Diviser pour mieux régner (Les FF de Morrison)

 

Fantastic Four: 1234 par Grant Morrison et Jae Lee

Article de :  PIERRE N

1ère publication le 26/09/18- MAJ le 06/03/22

VO : Marvel

VF : Panini

Marvel Knights où « l’Adulte Ère »  © Marvel Comics

Marvel Knights où « l’Adulte Ère »
© Marvel Comics

Cet article portera sur la mini-série FANTASTIC FOUR: 1234, parue initialement en 2001 et publiée à deux reprises chez Panini. Une réédition en VO est prévue pour octobre, à l’occasion d’une collection spéciale, célébrant les 20 ans du label Marvel Knights.

En dépit de son arrivée tonitruante chez Marvel à l’aube des années 2000 et en dehors de son indéniable magnum opus qu’est NEW X-MEN, Grant Morrison n’a finalement pas accouché d’une production pléthorique chez la maison des idées (l’écossais avec déjà fait une infidélité à DC lors des années 90, en s’occupant de la mini-série SKRULL KILL KREW avec l’aide de son futur ex-padawan Mark Millar), là où son pote Peter Milligan s’est finalement montré plus productif mais aussi plus inégal, alternant les oeuvres inspirées (X-STATIX, TANGLED WEB) et les travaux alimentaires (ELEKTRA, X-MEN).

Après une entrée en matière réussie avec la mini-série MARVEL BOY (dont la suite annoncée ne vit jamais le jour malheureusement), Morrison s’est ensuite attaqué à une des trois équipes phares de la maison d’édition. Puisque les élèves de Xavier étaient d’ores et déjà sous sa coupe, et alors que les Vengeurs étaient dans les mains d’autres scénaristes (avec d’un côté un Busiek occupé à faire dans le néo-old-school, et de l’autre un Millar qui aillait bientôt débuter son run sur les Ultimates en les agrémentant à la sauce AUTHORITY), il ne restait plus à Morrison, en bon fan de Kirby, qu’à mettre brièvement la main sur l’équipe des Quatre Fantastiques (parallèlement au run de Pacheco et à la maxi-série de Larsen/Stephenson).

Grimm ne reste pas de marbre face aux arguments de Doom  © Marvel Comics

Grimm ne reste pas de marbre face aux arguments de Doom
© Marvel Comics

Contrairement à un Waid qui mettra en avant quelques mois plus tard la fonction exploratrice du groupe dès le tout premier épisode de son run  (cette mini-série se termine quant à elle justement au moment où ce type de virée cosmique s’annonce à l’horizon), Morrison privilégie un cadre relativement plus terre-à-erre, délaissant la Zone Négative et tous ces autres lieux maintes fois visités par le groupe.

De la part d’un scénariste aussi doué pour manier des concepts bigger than life de science-fiction, cela peut paraître assez frustrant d’opter pour une voie moins ample et spectaculaire (faire la part belle à l’intimiste dans un premier temps, puis à la dose d’action cathartique), mais cela s’explique par les propos du scénariste concernant son choix d’angle narratif (Morrison le confirme en interview, allant même jusqu’à comparer l’ambiance morose de sa mini-série à celles des travaux de Chris Ware).

Alicia Masters, à la fois aveugle et clairvoyante  © Marvel Comics

Alicia Masters, à la fois aveugle et clairvoyante
© Marvel Comics

L’atmosphère se veut nettement plus sombre, tendue et crépusculaire qu’à l’accoutumée (sous la plume du scénariste, les chamailleries entre les membres et le mauvais traitement de Ben Grimm à l’hôpital prennent même une tournure plus abrasive), et le scénariste ne se prive pas de mettre à mal une famille esseulée en l’absence de son chef, trop occupé à cogiter dans ses quartiers pour déjouer les plans d’un Fatalis toujours aussi revanchard et pernicieux.
Ce vernis de noirceur ne doit pas pour autant faire oublier la démarche du scénariste, consistant en une forme de retour aux sources à peine déguisé (certes moins flagrant qu’un Byrne redonnant à la Chose son allure des origines ou qu’un DeFalco ignorant les développements d’un Simonson sur Fatalis pour mieux revenir à une vision traditionnelle, plus typée canal historique).
Cette approche se reflète également dans le choix des adversaires (Docteur Fatalis, Namor, l’Homme-Taupe), ayant tous en commun d’être apparus (voire réapparus dans le cas du prince des mers), au cours de ces premiers numéros (il ne manque guère plus que l’oublié Miracle Man et les Skrulls pour compléter le tableau).

