Comic Con 2018 : Le Debrief

Comic con 2018

Un CONte rendu signé BRU(C)E LIT

La superbe affiche 100 % féminine  de Mahmud Asrar ! Même Ms Marvel est craquante ! (C) Mahmud Asrar

La superbe affiche 100 % féminine de Mahmud Asrar ! Même Ms Marvel est craquante !
(C) Mahmud Asrar

Avec le retour d’un Frank Miller en rémission et de pointures comme Neal Adams, David Lloyd ou Andy Kubert dont les X-Men m’auront tant fait rêver dans les 90’s, il était impensable que votre serviteur manqua cette édition du Comic Con qui, de mémoire de geek, aura battu cette année un record de fréquentation.  Avec, pour nouveauté cette année, l’enfin présence de Urban Comics qui jusqu’à présent boudait l’événement avec des séances de dédicaces de Joëlle Jones dont on n’aura fait que révérer son LADY KILLER et sa magnifique SUPERGIRL.  Le monde des conventions est ainsi fait : alors que Gail Simone passera sa journée seule attablée face au vide, elle qui enfila des perles précieuses au cou de Wonder Woman, Joelle Jones dont la carrière commence à peine sera inaccessible sur ses deux jours de présence. Nous y reviendrons.

Pour le moment, je suis sur le quai de ma gare en Yvelines avec ma fille à attendre le train qui nous amènera à Paris. Faut-il le souligner ?  la vie des franciliens tributaires des transports du commun, c’est aussi un enfer al Dante avec ses mantras débilitants (Un ticket acheté et le contrôleur devient ton allié….Raahhh, achevez-moi), ses protocoles punitifs (un passager malade en immobilise des milliers d’autres), son matériel taco-tac et sa communication Belivesque (en fait le train qu’on vous annonce depuis 1/2 heure, ben en fait, il existe plus !) : une fois de plus la SNCF et la RATP auront été à la hauteur de leur réputation underground de diminueurs de qualité de vie, avec pour impact direct,  une bonne heure de retard suffisante pour louper Joëlle Jones justement….

Mégalo, moi ?

Mégalo, moi ?

But, hey…Nevermind…Cette année, Bruce Lit a son passe VIP / presse ce qui lui aura permit de rentrer sous les vivats et tout dispo d’une mégalomanie mal contrôlée : ouais, on l’arrête à quelques stands, congratulations à ton équipe, et toi et toi et toi, même une vidéo; rougissements et bafouilles de remerciements, un coach en communication s’imposera l’an prochain ainsi qu’un nouveau portable pour de jolies photos. Toujours est-il que le pass press n’aura pas servi à grand chose cette année; car si les artistes sont toujours plus nombreux, la foule aura finalement permis très peu d’échanges, beaucoup moins que d’habitude en tout cas.

Rencontrer Neal Adams, celui qui aura propulsé les Xmen vers la maturité bien avant Claremont,  donné à Magneto son visage civil désormais inoubliable, ravi les Bat-Fans et émerveillé les lecteurs de SUPERMAN VS MOHAMED ALI avec sa cover aussi légendaire que celle de SERGENT PEPPER est là, étonnement plus accessible que…Joëlle Jones (ça passe pas…). Tellement accessible que c’en est confondant : on peut aborder cette légende vivante du comic book plus facilement que le vendeur de merguez-frites qui relègue le stand Delcourt au 1èr étage !

Neal et moi : la famille Adams !

Neal et moi : la famille Adams !

On arrive devant Adams un peu comme porté par un escalator automatique : un peu trop vite sans moyen de faire machine arrière. L’homme à défaut d’être chaleureux est très pro et souriant. Il peut : une signature et une photo, c’est gratuit, une autre signature plus une autre photo : 40€.  Certains y verront un racket institutionnalisé suffisant pour ne pas cautionner ce genre d’événement.  D’autres se rappelleront que les auteurs anglosaxons ne touchent aucun droits d’auteurs sur des personnages qui auront rapporté des millions aussi bien en papier qu’à l’écran.  Votre serviteur constatera lui, que le public aurait certainement casqué 40€ pour de beaux portfolios, commissions ou bouquins collector du maître. Et que le stand Adams se retrouvera bien vite en mal de serrage de pogne tout comme celui de Charles Soule dont le talent est surement enterré avec Wolverine, Daredevil et Cyclope ignoblement assassinés par ce tâcheron…Là, c’est lui qui paie…

