Captain America le soldat de l’hiver par Anthony et Joe Russo
1ère publication le 05/04/14- MAJ le 27/04/19
AUTEUR : TORNADO
Au départ, il y a le superbe comicbook Captain America : La légende vivante, un arc narratif de la série régulière écrit par le scénariste Ed Brubaker (un brillant spécialiste du polar au rayon comics), publié initialement en 2005. C’est au cours de ces épisodes qu’apparaît le mystérieux Soldat de l’hiver, un nouvel ennemi redoutable pour le héros américain au costume étoilé…
Et puis il y a la série Ultimates, une relecture moderne des Avengers effectuée par le scénariste Mark Millar dans laquelle entre en scène une nouvelle version de Nick Fury, l’agent spécial numéro un, qui cette fois apparait sous les traits de l’acteur Samuel Jackson (au départ, dans les comics, il était blanc !). Enfin, il y a la série Secret Warriors, écrite par le scénariste Jonathan Hickman en 2009.
C’est dans cette série que Nick Fury (version blanc) fuyait le S.H.I.E.L.D. en découvrant que son système de défense international était infiltré de longue date par les membres de l’Hydra, une sombre organisation puisant ses sources dans un groupuscule nazi en partie fondé par le vilain Crâne Rouge. Les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely vont donc opérer une fusion de ces trois influences (en particulier la première) afin de créer le fil narratif principal de notre film, qui s’impose ainsi comme l’une des adaptations cinématographiques de la Marvel parmi les plus fidèles à sa version de papier…
L’équilibre n’était pas évident puisque la série Ultimates est à l’origine une relecture qui expose une version assez différente des super-héros Marvel, une version moderne, impertinente et provocatrice, dans laquelle les personnages apparaissent nettement plus ambivalents que dans leur costume classique !
La continuité cinématographique qui se développe depuis quelques années (qui englobe tous les films produits par Marvel Studios, à commencer par les séries Iron Man, Thor et autres Avengers) démontre que les scénaristes qui travaillent pour la franchise s’efforcent de maintenir cet équilibre, en puisant dans l’univers « Ultimate » toute la modernité qu’il peut lui offrir, tout en préservant la version classique qui assure une dimension politiquement correcte et un panel de héros immédiatement identifiables pour l’inconscient collectif ! A ce titre, Captain America, le soldat de l’hiver est un film exemplaire en termes d’équilibre, qui plaira d’ailleurs autant aux jeunes qu’aux adultes.
Si le scénario est redoutablement efficace (merci Ed Brubaker, Jonathan Hickman et Mark Millar !), porté par un script machiavélique digne d’un thriller politique et des grands films d’espionnage (la trame rappelle furieusement celle de la série des James Bond, avec Captain America en agent secret et l’Hydra en lieu et place du S.P.E.C.T.R.E. !), les scènes d’action sont parfois un peu tirée par les cheveux.
Le film est impeccablement construit, parfaitement rythmé, et d’ailleurs chaque scène d’action est étirée juste ce qu’il faut afin de ne pas casser le fil narratif ; mais il y a tout de même une dimension assez « bourrine » qui réserve le film aux amateurs de blockbusters. Oh ! Non pas que ce soit un mal (il en faut pour tous les goûts et les divertissements ne sont pas des produits impies), mais il faut avouer que la solidité du script en prend dès lors un coup dès qu’il s’agit de prendre tout cela au sérieux ! Pour le reste, c’est encore une question d’équilibre puisque les scènes d’action laissent régulièrement la place à des moments plus intimistes qui, s’ils accumulent les clichés formatés, n’en sont pas moins efficaces, portés par un humour bon enfant jamais vulgaire, ni envahissant.
Le casting est impressionnant puisque le film réunit, autour de Chris Evans (Captain America) rien moins que Samuel Jackson (Nick Fury), Scarlett Johansson (Black Widow) et Robert Redford (Alexander Pierce). En tout cas, si le premier film de la série était déjà une jolie réussite, celui-ci s’empresse de poursuivre dans le bon sens, achevant d’en faire l’un des fleurons de l’ère Marvel au royaume du septième art. Bref, Captain America, le soldat de l’hiver est un excellent film de super-héros, presque parfait dans son genre. Il ravira les amateurs autant qu’il déplaira aux spectateurs réfractaires à ce type de spectacle dénué de profondeur artistique.
Très bonne critique pour un très bon films de super-héros, Marvel Studios n’a encore une fois pas à rougir de ses productions !
Je suis totalement d’accord pour les scènes d’action qui sont parfois vraiment trop tirées par les cheveux, même pour un film de super-héros, je pense notamment à une scène de sauvetage en hélicoptère pour laquelle j’ai hésité à rire tellement c’était gros. Mais ne boudons pas notre plaisir, le tout reste un régal pour les yeux !
J’ai été assez surpris que l’intrigue du film soit autant connecté au premier, le changement d’époque et surtout de ton que l’on pouvait entrevoir les bande-annonces laissaient présager une histoire qui se suffise à elle-même, et cela a été une bonne surprise pour moi de découvrir que non, même si ça risque de perdre un peu pas mal de spectateurs qui ne l’auraient pas vu ou eu en tête (mais heureusement pour eux, de solides rappels sont effectués). Les « easter eggs » pour les lecteurs de comics pullulent, notamment un qui concerne un possible film pour la phase 3…
Concernant les influences je minimiserais celle d’Ultimates qui n’offre ici que le Nick Fury noir déjà vu auparavant dans les films et qui tient tout autant de la version classique dans sa caractérisation et le Triskelion qui reste un élément de décor. Je remplacerais plutôt cette source d’inspiration par la mini-série de 1988 Nick Fury vs. S.H.I.E.L.D., où bien avant Secret Warrior le S.H.I.E.L.D. apparaît déjà comme corrompu et qui est la première apparition du personnage d’Alexander Pierce.
Les origines du Winter Soldier ont été changées en partie mais le scénario le justifie, même si du coup on se demande un peu ce que vient faire l’étoile rouge sur le bras .:-p Dommage qu’on en ait pas eu plus sur lui durant le film, mais vu que le casting est aussi chargé que pour Avengers ça devenait difficile de développer tous les personnages, et le dosage reste finalement bien équilibré pour un film censé être centré sur un héros solo !
Bien vu Tornado pour ce parallèle avec James Bond, les costumes de super héros en moins, on pourrait s’y laisser prendre au niveau de la trame du scénario.
Je voudrais pour ma part insister sur le casting, qui ajoute un vrai plus à la crédibilité des personnages. Chaque personnage a un rôle bien creusé, une réelle psychologie et ne sert pas juste de faire-valoir au héro. De « vrais » acteurs étaient donc nécessaire, ils sont là ! Bravo
Soulignons aussi l’effort qui a été fait pour ne pas charger le film d’un humour excessif (et parfois lourdingue) qui parsème souvent d’autres blockbusters, c’est très bien comme ça !