Spiderman : la dernière Chasse de Kraven par J.M. de Matteis & Mike Zeck
1ère publication le 05/11/15- Mise à jour le 29/07/21
Un article de : TORNADO
VO : Marvel
VF : Panini
Cet article portera sur la saga intitulée à l’origine La dernière Chasse de Kraven (Kraven’s Last Hunt en VO).
Il s’agit d’une aventure de Spider-man publiée initialement en 1987, à l’époque où le héros évoluait en costume noir.
Au moment de sa sortie, cette histoire était considérée comme un crossover dans la mesure où elle fut publiée à travers les trois séries consacrées au Tisseur (Amazing Spider-Man #293 & 294, Spectacular Spider-Man #131 & 132 et Web of Spider-Man #31 & 32).
Cette tare du crossover, pensée afin d’obliger le fan à acheter toutes les séries, construite sur de l’événementiel factice (par exemple la mort provisoire d’un personnage de premier plan…), aura, une fois n’est pas coutume, permis la publication d’une saga devenue culte, dans le bon sens du terme…
Sergei Kravinoff est Kraven le chasseur. Un criminel et un ennemi historique de notre ami Spiderman, habillé en peau de léopard avec une crinière de lion dans le dos. Ce personnage a fait sa première apparition dans Amazing Spider-Man #15 en août 1964. C’est un maitre des potions, potions qui lui permettent d’empoisonner, de paralyser ou encore de faire endurer d’atroces souffrances à qui bon lui semble. Bref, un vrai méchant !
Parallèlement, il puise dans ces mixtures différentes vertus lui permettant d’acquérir une force surhumaine et des sens surdéveloppés, bien pratiques afin de combattre d’éventuels super-héros…
Par-dessus tout, Kraven est un aristocrate russe devenu chasseur sur la base d’un rigoureux code de l’honneur. Ayant parcouru la planète en quête de proies, il estime être devenu le plus grand de tous les chasseurs (dans sa jeunesse, il a même tué un gorille à mains nues ! ainsi que divers fauves, d’où le costume-trophée !) et entreprend ainsi de s’attaquer au gibier le plus insaisissable qui soit : L’Homme-araignée !
Hélas, lors de sa première rencontre avec Spiderman, Kraven perd son combat contre notre héros. Estimant dès lors avoir perdu son honneur, il n’aura de cesse de vouloir se venger…
Notre histoire commence lorsque Kraven, après l’avoir drogué, abat Spiderman d’une balle de fusil de chasse. Ouais, carrément ! Il le fait ensuite enterrer, non sans lui piquer son costume, afin de lui prendre sa place de super-héros et démontrer au monde qu’il est capable de surpasser son ennemi (une sorte de Superior Spider-man avant l’heure, quoi). Carrément, ouais !
Mais, malgré ce que croit Kraven, notre bon Spidey n’est pas mort…
Avec le recul, La Dernière Chasse de Kraven s’impose tout net comme l’une des meilleures sagas de l’Homme araignée !
Dans une aventure intense, glauque, et pour une fois très adulte (ce qui est rare pour l’époque !), notre héros se voit opposé, pour la dernière fois (mais peut-on parler de « dernière fois » dans le monde des comics de super-slips ?), à l’un de ses pires et plus anciens ennemis…
Bien que le style du dessinateur Mike Zeck ait franchement vieilli (encore que l’on peut l’apprécier pour son aspect vintage !), le scénario n’a, quant à lui, pas pris une ride. Il s’agissait à l’époque d’une très belle tentative réalisée par le scénariste J.M. DeMatteis afin de traiter le personnage de manière adulte et dramatique.
Alors ? pourquoi est-ce si bien ?
Et bien parce que c’est drôlement bien écrit ! La construction du récit, articulée entre les soliloques de Kraven et ceux de Peter Parker, impose une mise en scène conceptuelle, où le lecteur pénètre alternativement les pensées des deux protagonistes, voire des personnages secondaires (Mary-Jane, par exemple).
