Des comics en bibliothèque : interview Laure Bertrand

Des comics en bibliothèque : interview Laure Bertrand

1ère publication le 15/06/18- MAJ le 05/01/19

Propos recueillis par BRUCE LIT

On ne le dira jamais assez : sans les groupes facebook pour diffuser nos articles, la notoriété du blog n’aurait jamais été la même (« Et si les mecs de Bruce Lit étaient restés dans leur carré amazonien ? » , z’avez 3 heures !). Et l’un où je préfère poster, c’est BD/COMICS/MANGAS en bibliothèque pour sa polyvalence et ses retours intéressants. Outre les j’aime/j’aime pas ce bouquin, il est possible d’y intercepter  des conversations publiques entre bibliothécaires de toute la France : les comics on les range par genre ou par éditions ? on investit dans les séries sans fin comme Vagabond ou Walking Dead ? le rayon superhéros, on le commence avec quelle série ? 

L’occasion était trop belle de chopper au filet la pétillante Laure Bertand bibliothécaire des Bouche du Rhône et administratrice du groupe pour en savoir plus sur ce métier et la place que la BD y occupe. Attention, ça dépote ! -Bruce 

Laure et ses copains

Laure et ses copains

Salut Laure, peux-tu nous présenter ton parcours et ce qui t’a amenée à devenir bibliothécaire ?

Ma vie mon œuvre ? J’ai un bac musique. Après j’ai fait du droit, parce que je me voyais pas du tout finir prof de musique dépressive, mais je ne me destinais vers aucune carrière en particulier. Après 3 ans, j’ai eu un petit moment de flottement et de chômage, parce que je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma  vie . Et là, un gros coup de bol : ils avaient besoin d’une employée de bibliothèque dans ma commune d’origine. Donc voilà : désolée pour le fantasme, mais on peut dire que je suis devenue bibliothécaire par hasard. Mais j’y suis restée par passion… ça fait 30 ans que ça dure, cette petite affaire.

De 1988 à 1999, j’ai donc bossé à la Bibliothèque municipale de Marignane, avec un  épisode  fâcheux quand le Front National a emporté la mairie en 1985… Pas facile à gérer les diktats du Front national en matière de « lecture publique »… mais j’en ai retiré une détestation viscérale de ce parti. Et au niveau professionnel, une conscience accrue de tout ce qu’on peut faire pour faire avancer les choses… Oui, c’est sûrement grâce à eux finalement que ma conscience professionnelle est née. J’en suis partie en 1999, donc, pour intégrer la Bibliothèque départementale de Prêt des Bouches-du-Rhône.

Le "logo" du groupe

Le « logo » du groupe facebook

– Peux-tu nous présenter ta médiathèque et ce que tu considères être sa spécificité ?

Une Bibliothèque Départementale dépend du département (alors que les bibliothèques municipales dépendent de la commune). Notre boulot, c’est d’aider et de conseiller les bibliothèques municipales (BM) du département. Les missions traditionnelles, c’est  d’acheter et de prêter des documents aux BM des communes de – de 10 000 habitants, et de former les professionnels ou les bénévoles du réseau. Nos missions se sont étoffées : on est également référent d’un territoire, c’est à dire avec des missions de conseils (construction, aménagement, informatisation, réinformatisation, projet divers et variés) de plusieurs BM. J’en ai 14 dans mon « portefeuille ».

Notre rayon d’action s’est aussi élargi : on touche également les communes de + de 10 000 habitants, et les associations qui ont cet objectif de lecture publique également. On est aussi là pour les écouter, parce que les bibliothécaires sont souvent seul.e.s pour affronter d’un côté la misère sociale, culturelle de leurs usagers, et de l’autre côté la non compréhension de leur métier, de leurs missions par la tutelle.

Et c’est à cet endroit précis qu’il faut parler de la lecture publique et de nos missions. (cf Manifeste de la lecture publique de l’UNESCO). La lecture publique, d’abord : pour faire rapide, c’est celle de M et Mme tout le monde, celle qui n’est pas d’un niveau universitaire. Et nos missions, elles font peur, nos missions, par l’ampleur de la tâche : on est là pour donner des supports culturels de divertissement (lecture loisir), pour informer les gens, pour leur apprendre à chercher les bonnes informations, pour repérer les fake-news, par exemple, pour en faire des citoyens éclairés et responsables. Leur donner les clés, les former, les rendre autonomes pour qu’ils se débrouillent. Donner aux enfants le plaisir de la lecture. Favoriser l’imaginaire de tous, le goût des arts. Accessoirement, si on lutte contre l’illettrisme et la fracture numérique, c’est bien aussi. Bref : on sert peut-être à « rien », mais on est vachement importants.
Voilà : Notre spécificité, à nous, bédépistes (professionnels des BD-P) c’est qu’on n’a pas de « vrais lecteurs ». Les documents qu’on achète, ils transitent par un lieu de lecture. Pour autant, ils arrivent bien, il fine, chez quelqu’un. En bref : nous on sait ce qu’on achète pour le lecteur en bout de chaîne, mais notre document, les bibliothécaires ne connaissent pas forcément sa valeur…

Bibliothèque et archives

Bibliothèque et archives

– Je me suis toujours idéalisé ton métier : passer ma journée parmi les livres, conseiller et parler littérature. Or l’envers du décor n’est pas toujours reluisant : rangement, budget, conflits avec le politique, imposer des séries auxquelles personne ne croit…

Ce métier, avant d’être un métier culturel, c’est un métier de contact. Il faut être là pour écouter les gens, et leur donner la bonne info, leur trouver le bon livre qui leur plaira. On est juste des passeurs. Il faut être à l’aise avec l’humanité. C’est écrit dans le Manifeste de l’Unesco, ça : « Les services qu’elle assure (la bibliothèque publique) sont également accessibles à tous, sans distinction d’âge, de race, de sexe, de religion, de nationalité, de langue ou de condition sociale”.

