De retour chez les vivants, mais pas à la normale

Amazing Spider-Man : Une chance d’être en vie par Dan Slott et Humberto Ramos

Première publication le 23/05/2015- Mise à jour le 03/01/17

Un article de  : PRÉSENCE

VO : Marvel

VF : Panini

Spider-Man, toujours numéro 1 ©Marvel Comics

Même si la numérotation laisse penser le contraire, il s’agit bien de la suite de la série Superior Spider-Man qu’il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre la situation dans laquelle se retrouve Peter Parker.

Ce tome contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014, écrits par Dan Slott, dessinés par Humberto Ramos, encrés par Victor Olazaba, avec une mise en couleurs d’Edgar Delgado. 

Sortie en kiosque, cette histoire vient d’être rééditée en album chez Panini.

ATTENTION – Ce commentaire révèle des éléments clés de l’intrigue de la précédente série.

Ça y est : Peter Parker a retrouvé son corps, après qu’il ait été usurpé par un supercriminel.

Il doit stopper les agissements d’un groupe de 4 supercriminelles (White Rabbit, Gypsy Moth, Hippo et Panda-Mania), et faire face au retour d’Electro qui a du mal à contrôler ses pouvoirs. Il a également la surprise de voir apparaître une nouvelle superhéroïne Silk, avec des pouvoirs proches des siens. Une grande révélation l’attend dans la mesure où ces épisodes sont placés sous le signe du crossover Original sin.

La mystérieuse Silk aux pouvoirs d'araignée

La mystérieuse Silk aux pouvoirs d’araignée ©Marvel Comics

Le plus dur reste quand même de découvrir dans quel état son hôte indésirable a laissé sa vie. Peter Parker se retrouve à la tête d’une entreprise dans laquelle le père de J. Jonah Jameson a investi. Il se rend compte qu’il est devenu très intime avec Anna Maria Marconi. Par contre Black Cat (Felicia Hardy) semble lui en vouloir à mort. Il y a également la rupture avec les Avengers. Où est Mary Jane Watson dans tout ça ?

Contre les a priori de certains lecteurs, Dan Slott avait réussi une excellente histoire de Spider-Man en évinçant Peter Parker de son propre corps. Bien sûr cette même frange de lecteurs s’est plainte d’un retour à la normale, de la réinstallation d’un statu quo tiède et pépère, avec le retour de Peter Parker aux affaires. Pour les moins grincheux, le retour de Peter Parker était inéluctable et ils avaient largement anticipé les bouleversements auxquels il devrait faire face : de la présence d’Ana Maria Marconi, à l’agressivité de Black Cat.

Sajani Jaffrey, Anna Maria Marconi

Sajani Jaffrey, Ana Maria Marconi ©Marvel Comics

Au travers de ces 6 épisodes, Dan Slott se montre assez habile pour déjouer les certitudes de ces 2 clans. Par exemple, Parker reste bien à la tête de son entreprise, ce qui repousse à plus tard tout retour au statu quo.

Pour l’autre groupe de lecteur, Slott règle en 2 coups de cuillère la brouille avec les Avengers ; cette manière de résoudre cette opposition contourne également les attentes de ces lecteurs.

Slott doit encore composer avec le crossover du moment qui exige que, dans leur série, chaque scénariste sorte un secret bien caché du chapeau. Il n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde, avec une révélation presqu’aussi grosse que celle contenue dans Spider-Man: Family Business (2013) de Mark Waid et James Robinson.

Les puristes pourront râler devant ce deux ex machina, les autres avaleront la couleuvre avec une petite dose supplémentaire de suspension consentie d’incrédulité.

Une fois la pilule Silk avalée, le lecteur a le plaisir de constater que Slott a concocté un scénario bourré à craquer, avec un rythme vif et rapide. Il a également le plaisir de retrouver plusieurs personnages de la série Superior Spider-Man, à commencer par Ana Maria Marconi (et ses délicieux cookies).

Silk et Spider-Man : une attirance irrépressible, animale

Silk et Spider-Man : une attirance irrépressible, animale ©Marvel Comics

Slott n’a rien perdu de sa maîtrise de leur personnalité, et c’est un vrai plaisir de retrouver ces personnages, de Sajani Jaffrey (et son exaspération pour son patron absent) à J. Jonah Jameson (toujours un peu caricatural dans sa haine inconditionnelle à l’encontre de Spider-Man), en passant par Pedro Olivera le pompier amoureux de MJ. Il se paye même le luxe d’introduire Francine, une groupie des supercriminels. Étonnamment Slott s’amuse également beaucoup avec la libido de Peter Parker (sans compter celle de Francine), avec un petit effet de décalage par rapport au reste du récit plutôt bon enfant.

Ces 6 épisodes sont dessinés par Humberto Ramos qui canalise un peu plus que d’habitude ses emprunts aux codes graphiques des mangas. Il subsiste quelques yeux plus grands que nature, et quelques muscles un peu anguleux. Si beaucoup de visages sont atteints de jeunisme, il fait l’effort de montrer des rides sur celui de J. Jonah Jameson.

