Le Mystère de la Grande Pyramide, par Edgar P. Jacobs
Un article de : TORNADO
VF: Dargaud, Editions Blake & Mortimer.
Tous les scans de l’article sont la propriété de Dargaud, Editions Blake et Mortimer
1ère publication le 19/10/17 – MAJ le 18/04/22
Cet article portera sur les deux tomes de la saga Le Mystère de la Grande Pyramide, écrite et dessinée par Edgar Pierre Jacobs et publiée initialement dans Le Journal de Tintin en 1950 et en 1951, avant d’être éditée sous la forme de deux albums en 1954 et 1955.
Il s’agit de la seconde aventure du duo Blake & Mortimer, après la grande saga en trois tomes Le Secret de l’Espadon, et avant son chef d’œuvre La Marque Jaune.
Je vous propose une lecture en deux temps, comme si l’on passait d’un tome à l’autre, la saga étant néanmoins conçue au départ comme une histoire unique.
En route pour une étape incontournable de l’histoire de la bande-dessinée…
Tome 1 : Le Douanier Jacobs
Quel mystère la grande pyramide de Khéops pourrait-elle encore dissimuler ? Se pourrait-il qu’un immense trésor soit caché quelque part sous cet imposant édifice, au point que personne, depuis des siècles, ne soit parvenu à le découvrir ?
Tel est le point de départ de cette seconde aventure du tandem Blake & Mortimer par Edgar P. Jacobs.
Voilà bien des années que je n’avais pas relu du Blake & Mortimer. Mais, ayant visité pour la première fois l’aile du Louvre dédiée à l’Egypte antique, l’envie de me replonger dans la saga de la Grande Pyramide était trop forte…
J’avais découvert la série alors que j’étais adolescent et ç’avait été une véritable révélation, comme si je percevais soudain la source d’un genre, le berceau d’un certain état d’esprit « à la Spielberg », qui donnerait vie, bien des années plus tard, aux aventures du célèbre Indiana Jones, dont j’étais déjà un fan énamouré.
C’est intimidant d’écrire un tel article. Car cette œuvre culte fait partie de celles que les admirateurs défendent becs et ongles, et qu’il n’est en général pas permis de discuter sans risquer l’opprobre d’une horde de fans extrémistes déchaînés… Et pourtant, il faut bien l’admettre : Blake & Mortimer a vieilli, particulièrement sur le terrain de la Forme…
La toile de Fond est impressionnante. Jacobs brosse le tableau d’une Egypte contemporaine (des années 50) particulièrement palpable, alors qu’il n’y a jamais mis les pieds ! Dans le genre, on pense au Douanier Rousseau, qui peignait ses toiles exotiques sans avoir jamais franchi les murs de Paris !
Il injecte à son récit une dose vertigineuse de références historiques, scientifiques et archéologiques, nourries d’une recherche documentaire extrêmement poussée et complète, qui fera école bien au-delà du simple monde de la bande dessinée. Il tisse une intrigue au long-court, dense et ambitieuse, romanesque, au carrefour d’une multitude d’influences, allant des pulps aux romans policiers, en passant par les grands récits d’aventures issus de la littérature (Stevenson, ou Conan Doyle) comme des comics (particulièrement le Flash Gordon d’Alex Raymond, dont il avait terminé certains épisodes lui-même en Belgique, après l’interdiction de publier le comic-strip par l’occupant allemand en 1942). Il n’y a pas à dire : Blake & Mortimer est la plus grande série d’aventures de son temps.
L’auteur construit ses intrigues avec une exigence toute particulière quant à ses rebondissements. Il met un point d’honneur à ne pas tomber dans la facilité en jetant ses héros dans moult péripéties, leur mettant des bâtons dans les roues aussi souvent que possible (peut-être un peu trop, au bout d’un moment…). C’est un fait : les méchants des histoires de Blake & Mortimer ont toujours une longueur d’avance sur les héros, au point que ces derniers ne finissent par gagner qu’au moment où on ne l’espérait plus !
C’est ainsi que le colonel Olrik, la némésis de notre duo héroïque, mène sa course au trésor comme un politicien véreux mènerait sa campagne : Vol, meurtre, pots de vin, kidnapping ; rien ni personne ne peut se dresser sur son chemin. Sauf le capitaine Blake et le professeur Mortimer, mais seulement après une suite mémorable de laborieuses déconvenues…
Prise à sa source, la série est à cette époque un savant mélange de divertissement et de cours d’histoire-géographie. Le lecteur se divertit et s’instruit, dans une savoureuse atmosphère de dépaysement exotique et de mystère.
Pour ce qui est de la mise en Forme de ces aventures, le temps a malheureusement fait son office. Comme beaucoup de bande-dessinées de cette époque, Blake & Mortimer souffre d’un style ampoulé qui alourdit les pages au point d’en rendre la lecture parfois pénible, ou bien désuète. Chaque planche est composée de quatorze ou quinze vignettes, ce qui est considérable (aujourd’hui, c’est souvent entre six et huit), d’autant qu’elles sont écrasées sous une tonne de phylactères et de cellules de texte, qui occupent souvent les deux-tiers du cadre !
A maintes reprises, Jacobs dessine ses personnages en plans statiques, rapprochés, qui conversent au téléphone, sans mise en scène particulière.
Sur bien trop de points, la mise en forme de Blake & Mortimer souffre de la comparaison avec celle de Tintin. Cette comparaison tombe sous le sens car, au delà du fait que les deux auteurs étaient contemporains l’un de l’autre et qu’ils forment à peu de choses près les fondations de la sacro-sainte école franco-belge, ils étaient amis. Et Jacobs a été le collaborateur d’Hergé pendant des années (sur les décors des Sept Boules de Cristal et du Temple Du Soleil, par exemple). La comparaison est donc sans équivoque, car là où Hergé parvient à aérer ses planches, Jacobs les rend opaques. Il y a par exemple beaucoup de texte explicatif qui raconte inutilement ce que les images disent déjà, dans un effet de redondance souvent lassant. D’ailleurs, j’ai pris l’habitude de ne pas lire ces encarts de texte, et cela ne change rien à la compréhension de l’intrigue !