Là où Morrison se démarque, c’est que bien souvent les autres créatifs ont tendance à se tourner vers la période Sinnott pour rendre hommage au run de Lee & Kirby, tant en terme de tonalité que de visuels. Plutôt que d’aller dans cette direction maintes fois explorée, Morrison a voulu renouer avec les composantes des tout premiers numéros de la série, lorsque la formule n’avait pas encore été raffinée, et alors que la nature hybride des histoires reflétait un changement de paradigme, une sorte de chaînon manquant appelé à s’estomper au fil des numéros, celui de la passation de pouvoir progressive entre les comics de monstres géants des 50’s (Fing Fang Foom & co), produits à la pelle par Stan Lee chez Atlas, et la nouvelle génération des séries de super-héros à problèmes de l’ère Marvel des 60’s.
Tout comme Hulk, le personnage d’Hank Pym est également révélateur de ces tendances imbriquées, puisqu’il passera assez vite d’un rôle à un autre (le civil confronté à une situation extraordinaire, digne du film L’HOMME QUI RÉTRÉCIT, se muant assez vite en super-héros par la suite).

Être ou ne pas être un monstre ?  © Marvel Comics

Être ou ne pas être un monstre ?
© Marvel Comics

La note d’intention est donc claire : Morrison souhaite revenir à l’ambiance plus tendue des tout premiers numéros de la série, avant l’entrée en scène d’Alicia Masters et Willie Lumpkin, avant que l’équipe ne devienne la coqueluche des médias plutôt que des parias discrets comme les X-Men (la différence de perception des deux équipes auprès du public étant bien encapsulé dans un numéro de MARVELS), et avant que Grimm ne mentionne régulièrement sa tante Pétunia en usant de catchphrases populaires. En bref, avant que le ton ne finisse graduellement par s’adoucir, avec l’émergence d’une atmosphère plus enjouée et bon enfant (les pitreries de Ben Grimm et les farces dont il est victime par la faute des voyous de Yancee Street, les FF poursuivis par leurs fans hystériques, tels les Fab Four à la même période, durant la Beatlemania).

Cette évolution est particulièrement significative avec l’assagissement progressif de la Chose, l’homme amer des débuts, en mesure de sauter à la gorge de son meilleur ami à tout moment, se muant peu à peu en tonton rigolo de Franklin, visiblement plus à l’aise avec son apparence et le regard que lui portent les autres. Pour retrouver ce Ben Grimm originel, Morrison a donc recours a une astuce tout à fait raccord avec un des éléments-clés de la première apparition de Fatalis (les sentiments initiaux de Ben Grimm envers Susan Storm avant l’acquisition de leurs pouvoirs, l’ambivalence d’un Namor pas dépourvu de noblesse, changeant de camp comme de chemise ; Morrison a visiblement bien potassé le sujet).

La tentation charnelle sonne à la porte  © Marvel Comics

La tentation charnelle sonne à la porte
© Marvel Comics

L’exercice de l’exhumation des ingrédients initiaux peut s’avérer délicat, surtout s’il s’agit d’éviter de tomber dans l’écueil d’un exercice de style rétro à tendance nostalgique, or Morrison a démontré qu’il sait amalgamer d’anciens éléments avec de nouveaux apports pour éviter de tourner en rond et impulser une nouvelle dynamique. Morrison les fait donc chuter du Baxter Building, leur propre tour d’ivoire, dans un démarche de déconstruction méthodique, pour mieux leur faire remonter peu à peu la pente.

