DES LENDEMAINS QUI DECHANTENT (TOP 10 Cold Wave)

TOP 10 Cold Wave

Par   EDDY VANLEFFE et PATRICK 6

-Dis-moi Papa, comment on fait les bébés?
– Tu ne veux pas plutôt que je t’explique ce qu’est la Cold Wave ? Ce sera vachement plus simple en fait!
-Euh d’accord si ça te fait plaisir papa…

Pas de couleurs, c’est trop de joie…

Pas de couleurs, c’est trop de joie…

Au début était le punk, puis le synthé fut ! Si on s’accorde souvent pour dire que tout le Rock vient du Blues, la Cold Wave viendrait plutôt de sa métamorphose en spleen britannique qui s’étendit rapidement sur le continent européen à l’orée des années 80…

Pour utiliser une boutade on pourrait dire que la Cold Wave « est une version urbaine du Blues chanté par des caucasiens n’ayant jamais travaillés dans un champ de coton et qui n’auraient de la misère que le souvenir d’Oliver Twist. »
Ma foi cette définition en vaut bien une autre.

Découlant directement de la colère Punk (made in 1976) la Cold Wave a gardé le coté rejet de la société telle qu’elle est. Mais là où le Punk prônait la rébellion, la Cold Wave quant à elle préconise plutôt le repli introspectif et le retrait d’une société en pleine déliquescence. Ce mouvement oppose au conformisme de la société un individualisme forcené. Il s’agit avant tout d’exprimer sa propre personnalité à travers un esthétisme froid. La terre peut bien s’arrêter de tourner, les Cold Waveux s’en cognent du moment qu’ils peuvent écouter JOY DIVISION (des anti-Greta Thunberg en quelque sorte … « Resistance is futile » comme on dit dans Star Trek.) Méfions-nous cependant des lieux communs, la Cold Wave inspire bien plus le « Pessimisme combatif » que la triste résignation.

Historiquement le terme a été utilisé pour la première fois en 1977 par l’hebdomadaire anglais Sounds pour définir la musique de SIOUXSIE & THE BANSHEES. Il faut dire que cette dernière (on en reparlera plus bas) peut être considérée comme l’une des fondatrices de cette mouvance.
Au programme de l’écho, du « delay » et autres « reverb » pour une musique désespérée, tourmentée et foncièrement pessimiste. Par bien des aspects la Cold Wave annonce une nouvelle ère glaciaire, celle de la machine (même si, paradoxalement, les synthés ne sont pas la marque principale de ce mouvement).

Après SIOUXSIE, JOY DIVISION  est souvent considéré comme le meilleur ambassadeur de la Cold Wave. Leur producteur Martin Hannett (très influencé par la Miss susnommée) visionnaire fou -et défoncé- est l’un des principaux instigateurs de ce son glacial, sophistiqué et paradoxalement minimaliste !

Bon, là où les choses se compliquent c’est que la Cold Wave est une étiquette qui ne signifie pas la même chose pour tout le monde ! En Angleterre par exemple on parlera d’avantage de Post-Punk, tandis qu’en France on préférera utiliser le terme Gothique. La confusion dans les termes est d’autant plus grande que l’unité de genre n’existe pas ! On appellera aussi bien Cold Wave un groupe synthétique qu’un groupe guitare-basse-batterie ! Le lien entre tous ces groupes se fera surtout par la mise en avant de voix sépulcrales, des sonorités minimalistes, des atmosphères froides, des rythmiques martiales et bien évidemment des textes tourmentés et angoissés…
Au-delà de l’adhésion à des codes musicaux précis, la Cold Wave se caractérise avant tout par l’expression d’un mal être sociétal.

Pour y voir plus clair (si je puis dire) Mister E & P ont fait leur propre Top 20 de l’ère glaciaire qu’ils ont ensuite compilé (dans la douleur, bonjour les choix cornéliens) en un Top 10 collégial.
Le choix fut rude et les discussions âpres, mais au final le voici, notre classement de nos 10 chansons préférées étiquetées Cold, commentées par chacun d’entre nous.

