Constitution de l’équipe des renégats

Harbinger : Renegades par Joshua Dysart et collectif

Promis : il y a de l'action dans ce tome

Promis : il y a de l’action dans ce tome©Valiant

AUTEUR : Présence

VO : Valiant

VF : Panini, Bliss 

Ce tome fait suite à Omega rising (épisodes 1 à 5) qu’il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2012/2013, tous écrits par Joshua Dysart.

L’épisode 6 est dessiné par Phil Briones et encré par Andrew Hennessy. L’épisode 7 est dessiné par Barry Kitson, avec l’aide de Lee Garbett et Khari Evans. L’épisode 8 est dessiné et encré par Lee Garbett. L’épisode 9 est dessiné par Pere Pérez. L’épisode 10 est dessiné et encré par Matthew Clark.

Kris Hathaway se rend comme chaque jour à l’immeuble dans lequel Joseph Irons a trouvé refuge. Ce jour-ci elle arrive devant une façade éventrée par une explosion. Alors qu’elle l’examine de loin, elle est victime d’un curieux phénomène : elle perd 3 minutes de son temps, sans explication. Puis elle retourne chez ses parents, dans leur pavillon de banlieue, où sa mère contemple atterrée les factures médicales, pour son mari qui ne s’est pas remis de son attaque cardiaque. Cette nuit-là, Kris est contactée par Faith Herbert, qui lui demande de l’appeler Zephyr (le nom de code qu’elle s’est choisie).

Kris Hathaway prête à reprendre la main

Kris Hathaway prête à reprendre la main ©Valiant

Faith Herbert emmène Kris Hathaway auprès de Peter Stanchek, le jeune homme doté de pouvoirs psychiques qui en abusé sur elle. Elle décide de refuser la position de victime et prendre les choses en main. La situation est complexe et dangereuse, mais elle dispose d’un atout de taille : le sentiment de culpabilité de Peter Stanchek lui-même.

Avec le premier tome, Joshua Dysart avait réussi un petit exploit en racontant une histoire d’individus dotés de superpouvoirs, centrée autour d’un jeune homme rebelle ayant des difficultés à maîtriser ses pouvoirs, sans ressembler aux X-Men ou aux Teen Titans, sans costumes moulants, sans combats à coup de poings, et sans altruisme, avec un clivage Bons / Méchants tout relatif. Le lecteur revient donc à cette série, avec une vraie curiosité dans la mesure où elle n’est pas enlisée dans des schémas usés jusqu’à la corde, et où beaucoup de choses sont encore possibles. Effectivement, la première séquence voit le retour d’un personnage dont il pensait qu’il avait fait son temps.

La déterminée Kris Hathaway & l'inénarrable Faith Herbert

La déterminée Kris Hathaway & l’inénarrable Faith Herbert©Valiant

Dans le premier tome, Peter Stanchek avait fait usage de son pouvoir de manière particulièrement immorale, en intimant à Kris Hathaway d’éprouver un sentiment amoureux pour lui, et en couchant avec elle. Cette jeune femme avec un anneau sur la lèvre et un piercing au menton est le centre de l’introduction et joue un rôle de premier rang tout du long de ces 5 épisodes. Le lecteur est d’autant plus à contre-pied qu’elle ne dispose d’aucune capacité télépathique, ni aucun pouvoir d’aucune sorte. Le scénariste prend le temps nécessaire pour montrer et établir la force de caractère de Kris Hathaway. Elle ne se laisse pas faire, elle est aussi rebelle que Stanchek à sa manière, et elle a une faille de taille. Ce que lui a fait subir Stanchek a laissé une trace indélébile, avec une dimension à la fois romantique et tragique qui lui apporte une touche tragique inattendue et très particulière.

Ainsi, si le titre de la série Harbinger renvoie à Stanchek, il partage la vedette avec Kris Hathaway. Ce n’est pas tout car l’inénarrable Faith Herbert est toujours présente, toujours aussi décalée, toujours aussi pétulante, avec une approche de la vie qui sort de l’ordinaire. Il faut lire ce recueil pour croire qu’un tel personnage puisse exister, qu’un scénariste puisse réussir à faire passer une telle personnalité. Qui plus est Dysart ne s’en tient pas un artifice à répétition, il montre au lecteur une partie de l’histoire personnelle de Faith Herbert, établissant que ses traits de caractère ne sont pas factices et qu’ils se sont développés avec le temps.

