Marvel 1985, par Mark Millar & Tommy Lee Edwards
1ère publication le 16/12/16- Mise à jour le 07/02/21
Par : TORNADO
VO : Marvel
VF: Panini
Je suis né dans les années 70. J’étais encore gamin dans les années 80. C’était la décennie de mon adolescence. Je ne peux pas dire que j’ai aimé être un ado. Je pense même que j’ai cordialement détesté cet âge ingrat, où l’on est bête comme ses pieds et où, en plus, on ne parvient pas à trouver sa place dans le monde à force de ne plus être complètement un enfant, et de ne pas être encore un adulte du tout.
Pourtant, quand j’y repense, j’arrive à trouver des bons souvenirs à sauver de cette période. Pire encore, certains ont façonné l’adulte que je suis aussi sûrement que deux et deux font quatre…
Parmi ces souvenirs exclusifs, j’en retiens principalement deux. Oh ! non ! Il n’y a pas de filles dans ces souvenirs. Mes expériences amoureuses remontant à mon adolescence ne valent rien, il n’y en a quasiment pas ! Et c’était bien le drame d’ailleurs ! Il faudra attendre des années avant que je comprenne comment ça marche les filles, et que je commence à trouver un moyen de les séduire…
Du coup, pour tuer le temps, je faisais comme les autres ados mélancoliques : Je lisais des BDs. Et pas mal de comics (Strange, Titans, Nova, Spidey, ainsi que les albums de l’Araignée, des X-men et des Quatre Fantastiques, que je collectionnais en les commandant à LUG). Et quand je ne restais pas chez moi à lire des comics ou à regarder des VHS, je partais en vadrouille avec les copains.
Ces souvenirs là sont vraiment les plus chouettes. On arrive encore à les capturer lorsqu’on regarde des films comme Les Goonies , Ça , Explorer ou Stand By Me. Et même avec des productions plus récentes comme Super 8 ou Stranger Things, qui tentent précisément de jouer sur cette nostalgie si particulière qui parle de l’enfance au cœur des années 80.
A croire que c’était magique d’être un gamin à cette époque là…
Oui, c’était assez magique. Et ces escapades constituaient les rares moments où l’on existait enfin par soi-même. Pour soi-même. Quelques plages de libertés dans un monde aliénant.
Pour le coup, avec mes potes, on faisait tout pour que ces moments là existent le plus souvent possible. Alors l’hiver, lorsque la nuit tombe vite et que l’on peut ainsi passer inaperçu aux yeux des adultes, on se retrouvait autour de 17h, après l’école, et on profitait de cette plage de liberté pour partir à l’aventure !
Comme on ne pouvait pas aller bien loin, l’aventure devait se trouver au coin de la rue ou, au pire, dans un quartier voisin. Ainsi, nous nous amusions à entrer chez les gens par effraction. Non pas pour voler quoique ce soit, mais par goût de la découverte, pour le goût du risque et de l’adrénaline ! A cette époque, il y avait également tout plein de maisons abandonnées, plus ou moins délabrées (c’est devenu très rare dans le sud de la France où, aujourd’hui, la moindre parcelle de mètre-carré s’arrache à prix d’or !). Alors nous nous faufilions à l’intérieur de ces propriétés mystérieuses et effrayantes, en quête de peurs et de mystères… Qui sait ? Peut-être allions-nous y trouver quelques merveilles ? Quelques fantômes ou même quelques créatures fantastiques ?
Je me souviens que nous avions découvert une grande maison totalement abandonnée mais encore entièrement meublée, avec des tas de choses à l’intérieur qui traînaient partout. Des bibelots en tout genre et des affaires de toute sorte. Comme nous étions convaincus que la maison était hantée (comment aurait-il pu en être autrement étant donné que les habitants avaient disparu sans rien emporter, comme dans le film Amytiville ?!!!), nous n’osions pas toucher à quoique ce soit de peur d’attirer sur nous la malédiction ! Je me rappelle que nous étions terrifiés car il y avait du vent au dehors et que les fenêtres étaient ouvertes. Lorsque le vent soufflait, les fenêtres restaient immobiles. Mais voilà qu’elles se mettaient à bouger dans un abominable grincement alors que le vent s’arrêtait ! Nous partions alors en courant en dévalant les escaliers en direction de la sortie, et le dernier (le moins rapide de la file) était le plus terrifié, craignant que la maison ne se referme sur lui et qu’il y reste prisonnier, à jamais (pfiou… j’en tremble encore, vu que c’était moi le moins rapide. Et c’est devenu un cauchemar récurent qu’il m’arrive encore de faire…) !
