Docteur Strange et Docteur Fatalis : Triomphe et Tourment de Roger Stern et Mike Mignola
1ère publication le 15/11/16- Mise à jour le 16/06/18
par : PIERRE N
VO : Marvel
VF : Semic, Panini
Cet article passera en review un One Shot légendaire proposant un teamup entre deux docteurs : Doom et Strange. C’est le non moins légendaire Mike Mignola qui l’illustra sur un scénario de Roger Stern.
La VF originalement proposée par Semic, vient de ressortir chez Panini dans un très bel écrin Deluxe.
Tous les scans de cet article sont la propriété de Marvel Comics
À la fin des années 70, la promotion de Jim Shooter au poste d’Editor-in-Chief amène de profonds bouleversements du côté de la maison des idées. Celui qui est encore aujourd’hui une personnalité controversée, reste toutefois durablement associé à une décennie qui a fait figure de second âge d’or créatif pour l’ex-Timely/Atlas (du Daredevil de Miller au Thor de Simonson, en passant par le run de DeMatteis sur Captain America).
Après s’être mis à dos une partie des créatifs de la décennie précédente qui avaient écrit les meilleures séries de cette période, tels Steve Gerber et Steve Englehart, Shooter et ses collaborateurs se voient dans l’obligation de se tourner vers les jeunes recrues pour reprendre peu à peu les séries historiques.
C’est notamment du côté de Charlton que vont émerger certains jeunes artistes prometteurs, en particulier avec un trio de choc issu du milieu du fanzinat, formé par John Byrne, Bob Layton et Roger Stern.
Le choix s’avérera judicieux, puisque ses passages sur Iron Fist et surtout Uncanny X-Men ont fait de Byrne une méga star de l’industrie; tandis que Layton s’est vite associé à David Michelinie pour un run sur Tête de fer resté depuis dans les annales.
À cette époque, Roger Stern avait débuté chez Marvel peu ou prou au même moment que Shooter. Stern s’est acquitté honorablement de son boulot d’éditeur, mais a préféré finalement se focaliser sur sa carrière d’aspirant scénariste. Shooter l’a vite pris sous son aile, et après lui avoir fait un topo sur la manière de faire, via une histoire de la Légion de DC, une série sur laquelle Shooter avait débuté très jeune, il lui a donné sa chance dans la foulée.
Après un un fill-in en guise de bout d’essai sur la série Omega the Unknown, puis un passage sur l’ongoing Hulk à l’époque où la série télé avait accru la popularité du géant de jade, celui-ci s’est vraiment fait remarquer sur Spectacular Spider-Man, pour ensuite débarquer sur Amazing, la série-mère de la franchise.
Dans ce domaine il s’est avéré être vraiment doué, s’imposant graduellement comme un scénariste plus talentueux que Shooter ou Michelinie, et ses runs des années 80 témoignent de la forme qu’il avait à l’époque (Docteur Strange de Paul Smith, Captain America de John Byrne, Spider-Man de John Romita Jr, ou encore les Vengeurs de John Buscema et Tom Palmer, excusez du peu).
Ses passages sur les deux séries phares de Steve Ditko constituent même les secondes périodes d’âge d’or de ces titres respectifs, juste après les épisodes des années 60. Pendant cette décennie, il n’y a guère que DeMatteis qui arrivera à l’égaler sur Spidey, voire le surpasser, dans le cadre de la saga Kraven Last Hunt, tandis que son ancien éditeur Tom DeFalco a préféré renouer avec un certain feeling propre aux épisodes de Stan Lee (il a fait de même par la suite sur les séries Thor et Fantastic Four).
Suite à une tentative inaboutie de collaborer avec Frank Miller, Stern reprend tout de même le titre bimensuel du sorcier suprême de manière durable, en compagnie de dessinateurs du calibre de Gene Colan, Marshall Rogers, Michael Golden ou encore Paul Smith, redonnant ainsi sa superbe à la série qu’il n’avait plus autant brillé depuis les épisode d’Englehart.
Roger Stern réussit à cette occasion le grand écart entre les moments intimistes et les passages obligés du titre, mêlant les voyages dans les dimensions lointaines, les affrontements avec les entités sur-puissantes, ou encore l’usage des sorts, qui avaient permis à la série de développer son propre vocabulaire fleuri et très imaginatif, à base de Raggadorr, Oshtur, Valtorr, Vishanti, Hoggoth ou encore Cyttorak (plus connu des fans des X-Men et en particulier en ce qui concerne le frère adoptif de Charles Xavier).