A quelques mètres, une autre queue, cette fois des plus chaleureuses avec masques de V pour Vendetta : et pour cause, le vénérable David Lloyd, celui qui partage avec Alan Moore les lauriers de cette oeuvre culte dédicace le plus gentiment, humblement, tranquillement du monde… Après une bonne heure d’attente à dire des bêtises avec les copains, il est possible de passer un bon quart d’heure en toute quiétude avec le papa de -V.  Pour 8 €, Lloyd crayonne son personnage légendaire et se prête volontiers au jeu des questions réponses, même si le boucan alentour et Vincent Martini ex-Comixity et désormais à la tête de Comics Office  a jugé bon de se casser la voix juste derrière moi…

David Lloyd, le gentleman dessinateur...

David Lloyd, le gentleman dessinateur…

Donc, non, Lloyd n’en a pas marre de dessiner -V depuis 35 ans, non, il n’a pas de nouvelles d’Alan Moore, oui il a bien aimé le film même s’il n’en a pas retrouvé la richesse de l’oeuvre au noir qu’il aura illustrée et oui, il a adoré travailler avec Garth Ennis sur WAR STORIES, impressionné par sa culture historique et son écriture cinématographique.  Il finit, très touchant, par déclarer qu’il aura eu la chance de travailler avec deux des plus grands scénaristes existants. Notre séance Lloyd se termine : il nous donne un code d’accès pour sa dernière oeuvre online, offre un sourire craquant à ma fille qui admire son dessin quasiment la tête sur son épaule et se lève spontanément lorsque je lui demande une photo avec lui. Acte manqué, j’oublie mon sac et sa dédicace à ses pieds, histoire de revenir une heure plus tard haletant et d’avoir la surprise de voir ce gentleman me tendre mon butin qu’il avait mis de côté… V for David Lloyd !

Juste à côté du maître, l’artiste polymorphe Laurent Lefeuvre dont le croisement de chemin depuis deux ans est une routine des plus agréables. Lefeuvre est venu promouvoir son ATELIER WORKSHOP une volumineuse compilation de son travail personnel et de ses meilleures commissions, où l’on retrouvera la collaboration avec notre Figure Player Jean-Pascal Nguyen.

Snikt !

Snikt !

Toujours aussi affable, Laurent s’enquiert de nos mésaventures avec l’AFP tout en croquant un superbe Wolverine, un personnage que j’aime détester : trop souvent utilisé, sous la plume de Lefeuvre, Logan retrouve sa superbe, sa classe altière couplée à sa dangerosité animale. L’ironie est immense : à quelques mètres, alors que son petit porteflingue Charles Soule fait le pont, Wolverine revit sous le crayon du frenchie. La tentation est trop grande de ne pas le voir intégrer notre bibliothèque au côté du Sabretooth croqué par le papa de FOXBOY l’année dernière.  Un FOXBOY qui retrouvera le chemin des librairies dans le meilleur des cas en début 2019.

Pendant ce temps, on taille une bonne bavette avec Mikaël Gereaume, l’instigateur de KIRBY AND ME, qui outre le fait d’avoir été l’initiateur de ce projet Lefeuvre, a édité dernièrement le YOUNG ROMANCE de Jack Kirby et Joe Simon. Outre le fait de constater la passion intacte de Gereaume pour le King, c’est aussi l’occasion d’échanger avec lui sur les coulisses de Panini où il officie désormais : oui, Panini est conscient de son impopularité après des années de publications ératiques et de traductions moins extatiques et, oui, ils tentent de rattraper le coup. On est en tout cas accueilli chaleureusement au stand Géreaume-Lefeuvre, tellement qu’on y élit domicile pour y laisser une partie de nos affaires (bien pratique les mecs quand tu es chargé façon Cable, en bouquin à faire signer…Un peu comme quand tu es en concert dans la fosse, tu maudis ta doudoune et ton sac à dos qui pèsent une blinde).

Andy Kubert est venu les mains dans les poches : pas de dessins, de commissions ou de sketches

Juste en face, on fait signer le Mariage de Scott Summers et Jean Grey et FATAL ATTRACTIONS  à Andy Kubert.  Les fans n’ont que son Batman à la main. Là encore, on pourra déplorer que ces grands artistes signent à la chaîne en pilote automatique.  Kubert est en mode robot: pas de sketches, encore moins de commissions, pas de book, il signe gentiment, mais pas très bavard. On tente de le remercier pour avoir dessiné la scène si émouvante de Jean et de Xavier lévitant ensemble et son Iceberg surpuissant : il maugrée une réponse inaudible, se prête au jeu de la photo et puis….that’s itTous les suivants du monde devraient se donner la main, voilà ce que la nuit je crie dans mon débrief…..

