Star Brand 2 – par John Byrne & Tom Palmer
PRÉSENCE
VO : Marvel
VF : /
Ce tome fait suite à Star Brand: New Universe Vol. 1 (épisodes 1 à 10, annuel 1, épisode 5 de Spitfire and the Troubleshooters) qu’il vaut mieux avoir lu avant pour apprécier tout le sel de cette deuxième et dernière partie.
Il comprend les épisodes 13 à 19, ainsi que The Pitt 1 et Untold tales of the New Universe: Star Brand 1, initialement parus en 1988/1989 (et 2006 pour Untold tales). Les épisodes de la série Star Brand ont été écrits et dessinés (ou esquissés) par John Byrne.
Chaque épisode ou presque dispose de son encreur. Épisodes 11 & 12 : Tom Palmer. Épisode 13 : Tom Palmer, Danny Bulanadi et Josef Rubinstein. Épisodes 14 et 15 : Chris Ivy et Tom Morgan. Épisode 16 : John Byrne a tout fait tout seul. Épisodes 17 et 18 : Tom Morgan. Épisode 19 : Jeff Allbrecht. The Pitt a été coécrit par John Byrne et Mark Gruenwald, dessiné par Sal Buscema et encré par Stan Drake. Untold Tales est écrit par Jeff Parker, dessiné et encré par Javier Pulido.
Star Brand 11 à 19 – Kenneth Connell ne sait vraiment pas quoi faire du pouvoir que lui confère le Star Brand. Il va chercher le module lunaire laissé sur la Lune pour prouver au président des États-Unis qu’il dispose de superpouvoirs, tout en ayant revêtu un costume de superhéros confectionné par Debbie (Madeline) Felix, pour masquer son identité. Cette dernière découvre que son intuition ne l’avait pas trompée et qu’elle est bien enceinte. Quand elle en fait part à Kenneth, celui-ci prend la mouche, ayant la certitude qu’il ne peut pas être le père. Très troublé par sa condition d’individu le plus puissant de la Terre, sans ennemi à combattre, il décide de se débarrasser du pouvoir de la pire manière possible : Pittsburgh s’en trouve rayé de la carte, ses centaines de milliers d’habitants ayant trouvé la mort dans le désastre. L’armée établit un cordon de sécurité autour du cratère et essaye de le sonder.
Madeline Felix a accouché et l’enfant s’avère être doté de conscience, pleinement éveillé, et déjà autonome grâce au pouvoir du Star Brand. Il prend son autonomie et commence par détruire toutes les armes atomiques de la planète. Il ressuscite Roger Price, ce qui provoque une réaction ambiguë chez sa femme Jane Price. Il s’intéresse également de près à un médecin dénommé Jacob Burnsley.
Pour comprendre l’intrigue hachée de cette deuxième moitié de la série, il faut avoir une idée du contexte dans lequel John Byrne l’a reprise en main. Elle a été créée à l’occasion de l’anniversaire des 25 ans de l’éditeur Marvel, réalisée dans des conditions difficiles (budget insuffisant) et victime du départ de Jim Shooter (son créateur) qui avait investi beaucoup de sa personnalité dans l’intrigue. Cet ancien éditeur est parti de Marvel comme un malpropre pour des raisons complexes liées aux agissements financiers des propriétaires de l’entreprise, après avoir profondément réformé l’entreprise Marvel (dont il a pris la responsabilité éditoriale à 27 ans, c’est-à-dire plus jeune que la plupart des créateurs employés) et s’être attiré l’inimitié et parfois même la haine d’une partie des scénaristes et artistes.
Le lecteur n’est donc pas très surpris que John Byrne prenne une direction fort différente de celle initiée par Shooter, qu’il se moque ouvertement des incohérences dans son scénario dès l’épisode 11 (insistant sur le fait que le comportement du vieil homme n’a ni queue ni tête) et raillant l’intelligence limitée de Kenneth Connell, un avatar de Shooter par plusieurs aspects, dans la première moitié de la série.