10-TRISOMIE 21 : LA FÊTE TRISTE

E : Un obscur groupe de Valenciennois que nous n’étions qu’une poignée de Ch’ti et de Belges à connaitre et pour une fois nous étions les chanceux. Les deux premiers vinyles sont considérés comme des pépites de malaises et d’ambiance sombres syncopées. Sur PASSIONS DIVISÉES, figure cet étrange instrumental et tout est dans le titre. Fermons les yeux et nous pouvons discerner cette foire vide, désincarnée, délabrée sous la pluie nocturne. Il ne manque que le Joker pour obtenir ces scènes cauchemardesques de KILLING JOKE. Des images de l’épisode PIERROT LE FOU de COWBOY BEBOP  colleraient également très bien. On se sent comme un automate malade qui va tomber en panne. Une merveille.

P : Avec un nom pareil on pouvait craindre le pire, mais contre toute attente le groupe des frères Lomprez est un modèle de créativité et d’expérimentation froide !
T21 a su mêler avant-gardisme et synthétisme tout en restant accessible au plus grand nombre.
Totalement boudé par la presse Rock en France, le groupe a cependant réussi à évoluer et se renouveler à travers le temps. A noter que ce groupe par bien des aspects résume le charme de ce mouvement musical : mystère et hermétisme ! Les pochettes de disques ne donnent aucune information sur le groupe (leur photo ? et puis quoi encore !?), les rares articles leur étant consacrés ne nous en apprennent pas beaucoup plus… Bref le mystère fait partie intégrante du charme de leur musique ! Chacun peut imaginer et projeter ce qui lui plait et interpréter les morceaux comme bon lui semble… Ingorance is bless

09- GRAUZONE : EISBÄR

E : Le premier groupe de Stephan Eicher et, pour celui qui irait vérifier, il existe une chanson de GRAUZONE sur laquelle il chante et oui, sa diction en allemand est aussi merdique qu’en français mais au moins, on comprend ce qu’il dit (sic). On est encore à la frontière entre Electro-Punk et Jazz sur cet album. C’est un délire fourre-tout empli d’expériences bruitistes ou tout simplement basé sur des leitmotivs entêtants. EISBÄR et sa cassure entre couplet et refrain est un bon exemple. Et puis ça donne envie de gueuler aussi : « J’ai envie d’être un ours polaire dans le froid polaire pour pouvoir hurler ! »

P : Une fois de plus un groupe sur lequel je n’avais aucune information ! Il faut dire aux plus jeunes de nos lecteurs qu’à une époque lointaine (très lointaine) internet n’existait pas et l’accès à l’information n’était pas immédiat. Comment dans ces conditions découvrir de nouveaux sons et de nouveaux groupes ? En cherchant que diable ! Tel Lagardère, si la musique ne venait pas à nous, c’était nous qui devions aller à elle ! Disque acheté à l’époque sans rien savoir ni des auteurs ni de leur origine. La surprise absolue et la découverte totale. Alors à notre époque 0.2 je vous pose la question : quand avez-vous été surpris musicalement pour la dernière fois ? (Je ne parle pas du dernier bon disque que vous avez entendu, mais bien de votre dernière SURPRISE musicale… Pas facile n’est-il pas ?). Bref il n’en reste pas moins qu’à cette époque pré-crise du disque il était encore facile de s’étonner et la découverte était au bout du chemin.

08- ANNE CLARK : OUR DARKNESS

E : Ici on est en mode total électronique, Anne Clark est une poétesse urbaine qui a voulu marier ses textes aux sonorités électroniques tout droit héritées de KRAFTWERK. Elle va donc investir une sorte de territoire sonore futuriste assez BLADE RUNNER  dans le genre. Hypnotique, prophétique Peut-on écouter des textes mélancoliques et élaborés tout en dansant comme un grille-pain sur un dance-floor eighties où les chorégraphies les plus originales consistaient à imiter le chasse-neige à ski? Affirmatif !

P : « Toujours plus froid jusqu’à ce que ça brule » est un peu la devise d’Anne Clark la poétesse Electro-Cold ! Avec son spokenword unique (les morceaux sont presque plus « rappés » que chantés) la « chanteuse » imprime sa marque sombre foncièrement pessimiste concernant l’évolution de l’humanité. Plus que personne, Anne Clark sait nous faire danser sur nos angoisses.

07- CLAN OF XYMOX : A DAY

E : S’il y a une chanson de Cold Wave à retenir, c’est bien celle-là. Mélodie aussi gothique que sépulcrale, sur une basse groovy. Une voix monocorde ne laissant transparaître absolument aucun atome de joie, le tout nimbé d’un écho d’église où l’orgue aurait été remplacé par ces synthétiseurs Yamaha. Une guitare intruse tente la mélodie, mais déjà le tout sera saccagé par la boite à rythme tapant comme une hache sur du bois. C’est à la fois surpuissant et abyssal. La beauté dans la tristesse.