Ainsi, notre imagination débordante semblait faire bouger les choses entre deux rafales de vent. Et là, lorsque nous sortîmes miraculeusement indemnes de la maison du diable, nous jurâmes voir bouger une silhouette derrière le rideau de telle fenêtre, à l’étage de l’imposante bâtisse. Oui, un peu comme cette séquence d’ouverture dans le Marvel 1985 de Mark Millar, où le jeune Toby est persuadé d’apercevoir l’inquiétante silhouette de Crâne Rouge qui le regarde de manière menaçante, avant de disparaître…
S’il y a un domaine dans lequel le scénariste Mark Millar excelle, c’est bien celui qui consiste à imaginer des concepts inédits. Ultimates , Civil War, Superman Red Son, Wanted, Old man Logan... Ses prédispositions en la matière en imposent.
Marvel 1985 n’échappe pas à cette catégorie et participe d’une œuvre postmoderne qui culminera avec le célèbre Kickass .
Le pitch : Nous sommes en 1985. Toby, un adolescent de treize ans, fan de comics Marvel, passe le plus clair de son temps entre le comic shop de son patelin et les quatre murs de sa chambre à coucher. Là, il lit le grand crossover de l’époque (celui que je dévorais, lorsque j’avais le même âge, dans les pages de Spidey, dont j’attendais chaque exemplaire bien plus ardemment que la venue du Messie) : Secret Wars !
Toby souffre du divorce de ses parents et s’évade dans ses lectures. Un jour, il découvre que les super-héros -et surtout les super-vilains- imaginaires de l’univers Marvel sont arrivés dans le monde réel à travers une vieille maison délabrée. Mais est-il le seul ? Est-il le premier à les voir ?
Cette invasion de super-vilains au cœur de notre monde réel prend bientôt des proportions apocalyptiques, au moment même où l’existence de Toby est entrain de basculer, puisque son beau-père, avec qui il ne s’entend pas tellement, est sur le point d’accepter un poste en Europe. Toby ne verrait alors plus son père, la personne dont il se sent le plus proche (c’est d’ailleurs lui qui lui a communiqué sa passion pour l’univers Marvel !).
C’en est trop pour Toby, qui décide de fuguer en s’enfuyant dans la forêt. C’est alors qu’il tombe nez à nez avec Hulk, bientôt rejoint par le Fléau, comme si les deux créatures s’étaient soudain échappées d’un épisode de Secret Wars pour débouler dans le Maine !
Etrangement, Jerry, le père de Toby, semble percevoir l’origine de ces phénomènes surnaturels. Il se tourne alors vers ses souvenirs d’enfance, au début des années 60, à l’époque où il fréquentait son meilleur ami, Clyde, le fils du propriétaire de la mystérieuse maison abandonnée. Celui-ci collectionnait tous les comics qui étaient publiés en ce début des 60’s, soit les premiers et historiques comics Marvel. Aujourd’hui, Clyde est interné dans une sorte d’auspice, car il a été victime d’un accident lorsqu’il était enfant. Un accident auquel Jerry aurait assisté…
Faute de ne pas pouvoir continuer sans gâcher le suspense et les nombreuses révélations qui constituent le sel de l’intrigue, je n’irai donc pas plus loin…
Beaucoup de lecteurs de comics, aujourd’hui, ont grandi avec les mêmes lectures que Toby (un certain Mark Millar par exemple). De nos jours, ces lecteurs (tel votre serviteur) sont devenus à leur tour des parents qui continuent d’entretenir la flamme de l’enfance au cœur de leur vie d’adulte. Des geeks, quoi ! Et c’est précisément à eux que s’adresse cette minisérie.
Deux ans avant Kickass, Millar commence à explorer sa thématique de l’héritage culturel populaire à travers l’évolution des comics. Il est d’ailleurs amusant de constater que son culte pour les premiers magazines de l’âge d’argent et de l’univers des super-héros Marvel lui serve déjà de mise en abîme narrative et nourrisse son travail sur la postmodernité. Ainsi, dans certains épisodes, on retourne en 1964 au cœur de l’enfance de Jerry, que l’on voit lire les comics en question. Un véritable thème récurent, que l’on retrouvera dans la première saison de Kickass avec le contenu de la fameuse valise du père de Hit Girl.