Ses personnages sont beaucoup plus fades, particulièrement les méchants et les seconds couteaux (il faut bien admettre qu’Olrik n’a jamais beaucoup marqué le panthéon des « grands méchants » de la littérature. Et Nazir et le Bezendjas font quand même bien pâle figure en comparaison de pointures comme le Capitaine Haddock ou le Professeur Tournesol !). Le dessin de Jacobs est très élégant, très affirmé, mais là où Hergé parvient à saisir d’innombrables personnalités inoubliables en un minimum de traits, Jacobs peine à varier la physionomie de ses personnages, dont la plus-part arborent le même physique et les mêmes expressions. Au risque de me faire conspuer par les fans, j’irais même jusqu’à dire que les héros eux-mêmes sont peu charismatiques, en particulier le Capitaine Blake. Ersatz de Sherlock Holmes & Watson, Blake & Mortimer ont tendance à manquer d’épaisseur.
Les dialogues de la série sont travaillés et élégants, mais paraissent caricaturaux et d’un autre âge, tandis que ceux de Tintin sonnent encore de manière très fraîche. Et puis il y a l’humour d’Hergé : Unique, intemporel, truculent. Jacobs ne se risque que très rarement sur le terrain de l’humour, et quand il le fait, c’est une catastrophe (voir le cabotinage du grotesque Professeur Gossgrabenstein !). Au bout du compte, cette dimension finit par faire défaut dans un ensemble figé et très premier degré. Et s’il y a très peu de femmes dans les aventures de Tintin, il n’y en a strictement aucune chez Blake & Mortimer. Là encore, et bien que je ne trouve pas cela très grave, voilà un autre élément qui démontre le poids de l’âge.
Il y a longtemps que j’avais envie de marquer cette différence entre les deux auteurs, rarement soulignée, et pourtant évidente. Ou la différence entre l’œuvre d’un génie, et celle, pourtant essentielle également, d’un artisan émérite de la bande-dessinée.
Tome 2 : Elémentaire mon cher lecteur…
Revenons sur le pitch : Depuis l’antiquité, l’historien Manethon est une légende pour les égyptologues. Et voilà que le directeur du service des antiquités du Caire vient d’exhumer un papyrus, vieux de 2000 ans, ayant appartenu à l’illustre chercheur.
Le professeur Mortimer, spécialiste de la question, est alors invité au Caire. Il découvre que le papyrus fait allusion à la « Chambre d’Horus », une salle secrète qui renfermerait le fantastique trésor funéraire d’un pharaon oublié et hérétique : Akhnaton.
Tandis que les recherches convergent vers les sous-sols de la Grande Pyramide du plateau de Gizeh, le colonel Olrik et sa bande de trafiquants s’emparent des précieux documents. Une impitoyable course au trésor commence alors…
Le second volet du diptyque Le Mystère de la Grande Pyramide est parfaitement dans la lignée du précédent. Il faut dire que la saga avait entièrement été publiée à l’origine sous la forme de petits épisodes d’une page (une déclinaison des fameux strips publiés dans les journaux) sous le titre Le Mystère de la Pyramide dans les pages du Journal de Tintin. En ce sens, elle se situe dans la tradition des serials, ces séries d’aventures au long-cours (avec par exemple…Flash Gordon le soldat de l’espace !) qui étaient diffusées au cinéma dans les années 30 et 40 en première partie des films de l’époque…
Ce second tome continue d’étirer les péripéties du Professeur Mortimer (le Capitaine Blake étant présumé mort à la fin du précédent), et le dernier tiers pénètre au cœur du sujet. Au sens propre, car nos héros intègrent enfin les couloirs secrets de la Grande Pyramide du Pharaon Kheops…
La mise en page s’est allégée d’un poil par rapport à la première partie. Le texte est un tout petit moins prépondérant (mais à peine), et la moyenne des vignettes par planche est passée de dix à douze (anciennement quatorze à quinze ! voir une comparaison sur le scan ci-dessus), ce qui est tout de même encore considérable ! A deux reprises, nous avons droit à une superbe illustration en pleine page, technique vraisemblablement utilisée à l’époque du passage en album, afin de tomber sur le nombre de pages voulu… Le résultat, en tout cas, marque durablement les rétines. Ce fut le cas à l’époque, au point que ces images soient devenues suffisamment iconiques pour fédérer tout un tas de produits dérivés !
A maintes reprises, le connaisseur des classiques de la série cinématographique Universal Monsters pourra repérer les influences du film La Momie , que le réalisateur Karl Freund réalisa en 1932, après les retombées de la fameuse affaire « Toutankhamon »…
Puisqu’on parle d’influences, on peut de nouveau insister sur le fait que, sur bien des points, le duo formé par Blake & Mortimer rappelle celui de Sherlock Holmes & le Docteur Watson. Sauf que le célèbre duo créé par Sir Arthur Conan Doyle est ici amalgamé : Mortimer ressemble physiquement à Watson, mais il possède un sens de la déduction très prononcé, un peu comme Sherlock Holmes. De plus, il est le personnage que suit le lecteur, au même titre que Watson est le « chroniqueur » des nouvelles de Conan Doyle. Blake, quant à lui, possède un physique très similaire à celui du célèbre détective de Baker Street. Mais il se contente d’un rôle de faire-valoir, comme le Dr Watson. Pourtant, son apparition dans Le Mystère de la Grande Pyramide, lors d’un twist au dernier tiers de la saga, rappelle de manière confondante le rôle de Sherlock Holmes dans Le Chien Des Baskerville !