P : Un bien beau désespoir. La mélancolie du groupe a de quoi désespérer une armée de Hippy béats. On image tellement de chose en écoutant cette mélodie sombre et habitée. Le rêve à travers le désespoir, la danse face à la mort… Que du lourd en somme et pourtant on a envie de danser sur ce morceau… Encore et toujours la réaction contre l’apathie, le mouvement contre l’immobilisme. XYMOX, au moins au début de sa carrière, a réussi à transcender son désespoir à travers la danse. Admirable.

06- KILLING JOKE : REQUIEM

E : Un riff brutal mais froid et robotique et ce chant scandé par un Jaz Coleman encore Punk, il ne faut rien de plus pour obtenir la matrice de ce que deviendra le « Metal » dans les années 2000. Mais en 1980, il n’est pas question de marier les deux genres. Les graisseux et les corbeaux se regardent encore en chien de faïence. A plus d’un titre, il s’agit d’un acte de naissance, la croisée des chemins et la marque d’un sillon qui mettra des décennies à germer.

P : Le parcours typique d’un groupe de Rock est de commencer par la musique la plus radicale, de passer par une phase de maitrise de son art, puis de décliner lentement mais surement vers, au mieux la répétition, au pire vers la dilution du concept de base dans une Pop fadasse. Le tout avant l’implosion logique du groupe. Dans le cas de KILLING JOKE rien de tout ça ! Au lieu de s’apaiser avec les années, le groupe se radicalise de plus en plus ! A 60 ans Jaz Coleman est de plus est plus en colère et sa musique de plus en plus intransigeante !
KILLING JOKE reste pour toujours et à jamais une exception musicale

05- BAUHAUS : PASSION OF LOVERS

E : Un groupe que je connais moins mais qui est essentiel. Un concept en soi : Faire une carrière entière en surfant sur l’album HEROES de David Bowie. Et de là partir explorer les ambiances propres à JOY DIVISION. Outrance Glam, énergie Punk et pessimisme anglais donnent le « La » du mouvement qui s’amorce. PASSION OF LOVERS parle d’un suicide amoureux de façon très affectée, presque littéraire… « Cold » on vous a dit…Brrr !

P : Les maîtres du genre ! Narcissisme et sophistication sont au programme. Particulièrement avec ce morceau, ils se révèlent tranchant comme une lame de rasoir et beau comme la mort !
Le chanteur, Peter Murphy, en procédant à un savant mélange de Glam rock, de théâtralité à la Bowie et de Post Punk a tout simplement influencé un nombre impressionnant de musiciens, aussi bien JOY DIVISION que SIOUXSIE et bien évidemment CURE…
Littéraire, sophistiqué et cérébraux BAUHAUS sur 3 albums a su faire rimer désenchantement, fascination morbide et Pop music. Du grand art.

4- SISTERS OF MERCY : NO TIME TO CRY

E: Quand on parle de « Gothique », toute une génération de corbeaux vous répondra à l’unisson : SISTERS OF MERCY. Du coup il faut creuser et il faut bien reconnaître que le cahier des charges est totalement là. Synthés planants, guitares évanescentes, voix énigmatiques, basse vrombissante et répétitive. Ça rappelle THE CURE, ça rappelle tous les autres aussi. C’est normal parce qu’ils sont presque le genre à eux tous seuls.

P : A la question « Peut-on être un crétin intégral et en même temps un musicien génial ? » Endrew Eldrich, le chanteur des SISTERS OF MERCY, répond clairement par un OUI franc et massif !
Totalement imbu de lui-même (et accessoirement Francophobe) le chanteur livre les concerts les plus décevants qui soient (le mec chante les mêmes titres depuis ces 30 dernières années) et donne des interviews totalement embarrassantes… Et pourtant alors que cet abrutit à tout pour qu’on le déteste on ne peut s’empêcher de l’admirer pour ses 2 premiers albums (il en a fait 3 hein) et l’inventivité de leur noirceur claustrophobe ! La plupart des groupes Gothiques rêvent d’écrire un morceau à moitié aussi pertinent que TEMPLE OF LOVE ou NO TIME TO CRY…