Au-delà des créatures lovecraftiennes, du décorum mystico-psychédélique et des incantations diverses et variées, Stern n’oublie pas la dimension humaine du récit, en faisant en sorte que Strange continue d’interagir avec le commun des mortels, tout en injectant une petite dose d’humour bienvenue à la série, histoire de changer un peu cette image faussée que le lectorat peut avoir de lui, celle d’un personnage guindé à l’air toujours grave et solennel.
Suite au succès des premiers graphic novels de Marvel (God Loves, Man Kills, La Mort de Captain Mar-Vell), l’éditorial a encouragé ses créatifs à dégoter de nouvelles intrigues susceptibles de faire l’affaire. Parmi les propositions de Stern, c’est celle sur Strange et Fatalis qui a le plus retenu l’attention de Shooter. Cependant ce graphic novel mettra sept ans à se concrétiser au final.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénariste a eu de la suite dans les idées, puisque il a repris à ce moment-là dans son run un développement fondamental dans l’histoire de Fatalis, apparu au début des années 70 dans un épisode de la série Astonishing Tales.
Dans cette histoire, le scénariste Gerry Conway avait révélé que Fatalis essayait tous les ans de sauver l’âme de sa mère défunte, prisonnière en Enfer depuis son trépas, et donc affiliée au domaine de Méphisto (qui est ce qui se rapproche le plus du Diable dans l’univers Marvel). Sa pratique de la magie noire lui avait assuré un destin tragique, et son fils n’a pas tardé à suivre la même voie pour mieux trouver un moyen de la sauver.
Stern est parti de ce postulat de départ, très peu utilisé par les autres scénaristes, en évoquant le fait que Doom manque de pratique dans le domaine de l’occulte, et qu’il a besoin d’un allié plus aguerri dans ce domaine, Stephen Strange en l’occurence.
Cet apport n’est pas anodin puisque il explique l’intérêt de Fatalis pour la magie, les raisons de ses expériences pendant ses années estudiantines, et qui montre bien surtout, que malgré son statut de plus grande menace de l’univers Marvel terrestre, il y a chez lui une certaine noblesse.
Sa conduite est également dictée par un code d’honneur bien particulier qui l’élève d’emblée au-dessus du tout venant des adversaires des héros (hormis quand Bendis l’écrit n’importe comment).
En outre, malgré ses agissements envers la communauté super-héroïque, sa position de monarque autoproclamé lui donne une certain avantage, en plus d’une immunité diplomatique bien pratique, qui l’empêche bien souvent de finir derrière les barreaux.
Depuis ses débuts, Fatalis est resté un personnage ultra charismatique, qui en impose par sa seule présence, bénéficiant en plus d’un look mémorable si efficace qu’il résiste à toute les modifications. Les dessinateurs finissent toujours par réutiliser le design de Kirby, à l’instar du Spidey de Ditko et du costume rouge de DD que l’on doit à Wally Wood.
En développant ses motivations et ses origines, cela a ainsi permis de développer sa propre mythologie et d’en faire un antagoniste loin d’être unidimensionnel. Cette quête pour l’âme de sa mère constitue justement un but bien plus noble que la simple recherche du pouvoir ou le fait de prouver à Richards la supériorité de son intellect.
Dans le domaine de la continuité, les scénaristes n’ont pas d’autre choix que de partager leurs jouets, et donc les personnages. En ce qui concerne le Docteur Fatalis, cela n’a d’ailleurs pas toujours été simple, en particulier durant cette période.
En effet, son vieil ami John Byrne, alors occupé avec les FF, s’était montré très possessif avec ce personnage, au point que sa bisbille avec Claremont l’avait poussé à invalider l’apparition du véritable Fatalis dans la série Uncanny X-Men, en révélant qu’il s’agissait d’un double robotique (les sempiternels Doombots).
L’affaire s’est compliquéE quand le personnage a été tué, et lorsque Shooter l’a ramené sans aucune véritable explication dans le cadre du Secret Wars originel, ce qui a obligé Byrne à se dépêtrer avec cette situation, nécessitant l’usage du voyage dans le temps pour pouvoir le ramener durablement, et donner un semblant de logique à son retour parmi les vivants.