Le plaisir du vol autonome (et ses limites)

Le plaisir du vol autonome (et ses limites) ©Valiant

Tout aussi agréable que soient ces 2 personnages féminins, ça ne suffit pas à remplir 5 épisodes. Joshua Dysart sait faire exister ses protagonistes, avec une sensibilité qui sort des sentiers battus et des stéréotypes qui pullulent dans les comics de superhéros. Du coup, le lecteur est entièrement convaincu par la nature des décisions des uns et des autres, et par la stratégie sortant de l’ordinaire de Kris Hathaway. Il adhère à son point de vue. Il comprend comment elle en est arrivée à choisir ce mode d’action, tout en se laissant surprendre par ledit mode d’action. Le scénariste réussit la combinaison paradoxale de montrer et justifier des choix excentriques, et d’arriver à un stéréotype des comics de superhéros : la composition d’une équipe, avec des membres à l’écart de la bonne société. Loin de revenir dans des poncifs, il fait encore plus fort en introduisant des personnages en marge de la société et originaux, parce que la confidentialité relative de l’univers partagé Valiant lui permet de s’écarter des moules habituels de DC et Marvel.

Joshua Dysart ne s’arrête pas en si bon chemin. À l’issue du premier tome, le lecteur a bien compris que la dynamique principale de la série serait l’opposition conflictuelle entre Peter Stanchek et Toyo Harada. Seulement, Peter Stanchek ne revient pas dans les critères usuels propres au héros, ou même au superhéros. Il ne devient pas altruiste pour l’amour de sa bien-aimée, il ne renonce pas à l’abus de ses pouvoirs pour s’en tenir à un code moral rigide. Même, il ne pardonne pas à ceux qui l’ont offensé. Bien sûr il y a usage de superpouvoirs, et même velléité d’un semblant d’uniforme, mais pour autant cela ne s’apparente jamais au chemin bien balisé des récits de superhéros. Ainsi le scénariste navigue à la limite de la partition Bien / Mal, sans jamais se soumettre à cette dichotomie.

Ingrid Hillcraft rend compte à Toyo Harada

Ingrid Hillcraft rend compte à Toyo Harada ©Valiant

A priori, ce n’est jamais un bon signe quand dans un seul tome, 5 dessinateurs se succèdent dans autant d’épisodes. C’est le signe d’une forme d’instabilité, synonyme de bouche-trou. Néanmoins, en jetant un coup d’œil aux titres des chapitres, le lecteur constate qu’ils portent chacun le nom d’un personnage différent, du coup le choix de l’alternance des artistes peut trouver un semblant de sens par rapport au récit. Phil Briones privilégie un découpage avec des cases de la largeur de la page, sans pour autant se contenter d’un visage en train de parler au milieu de la case, et rien derrière. Le lecteur apprécie ce soucie de conserver une approche réaliste et descriptive à la partie graphique. Globalement il représente un bon niveau de détails permettant une immersion de qualité.

Dans le premier épisode, le lecteur tombe sous le coup de la surprise dans une séquence pourtant calme. Il prend alors conscience de la qualité de la mise en scène et des angles de prises de vue de Briones qui réalise un travail d’une qualité bien supérieure à celle de l’ordinaire des comics. Il réussit même à trouver le juste milieu entre une approche concrète et une approche un brin idéalisée pour les coiffes en papier aluminium, concoctée par l’inénarrable Faith Herbert. Comme son prédécesseur, il représente cette dernière avec une grande honnêteté quant à son apparence, son obésité, et son sourire inaltérable.

Kris Hathaway et sa mère, par Phil Briones

Kris Hathaway et sa mère, par Phil Briones ©Valiant

Barry Kitson et Lee Garbett réalisent des dessins plus propres sur eux pour le deuxième épisode, avec une légère propension à faire joli. Le niveau descriptif reste à peu près le même, très légèrement en dessous (les arrière-plans tendent à se simplifier dans quelques cases). Les personnages sont un peu plus agréables à l’œil, en particulier Charlene Dupre (Flamingo), danseuse dans un bar à striptease. Ingrid Hillcraft (la psychologue) semble avoir nettement rajeuni par rapport au premier tome. Néanmoins, ils restent dans un registre qui évite les poses de superhéros, qui est en cohérence avec le ton visuel de la série.