Dès lors, chaque intervenant apparait dans une forme de complexité inédite, et Kraven, habituellement cantonné aux rôles de méchant d’opérette, révèle une étonnante épaisseur dramatique, tourmentée, où la haine se dispute à l’émotion, où le désir de vengeance côtoie le respect et l’admiration de son ennemi.
Teinté de shamanisme et de métaphore totémique (idée originale reprise plus tard dans le run de JMS), le script de J.M. de Matteis met en opposition les deux ennemis avec une rare intelligence et une profondeur thématique étonnante. C’est ainsi que l’Homme-araignée, perçu au départ comme un animal par Kraven le chasseur, devra puiser en lui toute son humanité la plus pure afin de renaitre (la métaphore qui le voit sortir de la tombe est limpide !), humanité qu’il trouvera évidemment dans son amour pour Mary-Jane, qu’il vient tout juste d’épouser à l’époque de ces épisodes, et qui lui procurera la force de revenir à la vie.
Et c’est ainsi que Kraven, à l’apparence tout à fait humaine malgré son costume chamarré, tombera dans la bestialité et, par extension, dans la folie, achevant en définitive son voyage du côté animal de l’âme humaine…
Bref, une vision conceptuelle de l’éternel combat du bien contre le mal, illustrée d’une manière proprement brillante !
Evidemment, la date où la saga fut publiée, c’est-à-dire en 1987, n’est pas étrangère à la maturation qui toucha par la grâce le scénariste J.M. de Matteis lorsqu’il imagina cette descente aux enfers d’une noirceur surprenante, cette confrontation shakespearienne laconique et ce suspense au cordeau.
En effet, l’année précédente avait été sous le signe de la révolution dans le monde des comics de super-héros. Tout le monde le sait aujourd’hui, puisqu’Alan Moore et Frank Miller venaient de publier respectivement Watchmen et Batman : The Dark Knight Returns…
Il aura fallu quelques années pour que le labeur de Miller, qui avait complètement revu et corrigé le style narratif naïf et ampoulé des comics old-school de l’âge d’argent dans sa série Daredevil entre 1981 et 1985, fasse boule de neige. Mais force est de constater que cette révolution formelle avait fini par contaminer certains auteurs évoluant dans le milieu. Ainsi, la caractérisation tourmentée, voire psychotique des personnages dans La Dernière Chasse de Kraven, avec tous ces soliloques et ces flux de pensée, ce découpage rythmé et conceptuel, ces cadrages quasiment cinématographiques, cette absence de bulles de pensée et d’humour infantile, cette noirceur et cette violence assumée, semblent provenir en droite ligne du legs de Frank Miller.
Certes, Alan Moore avait également, de son côté, balisé le terrain avec Swamp Thing et Miracleman, mais il s’agissait tout de même de séries moins populaires…
Avec son atmosphère glauque et cauchemardesque (toutes les scènes se déroulant dans les égouts, où Spidey affronte l’épouvantable Vermine, sont vraiment malsaines !), La Dernière Chasse de Kraven préfigure également les épisodes écrits et dessinés par Todd Mac Farlane dans sa propre série, clairement adressés à un public plus mature que d’ordinaire (dans la forme, en tout cas). La tonalité de l’histoire est aussi sombre que les grandes histoires de Batman qui verront bientôt le jour (avec par exemple la saga Knightfall, ou encore le run de Doug Moench & Kelley Jones), et la fin, sans concession, est d’une rare intensité tragique.