En attendant qu’il soit disponible, Stern ne peut que ronger son frein, et alors que ses runs sur Strange et Spidey sont terminés, la fin de son run sur les Vengeurs se profile également à l’horizon en raison d’un désaccord avec l’éditeur Mark Gruenwald. Qu’à cela ne tienne, alors qu’il commence à être de plus en plus occupé sur les titreS Superman de la distinguée concurrence, et que son heure de gloire chez Marvel est clairement derrière lui, il se décide à saisir sa chance, où plutôt sa dernière opportunité, pour pouvoir raconter cette histoire qu’il avait en tête depuis des années.
Dès le début le scénariste montre qu’il a parfaitement cerné les deux personnages sur le plan de la caractérisation, et son talent de conteur suffit à faire le reste.
Puisque Fatalis a une haute opinion de lui-même, quitte à parler de lui à la troisième personne façon Alain Delon, il rechigne à demander son aide directement, et préfère se mesurer à lui lors d’un tournoi qui détermine le détenteur du titre de sorcier suprême, et qui a lieu une seule fois par siècle. Le vainqueur doit cependant accorder une faveur à son dernier opposant, et c’est grâce à cela que Strange et l’ennemi des FF vont s’allier pour une mission commune qui paraît irréalisable, voire suicidaire.
Même si le scénariste avait mis en place les prémisses de cette saga quelques années auparavant, l’histoire est construite adroitement afin de rester reader friendly (ce qui passe par les origines respectives des deux docteurs qui sont passées en revue).
Après la phase de préparation nécessaire, l’intrigue rentre dans le vif du sujet dès lors que les deux alliés de circonstance font leur irruption dans le royaume de Méphisto.
La magnificence visuelle de l’histoire est alors à son plus haut niveau, rarement une descente dans les abîmes infernales aura été aussi mémorable et visuellement somptueuse, rivalisant avec le Silver Surfer de John Buscema, le Thor de Neal Adams, le Daredevil de Romita Jr, ou encore le Spectre d’Ostrander et Mandrake dans une veine encore plus horrifique.
À cette occasion, Stern dresse un portrait définitif du monarque latvérien, qui renoue avec son aura d’antan le temps de ce récit, qui s’impose comme un digne successeur des épisodes du trio Lee/Kirby/Sinnott sur la first family. Même si Strange a un rôle crucial à jouer dans le récit, c’est véritablement Doom qui est sous le feu des projecteurs, après tout l’enjeu de cette quête est on ne peut plus personnel pour lui. Le fait de se battre pour la rédemption de sa mère défunte fait ainsi ressortir un versant plus honorable de la personnalité du monarque, qui aura rarement été si déterminé et vulnérable à la fois.
Avec ce graphic novel, Stern réaffirme la stature du personnage, qui avait perdu de sa superbe au fil des ans. Fatalis ressort grandi de cette histoire, comme étant une figure complexe et tragique qui bénéficie d’un portait nuancé, confirmant ainsi que son masque métallique ne cache pas seulement ses meurtrissures physiques, c’est également un rempart protecteur envers le monde, qui lui permet de cacher ses faiblesses et cette lueur d’humanité bien enfouie au fin fond de son âme.
Bien évidemment sa fierté et sa mégalomanie font qu’il se refuse à l’admettre aux autres.
Au sortir de ce périple, les certitudes de Strange envers lui sont altérées, même si au fond, Fatalis reste égal à lui-même, en tenant tête à Méphisto en personne, confirmant un fois de plus, si jamais il y avait encore un doute, qu’il est bel et bien le plus grand antagoniste dans l’univers Marvel.
En raison du point de vue extérieur adopté par le vieux sage nommé Genghis, qui fait figure de narrateur, l’histoire prend des atours de fable mythologique dans la structure narrative, débutant et se terminant sur deux scènes semblables, comme si les événements étaient déjà entrés dans la légende, à savoir celle du mortel qui est descendu jusqu’en Enfer pour sauver l’être aimé.
Stern a eu la chance de collaborer avec un artiste de renom en la personne de Mike Mignola, qui à ce moment-là n’était encore qu’un jeune dessinateur qui avait bourlingué chez Marvel dans la première moitié des années 80, pour ensuite se faire remarquer chez DC avec Cosmic Odyssey et surtout Gotham by Gaslight. Cet elseworld situé pendant l’époque victorienne, qui oppose Batman à Jack l’éventreur, avait permis au dessinateur de s’en donner à coeur joie avec une approche visuelle digne de l’esthétique steampunk, qu’il a eu le loisir de revisiter dans ses oeuvres suivantes.