Ce travail sur la postmodernité trouve son essence dans le passage entre la fiction et le réel, véritable thème sous-jacent, ici encore en ébullition. Pour l’anecdote, Millar souhaitait d’ailleurs que Marvel 1985 soit au départ un roman-photo (littéralement), afin de donner un maximum d’authenticité à son concept. Une volonté de faire sortir le medium de son enveloppe originelle, afin de le réinventer sous une nouvelle ère, en préservant ses richesses, tout en renouvelant la manière de les mettre en œuvre, avec des thèmes neufs si possible.
Saluons également le talent de narrateur du scénariste, capable de dépeindre le réalisme social dans lequel évolue le jeune Toby en à peine quelques pages, sans fioritures, trouvant toujours le ton juste.
Le ton juste, notre scénariste saura également le trouver en imaginant une histoire qui ravira autant le geek amateur de 1° degré, avec crossover et autres bastons décomplexées, que le lecteur plus exigeant friand de scénarios à sous-texte et lectures multiples ! Et comme d’habitude, Millar saura terminer son récit de brillante manière, non sans une note poignante d’émotion et de mélancolie.
Par contre, le bonhomme succombe à son penchant pour la provocation et le mauvais goût en insistant par exemple lourdement sur la puanteur de Hulk, détail gratuit qui n’apporte pas grand-chose, sinon une petite touche de glauque qui n’était pas nécessaire…
Sur l’essentiel des six épisodes de la mini-série, le style de Tommy Lee Edwards n’a rien à voir avec les illustrations habituelles de super-héros. Il n’y a que lorsque Toby passe dans la Terre 616 (le monde Marvel officiel) que le dessin se transforme afin de ressembler vaguement à un comics de super-héros des années 80, où le monde fantasmé se révèle plus lumineux et plus épuré que le monde réel. Mais pour le reste, le trait du dessinateur est réaliste et rugueux, dicté par une orientation naturaliste. Il s’agit bien évidemment d’une volonté des auteurs de manifester l’évolution du public visé ici. En effet, on pense beaucoup à l’univers adulte et plus « intello » du label Vertigo (Edwards aurait pu dessiner Scalped , par exemple), histoire de signifier que les lecteurs de l’époque, aujourd’hui adultes, ont su évoluer et ne sont pas tous, comme on pourrait le croire, des adulescents attardés et décérébrés. Mais juste des nostalgiques de l’enfance…
Tommy Lee Edwards participe par ailleurs à cette ambiance à la Stephen King , si caractéristique de cette époque. Cette atmosphère de petites villes de province américaine des 80’s (la plupart des œuvres du King se déroulent dans le Maine, sa région natale) pénètre dès la première page dans l’inconscient du lecteur et participe du voyage dans le temps façon « Madeleine de Proust ». Sauf que, au rayon des descriptions olfactives, on a juste droit à la puanteur de Hulk !
Millar nous offre ainsi une forme d’hommage doublement référencé, puisqu’il nous invite à retrouver nos souvenirs de lecture de comics, mais également ceux des récits de Stephen King, dont il livre ici une itération puisque le thème de la fiction qui prend vie dans le réel est l’un des thèmes majeurs du créateur de Stand By me. Et c’est donc bien d’héritage que nous parle Marvel 1985, d’un héritage de la culture populaire dont l’histoire peut se lire entre les pages des comics et des récits de genre.
Mark Millar est donc bel et bien un auteur postmoderne dont les thèmes, à ce stade de sa carrière, ne font rien d’autre que de parler de postmodernité. Cette notion est plurielle, mais pour résumer, vous pouvez imaginer un best-of du passé dont on reprendrait les éléments pour les réactualiser ensemble. Du neuf, avec un best-of du vieux, en somme. Dans ce sens, le thème de l’héritage coule de source et illustre parfaitement le cheminement intellectuel de ce mode de pensée.
Héritage, souvenirs… D’aussi loin que je me souvienne, ma France de l’époque n’était pas très éloignée de celle de cette série. Et comme je le disais plus tôt, il y avait bel et bien dans mon quartier de vieilles maisons délabrées et mystérieuses qui nous faisaient fantasmer, nous les enfants, dans un mélange de peur et de fascination.