Définitivement, cette histoire s’impose comme un modèle de progression narrative, dans la lignée du travail de Frank Miller sur Daredevil. Et un modèle tout court pour les comics mainstream à venir…
Pour ceux qui ont du mal aujourd’hui avec le style ampoulé des comics « old-school » (Hé ! je ne suis pas le seul !), dans lesquels les personnages commentent à voix haute tout ce qu’ils font, où les bulles de pensée compensent un découpage trop linéaire, où les histoires ne sont que des prétextes à voir des hommes musclés en collants et en slip s’affronter dans des bagarres de bac à sable et s’adonner à des joutes verbales infantiles, sachez que ce récit n’entre pas dans cette catégorie, mais annonce au contraire l’avènement des comics mainstream (les comics inscrits dans la continuité des séries) modernes, avec dialogues épurés, voix off et narration axée davantage sur le vocabulaire graphique que sur les phylactères.
Plus violents que les épisodes de Daredevil cités plus haut, ceux de la saga ici présente peuvent encore aujourd’hui nous surprendre par leur noirceur abyssale, bien plus viscérale que la plupart des lectures que nous offre le bien tiède Marvel contemporain…
Avec le recul, les sagas de cette trempe ne sont pas légions à cette époque au sein de la continuité (on pense tout de même au Killing Joke d’Alan Moore, paru la même année !).
Il y avait eut pourtant un précédent crossover vraiment bon intitulé La Mort de Jean Dewolf, très adulte également (relativement en tout cas), publié en 1985/86 sous la houlette de Peter David. Cette précédente saga de Spiderman mettait en scène un tueur en série masqué (une simple cagoule verte et des bottes à la Robin des bois !), assassinant les représentants d’une justice qu’il considérait trop corrompue. Sa première victime avait été le capitaine Dewolff, une amie personnelle de Spiderman. Dès lors, notre héros, aidé par Daredevil (c’est d’ailleurs l’épisode historique où le Diable rouge perçait à jour l’identité secrète de l’Homme-araignée !), allait mettre un point d’honneur à stopper la croisade meurtrière de celui que tout le monde nommait alors le Rédempteur…
La grande qualité de ces épisodes résidait dans la toile de fond que développait le scénariste autour de la notion de justice. Que ce soit dans les divergences de valeur entre les personnages ou bien dans le reflet de ce que faisaient les médias de cette affaire, Peter David déroulait l’air de rien une implacable analyse des complexités liées au code pénal.
Mais, également, le premier épisode de la saga (une pure merveille !) se démarquait déjà par une construction calquée sur celle de Frank Miller, avec voix-off et découpage conceptuel ! Hélas, les trois suivants étaient plus convenus, avec retour des bulles de pensée et dialogues envahissants. On retombait alors dans les travers des comics de l’époque, très ampoulés.
Mais ce fut bel et bien La Dernière Chasse de Kraven qui entérina la descente aux enfers de Spiderman, sa douloureuse renaissance et son passage à l’ère de la maturité. Après tout, il apparait évident, avec le recul, qu’il était nécessaire d’assassiner notre héros afin qu’il renaisse sous un nouveau jour, et sous des atours moins naïfs ! Comme une sorte de parcours initiatique, intense et douloureux, vers l’abrupte réalité de l’âge adulte ! Un « Born Again » chez Spiderman, en somme !
Cette caractérisation des personnages touchant à tous les aspects strictement adultes de la littérature, les rendant tour à tour complexes, malsains, tourmentés ou psychotiques, alliée à une violence frontale et une approche glauque et dépressive, propulsait en un sens notre saga dans la sphère du roman noir. Malgré un style de dessin qui allait rapidement apparaitre daté, cette épaisseur, cette atmosphère et cette mise en forme exigeante et conceptuelle, destinaient d’emblée ces épisodes à une pérennité certaine.
Aujourd’hui, je pense que l’on peut considérer la saga La Dernière Chasse de Kraven comme un chef d’œuvre du genre et comme l’une des plus grandes réussites dédiées au super-héros le plus populaire de la planète ! Un grand classique, à ranger à côté de Born Again et de La Mort de Captain Marvel !
Cette réussite fut tellement marquante que l’éditeur Marvel attendit plus de vingt ans avant de faire ressusciter le méchant de l’histoire. Impressionnant !
