Damnation éternelle et amour sacrificiel (Dr Doom & Strange)

Docteur Strange et Docteur Fatalis : Triomphe et Tourment de Roger Stern et Mike Mignola

doomstrange_1

Rock’n’roll Damnation ©Marvel Comics

1ère publication le 15/11/16- Mise à jour le 16/06/18

par :   PIERRE N

VO : Marvel

VF : Semic, Panini

Cet article passera en review un One Shot légendaire proposant un teamup entre deux docteurs : Doom et Strange. C’est le non moins légendaire Mike Mignola qui l’illustra sur un scénario de Roger Stern.

La VF originalement proposée par Semic, vient de ressortir chez Panini dans un très bel écrin Deluxe.

Tous les scans de cet article sont la propriété de Marvel Comics

À la fin des années 70, la promotion de Jim Shooter au poste d’Editor-in-Chief amène de profonds bouleversements du côté de la maison des idées. Celui qui est encore aujourd’hui une personnalité controversée, reste toutefois durablement associé à une décennie qui a fait figure de second âge d’or créatif pour l’ex-Timely/Atlas (du Daredevil de Miller au Thor de Simonson, en passant par le run de DeMatteis sur Captain America).

Après s’être mis à dos une partie des créatifs de la décennie précédente qui avaient écrit les meilleures séries de cette période, tels Steve Gerber et Steve Englehart, Shooter et ses collaborateurs se voient dans l’obligation de se tourner vers les jeunes recrues pour reprendre peu à peu les séries historiques.
C’est notamment du côté de Charlton que vont émerger certains jeunes artistes prometteurs, en particulier avec un trio de choc issu du milieu du fanzinat, formé par John Byrne, Bob Layton et Roger Stern.

Visiblement Fatalis et Scott Summers consultent le même opticien

Visiblement Fatalis et Scott Summers consultent le même opticien©Marvel Comics

Le choix s’avérera judicieux, puisque ses passages sur Iron Fist et surtout Uncanny X-Men ont fait de Byrne une méga star de l’industrie; tandis que Layton s’est vite associé à David Michelinie pour un run sur Tête de fer resté depuis dans les annales.

À cette époque, Roger Stern avait débuté chez Marvel peu ou prou au même moment que Shooter. Stern s’est acquitté honorablement de son boulot d’éditeur, mais a préféré finalement se focaliser sur sa carrière d’aspirant scénariste. Shooter l’a vite pris sous son aile, et après lui avoir fait un topo sur la manière de faire, via une histoire de la Légion de DC, une série sur laquelle Shooter avait débuté très jeune, il lui a donné sa chance dans la foulée.

Pas besoin de tirer au sort pour choisir le sorcier suprême, puisque les magiciens de l’univers Marvel ont leur propre Tenkaichi Budokai

Pas besoin de tirer au sort pour choisir le sorcier suprême, puisque les magiciens de l’univers Marvel ont leur propre Tenkaichi Budokai©Marvel Comics

Après un un fill-in en guise de bout d’essai sur la série Omega the Unknown, puis un passage sur l’ongoing Hulk à l’époque où la série télé avait accru la popularité du géant de jade, celui-ci s’est vraiment fait remarquer sur Spectacular Spider-Man, pour ensuite débarquer sur Amazing, la série-mère de la franchise.

Dans ce domaine il s’est avéré être vraiment doué, s’imposant graduellement comme un scénariste plus talentueux que Shooter ou Michelinie, et ses runs des années 80 témoignent de la forme qu’il avait à l’époque (Docteur Strange de Paul Smith, Captain America de John Byrne, Spider-Man de John Romita Jr, ou encore les Vengeurs de John Buscema et Tom Palmer, excusez du peu).

Deux docteurs en compétition pour le même titre

Deux docteurs en compétition pour le même titre©Marvel Comics

Ses passages sur les deux séries phares de Steve Ditko constituent même les secondes périodes d’âge d’or de ces titres respectifs, juste après les épisodes des années 60. Pendant cette décennie, il n’y a guère que DeMatteis qui arrivera à l’égaler sur Spidey, voire le surpasser, dans le cadre de la saga Kraven Last Hunt, tandis que son ancien éditeur Tom DeFalco a préféré renouer avec un certain feeling propre aux épisodes de Stan Lee (il a fait de même par la suite sur les séries Thor et Fantastic Four).