Pour ce faire, Morrison ramène le Prime Mover, un ancien deus ex machina de Fatalis (provenant du fameux cycle de Jim Steranko sur Nick Fury dans STRANGE TALES), rien de moins qu’un prétexte narratif bien pratique, permettant au scénariste de pousser les curseurs comportementaux tout en réussissant à retomber sur ses pattes in extremis avec une science consommée du dérapage contrôlé. À ceux qui l’accusent de trop malmener les personnages ou d’avoir la main lourde en terme de noirceur, l’auteur peut leur rétorquer que de toute façon les personnages ne sont pas dans leur état d’esprit habituel, chamboulés qu’ils sont par l’émergence de vieilles rancoeurs et de désirs enfouis (à contrario, le comportement des civils particulièrement désagréables n’a ni excuses ni circonstances atténuantes).

King Kong et Godzilla n’ont qu’à bien se tenir  © Marvel Comics

King Kong et Godzilla n’ont qu’à bien se tenir
© Marvel Comics

L’inconvénient est que le format de la mini-série ne lui laisse qu’une place limitée pour manoeuvrer, impliquant d’enclencher le parachute et de commencer à ranger les jouets dès lors que la fin se profile, quitte à sacrifier ses ambitions sur l’autel d’une conclusion un brin hâtive, permise par le génie de Reed Richards, faisant lui aussi figure de deus ex machina personnifié, dont l’intellect permet de pratiquement tout résoudre et de repousser les barrières de l’impossible.

Si Morrison modèle un portrait à charge d’un Mr. Richards plus si fantastique pendant une grosse portion de l’histoire (certaines pistes suggérées ou démenties comme le syndrome d’Asperger ou encore le concept du tulpa), il se rattrape sur la fin en lui redonnant un certain éclat et l’aura qui lui est dû.

Bien que votre serviteur ne soit pas forcément le plus grand amateur du virage stylistique de Jae Lee, opéré à partir de son HELLSHOCK (l’éloignant dès lors de certaines de ses influences encore perceptibles du temps de ses épisodes de NAMOR, entre la virtuosité d’un Sienkiewicz, les ombres d’un Mignola et la rugosité d’un Bisley) son approche convient ici tout à fait à l’humeur narrative et à l’attitude de l’orgueilleux Namor.
La gestuelle d’un Fatalis reflète bien la rigidité inflexible des personnages statiques de Jae Lee, tous occupés qu’ils sont à prendre la pose en faisant la gueule (à tel point que lorsque Alicia Masters se mêle à ses statues, l’organique et la matière inerte ne dépareillent pas tant que ça, égaux dans leurs postures figées).

José Villarrubia, le plus inspiré du trio créatif ?  © Marvel Comics

José Villarrubia, le plus inspiré du trio créatif ?
© Marvel Comics

Sur ce plan-là, il est intéressant d’observer la différence de traitement graphique d’un même personnage à quelques années de distance, le rendu visuel contrastant ainsi d’autant plus avec la façon dont Lee représentait autrefois Fatalis et le prince des mers, plus expressifs et avec une forme d’outrance typique des tendances visuelles du mainstream des 90’s (bouches grandes ouvertes à s’en déchirer les joues, veines saillantes, inflation musculaire, longues chevelures, etc…). Celui-ci a tracé par la suite son propre sillon, à base de photo-réalisme froid et d’esthétique aseptisé, la nervosité bouillonnante laissant place à un apaisement plus sobre, perdant en énergie brute et en intensité ce qu’il gagne en grâce et en élégance.

Lee a également un atout dans sa manche de premier ordre qu’il convient de ne pas omettre : le travail remarquable du coloriste José Villarrubia, dont la palette subtile et nuancée mêle les teintes bleutées et grisâtres pour un résultat véritablement somptueux, renforçant l’atmosphère pesante de l’ensemble et la dimension oppressante de cette grisaille urbaine ambiante.

Namor et la Torche, un duo qui va de soi depuis le Golden Age  © Marvel Comics

Namor et la Torche, un duo qui va de soi depuis le Golden Age
© Marvel Comics

En guise de bonus appréciable pour les complétistes et les fans du scénariste, le recueil contient aussi une histoire courte, mettant en scène un Nick Fury toujours aussi roublard, et constituant une sorte de préambule à un projet de reprise du titre de l’espion borgne (faute d’un feu vert de la part de Bill Jemas, Morrison reformulera le projet chez Vertigo, donnant ainsi naissance à THE FILTH).