Le rangement, franchement, c’est pas un gros problème. Je m’occupe de “mes” secteurs documentaires, qui sont tous les mauvais genres pour un lectorat ado-adultes (polars, SFFF, Bandes dessinées).. Les ranger, vérifier leur état avant, ça me permet aussi de voir ce qui marche.
Le budget.. ben on fait avec ce qu’on a. C’est normal d’avoir un budget. Et puis avec un budget réduit, on réfléchit vraiment à ce qu’on veut faire : est-ce qu’on veut donner de la “littérature de qualité” ? est-ce qu’on veut uniquement donner au lecteur des choses qu’il connait / qu’il aime ? On est toujours en tension en fait entre l’offre et la demande. Et puis la “bonne culture”, la “mauvaise culture”, les bons livres, les mauvais livres… ça peut être violent pour le lecteur qu’on lui dise en gros que ses goûts, on est désolé, mais c’est pas les bons…

Le politique.. Pour paraphraser Desproges, je te dirais qu’on peut travailler avec tout le monde, mais pas avec n’importe qui.. Et je crois intimement que la lecture publique, dans sa vision humaniste, elle n’est pas soluble dans le Front national. A partir du moment où le politique part d’une vision fragmentée de l’humanité, ça correspond pas du tout à notre boulot.
Le politique, la tutelle : la bibliothéque publique est un service d’une collectivité, et au service d’un territoire précis, de la population de ce territoire. En fait, on travaille vraiment dans le même but, pour servir cette population, sauf que la tutelle peut avoir une vision très réductrice de notre boulot (non, il ne suffit pas d’aimer les livres pour bosser en bibliothèque). Elle ne sait pas forcément non plus qu’on est des boss pour faire un diagnostic de territoire précis, qu’on manie les stats INSEE comme tu rigoles, qu’on sait très bien comment est composée la population de ce territoire, qu’on a l’habitude de travailler avec les écoles primaires, les crèches, qu’on est un lieu naturel de rencontres. Qu’on organise des débats, des rencontres d’auteurs, des cafés-philos, des lectures, des animations autour du livre, des arts, des ateliers d’écriture, des formations en informatique, et tout ça gratuitement.
A nous, professionnels, de montrer / démontrer à nos tutelles à quoi on sert, et comment on sert, et ce qu’il nous faudrait de plus pour servir encore mieux..
Voilà : désolée de démonter cette image d’Epinal de la bibliothécaire qui lit toute la journée. Mes journées, je les passe souvent devant l’ordinateur.

Qui veut lire

Qui veut lire les aventures de l’agent X-9 ? 

-Quel est ton rapport à la BD ?

La BD fait donc partie de mes domaines « d’expertise », et d’acquisition notamment… Là aussi, ça s’est fait par hasard, quand je suis arrivée à la BDP. La personne qui s’en occupait devait partir sous d’autres cieux, et personne ne se sentait d’attaque pour reprendre ça.. Et moi, ben je me suis formée sur le tas..
En tant que lectrice : La bd, et la littérature en général, j’aime bien qu’elle joue sur mes émotions. J’aime pas le dessin pour le dessin. Il faut qu’il serve une histoire, ce dessin. Une histoire, un propos, la démonstration d’un scénariste. Voilà : dans une bd, le dessin n’est pas « gratuit ».
En tant que pro : Pour mes acquisitions : je n’ai pas d’office (un dépôt de prêt par le libraire pour que le professionnel lise la bd avant d’effectuer son choix). Après tout, je suis d’abord une petite dame de 53 ans, pas forcément la plus à même d’apprécier à sa juste valeur des bd qui manifestement n’ont pas été écrites pour moi… Je consulte donc très régulièrement des sites spécialisés dont c’est le boulot : Planète bd, BD-thèque. Et manga-news pour les mangas (parce qu’ils donnent 2 notes : une note du site et une note des lecteurs), et puis le groupe FB « BD/Comics/mangas en bibliothèque » qui est une mine. Je ne me réfère jamais à la presse généraliste, même culturelle, comme Télérama.. Ils ont une vision hyper pointue et élitiste de la bd… Je lis peu les blogs (pardon, pardon), parce que c’est long, et que mes choix d’acquisition se font en mode « rapide ».

Qu’est ce que j’achète en fait ? Des nouveautés, pour 99 % des cas. Pas de bd patrimoniale, des bd qui ont fait ce que la bd est aujourd’hui. La production de bandes dessinées est énorme (5032 l’an dernier), et la réédition de classiques une toute petite niche à destination des bédéphiles, des experts, ceux qui achètent leurs albums personnellement, donc pas pour un fonds de bibliothèque. Il faut faire des choix, et moi je fais pas ce choix là.
Pour moi la bd, ça doit rester un objet littéraire compréhensible par tout le monde. Un objet littéraire et graphique, un mode de communication littéraire et graphique… En fait, dès qu’on sort d’Astérix, on propose le « autre chose » cher aux bibliothécaires. On y est très vite au « autre chose ».