De la même manière, et sachant que Jacobs dessina lui-même certains épisodes du comic-strip d’Alex Raymond (auquel il rendra un hommage clair et net avec Le Rayon ‘U‘, sa première création personnelle), il n’est pas possible de regarder Blake & Mortimer sans songer à Flash Gordon et au professeur Zarkoff.
Toute l’œuvre d’Edgar P. Jacobs est jalonnée de références à la littérature de genre. Conan Doyle, Robert Louis Stevenson et Jules Verne se télescopant dans une harmonie parfaite. Dans un sens, l’œuvre de Jacobs est presque une œuvre postmoderne (une œuvre somme), à l’époque où personne n’aurait pensé à utiliser cette notion ! On y trouve ainsi une atmosphère au carrefour d’une multitude d’influences, allant des comics du Golden Age (principalement Flash Gordon, mais je me répète), des pulps des années 30, des serials, des films de l’âge d’or hollywoodien, des romans policiers et des romans d’aventures.
C’est cette confluence qui, au final, distingue les aventures de Blake & Mortimer de celles de Tintin, qui de son côté étaient beaucoup plus dépouillées, quasiment vierge de tout héritage conceptuel.
Cette série des années 40, 50 et 60 a beau avoir énormément vieilli d’un point de vue formel (on n’échappe pas au style narratif ampoulé, propre à quasiment toutes les bandes-dessinées de la même période), elle impressionne aujourd’hui par sa dimension fédératrice, qui annonce (depuis Le Rayon ‘U’) tout un univers connoté et romanesque, qui influencera à son tour une multitude d’auteurs dans le domaine de la littérature, de la bande-dessinée et du cinéma.
Dans ses ressorts, il faut bien avouer qu’il y a tout de même de très grosses ficelles qui dépassent (Blake & Mortimer ont beau aller aux quatre coins du monde, ils tombent toujours sur Olrik ! C’est quand même incroyable que sur 4 milliards d’habitants, ce soit toujours sur lui qu’ils tombent, qu’ils soient en Angleterre, en Egypte ou en plein cœur de l’Antarctique !). Et pourtant, encore une fois, la série s’impose dans son concept de « littérature romanesque totale », qui fera des émules que ce soit au cinéma (Indiana Jones), dans la bande dessinée (Shanna ) et dans bien d’autres mediums encore, au même titre que son grand frère, Tintin…
Au final, Le Mystère de la Grande Pyramide demeure, dans le Fond, une œuvre d’une ambition et d’une démesure qui écrase tout sur son passage, et qui reste encore passionnante aujourd’hui. Pionnière et fédératrice, beaucoup plus dense et aboutie que le précurseur Tintin et les Cigares du Pharaon (qui, tout en étant plus envoûtant, demeurait encore de l’ordre du récit naïf et enfantin), mêlant les genres dans une harmonie unique, cette saga continue d’impressionner par sa dimension universelle et s’impose comme la quintessence du roman d’aventures et de mystère.
Ainsi, malgré le poids de l’âge, elle parvient encore à accrocher les lecteurs de tous âges et de tous horizons, qui s’inclinent tous en cœur face au travail titanesque de ce qui peut être considéré comme l’une des plus grandes histoires d’aventures de la création littéraire.
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Blake & Mortimer forment avec Tintin les premier héros célèbres de l’école franco-belge et de la ligne claire.
Le diptyque de la Pyramide se taille la part du lion dans le domaine de la grande aventure. Mais l’ensemble est un peu viellot et sans doute moins universel que Tintin. C’est du moins la théorie de Tornado pour Bruce Lit.
Et si on suivait la trace de Blake & Mortimer sur le secret de la Pyramide et que l’on embarquait à destination du Caire ? Quelle folie en perspective !!!
Ah Blake et Mortimer ! Que dire si ce n’est que je suis totalement d’accord avec ton article ! Le coté « littéraire » de la BD était tellement écrasant que l’enfant que j’étais avait bien du mal à se concentrer sur la longueur d’un album ! Trop de texte tue le texte…
Et le nombre de case comme tu le signales contribuait à rendre étouffant la série (même si on peut comprendre cette multiplication par le format strip de la parution initiale : il fallait glisser un maximum d’info en un minimum de place).
Quoi qu’il en soit son style a quand même fini par s’aérer (un peu) avec les années (tout en restant très figé) et je garde une tendresse particulière pour le « Piège diabolique » et cette histoire de voyage dans le temps. Manifestement inspirée par « The time machine » de Wells (et par le film de George Pal – un sacré chef d’œuvre au passage).
Euh curieusement la conversation téléphonique que tu reproduits ici me fait penser à des planches scénarisées par Bendis : 5 fois la même image à la suite ^^
Bon et dans tout ça quelqu’un a lu leurs aventures post Jacobs ?
Oui et je les préfère même aux albums de Jacobs, n’en déplaise aux puristes. L’affaire Francis Blake de Van Hamme et la machination Voronov de Yves Sente sont vachement bien. Après copier le style vieillot de Jacobs n’est pas forcément une qualité mais quand je les ai lues plus jeune, je ne savais pas spécialement que c’était plus moderne.
Je partage le même avis sur le trop plein de texte et l’aspect figé des personnages. Je ne suis pas un gros fan de cette BD. Par contre j’aimais bien les détails dans les décors, on s’y croyait parfois au milieu des vieilles pierres, tout ça. La pyramide dans le scan de l’article est superbe par exemple.
Par contre…j’ai vu « marque jaune » et « chef d’œuvre » dans la même phrase ? Mon dieu ! Ahem…je taquine^^ Mais pour moi cet album est surestimé. Et c’est là qu’il y a une erreur de chronologie assez impardonnable qui m’avait choqué lors de ma première lecture gamin. On en parlait sur l’article de Tintin :
http://www.forum-tintinophile.com/t809-Un-petit-truc-qui-me-turlupine.htm
Le mystère de la grande pyramide reste quand même un des meilleurs Jacobs je trouve.