Fidèle à ses marottes thématiques et à une volonté de lorgner sur la représentation fantaisiste des plus fameux espions fictionnels des 60’s (passant par l’usage d’atmosphère psychédélique et surréaliste à la Steranko), Morrison profite des faux-semblants propres au monde de l’espionnage (tout n’est que leurre, illusion et mise en scène, un peu comme dans l’intro du premier MISSION : IMPOSSIBLE de De Palma) pour multiplier les retournements de situations les plus invraisemblables et rocambolesques. Une one-shot plaisant à défaut d’un incontournable.

Si le scénariste s’y montre moins inventif et innovant que sur MARVEL BOY et NEW X-MEN, cette mini-série n’a pas pour autant à rougir de la comparaison avec les runs de la série régulière. Du reste, il est aisé de lui préférer la réussite éclatante d’autres récits auto-contenus, tel ce must qu’est le THE END  de Davis (sans doute ce qui s’est fait de mieux sur le quatuor lors de cette décennie).

Cover de Bajram pour les 20 ans de Panini.

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Vous avez été nombreux à nous réclamer le FF de Grant Morrison et Jae Lee. Pierre N vous en dresse l’état des lieux complet chez Bruce Lit.

La BO du jour:
Cette fois c’est la bonne, le Docteur Fatalis a trouvé un moyen de vaincre la First Family en gardant sa némésis pour la fin, à moins que les marionnettes ne se retournent contre celui qui les manipule…

66 comments

  • Tornado  

    Comme d’hab, chacun y voit ce qu’il a envie d’y voir et personne ou presque n’est d’accord avec tout le monde… (et notamment pas avec moi).
    N’empêche qu’heureusement qu’il existe ce type de comics qui, même en partie raté, même poseur et prétentieux, tente autre chose que le mainstream de base. Parce que du coup je m’y ennuie moins que que le reste du temps.

    • Ben Wawe  

      C’est sûr qu’on a plus matière pour en parler que les FF de Millar ou Fraction.

      • PierreN  

        Les seuls FF de Hitch que j’ai appréciés, et pas forcément grâce à lui, doivent correspondre au 32ème annual (sans l’écossais mais avec Joe Ahearne*, le scénariste de Fantastic Force, un spin-off méconnu du run de Millar).

        *celui qui avait également aidé Millar à finir son run avec l’aide d’Immonen (Hitch étant parti sur la mini Captain America: Reborn)

      • Bruce lit  

        Fraction a salopé les FF aussi ?

        • PierreN  

          En suivant l’exemple d’Hickman, il s’est effectivement occupé des deux titres en même temps : Fantastic Four et FF (la série avec les gosses de la Fondation du Futur).

        • Matt  

          Il n’a été bon que sur Iron Man le Fraction, ou j’suis tout seul (avec Tornado) à aimer son Iron Man ?
          Il a fait un peu de Iron Fist avec Brubaker aussi. C’était bien.

          • PierreN  

            De son Iron Man, je crois que je n’apprécie guère que son annual sur le Mandarin. Ses one-shots sur Thor me paraissent plus plaisants que son run sur la série régulière. Tout compte fait, je dois préférer ce qu’il fait sur un format court…

          • Présence  

            J’ai beaucoup aimé l’Iron Man de Matt Fraction, ainsi que ses Fantastic Four, et la majeure partie de la série dérivée FF. Je suis sous le charme de sa série Sex Criminals, et totalement conquis par Hawkeye. Tant qu’à aller à contre courant, j’avais trouvé ses X-Men divertissant, ainsi que son passage sur Thor. De fait, Matt Fraction est un scénariste dont je suis attentivement la production. Je recommande également chaudement sa série Casanova, malheureusement en souffrance depuis plusieurs mois.

  • Steph  

    Bon, merci Pierre! Je vais l’avouer, je suis maintenant curieux de connaitre en détail cette série, moi qui ne suis pas fan de Morrison.
    Si ça me plait, je me dirais qu’en fin de compte, ce gars est moins surévalué que je le pensais (après tout, j’aime bien certains passages de New X-men et j’ai apprécié grandement All Star Superman et We 3)…
    Sinon, bah, j’en saurais déjà plus sur la prose du gars ^^
    Bel article.