3- SIOUXSIE AND THE BANSHEES : SPELLBOUND

E : SIOUXSIE & THE BANSHEES, c’est un peu l’ombre de The Cure, toujours là, présente mais derrière. Un groupe qui n’est pas Punk, pas Rock, pas variété, il ne ressemble plus à grand-chose à la fin des années 80. Pourtant avec leurs acolytes Curistes, on leur prête la création de la New Wave. Le succès ayant poussé sur le terreau de la bande à Robert Smith, SIOUXSIE devint le petit culte des connaisseurs. De grosses lignes de basses et des premiers albums envoûtants et bruitistes ont fait vibrer pas mal de jeunes corbeaux. Peut-être pas de la vraie Cold Wave, mais largement précurseur. SPELLBOUND donne une très bonne idée du malaise un peu dingo distillée par la voix posée sur un groove convenant aux dance-floors comme aux chambres d’ados un dimanche de pluie.

P : Dire que Chris Parry (le manager de Cure) avait un temps eu l’idée de fusionner les Banshees et Cure pour former un super groupe improbable. Heureusement ce projet ne vit jamais le jour (bien que Robert ait fait un temps partie des Banshees).
Au final si le groupe de Crawley a éclipsé en popularité celui de Siouxsie, il n’en reste pas moins que cette dernière est l’une des pièces maitresses de la musique des années 80. La grande prêtresse Punko-Gothique aura traversé les années avec grâce et élégance. Partant d’un album sauvage et sombre « The scream », leur son a évolué d’album en album jusqu’à créer l’album ultime Cold Wave (« Juju » en 1981).
Après ça le groupe connaîtra de nombreuses dérives Pop mais en restant toujours intègre jusqu’à son dernier souffle en 1995.

2- THE CURE: CHARLOTTE SOMETIMES

E : Devraient-ils être mentionnés en tête de liste ? THE CURE, avec SEVENTEEN SECONDS inventent la New Wave et avec FAITH inventent la Cold Wave. Tout simplement. Le groupe de Robert Smith n’a pas son pareil pour fignoler ce son si particulier fait de cette guitare aigrelette sans âge, cette frappe sèche et cette basse offensive sur lesquels s’envolent des claviers ambiants. CHARLOTTE SOMETIMES pèse avec sa mélodie plaintive, son ambiance de maison victorienne hantée. Une des chansons phare du groupe bien avant qu’ils ne passent chez Drucker.

P : Lorsque ce morceau sort CURE est en plein dans sa trilogie glacée, une lente descente aux enfers, amorcée par la mélancolie de 17 SECONDS, prolongée par la tristesse de FAITH et explosant finalement dans une apocalypse de désespoir avec PORNOGRAPHY en 1982. CHARLOTTE SOMETIMES sort avant ce dernier album (il restera longtemps uniquement disponible sur ce 45t, avant la sortie de la compil de 1986). Cette chanson est comme une bulle d’air dans la plongée en apnée vers la noirceur. Le temps d’un morceau Cure rappelle qu’il sait écrire de parfaites Pop-songs (fussent-elles ouvertement dépressives), alliant romantisme et onirisme. Tout simplement génial.
Ah par contre ce clip est l’un des pires de toute la carrière du groupe, comme bien souvent l’image trahit le son.

1- JOY DIVISION : DECADES

E : On est obligé de placer JOY DIVISION en premier. Ils ont été absolument tout ce qu’on a décrit jusqu’ici. TOUT. Le spleen à l’état pur, l’inaptitude au bonheur. Portée par un Ian Curtis sépulcral, la musique de DECADES ressemble à une procession macabre en même temps qu’un tableau flamand. Et pourtant en se nourrissant à la racine de cette musique, on soigne son mal-être non pas en le chassant mais en le caressant comme un vieux chat sans poil. On dorlote sa douleur comme une vieille amie Voici les jeunes hommes…un poids sur leurs épaules…

P : Le plus beau morceau de tous les temps ! Ni plus ni moins ! Après avoir écrit un telle chanson il ne reste plus grand-chose à faire à part se pendre (comme Ian Curtis) ou tourner le dos définitivement à tout ça et enchaîner les hits Disco (comme NEW ORDER).
Ah que dire… Mon lien avec ce groupe (et particulièrement avec ce morceau) est tellement intime que développer cette question reviendrait à peu de chose près à me mettre à poil sur les Champs Elysées ! Donc je vais vous épargner cela pour, d’une part à vous renvoyer à l’article que j’ai déjà écrit ici même, et surtout vous renvoyer à la musique elle-même ! Oubliez les clichés (pendant l’enregistrement du second et dernier album, les membres du groupe se sont franchement éclaté -dixit Peter Hook le bassiste du groupe – et personne n’a vu venir le suicide du chanteur) les membres du groupe étaient simplement des gens « normaux » mais dépassés par leur propre musique.
La mélodie minimaliste fonctionne à merveille, la voix est profonde et habitée, le texte est lourd de sens… Que demander de plus ? De l’émotion, du sens, de la mélodie. Ce morceau est simplement la meilleure Pop song de tous les temps. (Euh parlez de Cold Wave aux membres survivants du groupe et ils vous riront au nez)