Je me retrouve entièrement dans ce que tu dis sur la forme, dans le chapitre intitulé tome 1. J’ai découvert Les aventures de Blake & Mortimer sur le tard, car mes parents n’en avaient pas dans leur bibliothèque. La masse des textes m’étaie apparue d’entrée de jeu, en particulier du fait de la comparaison avec Tintin, mais aussi avec Astérix, ou encore Lucky Luke. En outre, la propension à expliquer dan une cellule de texte ce que montre l’image m’a toujours déconcerté. Je pense d’ailleurs que je n’ai pas lu tous les albums de la série.
J’avais commencé à lire les premiers lors de la reprise : L’affaire Francis Blake (Jean van Hamme & Ted Benoit), La machination Voronov (Yves Sente & André Julliard), L’étrange rendez-vous (Jean van Hamme & Ted Benoit). Je me suis arrêté là parce que je ne prenais pas de plaisir à ces BD qui reprenaient les codes très lourds de la narration d’EP Jacobs.
Ah oui on ne va pas quand même admirer chez Jacobs ce qu’on conspue chez Claremont…. 🙂
J’ai beaucoup de mal chez Jacobs mais j’aime bien le RAYON U le premier « french heu..belgian comics »
@Patrick : J’ai déjà dit ce que je pensais (en bien) des vignettes photocopiées par Bendis à propos d’Alias. Il faut que tu relises tout l’article à présent 😉
J’ai un bon souvenir du « Piège Diabolique », que j’avais lu vers 14/15 ans alors que j’étais cloué au lit sous la grippe. J’avais adoré le début dans la préhistoire, moins la suite où l’on s’éternise au moyen-âge. Jamais relu depuis !
@Matt : Ah ! J’adore « La Marque Jaune ». Grand classique pour moi car c’était la première fois que je demandais à mes parents de m’acheter une BD autre que les habituelles (Astérix, Tintin, Lucky-Luke, Picsou, Mickey, Rahan, Pif) qu’ils m’avaient acheté eux. La 1° fois que je choisissais moi-même quelque chose. Et c’était magique. Je trouve cet album envoûtant et très iconique. Comme un vieux film de la Universal.
@Présence : Je l’ai écrit dans l’article sans insister : Je zappe désormais systématiquement les cellules de texte quand je relis du Blake & Mortimer, et ça ne change rien à la lecture. Elle ne servent donc tout simplement à rien !
Je n’ai encore jamais lu un album de Blake & Mortimer sans E.P. Jacobs. Mais j’ai les deux premiers (« L’affaire Francis Blake » et « La machination Voronov ») qui dorment sur mes étagères…
Et d’ailleurs je n’ai pas lu tous les albums originaux (jamais lu « SOS Météores », « L’Affaire du Collier », et « Les 3 Formules du Pr Sato »).
@Eddy : Les albums de Blake & Mortimer trônent toujours dans ma bibliothèque. Tandis que la « Saga du Pnénix Noir » s’est pris un méchant coup de pied au cul en direction du bac à soldes ! 😀
Je n’ai jamais réussi à accrocher à cette série, mais comme Eddy je garde un bon souvenir du Rayon U, peut-être bien en raison de son imagerie de SF à la Flash Gordon (et en plus il y a des dinos, ce qui ne gâche rien :D).
sans vouloir t’emmerder, ni que tu argumentes parce qu’au finish, chacun sa sensibilité mais sur cet exemple précis: je ne comprends pas.
A mes yeux Black et Mortimer devrait représenter tout ce que tu n’aimes pas en BD, en fait pour mieux dire quand je lis ton argumentaire sur les vieilleries comics, je retrouve le mien sur B&M.
Je trouvais même ça hyper ringard sur le coté SF/3e guerre mondiale/péril jaune..
Depuis j’ai appris à revoir mon jugement puisque c’est indubitablement un monument du genre mais je ne trouve toujours pas ça folichon.
J’ai bien aimé un apocryphe…les 30 deniers je crois…
Et bien disons que je retrouve, en partie dans B&M, ce qui me fait aimer les vieux films des années 30, par exemple : C’est ringard, assez lourd dans la narration et les dialogues, mais c’est bien fait (pour l’époque). Les vieux comics, je trouve ça très mauvais en fait. Hormis le dessin, je trouve que c’est mal fait. Et que, contrairement aux vieux films ou a un album de B&M, il n’ y a rien pour l’adulte que je suis. Mais comme tu le dis, c’est une question de sensibilité perso.
Merci pour cette réponse honnête, parce que pour le cas de Blake & Mortimer, je me posais exactement la même question qu’Eddy Vanleffe.
Et pourquoi tu ne sautes pas les bulles de pensées alors ?^^
Je pense que le principe est le même, mais avec une mise en forme différente : raconter ce qui se passe à l’image. Comme du temps des EC comics aussi. Mais c’est vrai que les bulles de pensées c’est plus intrusif, car on se dit que le perso pourrait dire quelque chose d’utile alors on se sent obligé de les lire.
Mais je me demande du coup d’où vient cette nécessité de raconter l’image. Pour faire plus littéraire peut être ? C’était mal vu que ce soit muet, pas assez intello ?
Sinon j’aime bien l’effet des images photocopiées aussi. ça peut faire « feignasse » mais au delà du travail, il y a l’effet que ça donne. Et ça marche super bien pour le côté comique, un long silence gênant, ce genre de trucs. J’apprécie moins que il n’y a aucun silence et que c’est utilisé par éviter de dessiner un autre visage dans un dialogue normal sans aucune mise en scène.
SOS météore est, dans mon souvenir, très bien, mais je n’ai jamais compris le titre. Il n’est pas question de météore, mais de météorologie je crois.
D’ailleurs parmi mes Blake et Mortimer, il me reste que les deux que tu mentionnes comme endormis sur tes étagères et SOS météores
L’affaire du collier est le moins passionnant dans mon souvenir. Quand au Pr Sato, je crois que j’avais trouvé ça long. Du genre « 2 tomes pour ça ? ».
alors normalement on achète un truc, c’est pour le lire… 🙂
Je me vois mal acheter les Misérables et en lire la moitié parce que l’autre fait des aparté historiques.