  • Matt  

    Une vidéo sympa (si on comprend l’anglais) sur les inconvénients scientifiques de l’invisibilité :

    https://www.youtube.com/watch?v=4oTa1BabYpE

    Pour les nuls en anglais, en gros il faudrait dévier les photons (parce qu’invisible ne veut pas dire intangible, et techniquement si les photons rebondissent toujours sur nous, eh ben on est visibles)
    Mais dévier les photons nous rendrait aveugle aussi^^

    Chez Marvel dans une explication pseudo scientifique, il est expliqué que Sue Storm les dévie mais en conserve une partie qui vont dans es yeux. Sauf que techniquement…ça devrait rendre les yeux visibles aux autres aussi^^
    Ensuite, même sans considérer ça, le fait de ne plus voir son propre corps priverait notre cerveau de repères qui nous permettent d’ordinaire de ne pas constamment regarder où on marche et les objets qu’on attrape, ou quelles touches on appuie sur le clavier.^^

    Enfin c’est rigolo. J’ai découvert cette chaine, le mec fait aussi des trucs en rapport avec la culture geek. Genre quelle maladie aurait le Joker ? Quelles plantes existantes rendraient Poison Ivy extrêmement dangereuse ? Etc.

    • Bruce lit  

      Amusant tout ça.
      Il nous manque une rubrique scientifique ici.

    • Matt  

      Je viens de voir la vidéo « pourquoi vous ne voulez pas le pouvoir de voler » (comme Superman hein, pas comme un cambrioleur…)

      Le froid, le manque d’oxygène, la force d’une collision avec un petit oiseau si tu voles trop vite peut être fatale, etc…^^ (le mec prend l’exemple d’un oiseau qui ne pèserait que 500 grammes et un avion qui irait à 900 km/h environ, la force de collision pourrait aller jusqu’à 90 000 Newton (soit presque une tonne que tu te prends dans la gueule…)
      Les impacts d’oiseau laissent d’ailleurs des marques sur les avions…qui sont en métal quoi…et prévus pour encaisser.

      En gros on pourrait juste flotter quoi. ça resterait pratique pour aller réparer le toit de sa maison^^, mais pas vraiment pour partir en voyage dans d’autres pays sans avion…

      • Bruce lit  

        Ahaha
        Excellent.

  • Matt  

    Il y a aussi une video sur « Gwen Stacy aurait-elle pu survivre à sa chute ? » en partant du principe que la toile de Spidey est élastique. Quelle élasticité de la toile serait requise pour qu’elle vive en fonction de la vitesse et la distance de chute^^

    Bon évidemment c’est un vrai truc de geek, le mec suppose le poids de Gwen et tout…mais c’est marrant.

    https://www.youtube.com/watch?v=dAebUfMN_K0

  • Isai Fritz  

    Nice post. I learn something totally new and challenging on websites

  • Bruno :)  

    Oui, bon, bref : Morrison, bien planqué derrière L’EXTRAORDINAIRE esthétique de Jae Lee (je mets en majuscule parce que, décidément, il le mérite !), se contente d’aligner des clichés explorés mille fois déjà sans rien y ajouter de neuf ni de personnel. Bien pire : il ne prend aucun risque, en évitant de changer quoi que ce soit à la structure familiale « sacro-sainte » des FF , là où ses prédécesseurs n’ont pas hésité, en leur temps (la préhistoire !), à franchement secouer le cocotier. Entre autres : les amours chaotiques de Johnny et l’arrivée de Medusa, par Roy Thomas ; la crise conjugale entre Reed et Susan et -surtout !- le geste désespéré de ce dernier vis-à-vis de leur fils (!) sous l’égide de Gerry Conway. Sans oublier les libertés ludiques et/ou dramatiques, mais toujours solidement argumentées, de John Byrne : Johnny/Alicia, les pouvoirs mutants de Franklin, Miss Hulk… La tante Pétunia !
    Je doute que remettre à zéro le niveau d’évolution de personnages aussi « aboutis » que ceux-ci, même sous le (fallacieux ?) prétexte de « l’hommage à… » vaille vraiment la peine qu’on s’attarde sur l’exercice. Que ce soit le retour, absolument irrationnel à ce stade-là de son existence, de l’angoisse matrimoniale de Susan (ridiculement doublée de son béguin immature pour Namor !) ; ou même une énième crise existentielle en rapport avec son apparence, et perturbant ses loyautés (!), pour Ben, on fait du sur-place tant l’argumentation est facile et artificielle, la mise en scène poussive et les échanges redondants. Sous prétexte de production marginale, on fait dans l’intime -niveau Friends, hein !- et le résultat, plein de prétentions, pourrait justifier en réaction le plébiscite d’une production honnêtement mainstream dont -au moins !- l’humour, facile et commercial, garantirait un minimum de distraction.
    On s’ennuie ! Et c’est toujours un comble, quand on lit un Comic de Super-Héros !