Suite à une tentative inaboutie de collaborer avec Frank Miller, Stern reprend tout de même le titre bimensuel du sorcier suprême de manière durable, en compagnie de dessinateurs du calibre de Gene Colan, Marshall Rogers, Michael Golden ou encore Paul Smith, redonnant ainsi sa superbe à la série qu’il n’avait plus autant brillé depuis les épisode d’Englehart.
Roger Stern réussit à cette occasion le grand écart entre les moments intimistes et les passages obligés du titre, mêlant les voyages dans les dimensions lointaines, les affrontements avec les entités sur-puissantes, ou encore l’usage des sorts, qui avaient permis à la série de développer son propre vocabulaire fleuri et très imaginatif, à base de Raggadorr, Oshtur, Valtorr, Vishanti, Hoggoth ou encore Cyttorak (plus connu des fans des X-Men et en particulier en ce qui concerne le frère adoptif de Charles Xavier).

Victor Von Fatalis, un personnage tragique et passionnant, hanté par le destin de sa mère

Victor Von Fatalis, un personnage tragique et passionnant, hanté par le destin de sa mère©Marvel Comics

Au-delà des créatures lovecraftiennes, du décorum mystico-psychédélique et des incantations diverses et variées, Stern n’oublie pas la dimension humaine du récit, en faisant en sorte que Strange continue d’interagir avec le commun des mortels, tout en injectant une petite dose d’humour bienvenue à la série, histoire de changer un peu cette image faussée que le lectorat peut avoir de lui, celle d’un personnage guindé à l’air toujours grave et solennel.

Suite au succès des premiers graphic novels de Marvel (God Loves, Man Kills, La Mort de Captain Mar-Vell), l’éditorial a encouragé ses créatifs à dégoter de nouvelles intrigues susceptibles de faire l’affaire. Parmi les propositions de Stern, c’est celle sur Strange et Fatalis qui a le plus retenu l’attention de Shooter. Cependant ce graphic novel mettra sept ans à se concrétiser au final.

Le sage et l’arrogant au coeur des ténèbres

Le sage et l’arrogant au coeur des ténèbres©Marvel Comics

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénariste a eu de la suite dans les idées, puisque il a repris à ce moment-là dans son run un développement fondamental dans l’histoire de Fatalis, apparu au début des années 70 dans un épisode de la série Astonishing Tales.

Dans cette histoire, le scénariste Gerry Conway avait révélé que Fatalis essayait tous les ans de sauver l’âme de sa mère défunte, prisonnière en Enfer depuis son trépas, et donc affiliée au domaine de Méphisto (qui est  ce qui se rapproche le plus du Diable dans l’univers Marvel). Sa pratique de la magie noire lui avait assuré un destin tragique, et son fils n’a pas tardé à suivre la même voie pour mieux trouver un moyen de la sauver.
Stern est parti de ce postulat de départ, très peu utilisé par les autres scénaristes, en évoquant le fait que Doom manque de pratique dans le domaine de l’occulte, et qu’il a besoin d’un allié plus aguerri dans ce domaine, Stephen Strange en l’occurence.

Le mal incarné entre en scène à l’occasion d’une splash page aussi majestueuse qu’une illustration de Frazetta

Le mal incarné entre en scène à l’occasion d’une splash page aussi majestueuse qu’une illustration de Frazetta©Marvel Comics

Cet apport n’est pas anodin puisque il explique l’intérêt de Fatalis pour la magie, les raisons de ses expériences pendant ses années estudiantines, et qui montre bien surtout, que malgré son statut de plus grande menace de l’univers Marvel terrestre, il y a chez lui une certaine noblesse.

Sa conduite est également dictée par un code d’honneur bien particulier qui l’élève d’emblée au-dessus du tout venant des adversaires des héros (hormis quand Bendis l’écrit n’importe comment).
En outre, malgré ses agissements envers la communauté super-héroïque, sa position de monarque autoproclamé lui donne une certain avantage, en plus d’une immunité diplomatique bien pratique, qui l’empêche bien souvent de finir derrière les barreaux.

Euh....bienvenue en Latvérie....

Euh….bienvenue en Latvérie….©Marvel Comics

Depuis ses débuts, Fatalis est resté un personnage ultra charismatique, qui en impose par sa seule présence, bénéficiant en plus d’un look mémorable si efficace qu’il résiste à toute les modifications. Les dessinateurs finissent toujours par réutiliser le design de Kirby, à l’instar du Spidey de Ditko et du costume rouge de DD que l’on doit à Wally Wood.