Ca fait parti du bouquin.
habituellement j’aime lire et c’est pour ça que le texte dans la BD ne me gène pas.
Sur B&M, on a vraiment une narration romanesque justement, en fait, c’est pas le texte que je trouve en trop, c’est l’image. cette relation texte/image me paraissait inexistante en fait, comme s’ignorant l’une l’autre et c’est ce qui m’a gêné…
après il faut que je m’y remette
(Ton chantant)….
Je passe ! Parce que je n’ai jamais supporté la bobine des personnages notamment le barbu qui m’est profondément antipathique. Si même un admirateur comme toi ne le trouve pas charismatique, je n’ai aucun effort à faire !
Je suis d’accord avec toi sur le fait que Tintin reste intemporel tant sur le fond que la forme.
Sur les gros blocs de texte, je le supporte de moins en moins et deviens très paresseux. Récemment
Jean-HuguesPrésence m’a filé du Battle Tank de Ennis qui m’est tombé des mains tellement ça tchatche et qu’on a l’impression qu’Ennis se sert de son histoire comme prétexte à exposer son savoir.Ce que tu expliques du gaufrier en 14 cases et les blocs de texte qui ne servent à rien me confortent dans ma paresse.
Enfin, je n’ai jamais été fan plus que ça d’Indianna Jones. Je les ai vus chacun 2 fois en tout et pour tout avec une préférence pour le III.
Bruce détient une clé effectivement.
La narration rapide des bd des films également , nous traîne vers une certaine fainéantise. En fait
ces BD ne sont pas mal faites, c’est nous qui n’avons plus la patience de s’y attarder.
j’avoue avoir fait un effort sur moi, il y a quelques années pour me remettre à la lecture pure et dure parce que je lisais trop et trop vite et que je devenais impatient pour tout.
revoir les detns de la Mer, me faisait l’effet d’un truc looooong à démarrer et je préférais regarder un Transformers…j’ai réalisé que c’était pas normal.
j’ai relu des romans et des vieux comics (décidément) et j’y ai trouvé une récompense et une nouvelle passion en fait.
Maintenant, je prends le temps et j’aime LIRE mes BD.
Même Jacobs qui ne fait pas partie de mes « marqueurs » je ne désespère pas.
@Matt : elle existe ! Ici !
@ Bruce : Surpris en flag de divulgation de prénom ^^
Euh tu préfères Indina Jones 3 ?? Mince c’est celui qui m’ennuie le plus :))
Idem : Je déteste le final avec le vieux schnock qui garde le Graal dans les montagnes et les blagues des acteurs en pleins combats…
Oui c’est vrai qu’au delà du concept de narration « vieille », il faut peut être se questionner si c’est pas juste les temps qui changent. Encore que Hergé et Jacobs se cotoyaient et on voit bien une différence de narration.
Mais faut peut être quand même faire gaffe à ne pas tout mettre sur le compte de la maladresse d’un type de narration…parce qu’on peut imaginer dans le futur que plus personne n’aimera lire et que dès qu’il y aura plus de 2 cases et une bulle par planche, les gens râleront que 50 pages c’est trop long et trop bavard^^
Peut-être…
Par rapport à l’idée générale du temps qui passe, je ne partage pas votre opinion. Non pas que je veuille avoir raison et vous prouver que vous avez tort, mais réellement parce que je le ressens comme ça, tout en ayant conscience que je ne détiens pas la vérité universelle :
Lorsque je lis un Jules Verne, je trouve le style vieillot et suranné, alors que lorsque je lis du Maupassant, je suis ébloui par la modernité du style. Et pourtant, j’adore lire les deux (qui sont contemporains l’un de l’autre), tout simplement parce que je trouve ça excellent dans les deux cas, malgré tout.
Pareil lorsque je regarde un film de monstres de la Universal passablement ringard comme The Wolfman (1941) ou au contraire un chef d’oeuvre indémodable comme Le Dictateur de Chaplin (1940), j’adore les deux parce que bien que l’un a moins bien vieilli que l’autre, il est très riche et magnifiquement réalisé pour son époque.
Mais lorsque je lis Tintin au Tibet (1960) et, mettons au hasard, un comics de super-héros Marvel des années 60/70, je déteste lire le 2nd, parce que je le trouve extrêmement mauvais et infantile. Et j’ai beau retourner 500 fois dans ma tête l’idée que la majorité des lecteurs ne pensent pas comme moi, le truc me revient comme une évidence à chaque tentative de relire le vieux comics en question.
Notez aussi que j’adore les EC Comics des 50’s ou les Picsou de Carl Barks des années 40, qui sont des comics quand même.
Je pense que ce qui ne passe du tout chez moi, c’est cette narration des vieux comics de super-héros destinés aux enfants qui prennent le lecteur pour un neuneu. Du coup j’ai l’impression que tous les scénaristes qui bossaient pour cette industrie ne savaient pas écrire et qu’ils étaient nuls.
Enfin, voilà quoi. Tout ça pour dire que je ne mets pas tout sur « le temps qui passe ». Pour moi, le medium du comics de super-héros des années 40/70 ne vaut pas les autres mediums, y compris dans le domaine de la bande dessinée (comme je trouve qu’en musique le hip-hop ne vaut pas les autres genres musicaux. mais c’est un autre sujet !).
En écrivant ça, je sens que je n’ai sûrement pas raison. Mais c’est plus fort que moi : C’est ce que je ressens de manière aigüe.
Moi je m’interroge davantage qu’autre chose. Il est vrai que B&M et les EC comics ça fait moins naïf que les comics de super slips old school, mais pas moins lourd à lire. Et la naïveté ça ne me dérange pas plus que ça sur la forme tant que le fond est bon. Ressenti personnel aussi.