On retrouve toujours la même racaille même sur le mur de Laure

On retrouve toujours la même racaille même sur le mur de Laure

-Tu nous présentes ton groupe Facebook ?

Le groupe FB « BD, comics, mangas en bibliothèques », n’est pas MON groupe. Ce n’est pas moi qui l’ai créé, c’est un collègue, membre du  groupe pro Tu sais que tu es bibliothécaire quand (15000 membres) qui s’en est chargé. Il l’a créé, et je lui ai tout de suite proposé mon aide. Et puis dans la semaine qui a suivi, il m’a dit qu’en fait il ne pourrait pas s’en occuper, parce qu’il allait avoir beaucoup de taf à faire. J’ai donc pris les commandes. Tout de suite, je savais ce que je voulais en faire : un lieu virtuel convivial, où tout le monde se sente bien, et que tout le monde puisse s’approprier. Avec si possible de l’humour, et surtout pas de remarque sur l’orthographe des uns et des autres. L’objet / objectif, c’est de discuter entre nous de bd… Le « entre nous » a fait très vite l’objet d’un sondage interne, d’ailleurs : « entre nous bibliothécaires » ? ou « entre nous amateurs de bd » ? Je me suis rangée à l’avis du plus grand nombre : on est « entre nous, amateurs de bd » mais notre but, c’est quand même nos fonds dans nos bibliothèques…

Ce que j’aime dans les groupes comme ça, c’est que tout le monde participe.. des coups de cœurs, des coups de gueules, des demandes d’aide sur une thématique.. Le plus compliqué, c’est les demandes d’aide à la création d’un fonds.. oups.. ça, c’est beaucoup plus technique.. J’ai depuis ajouté plein de co-administrateurs, qui gèrent le truc dans le même esprit.
Et puis on a monté des projets ! Tu te rends compte ? Des projets réunissant des personnes qui ne se connaissent pas forcément, venus des 4 coins de France ! Notre plus belle réalisation, c’est « Réseau-Clone ». J’en suis d’autant plus fière que ce n’est pas moi qui ai initié l’idée. C’est Joël Le Chanu, qui travaille à la Médiathèque de Bagneux, et que j’ai nommé co-administrateur depuis d’ailleurs (il fallait bien le remercier.. ^^)
Réseau-Clone, c’est vraiment une machine-animations qui nous prend beaucoup d’énergie, de temps, de sueurs (mais pas de larmes). C’est Isa Vrignaud qui s’en est chargée cette année (oui co-administratrice depuis, également)
Les autres co-administrateurs , c’est Capitaine La Barbe, Frédérique Lamoureux, et Elodie Baker, qui prend le boulot très au sérieux (mais avec légèreté)

On est un gentil moyen groupe de 1751 personnes passionnées par le sujet… En tant qu’adm du groupe, j’ai accès aux statistiques. De temps en temps je les communique, histoire de mettre un peu du lien entre nous, et puis de remercier tout le monde.
Ah oui, aussi au début : On a fait des albums photos pour fêter dignement le 400e inscrit, puis le 500e… au début je le faisais toute seule, et puis après j’ai demandé l’aide des autres : le défi c’était de trouver 3 illustrations, se rapportant à la BD, avec le nombre 400, 500, 600 etc dans le titre.. C’était rigolo, et ça a bien fait monter la mayonnaise.. Parce que pour qu’un groupe FB fonctionne, il faut être assez nombreux (mais pas rempli de n’importe qui), et que chacun se sente investi / valorisé.

Le roi des beaufs est parmi nous

Je te pardonne Laure- Amen

-Tes comics/mangas préférés ?

 Je ne lis plus du tout de mangas depuis un très long moment. Et les comics, je suis bien obligée d’en lire, parce qu’ils arrivent en masse sur le marché français. Il faut quand même que je me constitue ma culture dans ce domaine… Et c’est pas facile. Surtout pour les comics de super-héros.. Je suis complètement larguée avec le vocabulaire ad-hoc : les arcs, les events… Je sais jamais à quoi ça correspond. Je sais que j’ai un dictionnaire pas loin (mais où ?)… Mais ça m’énerve de devoir chercher un dictionnaire pour comprendre de quoi on parle.

Donc : mon comics préféré, je pense que c’est The Cape de Joe Hill. J’avais beaucoup aimé cette histoire de super-héros inversé. C’est sûrement le comics qui m’a fait dire : ok, d’accord, ça peut être aussi ça. En plus « ancien , les  Points de vue  de Peter Kuper. Et puis Will Eisner pour son apport théorique au « graphic novel », qu’on peut lire dans la préface du  Contrat  (ou  Le pacte avec Dieu ).
En mangas, j’en ai quand même lus.. Mes préférés c’est les Urasawa (Monster  et XXe century boys. Pluto, aussi). C’est aussi les premiers que j’ai lus.

-Gasp…. The Cape, vraiment ?

