Cobra Kai 3 sur Netflix
Un article de : BRUCE LIT1ère publication 12/01/21 – MAJ le 19/12/21
Cet article prend le relais de Eddy qui résumait ICI les qualités des deux premières saisons de COBRA KAI sur Netflix. Rappelons qu’il s’agit de la suite des 3 KARATE KID des années 80 avec le même casting qu’il est préférable mais pas indispensable d’avoir vu.
Quelques spoilers mineurs viendront ramper dans cette review.
A la fin de la saison 2, les élèves de Miyagi-Do (l’école de Daniel LaRusso basée sur un Karaté à usage défensif) et ceux de Cobra Kai (une école vantant une agressivité préventive) s’affrontaient sauvagement dans l’enceinte de leur lycée. Dans cette chorégraphie moderne rappelant celle d’un WEST SIDE STORY où chaque camp justifie sa violence de son point de vue subjectif, survenait un drame encore plus effroyable qu’une dizaine de gamins transformant leur établissement scolaire en ring d’arts martiaux :
le jeune Miguel chutait du haut d’un escalier et parachevait brutalement l’affrontement bon enfant entre Daniel LaRusso et Johnny Lawrence. Le public allait devoir attendre un an pour savoir si le petit était mort ou, dans le meilleur des cas, sévèrement handicapé.
COBRA KAI 3 reprend sa narration directement en l’état. C’est le 1er point fort de la série depuis sa création : des épisodes de 30 minutes pour des saisons de 10 épisodes. Les scénaristes vont droit à l’essentiel et ne se perdent jamais dans des intrigues secondaires foireuses où les comédiens doivent justifier leur salaire (les amateurs de Floki dans la dernière saison de VIKINGS comprendront).
Chaque épisode résout le cliffhanger de l’épisode précédent, explore les motivations des personnages, leur passé, leurs fêlures et, sans manichéisme, explique leur changement d’alliance ou de point de vue. De nombreux personnages établis vont ici changer de camps du fait de leur évolution logique suite à l’accident de Miguel.
Celui-ci est vivant mais tétraplégique et Johnny Lawrence va tenter l’impossible pour l’aider à retrouver l’usage de ses jambes. Daniel quant à lui doit sauver son entreprise souillée par son activité secondaire : comment le patron d’une PME a pu être entrainé dans un fait divers sanglant ?
COBRA KAI 3 interroge ses personnages sur leur rapport à la violence. Celle-ci est toujours justifiée par les épreuves que ceux-ci ont dû affronter. Rustre, dépassé et un peu beauf, Johnny Lawrence a bon coeur et a adopté son agressivité comme pulsion de vie. Son Karaté lui permet de ne pas sombrer dans la dépression. Il est parfois, l’intelligence en moins, très proche du DAREDEVIL des comics qui ne veut jamais abandonner.
Son Karaté va lui permettre de penser pouvoir guérir son élève handicapé. C’est une force de vie.
La grande nouveauté de COBRA KAI 3, c’est de donner un passé à John Kreese, le vilain Rambo de la série et le fondateur de Cobra Kai. On le savait agressif, vil, sournois et manipulateur. La série le met en scène avec 40 ans de moins, enrôlé au Vietnam. Prisonnier du fait d’avoir fait preuve de compassion à un moment inopportun, John Kreese va devoir s’endurcir pour survivre en temps de guerre. Il devra affronter son mentor au dessus d’une fosse à serpent. Son Karaté est l’importation de son stress post traumatique : adapté à un conflit de vie et de mort, inadapté, tout du moins en apparence, à une paix basée sur la violence du libéralisme. C’est une force de mort.
Daniel lui, réalise que son égo a nuit à son approche pacifique. Chaque personnage est devenu père de substitution : Johnny Lawrence a pris sous son ailé le jeune Miguel au détriment de son propre fils dont il a foiré l’éducation. Daniel va alors devenir le sensei de Robby, le fils de son rival, attisant ainsi leur animosité. Lorsque celui-ci est placé en centre de correction, LaRusso part au Japon se ressourcer.
Il ne s’agit pas de vacances mais du retour sur les lieux de KARATE KID 2 où son Karaté allait lui sauver la vie.