Mais je m’interroge surtout sur ce qui peut motiver Jacobs et les auteurs de comics à décrire l’action, que ce soit dans des encarts de texte ou des bulles de pensées. Était-ce une contrainte imposée par un éditeur ? il est difficile de se dire que tous les auteurs avaient la même façon d’écrire. Peut être que Jacobs voulait faire le littéraire mais il est seul à avoir fait ça, non ?
Pourquoi les EC comics, et les comics de super slips par la suite ont toujours décrit l’action ? Je me demande vraiment s’il n’y avait pas un impératif de mettre le plus de texte possible pour que la BD conserve un aspect littéraire auprès du CCA ou autre autorité qui surveillait les publications.
Je ne dis pas ça pour donner des excuses aux scénaristes, mais c’est très bizarre quand même.
Du coup on ne serait tout de même pas loin d’une idée de « temps qui passe » si la manière de penser la BD à l’époque imposait ce genre de narration.
Mais comme je te dis, je ne fais que m’interroger. Je me trompe peut être.
Pour les films, l’époque avait aussi ses contraintes (éviter le sang, chose que la Hammer a enfreint et qui a choqué au début) mais n’empêchait pas forcément que le film soit bien réalisé en fonction des techniques d’époque. Certains films n’étaient juste pas envisagés (comme des trucs gores)
Et je pense que, paradoxalement, même si un film prend plus facilement un coup de vieux qu’une BD justement à cause des techniques qui évoluent, on leur pardonne ça (enfin du moins les passionnés comme nous, car certains détestent les vieux films^^) parce qu’il est plus évident de se rendre compte des limites de l’époque. En dessin, en théorie il n’y a pas de limites. Sauf celles des mœurs. Du coup ça vieillit mieux…et par conséquent les moins bien foutues (ou celles qui étaient censurées) font tâche au milieu. Mais on connaît aussi beaucoup moins les contraintes et obligations qu’il a pu y avoir, outre déjà les délais courts pour les comics.
En matière de dessin pur par contre, je me trompe peut être mais il me semble que les comics ont eu un aspect cinématographique plus rapidement. Disons que parmi les BD franco belge, on avait souvent des personnages dessinés de plain pied, de profil, très rarement en contre plongée, en vue aérienne, etc…ce que les comics ont fait assez tôt par contre.
BRAVO pour cette passionnante analyse.
Autant j’ai eu envie de relire des Tintin il y a quelques mois, autant B&M… ça m’envoie pas du rêve… Entre l’article de Matt sur Soda hier et celui de Tornado, je me dis que le contexte de l’expérience de lecture est quand même très important et que l’objectivité est vraiment illusoire lorsqu’on critique une BD. Certes, c’est toujours mieux d’argumenter, d’expliquer pourquoi on trouve que c’est bien ou pas mais au final, ce n’est que notre ressenti. N’ayant pas croisé Blake et Mortimer à une période-clé de ma vie de lecteur, je n’ai pas d’attachement ou de nostalgie pour cette série.
Je reconnais sans problème le gros travail de Jacobs pour produire ces BD. La documentation, la minutie etc. Mais les gros pavés de texte et les persos sans charisme me font fuir.
Alors que Dark Knight Returns, par exemple ou Born Again, sont pour moi des monuments. Pourtant, Mattie Boy n’a pas lu le premier et a trouvé le second bien, voire très bien mais je me doute qu’il n’appréciera jamais autant cette oeuvre que moi ou Bruce.
Et je peux aussi relire le duel de Daredevil contre Namor, dessiné par Wallace Wood, et passer outre la narration datée et le côté grosses ficelles car, quelque part, je revis aussi ma première lecture de cette histoire dans un vieux Strange Spécial Origines… Tandis que pour Tornado, la forme sera trop dépassée et ça ne le fera pas autant tripper que moi…
Mais ce qui est bien, c’est que même si on ne pense ou on ne ressent pas les mêmes choses, on peut exprimer notre point de vue sans l’ériger en vérité absolue, contrairement à ce que peuvent prétendre quelques trolls de passage…
Sinon, je préfère aussi Indy 3. Pour les énigmes, l’action, le fun et… j’allais rajouter quelque chose mais Sean Connery…
Bonsoir tout le monde j’ai vu de la lumière alors je suis entré… C’est mon premier commentaire que j’écris ici d’ailleurs.
Pour le côté pénible des texte trop descriptifs, je suis très mitigé. D’un côté je me dis que c’est vraiment lourd dingue, mais d’un autre côté mon côté littéraire apprécie quand même l’effort.
Il est clair qu’à côté par exemple de l’action que l’on peut trouver dans la bande-dessinée Dragon Ball où l’on passe très rapidement d’une case à l’autre, il y a un côté pachydermique à tout lire. Cela casse tout l’action.
C’est un peu comme en musique : s’il n’y a pas un bon rythme d’écriture avec un zeste de compréhension pour la plupart des lecteurs, et un côté « catchy »… alors ça devient pénible comme la pluie. De la diarrhée écrite quoi ( bon ok j’exagère peut-être un peu…). Si je refais une comparaison avec la musique Rock, un Yngwie Malmsteen devient très vite saoulant lorsqu’il joue 10 milliards de notes à la vitesse de Mach 3 alors que deux ou trois notes très bien placées pourrait filer le frisson au plus grand nombre d’auditeurs.
Je pense que j’ai un petit regret : Blake et Mortimer ça a toujours été pour moi une sorte de « sous-Tintin » beaucoup trop sérieux et surtout… J’ai toujours vu chez Mortimer une mauvaise caricature du capitaine Haddock ou de Prunelle dans Gaston Lagaffe pour sa barbe.
J’ai feuilleté quelques nouvelles aventures de Blake et Mortimer récemment et ça avait l’air beaucoup moins lourd.