Ah mais je revendique le droit d’avoir un goût de chiottes dans mes lectures ! Ça, je crois que c’était un des premiers comics que je lisais. En même temps que j’écris ça, je sais que c’est faux. Les premiers c’étaient les Semic books. Enfin The cape, moi j’avais bien aimé le coup du super héros qui est un super salaud. Le 2e tome, en revanche, n’avait aucun intérêt.  

…..

Bon alors attends, et Celluloid  alors de Dave McKean ?  Parce que j’avais été soufflée par le dessin, les techniques utilisées, les références picturales. Ça doit être une des seules bd où l’histoire, finalement, elle passait au second planlaure_6

-Est-ce facile d’imposer Comics et mangas en bibliothèque ?

Comme je suis seule maître à bord dans les acquisitions, je l’impose à moi-même : c’est plus facile. Je regarde ce qui paraît tous les mois (400 nouveautés à peu près), je regarde notice par notice ce qu’ils en disent sur les sites, et je commande.

-Je me rappelle d’une époque où ces ouvrages étaient considérés comme un sous-genre. As-tu observé une évolution des goûts du public ?

Notre problème en BDP, c’est que « notre public », ce sont des bibliothécaires. Et j’ai remarqué que les BM qui empruntent des comics, ce sont soit celles où il y a un mec (ou un jeune femme, qui a cette culture) dans l’équipe, soit celles qui me font confiance.
Au niveau des mangas : je suis en train de remarquer qu’il y a moins de demande..

-Quels sont les comics/mangas les plus empruntés dans ton établissement ?

En comics : ça doit être Walking dead .. et en mangas, sûrement Naruto… Tu veux vraiment que j’aille faire un tour dans les stats de notre logiciel de bibliothèque qu’en plus je sais pas m’en servir ?laure_2

– Sur ton groupe tu évoquais les critères pour acheter/ne pas acheter des comics /mangas (place, budget, longueur de la série, continuité). Peux-tu les évoquer pour nos lecteurs ?

Ne nous leurrons pas : Personne n’a assez de budget pour acheter toute la production. Il faut faire des choix. Le choix le plus raisonnable, mais auquel on ne pense pas forcément, c’est la place dont on dispose dans nos locaux.
Il faut aussi choisir où on va les mettre ces satanées bd ? Pour les mangas, il faut les mettre forcément sur étagères.. Combien d’étagères dispose-t-on ? Combien de tablettes ?
Pour les comics et les « franco-belges » : on peut les mettre en bacs. Mais les bacs prennent beaucoup de place au sol. Et puis ils ne sont pas forcément adaptés à la taille des adultes. Si on n’a que des bacs taille enfants, et bien on abandonne l’idée du bac, et on met tout sur étagères.

Faut-il mettre les comics à part ? Ils ont un format à part, et si on les intègre au fond des bd franco-belges dans les bacs, ils deviennent invisibles (c’est couillon pour un fond qu’on veut mettre en valeur).
La longueur des séries. Au bout d’un nombre raisonnable, moi, j’arrête… Et d’ailleurs : le tome 29 de Walking Dead vient de paraître. J’ai déjà décidé que j’arrêterais au tome 30 (je n’acquerrai pas les suivants. Si Kirkman il a pas encore trouvé de fin, je la trouve pour lui). J’ai arrêté comme ça Naruto au T30, tiens justement. 30 volumes, ça prend une place énorme que ce soit en bacs ou sur étagères. C’est pourquoi, oui, en effet, pour nous les « pros », on préfère les séries courtes.

La constitution des fonds, maintenant… ça dépend en grande partie du / des publics, et puis de la façon de la composition de ces BD
• Mangas : en schématisant
-> Kodomos pour enfants
-> Shonen pour adolescents (13 ans) ou grands adolescents (15 ans)
-> Shojo pour adolescentes
-> Seinen pour adultes
Les plus gros consommateurs, ce sont les ados filles et / ou garçons, et les enfants. Donc j’achète en majorité des mangas pour ces tranches d’âge / de sexe
• Comics. J’avais lu.. je sais plus où que pour veiller à avoir une répartition équilibrée en bibliothèque de lecture publique, il fallait avoir dans l’idéal, pour la tranche d’âge des ados / adultes
-> 1/3 de comics de super héros
-> 1/3 de comics mainstream, mais sans super héros
-> 1/3 de comics indépendants. Mais aux EU, les comics sont très rapidement indépendants. Indépendant ne veut pas dire forcément underground.
J’ai jamais eu / pris le temps de regarder si j’étais dans les clous au niveau de la répartition. Je sais juste qu’il faut que je veille à acquérir Crumb, Spiegelman, Clowes, Thompson ou Ware… que je ne suis pas obligée de lire pour savoir qu’ils existent.
Et les comics de super héros : heureusement qu’il y a des gens pour les lire à ma place et me dire s’ils en valent la peine. Après tout ma profession ne m’oblige pas à tout lire. 

C'est qui le plus fort ?

Walking Dead : champion toute catégorie des emprunts en médiathèque

-Tes derniers coups de cœur ?

En comics : Killed or be killed de Brubaker. Une tuerie cette bd. Et puis Hillbilly d’Eric Powell…
En roman graphique français : Le piano oriental  de Zeina Abirached
En roman graphique étranger : La fissure  de l’espagnol Guillermo Abril (faut surveiller les auteurs espagnols : ils sont très forts)
En BD  : Les Voyages d’Ulysse  d’Emmanuel Lepage.