But, hey, Nevermind, je reconnais Jean-Marc Lainé qui traîne dans le coin et l’alpague avec mon Bat-Grappin pour lui dire tout le bien que je pense de SES ANNÉES STRANGE  et de sa monographie sur FRANK MILLER : UNE URBAINE TRAGEDIE.  Un Miller qu’on aura encore loupé cette année puisque présent uniquement le vendredi et que les places pour obtenir sa signature se sont évaporées aussi rapidement que  la poudre dans un billet de 20 dollars….

Scott Summers vient de donner un coup de coude à ma fille !  En même temps, chuis pas de taille !

Scott Summers vient de donner un coup de coude à ma fille !
En même temps, chuis pas de taille !

La conversation démarre sur le maître et sur les accusations de radicalisme que Lainé souhaite replacer dans le parcours de Miller et la politique des Etats-Unis.  Lainé rappelle que les déclassés, les moins que rien au sens Macronien occupent une place importante dans l’oeuvre de Miller, ce qui lui vaudrait ici d’être plutôt classé dans l’aile gauche de la droite. Que désormais, soumise à la même colère post-attentats, La France peut sans doute mieux comprendre celle de Miller dans HOLY TERROR.   Alors que je situe le début du radicalisme de Miller aux abords de DKR avec ses flics, politicards et ses psys incompétents, Lainé nuance en rappelant qu’il y reste la figure de Jim Gordon et que la fin reste plutôt optimiste envers la jeunesse. Réunie en rond autour d’un Batman apaisé, on reste dans une organisation démocratique.

Pour Lainé, l’amertume de Miller est à situer dans ses mésaventures à Hollywood avec ROBOCOP perceptible dans SIN CITY on évolue désormais dans une jungle de petites frappes et de criminels en costards. La réplique du jour, alors que Lainé vient de sortir une mise à jour de URBAINE TRAGEDIE  : Merde, j’aurais dû mettre ça dans mon bouquin !

Gaudanio fait la grosse commission !

Gaudanio fait la grosse commission !

Stefano Gaudiano, l’encreur de Charlie Adlard pour WALKING DEAD vend des planches originales du comics à des prix raisonnables.   Il est facile de l’approcher, moins de discuter avec lui, tout concentré qu’il est sur une superbe Commission avec un Negan passé en mode Zombie.  A deux reprises, le timing ne sera pas favorable pour lui faire signer nos WD.

Il en sera aussi ainsi pour Olivier Coipel , une des stars de la journée. Quand on veut, on peut et le dilemme est vite réglé : ai-je vraiment envie de lui faire signer mon HOUSE OF M ? une histoire qui m’a toujours parue surestimée avec du Bendis à l’intérieur ? Nossir ! Et le même raisonnement s’appliquera à Terry Dodson pour qui j’avais ramené le SPIDERMAN/BLACK CAT de Kevin Smith mais pris d’assaut au stand Album Comics. A ce jour on cherche encore Dan Jurgens et David Hine.

Une autre pose Cosplay ?

Une autre pose Cosplay ?

Mine de rien, on est déjà là depuis deux heures, et il est temps de faire une pause Cosplay pour ma fille qui me suit stoïquement dans les couloirs bondés de la convention, prend les photos de papa avec ses potes et porte ses bouquins au besoin. Si l’on fait abstractions des Deadpool et des Spider-Man How Unoriginals, on y découvre des inédits : Sinestro, Rogue, Supergirl les terroristes de LA CASA DE PAPEL et surtout un Scott Summers des années Jim Lee.

Ne voulant pas être taxé de père maltraitant on n’assistera à aucune des conférences ni avant première préférant nous focaliser sur la rencontre des artistes et de la communauté geek. De ce côté là, c’est la fête : outre Marti et Grey Pigeon, on retrouve avec plaisir Sonia Smith et Dragnir, figures éminentes de la sphère sociale, Guillaume Prevost conférencier spécialiste de Jack Kirby,  on y croise des fans enthousiastes comme Maxence Van Der Stichelen, le trépidant Rebeu des bois, les youtubers Chris Stupnicki et  Mc Twhip sans son masque  et enfin le doux géant Commis des Comics devenu également éditeur de Snorgleux. On attend impatiemment qu’il publie la suite de JIMMY’S BASTARDS et de TEETH. L’homme est adorable et fan du blog, que demander de plus ?