Lee Garbett assure seul les dessins de l’épisode suivant. Il bénéficie d’un autre metteur en couleurs, Moose Baumann, plus impliqué dans l’action d’insérer des textures par le biais des couleurs, ce qui s’avère nécessaire, car Garbett se concentre plus sur la mise en scène et le contour des formes. Le résultat est agréable à regarder, avec un niveau de détails satisfaisant (grâce aux couleurs), tout en flirtant dans une case ou deux avec des clichés visuels plus superhéroïques.

Charelene Dupree, par Barry Kitson

Charelene Dupree, par Barry Kitson ©Valiant

Le travail de Pere Pérez est similaire à celui de Lee Garbett, avec le même degré fluctuant de détails dans les dessins et des visages parfois un peu trop simplifiés. Ce glissement n’est pas de nature à briser le charme de l’immersion, mais rapproche un peu la narration visuelle d’une représentation moins concrète, un peu simplifiée, ce qui induit un éloignement d’un ou deux degrés du monde réel, avec pour conséquence un pas de fait vers des superhéros plus traditionnels. Fort heureusement la nature des événements et les décisions des personnages maintiennent le récit éloigné des actions des superhéros traditionnels.

Le dernier épisode de ce tome marque le retour de Matthew Clark, déjà à l’œuvre dans le premier tome. Avec lui l’encrage s’éloigne des jolies courbes, pour reprendre des formes moins harmonieuses, légèrement plus tourmentées, pour une apparence plus adulte, plus en phase avec la nature de l’intrigue.

John Torkelson (Torque), par Lee Garbett

John Torkelson (Torque), par Lee Garbett ©Valiant

Avec ce deuxième tome, Joshua Dysart respecte le point de passage obligé de constitution de l’équipe, avec des rebelles et des laissés pour compte, en évitant tous les clichés inhérents à cette étape. Il sait faire passer la personnalité de chacun de ses personnages, continuer à surprendre le lecteur à chaque séquence maintenir une distance certaine avec les automatismes génériques des récits de superhéros, rendre les individus attachants, sans en faire des saints. Les dessins sont compétents, avec un excellent démarrage réalisé par Phil Briones, et pour les suivants des planches se démarquant assez de la production de masse des superhéros. 5 étoiles pour un récit qui a pris son envol, qui conserve sa différence, et des personnages très réussis.

Les 4 couvertures de Mico Suayan

Les 4 couvertures de Mico Suayan ©Valiant

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« Seuls sont les indomptés » 3/6
La meilleure équipe de super héros rebelles et incontrôlables depuis les X-Men de Claremont ? Les Harbinger de Joshua Dysart ! Bientôt édité par Bliss Comics, Présence joue les précurseurs pour Bruce Lit. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !

La BO du jour : De vraies têtes à claques ces Renégats, chacun enfermés dans leur propre solitude…

38 comments

  • Matt  

    Zut, ça a l’air bien.
    Je dis zut parce que je sens que ça va durer 400 épisodes cette série. A la walking dead…je sais pas pourquoi.
    Et si c’est trop long, je ne me lancerai pas.
    Tu sais s’il y a des arcs ? Des récits qui ont une fin ou tout se suit ?

    D’ailleurs c’est apparemment Harbinger v2 lorsqu’on regarde les épisodes VO publiés. C’est quoi le v1 ?

    Sinon, c’est moi ou le dernier scan est une référence à peine dissimulée à la couverture de Jim Lee des X-men lors de son Mutant Genesis ?

    • Présence  

      Je ne sais pas si je dois répondre à ta première question… 🙂

      Bliss Comics publie l’intégrale de la série en mars 2017 en 1 volume.

      Je n’ai plus le détail pour v1 et v2, je suppose que v1 fait référence à la série initiale de 1992, évoquée dans mon article sur le tome 1.

      http://www.brucetringale.com/touche-pas-a-mon-psiot/

      Pour la couverture évoquant Jim Lee, je laisse les autres visiteurs se prononcer : ça ne m’a pas sauté aux yeux, mais maintenant que tu l’as dit, je ne peux pas me le sortir de la tête.

