Crossing Crusader 2ère partie : Batman/Indépendants
1 ère publication le 10/10/15- Mise à jour le 02/12/17
AUTEURS PRÉSENCE & JP NGUYEN
Après avoir examiné les associations de Batman avec les superhéros Marvel, Bruce Lit vous propose de passer en revue les crossovers de la Chauve-Souris avec des personnages d’autres éditeurs. Et pour l’occasion, Présence et JP Nguyen se sont mis dans la peau du World’s Finest Detective et de son majordome Alfred pour évoquer le meilleur de ces rencontres passées…
Un soir dans la Batcave, Alfred retrouve Batman prostré sur son fauteuil à broyer du noir.
Alfred : Monsieur me ferait-il l’honneur de partager ce qui lui cause une joie si intense ?
Batman : Je suis las, Alfred…
Alfred : Ca, je le vois bien…
Batman : Je suis las d’être là, également.
Alfred : Dans la Batcave ?
Batman : Non, pas seulement. Las de cette terre, de cet univers. Je sais pourtant que je suis un superhéros DC, mais parfois j’aurais envie d’ailleurs…
Alfred : Vos associations avec des super-héros DC dans The Brave and the Bold ne vous suffisent plus ? Vous troqueriez une visite à la maison des fous d’Arkham contre un séjour à la maison des Idées ?
Batman : Hum… j’y avais fait quelques belles rencontres mais c’était trop convenu, je me serais attendu à plus de fantaisie dans la pratique de l’échangisme de super-vilains… Je m’en suis lassé, je n’y retrouvais pas l’excitation de ma première fois…
Alfred : Monsieur me rafraichirait-il la mémoire sur l’identité de son premier partenaire inter-éditorial ?
Batman : C’était en 1991, avec Judge Dredd, pour Judgement On Gotham, sous les plumes d’Alan Grant et de JohnWagner et les pinceaux de Simon Bisley… Quel casse-pied ce flic facho ! Il n’a jamais voulu admettre ma supériorité, ça a été un concours de celui qui pisse le plus loin à chaque fois. Heureusement que Bisley était en forme pour me donner des oreilles allongées, et pour la moto de Dredd. Mais finalement cette première rencontre a encore été la moins pathétique des 4. Alors que Grant et Wagner ont collaboré pendant 7 ans en tant que coscénaristes sur Judge Dredd, ils n’ont pas su gérer les contraintes d’une rencontre comme celle-là, et ça a été de mal en pis au fur et à mesure des confrontations suivantes. Bon, il reste toujours, une petite apparition de Ronnie James Dio croqué par Bisley.
Alfred : Et vous n’aviez même pas goûté la découverte des compagnons de jeux de Dredd ? Faisaient-ils si pâle figure face aux fous d’Arkham ?
Batman : Ils sont croquignolets, les adversaires de Joe Dredd, mais comme ceux du Punisher, ils ont du mal à survivre à plus d’une rencontre. Du coup, sans grande surprise, Grant & Wagner ont dépoussiéré Judge Death (un concept idiot d’un juge mort qui a jugé que la vie est génératrice de tous les crimes, donc il faut annihiler la vie…
Mais s’il est capable d’interagir avec les vivants, c’est qu’il participe d’une forme de vie), Mean Machine Angel (un cyborg pas bien dans sa tête, déterminant son état d’esprit à l’aide de la flèche d’un cadran sur son front, oui, c’est aussi idiot que ça), et un mandroïd (une autre forme de cyborg). D’un autre côté mes ennemis d’entraînement manquaient aussi de surprise : Scarecrow, Riddler (Edward Nigma), et l’inévitable Joker. Le plus inattendu était Arnold Wesker (avec sa marionnette Scarface). À tout prendre, je préfère me souvenir de la juge Cassandra Anderson, une femme sensée et accessible à la discussion.
Alfred : Il semblerait que vous n’ayez donc point poursuivi de correspondance avec ce policier, mais peut-être avec l’athlétique Judge Anderson ? Je comprends : un individu œuvrant pour la Loi, officier de police, utilisant la force pour imposer la Loi, agissant casqué sans qu’on voit son visage. Des méthodes trop incompatibles avec les vôtres ?