Le génie de Charles Soule enfin reconnu....

Le génie de Charles Soule enfin reconnu….

Et bien, une excursion au stand Delirium avec Laurent Lerner qui vante à ses acheteurs ses Délirantes anthologies de JUDGE DREDD et RICHARD CORBEN ! L’homme vient de publier une réédition colossale de LA BALLADE DE HALO JONES de Alan Moore et Ian Gibson. Barbara Nosenzo qui en a assuré la colorisation est présente sur le stand. Un nouveau rdv est pris avec Lerner pour finaliser l’interview maudite de cet acteur majeur de la publication en France.

Et c’est le moment de conclure avec le stand Bliss Comics et notre ami Florent Degletagne à qui on claque la bise chaleureusement.  Que de chemin parcouru depuis notre rencontre il y a 4 ans à une conférence ! Degletagne continue d’éditer les Comics Valiant  en France avec un succès réjouissant et des nouvelles éditions de HARBINGER et ARCHER ET ARMSTRONG.

L adorable Pat Masioni

L’adorable Pat Masioni

Ce Comic-Con est un moment central pour ce jeune éditeur qui doit financer et organiser la signature des stars de cette année : Trevor Hairsine qui nous signe le 3 AMIGOS de JUDGE DREDD (non, ne pas évoquer DEADLY GENESIS…), Clayton Henry, Thomas Giorello et l’adorable Pat Masioni.

Nous discutons beaucoup de Joshua Dyssart l’auteur de HARBINGER et du passionnant SOLDAT INCONNU que le dessinateur Congolais a illustré.  Lorsque j’apprends que le duo s’est reformé avec Alberto Ponticelli pour URGENCE NIVEAU 3, un comics bouleversant et nécessaire sur la situation des civils en zone de guerre, je pousse un cri de joie ! Il s’agit d’un comic book uniquement édité en France, basé sur les carnets de voyages de Dysart en Irak, au Soudan et au Tchad. Un pari courageux lancé par Bliss Comics

La dédicace avec Masioni se passe tout en douceur et en français dans le texte and this is it ! Malgré la délicate attention de Degletagne à venir picoler backstage avec le staff et les artistes Vaillant, j’ai une mineure sur les bras et les sabotages ferroviaires à anticiper pour rentrer avec cette conviction toujours plus affirmée : dans cette édition ambitieuse, peut être trop du comic con 2018 (il faudrait effectivement un pass’ de trois jours pour en faire le tour, on a complètement loupé les signatures Glénat cette année !), les rendez-vous les meilleurs restent ceux de l’humilité et de la simplicité rencontrés au Stand Bliss, Snorgleux, Lefeuvre et Lloyd. Tout le reste….well…Nevermind !

Cest le pays joyeux, des enfants heureux, des monstres gentils....

C’est le pays joyeux, des enfants heureux, des monstres gentils….

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Triomphes et tragédies, les bides et les rencontres de Bruce Lit lors de cette dernière comic con, ce qu’il fallait retenir de cette édition 2018 à la une du blog.

La BO du jour : la grosse tête menace la taulier…Priez pour lui. Façon messe noire !

https://www.youtube.com/watch?v=Jfox9Gt0Ulw

36 comments

  • Frede  

    J’admire ! incapable d’aligner 2 mots en anglais je suis :-), l’air con devant Dave McKean m’a suffit l’année dernière au salon du livre du Var…. merci pour ce partage, je suis loin de connaître tout ce beau monde du comics….

  • Matt  

    Charles Soule a tué Daredevil aussi ? Ou c’était dans le sens « ruiné le personnage » ? Parce que…pour Cyclope et Wolverine, il les a vraiment tués dans ses histoires…

    • PierreN  

      Le run de Soule va se terminer avec un arc intitulé « Death of Daredevil », donc même si ce ne sera pas forcément littéral (un changement propice à un relaunch probablement), il y est associé d’une manière ou d’une autre…

      • Matt  

        Ah ouais…
        Il a comme plan secret de tuer tout le monde celui là.

    • Présence  

      Quel mauvais esprit, ce n’est pas ça. C’est que tu as touché le maître et du coup tu souhaites conserver cette trace sur ta peau, ce qui n’est pas compatible avec les règles élémentaires d’hygiène.

  • JP Nguyen  

    Le Wolvie de Lefeuvre : toujours une belle maîtrise de la page noire… Les effets de lumière sont terribles…

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