Black Cat, toujours aussi sensuelle

Black Cat, toujours aussi sensuelle©Marvel Comics

L’approche graphique de Ramos participe beaucoup à l’atmosphère bon enfant de ces aventures, les personnages étant régulièrement souriants. Ramos participe également à l’aspect sensuel du récit, mais pas côté Peter Parker.

Évidemment Black Cat dispose de formes généreuses, à commencer par son tour de poitrine. Mais c’est plutôt avec White Rabbit qu’il se lâche un peu, en mettant en avant son postérieur.

White Rabbit et ses cuisses à l'air

White Rabbit et ses cuisses à l’air

Ramos insuffle un dynamisme impressionnant aux acrobaties de Spider-Man et de Silk, sans jamais donner l’impression de postures déjà vues. Il sait représenter l’énergie libérée par Electro, pour donner à la fois l’impression de danger, de puissance, et de manque de contrôle.

Sa manière bien à lui de légèrement exagérer les expressions complimente la tonalité du scénario, en faisant apparaître la joie de vivre, l’entrain et la jeunesse des principaux personnages.

Ce tome comprend également 2 histoires courtes de 5 pages chacune, écrites par Slott et Christos Gage, assurant la continuité des situations d’une part d’Electro (dessins de Javier Rodriguez), d’autre part de Black Cat (dessins de Guiseppe Camuncoli). Il comprend également les 10 couvertures variantes réalisées, entre autres, par Alex Ross, J. Scott Campbell, Skottie Young, Marcos Martin, Tim Sale, et Mike Deodato.

Alors que tous les lecteurs attendaient Dan Slott au tournant après Superior Spider-Man, celui-ci réalise une histoire dense et rapide, s’appuyant sur les personnages et les changements de la vie Peter Parker, tout en évitant les résolutions évidentes et prévisibles. Il introduit une révélation énorme liée aux origines de Spider-Man (crossover Original sin oblige) pour laquelle le lecteur lui laissera le bénéfice du doute en attendant de savoir ce qu’il en fera. Humberto Ramos réalise des pages pleines de vie, qui expriment parfaitement le plaisir de Peter Parker d’être de retour parmi les vivants.

La chance de Peter Parker est de retour

La chance de Peter Parker est de retour ©Marvel Comics

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LA BO du jour : Peter est de retour sur les toits de NY. Hélas les Fab Four jouent sur celui d’Abbey Road. Avant que les flics ne mettent fin aux dernier concert des Beatles ! Les cons !

https://www.youtube.com/watch?v=fMW1hvvUjGg

16 comments

  • Matt  

    J’ai finalement lu ce volume tout récemment. Je ne pensais pas le prendre vu que ça commence à crossoveriser dès le tome suivant, mais au final ce tome peut se suffire à lui-même et constitue un épilogue intéressant à Superior Spider-man je trouve. On a un nouveau personnage avec Silk qui peut constituer le début d’une nouvelle intrigue mais pas de cliffhanger final ni vraiment d’intrigue qui reste en suspens. Du coup je suis content de ma lecture, c’était bien sympa. Mais je vais m’arrêter là pour ne pas tomber dans le bazar de Spider-verse qui ne me tente absolument pas.

  • Léo Vargas  

    Bonjour, bonjour,

    Les lapins inspirent beaucoup les scénaristes.
    N’y a t’il pas un White Rabbit dans les vieilles aventures de Batman ???

    • Présence  

      @Léo Vargas – Respect pour ta mémoire. il y a eu 3 White Rabbit dans l’univers partagé DC : Jaina Hudson apparue dans Batman: The Dark Knight de David Finch en 2011, celui apparu dans Shadowpact de Bill Willingham en 2006, et celle (Angora Lapin) apparue dans Adventures of Superman 500 en 1993.

      • Bruce lit  

        J’ai acheté et pense revendre cette histoire et le Deluxe où Harry Osborn explique son retour, Peter le fonctionnement de l’amnésie collective post OMD et l’élection de Jameson.
        Sur ce volume, les parenthèses Silk m’ont exaspéré même si le personnage est sexy. A peine la série recommence que deux crossovers se pointent ; Original Sin et Spider Verse.
        En fait Slott s’en sort bien, mais son travail est désormais de faire des mise à jours de cahque programme/reboot Marvel.
        Et l’écriture de Slott atteint ici ses limites. L’élection de Jameson, on s’en fout 3 ans après puisqu’il n’a rien fait de plus. Silk aussi.
        Et puis la chatte noire est hystérique au delà du crédible. Et la copine psychopathe d’Osborn n’a aucun intérêt.
        Et Ramois s’il, comme tu le dis, met en scène des personnages jeunes et en pleines possession de leur capacité, échoue à m’intéresser. Avec Electro, il en fout partout, c’est irrespirable. Illisible.
        A partir de maintenant, Slott va mettre en place un Superior Peter PArker avec gadgets, lance toile vocal, attaque à chaque conseil d’administration qui rappelle l’Iron Man de Michelinie. C’est original, mais trop de personnages secondaires. Moi j’aime mon Spidey solitaire et malheureux. Je passe…

        • Matt  

          C’est vrai que je ne suis pas très fan de l’orientation méchant de la chatte noir qui me parait carrément abusée compte tenu qu’ils sont censés être amis quand même…même amants.