En remuant tous ces souvenirs sous le vernis de cette brillante reconstitution des années 80, Mark Millar a donc su me toucher avec son histoire de super-héros Marvel à la Stephen King. C’était l’époque où je trouvais que tout ce que touchait cet auteur se transformait en or. Depuis, les choses ont changé. La source semble s’être tarie et, à tout le moins, la formule a fini par s’appauvrir. Le fond s’est de plus en plus effacé devant la forme, et l’écossais s’est trop américanisé, devenant un peu ce qu’il dénonçait à force de se prendre pour une star du blockbuster de papier.
Marvel 1985 a été publié en 2008. Il marque la fin de l’ère glorieuse des « Marvel Knights » (entre 1999 et 2007), où Marvel publiait du matériel d’une qualité exceptionnelle, sans précédent, pour un âge d’or dans lequel n’importe quel super-héros, aussi ridicule soit-il sur le principe, devenait le vecteur de magnifiques histoires pour les adultes. Des histoires intelligentes, profondes, intègres. Pour le coup, Millar, à l’instar de son compère Brian M. Bendis dont le trajet est similaire, semble s’être laissé emporter par le courant.
En tout cas, lorsque je vois l’état actuel de Marvel Comics, son marasme éditorial basé sur l’événementiel factice et la connexion opaque, les crossovers et les events foutraques, la régression infantile et fétichiste pour le fun aseptisé ; pour moi les choses sont simples : Marvel, c’était mieux avant…
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LA BO du jour :
Ce sera mieux après la future 3 guerre mondiale que les américains vont déclencher contre leurs ennemis au Moyen Orient!
Quelle introduction étonnante et enchanteresse !
Ton article parvient à donner du sens à la formule toute faite C’était mieux avant.
J’avais bien apprécié la lecture de 1985, mais je n’avais la même accroche émotionnelle que toi. Je n’ai pas réussi à me projeter dans le personnage de Toby. La mienne se situe plus dans le propriétaire de la boutique de comics qui regrette que les superhéros omniprésents étouffent des séries comme Cerebus ou Love and the rockets. Comme tu l’indiques, la transposition des souvenirs de Mark Millar de ses lectures de comics, de l’Écosse aux États-Unis participe déjà d’une démarche commerciale de la part de l’auteur qui sait qu’il vendra plus s’il aménage son récit de manière à être plus parlant pour des lecteurs américains.
Pour les fans de continuité, Clyde Wyncham (un des personnages de l’histoire) a fait des apparitions supplémentaires dans l’univers Marvel classique (Terre 616) dans The Masters of Doom (une histoire des Fantastic Four écrite par Millar) et dans le futur dystopien de Old Man Logan. On pouvait donc avoir l’impression que Millar développait sa continuité personnelle au sein des séries qu’il écrivait pour Marvel.
Oh, un Tornado Special Origins !
Je rejoins Présence sur le fait que ces passages là sont les plus plaisants à lire. Non pas que 1985 me désintéresse mais j’ai une sorte de ressentiment envers Millar qui aurait tendance à me gâcher la lecture (c’est totalement subjectif) et le trait gras de Tommy Lee Edwards n’est pas forcément mon trip non plus.
Autant je suis d’accord que Millar a des pitchs intéressants, autant je suis agacé par sa propension à faire du hype et à vendre ses idées comme super-originales alors qu’elles sont majoritairement des variantes relookées d’intrigues déjà vues par ailleurs…
Tu me donnes envie de relire cette mini
J’ai autant aimé cette histoire que je n’ai pas aimé Kick Ass, c’est à dire beaucoup
Probablement le travail de Millar qui m’est le plus proche/cher, pour les raisons que tu cites admirablement
Salut Tornado.
Et merci.
Une introduction dans laquelle je me retrouve beaucoup.
Un développement qui a fait remonter des souvenirs ; j’avais lu cette BD il y a quelques années et je l’avais adorée, bien que je ne la relirais pas aujourd’hui.
Et une conclusion avec laquelle j’acquiesce ; de toute façon, ce que tu écris sur Marvel s’applique, dans une certaine mesure, à DC Comics aussi.
À bientôt.