-Un dernier mot pour les lecteurs du blog qui sature ton Facebook

J’espère vous avoir donné une vision un peu plus juste du boulot que je pratique.. et aussi l’envie de nous rejoindre sur le groupe FB.laure_10

—-
La BO du jour : le feu ça brûle et les yeux, c’est fait pour lire :

33 comments

  • Présence  

    Il est bien agréable de pouvoir ainsi découvrir l’envers du décors d’une bibliothèque municipale, et en particulier d’une bibliothèque départementale de prêts, service dont je ne soupçonnais même pas l’existence. J’ai beaucoup fréquenté les bibliothèques municipales de ma ville (on avait 3) avec mes enfants pour leur choisir des BD, et des DVD. Grâce à des fonds bien fournis et diversifiés, j’ai pu leur faire découvrir des séries dont je n’avais jamais entendu parler, et également emprunter une quantité impressionnante de BD pour ma consommation personnelle.

    • Frede  

      Hey hey notre cheftaine du groupe chez Bruce! J’ai encore des souvenirs très émus de notre bataille contre les budgets et contre les paniers de sélections d’acquisitions/livres pleins à ras bord! Avec Cathy, nous avons œuvré comme des supers-héros pour que notre médiathèque puisse se doter d’un fonds comis/BD/mangas digne de ce nom, n’est-ce pas Bruce? Ce n’est pas facile de faire des choix et de coller au plus juste aux attentes du public : la magie du métier!

  • JP Nguyen  

    Un entretien fort intéressant et sans langue de bois. Délicat exercice de choisir des lectures « pour les autres » en passant outre ses propres goûts.
    Et une preuve de plus que des partis comme le FN sont toxiques et profiteraient de la moindre influence acquise pour « éduquer les masses »…

  • Laure Bertrand  

    Bonjour à tous qui êtes arrivés à lire l’interview jusqu’au bout ! C’est très dur pour moi de faire dans le court.. merci Bruce de m’avoir donné l’espace et l’occasion de parler de mon métier…

  • Matt  

    « Et d’ailleurs : le tome 29 de Walking Dead vient de paraître. J’ai déjà décidé que j’arrêterais au tome 30 (je n’acquerrai pas les suivants. Si Kirkman il a pas encore trouvé de fin, je la trouve pour lui). »

    Mouhahaha ! Bien dit !

    C’est intéressant comme entretien en effet. ça ne doit pas être évident de faire les bons choix pour être accessible à un public.
    Le manque de Seinen (pourtant souvent plus courts) est un peu dommage dans les mangas. On trouve toujours les mêmes machins comme Naruto partout…
    Killed or be killed est bien ? Zut, encore un Brubaker et Philips qui fonctionne bien ? Va falloir que j’attende la fin de la parution pour m’y mettre.

    • Laure Bertrand  

      Le pb avec les séries longues en bibliothèque : là aussi, on est dans une tension entre la demande du public (donnez-nous des séries, encore des séries, toujours des séries) et la raison (et je les mets où les séries, moi ?)
      Je sais qu’en tant que lectrice, je peux être, et j’ai déjà été, une boulimique, accro-dingo. Je me rappelle il y qqs années, ayant en main la série complète du manga XXth century boys, et le lisant, en mode « mort de faim », chez moi, sur ma terrasse, avec la pile des volumes à lire à droite, et la pile des tomes lus à gauche. Je t’ai fait la pile des 21 tomes en une soirée.
      Alors voilà : les goûts des lecteurs dévoreurs de séries, je les comprends, les respecte et les partage. Il n’empêche qu’en bibliothèque ça demande une ingénierie qui frise la psychopathie : la veille pour chopper les tomes qui sortent, la vérification du nombre d’exemplaires achetés (par rapport au n° de volume précédent), la commande dans le bon nombre d’exemplaires, la réservation et le prêt à la BM qui a déjà les tomes précédents, la vérification de tous les tomes que la BM emprunteuse rend.. ET le rangement en magasin de tous les tomes…
      ET quand on en arrive au t30, et bien heu, une petite lassitude gagne le (mauvais) professionnel que je suis…

    • Laure Bertrand  

      et « killed or be killed », ça m’a bien plu en effet : pour l’histoire, la mise en page également.. je ne peux pas te dire si c’est une bd qui a trouvé son public, mais elle vaut le coup. et le t2 est sorti, ou va sortir prochainement

    • Laure Bertrand  

      Et les seinen : c’est en général ce que nous préférons, en bibliothèque (nous avons l’âge d’être considérés comme des adultes). Sauf que les gros consommateurs de mangas, c’est quand même les ados… Toutefois on sait, nous bibliothécaires, il n’y pas de collection idéale, de collection-type dans toutes les BM. Elles s’adaptent à leur public (âge du capitaine, demandes). Mais il faut aussi qu’elles pensent au reste de la population, qui ne fréquente pas forcément la BM… et là tout devient beaucoup plus compliqué

    • Matt  

      Ah mais moi je comprends pour les séries longues. J’ai arrêté d’en lire. ça me lasse, je sais que je ne les lirais pas 2 fois, et je ne sais pas où les ranger non plus^^
      Killed or be killed, je vais voir combien de tomes ça dure. Mais j’ai bien aimé « fondu au noir » du même duo d’auteurs que je conseille.
      Les seinen, ce qui est dommage dans le fait que ça attire moins de monde, c’est qu’on peut plus facilement trouver des séries plus courtes^^ Parce que les One piece et tout ça…ouch !