Bruce : Toujours aussi fin psychologue, ce cher Alfred. Par contre, je me souviens bien de celui qui est venu après dans Batman vs Predator (1991) un extraterrestre voulant pour prouver sa valeur au combat. Un peu expéditif dans ses manières, pas très futé dans ses choix d’opposants (il avait choisi un simple boxeur détenteur d’un titre quelconque pour commencer), mais là je crois que je lui ai bien fait comprendre qui est le plus fort.
Alfred : C’est vrai qu’Andy Kubert, encré par son frère Adam, vous avait rendu votre apparence de créature de la nuit, et que Dave Gibbons vous avait conçu une belle armure. Mais vous conviendrez que l’histoire vous faisait grosso modo reprendre le rôle joué par Danny Glover dans le film Predator II sorti en 1990 (tiens, encore un policier…) Tout de même, je crois me souvenir qu’il vous a fallu un peu d’aide pour venir à bout de ce prédateur.
Bruce : Un peu d’aide ? Pas la première fois. Ensuite dans le second volet intitulé Bloodmatch, sorti en 1995, Huntress (Helena Bertinelli) jouait dans la catégorie des amateurs, il a plutôt fallu que je veille sur elle; Doug Moench (scénario) et Paul Gulacy (dessins) ont absolument voulu ajouter une touche d’humour dans leur narration, à base de clins d’œil, pas très bien venu dans un affrontement aussi dangereux.
Alfred : A croire que les capacités des Predators allaient en s’amenuisant puisqu’il vous a suffi de l’aide de Robin (Tim Drake) pour les battre la troisième fois, dans Blood Ties, daté de 1997
Bruce : Enfin des chroniqueurs compétents ! Chuck Dixon s’est montré inventif, avec sa narration vive et sèche, et Rodolfo Damaggio s’est appliqué pour rendre compte des détails des différents lieux, ça fait du bien de travailler avec des professionnels !
Alfred : Oui, et puis ces matchs contre les Predators présentaient l’avantage pour vous de pouvoir en venir à bout, car il y en a toujours d’autres de leur race pour venir prendre leur place, pas besoin pour les auteurs de ménager une fin en queue de poisson, préservant tous les personnages intacts.
Bruce : Merci Alfred, pour ce sous-entendu plein de tact sur une particularité qui a rendu mes victoires faciles… Je me demande quelle excuse vous allez trouver au gugusse suivant…
Alfred : Ah non ! Le suivant mérite tout votre respect et je crains qu’il ne faille évoquer une défaite pour vous.
Bruce : Ah, parce que maintenant vous en êtes à compter les points ?
Alfred : En y regardant de près, Hunter Rose (Grendel) est votre double en mieux, mais s’adonnant au crime pour tromper son ennui existentiel. Il a bâti sa fortune tout seul à partir de rien (pas comme un certain milliardaire de ma connaissance). Ses vols et autres forfaits comprennent toujours une dimension spectaculaire, divertissante pour le public, ses actions ne manquent pas de panache (contrairement à un sombre chevalier que je ne nommerai pas). Il dispose d’un intellect aussi brillant que le vôtre, et il n’hésite pas à montrer ses émotions à une petite fille.
Bruce : Encore un peu et vous allez me dire que vous souhaitez changer d’employeur. Je crains que vous ne vous soyez laissé abuser par la dextérité de la mise en forme de Matt Wagner (scénario & dessins) sur le diptyque Devil’s Riddle et Devil’s Masque, daté de 1993. Il a construit son intrigue et ses planches de manière conceptuelle de manière à nous opposer avec élégance, faisant ressortir toute la grâce d’Hunter Rose, avec de magnifiques couleurs de Joe Matt. Mais ne vous laissez pas tromper par ces mises en page géométriques, le Grendel est un criminel qui n’hésite pas à tuer, pas un Robin des Bois. Il est toxique pour la société. Et le pire, c’est qu’il y en a eu plusieurs.
Alfred : Si c’est encore Matt Wagner qui chroniqué votre rencontre avec un deuxième Grendel venu du futur, dans Devil’s Bones et Devil’s Dance, publiés en 1996, on dirait qu’il s’agit de quelqu’un d’autre. Les savantes compositions de page ont disparu, au profit d’une narration épurée. Seul le crâne d’Hunter Rose apparaît, vous vous battiez en fait contre Arnold Schwarzenegger dans son rôle de Terminator.