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Spider-Man : Homeland vient de sortir et va inévitablement entraîner sa cohorte de questions angoissées : je dois lire quoi de Spider-Man en premier sans me taper 50 ans de continuité ? Pas de panique, tonton Bruce Lit est là pour vous aider ! Aujourdhui l’indispensable Dernière chasse de Kraven déterré par Tornado.
La BO du jour : c’est pas beau d’enterrer les gens vivant ! Il y’a de quoi perdre foi en l’humanité !
Eh bien, Tornado, tu as mis en évidence des correspondances avec des développements ultérieurs du Tisseur qui m’avaient échappé, et donné envie de relire cet arc.
Je te trouve assez sévère sur le trait de Zeck, qui livre quand même une très bonne prestation, n’étant pas avare de détails, ni (me semble-t-il dans mon souvenir) de décors.
Pour être honnête, je l’ai lu il y a une dizaine d’années alors que la trame générale m’était déjà connue et entre le spoil et l’attente peut-être trop grande, j’en suis ressorti un peu déçu, je n’étais pas totalement rentré dans le récit. Il faudrait vraiment que je le relise.
On peut rajouter que De Matteis et Zeck ont produit un épilogue à Kraven’s Last Hunt : Soul of the Hunter, assez émouvant mais dispensable.
Enfin, même si tu le précises en début d’article, il s’agit en quelque sorte d’un « faux » crossover, dans la mesure où la même équipe artistique reste sur tous les épisodes et raconte son histoire. En cela, on rejoint nos discussions d’il y a quelques jours sur la liberté éditoriale et la qualité des productions…
Bonne journée everybody !
Tigre, Tigre ! ton éclair luit
Dans les forêts de la nuit,
Quelle main, quel œil immortels
Purent fabriquer ta formidable symétrie ?
Comme Tornado, cette histoire me transporte dans l’esprit des 2 protagonistes à chaque fois que je la relis, pour toutes les raisons que Tornado développe avec conviction.
Crossover – Pas tout à fait : pour l’avoir acheté les numéros mensuels à leur sortie, en tant que lecteur, je voyais bien qu’il s’agissait d’une histoire continue que les responsables éditoriaux avaient choisi de faire paraître en 2 mois sur 3 séries, interrompant par la même le flux de ces 3 séries.
Le style du dessinateur Mike Zeck a franchement vieilli – A mes yeux, les dessins de Mike Zeck n’ont rien perdu de leur force narrative (il n’y a qu’à regarder la planche où Sergei Kravinoff se suicide). Mais il est vrai qu’ils empruntent encore beaucoup à Jack Kirby et aux comics à destination d’un public plus jeune. Par exemple, dans la planche « Spidey is back from the grave », il est possible de constater que Zeck a encore une approche des arrière-plans assez enfantine (non, ce n’est pas un gros mot). De mémoire aussi, il y a un nombre de pages significatifs dans lesquelles il n’y a pas de décors. Ensuite quand les décors sont présents, la façon de les représenter contient un degré de simplification qui les rend plus facilement assimilables, parce que purement descriptifs, sans être trop chargés.
Le leg de Miller – J’aimerais bien tout attribuer à John-Marc DeMatteis (en particulier la vie spirituelle de Parker et Kravinoff qu’il rend si bien), mais je ne peux que m’incliner devant cet argument de Tornado. Il y a quand même la récupération de « Le tigre », un poème de William Blake (1757-1827), où DeMatteis remplace Tigre par Araignée, un dispositif narratif qu’il ne me semble pas que Frank Miller ait utilisé.
Par contre ce poème est cité dans. .. Watchmen ! (Rorschach en prison)
Un crossover : Je n’ai pas été assez précis. Mais c’est de cette manière que la saga est présentée. : « le crossover Kraven le Chasseur ». C’était marqué sur le bouquin. Bientôt, cela débouchera sur des hyper-mega-VRAIS-crossovers, comme « Maximum Carnage » et « La Saga du Clone ».