Le registre de ce récit sur les deux docteurs, plus axé autour du fantastique et de la magie, permet à Mignola d’accentuer la dimension épique des événements, en leur donnant une ampleur visuelle très forte, qui contraste avec l’aspect plus intimiste du séjour de Strange en Latvérie.
Dans le cadre de la seconde partie, il est en terrain connu puisque ce segment fait la part belle aux démons et à une pénombre omniprésente dans certaines scènes (deux de ses spécialités justement).
Même s’il n’a pas démérité par la suite, j’aurais tendance à préférer son style pré-Hellboy, qui correspond à la période où il expérimentait et s’essayait à différents genres, tout en collaborant avec différents encreurs plus ou moins adaptés à son style (Williamson, Russell), alors qu’après il a définitivement trouvé son style, qui s’est montré moins varié et changeant. Comme quoi le cheminement artistique est parfois plus intéressant que la destination, le zénith d’un créateur, lié à son oeuvre la plus fameuse avec laquelle il est éternellement associé.
Avec Hellboy, il a définitivement trouvé sa voie, il ne se cherche plus graphiquement parlant, son style s’est stabilisé, a atteint le point d’équilibre, et il ne lui reste plus qu’à affiner le procédé, quitte à enlever ce qu’il juge superflu, fonctionnant ainsi à l’économie.
Cette manière de procéder nécessite toutefois une grande rigueur, qui peut être maîtrisé seulement par les plus talentueux dans ce domaine comme Alex Toth ou David Mazzucchelli, par le biais d’une épure de plus en plus poussée qui tourne à l’abstraction dans certains cas.
En l’occurrence, ce graphic novel est représentatif de la richesse visuelle, plus variée, de sa période intermédiaire (post Hulk/pré Hellboy), et de ce qui fait la force de son style, qui conjugue l’imagerie iconique et évocatrice de Frazetta, et la puissance des corps massifs de Kirby, le tout nappé d’une gestion très adroite des ombres et de l’atmosphère, qui témoigne de l’influence de Bernie Wrightson ou de Mike Ploog. Cela est d’ailleurs assez logique en fin de compte, après tout Mignola a toujours préféré les monstres aux super-héros.
L’encrage de Mark Badger, tout en courbes et en arrondis, se prête bien au style de Mignola, amenant ainsi une fluidité de mouvements sur le plan visuel, qui met bien en valeur le sens du storytelling du dessinateur. Cet encreur, qui également a oeuvré en tant que dessinateur sur le graphic novel Greenberg de DeMatteis, s’est aussi chargé de la colorisation.
Là encore c’est une grande réussite, au niveau de l’alternance chromatique en fonction de ce que la tonalité de l’histoire requiert, qu’il s’agisse des teintes vives, adaptées aux bas-fonds infernaux, et de celles qui se font plus douces, et qui correspondent aux scènes plus calmes se déroulant sur Terre. C’est l’exemple même d’une palette de couleurs utilisée à bon escient, en faisant preuve d’une certaine subtilité et d’une finesse dans la technique. Tout l’inverse en somme d’un Dean White qui en fait des tonnes, jusqu’à ce que cela devienne souvent envahissant et finisse par empiéter sur le travail du dessinateur. La réussite est donc totale pour l’équipe créative, dont les efforts communs ont abouti à une excellent récit qui a eu un impact durable sur au moins deux de ses protagonistes principaux.
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« I put a spell on you » 2/6
On peut penser ce qu’on veut du film Dr Strange, mais au moins il aura eu un avantage : permettre la réédition de Triomphe et Tourment » de Roger Stern et Mike Mignola.
Pourquoi cette histoire est d’avantage le chef d’oeuvre de Roger Stern que du papa de Hellboy ? Pierre Navarre vous en fait la diabolique démonstration chez Bruce Lit avec le contexte éditorial de l’époque.
La BO du jour : L’union fait la force paraît-il, et deux docteurs ne seront pas de trop pour le sauvetage à haut risque d’une âme perdue, tombée dans les griffes de Méphisto. Un troisième docteur vient leur prêter main forte, et il s’agit de Dr. Feelgood, un des fleurons du Pub rock des années 70…
Une chronique passionnée; qui remet bien en perspective le contexte éditorial dans lequel cette parenthèse exceptionnelle a vu le jour.