Merci Tornado pour ce bel article qui remue des souvenirs en moi. Oui, Marvel c’était bien mieux avant mais Millar avec ses gros sabots casse l’image de nos anciens heros et villains pour en faire des psychopathes assoiffés de sang, a moins que son intention ne soit de nous montrer les méchants du Marvelverse de 1985 comme les tueurs qu’ils étaient en réalité ?
Très bel article, très émouvant. Merci.
ça semble sympa.
Mais c’est vrai que je me méfie de Millar maintenant.
Je n’ai que 2 BD de lui : Civil War que j’aime bien même si c’est la mode de lui jeter des pierres à cause de sa mise sur un piédestal liée à son succès. Et « Spider man le dernier combat ».
Pas lu Kick Ass, ni Wanted, ni ce 1985 qui semble joli.
Ben alors on entrait par effraction chez les gens ?
@Nicolas : je ne fais plus attention au troll Nicolas. Il continue de venir se faire ridiculiser de manière quasi quotidienne et tard dans la nuit. C’en est presque attachant. C’est son problème, pas le mien.
TOrnado : un texte très touchant, personnel, le plus intime depuis celui du pullover orange de Star Wars. Qui prouve ceci : chaque lecteur aborde une oeuvre avec son bagage personnel où se rencontrent les expériences de vie et les projections de chacun.
D’emblée, on pourrait dire que Millar ne mérite rien de tout ça,mais tu le démontres bien que si…
Je l’ai lu il y a pas très longtemps et loin d’avoir été si emballé que toi, car tout simplement, ce genre de récit marche sur une ambiance. On y entre ou pas….
Je l’aurai surement d’avantage apprécié si lu il y a quelques années. Je n’aime pas les dessins façon Gaydos, ça aide pas.
Par contre je veux bien reconnaître que c’est un travail personnel où Millar se montre humain et sincère. Il y a de belles pages d’émotion avec son père, c’est indéniable. C’est juste que ce mec (à mon sens) n’est pas capable de construire un récit équilibré : c’est soit de la pure action vite débilitante, soit un récit introspection, où son manque de talent en tant que conteur n’arrive pas à me passionner dans son introspection lente.
Car je reste convaincu que comme un musique il faut un talent monumental pour écrire sur un tempo lent.
Fan-tas-tique. Comme dit JP, c’est un splendide Tornado Spécial Origines que tu nous offres ici ! Quelle audace que d’entrer dans des maisons abandonnées… je ne suis pas certain de l’avoir fait à cet âge. Par contre, pour sûr, j’ai lu des Strange, des Titans, des Nova et des Spidey comme toi. Mais sans doute moins car c’était le voisin plus âgé de les grands-parents qui me les prêtaient. Je ne comprenais donc pas la continuité, ses prêts étant sporadiques et aléatoires : j’ai dû les lire dans le désordre. Et seulement quelques-uns.
Du coup je n’ai pas reconnu le crossover que lit Toby. J’ai relu 1985 récemment et je trouve que c’est un des meilleurs travaux de Millar. Et j’adore le dessin qui justement ne fait pas mainstream. Si je me suis identifié à quelqu’un dans cette mini série, c’est certainement le père de Tobias. Car je découvre sur le tard cet univers et suis actuellement un peu dans la même situation que lui avec deux ados à la maison.
Bravo et gros coup de cœur pour cet article pour moi.
Merci beaucoup pour ces retours et ça me fait vraiment plaisir d’apprendre que l’article vous a touché. Ayant au départ écrit un commentaire laconique à ma zone, je cherchais un nouvel angle d’approche pour écrire quelque chose de plus substantiel et j’ai donc relu la mini-série juste après avoir regardé la première saison de Stranger Things. L’effet madeleine de Proust a encore été très fort et les souvenirs ont afflué. J’ai alors laissé sortir les mots et l’article s’est écrit tout seul.
Avec les copains de mon quartier, on adorait effectivement entrer chez les gens par effraction pour éprouver des sensations. On se planquait, on espionnait un peu, on explorait beaucoup, et on adorait se faire poursuivre par les propriétaires en colère et leurs clébards ! C’était fun et on se sentait vivants !