Le dessin de M. Zeck. Pareil. Je suis allé trop vite en besogne. Il a vieilli dans le sens où il ne parait pas aussi en avance sur son temps que le scénario de JMdM. En revanche, paradoxalement, il permet de situer le récit dans son époque éditoriale et préserve un charme vintage.
Le poème de William Blake : Je ne le connaissais pas (et je ne m’en souviens pas dans Watchmen). Présence m’en a parlé après que j’ai écrit l’article. S’il m’en avait parlé avant, je lui aurais piqué le thème et ajouté dans mon article ! 😀
Et bien je ne connais pas du tout cette histoire, mais j’ai très envie de la lire maintenant, c’est malin ! Encore une fois, une très belle analyse et une mise en perspective de l’époque donne à l’article toute la saveur dont nous avons besoin pour bien assimiler son importance et ses qualités. Toujours du beau boulot, mais je vais paraphraser JP, c’est parfois un brin bavard, Tornado 🙂
Je suis très impressionné par les scans, notamment celui du suicide. C’est effectivement très étonnant pour un Spidey sorti sans doute chez Lug. Shocking !
L’album a été réédité chez Panini avec une traduction de la mère Coulomb je crois.
Une histoire puissante dont je me rappelle encore la lecture 20 ans après. Le suicide de Kraven au crépuscule, une mise en scène assez terrifiante. Ton article permet d’en savourer la profondeur et bonus le resituer dans le contexte éditorial de l’époque, une vraie plue-value. Je sais enfin où DD a démasqué Spidey !
Pour tout vous dire, j’ai toujours considéré cette histoire comme une préquelle à la saga du clone :
1/ Il s’agit d’un apperçu de ce que peut donner un Spider-man dépressif
2/ De Matteis, signera les meilleurs épisodes de cette longue saga
3/ l’humour de l’araignée y est comme tu le mentionnes presque absent
4/ Les voix off et les parenthèse de De Matteis y sont très présentes.
Je trouve le dessin toujours aussi percutant. A l’époque, c’était très adulte, d’autant plus que Zeck avait signé dans un style bcp plus infantile « Secret War ».
Je n’aurai jamais pensé au rapprochement de Miller, ni Born Again. En fait, je pense beaucoup plus au Weapon X : des voix off qui se mélangent, un héros torturé et souvent muet, une ambiance proche de l’horreur….Par contre, j’ai toujours trouvé l’intrigue avec Vermine un peu faiblarde.
Tu m’apprends que Kraven est ressuscité !!!! C’est une hérésie ! un crime ! une connerie monumentale ! Marvel est donc incapable de conserver une allégorie si forte sur le suicide ! Spidey manque de tellement d’ennemis qu’il faut ressusciter (et donc annihiler) celui-là ! Je suis révolté ! Merde à la fin ! Quelle bande de connards ! Déjà à l’époque, De Matteis, comme le mentionne JP, avait dû écrire une suite (pas terrible) pour expliquer que le suicide c’est pas bien suite à la levée de boucliers de certaines associations familiales…
Enfin, le poème de Shelley : il y est fait allusion je crois dans Punisher : Le tigre où l’on voit le jeune Frank Castle. JP ?
Le poème de Blake : oui, aussi cité dans le One-shot the Tyger de Ennis et Severin.
Et dans un épisode de BTAS. ..
Y aurait de quoi en faire un article de toutes ces citations dans des comics. ..
Merci Tornado et JP Nguyen, je peux toujours compter sur vous pour remettre en cause mes certitudes. J’avais complètement effacé de ma mémoire le fait que « The Tyger » est cité dans Watchmen, et pour cause, je n’avais pas dû comprendre ce que ça faisait là. Par contre, j’avais été très sensible au rythme créé par la répétition de cette phrase dans la Dernière chasse de Kraven.