      • Bruce lit  

        Matt,
        jette toi sur Harbinger. J’en parlerai plus dans mon bilan. C’est LA série à suivre. Un début, un milieu, une fin. Tout ce que les Xmen ont été pendant leur grandeur. Tout ce qu’ils ne sont plus. PAs de continuité indigeste. De voyage dans le temps. Un vilain fascinant.
        FONCE !!!!!!

  • Tornado  

    Zut, ça a l’air bien… (BIS)

    Je ne pense pas sauter le pas néanmoins. Parce que d’entrée de jeu je me suis refusé à sortir d’un univers partagé (Marvel) pour retomber dans un autre (Valiant). Il suffit.

    • Matt  

      Si Bruce nous confirme qu’on n’a pas besoin de lire autre chose que cette série, et que ce n’est pas un piège plein de tie in avec d’autres séries Valiant qu’on sera forcé d’aller lire, moi je veux bien tenter.
      Mais j’attendrais l’intégrale.

      • Bruce lit  

        @Matt
        Il y a bien un crossover au milieu que tu peux complètement ignorer sans souci pour l’histoire principale.
        La série se termine de manière claire et nette au volume 6. Le destin du vilain Toyo est esnuite explorée dans le Spin Off en 4 parties « Imperium » qui se finit également.
        J’ai cru voir qu’Harbinger était relancé par un autre auteur mais pour ma part il est tout à fait possible de s’arrêter là.
        De toute Manière Présence va vous en parler volume par volume.

        @Nicolas Giard : Peter commence la série comme un petit con manipulateur effectivement avant de tenter une rédemption qui…..
        A la différence de bien des héros Marvel, celui-ci est habité par un sentiment de culpabilité et de responsabilité. La relation qu’il noue ensuite avec son ancienne victime est brillamment écrite. Rappelons quand même que lorsque Wolverine ou Rogue ou Magneto ont intégré les Xmen, ils étaient non seulement des marginaux mais aussi des criminels au pied de la lettre. Et je me rappelle que Magnus ne s’est pas comporté non plus comme un gentleman avec la guêpe durant les guerres secrètes…
        Après j’entends et approuve complètement ta position féministe Nicolas, mais je t’assure qu’à aucun moment Peter est élevé en exemple. Bien au contraire, Dyssart revient longuement sur les conséquences de son acte.

        • Nicolas Giard  

          Merci Bruce, je préfère ça en effet. Je n’ai plus suivi cette série après la lecture des deux premiers TPB, la trouvant un peu redondante puisque j’avais déjà les 25 premiers numéros de la serie d’origine.

          J’ai vraiment du mal à me reconnecter aux comics…

        • Nicolas Giard  

          Rogue était en effet une criminelle, qui a commis un viol psychique avec la pauvre Carole Danvers, détruisant sa vie. Et Magneto a assassiné l’équipage entier d’un sous-marin sovietique et détruit une ville Russe. Pas des saints. Par contre, Wolverine a tué en tant qu’agetn des services secrets Canadiens, il avait tout license de tuer.

          • Bruce lit  

            Ahem…
            Wolvie a sûrement massacré des tas de pékins en freelance….

          • Matt  

            Et pour Rogue, c’était une gamine qui ne contrôlait pas son pouvoir et qui suivait la mauvaise influence de sa mère adoptive Mystique. Elle n’avait pas non plus l’intention de briser la vie de Danvers, son vol permanent de sa mémoire et de ses pouvoirs étant involontaire puisque le pouvoir de Rogue était censé agir temporairement. Elle s’en mordra les doigts plus tard avec un dédoublement de personnalité. Et puis bon c’est quand même quelqu’un qui ne peut toucher personne sans causer des blessures. Je trouve que ses mauvaises actions et sa rédemption ont été bien traitées.

  • Nicolas Giard  

    Je voudrai juste dire que peter stanchek est un petit con doublé d’un violeur, sans morale et sans conscience.
    Ils sont beaux les héros de maintenant !

    Non mais quelle merde.
    Bye les comics.

    • Présence  

      Tout à fait d’accord avec toi. Outre les arguments de Bruce, c’est aussi la richesse du récit que sa dynamique se base sur 2 individus (Peter Stanchek / Toyo Harada) qui ne sont ni tout bon, ni tout mauvais.

      Cela n’empêche pas qu’il y ait des personnages plus nobles comme Kris Hathaway et Faith Herbert que l’on peut qualifier de héros.