J’avoue que c’est tentant. Reste à savoir, en ce qui me concerne, si la forme de la narration n’est pas trop ampoulée (il n’y a pas de bulles de pensée sur les scans).
J’ai voulu le feuilleter en librairie mais tous les exemplaires étaient sous blister ! Je trouve au passage que la maquette qui a été retenue par Panini est affreuse. J’aurais préféré qu’il reprennent tout simplement l’ancienne couverture de Semic, avec éventuellement un petit lifting.
Pour le reste, je ne partage pas (évidemment) ton admiration pour les auteurs old-school qui sont cités (je ne vais pas répéter ce que je pense du sieur Englehart) et même pour certains dessinateurs, tels Paul Smith dont je n’ai jamais réussi à comprendre l’engouement qu’il avait suscité.
Mais ce GN avec les deux docteurs me tente quand même pas mal… 🙂
Pour info Tornado, la couverture de panini est une jaquette amovible avec comme couverture effectivement le second scan visible ici, mais dessous, si tu vires la jaquette, c’est bien l’ancienne cover de Semic.
Le format oversized, je ne suis pas très fan, obligé de coucher la BD dans les étagères mais je confirme que c’est une superbe BD. Et non, il n’y a pas (ou très peu) de bulles de pensée. Cela sonne assez moderne et la lecture en est très fluide et plaisante.
Doom y est dépeint comme un personnage très intéressant, à la fois aimé de son peuple mais tyrannique, fragilisé par une profonde souffrance mais trop fier pour dépendre de l’aide des autres. Pas franchement attachant mais en tous cas loin d’être un lâche.
Pour moi, ce GN est la meilleure histoire jamais écrite sur chacun de ces deux Docteurs.
(marrant que ce papier sorte là, alors que je viens d’envoyer à Bruce un article sur la grosse compile que DC a sorti sur Mignola, avec essentiellement du matos de 87-88)
Ils sont aussi de cet avis chez CBR :
https://www.cbr.com/the-greatest-doctor-doom-stories-ever-told/
J’aime beaucoup l’épisode de Simonson évoqué, très astucieux dans sa construction.
Le Emperor Doom mentionné est sympa aussi dans mon souvenir. Je l’ai lu il y a longtemps et je sais que c’est Michelinie qui n’est pas réputé comme un super scénariste, mais d’après ce dont je me souviens, j’avais bien aimé cette idée que finalement le monde était davantage en paix avec Doom aux commandes.
ça fait penser aussi au dyptique X-men/Alpha Flight dans lequel Loki rend les gens heureux et en paix mais dépourvus d’imagination et dépouillés de leurs idées.
Whoah, je suis toujours scotché par ta culture comics, Pierre ! Surtout pour un djeuns ! « There is still hope » 😉
C’est une belle chro qui donne envie. J’ai lu ce GN il y a des années en format électronique. J’investirai peut-être dans une édition papier… VO ou VF, ça reste à déterminer…
La dernière édition vo en date comporte quelques bonus et est sans doute moins chère que le hardcover de Panini, mais le format est plus petit forcément…
Un article intéressant,même si je ne mets pas Stern aussi haut scénaristiquement parlant, il a son savoir faire
Mignola se cherchait, il était en effet bien plus intéressant que sur son grand oeuvre à venir, mais encore en dessous de Fafhrd. La colo de badger est l’atout majeur du dessin pour moi. Du grand art. Pour les curieux voici sa méthode de colorisation
http://philcordier.blogspot.fr/2015/12/mignola-sur-bleus.html
Hello,
Du travail de qualité tout comme l’oeuvre décrite.
Sois dit en passant, Shooter a certainement beaucoup en commun avec le producteur américain Robert Evans qui a beaucoup contribué au cinéma dans les seventies…
La première légende est bien entendu un clin d’oeil au groupe d’Angus Young. Concernant la BO, c’était le choix de Pierre. Je ne suis pas fan de Pub-rock mais je dois dire que j’ai trouvé ce morceau très efficace. Dr Feelgood et Les Stranglers un de mes groupes fétiches étaient assez potes. Tu me donnes envie d’en savoir plus.