Batman : Encore une référence cinématographique ? Je vois qu’on s’occupe, pendant mes nuits de patrouille à Gotham…
Alfred : Ma foi, vous semblez bien les connaître, ces références…
Batman : C’est normal. Je suis Batman, je me dois de tout connaître…
Alfred : … et vous avez effectivement tout connu… des hauts comme des bas, à l’instar de monsieur Frank Miller qui écrivit une rencontre bien anecdotique entre vous et le dénommé Spawn…
Batman : C’était en 1994 et Todd Mc Farlane fut tout heureux de pouvoir m’associer à son rejeton de l’enfer, aspirant à un jour devenir aussi iconique que moi… En prime, Frank Miller avait précisé de manière explicite que cette histoire me mettait en scène dans la continuité The Dark Knight Returns, de quoi faire saliver les fans. Rompant avec les règles établies, McFarlane en a même profité pour incorporer un changement dans Spawn qui a perduré dans sa série mensuelle (une blessure au visage, rafistolée par un lacet). Mais il n’en est jamais rien ressorti de bon, que ce soit dans ce match aller ou le match retour, écrit par un trio de scénaristes et dessiné par Klaus Janson.
Alfred : Doug Moench, Chuck Dixon et Alan Grant, si je me souviens bien ? Voilà des auteurs plein de sensibilité et dont l’approche subtile et métaphysique devait pourtant coller à merveille aux protagonistes du récit.
Batman : Votre ironie mordante finira par vous jouer des tours, Alfred. Tant qu’à rencontrer un personnage conçu à mon image, je préfère encore The Darkness / Batman, publié en 1999, avec Scott Lobdell et Jeph Loeb pour choisir mes mots et Silvestri/Finch/Lansang pour me dessiner. Le mafioso Jackie Estacado et son oncle Frankie Franchetti débarquaient à Gotham pour prendre les choses en main. Mais une vieille connaissance de Jackie, le jeune Jenny Romano, qui travaillait dans Crime Alley, allait changer la donne…
Alfred : Seigneur, je ne vous aurai jamais prêté ce goût pour le vulgaire ! Ne me dites pas que vous avez également eu une aventure d’une nuit avec Mademoiselle Sara Pezzini, la détentrice de la Witchblade ?!
Batman : Hé non ! Cela dit, j’aurais apprécié… Mais au-delà de dessins très connotés 90s, ma rencontre avec The Darkness me renvoyait à ma propre tragédie. Jackie Estacado et moi, nous avons tous les deux été orphelins, seuls dans la nuit… J’ai choisi la nuit et la nuit l’a choisi. Je me drape dans l’obscurité mais je cherche pourtant à susciter l’espoir.
Alfred : Ainsi, malgré vos envies d’ailleurs et d’altérité, vous êtes toujours à la recherche de vous-même ! Et vos rencontres inter-éditoriales ne sont jamais aussi réussies que lorsqu’elle vous confronte à un alter-ego.
Batman : Alors, pendant mes patrouilles, en plus de dévorer les films, vous lisez Psychologies Magazine ? Votre analyse est… intéressante. Cela dit, vous oubliez que je suis unique et que certains auteurs, l’ayant bien compris, préfèrent me confronter à des adversaires/partenaires radicalement différents…
Alfred : Radicalement différents? À nouveau, les responsables éditoriaux parient sur un rapprochement avec une autre série dont Dark Horse exploitait la licence : après les Predators, les Aliens. Quelle originalité !
Bruce : Tiens, vous êtes maintenant spécialiste en xénobiologie ? Impossible de confondre des chasseurs experts, avec des experts en perpétuation de la race, va falloir réviser Alfred. Pour me convaincre d’exterminer quelques Aliens dans ce récit publié en 1997, les responsables éditoriaux avaient réussi à embaucher le légendaire Bernie Wrightson, j’ai tout de suite dit oui.
Alfred : C’est vrai que vous étiez à votre avantage, avec des oreilles démesurées pour votre costume, à écarter les lianes dans une jungle à la frontière du Mexique et du Guatemala, juste à côté d’une pyramide maya, sous un soleil de plomb. Tout à fait votre environnement naturel…
Batman : Wrightson n’y est pour rien, c’est Ron Marz (le scénariste) qui a oublié que je suis une créature de la nuit (je me demande comment il faut que je m’habille pour qu’il le comprenne). Il m’a même obligé à tuer ces aliens, contrairement à mon code de conduite. Du coup, j’ai préféré tout oublier de la deuxième confrontation avec ces horreurs extraterrestres, qui se passait à Gotham, sous la plume d’Ian Edginton, et le pinceau de Staz Johnson. Il faut dire que même les meilleurs scénaristes ont bien du mal à se montrer convaincant dans l’exercice des crossovers, comme James Robinson pour Batman/Hellboy/Starman, paru en 1999.