  • Bruce lit  

    un jeune homme rebelle ayant des difficultés à maîtriser ses pouvoirs, sans ressembler aux X-Men

    Au contraire cher Présence, je trouve qu’il y plein d’analogies avec les Xmen :

    -Peter ressemble trait pour trait à Gabriel Summers. ses réactions impulsives et souvent stupides aussi
    -La cover en hommage à Xmen Genesis
    -Toyo est un enfant d’Hiroshima. Un enfant de l’atome donc, comme au début de la série. Magneto d’Auschwitz. Deux personnages victimes de l’histoire tenant de la remodeler et d’y amener plus de justice par les moyens forts.
    -Toyo masque sa vieillesse. Magnus aussi par une astuce scénaristique de Claremont (il est de nouveau jeune après sa transformation en enfant)
    -Magnus coule un sous marin. Toyo un porte avion
    -Charlene, la rousse explosive de par son physique, ses pouvoirs (la maîtrise du feu et son destin rappelle….euh voyons….comment s’appelle t’elle déjà ?

    • Présence  

      @Bruce – Tu as raison, mais mon esprit est ainsi fait qu’il prend plus de plaisir à relever les éléments originaux qu’à effectuer un rapprochement entre les éléments similaires.

      • Bruce lit  

        C’est au contraire cette filiation qui m’enchante

  • Tornado  

    C’est rigolo, j’arrive presque à savoir qui a écrit l’article en lisant le titre. Celui d’aujourd’hui était forcément de Présence, par exemple !

    • Jyrille  

      Zut, ça a l’air bien… (TER)

      Je suis d’accord avec Nicolas, le personnage principal a l’air d’être détestable, mais ça a l’air super parce que justement, on voit autre chose que des types qui ne pensent qu’à faire le bien. Les développements ont l’air intéressants et adultes. Je regarderai passer ça, en tout cas, Présence, tu donnes super envie, clairement.

      Je suis d’accord avec Tornado, j’ai reconnu l’auteur de l’article avec le titre !

      • Matt  

        C’est vrai que ça semble intéressant même si c’est effectivement moralement discutable. Mais comme je le disais hier, on est un peu trop prompt à juger des éléments fantastiques avec nos critères réalistes. Peut-on juger par exemple les souffrances endurées par une personne ne pouvant toucher personne et qui peut tuer en serrant la main de quelqu’un ? Peut-on exiger une parfaite stabilité psychologique de quelqu’un qui ne peut arrêter afflux de souvenirs des autres dans son propre esprit (ouais; pour ceux qui ont suivi, je prends l’exemple de Rogue^^)
        C’est comme avoir le Death Note en mains. Un pouvoir énorme (en plus souvent incontrôlable) si facile à utiliser pour obtenir ce qu’on veut. Qui ne tuerait pas un connard comme Trump s’il suffisait d’écrire son nom dans un carnet avant d’aller se coucher peinard sans bouger de chez soi à des centaines de km de la victime ?
        Bon ok tous les mutants n’ont pas des pouvoirs pareils…mais les X-men, même sans être parfaits; sont quand même des modèles de vertus. Moins dans les histoires plus récentes, mais je trouve qu’on a tendance à critiquer des comportements qu’on est incapables de comprendre (vu qu’on n’a pas de pouvoirs)
        Tiens bah j’irai même jusqu’à dire que la jeune Jean Grey de Bendis qui vient fouiller dans l’esprit de ses amis, c’est carrément compréhensible. Pas respectueux et surement out of character mais une jeune fille, même sympa et qui peut bien faire, ferait surement ce genre de conneries avec un pouvoir pareil. Qui pourrait s’en empêcher ? C’est donc intéressant d’explorer les tentations que peuvent avoir les gens à utiliser leurs pouvoirs.

        • Jyrille  

          Totalement. J’ai d’ailleurs oublié de redire que cela me faisait penser au film Chronicle dont j’ai parlé récemment. Et à un épisode grandiose de Buffy contre les vampires : https://fr.wikipedia.org/wiki/Voix_int%C3%A9rieures

      • Matt  

        Bon par contre ouais, il ne convient pas forcément de qualifier ces gens là de super héros^^
        Mais je ne pense pas que ce soit le cas dans ce comics.