//Roger Stern : une belle ligne de défense pour cet auteur qui a écrit des trucs super, d’autres moins (son AvsX est une purge)….Lire le contexte éditorial est toujours interessant pour qui ceux, qui, comme moi s’en sont désintéressés totalement. Il est toujours fascinant de voir à quel point Jim Shooter a poussé la créativité des auteurs Marvel dans leur retranchement.
//L’histoire : je l’ai découverte qu’il y a un an chez Patrick Faivre dans son Top BD traduit par la Coulombesque Geneviève Pour être franc, j’ai bien aimé l’ambiance, l’intro, la conclusion Le reste du temps les sortilèges et leur représentation graphique, les hordes de démons baveux et cornus représentent tout ce qui me fait fuir en BD généralement.
Toutefois, pour les amateurs, je n’en disconviens pas : c’est une grande histoire.
Certains scans, notamment celui réunissant les gros plans de Doom et Stange m’évoquent ce que Gaydos doit à Mignola.
Ah c’est Coulomb aussi dans le top BD ? Alors ils ont du refaire la traduction aussi. C’était déjà le cas dans les intégrales X-men contenant les débuts de Jim Lee (et pour lesquelles tu ne m’as pas cru, Bruce^^ C’est toujours écrit que c’est Coulomb en VF dans ton article)
Bon après faut pas rêver, ils ne retraduiront jamais tout ce qu’a fait Coulomb. Mais visiblement quand ça provient de chez Lug et Semic, ils semblent à présent se donner la peine de la changer.
Pardonne mon incrédulité face à cette affirmation. Le seul endroit où je la supporte c’est sur Conan. Parce qu’elle a assez de jugeote pour ne pas leur faire utiliser des expressions comme « vache de valdingue, tintin, on est dans le pastis, ils sont louf, les popof et les amerlo, etc »
Ailleurs ce n’est plus possible. Je n’ai même pas supporté sur le Daredevil avec Tyhoid Mary dont j’ai oublié le nom du bouquin paru chez Semic.
Elle me sort par tous les pores…
Je ne sais même pas comment Tornado a pu supporter de lire les intégrales Panini. Et je ne peux pas m’empêcher de me demander si son ressenti sur les X-men de Claremont n’aurait pas été différent avec un autre traducteur (no offense, Tornado. Je respecte ton opinion mais lire dans ces conditions, c’est du masochisme). Parce que moi non plus je ne peux pas lire ça ! (En VF) C’est vraiment le jour et la nuit entre la VF et la VO
la vieille trad de Geneviève Coulomb sur le Semic avait de fabuleuses fulgurances (« chansons que tout cela, sorcier ! ») et reste, tant d’années après, tout à fait recommandable. Elle est pile dans le ton quant à la parlure des deux docteurs.
Accessoirement, cet album reste le sommet de leur carrière pour les deux protagonistes, et peut-être celui de Stern avec.
Il ne fait pas bon vieillir en fait. Coulomb est devenue de pire en pire avec le temps. Sa période Panini est, il est vrai, bien pire que ce qu’elle faisait chez Semic. Mais je l’ai prise en grippe. Je la reconnais entre mille, c’est insupportable.
Je me doute qu’il doit y avoir des exceptions mais bon…je n’ai pas envie de tester. Si une autre trad existe, ce sera l’autre trad en priorité.
@Matt : Je ne pense pas que cela vienne de la trad, car il y a des arcs que j’ai bien aimés dans le run de Claremont (Lifedeath, Dieu Crée l’Homme Détruit, ou certains passages de la Saga des Broods, voire même quelques passages de la Saga du Phénix ou celle de Protheus qu’il faudrait que je relise un jour). C’est tout le reste que je n’ai pas aimé, et bien évidemment le style de narration très lourd de l’ensemble.
Même en connaissant bien le contexte éditorial et la nature controversée de Jim Shooter (et c’est un euphémisme), j’ai appris beaucoup de chose sur la genèse de cette histoire que je n’ai pas lue. J’ai bien aimé comment cet article s’attache autant au récit, qu’à la construction du personnage de Doctor Doom, et comment cette histoire lui rend de sa superbe, en nourrissant sa dimension tragique.
Même si l’article explique très bien en quoi il est intéressant de voir Mike Mignola pas encore figé dans la démarche esthétique d’Hellboy, pour ma part je préfère cette dernière à la période-ci pendant laquelle les aplats de noir déjà massifs me semblent écraser les lignes de contour fragiles, et les visages me donnent l’impression d’esquisses pas finies.