Trop de couleurs distrait le spectateur

Trop de couleurs distrait le spectateur

E : Ce petit partage de points de vue aura sans doute aidé à dessiner les contours d’un genre qui à l’instar du Glam eut une existence aussi intense que fulgurante au beau milieu de ces années 80 honnies par les historiens du Rock pur et dur. Pourtant en devenant invisible, elle s’est inséminée dans les autres genres. Quelque part le Grunge n’en a t-il pas hérité ? En tout cas c’est ce qu’on pourrait penser en revoyant le film THE CROW.

Mais la vérité est toujours ailleurs, C’est dans le vétéran HARD ROCK MAGAZINE que je repris contact avec Killing Joke dans les pages duquel PANDEMONIUM recevait son lot d’éloges. Autrefois frères ennemis, le Metal intégra certains éléments Gothiques et sombres dans la seconde moitié des années 90. Comme dans Le ONE SECOND des Pardise Lost ou SIN/PECCADO de Moonspell jusqu’à aujourd’hui et Alcest.
Je me rappelle aussi à quel point l’image était combattu par ces groupes dont les noms, les photos étaient souvent oblitérées des pochettes qui arboraient parfois avec un minimalisme glacial des figures géométriques primaires et des symboles pour désigner les titres. Comme tu le dis Patrick, la découverte se faisait d’abord dans les bacs, puis après un suspense insoutenable, vinyle sous le bras dans le bus, ne reprenait que lorsque le pick-up frappait le bord du disque avant de nous laisser couler dans ces eaux froides et noires des égouts de nos cerveaux…

P : Je me suis ouvert à la Cold Wave, ainsi qu’à la musique tout court d’ailleurs, grâce à The Cure. Il faut cependant comprendre que cette étiquette ne veut finalement rien dire. Peu importe que vous appeliez cette musique New Wave, Gothique, Post-Punk, Dark Wave, Bat Cave, j’en passe et des meilleurs… Pour détourner une phrase De Musset je dirais « Peu importe l’étiquette du moment qu’il y ait l’ivresse » ! Seul compte l’émotion qu’elle procure.

Concernant l’évolution de ce mouvement j’aurais tendance à dire, qu’il n’est pas supposé y en avoir une ! Les techniques changent et donc les sonorités évoluent de même (le groupe EDITORS  a dû racheter d’antiques synthés vieux de 30 ans pour reproduire les sonorités d’époque pour son album « In This Light and on This Evening » en 2009) mais le fond reste. Ce qui n’est pas plus mal finalement, car l’évolution naturelle de la glace n’est-elle pas de devenir de la flotte ? Cependant comme le souligne Eddy, la période étant à la fusion, de nombreux groupes intègrent des éléments Cold à leur musique, que cela soit RAMMSTEIN ou ALCEST par exemple.

E : Pour finir je remercie Patrick pour avoir accepté de bosser avec moi. J’avais très envie d’aborder ce sujet et c’était l’occasion de partager ça avec un spécialiste.
P : A mon tour je remercie Eddy d’avoir eu l’idée de faire ce TOP10 Cold Wave, car je dois avouer que sans lui je n’y aurais tout simplement pas pensé !

Froidement votre.

——

Chanson Bonus: ALCESTE: Protection

 

 

47 comments

  • Patrick 6  

    @ Bruce : Non les Sisters c’est MIEUX que les Doors ^^
    Et l’appellation « Bruit blanc » n’a aucun sens dans la cas de PIL vu qu’ils étaient très influencés par le DUB notamment.