Une fois, on est entré dans un immense domaine entièrement coupé du monde par une gigantesque roseraie. On a découvert une clairière secrète et on en a fait notre QG. On y venait chaque jour, jusqu’au jour où le gardien, qui nous avait repéré depuis un bon moment, nous est tombé dessus avec son chien ! C’était flippant sur le moment car, en plus, on ne s’était encore jamais fait chopper. C’était un vieux bonhomme, solitaire et un peu triste, qui s’ennuyait de ne jamais voir personne. Quand il a vu qu’on était terrifiés, il s’est mis à nous parler. Et petit à petit, il s’est aperçu qu’on était des braves gamins et il nous a proposé de revenir quand on voulait si on abimait rien. C’est devenu un rituel pendant des mois. On venait voir notre vieux gardien et lui apporter un peu de chaleur humaine…
Jolie histoire.
Même si j’aurais tendance à être le mec qui lâche les chiens sur les sales gosses qui ne respectent rien, moi. Gniark gniark !^^
Je n’aurais jamais pu faire ça. Je n’ai jamais osé déranger les gens moi, aussi surprenant que ça puisse paraître vu que l’adolescence c’est le moment de la vie où plein de petits cons prennent leur pied à faire chier les autres. Jamais pigé ça, moi. Je n’ai même jamais supporté ceux qui jugent et te disent comment t’es censé vivre, comment t’es censé être plus « cool » ou des conneries du genre.
Peut être que j’aurais aimé être un peu plus méchant ou moins soucieux de déplaire aux gens, peut être qu’on m’aurait foutu la paix ou que je ne me soucierais pas autant de nos jours de ce que les gens pensent de moi, et que ça me pourrirait moins la vie.
Mais bon…on ne se refait pas.
Ouais, pour moi non plus c’était pas génial d’être ado.
» on adorait effectivement entrer chez les gens par effraction » Tornado tu es un vrai rebelle ! Rock’n’roll attitude 😉
Bon blague à part, excellent article et je dois dire que je suis toujours impressionné (et assez jaloux je dois l’avouer) de la façon dont tu arrives à gérer l’intime et l’universalité ! Je crois que je serais incapable de glisser des passages explicitement autobiographique dans mes articles (autrement qu’à l’état subliminal ! ça par contre je le fais à chaque fois).
Bref outre d’être bien écrit je partage ton opinion car ce comics compte parmi les meilleurs œuvres de Millar !
Il ya quelque chose qui ne marcjhe pas avec les illustrations. Notamment dans le rendu des super héros. Je comprends le parti pris naturaliste mais la planche « Tremblez vilains », les héros sont plus inquiétants qu’autre chose je trouve…
Ben c’est le cas, ils sont terrifiants, comme dans Marvels de Alex Ross…
Oui, et on les voit très peu finalement. C’est intéressant car ils sont naïfs dans leur monde avec un style de dessin plus épuré et lumineux, et ils deviennent inquiétants voire flippants en arrivant dans notre monde. Personnellement, je suis très fan du dessin de Tommy Lee Edwards.
Comme Présence l’a noté plus haut, certains personnages de « Marvel 1985 » ont été rapatriés dans la continuité Marvel. J’ai hésité à rajouter cet élément dans l’article, avant de décider que… on s’en fout ! (moi en tout cas 😀 )
Un « On s’en balance » aurait été tellement beau ici ^^
Ah mais oui, back to… 1985 ! 😉
Après lecture, il m’a semblé voir filé un Tornado sur sa veille Silver rue du Croque-Mitaine à Derry les bains 🙂
Est-ce que tu savais qu’une nouvelle version de It sortait à l’automne 2017?http://www.imdb.com/title/tt1396484/?ref_=nv_sr_2
Stephen King continue à alimenter l’imaginaire des grands enfants en quête d’aventures et de frissons
Oui, j’étais au courant de ce projet. Un film en deux partie, je crois.
Je le verrai, c’est sûr, même; si je ne m’attends pas (plus) à un chef d’oeuvre en ces temps de cinéma aseptisé.
Ne succombe pas à la morosité, les deux derniers films que j’ai eu la chance de voir étaient tous deux beaux, novateurs et émouvants: http://www.imdb.com/title/tt4302938/ et http://www.imdb.com/title/tt2543164/?ref_=fn_al_tt_1
Merci, Lone, pour les suggestions. Il est vrai que le monde du dessin animé peut encore, parfois, résister au cynisme industriel. Et tu es le deuxième à me conseiller Premier Contact. Ce doit être vraiment bien alors.