          Par contre c’est quoi ce deluxe dont tu parles avec l’amnésie et tout ? C’est plus vieux ça, c’est avant Superior.

          • Matt  

            Ah oui ok. C’est juste avant « Big Time » qui m’a fait reprendre la lecture de Spidey. Avec l’arrivée du nouveau super bouffon/neveu de ben Urich.
            Je n’ai pas lu ces épisodes. Ou alors peut être des bribes dans des kiosques.
            ça ne vaut pas le coup alors si j’ai bien compris ?

        • PierreN  

          De manière générale, de la période Brand New Day qui précède l’ère Big Time (que je conseille), il n’y a guère que les arcs de Slott qui sont à retenir, et aussi celui de Fred Van Lente sur Sandman, sorti lors de cette médiocre saga qu’est The Gauntlet.

  • PierreN  

    Quand je vois les planches choisies pour cette article, je trouve que Ramos s’est plutôt bien débrouillé pour ce qui est de représenter le personnage d’Anna Maria.
    Les dessinateur de comics mainstream sont tellement habitués à dessiner des femmes avec des physiques de top models et des mecs baraqués, dès qu’il s’agit de représenter des personnages qui s’éloignent de leurs standards habituels, que ce soit des enfants ou des personnages atteints de nanisme, ils sont plus à la peine.
    Dans le cas de la série Superior, la représentation d’Anna Maria par Ramos m’a donc plus convaincu que celle de Camuncoli.

    « Prochaine étape pour le Spider-Man de Dan Slott : Spider-verse. À voir si Slott saura raconter un « événement » de grande ampleur… »

    Je trouve qu’il a déjà passé cette étape haut la main avec Spider-Island.

    • Présence  

      C’est un article qui date un peu (mai 2015) et il se trouve que je n’ai pas lu Spider-Island.Je ne peux donc pas en parler. Spider-Verse ne m’a pas entièrement convaincu : très bon début, atterrissage beaucoup plus convenu. J’attends de voir pour Clone Conspiracy…

    • Matt  

      J’ai quand même trouvé que Spider Island ressemblait un peu trop à une grosse farce. Plein de gags, un « boss de fin », des mutés qui redeviennent humains sans aucune séquelle. Un peu beaucoup too much. Pas pourri mais je suis assez mitigé. Qu’est-ce qui t’a tant plu Mister PierreN ?

      • PierreN  

        @Matt: Pêle-mêle: une bonne gestion du casting élargi, l’utilisation d’éléments variés de la série (même la saga du clone est convoquée par le biais de Kaine et du Chacal), du fun, un spidey dont il maîtrise bien la caractérisation, dont le potentiel de génie scientifique est enfin exploité, et le fait de construire ses intrigues sur la durée. Durant cette période où il est rare que les scénaristes fassent des runs de plus de 30 numéros, c’est toujours appréciable d’avoir du feuilletonesque comme avant.
        Ce côté too much/over the top/bigger than life est pour moi ce qui participe au charme du médium dans le cadre du mainstream, surtout quand c’est bien fait (le Punisher transformé en FrankenCastle par Remender, le Thor-grenouille de Simonson, ou encore Superman qu’il s’allie à ses équivalents du multivers dans Final Crisis).

        • Matt  

          Je dois reconnaître que c’est léger et agréable. Comme le disait Cyrille il y a un an de cela, Ramos est un des rares à être positif et joyeux, et on peut dire la même chose pour Slott dans Spider Island. J’ai juste trouvé ça un peu bordélique et trop over the top. Le fait que je n’ai pas lue la saga du clone ni compris d’où venait les…2 ou 3 clones de Gwen qui se font tuer dans cette saga, m’a un peu agacé aussi. Sérieux il en a fait combien le Chacal des Gwen ? Y’en a marre des clones. Ok elles durent 2min et meurent mais WTF ?

        • Bruce lit  

          Excellente argumentation Pierre….
          Tu me fais presque douter…Presque.
          Tiens, j’ai pensé à toi : j’ai investi dans le soldat inconnu par Joshua Dyssart (Harbinger). Tu l’as lu ?

  • Nikolavitch  

    pas lu la suite directe de Superior, va falloir que je comble cette lacune

    • Présence  

      J’avais bien aimé, mais avec une qualité plus fluctuante que la phase Superior qui était moins étirée.

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