    @ Nikolavitch : Vieux corbeau va ! Je le sais bien que tu es un Coldeur impénitent !
    Alors dans l’ordre : Oui Twillight of Mortals est excellent mais sur l’album précédent je suis fan absolu de Multitudes !
    Ah tu aimes Hanging garden ? Bigre ! Je trouve que c’est le morceau le plus faible de Pornography, exactement comme le single Primary était celui de Faith ^^
    Hum Young gods, comme tu le soulignes, sont trop industrieux pour être réellement Cold (mais ils sont géniaux nonobstant).

    @ Fred : Hum alors c’est toujours un débat compliqué entre fans, mais personnellement j’ai bien du mal avec le 1er album de New Order ! Alors oui il y a de très bons morceaux, mais la croix est vraiment trop lourde pour eux. Barney ne chante ni n’écrit comme Ian. Du coup le résultat est pour moi trop étouffant et bancal. Dès le 2ème album il a découvert la drogue et a commencé à chanter n’importe quoi sans complexe (Nicola Sirkis attitude).

    Ah la trilogie sacrée des meilleurs morceaux de Joy division : Decade/Atmospher/New dawn fades ! je peux écouter ces 3 là sans me lasser pendant des heures !

    Autrement ton Top 10 est excellent. Je n’aurais simplement pas choisi ce morceau de New order (voir plus haut) ni pour Siouxsie.

    Ah Skinny Puppy est excellent ! Complément déjanté et trash. De même que les Parisiens de Neva !

    • Bruce lit  

      Là, c’est à toi de dépasser ton allergie aux Doors qui est groupe extraordinaire et qui a influencé la plupart de tes groupes préférés.
      On peut être influencé par le Dub (quelle horreur !) et faire du bruit blanc, ceci dit. C’est là que ça devient intéressant : le largage d’influence.

      @Niko : enfoiré ! Avec toutes les soirées bar passées ensemble, tu me fais du coming out en rubriques commentaires. J’ai un best of Killing Joke qui n’attend que toi à la maison, il devait rejoindre le bac à soldes Gibert !

    • Nikolavitch  

      sur Cure, j’aime énormément leur album de faces B

      y a de petites pépites

      • Jyrille  

        Lequel ? Join the dots ?

        Sinon moi j’aime beaucoup le premier New Order, clairement un album bancal, mais attachant. Je ne me lasserai jamais de Dreams Never End.

        Bruce a raison pour les Doors <3

        https://www.youtube.com/watch?v=zrh5kaWfyMQ

        • Nikolavitch  

          c’était sur Starring at the Sea (ou Standing on a Beach) (une des deux compiles de la fin des 80″‘s, en tout cas)

          • Jyrille  

            Je vois… alors écoute vite Join The Dots, c’est quasiment l’intégrale de leurs faces B et inédits !

    • Bruno. :)  

      « Nicolas Sirkis attitude » MDR !

  • Jyrille  

    Je reviens pour les titres que je n’avais pas écoutés ou réécoutés. Je voudrais encore souligner la qualité de l’introduction de cet article. C’est top.

    Trisomie 21 : un nom de groupe provocateur que je trouve idiot, mais pourquoi pas. Ca sonne immédiatement groupe alternatif français de ces années-là (La Souris Déglinguée, Les Shériffs, Parabellum, Ludwig Von 88, Béruriers Noirs…). La musique : du Yann Tiersen electro un peu trop lent mais pas désagréable 🙂 Encore une fois, comme pour DECADES de Joy Division, je trouve que le clavier sonne comme un accordéon en mauvais état… et bien sûr tout à fait d’accord avec les comparaisons de Eddy.

    Grauzone : c’est marrant, j’aime bien, ça me rappelle mes cours d’Allemand (j’ai eu 05/20 au bac, c’était une option évidemment…). J’écouterai pas ça tout le temps mais le son est ici vraiment bon. Quant à la surprise musicale, elle ne viendra pratiquement plus, Pat : je me suis réécouté mes Sigur Ros, chose que je n’avais pas faite depuis 16 ans environ, et j’ai été beaucoup moins enthousiaste et étonné qu’à l’époque… Il y a même un titre que j’ai l’impression de connaître chez un autre artiste. Mais c’est toujours très bien. Je ne dirai pas que ça sonne jazz (pas sur ce morceau en tout cas) à cause du saxo qui me rappelle surtout celui utilisé sur le deuxième album des Stooges, FUN HOUSE.

    Anne Clark : ça sonne très Kraftwerk, effectivement. « Imiter le chasse-neige à ski », IMPAYABLE ! JE ne me lasserai jamais de cette vanne. Musicalement c’est moins intéressant que Laurie Anderson finalement. Mais c’est pas désagréable.