En développant ses motivations et ses origines, cela a ainsi permis de développer sa propre mythologie et d’en faire un antagoniste loin d’être unidimensionnel. Cette quête pour l’âme de sa mère constitue justement un but bien plus noble que la simple recherche du pouvoir ou le fait de prouver à Richards la supériorité de son intellect.

Un feu de cheminée comme avant gout de ce qui les attend en bas...

Un feu de cheminée comme avant gout de ce qui les attend en bas…©Marvel Comics

Dans le domaine de la continuité, les scénaristes n’ont pas d’autre choix que de partager leurs jouets, et donc les personnages. En ce qui concerne le Docteur Fatalis, cela n’a d’ailleurs pas toujours été simple, en particulier durant cette période.
En effet, son vieil ami John Byrne, alors occupé avec les FF, s’était montré très possessif avec ce personnage, au point que sa bisbille avec Claremont l’avait poussé à invalider l’apparition du véritable Fatalis dans la série Uncanny X-Men, en révélant qu’il s’agissait d’un double robotique (les sempiternels Doombots).

L’affaire s’est compliquéE quand le personnage a été tué, et lorsque Shooter l’a ramené sans aucune véritable explication dans le cadre du Secret Wars originel, ce qui a obligé Byrne à se dépêtrer avec cette situation, nécessitant l’usage du voyage dans le temps pour pouvoir le ramener durablement, et donner un semblant de logique à son retour parmi les vivants.

La détermination des deux alliés paraît bien dérisoire dans l’antre de Méphisto

La détermination des deux alliés paraît bien dérisoire dans l’antre de Méphisto©Marvel Comics

En attendant qu’il soit disponible, Stern ne peut que ronger son frein, et alors que ses runs sur Strange et Spidey sont terminés, la fin de son run sur les Vengeurs se profile également à l’horizon en raison d’un désaccord avec l’éditeur Mark Gruenwald. Qu’à cela ne tienne, alors qu’il commence à être de plus en plus occupé sur les titreS Superman de la distinguée concurrence, et que son heure de gloire chez Marvel est clairement derrière lui, il se décide à saisir sa chance, où plutôt sa dernière opportunité, pour pouvoir raconter cette histoire qu’il avait en tête depuis des années.

Dès le début le scénariste montre qu’il a parfaitement cerné les deux personnages sur le plan de la caractérisation, et son talent de conteur suffit à faire le reste.
Puisque Fatalis a une haute opinion de lui-même, quitte à parler de lui à la troisième personne façon Alain Delon, il rechigne à demander son aide directement, et préfère se mesurer à lui lors d’un tournoi qui détermine le détenteur du titre de sorcier suprême, et qui a lieu une seule fois par siècle. Le vainqueur doit cependant accorder une faveur à son dernier opposant, et c’est grâce à cela que Strange et l’ennemi des FF vont s’allier pour une mission commune qui paraît irréalisable, voire suicidaire.

L’amour filial saura-t-il résister à la cruauté démoniaque ?

L’amour filial saura-t-il résister à la cruauté démoniaque ?©Marvel Comics

Même si le scénariste avait mis en place les prémisses de cette saga quelques années auparavant, l’histoire est construite adroitement afin de rester reader friendly (ce qui passe par les origines respectives des deux docteurs qui sont passées en revue).

Après la phase de préparation nécessaire, l’intrigue rentre dans le vif du sujet dès lors que les deux alliés de circonstance font leur irruption dans le royaume de Méphisto.
La magnificence visuelle de l’histoire est alors à son plus haut niveau, rarement une descente dans les abîmes infernales aura été aussi mémorable et visuellement somptueuse, rivalisant avec le Silver Surfer de John Buscema, le Thor de Neal Adams, le Daredevil de Romita Jr, ou encore le Spectre d’Ostrander et Mandrake dans une veine encore plus horrifique.

L’Oeil d’Agamotto, l’artefact parfait pour percer le voile de l’illusion

L’Oeil d’Agamotto, l’artefact parfait pour percer le voile de l’illusion©Marvel Comics

À cette occasion, Stern dresse un portrait définitif du monarque latvérien, qui renoue avec son aura d’antan le temps de ce récit, qui s’impose comme un digne successeur des épisodes du trio Lee/Kirby/Sinnott sur la first family. Même si Strange a un rôle crucial à jouer dans le récit, c’est véritablement Doom qui est sous le feu des projecteurs, après tout l’enjeu de cette quête est on ne peut plus personnel pour lui. Le fait de se battre pour la rédemption de sa mère défunte fait ainsi ressortir un versant plus honorable de la personnalité du monarque, qui aura rarement été si déterminé et vulnérable à la fois.