  • Tornado  

    En tout cas, personnellement j’irais à l’inverse de Nicolas : Je ne supporte plus les super-héros tout beaux tout propres. Des personnages plus torturés qui font des crasses et doivent vivre avec, ça c’est intéressant. Pour moi c’est la vision de l’auteur qui l’emporte, pas celle des personnages.
    L’un des seuls super-héros purs qui continue à m’intéresser, c’est Superman car il souffre de la solitude et cherche sans arrêt à polariser l’amour des êtres humains. On comprend cette quête. En revanche, un type qui se lève le matin en pensant qu’il faut aller sauver tout le monde, sans faille, ça ne m’intéresse pas et ça me saoule parce que c’est un postulat un peu débile. Pire encore, quand je vois qu’il met un slip par dessus le collant flashy et qu’il roule des muscles, j’éclate de rire…

    • Matt  

      Ce n’est quand même plus trop comme ça les super héros.
      Enfin depuis le dark age comme on l’appelle, ils se battent quand même pas mal pour eux. Ou pour la terre (mais bon ils sont eux mêmes sur terre avec leurs potes donc ce n’est pas une question de pur altruisme) Ou contre des gens qui cherchent à les piéger. Pas pour sauver la veuve et l’orphelin.

      Les X-men n’ont jamais non plus arpenté les rues pour arrêter les cambriolages. Il n’y a que Spider-man ou Batman qui font ça (peut être Daredevil, je ne connais pas assez bien. Dans le run de Bendis et Brubaker il est surtout occupé par SES problèmes)
      Et encore pour Spidey on pourrait dire qu’il a besoin d’un désir de reconnaissance.
      Et Batman…euh…il est fou.

    • Nicolas Giard  

      N’oublie pas que ça reste de la fantaisie, Tornado. J’aime que les super-héros ne se conduisent pas comme de parfaits salopards, il faut une morale tout de même. Avant les X-Men, les Avengers, les JLA avaient une ethique de travail, mais plus maintenant.

  • Tornado  

    Oui, tu as raison. Ce n’est plus comme ça aujourd’hui.
    Tiens, Batman est effectivement fou. Et c’est très intéressant je trouve, cette folie canalisée. Encore un des seuls que je continue à suivre (comme quoi, les deux premiers super-héros de l’histoire des comics sont peut-être encore les plus intéressants).
    Quant aux autres, notamment la bande à Marvel, ils sont devenus des enveloppes vides, qu’on envoie bastonner dans des crossovers moisis. Ou alors, je ne sais pas si c’est mieux, on leur fait endosser des « clichés » sur pattes pour être dans le coup, l’espace de quelques épisodes, avant de les envoyer se fourvoyer dans… un crossover moisi.

    • Matt  

      Tu devrais lire Superior Spider-man. Ou comment aider les autres peut partir d’une folie mégalomaniaque et d’un désir de surveiller et contrôler tout le monde.
      Spider-man reste encore intéressant je trouve. Il faut juste esquiver les crossovers. J’ai par exemple arrêté après Superior. Je pensais continuer la série Amazing Spider-man suivante mais dès le tome 2, crossover Spider-verse (qui rappelle la saga du clone d’ailleurs on dirait…avec plein de versions de Spidey qui ne m’intéressent pas du tout)

    • Nicolas Giard  

      Des enveloppes vides, oui parfaitement. Et depuis longtemps. En plus l’univers « réel » de Marvel, a été detruit pour laisser la place à une copie sans saveur et puant le politiquement correct : un Captain America Noir, un Thor féminin. Stupide.

  • Tornado  

    Oui alors effectivement, Spidey (avec DD et Pupu, pour les intimes), reste l’un des seuls où j’espère encore lire des bonnes histoires. J’ai « Superior » qui m’attend sur mes étagères, et j’ai failli aussi acheter les Amazing qui ont suivi. Sauf qu’effectivement ça crossoverise toutes les deux minutes, notamment avec les 15 autres Spiderboys & girls. Et ça… Pas question ! Je ne lirai donc Spiderman que lorsqu’il sera redevenu autonome, bien que j’ai peur que ce ne soit pas demain la veille…

  • Tornado  

    @Nicolas : Je vois ce que tu veux dire avec le principe de la fantaisie. Mais personnellement je n’accroche pas aux personnages manichéens. Je n’y trouve aucun centre d’intérêt.
    A l’inverse je vais préférer détester une ordure, comme dans le Scarface de Brian DePalma, par exemple. Mais je veux le voir crever à la fin. Là où ma limite s’arrête, c’est si le salaud est transformé en héros, comme dans « Un Prophète » de Goddard. Là, par contre, je ne suis pas du tout preneur.
    Quoiqu’il en soit, je suis tout de même à la recherche d’aspérités. Je n’aime pas les personnages lisses.