      • Présence  

        La série Kill or be Killed est terminée en VO : 20 épisodes, répartis en 4 tomes.

        • Matt  

          Ah chouette, c’est pas trop long. Je les lirais en VF mais le fait de savoir que c’est fini en VO est déjà bon à savoir.

        • Laure Bertrand  

          Merci !!!

  • Nicolas Leborgne  

    Tout à fait d’accord avec Laure sur la difficulté de doser entre séries grand public demandées et ouvrages plus confidentiels mais de qualité. C’est très compliqué, car les bibliothèques cherchent à casser cette image de prescripteur dans sa tour d’ivoire, garant du « vrai savoir ». Non, ce n’est plus cela, il faut réussir à mêler des documents plus « médiatiques » qui servent aussi de produit d’appel.
    L’autre grande difficulté, c’est que chaque médiathèque est unique. Le public n’est pas le même d’une ville à l’autre, ne serait-ce que l’origine socio-professionnelle des lecteurs. Par conséquent, ce qui marche à un endroit ne marche pas forcément chez le voisin. Tout dépend aussi de la sensibilité de l’équipe de la médiathèque en terme de promotion et mise en valeur du fonds. Et encore plus du budget et de la place…
    La BD (+ mangas et comics) reste sans aucun doute le fonds numéro 1 des bibliothèques en terme de prêt : un sur 4 en jeunesse, un sur 6 en adultes là où je travaille. Certains lecteurs sont plutôt du genre boulimique, notamment les jeunes en manga. Il faut donc fournir et ce n’est pas simple. De notre côté, le gros travail effectué depuis 2-3 ans paie et le fonds manga est en train d’exploser. Cela exige en revanche de réfléchir et de choisir une poignée de séries que l’on suivra jusqu’au bout, 2-3 nouvelles par an seulement. Le fonds comics est en construction en revanche, mais il prend pas mal en secteur adultes (séries hors super-héros).

  • Eddy Vanleffe  

    Dans les bibliothèques que je fréquente, la classification des mangas sont souvent aux fraises…
    grosso-modo c’est rangé dans
    1-enfants où on va trouver CHI, des shojos et un ou deux hits du genre One piece ou Naruto
    2- le reste des shonen mâtinés de seinen visuellement mignons.
    3-dans le rayon adulte, les trucs courts non sérialisés un peu pèle mêle…

    Le volume de ces trois rayons sont dégressifs…
    on a donc des trucs parfois très violents avec torture, soumission et un tas de trucs malsains dans le rayon enfant…
    Docteur Slump dans le rayon adulte (à cause de la libido du scientifique) ou même GON parce que format inhabituel pour un manga
    le rayon ado va de la comédie sentimental, thriller gore, heroic fantasy, SF, ce qu’on pourrait qualifier comme le manga de genre en fait… 🙂

    • Matt  

      « on a donc des trucs parfois très violents avec torture, soumission et un tas de trucs malsains dans le rayon enfant… »
      C’est embêtant ça quand même. Y’a pas ça dans Naruto je crois. C’est quoi ton truc CHI là ?^^

    • Bruce lit  

      Luna est très fan de Chi.
      @Laure, merci de rappeler que quelque soit le niveau, on perd à tous les coups avec le FN. Et merci d’incarner cette invisible résistance. Mais pas inutile.
      @Frede et Nicolas : ce blog est là pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie. Ne pas hésiter !
      J’ai un très bon souvenir du fond comics de la médiathèque de Conflans. C’était assez exceptionnel, vraiment.

      • Matt  

        Je suis choqué par cette histoire de contrôle des lectures par le FN.
        Y’a d’autres partis qui font ça ? La gauche boycotte des lectures de droite ? Ou c’est juste eux qui sont vraiment craignos ?

        • Bruce lit  

          Si tu suis un peu l’actualité, tu verras que, désormais, les partis politiques, ceux qui marchaient pour la liberté d’expression après les attentats de Charlie, sont les mêmes qui réclament sans crainte l’interdiction de tel ou tel artiste, de tel ou tel niveau. On en a eu l’exemple cette semaine avec le rappeur qui doit jouer au Bataclan.
          On se rappelle aussi qu’au nom de la morale, on peut suspendre les concerts de Cantat et sucrer les subventions de festivals qui ne se soumettent pas à la vindicte publique.
          Je n’aime pas Cantat, j’ai toujours trouvé son groupe mauvais et le crime qu’il a commis est terrifiant. Mais je ne comprends pas que désormais, des citoyens fassent appel à des politiques pour limiter une liberté d’expression gagnée de haute lutte. Crois t’on vraiment que les politiques vont se soucier de la liberté d’artistes ? Eux ??? Eux, se placeraient comme les gardiens d’une morale qu’ils rabrouent constamment ? La belle affaire !
          Il suffit de boycotter son concert, non ?
          Je me suis battu pour le droit des femmes à ne pas servir de Punching Ball tout au long de ma carrière. Mais cette ambiance de tribunal révolutionnaire est juste insupportable. Rappelons nous que ce sont des faits divers, bien décrits dans Poison City qui ont abouti au comic code authorithy.
          Que tout partira d’un droit à la morale et l’émotion pour aboutir à la peine de mort…Une peine de mort que l’Europe a durement aboli et, bien entendu qu’après chaque Maylis, chaque Bataclan, chaque promenade niçoise, on aimerait voir crever ses enfoirés et entendre grésiller la chaise…Mais c’est un piège dans lequel nos valeurs ne doivent pas tomber.
          A gauche, c’est pas mieux, hein…Rappelons que la mère Royal a purement liquidé les animés japonais lors de son passage ministériel et qu’elle proclamait vouloir interdire les mangas…