Néanmoins ces changements ne sont pas dictés uniquement par la mesquinerie et l’esprit de vengeance. Victime d’un manque de promotion (et pour certaines séries de manque de qualité), les séries New Universe sont déjà en perte de vitesse 1 an après leur début. Le responsable éditorial Howard Mackie demande alors à John Byrne et Mark Gruenwald de frapper un grand coup pour attirer l’attention sur Star Brand (série de Byrne), D.P. 7 (série de Gruenwald) et les restantes connaissant les soubresauts de l’agonie. Solution : Kenneth Connell (décidément bête comme ses pieds) commet une grosse boulette et cause la destruction de Pittsburgh, et la mort de tous ses habitants. A priori, la décision éditoriale est courageuse et de nature à causer un électrochoc pour cet univers partagé encore très jeune. Mais pour un lecteur habitué des séries mensuelles, c’est une erreur stratégique manifeste, car les séries pérennes de superhéros ont toutes comme dénominateur commun de rester dans les paramètres généraux du monde réel (pas de guerre mondiale, pas de cité oblitérée, pas de décimation de la population américaine, pas d’épidémie irrémédiable, etc.).
Ce contexte explique que la série bifurque dans une direction très différente de l’initiale et donne l’impression que les épisodes se succèdent en partant dans des sens inattendus. Pour donner plus de substance à la destruction de Pittsburh, les responsables éditoriaux commandent un épisode spécial d’une cinquantaine de pages. Le résultat est plombé par une écriture lourde et malhabile, avec des dessins efficaces mais très industriels de Sal Buscema (certainement choisi parce que c’était le seul artiste capable de réaliser autant de pages en un temps très contraint), dont les tics sont partiellement masqués par un encrage très professionnel de Stan Drake. En prime, les scénaristes trouvent opportun de ramener un spectre appelé Witness qui semble remplir la fonction du Phantom Stranger chez le concurrent DC Comics qui n’apporte rien à l’histoire, si ce n’est la tirer vers un surnaturel de pacotille.
De son côté, John Byrne suit quand même une direction bien arrêtée, mais qui n’apparaît que très progressivement au lecteur. Après s’être copieusement moqué du benêt Kenneth Connell (avec l’arrière-pensée qu’il s’agit d’un pâle avatar de son ancien employeur), il confie le pouvoir du Star Brand à différents personnages. À nouveau l’idée d’un super bébé tire le récit vers le bas et évoque une pâle resucée de Winter Moran, le bébé de Miracleman d’Alan Moore.
Le lecteur suit donc une distribution de personnages qui semblent apparaître au gré de la fantaisie du scénariste, sans rime ni raison. Kenneth Connell est mort dans un épisode, il est vivant dans le suivant, il n’apparaît pas dans celui d’après. Le Star Child déclare aller chercher l’origine du Star Brand aux confins de l’espace, mais est quand même présent dans l’épisode d’après. Certains personnages meurent soudainement, parfois même hors champ de la caméra, le lecteur n’apprenant leur sort qu’incidemment. Les membres de D.P. 7 s’invitent dans l’épisode 18 sans être présentés. Le lecteur comprend que John Byrne se charge d’apporter une résolution à l’intrigue principale (le sort de Philip Nolan Voigt, président des États-Unis) de cette série prématurément stoppée faute de ventes suffisantes.
Outre cette intrigue sautant du coq à l’âne, pour partie en fonction des impératifs éditoriaux, la cohérence interne du récit exige une augmentation significative de la suspension consentie d’incrédulité. Witness est un spectre, attestant d’une vie après la mort, ou en tout cas d’une forme d’âme qui peut survivre parfois à la mort corporelle de l’individu. Ce mode de fonctionnement est conforté par l’apparition des spectres de l’ensemble de la population de Pittsburgh. Mais en même temps, Star Child peut ressusciter Roger Price, sans avoir à se préoccuper de son âme, comme si la survivance de l’esprit après la mort n’avait pas de réalité ou d’importance pour lui. Cette contradiction interne est encore renforcée par l’interventionnisme de l’esprit décédé de Myron Feldman.
