Wolverine / Hulk par Sam Kieth
Première publication le 10 avril 2014- Mise à jour le 20 août 2015
VO : Marvel
VF : Panini
Woverine /Hulk est une mini série écrite et dessinée par Sam Kieth publiée par Marvel en 2002 dans la série Marvel Knight.
Elle a été depuis rééditée en VO dans Wolverine Legends et en français par Panini sous le titre : La délivrance.
Deux monstres sacrés ! Hulk et Logan. Ils ne sont pas très beaux, sont victimes de leurs pulsions et doivent garder la bête sous contrôle sous peine de mettre les autres en danger.
Bruce Banner est un homme qui cache un monstre, Logan un animal qui veut rester humain. Hulk et Wolvie sont indisociables de par leur personnalité: solitaires, violents, rejetés et incompris.
Mais surtout, Wolverine est entré dans l’histoire en affrontant le colosse de jade dès sa première apparition. Il n’était alors qu’un freluquet dont il était imaginé que ses griffes sortent de gants mécaniques (ouf ! pour une fois Marvel a évité le ridicule !).
Lorsque une troisième légende, Sam Kieth, co-créateur du non moins légendaire Sandman se met en tête de scénariser et de dessiner les deux brutes épaisses dans le cadre de l’opération Marvel Knights au début des années 2000, il convient d’y prêter attention. D’autant plus que la charte de l’époque privilégiait les intrigues réalistes débarrassées de conflits mondiaux interplanétaires et de vilains mégalomanes !
Voici donc une histoire assez atypique des deux musclés qui ne laissera personne indifférent. Suite à un accident d’avion, Logan est hanté par le fantôme d’une fillette l’enjoignant de la délivrer d’une prison aquatique. Problème : Logan est en pleine neige et ce crétin de Hulk qui n’arrête pas de l’emmerder avec son cerveau de lombric et son haleine de chacal.
Amateur du tragique des deux personnages, sois averti, ce n’est pas ici que tu les verras se la jouer Hamlet ! Tes héros vont plutôt être tournés en ridicule, notamment dans une scène où ils partagent la même avalanche…
A ce titre, Sam Kieth joue à fond le second degré. Il est de notoriété publique que lorsque deux héros se rencontrent, ils doivent obligatoirement se sauter dessus pour un prétexte bidon, manquer de s’entre-tuer au mépris des conséquences avant d’unir leurs forces 10 pages avant la fin comme si rien ne s’était passé ! C’est exactement ce qui se passe ici.
Attirés par l’esprit de la petite fille, les deux pas malins se castagnent façon David et Goliath avec un net avantage pour Hulk. Celui-ci est toujours aussi bête et il est amusant de voir Logan à contre emploi, obligé de se contrôler pour ne pas l’éventrer devant une petite fille.
Certains passages sont plutôt amusants et rappelle la jubilation que peut prendre un Garth Ennis à utiliser une intrigue bidon pour humilier les super héros Marvel. Cet aspect est renforcé par le dessin déformé à l’extrême par Kieth.
On est évidement loin de l’archétype super héroïque façon Jim Lee où des Dieux grecs posent en spandex ! Pourtant à bien y regarder les planches de Kieth traduisent merveilleusement le grotesque de ces personnages haut en couleurs. Distorsion anatomique, membres désossés, exagérations des contours, Kieth se livre à un massacre contrôlé de l’esthétique super héroïque. Pourtant cette caricature a une logique : elle correspond à la vison de nos deux icônes par les yeux d’une petite fille. Et à y regarder de près les couleurs de Richard Isanove sont bluffantes.
Maintenant, Kieth sur le scénario se donne beaucoup de mal pour écrire une version abrégée du Petit Prince avec une fillette étrange qui interpelle un adulte dans un désert après un accident d’avion. Pourtant tout ceci est extrêmement décompressé et répétitif : les deux idiots se fritent, se calment, se tapent de nouveau avant d’être séparés par la fillette qui leur balance des énigmes. Une fillette à laquelle, malgré tous les efforts de Kieth il est difficile de s’attacher tant elle est plus gonflante qu’attendrissante.
La fin est très prévisible pour celui qui a vu Sixième sens et Kieth ne parvient jamais à quitter la caricature pour verser dans l’émotion et la poésie. Il n’en reste pas moins que cette histoire atypique vaut le coup d’oeil et qu’en comparaison de la désastreuse saga d’Elektra sortie à la même époque, cette histoire peut prétendre au chef d’oeuvre…
Une chro bien marrante, que j’ai dû louper à l’époque. La légende sur l’avalanche ferait-elle référence à la reprise de Avalanche de Leonard Cohen par Jean-Louis Murat ?
BRAVO Cyrille ! Un vrai coeur de rocker pour déceler mes messages subliminaux.