Avec ce graphic novel, Stern réaffirme la stature du personnage, qui avait perdu de sa superbe au fil des ans. Fatalis ressort grandi de cette histoire, comme étant une figure complexe et tragique qui bénéficie d’un portait nuancé, confirmant ainsi que son masque métallique ne cache pas seulement ses meurtrissures physiques, c’est également un rempart protecteur envers le monde, qui lui permet de cacher ses faiblesses et cette lueur d’humanité bien enfouie au fin fond de son âme.
Bien évidemment sa fierté et sa mégalomanie font qu’il se refuse à l’admettre aux autres.
Au sortir de ce périple, les certitudes de Strange envers lui sont altérées, même si au fond, Fatalis reste égal à lui-même, en tenant tête à Méphisto en personne, confirmant un fois de plus, si jamais il y avait encore un doute, qu’il est bel et bien le plus grand antagoniste dans l’univers Marvel.

Cynthia Von Doom, la cause du tourment de Victor

Cynthia Von Doom, la cause du tourment de Victor©Marvel Comics

En raison du point de vue extérieur adopté par le vieux sage nommé Genghis, qui fait figure de narrateur, l’histoire prend des atours de fable mythologique dans la structure narrative, débutant et se terminant sur deux scènes semblables, comme si les événements étaient déjà entrés dans la légende, à savoir celle du mortel qui est descendu jusqu’en Enfer pour sauver l’être aimé.

Stern a eu la chance de collaborer avec un artiste de renom en la personne de Mike Mignola, qui à ce moment-là n’était encore qu’un jeune dessinateur qui avait bourlingué chez Marvel dans la première moitié des années 80, pour ensuite se faire remarquer chez DC avec Cosmic Odyssey et surtout Gotham by Gaslight. Cet elseworld situé pendant l’époque victorienne, qui oppose Batman à Jack l’éventreur, avait permis au dessinateur de s’en donner à coeur joie avec une approche visuelle digne de l’esthétique steampunk, qu’il a eu le loisir de revisiter dans ses oeuvres suivantes.
Le registre de ce récit sur les deux docteurs, plus axé autour du fantastique et de la magie, permet à Mignola d’accentuer la dimension épique des événements, en leur donnant une ampleur visuelle très forte, qui contraste avec l’aspect plus intimiste du séjour de Strange en Latvérie.
Dans le cadre de la seconde partie, il est en terrain connu puisque ce segment fait la part belle aux démons et à une pénombre omniprésente dans certaines scènes (deux de ses spécialités justement).

L’union de la magie et de la science face au mal absolu

L’union de la magie et de la science face au mal absolu©Marvel Comics

Même s’il n’a pas démérité par la suite, j’aurais tendance à préférer son style pré-Hellboy, qui correspond à la période où il expérimentait et s’essayait à différents genres, tout en collaborant avec différents encreurs plus ou moins adaptés à son style (Williamson, Russell), alors qu’après il a définitivement trouvé son style, qui s’est montré moins varié et changeant. Comme quoi le cheminement artistique est parfois plus intéressant que la destination, le zénith d’un créateur, lié à son oeuvre la plus fameuse avec laquelle il est éternellement associé.
Avec Hellboy, il a définitivement trouvé sa voie, il ne se cherche plus graphiquement parlant, son style s’est stabilisé, a atteint le point d’équilibre, et il ne lui reste plus qu’à affiner le procédé, quitte à enlever ce qu’il juge superflu, fonctionnant ainsi à l’économie.
Cette manière de procéder nécessite toutefois une grande rigueur, qui peut être maîtrisé seulement par les plus talentueux dans ce domaine comme Alex Toth ou David Mazzucchelli, par le biais d’une épure de plus en plus poussée qui tourne à l’abstraction dans certains cas.

En l’occurrence, ce graphic novel est représentatif de la richesse visuelle, plus variée, de sa période intermédiaire (post Hulk/pré Hellboy), et de ce qui fait la force de son style, qui conjugue l’imagerie iconique et évocatrice de Frazetta, et la puissance des corps massifs de Kirby, le tout nappé d’une gestion très adroite des ombres et de l’atmosphère, qui témoigne de l’influence de Bernie Wrightson ou de Mike Ploog. Cela est d’ailleurs assez logique en fin de compte, après tout Mignola a toujours préféré les monstres aux super-héros.