    • Bruce lit  

      @Nicolas : la perte de valeurs morales de certains héros me choque moins que le manque d’équilibre des forces. Que Cyclope sombre du côté obscur après tout, pourquoi pas. Mais on se rappelle que la force des Xmen reste l’affrontement idéologique et pas seulement physique. Wolverine ou Magneto étaient intéressants quand lorsque leurs valeurs s’opposaient à celle des héros. C’était magnifique de le voir rentrer ses griffes face à une Tornade qui lui faisait la morale. C’est cet équilibre là qu me manque. Désormais, c’est comme si face à Vador, nous aurions un Dark Luke, ou un Obi Sith….
      Pour les HArbinger, l’habilité de la série, est de montrer la construction de l’héroïsme de Stanchek. Il commet un péché originel en manipulant Kriss et en abusant d’elle. Celle-ci ne le lui pardonne pas mais reconnait son potentiel à faire le bien. Stanchek va donc devoir se justifier et évolue vers l’héroïsme comme un prisonnier en liberté conditionnel.
      Je ne veux pas spoiler, mais le rapport entre victime et bourreau évolue pendant la série. Et jamais, Stanchek ne parviendra à se pardonner ses actes. Au contraire, il va sombrer progressivement dans l’autodestruction.
      Ce genre de truc, ben, j’achète. Parce que lutter ainsi contre soi même sans reboot ni résurcetion de merde correspond à du super héroïsme old school qui me convient (Tony Stark dont l’alcoolisme met en péril des milliers d’emploi, Peter PArker dont l’égoisme abouti au meurtre de son oncle, ou un paquet de super héros criminels repentis comme ANt Man. Inversement, la proppension au bien de Magneto ou Doom en font des personnages intéressants aussi. Harbinger reprend à mon sens les grandes années Marvel en l’adaptant sans démaggogie au siècle actuel.

  • Jyrille  

    J’en arrive à Harbinger Wars et j’ai bien fait de craquer car je trouve la lecture vraiment haletante. Les personnages évoluent vraiment bien, l’histoire est plus maligne que ce qu’elle pourrait être, et je trouve ton article vraiment fantastique. Même le dessin s’améliore je trouve, et le changement de dessinateur n’est pas vraiment gênant. Un vrai bon boulot, plutôt éloigné des super-héros mais avec des points communs malgré tout avec ce type d’histoire. Bref, tu en parles bien mieux que moi, et je suis d’accord avec tout ce que tu dis. Merci !

    • Présence  

      Moi aussi, j’avais trouvé que Joshua Dysart avait réussi à s’éloigner assez des superhéros pour faire quelque chose d’original.En regardant les images de ce tome, je constate avec plus de force l’importance accordée aux personnages féminins comme Kris Hathaway et Faith Herbert, et je regrette que Ingrid Hillcraft n’ait pas eu droit à plus de place.

  • Matt  

    Je viens de finir les 10 premiers épisodes.
    ça se lit tout seul, c’est vraiment très plaisant. Je suis bien d’accord que les personnages sont intéressants, notamment Kris et Faith l’éternelle enthousiaste.
    Je ne ressens pas spécialement d’antipathie pour Peter, même s’il est assez brutal. Ce qu’il fait au début de la série est certes salaud, mais je doute aussi qu’un jeune en difficulté puisse se priver de faire ça avec de tels pouvoirs. Peut être que je suis un salaud mais je pense que si les humains n’ont pas ce genre de pouvoirs dans la vraie vie, c’est pas pour rien^^ On ne pourrait pas se priver de les utiliser.

    C’est un peu comme avoir le Death Note. Qui ne s’en servirait pas ? Ne mentez pas ! Quand c’est si facile, sans conséquences pour vous, qui se priverait de buter un salaud en écrivant simplement son nom ? Je pense que Peter est très bien dépeint, même si de notre point de vue, il est évident qu’il a fait quelque chose de mal.
    Je pense juste qu’on ne peut pas comparer ça à un vrai viol où l’acte lui-même est violent, forcé. Là il n’y a presque plus de frontière entre l’intention (et on a tous eu des mauvaises pensées) et l’action puisqu’il lui suffit d’y penser pour que quelqu’un agisse comme il veut. Une belle illustration du pouvoir qui corromps quand il est si facile à utiliser et sans contrepartie.