Je reste fair-play cependant en disant qu’il y a quand même chez Mortimer le côté anglais qui ressort quand même assez bien notamment dans cette retenue lorsqu’il y a une action en cours. Et puis fumer la pipe c’est vraiment la classe pour un anglais hahaha! Et les dessins sont quand même ultra bien foutus.
Du coup au lieu d’être très populaire comme ils auraient pu l’être, il se cantonne dans la case du « second couteau » face à Tintin, ou pour « amateur éclairé » de la ligne claire.
Je finirais en disant effectivement comme certains commentaires l’ont précisé, nous n’avons pas tous les mêmes ressentis ni les mêmes sensibilités…
Sinon l’article est vraiment très bien écrit et excellent dans son analyse 🙂
Super article Tornado. Ton analyse quant aux différences entre Tintin et Blake et Mortimer est passionnante et je n’avais aucune présomption de ce genre, pour moi comme pour tout lecteur peu friand de ces séries, elles sont très identiques. La somme de références notamment est logique maintenant que j’y pense. Il faut dire que je n’ai pas lu beaucoup de B&M, et pour la plupart il y a très longtemps (j’ai un vague souvenir du Secret de l’espadon et de la Marque Jaune et c’est tout…). J’ai fouillé chez moi si j’en avais : je n’ai que les deux tomes de Les trois formules du prof Satô. Je les ai relus : c’est très pénible à lire, et je ne suis définitivement pas fan du dessin, par contre j’adore les décors comme je le disais précédemment je ne sais plus où : les pleines planches scannées ici sont superbes, y compris celle avec la pyramide prenant tout l’espace.
Le truc intéressant dans le Prof Satô, c’est la partie scientifique et SF : des robots plus vrais que nature et très modernes, d’autres plus basiques mais très avancés technologiquement, c’est plutôt précurseur.
Je serai curieux de lire ce diptyque, tout comme lire la Marque Jaune, mais je crois que définitivement cela ne m’intéresse pas plus que cela, y compris pour la dimension fondatrice de cette oeuvre et de son auteur.
La BO : marrant. J’imagine que Pat aurait mis Fire In Cairo d’un certain groupe de corbeaux…
Oui, c’est très pénible à lire. Et le pire c’est que ça ne s’arrange pas avec le temps. Je me souviens d’une grosse souffrance lors de ma dernière lecture de L’Enigme de l’Atlantide et du Piège Diabolique, bien plus pesants encore que les premières aventures (Espadon, Pyramide et Marque Jaune).
J’ai feuilleté le dernier tome par Yves Sente et Peter Van Dongen et ils ont joué la carte du mimétisme en surchargeant les planches de vignettes et de cellules de textes comme le faisait Jacobs. Du coup je l’ai reposé direct. Dommage !
Tiens ça me fait penser, parmi le franco belge old school j’aimais bien Ric Hochet moi. Et j’ai vu sur mamazone que l’ami Tornado connait aussi^^
Bon c’est une série qui a sans doute duré trop longtemps avec certains albums un peu nazes, mais il y en a des fort sympathiques, notamment (et ça ne vous surprendra pas de ma part) ceux orientés vers le paranormal (qui auront cela dit toujours une explication réaliste) : les spectres de la nuit, le monstre de noireville, la nuit des vampires, le fantôme de l’alchimiste, la maison de la vengeance.
Je garde de bons souvenirs aussi de Ric Hochet contre Sherlock, l’ombre de caméléon, l’ennemi à travers les siècles, la flèche de sang, le double qui tue et le masque de la terreur.
Oui, j’ai découvert la série dans l’adolescence. J’ai acheté les 12 premières intégrales, principalement par nostalgie. J’en lis une parfois, vers Halloween…
Bon, c’est pas du chef d’oeuvre, c’est à peu-près du même gabarit qu’un comics old-school. Mais bon, c’est sympa, oui ^^
« c’est à peu-près du même gabarit qu’un comics old-school »
Ah bah quand même, c’est pas plein de bulles de pensées et de persos qui décrivent ce qu’ils font^^ Et si t’en achète, c’est que ça doit être plus lisible pour toi^^
Les enquêtes sont pas mal. C’est plutôt la forme qui est vieillotte avec les révélations à la fin. Mais ça se lit bien.
Après c’est vrai que c’est aussi le côté nostalgie, j’ai connu ça aussi très jeune, avant l’adolescence même. Mon frère et moi on aimait bien. Et moi déjà, dès qu’il y avait un vieux château ou manoir et un vilain déguisé en bossu ou en vampire, ça devenait mes albums préférés^^
De retour d’un voyage en Egypte, je n’ai pas résisté à la tentation de me replonger dans les pages de ce diptyque…
C’est tout à fait bluffant : Comme dit dans l’article, Jacobs n’est jamais allé en Egypte et il devait se documenter avec les archives parisiennes et les spécialistes de l’époque.
J’ai eu l’opportunité de visiter le mythique musée du Caire (le plus vieux musée du monde). Je dis ça parce qu’en Octobre sera inauguré le nouveau Grand Musée du Caire (le plus grand musée du monde), et que l’ancien sera démonté pour voir son contenu exposé dans quatre nouveaux musées différents. Du coup je suis trop heureux d’avoir pu voir le vieux musée encore dans son jus. Et j’ai reconnu chaque vignette de la BD ici présente dans les différentes salles ! C’est là où c’est extraordinaire : Sans y être allé, Jacobs est parvenu à restituer le lieu avec une précision chirurgicale (j’ai comparé mes souvenirs et mes photos avec les planches de la BD) ! Une prouesses inouïe ! A l’heure où le musée s’apprête à disparaître, LE MYSTERE DE LA GRANDE PYRAMIDE gagne encore davantage de sa valeur de grand témoignage de son époque.
Quant au plateau de Gizeh, là aussi le travail de restitution est parfait. Toute la BD respire le parfum authentique de l’Egypte archéologique. Jacobs n’avait peut-être pas le génie d’Hergé entant que conteur, mais pour ce qui est de la précision documentaire, le mec était vraiment le grand génie de son art !