    Clan Of Xymox : je crois bien que ça m’était totalement inconnu, autant de nom que de loin. Le morceau part bien, ensuite c’est un peu étrange ce son de Supercopter, on dirait un générique télé. Et quand la voix arrive, c’est… un peu ridicule 😀 Désolé, je pense que la prod est pour beaucoup dans mon rejet de ce titre qui au final sonne très cliché, dommage !

    Je suis en train de me dire que le premier album de THE XX aurait mérité une place bonus, non ?

    Sisters Of Mercy : ah j’avais oublié cette voix. Je suis d’accord avec Bruce sur ce sujet. Le titre est pas si mal, je suis étonné. Ou alors c’est parce qu’en album ça ne passe pas pour moi ? C’est pas désagréable non plus. Mais je ne m’y replongerai pas.

    Siouxsie : je la connaissais, évidemment, mais je ne retiens toujours rien de ce groupe. Pourtant je trouve ça formidable. La prod est moins datée que sur les titres précédents, ils ont un peu le même son que The Psychedelic Furs à l’époque je trouve.

    Alcest : c’est hyper bien gaulé mais j’accroche pas trop au chant. Mais c’est sympa.

    « Pour détourner une phrase De Musset je dirais « Peu importe l’étiquette du moment qu’il y ait l’ivresse » ! Seul compte l’émotion qu’elle procure. » Mais oui ! J’arrête pas de le dire 😀

  • Olivier load  

    Killing joke cold wave …. j’aurais plutôt vu néon Bible , nacht und nebel, front 242, camouflage…eh vous l’avez dansé en boîte les gars

  • Olivier load  

    Ça reste une très bonne playlist Ann Clark Grauzone…c’est bien de les remettre sous la lumière

  • LarrF  

    Bonjour,
    Tout d’abord, merci à l’équipe d’offrir quotidiennement des articles toujours intéréssants.
    J’ai beaucoup apprécié cet article, surtout que j’ai récemment découvert ce genre musical et qu’il m’aura permis d’élargir mes maigres connaissances. Je n’ai pas aimé toutes les chansons de la liste mais j’apprécie d’y trouver Spellbound puisque cela m’a donné une bonne raison de réécouter la chanson qui m’aura fait tomber dans la potion gothique.

    Au revoir et merci encore

  • Bruno. :)  

    Très instructif et, encore une fois, super-bien synthétisé : les articles musicaux de ce Blog valent largement ceux dédiés aux BD, Comics, Manga, et autres films. Vous avez tous le chic pour rendre clairs les plus obscurs des concepts -ce que sont pour moi les définitions archétypales des différents courants musicaux, par exemple…
    Hé ben : je connais rien de tout ça, sinon The Cure : obligé de me les farcir (avec U2, Big Country et quelques autres…) car mon seul copain de ce années-là les avaient de longue en fond sonore, quand on faisait les cons dans sa chambre… Du coup, je connais bien, mais, malgré le son très facile à assimiler, ça ne m’a jamais enthousiasmé. Ça vient surtout du chant, toujours un peu plombé (The Cure) ou lourdement chargé, au niveau du « sentiment » (U2). Pas ma sensibilité : je fonctionne plus à l’inspiré/surprenant/lyrique.
    C’est gag de lire que ces artistes se réclament du Bowie de Low : j’aime beaucoup cet album, mais son interprétation à lui transcende franchement le côté « cold » de la musique. Et les morceaux instrumentaux sont planants, pas lourds du tout -bon, c’est peut-être aussi ma perception et ma sensibilité (très particulière) qui font ça.
    Je n’ai trouvé un certain plaisir / confort auditif qu’au morceau de Clan Of Xymox : rien de très révolutionnaire, mais le son m’a plu. Bon, la voix, c’est comme la plupart des chanteurs de l’époque : il pleure, quoi.
    Le reste me laisse un peu froid, un peu perplexe : mon oreille n’y étant pas vraiment formée, je n’entends que le côté sinusoïdal des « mélodies », qui semblent du coup de simples prétextes à l’expression émotionnelle, et pas du tout l’âme des morceaux.
    Le peu que j’ai entendu de Siouxsie m’a toujours semblé très peu inspiré, au niveau de l’interprétation, et ce n’est pas ce morceau qui va me faire changer d’avis : je m’ennuie.
    En tous cas, j’apprends plein des trucs.
    merci pour la balade !

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