À la demande générale (comment ça j’entends des voix), quelques mots sur ce poème. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il m’a fallu sortir de ma zone de confort pour aller chercher sur internet.
Premier constat : c’est le poème le plus lu de William Blake… mais par les anglais. Le lecteur français est donc en face d’une référence culturelle typiquement anglo-saxonne, une évidence pour les anglais et les américains, une référence muette pour les petits français.
Deuxième constat : le poème est très court et très facile à lire (ouf !).
Troisième constat : il existe un site qui propose un commentaire de texte ligne par ligne (cf. adresse ci-dessous) Hé ben, c’est pas superflu. Ainsi donc la symétrie formidable est une référence à l’architecture classique et à la perfection divine (le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’y étais pas du tout).
Au final, il paraît qu’on peut y voir un questionnement sur le dessein divin, la terreur face à cet animal, un prédateur redoutable, un meurtrier efficient, une création d’une rare beauté, etc. Cela pourrait être perçu comme la façon dont Kravinoff voit Spider-Man, la seule proie dont il n’a pas eu raison, et la transgression d’ordre religieuse que constitue sa mise à mort (braver un tabou d’ordre spirituel).
http://www.shmoop.com/tyger/
Je me suis arrêté à l’explication de la première ligne, mais c’est super intéressant ! Merci Présence ! Je ne connaissais que la version citée dans Watchmen, évidemment.
Merci beaucoup pour cette explication, et ces éléments qui m’étaient inconnus. Connaissant la soif de spiritualité de JM DeMatteis, je suis sûr qu’il a bâti sont récit sur ce schéma qu’il devait connaître.
Très bel article sur cette histoire marquante et sombre que j’avais en son temps beaucoup appréciée et relue avec la réédition Panini (oui, on fait ce qu’on peut…). J’ai beaucoup aimé que tu relies ce récit et celui de la mort de Jean Dewolf qui effectivement me paraissent pouvoir être associés dans ce pas en avant vers des récits plus adultes qui mettent en avant non seulement la psychologie du héros mais aussi de son adversaire, en l’occurrence Kraven, qui revient de loin et que ce récit porte à un haut niveau.
Etant une adepte du old-school, j’ai évidemment beaucoup aimé ce dessin.
Tiens, du coup, je vais me le relire encore une fois.
Merci beaucoup à tous pour vos retours plus intéressants les uns que les autres. Ça fait vraiment plaisir d’écrire dans ces conditions et de faire revivre une lecture comme celle-ci, qui s’enrichit encore grâce à tous ces échanges.
J’envisage de m’attaquer à la « Saga du Clone » un de ces quatre. Car je ne l’ai encore jamais lue ! Et c’est bien la présence de JMdM qui me donne envie de me risquer à cette saga déjà un peu datée !
Tornado, je sais que cela n’a rien à voir mais j’ai eu un flash cette après-midi : et si tu nous faisait un article sur Ring, la série de films japonais (+ le remake américain) ?
@Tornado
Mais, malgré ce que croit Kraven, notre bon Spidey n’est pas mort… – A la lecture du récit, j’ai l’impression que Kravinov n’avait jamais eu l’intention de tuer son ennemi, juste de le battre pour prouver sa supériorité, et donc qu’il savait pertinemment que Spider-Man reviendrait, mais après qu’il ait prouvé sa supériorité. Il aurait ainsi pu prouver sa supériorité une deuxième fois en montrant à son ennemi qu’il avait fait mieux que lui dans son propre rôle.
Moi c’est surtout la réplique « ils disaient que ma mère était folle » qui m’a marqué, plus que la reprise du poème de Blake.
DeMatteis a également fait un très bon run sur Spectacular, malheureusement plombé à partir d’un certain temps par ces trop longues sagas (purge serait un terme plus adéquat) que sont Maximun Carnage et la saga du clone.