Alfred : C’est un peu facile de faire porter le chapeau au scénariste, comme si vous n’y étiez pour rien. Ron Marz ne vous a-t-il pas concocté une aventure savoureuse avec Tarzan dans Claws of the Cat-Woman, crossover en 4 épisodes paru en 1999 ? Il y dressait un parallèle particulièrement pertinent entre la jungle urbaine de Gotham et la vraie nature sauvage sur laquelle règne Lord Greystoke. Une variation héroïque du rat des villes et du rat des champs. Igor Kordey vous avait affublé un drôle de masque mais aussi d’une princesse africaine venue allonger votre longue liste de conquêtes…
Batman : Toutes mes excuses Alfred. Pour me faire pardonner, envoyez un chèque au syndicat des scénaristes de comics… Malgré tout, pour en revenir à Hellboy, Robinson s’est montré d’une platitude incroyable, alors qu’il me faisait rencontrer son personnage emblématique (Jack Knight, alias Starman), et la créature de Mike Mignola qui dessine ces 2 épisodes. Il s’est contenté de me balancer au milieu d’un paquet de nazis sans âme, ni identité, pour combattre un monstre générique dérivatif des grands anciens d’Howard Philips Lovecraft. Pour leur défense, ils ont bien mis en avant mon côté créature de la nuit.
Alfred : Le noir met si bien votre silhouette en valeur… Et pour votre meilleur profil, ils vous avaient consulté ? Heureusement le niveau de testostérone augmente avec la rencontre suivante : un dur de dur, un vrai de vrai, un mercenaire, écrit par Brian Azzarello (monsieur 100 bullets), et dessiné par Lee Bermejo (Monsieur hyper-réalisme).
Bruce : Je m’en voudrais de vous contredire, mais c’est un peu plus compliqué que ça, cette rencontre avec Michael Cray alias Deathblow. En fait, Azzarello a déroulé deux histoires en parallèle, me mettant en scène dans le présent et ne faisant apparaître mon partenaire que dans des flashbacks.
Alfred : Ce procédé me rappelle un peu Le Parrain II : Robert De Niro et Al Pacino s’y partageaient l’affiche sans aucune scène en commun !
Batman : Il fallait encore que vous fassiez une référence au septième art, et avec une histoire de mafieux, en plus ! Bref, cette histoire en trois parties intitulée After the fire, datée de 2002, m’avait confronté à un incendiaire assez quelconque, en quête de vengeance.
Alfred : Ah ! la vengeance, quel mobile méprisable ! Heureusement, vous êtes bien au dessus de cela, maître Bruce !
Batman : Je préfère ne pas relever, Alfred… Ce qui relevait le niveau de l’histoire en l’occurrence, c’était l’esthétique des illustrations de Lee Bermejo, secondé par Tim Bradstreet à l’encrage. Pour l’occasion, ma garde-robe fut revue et actualisée avec un costume au design très travaillé, alliant élégance et réalisme, que j’aimerais porter plus souvent. Mes fans ont sont doute apprécié ce crossover plus pour les images me représentant dans ces beaux atours que pour l’intrigue dont on avait rapidement fait le tour.
Alfred : Juste ciel, sombreriez-vous dans le narcissisme ? A moins que ce soit du fétichisme costumier ? Du point de vue vestimentaire, les lecteurs souhaitant vous voir défiler dans diverses tenues furent servis avec Planetary/Batman, par Warren Ellis et John Cassaday, publié en 2003. Venue à Gotham pour enquêter sur une singularité, l’équipe d’Elijah Snow fut prise dans une perturbation dimensionnelle et rencontra successivement plusieurs de vos incarnations : depuis celle de votre apparition originelle dans Detective Comics à l’ombrageuse déclinaison de Dark Knight Returns en passant par la version kitsch de votre série télévisée de 1966.