Malgré tout, les 3 derniers épisodes prouvent que John Byrne avait bel et bien un schéma directeur avec une fin bien construite en cas de ventes impossibles à relancer. Le thème apparaît peu à peu : dans un monde normal (ou peu s’en faut), que faire d’un tel pouvoir ? À qui le confier ? Le dernier choix apparaît des plus pertinents : en tant que médecin expérimenté, Jacob Burnsley est certainement l’un des individus les plus à même d’en faire bon usage (même s’il est blanc et américain et que le lecteur n’apprend rien de l’histoire de sa vie). En plus, l’auteur sait saupoudrer sa narration de quelques vannes qui ne sont pas toujours au détriment de Jim Shooter. Impossible de ne pas sourire à Kenneth Connell en slip dans la stratosphère, ou à la fausse apparition des X-Men (rappelant que John Byrne avait juré de ne jamais y revenir). Les responsables éditoriaux arrivent eux aussi à être drôles sans faire exprès, en accolant un dix-neuvième sur 19 sur la couverture du dernier épisode, tentant lamentablement de faire croire qu’il avait été décidé depuis le début que cette série s’arrêterait à l’épisode 19.
Outre la curiosité de découvrir cette expérimentation de Marvel pour créer un nouvel univers (et cette vengeance de Byrne à l’encontre de Shooter), le lecteur peut également être attiré par le plaisir de bénéficier des dessins de John Byrne. Il retrouve bien cette narration visuelle fluide, et cette propension assumée à arrondir les angles pour réaliser des dessins plus agréables à la vue. Il retrouve également ces visages un peu lisses, mais très expressifs propres à ce dessinateur. En grand professionnel, cet artiste se restreint sciemment à rester dans un registre réaliste, en évitant les cases trop typées superhéros et les postures évoquant trop les superpouvoirs (il rajoute même une couche de sarcasme avec les cosplayeurs déguisés en superhéros Marvel dans l’épisode 12).
John Byrne (le scénariste) travaille en osmose avec lui-même (en tant que dessinateur) et cela se ressent dans la cohérence narrative. Il créée des personnages de morphologies différentes, ne se limitant pas à la stature athlétique de Kenneth Connell. Jacob Burnsley est un homme âgée rondouillard qui se balade en jean, en chemise à carreaux, avec des bretelles et des grosses lunettes, c’est-à-dire un individu normal et banal. Roger Price est affligé d’une claudication. Myron Feldman a les épaules légèrement tombantes de quelqu’un qui ne fait jamais de sport, et un gros nez. Les protagonistes évoluent dans des endroits normaux et banals, représentés avec un niveau de détails assez importants pour qu’ils en deviennent singuliers. Il n’y a que lorsqu’il dessine des gros monstres que Byrne emploie les tics spécifiques aux comics de superhéros.
Comme en atteste la liste d’encreurs cités en début, cette série donne l’impression d’avoir été réalisée dans l’urgence. À l’exception de l’épisode 16, le travail de John Byrne est qualifié de croquis (breakdowns) et les autres de finisseurs (embellishers). L’apparence de surface des dessins dépend donc fortement des artistes passant derrière Byrne. Le lecteur reconnaît sans peine la patte de Tom Palmer qui donne une apparence uniforme quel que soit le dessinateur avec qui il travaille, mais qui apporte également des textures et des détails aux dessins. Les autres encreurs sont compétents, étant plus ou moins méticuleux dans le respect des tracés de John Byrne. Ceux qui le sont trop aboutissent à des dessins pas tout à fait assez substantiels, du fait de l’implication relative de Byrne. Le lecteur peut établir un comparatif avec l’approche du créateur puisqu’il s’encre lui-même dans le détail le temps de l’épisode 16.
Au final cette deuxième époque de la série Star Brand déçoit et fait plaisir. Elle déçoit parce que la saveur n’est plus celle établie par Jim Shooter et parce qu’elle a un petit goût de mesquinerie vis-à-vis du personnage principal. Elle déçoit également parce que l’intrigue semble tirée à hue et à dia en fonction de l’humeur du moment et de la probabilité de survie de la série. Elle fait plaisir parce que John Byrne quitte le chemin bien balisé des superhéros pour se livrer à l’exercice d’anticipation qui consiste à se demander ce qu’il surviendrait en cas d’existence d’un être humain doté d’un pouvoir défiant l’entendement.