    • Bruce lit  

      Nous sommes quelques uns ici à penser que Grant Morrison est le roi de l’esbrouffe.

      • Jyrille  

        C’est marrant mais pour moi c’est tout le contraire : le seul travail de Jae Lee que j’ai lu (INHUMANS), j’ai trouvé que c’était de l’esbrouffe (et que c’était laid) alors que je suis fan de Morrison.

      • zen arcade  

        Bof, j’ai pas envie de soutenir particulièrement Morrison, surtout que ça fait bien longtemps que le mojo l’a abandonné et qu’il s’est perdu. Mais Morrison, c’est quand même au-moins une belle poignée de très grands titres et un immense chef d’oeuvre avec sa Doom Patrol.
        C’est très largement mieux que l’immense majorité des scénaristes de comics.
        Ceci dit, sa mni FF avec Jae Lee, c’est complètement sans intérêt.

  • Tornado  

    Sans intérêt ? Ma foi, pour un lecteur adulte n’ayant pas envie de se retapper les classiques pour enfants, ni le run imbitable de Hickman, c’est un petit « best-of » (qui résume en une seule histoire les éléments phares de la série) très sympa, bien dessiné et bien écrit. C’est joli, immersif, classe, et ça tient en quatre épisodes. Pour moi c’est très bien. Un seul volume dans ma bibliothèque pour me rappeler l’existence des FF. Parfait.

    • zen arcade  

      J’aime beaucoup le run de Hickman. 😉

      • Bruce lit  

        Si tu veux jouer les guests pour nous en parler ?

        • zen arcade  

          Dans une autre vie, j’ai écrit des chroniques bd (c’était pour la première mouture du Benzinemag) et je n’ai pas envie de recommencer.
          Merci pour la proposition mais non…

          Sinon, j’ai le souvenir d’un chouette comic de science-fiction.
          Les critiques habituelles des fans de comics de super-héros relatives à la supposée froideur dans le traitement des personnages, j’avoue qu’elles ne me parlent pas.

  • Eddy Vanleffe  

    Hello la compagnie.
    Avec un certain recul, à chaque lecteur son comics et vice versa.
    J’ai trouvé le récit anecdotique, mais superbement mis en image par un artiste et un coloriste qui marchent sur l’eau. Ca suffit en soi.

    @Jyrille
    Jae Lee en esbrouffe sur INHUMANS? j’avoue ne pas comprendre…L’artiste est en plein mue post-1990’s et il devient de meilleur de page en page.

    • zen arcade  

      « Avec un certain recul, à chaque lecteur son comics et vice versa. »

      La voix de la sagesse. 🙂

      Personnellement, je reconnais du talent à Jae Lee mais son travail ne me touche pas et ne m’intéresse pas.

    • Jyrille  

      Je n’aime pas le trait de Jae Lee. Même sur les scans ici, ça ne me touche pas du tout. Comme Zen, je lui reconnais du talent, mais ce n’est pas un dessin qui me parle ou m’interpelle. Dans Inhumans, la majeure partie des dessins, très poseurs, sont mangés par une large part d’ombre qui me semble être la négation du dessin à moins d’être dans Sin City. Aucune composition de planche ne m’a semblé bonne à part la toute première. Vraiment, je ne comprends pas l’engouement pour ce dessinateur.