Batman : Vous voyez Alfred ? Je suis unique et pourtant multiple ! Planetary s’intéressent aux phénomènes remarquables et aux monuments de la pop-culture… C’est tout moi ! Tous ces héros ou adversaires inter-éditoriaux peuvent bien venir se mesurer à moi, ils n’agripperont jamais qu’un seul pan de ma cape, qui en compte une multitude, embrassant l’immensité nocturne que je constelle de mes exploits…
Alfred : Monsieur, monsieur, revenez parmi nous ! Je me dois de vous rappeler à la modestie. Il me semble que Jakita Wagner vous avait donné du fil à retordre. Vous êtes loin d’avoir dominé le duel qui vous avait opposé… Et dois-je revenir sur votre échec face à monsieur Hunter Rose ?
Batman : Ce n’était pas une défaite. Au pire, un match nul. L’astuce de Matt Wagner avait été d’explorer les différences entre moi et ce parvenu tout en incluant plusieurs personnages secondaires dont la vie serait changée par notre rencontre, alors qu’il était évident que ni le Grendel ni le Batman ne pourrait voir leur destinée modifiée dans ce type de récit.
Alfred : Vous voilà tout échauffé à l’idée d’évoquer toutes ces rencontres délirantes, des Predators à Spawn en passant par Deathblow ! Qu’est-ce qui vous ragaillardit ? Tous ces scénaristes et dessinateurs ont donné une interprétation plus ou moins personnelle, au travers de scénarios plus ou moins inspirés, contre des gugusses délirants, sans jamais que vous n’y nouiez une amitié.
Batman : C’est vrai que je suis avant tout célèbre pour mes amitiés durables, dommage que les personnes concernées n’y survivent pas longtemps (à par vous et Gordon). En écoutant vos sarcasmes plus ou moins pertinents (vous avez déjà été meilleur), j’ai constaté que je n’y ai jamais perdu mon identité, et qu’elle s’en est parfois trouvée renforcée. Cela m’a aussi permis de fréquenter des auteurs peu attirés par DC Comics, mon employeur de toujours.
Alfred : Vous avez même retrouvé des amis perdus de vue pour la même raison, comme Frank Miller ou Todd McFarlane. Cela a incité certains nouveaux à revenir, comme Matt Wagner. Qu’y avez-vous gagné d’autre ?
Batman : Je ne pense pas avoir gagné beaucoup de lecteurs avec ces rencontres. Mais il reste des images exceptionnelles (Simon Bisley, Matt Wagner, Lee Bermejo), et quelques aventures bien troussées, soit sur la base d’une intrigue solide (Chuck Dixon, Brian Azzarello), soit par un jeu de miroir avec l’autre (Darkness, Grendel, Tarzan), soit par une combinaison des 3 comme avec Grendel (Hunter Rose) ou Planetary.
Alfred : Que ce soit auprès de personnages iconiques ou aux côtés de héros plus dérivatifs comme le Green Hornet dans la récente maxi-série en 12 épisodes de 2014, l’honnêteté m’oblige à le reconnaître : ces rencontres renforcent à chaque fois votre unicité et votre pérennité.
Batman : Je pense qu’il n’est pas possible de me faire un plus beau compliment, et qu’il vaudrait mieux en rester là. Mais que tenez-vous donc dans les mains ?
Alfred : Un exemplaire du Previews de novembre… Ah, on vous annonce une nouvelle escapade extra-éditoriale !
Batman : Formidable ! Quel univers fictif aura l’honneur de ma visite ? Retournerais-je chez Marvel pour m’associer à Moon Knight ? Le chevalier noir et le chevalier de la lune, avec un bon artiste et la plume de Warren Ellis, cela aurait de l’allure !
Alfred : Monsieur…
Batman : Sinon, je pourrais passer le bonjour aux étranges X-Men, mon aura raviverait leur franchise déclinante. Cela serait valable avec Fantastic Four, aussi. J’échangerais volontiers avec Reed Richards sur les méthodes pédagogiques adaptées à la vie familiale super-héroïque…
Alfred : Monsieur…
Batman : Ou alors une galante soirée avec Sara Pezzini ? Dans une intrigue mêlant action et glamour ? Je crois que cela m’irait comme un gant !
Alfred : Monsieur, on vous annonce avec les Tortues Ninja !
Batman : Ah…
Dites-moi, Gordon ne pourrait pas me remplacer sur ce coup-là ?
Encore un article qui concoure haut la main aux meilleurs articles 2015. Cagoule basse les gars ! Et félicitations à JP pour avoir entraîné Présence dans ce jeu de rôle savoureux !