          • Matt  

            Je t’avoue que je suis peu l’actualité. C’est réjouissant dis donc…
            Et quand je dis que nos politiques sont des cons qui méprisent les gens, on me dit encore que je devrais être content parce que c’est pire ailleurs…
            Moui…ben plus pour longtemps on dirait.

          • Laure Bertrand  

            Pour Cantat, ça serait mieux pour tout le monde s’il se contentait de faire des disques, ou des clips. Qui’il fasse ce qu’il veut, en fait, mais qu’il évite de se produire en public. Il est devenu, pour beaucoup de femmes LE symbole DU type qui bat sa / ses compagne (s) en toute impunité. Moi à chaque fois que je le vois et que je l’entends, je pense au couple Trintignant. Je ne pense qu!à eux. Alors oui c’est pas de bol pour Cantat qu’elle ait pas mieux supporté ses coups, Marie. C’est bête qu’elle en soit morte, alors que y’a plein d’hommes qui font la même chose (battre leur compagne), en toute impunité, pk elles ne portent pas plainte ou qu’elles sont plus résistantes (qu’elles n’en meurent pas). Les femmes, les asso féministes ne demandent ni que sa tête soit fichée en haut d’une pique, ni même son silence. Elles demandent juste qu’il ne se produise pas en public. Dernière chose en matière de droit public (j’ai fait des études de Droit). Le maire peut, légalement, interdire toute manifestation, s’il craint qu’elle n’entraine « des troubles à l’ordre public ». Ça existe, et c’est légal, et c’est en effet une limite de la liberté d’expression.

          • Eddy Vanleffe....  

            Non je ne peux pas être d’accord avec le fait d’interdire Cantat de faire des concerts…
            soit il est en prison parce qu’on estime qu’il doit être puni plus sévèrement pour un meurtre (4 ans et demi pour un meurtre c’est peu…)
            mais voilà, il est libre et il fait son metier.
            son metier passe par des concerts….
            ça ulcère peut être de voir que des gens achètent les tickets d’un meurtrier, mais bon d’autres vont voir des films de Polanski…
            mais voilà chacun juge selon ses propres repères. C’est ça la liberté…
            Le fait qu’il soit devenu un symbole montre bien à quel point on aime se focaliser sur des « événements à part » selon le bon vieux théorème du mouton noir…
            Comme si ça améliorait les choses pour le reste des femmes battues de manifester contre un concert…
            Non, ça c’est manière de se donner bonne conscience, ce genre de tribunal populaire qui fonctionne sur la colère, la dénonciation, le pilori, la mise à l’index, la rumeur et une absence total de recul est vraiment l’un des signes les plus inquiétants de cette époque.
            Non, le premier truc anormal, c’est la gestion que fait la justice de la peine encourue après un meurtre sous les coups…

          • Matt  

            J’aurais tendance à penser pareil. Le souci c’est surtout…pourquoi il n’a eu que 4 ans de peine pour meurtre ??
            Après dès qu’on le libère et qu’il peut travailler pour gagner sa vie…on ne devrait pas lui interdire quoi que ce soit. Il est censé avoir purgé sa peine. Sauf que dans le cas présent, la peine était bien légère oui.

          • Matt  

            Après effectivement on peut trouver qu’il n’a aucune honte à revenir se produire en public…et ça peut agacer, ça se comprend.
            Mais comme le dit Bruce, ça doit être à lui d’arrêter. Dès l’instant où il a purgé sa peine, les gens qui n’ont rien à voir avec le système judiciaire ne devraient pas s’efforcer de rendre sa vie impossible.
            Parce que le danger du truc…c’est que si on va par là, un criminel qui aurait des circonstances atténuantes ou qui regretterait son geste, après avoir purgé une peine de 25 ans, il n’aurait toujours aucune chance de rédemption dans un monde qui continue de lui cracher à la gueule ? On ne peut pas espérer qu’un chien dangereux devienne plus gentil si on continue à lui taper dessus toute sa vie.
            Si on ne pratique pas la peine de mort, c’est dans l’espoir que les criminels changent non ? Pas pour les torturer à vie. Sinon autant les tuer en fait, c’est moins cruel.

            Bon après je me doute bien que c’est facile à dire, qu’on ne peut pas non plus demander à la famille de ses victimes de lui pardonner, mais au moins les gens qui n’ont rien à voir dans cette histoire ne devraient pas le rejeter de la société jusqu’à la fin de ses jours.

            Dans le cas présent, d’après ce que j’ai compris, c’est surtout qu’on estime qu’il n’a pas assez payé pour son crime. Et c’est vrai que 4 ans, c’est étrange quand même…

          • Jyrille  

            Sur Cantat, je rejoins Eddy et Matt. Matt, s’il n’a fait que quatre ans, c’est parce qu’il a été jugé non pas comme un assassin, mais comme un meurtrier avec des circonstances atténuantes : la drogue, l’alcool, la passion… Je crois qu’il a été condamné à six ans mais il a bénéficié des remises de peine qui sont données lorsqu’un prisonnier suit toutes les règles de bonne conduite.