Pour ma part je trouve le style de Mignola trop anguleux à mon goût sur Hellboy. Mais sur cette histoire, j’aime beaucoup.
A la lecture de ta chronique et au vu des opinions enthousiastes qu’elle a suscité, je me sens conforté dans mon achat de ce grand livre dont le format m’avait tapé dans l’oeil, autant que le nom de Mignola dont, comme Presence, j’affectionne l’art dans Hellboy.
Me voilà plus instruit grâce à tes bons offices et convaincu, une fois de plus, que Gaston Bachelard avit raison quand il disait que le paradis doit ressembler à une immense bibliothèque.
Et bien, ça c’est de l’article roboratif (oui j’ai appris ce mot ici-même, autant l’utiliser) ! Je ne connais presque rien de Doom et Strange, merci donc de me présenter un peu mieux leur histoire. J’ai été intrigué par ce grand format que j’ai vu en librairie, bravo donc à Bruce pour avoir publié cet article maintenant… mais cela ne m’arrange pas car j’ai très envie de me l’offrir : je ne connais pas le trait de Mignola avant Hellboy or les scans sont splendides, les couleurs bien plus subtiles que dans des comics de super-héros de l’époque, et tout cela semble être une bd d’aventure franco-belge…
Doom qui a toujours le même costume, c’est une remarque très pertinente. Même dans les mauvaises adaptations des FF au cinéma, il garde toujours le même costume, il n’y a aucun re-design, tout comme pour Sipdey comme tu le soulignes également. C’est très intéressant je trouve, comme quoi certaines choses ne peuvent pas être meilleures que leur forme première, comme certains riffs de guitare impossibles à enjoliver.
De plus, j’avais oublié le Tenkaichi Budokai, belle référence. Bref, si je saute le pas, je reviendrai en parler ici. Bravo, Pierre, je suis épaté par ton érudition !
Merci.
Et encore pour Spidey, le costume noir a marqué son époque, alors que la plupart des relooking de Fatalis n’ont jamais duré bien longtemps (c’est dommage, la version de Simonson était chouette je trouve).
Pour les anglophones, voilà une interview très instructive de Stern qui a été bien utile pour cet article, et en particulier toute la partie « contextualisation » dont je suis friand, vous l’aurez compris…
http://www.marvelessentials.com/features/int_stern_1006_1.html
Il y en a d’autres sur le net, mais celle-ci est sans doute la plus complète.
Et bien voilà, je l’ai lu !
J’ai beaucoup aimé.
Je ne partage pas tous les arguments :
– Le scénario de Roger Stern est super dans le fond, mais dans la forme souffre de naïvetés qui me poussent à dire qu’il n’est ni Frank Miller, ni JM DeMatteis. La première partie avec le concours des sorciers est quand même bien neuneu et n’est développée (longuement) que pour mettre une grosse bagarre de bac à sable au début et pour servir de prétexte à l’association des deux personnages principaux. Ça devient très bon dans la 2° moitié par contre, et ça monte en puissance jusqu’à la fin. La narration est tout de même meilleure que la moyenne dans le domaine du mainstream (pas de bulles de pensées et de dialogues débiles).
– Le dessin me parait très surestimé par rapport à ce que j’ai lu. Si certaines planches sont magnifiques (quasiment toutes celles qui apparaissent dans l’article), d’autres sentent la vacuité à plein nez. Alors que sa mise en couleur est superbe, l’encrage de Mike Badger me parait complètement contre-productif du fait qu’il est aussi esquissé que les dessins de Mignola. Alors qu’en principe l’encreur est là pour compléter les manques du dessin, et non pour les accentuer ! La mauvaise foi consisterait à prétendre que ça donne un effet dynamique, mais c’est vraiment de la mauvaise foi tant certaines vignettes sentent le travail à l’arrache avec trois coups de crayons vraiment moches et bâclés.
Mais la note de Pierre correspond toutefois à la mienne (commentaire à ma zone), ce qui signifie que j’ai vraiment beaucoup aimé l’ensemble, malgré les bémols que je soulève.