Merci pour ces articles ambitieux dans le fond et la forme qui, hélas ne s’accommodent pas forcément, avec le rythme de parution quotidien. Il est donc probable que je fasse (encore) un break demain pour que ces articles trouvent leur public…Sorry Guys…
Bien entendu, je n’ai jamais lu, ni ne lirai cela….Par contre une anecdote….
Il y a 5 ans maintenant, j’étais sur une plage déserte avec Mme en Equateur…Quand je dis déserte, c’est vraiment littéral et littoral…..
Et puis, comme le générique de Kung Fu apparaissent au loin, deux mecs qui s’approchant engagent la conversation. Le courant passe, ce sont deux types en mission humanitaire (l’un d’eux est même mort quelques mois plus tard….) qui adorent les Comics !
On passe la nuit sur des hamacs face à l’océan pacifique à vider bouteilles de Whisky et de Rhum en parlant BD. Et là, un des gars me parle d’un crossover Predator/ Batman….L’acool aidant, je suis pris d’une crise de fou rire en songeant à l’absurdité de la chose. Un instant qui compta dans ma vie, d’autant plus que tard dans la nuit (ou tôt le matin), Luna a sûrement été conçue après cette rencontre pour me faire pardonner mon ivrognerie de cette soirée…..
La boucle est bouclée et voici enfin cette histoire sur ce blog qui est un peu mon deuxième enfant….
-Larme-
Cumulant les deux articles (Marvel+Indep), j’en ai lu environ le 3/4 des comics cités. De bons souvenirs, mais c’est vrai que je suis désormais moins attiré par les crossover « improbables ». D’ailleurs, je crois bien que mes Judge Dredd, Predator et Punisher sont passés à la trappe lors de mon dernier tri.
Je garde bien entendu le Captain America pour Byrne 😉
Une lecture nostalgique comme j’aime! Merci messieurs!
Sinon, c’est du joli Bruce^^ En fait, je ne dis rien parce que ma fille est là grâce à World of Warcraft, c’est pire presque… 🙂
Alors là… Total RESPECT ! Cet article est fabuleux et se hisse directement dans mon top 3. Il y a tout : l’érudition, la mise en perspective de ces histoires disparates, une idée géniale de dialogue et enfin un humour qui fait totalememnt mouche chez moi et croyez-moi c’est pas simple pour me plaire !
J’ai lu deux de ces histoires : celle de Planetary et celle avec Dredd. Je les aime bien car elles sont à l’image de cette chro, pleines d’humour. J’aime les parodies et les histoires qui savent ne paq se prendre au sérieux. Pour cela Bisley est un chef et ses dessins fabuleux.
Je suis encore abasourdi, c’est génial !
Le fait qu’à nous 2, nous ayons lu toutes ces histoires en dit long sur notre degré de dépendance aux comics. Et quel plaisir de pouvoir recaser la réplique de Bruce Wayne à Alfed : Write them a check.
Oui, je confirme, superbe réplique et superbe utilisation dans votre article. Sincèrement, je suis bluffé et humble devant tant de bons mots. Fantastique.
Avec tout le teasing effectué ces derniers jours, je ne vais pas jouer la fausse modestie : je suis très content de cet article.
Le nombre de récits à couvrir et le fait que les mécanismes de crossover aient déjà été décortiqués dans le premier article m’ont incité à essayer un autre format.
Quand je lui ai proposé l’idée du dialogue Alfred/Batman, Présence a aussitôt fait le rapprochement avec une histoire de Batman Black&White par Gaiman et Bisley, où les personnages « jouaient » dans leur histoire.
Bien que Présence soit tout à fait qualifié pour faire le Dark Knight (c’est un peu le Batman du blog), je me suis dit que ce serait plus fun que chacun joue alternativement à la fois Alfred et Bats…
Et ce fut très amusant de jouer à être Batman (un peu grandiloquent par moment) et Alfred (souvent ironique, parfois un peu prude).
Et donc, à nouveau, merci à Présence, mon partenaire sur cet article et au boss Bruce pour accepter nos élucubrations sur son blog.
Un grand merci à JP Nguyen pour le concept du format. Je ne suis pas particulièrement faire de ma propre rédaction (parce que j’ai utilisé les 3 seules blagues que je connais, et encore elles ne sont pas de moi), et je l’en remercie d’autant plus que le lecteur ne puisse pas déterminer qui a écrit quoi (ouf !).
Je suis très content du format car il a permis une intégration de nos interventions jusqu’à la fusion, avec la latitude de modifier la formulation de l’un ou de l’autre, de relancer le suivant par une question, et tout ça sans aucun problème d’ego. Je trouve que le résultat est un travail collaboratif très abouti.
