expliciter chaque menu détail pouvant s’apparenter à une référence. Par exemple pour l’épisode 6 de la saison 1 :
https://enjolrasworld.com/Jess%20Nevins/League%20of%20Extraordinary%20Gentlemen/Notes%20on%20League%20of%20Extraordinary%20Gentlemen%206.htm
J’en ai raté plusieurs, et pour cette 1ère saison Alan Moore & Kevin O’Neill s’échauffait tout juste.
Dans ce registre, l’almanach du voyageur de la saison est un défi qui va au-delà de l’ampleur de ma curiosité.
Merci Présence pour ce nouvel article de référence(s) 😉 !
Je ne sais plus si j’ai dépassé la saison 1 de cette série. Le dessin ne me plaît pas. Telle la tempête, je passe…
Je me souviens encore de ma découverte des dessins de Kevin O’Neill : c’était avec Marshal Law. Quel choc ! Il m’a fallu un temps d’adaptation pour ces angles aigus, et cette violence.
http://www.brucetringale.com/iconoclasme-punk/
Marshal Law est dans ma BAL aussi… J’avoue que le trait de O’Neill m’avait perturbé au début lorsque je lisais la Ligue, et par la suite, c’est comme avec Richard Case sur la Doom Patrol avec Morrison (je viens de finir la lecture du tome 3 en VF : j’avais oublié plein de trucs) : je n’arrive pas à imaginer d’autre dessinateur. Quand c’est le cas sur un épisode, ça ne va pas.
Je sais que je l’ai déjà rapportée, mais je ne me lasserai jamais de cette anecdote : les dessins d’O’Neill sont incompatibles avec le Comics Code Authority, pas une case de temps en temps, mais toutes sans exceptions.
O’Neill had drawn several fill-in issues and short stories for titles such as The Omega Men, but his first major work for DC was a story written by Alan Moore for the Tales of the Green Lantern Corps Annual No. 2 in 1986. This proved to be instantly controversial as the Comics Code Authority objected to O’Neill’s art. When DC asked what was wrong and if anything could be changed (the story featured scenes of a crucifixion) to get approval, the Authority replied that it was O’Neill’s entire style they found objectionable.[4] DC pointed out that his art had been passed previously but the Authority stuck by their decision. DC decided to print the comic without the Comics Code Authority stamp. The controversial short story has established continuity points in the DC Universe on which the 2009 storyline « Blackest Night » was based.
Incroyable ! Je ne connaissais pas du tout cette anecdote ! Merci Présence !
Bon, j’ai tenu 3 épisodes (sur 6) et je vais arrêter là. Sans mon épaule en compote, ce serait bac à soldes direct et Bullshit detector.
Je n’ai rien compris ou ressenti. La ligue, c’est désormais 3 personnages vidés de leur substance à la merci de Alan Moore qui soliloque de manière insupportable et n’écrit plus qu’en énigmes et références obscures. Il recycle toute son aversion pour les super héros qu’il déclame depuis des années et la transforme en dialogues. Si je ne supporte pas ce style chez Gland Morrison ce n’est pas pour l’accepter chez ce scénariste qui m’a toujours ravi. Jusque maintenant.
Jouer avec son médium c’est bien, ne pas donner au public ce qu’il attend , certes, mais au final, la ligue est devenu une parodie écrite par son auteur trop content de briser son récit toutes les 2 pages avec des fausses pubs, courrier des lecteurs, des strips, des hors série dont on a que foutre.
Moore avait prouvé avec FROM HELL ou FILLES PERDUES que l’on pouvait divertir en étant cryptique et sophistiqué.
Ici, c’est aussi passionnant que du Godard qui dissèque son cinéma pour lui-même et ses apôtres.
Fondamentalement ennuyeux et loupé. Si effectivement, c’était la dernière histoire que Moore voulait que l’on retienne de lui, il fait bien de prendre sa retraite.
Il n’y a plus de musique, de mélodies ou d’émotions ; juste un virtuose qui s’oublie en solo et continue de jouer une fois que tout le monde est parti.
Affreux.
Tout à fait ce que je pense depuis des années à propos de ce genre de comics depuis quelques années,
moi le « Méta » je n’en peux plus, ça ne fait rire qu’eux…
Pas ma came, non mais en même temps c’est autre chose, c’est plus des « livres-jeux »…je conçois totalement qu’on puisse adorer ce genre de bouquins conceptuel qui pousse le média BD plus loin dans ses retranchements.
mais la mode dans les comics qui consiste a faire une double/triple lecture en mode essai sur le sujet et mise en abyme du sujet…
Quelque part, ça prend le genre super héros bien trop au sérieux…
j’ai adoré dans les premiers volumes de Ligue des machins extraordinaire, cette notion d’intertextualité, mais dans le genre je préfère largement les romans de Kim Newman Anno Dracula et ses suites, parce que finalement Moore fait deux cents clins d’œils mais finalement son histoire, de martiens et de Docteur Moreau, c’est complètement con!
La fin de Watchmen avec ce fameux twist m’a sorti d’un bouquin dont finalement la promesse était trop grande..finalement quelle différence avec le fait de faire intervenir Starro dans la JLA?
c’est super bien écrit mais il y a aussi pas mal d’esbroufe, d’ego et de pommade auto étalée…
@Bruce – Si tu n’as pas encore jeté ce tome, lis la postface en BD (après la fin de l’histoire proprement dite) dans laquelle Moore & O’Neill se mettent en scène pour dire adieu aux lecteurs, et expliciter une partie de leur choix narratifs.
La postface.n’existe pas dans la vf
J’ai lu laborieusement le 1er chapitre de NEMO. Une demie journée pour une quarantaine de pages. C’est moins délirant, sur la forme on est plus proche des épisodes classiques mais c’est assommant tous ces dialogues factices, ces enjeux artificiels et quasiment nuls et ces personnages toujours aussi vides.
Bac à soldes. C’est toujours la 1ère idée qui est la bonne. Exit Alan Moore. Sa dernière grande oeuvre pour moi restera donc LOST GIRLS.
Le Moore de trop même si Kevin O’Neil est impeccable.
J’y suis allé de ma critique sur Top Comics, je me rappelle très bien avoir été très consensuel…..
https://topcomics.fr/la-tempete-alan-moore-fait-ses-adieux-aux-comics-avec-la-derniere-aventure-de-la-ligue-des-gentlemen-extraordinaires
Merci pour le lien de cette critique.