Merci à Pierre, donc, pour m’avoir fait découvrir réellement cette histoire (je ne connaissais que la couverture de l’édition Semic), que je place en tête de mes préférées dans le Marvel Classique, avec « Dieu Créé l’Homme Détruit », « Born Again » ou bien évidemment « La Dernière Chasse de Kraven ». 🙂
Et pas Weapon X ?^^
Content que ça t’ait plu en tous cas (même si c’est pas moi qui en fait l’éloge dans l’article…mais j’suis fan aussi^^)
C’est vrai que j’ai aussi trouvé le tournoi du début un peu inutile. En li lisant la première fois, et en sachant plus au moins que ça allait parler d’une quête aux enfers impliquant Strange et Fatalis, je me suis dit « euh…on va où avec ce truc là au début ? » Mais bon mieux vaut un récit qui s’améliore par la suite qu’un début prometteur qui se vautre par la suite.
Je n’ai pas eu de soucis avec le dessin par contre. Je visualise mal ce que tu reproches, mais après à chacun sa perception des choses.
Oui, Weapon X aussi.
Ce que je reproche au dessin ? Pas grand chose. Mais quand je lis que c’est un chef d’œuvre artistique, je fais la grimace. Certaines planches sont effectivement magnifiques avec des compositions iconiques qui ont une classe folle. Mais d’autres sentent le travail bâclé.
Le plus étonnant, c’est quand je lis le rédactionnel de l’album deluxe qui fait l’éloge de l’encrage de Badger, et que je m’aperçois ensuite que le dit encrage est souvent bâclé et qu’il accentue l’impression d’esquisse mal dégrossie du dessin de Mignola. En principe, l’encreur est là pour finir le boulot (les finissions, c’est l’idée), et là Badger fait l’inverse. Certains trouvent que c’est un génie visionnaire ? Et bien pour ma part, ayant très souvent fait de l’encrage, je trouve que ça ne marche que quand il s’applique, le reste du temps on dirait que le dessin n’est pas terminé et qu’il a été fait à l’arrache (certaines vignettes montrent des personnages qui sont presque des bonhommes patates avec un trait maigre et tremblant, quand même). La mise en couleur a la classe par contre.
J’avoue que je ne me suis pas autant penché sur le dessin. L’effet « esquisse » ou « croquis » n’est pas forcément pour me déplaire. Mais je ne doute pas qu’on pouvait faire mieux.
J’avoue aussi que je n’ai même pas lu le rédactionnel. Je ne compte plus le nombre de fois où Panini parle de génie incomparable ou de gros naze parfois concernant le même auteur en fonction de ce qui les arrange.
Je viens de le finir et je rejoins Tornado : on sent le potentiel de Mignola, mais cela est souvent bien trop bâclé ou aplatit par un encrage trop facile (il me semble). De même, l’histoire ne décolle que dans sa seconde partie, lorsque Strange arrive chez Doom, mais on sent que le scénariste n’a pas encore l’aval ou le courage de faire autre chose que du super-héros qui se bat contre un méchant. Mais tout cela ne déçoit pas tant la force du concept de base est intéressant : un méchant classique (Doom) devient un être complexe et à la hauteur de sa réputation, le tout enrobé de grands questionnements philosophiques. Une très chouette histoire et une chouette bd.
J adore ce Graphic Novel (oui je n emploie ce mot que pour les « vrais » GN cad les grand format-48-96 pages).
J adore Badger et son style fait en effet mal dégrossi mais colle bien à Mignola. D ailleurs j etais un peu déçu au départ de son style sur Hellboy.. je preferais Doc Strange, Odyssey ou ses Namors..
J’adore Fatalis, le gars il voit Satan en personne et au lieu de faire dans sa culotte, il lui donne des ordres…
Imaginez l’exorciste avec Fatalis en Merrin…
J’ai toujours bien aimé le côté mélomane du personnage (il joue du piano à ses heures perdues, et il a même tué un de ses sous-fifres, tout ça parce qu’il avait détruit ses oeuvres d’art), sensible à l’art et à la beauté féminine.
Oui, il a un côté Guillaume II en même temps qu’Hitler (qui était cinéphile, il paraît même qu’il avait apprécié Le Dictateur….)
Fatalis était l’archétype du despote d’Europe centrale en général. il ont eu la bonne idée d’en faire une synthèse assez réussie d’ailleurs qui a l’avantage de ne pas en faire une sorte de Nazi d’opérette à la con…
il y a même du Vlad Tepes chez lui avec son côté mystique et son château…