Sur ce point spécifique, il poursuit dans la logique de Jim Shooter, à savoir que le commun des mortels serait bien embêté de savoir qu’en faire, et que ses décisions dépendraient de la qualité de son intelligence et de son empathie (le choix d’un médecin s’avère des plus pertinentes). Elle fait également plaisir parce que, malgré la grosse blague de la série finie en 19 épisodes, John Byrne a conçu une fin satisfaisante, teintée d’ironie. 3 étoiles pour un lecteur de passage, sans grande curiosité pour l’expérience que fut le New Universe. 4 étoiles pour un lecteur curieux de l’histoire éditoriale de Marvel, et appréciant John Byrne.
– Untold tales of the New Universe – Une visiteuse interdimensionnelle effectue un voyage d’étude sur la Terre 148611 (celle du new Universe) et se fait repérer par Kenneth Connell, alors dépositaire du Star Brand. Cette histoire est censée se passer entre les épisodes 10 et 11 de la série Star Brand.
À l’occasion de l’anniversaire des 20 ans du New Universe, les responsables éditoriaux de Marvel avaient tenté de le relancer, avec la minisérie Newuniversal (2006) de Warren Ellis & Salvador Larocca. En marge de cette histoire, il était paru 5 numéros unitaires consacrés chacun à Star Brand, Psi-Force, Nightmask, Justice, D.P. 7, réalisés par des équipes différentes et réédités dans Untold tales of the New Universe.
Pour être complet, ce recueil comprend celui consacré à Star Brand. Jeff Parker déroule un scénario qui contredit la continuité de la série de base, Kenneth Connell n’y ayant aucun souvenir de cette rencontre. Son histoire effectue des mouvements de balancier entre premier degré et métacommentaire.
Le premier niveau de lecture est agréable, sans être mémorable. Le commentaire sur la place du New Universe et de Kenneth Connell dans le multivers Marvel manque singulièrement de réflexion, ou d’humour, ou de mise en perspective, ou des 3 à la fois. Javier Pulido adopte une approche un peu simplifiée, évoquant parfois le trait de Steve Ditko, mais avec plus d’informations visuelles dans les cases. Il trouve des solutions visuelles pour conserver un intérêt aux images, même pendant les longs dialogues, mais il a du mal à lutter contre le volume des phylactères. 2 étoiles pour un épisode, écartelé entre premier degré plan-plan, et second degré ras les pâquerettes.
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Byrne, baby burn ! 6/6
Un personnage qui ne sait toujours pas quoi faire de ses pouvoirs, un scénariste qui ne sait toujours pas faire d’un personnage qu’il n’aime pas, un éditeur qui ne sait pas quoi faire pour empêcher son titre de couler : le Star Brand de John Byrne décrypté par Présence.
La BO du jour :
Hello,
Je me demande si cette inimitié entre Byrne et Shooter découle de la difficile décision de tuer Jean Grey imposée par ce dernier. Ou est-ce le fruit d’une longue liste de soucis entre les deux ! Néanmoins, ton article me fait penser aux critiques reçues pas Night Shamalay pour son film La jeune fille et l’eau, où, il réglait un peu s’est comptes avec certaines personnes…
Je pense que cette inimitié s’est développée ultérieurement, dans les dernières années de présidence de Jim Shooter, sur l abase d’autres griefs. Uncanny X-Men 137 (la mort de Phoenix) date de 1980. Les présents épisodes sont parus 8 ans plus tard, et John Byrne a réalisé une impressionnante carrière chez Marvel pendant ces 8 ans.
Surtout que Byrne, avant sa reprise précipitée de ce titre, a généralement toujours soutenu les points de vues de Jim Shooter (à l’inverse de ses petits camarades de rédaction…), lui concédant une certaine lucidité quant aux destinées des titres passés entre ses (jeunes) mains d’éditeur. La brouille doit avoir d’autres raisons que celles liées à la fin « improvisée » de Phoenix.
Impossible à savoir : il existe la version de John Byrne, disponible sur son site qui n’est malheureusement plus accessible :
byrnerobotics.com/FAQ/
et la version de Jim Shooter sur son site :
jimshooter.com/?s=john+byrne
« Le lecteur n’est donc pas très surpris que John Byrne prenne une direction fort différente de celle initiée par Shooter », dis-tu.
Je n’en suis pas si sûr, il faut d’une part replacer tout ça dans le contexte de l’époque de l’accès à l’information si je puis dire.
Je ne crois pas (mais je ne le sais pas formellement) que beaucoup de lecteurs étaient – à l’époque – au courant des dissensions qui agitaient la Maison des Idées (L’Internet n’en était pas là où il en est en 2017)
Encore aujourd’hui, à part ceux qui s’intéressent de très près à l’histoire de la BD américaine, qui connaît ce qui se déroulait (ou était supposé se dérouler) dans les « bureaux » de l’éditeur ?
Qui plus est, pour des séries contemporaines que savons-nous du processus réel, à l’oeuvre, dans l’élaboration d’un scénario, et sa transformation en comic book prêt-à-lire ?
Quel est l’influence de « l’editors », de « l’editor-en-chief « par exemple ?
(Sans parler de tout ceux qui ont une influence quelconque dans le processus créatif)
Beaucoup croient qu’un scénariste – le plus souvent – arrive avec une idée et vogue la galère.
Eh bien ce n’est pas si souvent le cas. Là non plus je ne peux pas être formel, il faut attentivement lire les interviews, parfois « entre les lignes » pour se faire une idée.
Mais n’oublions pas qu’aux U.S.A.. il s’agit pour des éditeurs tels que Marvel ou DC par exemple, de « travail de commande » (« work for hire ») dans la majorité de ce qui est publié.
Les scénaristes, comme le reste des « créatifs » d’ailleurs, sont mandatés pour exécuter (assez souvent semble-t-il) les idées des autres.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils n’en on pas eux-mêmes, bien sûr.
Pour s’en rendre compte on peut lire l’une des dernières interviews que Tom King (un exemple parmi d’autres) a donné pour la sortie prochaine d’un tpb consacré à la Vision (avec moult bonus).
Il y explique en substance qu’il a été approché par un « editor » (qui sera celui de la série qu’il écrira, mais dont le nom m’échappe au moment où j’écris) qui lui dit que Marvel va lui confier un projet pour lequel il est parfaitement taillé.
King, qui a faisait encore partie de la CIA, dans le domaine de l’antiterrorisme, il n’y a pas si longtemps de ça pense qu’il s’agit de prendre en main le Soldat de l’Hiver. Il réfléchit à la question, et invente plusieurs « pitch » autour de cette idée.
Las, il s’agit d’un autre personnage apprend-il : la Vision.
King qui veut absolument travailler pour Marvel, il dit de lui-même qu’il était un parfait « Marvel Zombie » plus jeune, en rajoute en disant quelque chose comme « ouais !! justement celui à qui je pensais, j’ai déjà 7 « pitchs » de prêts ! ». Ce qui n’est pas le cas, je le rappelle.
Tom King demande quand même la direction dans laquelle il faudrait développer le personnage, « l’editor » lui répond, dans celle de la science-fiction !
King met dans un tiroir ce qu’il avait écrit pour le Soldat de l’Hiver, et planche cet fois sur un truc de S-F, épique précise-t-il.
Un peu de temps passe et il reçoit un nouvel e-mail de celui qui deviendra son superviseur (« editor ») qui lui dit de la S-F, mais pas dans l’espace ; ce que venait justement d’écrire King !!!!!
Rebelote, il range ses idées dans un tiroir et cogite de nouveau : » de la S-F mais pas dans l’espace, quoi alors ? Un truc genre Frankenstein, mais avec une femme, peut-être une famille ? Ça tomberait bien, moi aussi j’ai une femme et une famille » se dit le scénariste.
King a notoirement quitté la CIA, organisme qu’il avait intégré suite au 11-Septembre – il exerçait d’après ce que je sais sur des théâtres d’opérations extérieures – parce qu’il venait d’avoir un enfant.
Et blabla …. blabla, le résultat (certainement avec pas mal d’autres ‘interférences » dont sont passage à la Distinguée Concurrence)est la mini-série de 12 numéros, que l’on connait, et qui aurait dû être une « ongoing serie » (une série à suivre au long cours).
Bref tout ça pour dire que le résultat qu’on lit tous les mois, a souvent connu un parcours très chaotique, et parfois invraisemblable, avant d’être un comic book terminé et parfois lisible [-_ô].
Donc pour en revenir à mon propos je ne crois pas que les lecteurs connaissaient la « cuisine » qui a prévalu au travail de Byrne et ce qu’il pensait de son ancien editor-in-chief.
Cela dit, merci pour ton article, sur des titres que je n’aurais sûrement pas lus de sitôt.
Un article toujours aussi complet, ta marque de fabrique en quelque sorte : énumération, résumé, anecdote(s) et enfin verdict !
[-_ô]
Donc pour la faire courte (c’est pas trop tôt) : merci ! (amigo, ajouterais-je si tu le permets).
Merci beaucoup pour cette exposition détaillée de la postface de Tom King, parce que je n’ai pas eu l’occasion de la lire. Elle met bien en lumière plusieurs mécanismes et paramètres qui président à la confection d’un récit pour le compte d’une maison d’édition détenant les droits de propriété des personnages.
Effectivement ma phrase sur l’a priori du lecteur est celle d’un lecteur d’aujourd’hui et pas de l’époque. Lorsque j’ai lu ces épisodes lors de leur parution mensuelle, je ne comprenais pourquoi la tonalité avait autant changé parce qu’ainsi que tu le dis je n’avais accès à aucune information sur le fonctionnement de Marvel. L’interprétation que j’en fais aujourd’hui se base sur des déclarations de Byrne et sur des éléments de contexte glanés sur le site de Jim Shooter. J’ai conscience qu’il s’agit d’une reconstruction partielle et orientée et que la réalité était forcément plus complexe, d’autant qu’il y a dû y avoir une période de flottement immédiatement après le départ de Shooter.
Comme tu le soulignes, j’essaye aussi de doser les ingrédients pour ne pas faire trop long, et ne pas ennuyer les potentiels lecteurs. Au plaisir amigo.
Oui tu as raison la réalité était sûrement plus complexe, la réalité est toujours plus complexe. Ceci étant, je suis de ceux qui pensent « qu’il n’y a pas de texte(s) sans contexte (s) », et donc forcément subjectif.
Ce qu tu dit de cette période et de ces publications reste intéressant.
Même d’ailleurs dans le cas où tu te tromperais (et je ne dis pas que c’est ici le cas), cela peut permettre – en mettant la puce à l’oreille de certains lecteurs – de les orienter vers d’autres pistes intéressantes.
De tout façon, on est obligé de travailler via des documents puisqu’on n’était pas présent.
Et même en étant dans les locaux de Marvel et dans le secret de Dieu, rien ne dit que nous aurions la distance nécessaire, pour appréhender ce qu’y si passait.
Ce qu’on apprend & ce qu’on en fait, est toujours médiatisé.
Par d’autres (documents, discussions, etc.), et par notre subjectivité ; donc il s’agit toujours – selon moi – d’une « reconstruction ».
Entièrement d’accord avec ce point de vue qu’il s’agisse du contexte, ou de la reconstruction.
Ces notions me renvoient à ce que j’ai pu lire de Jacques Derrida que j’ai découvert en lisant les Cités Obscures de François Schuiten & Benoît Peteers : sa citation « Il n’y a pas de hors texte », le concept de différance, la démarche de déconstruction.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Derrida#La_diff.C3.A9rance
Si je suis sur la même longueur d’onde que Jacques, tout va bien !
[-_ô]
Ps : si tu t’intéresses à Jacques Derrida, la série de Warren Ellis – « Injection » – est faite pour toi !!
Les 2 tomes parus d’Injection sont dans ma pile de lecture… en espérant que je serai à la hauteur pour les comprendre.
Bonjour
Qu’en est-il de l’intégration de cet univers dans le run de Hickman pré-Secret Wars : clin d’oeil, hommage ?
Bonjour,
L’un des objectifs assignés à Secret Wars était d’intégrer la majeure partie des personnages exploitables dispersés dans d’autres réalités, à l’univers 616. C’est ainsi qu’il s’est produit un événement blanc (White Event) dès le tome 2 de la série Avengers avec apparition d’un Star Brand. Puis Secret Wars a permis de rapatrier des personnages comme Miles Morales et Reed Richards version Ultimate dans l’univers principal.
Présence, encore merci de me faire découvrir des comics totalement inconnus et que je ne lirai sans doute jamais. Comme toujours, tu es tellement méthodique que tes arguments sont sans faille et que ta pertinence est toujours étonnante, notamment ce qui porte sur le dessin. Je dois avouer que je n’ai pas accroché aux dessins ici présentés, sauf ceux de la couverture de The Pitt et son esprit accolé, ainsi que la planche sur Pittsburg. Quatre étoiles semblent beaucoup, mais tu t’en expliques très bien dans le texte.
Cela fait longtemps que je dois me renseigner sur Derrida mais je crains ne rien comprendre. Je viens de terminer Une brève histoire du temps de Stephen Hawking : c’est passionnant mais parfois ardu malgré la vulgarisation très pédagogique de l’auteur.
Vous me donnez très envie de tester Injection du coup, vils tentateurs ! Quant à la BO, j’aime beaucoup. L’album dont est tiré ce single n’était pas génial par contre.
Une brève histoire du temps est ardu, et un peu dépassé. Si tu en as l’occasion, je te conseille sa mise à jour Une belle histoire du temps (2005) qui bénéficie d’une meilleure pédagogie.
https://www.amazon.fr/review/RL7LIQYVUM9G1/ref=cm_cr_dp_title?ie=UTF8&ASIN=2081220164&channel=detail-glance&nodeID=301061&store=books
Ah merci, je ne savais pas qu’il y avait eu une mise à jour ! Je pensais aussi en le lisant qu’il devait être un peu dépassé puisque datant de 87 et que depuis, pas mal de choses ont été découvertes (notamment le boson de Higgs sur lequel je dois me renseigner car je ne comprends pas tout). Mais j’espère que la plupart des faits développés restent malgré tout comme établis.
1 étoile pour un lecteur qui apprécie le run de Shooter et n’aime pas ce règlement de compte mesquin par comics interposés… Par comparaison, Peter David change complètement l’orientation du héros de Justice sans donner l’impression de tourner Shooter en dérision. Et je trouve assez gonflé de la part de Byrne le fait de railler des incohérences perçues ou la stupidité du personnage (qui change complètement de personnalité sous sa « plume ») au vu des révélations absurdes sur l’identité du vieil homme et du gosse. Mais bon, je déteste absolument Byrne auteur, il faut dire.
Au final, seul DP7 (et techniquement Mark Hazard) sera resté cohérent du début à la fin car géré par un seul et même auteur.
Pour te rassurer : il y a aussi un article sur les épisodes de Shooter avec 4 étoiles :
http://www.brucetringale.com/de-lautre-cote-de-la-fenetre-star-brand-1/
John Byrne auteur : j’avas beaucoup aimé son redémarrage à zéro du Superman, ce qui a coloré mon avis sur ses talents de scénariste :
http://www.brucetringale.com/redemarrage-pedagogique/
DP7 : j’avais bien aimé (parce que j’ai un petit faible pour Mark Gruenwald, malgré son écriture pesante), mais je n’étais pas allé jusqu’au bout de la série. Mark Hazard : mon budget de l’époque était trop réduit et je n’avais pas lu cette série.
Pour moi, son Superman est un peu le tournant de John Byrne scénariste, le moment où il prend vraiment la grosse tête. Ses tentatives ultérieurs de retcons sur les personnages ne sont que des pales copies de Man of Steel. Et même certains de ses travaux sur le reboot de Superman sont problématiques. Notamment son Luthor pédophile dans World of Metropolis. Ou encore ses explications sur l’aura protectrice de Superman… (Avis personnel bien entendu ^^)
Voilà qui promet des discussions enrichissantes dans les articles à venir.
J’ai des avis assez tranchés sur les comics de certains auteurs, je dois dire ^^