Comme toi, je me souviens bien de cette phrase. Son inclusion sous-entend que Sergei Kravinov s’interroge par extension sur sa propre santé mentale, ayant conscience du caractère hors norme de ses actes, de leur côté monstrueux, contre nature. La force de l’écriture de JM DeMatteis est que cette seule phrase permet d’éclairer un pan entier de la psychologie du personnage.
Damn, encore une chronique riche en développements, référencée et dont les commentaires évoquent pêle-mêle William Blake, René Girard et Alice Copper…
Qui sème le vent recolte le Tornado 🙂
Hello camarade,
Merci pour cet excellent article que j’ai lu en cette sombre, froide et pluvieuse matinée !
C’est drôle ! J’ai ressorti cette histoire pour la relire…
Quel curieuse coïncidence…
À propos de l’arc pas terrible de sa resurrection signé Joe Kelly (DeMatteis s’est occupé des back-up de cette histoire, en racontant l’altercation entre Sergei et Kaine), le seul élément que je retiens c’est la concordance entre Kraven et les lecteurs en raison de cet impression de gâchis : Kraven ne voulait pas revenir dans le monde des vivants, et la majorité du lectorat ne souhait pas qu’il ressuscite.
Ce retour paraît d’autant plus inutile puisqu’il n’a pas été marqué par une recrudescence des apparitions du personnage (mis à part une scène décalé d’Avengers Standoff et son rôle dans le Venom de Remender, les Kravinoff ne se bousculent pas au portillon).
Le suicide est manifestement un thème récurrent chez DeMatteis ; on le retrouve également dans la saga du clone lorsque Kaine demande à son « frère » Ben Reilly de le tuer.
Pour moi aussi,cette saga avec le chasseur est l’ une des meilleurs de spidey…
Je me souviens de la conclusion rajouté pendant laquelle spidey affronte un kraven mort vivant pour libérer l’ esprit du chasseur…
De nos jours,ils ont ressuscité Kraven et c’ est dommage car ils n’ en ont rien fait d’ intéressant….
J’ aime beaucoup « l’ enfant intérieur » de l’ excellent JM De Matteis qui nous avait donné pour moi le meilleur Harry Osborn…
Petite question ; qui a lu cette histoire dans l’édition BEST OF de Panini ? Parce qu’ils ont mis un « Sensational Spider-Man Annual » avec, également écrit par DeMatteis « kraven’s First hunt » qui met en scène Kraven et aussi son demi-frère le Caméléon.
Et…ben je l’ai jamais lu. Parce que je n’ai pas cette édition. Il vaut quoi cet épisode ?
S’il s’agit bien de l’épisode dessiné par Shawn McManus, c’est pas trop mal mais ce n’est pas non plus un indispensable (le scénariste donne une certaine cohérence à sa vision du personnage en l’apposant à la version des débuts). Si tu veux un complément plus relié à cet arc, il vaut mieux se tourner vers le one-shot Soul of the hunter par DeMatteis/Zeck/McLeod (l’équipe créative de l’original donc), qui est présent il me semble dans le sommaire de la dernière édition en date (et dans un hardcover récent en VO).
Ah c’est bon à savoir, oui j’ai vu sur le site MDCU-comics que non seulement il y a l’annual dont je parle mais aussi le « soul of the hunter » dont tu parles dans la version parue l’année passée chez Paninouille.
Au fait, puisqu’on mentionne ici la mort de Jean Dewolff, quelqu’un a lu en entier le run de Peter David sur le tisseur ?
Moi au final je ne connais que cette saga. Mais Panini arrive bientôt avec ses intégrales dans la période PAD. La dernière intégrale de la série Spectacular publie le début de cette saga Jean Dewolff.
Personne ne l’a lu ?
Ou personne n’a vu mon message ?^^
Si, si, j’avais lu le message. J’ai lu quelques-uns de ces épisodes dans Nova (dont la mort de Jean DeWolff) si ma mémoire est bonne, c’est-à-dire dans les années 1980, ce qui fait que ça remonte un peu loin pour que je m’en souvienne en détails.