Voilà qui me rajeunit : ma croisière sur le Nil date 1991 ou 1992. A l’époque, je n’avais pas encore lu Le mystère de la grande pyramide. De ce que tu décris, ce travail de reconstitution m’impressionne encore plus quand on pense qu’à l’époque, il n’y avait pas internet, et il fallait littéralement aller chercher les ouvrages de références.
Oui, c’est vraiment très impressionnant.
Comme je le dis la précision de la ressemblance entre la réalité et les dessins de Jacobs est saisissante malgré l’épuration de la ligne claire.
Je vais tâcher de lire le B&M de Schuiten dans les prochains jours. je reviendrai sur ton article pour en faire un petit CR.
As-tu visité le musée du Caire ?
Perso je ne suis jamais allé là bas. je suis convaincu que cela doit être un merveilleux voyage. Merci d’en partager des fragments avec nous.
Pour ce qui est de Hergé et de son studio en général (parce que Jacques Martin n’est pas le dernier non plus en la matière), j’avais un hors série du magazine National géographique sur le travail de documentation d’Hergé. Il était colossal, je me souviens qu’il avait une pièce consacré à la doc photo pour pouvoir faire au mieux ses décors sans avoir à bouger. Hergé a fait ses premier voyages assez tard dans sa carrière et il a fait donc l’essentiel d’après les magazines très sérieux de l’époque. Un tour de force.
EP Jacobs a du pousser la maniaquerie encore plus loin. chez lui les décors sont des personnages en soi.
Oui, nous avions déambulé dans les allées du musée. Je me souviens en particulier d’un sarcophage d’une beauté à couper le souffle.
Merci pour ce récit. La situation politique de l’Egypte m’a toujours empêché de sauter le pas. Un jour sans doute.
Pour avoir découvert l’Amazonie via Hergé et y être allé ensuite, je comprends tes impressions.
La situation politique de l’Egypte : Oui, elle est très problématique. mais l’est-elle davantage que l’Amérique du sud par exemple ? Et surtout que dans d’autres pays du monde arabe.
J’ai vu des choses hallucinantes auxquelles je n’étais pas préparé. J’ai vu le tiers monde. Des gens qui me regardaient comme si j’allais vomir des billets par les pores et des euros en cascade. J’ai vu une misère, des taudis à perte de vue, des gens dans la plus grande précarité (le plus hallucinant : des enfants de 8/10 ans qui traversent le Nil sur des surfs de fortune pour s’accrocher aux bateaux de touristes et leur chanter « Alouette gentille alouette » en espérant un euro). J’ai vu des déchets en cascade dégouliner des immeubles, des carcasses de chien en décomposition au milieu de la rue, des gens à six sur une moto et des femmes voilées assises sur les caniveaux tandis que les hommes festoyaient le Ramadan sur d’immenses tablées à deux mètres derrière.
Mais j’ai vu aussi des gens souriants, manifestement pas malheureux, et surtout très ouverts, très tolérants, accueillants. Notre guide, arabe catholique, était aussi un descendant des coptes, égyptiens de souche. Il nous a assuré qu’il vivait dans une entente parfaite avec les autres communautés et on l’a vu constamment, effectivement, prendre dans ses bras des arabes en jellaba partout où il les reconnaissait. Alors je me dis que, dans le plus grand pays musulman de la planète, tout ça est quand même, malgré tout, assez encourageant. Quelque part…
En fait, j’ai surtout vu et croisé des gens gentils, jamais agressifs. Jamais intolérants. Le fait de devoir payer un bakchich à la moindre respiration, c’est chiant. Le fait de croiser la misère, c’est très culpabilisant. Mais je n’ai pas senti le désespoir. Au contraire. J’espère ne pas paraitre intolérant après tout ça…
Bonsoir Tornado,
j’ai relu ce diptyque pendant le premier confinement. Autant graphiquement je reste sous le charme des dessins de Jacobs et tes commentaires dans ton article + ton intervention de ce jour confirme mon attachement pour son trait, autant oui j’en ai bavé, devenu adulte (je lis B&M depuis avant ma première décennie) de lire ces gros pavés de textes. Comme tu le décris, de mon côté également j’ai toujours eu l’impression de visiter l’Egypte par procuration en lisant Le SECRET DE LA GRANDE PYRAMIDE.
Après moultes déceptions, j’ai appris à apprécier les derniers B&M disponibles où enfin les auteurs semblent trouver un ton alliant écriture moderne à celle de Jacobs. Bien évidemment LE DERNIER PHARAON reste un ovni, mais trop SF et trop centré sur Mortimer pour me convaincre finalement complètement.
Je n’ai encore jamais lu de B&M par d’autres auteurs. J’ai acheté les premières adaptations respectives de Van Hamme et Sente (L’AFFAIRE FRANCIS BLAKE et LA MACHINATION VORONOV). Mais elles dorment encore sur mes étagères.
D’ailleurs je n’ai pas non plus lu tous les Jacobs ! S.OS METEORES, L’AFFAIRE DU COLLIER et LES 3 FORMULES DU Pr SATO dorment toujours, depuis plusieurs décennies, dans un coin de ma bibliothèque (c’est bien entendu la lourdeur de la lecture des cellules de texte qui m’a toujours freiné) !
Je viens de lire le dossier de 20 pages dans le dernier numéro de dBD sur l’affaire Jacobs : le pillage des coffres de la fondation Jacobs par ses responsables pour revendre ses planches sur le marché des collectionneurs : affligeant et édifiant comme trafic.
J’ai vu des planches originales de B&M dans le petit musée de mon quartier il y a deux ou trois ans. Il y en avait une dizaine (magnifiques). On pouvait les toucher et même les grifforner, il n’y avait personne pour les surveiller. Impensables pour des planches de TINTIN, qui seraient défendues H24 par des serbères. Je ne sais pas pourquoi.