Daredevil : Shadowland par Diggle et Collectif
Ce commentaire couvre la saga Shadowland parue dans DD 309-312 et Shadowland 1-5.
A la fin du run de Brubaker, on atteignait déjà des sommets d’absurdité concernant Daredevil. Celui-ci devenait le leader de La Main en espérant que les ninjas l’aiderait à maintenir l’ordre dans Hell’s Kitchen.
A la fin de cette histoire, Joe Quesada, qui en 1998 avait relancé brillamment la série, justifiait cette saga comme l’apothéose du run de Bendis, une remise à plat » excitante » de l’univers de Matt Murdock …
DD a la brillante idée d’établir au sein de Hell’s Kitchen une citadelle nommée Shadowland. Suite à la débandade de Norman Osborn, il instaure au sein de son quartier une loi martiale qui terrorise les délinquants.
Après avoir sauvagement tué Bullseye , Murdock sombre du côté obscur et se met en tête de tuer ses anciens amis qui tentent de le raisonner. Ils découvriront qu’en fait Daredevil est possédé par un esprit maléfique de La Main …
Comme dans la saga Onslaught qui voyait le professeur Xavier détruire New York possédé par les mauvaises pulsions de Magneto, Daredevil est partiellement innocenté de ses mauvaises actions histoire de prévoir son retour dans les prochains numéros .
C’est paradoxalement Murdock le grand perdant de cette histoire : il ne reste rien de notre héros qui apparaît comme une coquille vide bête, brutal et paranoïaque. Son glissement vers le mal n’est jamais réellement décrit. En face de lui, Marvel se déchaine avec les featurings gratuits et inutiles. Si l’on peut comprendre que Spider-Man , Luke Cage et Elektra viennent aider leur ami, il faudra nous expliquer ce que viennent faire Misty Knight, Moon Knight, le Punisher, Shang Shi et Wolverine dans cette galère.
Pendant ce temps la série, qui était un havre de réalisme dans un univers Marvel multipliant les events farfelus, s’immerge dans le pathétique. Dakota North se bat maintenant au fusil à pompe et réussit à piéger des ninjas; Ghost Rider intervient, libéré par le Kingpin, Foggy escalade à mains nues la citadelle pour parler à Matt. Enfin, Daredevil entreprend de ressusciter Bullseye après l’avoir assassiné pour en faire son allié …On croît rêver..
Tout cela finalement est très prévisible. A peu près tous les dix ans Matt Murdock pète les plombs. Chez Miller il faisait croire à ses amis qu’il était mort. Chez Nocenti, après Inferno, il quittait New York pour la campagne. A son retour, il perdait la mémoire et se mit à boxer sous le nom de son père …
Chez Chichester et De Matteis, il simulait sa propre mort pour protéger ses amis , endossait un costume en acier et sombrait dans la schizophrénie. Lorsque il revint à la vie civile il voudra, drogué par Mysterio, tuer un bébé . Oui ! Je sais, on est dans le monde des Comics ! Mais quand même ! L’arc de Bendis malgré ses défauts, ramenait un peu de cohérence dans tout ce foutoir …
Ben Urich avançait la thèse, enfin nommée, que Murdock souffrait de dépression nerveuse. Nous étions dans une ambiance de polar avec un super héros sans pouvoir, exactement comme le début du run de Miller avant qu’il n’introduise ces maudits ninja.
Comme chez Spider-Man, Quesada via Andy Diggle casse ses jouets avant de quitter Marvel. Alors que l’univers Marvel se remet à peine de Civil War, on peut quand même s’étonner qu’un héros mettre sa ville à feu et à sang sans être plus inquiété que cela…
Billy Tan propose un style agréable et cohérent si l’ on considère qu’il a à dessiner une flopée de Ninjas , de héros et New York détruit . Cependant le côté vaguement manga ne sied pas à l’univers de DD … Roberto De La Torre s’en tire mieux avec un mélange des styles de Maleev et Lark . J’ai quand même du mal avec son Kingpin et son manteau à plumes… A la fin de cet Arc Murdock descend barbu d’un bus à la campagne et entreprend une énième reconstruction de sa vie . En espérant qu’il y trouve enfin un bon psy (et un bon scénariste) …
Diggle aidé par Quesada réussit donc un tour de force : ruiner l’un des rares travail de qualité de Bendis et le prendre à son propre jeu. Foutre en l’air un personnage en dépit de toute une mythologie soigneusement échafaudée.
Comment Matt Murdock, l’homme du « Never Give Up », celui qui est capable de lutter jusqu’à la dernière étincelle de vie, capable de résister à Inferno, Mephisto, Blackheart, Mysterio, comment un type qui se sera battu pieds à pieds contre la presse, le FBI, ses ennemis, comment donc notre héros peut il se faire avoir si facilement ?
Et pourquoi,comme à son habitude lorsque Xavier, Spidey ou Cyclope pètent un cable, harassés par les contraintes du super héroïsme, Marvel ne peut pas s’empêcher de ruiner la maturité de l’histoire avec de la magie au petit pied… A la fin de cet arc , je me suis surpris à paraphraser Brando dans Apocalypse Now : « l’horreur , l’horreur » …
À l’instar de Garth Ennis, j’admire ce « super » que je ne connais que très peu. Il a su garder un sens de la justice « propre » ainsi qu’une intégrité qui lui sied à ravir.
Alors quand je vois des images d’un DD à moitié démon / possédé…et bien je déchante! Et je suis loin d’être allergique à la magie comme notre ami Bruce. ^^
Merci Bruce de m’éviter de lire de mauvais comics et merci Garth Ennis au passage pour ne pas cracher sur DD.
Bon, je voulais me détendre, j’ai emprunté Shadowland à la médiathèque. Sans surprise, l’histoire était nulle mais les dessins pas désagréables. J’aime bien le style de Marco Checchetto qui signe certains chapitres en tandem avec De La Torre.
Pauvre Andy Diggle, depuis, je ne sais pas s’il a sorti quelque chose de potable…
Mais tout ce beau monde peut remercier Charles Soule. A côté de son DD, tout le reste paraît mieux…
Diggle a aussi fait une mini-série juste avant le run de Waid. Je ne me souviens que des couvertures de Jock, ça ne doit pas être bon signe…
Andy Diggle était un scénariste très prometteur, en particulier avec la série The Losers. Mais pour avoir lu quelques histoires de lui après Shadowland (que j’ai soigneusement évité), j’ai été à chaque fois déçu et je l’ai rayé de ma liste des scénaristes à suivre.
Doublement incroyable : JP qui n’avait pas lu Shadowproutland et qui, sachant que c’était mauvais, a fini par le lire des années après !
La mini dont parle Pierre, c’est « Reborn ». C’est le récit qui met un terme à l’ère Smith/Bendis/Brubaker/Diggle pour faire la transition avec le run de Mark Waid. Ce n’était effectivement pas terrible, sans être aussi épouvantable que Shitowland.
J’avais lu les Thunderbolts d’Andy Diggle, et ce n’était pas très bon non plus. Que lui est-il arrivé en cours de route, à ce pauvre homme ?