    Je ne suis pas dérangé pour l’instant par l’alternance des styles de dessin. il y a vraiment pire comme manque d’homogénéité dans les comics. Là ça passe tout seul. Et pour l’instant, aucun style ne me pose problème.

    • Bruce lit  

      Ce que fait Peter à Kriss n’est ni plus ni moins si on y pense ce que Mastermind impose à Jean Grey. Étrangement Peter est immédiatement plus sympathique.

      • Matt  

        Peter cherche du réconfort, à ne plus être seul. Il le fait de la mauvaise façon mais d’une façon que ses pouvoirs (que personne ne devrait avoir) lui permet.
        Mastermind est surtout un vicelard qui s’amuse.

    • Présence  

      Ouf ! Un autre client satisfait.

      Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Effectivement, Stanchek n’a fait que succomber à une tentation à laquelle peu de personnes seraient capables de résister. Mais, à mes yeux, ça reste un viol. Il a contraint une personne à une relation sexuelle, en la privant de son libre arbitre. La violence n’est pas physique, mais elle est belle et bien présente.

      Au fur et à mesure des tomes, j’ai ressenti l’impression que les responsables éditoriaux avaient imposé un cahier des charges graphique qui permet une forme de cohérence entre les différents dessinateurs.

      N’y a-t-il que moi qui ait été sensible à l’empathie d’Ingrid Hillcraft ?

      • Matt  

        Dans les faits c’est un viol, certes. Mais Peter n’a pas eu à la forcer. Du moins pas physiquement. Si tu pouvais tuer rien qu’en le pensant, ne serait-ce pas plus facile de succomber à la tentation ? (et on a tous eu des envies de meurtre passagères sous le coup de la colère, mais qui sont des pensées fugaces très éloignées d’un passage à l’acte réfléchi).

        Le problème de Peter c’est qu’il n’a pas besoin de réfléchir, une pensée suffit et donc c’est beaucoup plus facile de faire des conneries. Ensuite Kris se jette sur lui comme si elle était vraiment amoureuse. C’est différent de la fille qui se débat. On peut imaginer qu’il se mentait à lui-même en pensant qu’elle était vraiment attirée par lui. C’est quand même un pouvoir de dingue qui doit carrément te faire perdre la tête. Tu ne forces pas juste les gens à faire ce que tu veux. Ils ont même l’air d’aimer ça.
        Psychologiquement, je pense que le ressenti doit être très éloigné du mec qui agresse une fille qui lui résiste. Si Peter avait mis une main aux fesses de Kris contre son gré et qu’il s’était pris une baffe, il aurait surement immédiatement regretté.
        C’est assez difficile d’imaginer l’état d’esprit et le ressenti du « mal » pour quelqu’un qui aurait de tels pouvoirs.
        C’est pourquoi, sans le défendre et prétendre qu’il est pur et innocent, c’est asse difficile à rapprocher d’une situation de la vraie vie.

        Bon par contre Kris est vraiment cool comme fille.

      • Bruce lit  

        En relisant l’intégrale des Harninger la semaine dernière j’ai trouvé un défaut, un seul à cette histoire. Dysart semble avoir été pris par le temps et aurait mériter quelques épisodes de plus pour développer certains personnages : Le moine Sanglant dont on ne comprend pas ce qu’il fout là et où il est réellement, Charlene et Ingrid donc.
        Ingrid m’évoque un peu Featherstone de Preacher: une femme bien de l’autre côté de la morale pour une cause plus grande qu’elle.

        • Matt  

          Je m’en fous un peu d’Ingrid, moi.
          Enfin…je dis ça dans le sens où c’est un perso secondaire dont je n’ai pas ressenti le besoin de voir davantage développée. Du moins dans ces 10 premiers épisodes.
          Charlene est un perso qui a des doutes aussi. Je vois ça comme une façon de montrer que ceux qui bossent pour le méchant ne sont pas forcément tous profondément mauvais. Je trouve donc ça bien que ces persos soient là. Mais s’il fallait développer à fond tous les hommes de main des méchants dans les BD ou films…

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