Ben moi j’ai pas eu le temps de lire cette chronique en temps réel à cause du rythme effréné de ce blog de fous-furieux, dont l’association des deux contributeurs ci-dessus illustre parfaitement le propos… 🙂
Je n’ai quasiment rien lu de tous ces crossovers mais « Spawn/Batman », « Batman/Hellboy » et « Darkness/Batman » dorment sur mes étagères…
Ah ! oui : J’ai lu « Batman/Tarzan » et j’ai trouvé ça très mauvais. Le concept était super mais la narration old-school laborieuse de Ron Marz alliée aux dessins médiocres de Kordey n’auront, je trouve, rien fait de bien de cette idée excitante. J’ai ainsi revendu sans regrets mon joli coffret cartonné avec son poster et ses quatre fascicules…
J’ai récemment lu le tome complet Batman / Judge Dredd chez Urban. A part la première histoire, intégralement dessinée par Simon Bisley et que j’avais donc déjà lue (je m’en souvenais bien car elle propose des poses inoubliables en plus d’être vraiment marrante, par contre impossible de me souvenir où, sans doute dans une vieille édition Comics USA lue chez mon cousin), les quatre autres ne valent que pour le graphisme, notamment celle avec Glenn Fabry. Elles sont sans fond et un peu crétines à l’image des personnages : la dernière est un crossover Lobo / Judge Dredd. Vous avez donc bien raison lorsque vous dites « Mais finalement cette première rencontre a encore été la moins pathétique des 4. »
En commentaire rapide :
Jugement à Gotham, par Grant & Wagner, avec Simon Bisley
Cette première rencontre entre Batman et Judge Dredd est un demi-échec, et une demi-réussite. Malgré leur légitimité à écrire ces 2 personnages, Alan Grant et John Wagner se contentent d’une intrigue basique et sans épaisseur, et Simon Bisley ne se donne pas beaucoup de peine pour essayer de donner de la substance à Gotham ou à Mega-City-One. Dans les bons cotés, il y a une connaissance réelle des 2 personnages et de leurs personnages secondaires (avec un favoritisme pour ceux de Dredd), une volonté de montrer le heurt entre 2 alpha-mâles refusant de soumettre, ou de coopérer, et quelques moments d’humour essentiellement visuels.
babelio.com/livres/Wagner-Batman-et-Judge-Dredd-tome-1–Jugement-a-Gotham/94007/critiques/1057839
Vendetta à Gotham, par Grant & Wagner, avec Cam Kennedy
Pour cette deuxième rencontre entre Dredd et Batman, Grant & Wagner ont un peu étoffé leur scénario, et augmenté la dose d’humour gentiment moqueur. Les dessins de Cam Kennedy n’ont pas la flamboyance des peintures de Simon Bisley, mais ils en ont l’humour.
babelio.com/livres/Wagner-Batman-Judge-Dredd-Vendetta-in-Gotham/845322/critiques/1062266
La grande énigme, par Grant & Wagner, et Carl Crichtow & Dermot Power
Pour ce troisième (ou quatrième) Batman / Dredd, Grant & Wagner semblent s’être résignés à l’impossibilité d’écrire une histoire respectant toutes les contraintes du genre (même temps d’exposition pour les 2 personnages, pas de conséquences sur le statu quo). Ils ne font donc même pas semblant et organisent des affrontements insipides, sans même s’intéresser à la confrontation des 2 personnalités entre Dredd et Batman. Les illustrations de Critchlow et Power transcrivent bien la virilité et la brutalité physique des affrontements, mais sans ironie ou distanciation, ce qui ne suffit pas à sauver cette histoire.
babelio.com/livres/Grant-Batman-Judge-Dredd–La-grande-enigme/894756/critiques/1061594
Merci Présence !
« et quelques moments d’humour essentiellement visuels » Je pense que au-delà des dessins de Bisley que je trouve magnifiques (lorsque Judge Death joue de la guitare sur scène par exemple), toute l’histoire ne tient que là-dessus, cet humour pince-sans-rire. Pour moi c’est une réussite d’histoire comique.
La seconde histoire m’a parue plus fade même si joliment élaborée avec des dessins toujours conséquents. Par contre la troisième est une catastrophe en effet. Et la quatrième ne vaut que pour les dessins de Fabry.