  • Tornado  

    Je suis inversement étonné qu’on puisse ne vraiment pas l’aimer. C’est un style très baroque (Il a dû beaucoup regarder les oeuvres du Carravage, ça parait évident), onirique, qui suppose un récit au diapason. Quelque chose de contemplatif, intimiste, vaporeux, diaphane. C’est vraiment un artiste plein de sensibilité échoué en terrain mainstream. Je ne le trouve pas poseur. Les dessineux qui te balancent des super-héros bodybuildé au km, ça c’est poseur pour moi. Jae Lee est plutôt dans une forme néo-classique. Des poses à la Michelange, avec des personnages fantasmés, comme dans un ailleurs, alanguis, idéalisés comme des statues grecques. Pour illustrer du super-héros de manière conceptuelle, c’est assez génial, je trouve. Le seul reproche que je peux comprendre, encore que je ne le partage pas, c’est que le rendu final est très lissé, maniériste, à l’inverse d’un Scienkiewicz, par exemple.

    • zen arcade  

      « Des poses à la Michelange, avec des personnages fantasmés, comme dans un ailleurs, alanguis, idéalisés comme des statues grecques.  »

      Nan mais moi mon problème, c’est que je préfère Skottie Young. 🙂
      En plus, c’est vrai….

      Plus sérieusement, tu décris bien le travail de Jae Lee, tu mets très bien le doigt sur les raisons pour lesquelles ce qu’il fait ne me touche pas.
      C’est pas tellement que je n’aime pas ce qu’il fait, c’est que ça ne fait rien vibrer du tout en moi.

    • Jyrille  

      Fine analyse mais de la même façon, ça ne me touche pas du tout. Ca me sort de l’histoire, ces poses irréalistes et sans aucun intérêt scénaristique. Moi je préfère de loin Sienkiewicz.

      • Bruno :)  

        Il est toujours un peu vain de comparer le travail d’un artiste par rapport à un autre : soit son style nous parle, soit il nous laisse froid -soit même, parfois, il nous agresse franchement, ça arrive… C’est plus intéressant, et plus « sensé », d’apprécier la cohérence entre le propos d’une histoire et son exécution graphique. Des artistes absolument « nuls » (très faibles au niveau de la maitrise basique de leur dessin -proportions, perspectives, profondeur, Etc…), il y en a eu pleins, même au MCG (Les pires ont fait le succès de la boite, d’ailleurs !). Quand ils étaient raccords avec l’histoire qu’ils illustraient, ça fonctionnait souvent aussi bien que d’autres beaucoup plus « à l’aise » dans le domaine. À l’inverse, un cador très populaire -relativement « récent » dans l’historique des Grands du genre…- s’est amusé à illustrer un Comic « classique » pour Marvel et, malgré toute sa maestria pourtant avérée, hé bien le résultat est rien moins qu’ennuyeux et dénué d’intérêt -à mon avis, en tous cas. Il n’y a pas de règle, en particulier pour ce médium si spécifique. Les cases de Jae Lee SONT effectivement maniérées et presque « figées » -un comble, pour un artiste de Comic-Book !- mais, et notamment pour son travail sur les Inhumains, la recherche graphique, pleine de trouvaille et d’idées « neuves » (tout ce qui concerne la mise en valeur du personnage de Woz, en particulier…) prouve un talent pictural assez manifeste. Idem pour la mise en scène de ses épisodes de Sentry. Il est un poil plus paresseux (moins inspiré ?!) sur ces FF -là, c’est possible. Mais, bien sûr, on a le droit de ne pas aimer : l’intérêt des Comic-Books étant aussi leur infinie variété -pourvu que ça dure !

      • Tornado  

        @Zen : Je hais Skottie Young de toutes mes forces. C’est le dessinateur que je déteste le plus entre tous. Tu ne vas sûrement pas être d’accord mais pour moi il infantilise le médium en donnant un côté fétichiste/Doudou à ses personnages. C’est branchouille et débilisant. Je trouve.

        @Cyrille : « Ça me sort de l’histoire/sans aucun intérêt scénaristique » : Oui si l’histoire n’est pas raccord. Mais avec celle-ci, celle de Sentry et celle sur les Inhumains, c’est totalement raccord je trouve. Rapport fond/forme ultime.

        Bon après tout ça n’est pas bien grave. Chacun ses goûts.

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