Là, et c’est le principe inchangé de la série, il y rencontre l’intégralité du casting originel. Le public qui a vécu les années 80 est bien sûr ému de voir ces adultes ridés, fatigués et meurtris par la vie. KARATE KID était le récit d’une jeunesse, ses idéaux et son romantisme : sauver mon honneur, ma copine et ma vie en jouant au karatéka.
COBRA KAI c’est des cinquantenaires, qui après ces événements romanesques mais forts en intensité, se sont mariés, ont divorcé, fondé une entreprise et se sont remis en question.
Tous les seniors de COBRA KAI, même John Kreese, sont le résultat de leur passé, de leurs échecs apaisés par quelques succès. Lorsque Daniel retrouve Yuji Okumoto, le rival qui voulait le tuer dans KARATE KID 2, l’émotion est à son maximum : les deux cinquantenaires vont partir en retraite ensemble (sic) pour tenter d’adopter le point de vue de l’autre au moment des faits. On se rappelle pourquoi Daniel LaRusso, ex-adolescent geignard, pas très malin et souvent très agaçant est un héros : son Karaté reste celui de l’esprit et de la sagesse.
Sagesse, vie et mort vont donc s’affronter encore avec une nouvelle génération qui va se reconnaître tour à tour dans ses seinseis que le Karaté a sauvé d’une certaine faillite spirituelle. La relation entre les maîtres et les élèves est admirablement écrite : les ados cherchent à canaliser leur violence et leurs angoisses, les adultes ont besoin de ces gamins pour exister et se sentir valorisés. Tous font partie du même monde, d’une même histoire quelque soit leur âge, leurs couleurs, leurs classes sociales.
COBRA KAI 3 vient le confirmer : cette série outsider est venue démontrer ce que l’on pensait impossible avec les vomissures de la postlogie STAR WARS : oui, on peut faire du neuf avec du vieux, oui on peut faire du fan service en adéquation avec la continuité de la série, faire vieillir intelligemment ses personnages historiques en les faisant coexister avec les problématiques d’une autre ère.
On trouvera bien des égards des analogies avec la saga de George Lucas : un héros innocent, une fripouille au grand coeur et un maître expert en manipulation d’enfants surdoués. Tous gravitent autour du Karaté / La Force dont les personnages doivent choisir s’il l’utiliseront de manière défensive (plus ingrate et frustrante) ou agressive (immédiate mais dangereuse).
Et un zeste de Xmen ? Trois professeurs, un pacifiste, un violent ambigu et un darwiniste se disputent trois écoles, trois manières d’enseigner auprès de jeunes paumés…
Dans COBRA KAI, la vieillesse n’est pas un naufrage. Elle est plus lente mais plus sage. La jeunesse manque de maturité mais reste généreuse. Miguel a besoin d’un Johnny Lawrence revenu de tout pour marcher à nouveau, Johnny, de l’habileté du jeune homme, pour se familiariser avec les réseaux sociaux. COBRA KAI, c’est plus qu’une Feelgood Série ; c’est véritablement un lien intergénérationnel.
Le final de la saison 3 offre -enfin- une baston que le KARATE KIDDO attendait depuis 30 ans. Elle ouvre la voie vers un nouvelle voie passionnante avant une conclusion espérée en saison 4. Les meilleures choses doivent avoir une fin et les Showrunners de KARATE KID marchent sur l’eau avec une série aussi simple qu’intelligente qui transcende même les films orignaux. Ceinture noire.
La BO du jour :
Encore un super article que j’avais loupé Brice. Quand arrive la saison 4 ?
Hello Seb ! Merci ! La saison 4 est annoncée pour le 31 décembre. De quoi égayer les réveillons des plus associables ! Et par pitié, tu es chez Bruce. Confondre avec Brice n’est pas Nice.
Rah la la !
J’ai viré mon fiston qui n’arrivait pas à accrocher, j’ai enchainé toute seule et maintenant c’est ma fille qui regarde avec moi. On vient de commencer la saison 4. Qui règle bien la question de la plainte 😉 .
Rah que j’aime cette série !! Comme quoi on peut aimer sans avoir vu aucun des Karaté Kid !
Alors peut-être qu’il y a des défauts, peut-être que parfois c’est redondant, mais Bruce a raison, le rythme est parfait, ça se regarde avec un plaisir non feint, bref j’adore à 1000% !