            Ce que je ne comprends vraiment pas, c’est comment des personnes qui n’ont rien à voir avec la victime peuvent se porter en héraults et en gardiens du bon droit, de la morale. Justice a été rendue, c’est tout. Elle ne l’est pas souvent avec les personnalités (regardez les politiques, ou Ronaldo qui a été condamné à deux ans de prison fermes qu’il ne fera jamais) mais dans ce cas, oui. Alors stop, c’est du harcèlement.

  • Jyrille  

    Ca fait plaisir de lire une interview de bibliothécaire ! J’y ai retrouvé pas mal de points communs avec les problèmes des libraires (j’ai plusieurs amis libraires, le plus connu étant Le libraire qui se cache) mais comme Présence je ne connaissais pas l’existence des bibliothèques départementales.

    Les questionnements de Laure rejoignent ceux de tous les lecteurs que nous sommes, à créer nos propres bibliothèques personnelles, mais aussi celui du conseil : j’ai encore écrit un mail à un collègue pour lui donner des conseils de bds pour son fils de 10 ans cette semaine. Cela m’arrive régulièrement…

    Je dois passer à ma bibliothèque municipale ce soir puisque mes rejetons ont participé à un concours de bd qui y est exposée. Je n’y vais clairement pas assez : mes horaires ne me le permettent pas… Mais j’aimerai bien !

    La BO : pas encore écoutée mais bon.

    • Laure Bertrand  

      Je ne crée pas de bibliothèque personnelle dans le fonds de BD. Je m’y refuse pk, je suis pas forcément le public cible de la Bd écrite. Un fonds de bd, il faut qu’il puisse plaire au maximum de lecteurs, quel que soit : sa catégorie socio-pro, son niveau de lecture, ses goûts, ses envies, ses joies, ses peines, ses révoltes, c’est pareil dans tous les fonds (= les morceaux des collections de livres, la musique, le cinéma, les jeux vidéo également).

      • Nicolas Leborgne  

        D’accord avec Laure. En bibliothèque, c’est la perpétuelle quête de l’équilibre :
        entre les âges
        entre les genres
        entre les éditeurs
        entre le grand public/le confidentiel
        entre la série et le one-shot…
        En tant que bibliothèque généraliste, on doit proposer un panorama le plus large possible (selon nos moyens) de la production culturelle et donner les outils pour que le public se forge ses propres opinions. Donc on achète des trucs que, personnellement, on ne lira pas car hors goût. J’aime pas les bouquins de mort-vivants mais j’en achète quand même car des lecteurs aiment.
        En BD, je varie les styles de dessin, les sujets, les formats, les éditeurs. Je mélange entre les séries qui cartonnent chez les gamins (car je réponds à leurs demandes) mais je leur propose aussi des choses plus ambitieuses, difficiles, originales, qui seront sans doute moins empruntées mais qui montrent que la BD, ce n’est pas que Astérix.

  • Léo Deroclès  

    Hello,

    Après l’entretien avec Alex Nikolavitch, en voilà un autre de très intéressant qui permet d’en savoir plus sur ce boulot.
    Madame Bertrand est une personne qui a une idée précise de son travail et sait ou elle va…
    Dès que je le croise, je discute longuement avec un des bibliothécaires de ma ville et accessoirement, grand amateur de comics. Et il me parle également des difficultés à composer avec un budget de plus en plus riquiqui. Budget qui a d’ailleurs tendance à être très bas dès qu’un maire de droite ou assimilé arrive au pouvoir…

    • Bruce lit  

      Better late than never Leo.
      Budget qui a d’ailleurs tendance à être très bas dès qu’un maire de droite ou assimilé arrive au pouvoir… Plutôt d’accord avec toi, le propre de la gauche étant d’après mon vécu de dépenser sans compter….

  • Franck G  

    Bonjour. Interview intéressante et bienvenue, et comme déjà écrit : « sans langue de bois ». ça change.
    Je me reconnais pas mal en tant que professionnel, même si davantage fondu du médium depuis des années et bien moins engagé sur le fonds. Car, travaillant depuis 11 ans dans un secteur multimédia (après 8 ans au secteur audiovisuel) et c’est ce qu »‘oublie de dire Laure, (la question ne lui a pas été posée en même temps ;-)), c’est que les bibliothèques sont souvent très sectorisées, et que tu peux être un grand amateur de BD (comics, mangas franco-belge)… et ne pas être associé aux acquisitions. Et oui… Cela dit, tu peux tout de même suggérer quelques achats, et participer éventuellement aux « choix » (lectures) des offices, mais c’est tout. Assez frustrant dans ce cas.
    C’est ainsi que je travaille à côté, chez BDzoom.com… pour abonder dans ma passion, en plus de mes blogs personnels. Merci pour cette communauté sympathique (et bienveillante).

    • Bruce lit  

      Bienvenue à toi Frank. merci de ce retour.
      Pour info, j’ai le plaisir d’être invité à participer le 19 janvier à la nuit de la lecture dans toutes les bibliothèques de France je crois.

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