La victoire s’annonce difficile pour les deux outsiders

La victoire s’annonce difficile pour les deux outsiders©Marvel Comics

L’encrage de Mark Badger, tout en courbes et en arrondis, se prête bien au style de Mignola, amenant ainsi une fluidité de mouvements sur le plan visuel, qui met bien en valeur le sens du storytelling du dessinateur. Cet encreur, qui également a oeuvré en tant que dessinateur sur le graphic novel Greenberg de DeMatteis, s’est aussi chargé de la colorisation.

Là encore c’est une grande réussite, au niveau de l’alternance chromatique en fonction de ce que la tonalité de l’histoire requiert, qu’il s’agisse des teintes vives, adaptées aux bas-fonds infernaux, et de celles qui se font plus douces, et qui correspondent aux scènes plus calmes se déroulant sur Terre. C’est l’exemple même d’une palette de couleurs utilisée à bon escient, en faisant preuve d’une certaine subtilité et d’une finesse dans la technique. Tout l’inverse en somme d’un Dean White qui en fait des tonnes, jusqu’à ce que cela devienne souvent envahissant et finisse par empiéter sur le travail du dessinateur. La réussite est donc totale pour l’équipe créative, dont les efforts communs ont abouti à une excellent récit qui a eu un impact durable sur au moins deux de ses protagonistes principaux.

Une Top BD qui porte bien son nom

Une Top BD qui porte bien son nom©Marvel Comics

—–

« I put a spell on you » 2/6

On peut penser ce qu’on veut du film Dr Strange, mais au moins il aura eu un avantage : permettre la réédition de Triomphe et Tourment » de Roger Stern et Mike Mignola.
Pourquoi cette histoire est d’avantage le chef d’oeuvre de Roger Stern que du papa de Hellboy ? Pierre Navarre vous en fait la diabolique démonstration chez Bruce Lit avec le contexte éditorial de l’époque.

La BO du jour : L’union fait la force paraît-il, et deux docteurs ne seront pas de trop pour le sauvetage à haut risque d’une âme perdue, tombée dans les griffes de Méphisto. Un troisième docteur vient leur prêter main forte, et il s’agit de Dr. Feelgood, un des fleurons du Pub rock des années 70…

33 comments

  • Bruno. :)  

    Pour Mignola -surtout.
    Malgré la rigueur du récit de Roger Stern, on s’ennuie un peu à l’évocation du passé de la mère de Fatalis -qui aurait dû normalement être priorisé au sein du récit ?!- et les digressions concernant le « concours » des magiciens font tomber le niveau de l’ouvrage de quelques étages, à mes yeux, en ce qui concerne sa valeur intrinsèque… Mais il est rare que Stephen Strange, personnage franchement à part dans la constellation Super-Héroïque Marvel, soit convenablement intégré à un récit, sinon ceux où il demeure en retrait -et mystérieux.
    Bon, tout se résume à nouveau à une « lutte » ; et le peu de mysticisme promis disparait dans les claques -certes joliment illustrées- que les protagonistes échangent avec leurs adversaires. Peu ou pas d’introspection, sinon pontifiante et à valeur informative ; et aucune tentative d’explorer le contexte -pourtant riche- du mix Magie/Super-Héros.
    Mais Mike Mignola s’en donne à coeur joie et, même si certaines cases semblent plus « faciles » qu’à l’ordinaire dans leur exécution rapide (mais toujours très jolies, néanmoins), on a droit à quelques jolis à-plats assez dynamiques et très bien mis en valeur par les couleurs au fini « aquarelle » -assez inusitées dans le genre- de Mark Badger. En même temps, c’est peut-être là la concession la plus franche à « l’entre-deux » stylistique de cette publication-là !
    … Cette couverture est, en effet, une horreur à tous points de vue ?! Surtout si on la compare à l’œuvre d’art originelle : ils sont fous, chez Panini, ou quoi ?!

    • Eddy Vanleffe  

      Panini ou Urban, on a parfois des surprises assez bizarres et une mode aux grossissements des vignettes sur fond uni en guise de couvertures là où les originales sont souvent très réussies.
      Une école de pensée des maquettistes modernes?

      • Bruno. :)  

        Ou une histoire de droits d’exploitation, va savoir : c’est devenu tellement sérieux, tout ça. Mais, bon, j’ai du mal à croire qu’on ait pu désirer cette illustration-là volontairement : elle est franchement rédhibitoire, rapport à rameuter le client-cible qui, en règle générale, possède des yeux en état de marche.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *